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Le Choc des Idées
Acte II Scène I, Démarrage en côte et folie des grandeurs
 
Mizar

Kil'sin  
Le Merakih 24 Agur 816 à 00h38
 
Ici, les pensées sont davantage des images.
Les mots se laissent déborder par leur Sens et forment un ensemble d'une continuité illusoire dont l'esprit se délecte.
Tout a une signification, tout vit, tout veut vivre. Tout veut sa signification.
Le flux d'idées qui vous traverse est sollicité pour créer constamment.
Et si ce n'était nos misérables normes, ce serait un chaos constant.

Mais ça ne l'était jamais en fin de compte.
L'apparente cohérence était finalement très cohérente. Elle se maintenait.
Comme si un bien-pensant agissait dans l'ombre pour s'assurer que rien échappe.

La coupure avec la Jonction fut d'ailleurs marquée par une "harmonisation" des pensées.
Tous avaient projeté leur création, leur force vitale en un jet télépathique d'un enthousiasme terrifiant.
Pourtant ici, la continuité effaçait les défauts, elle rectifiait les traits et redressait les paradoxes.
Du moins, toujours, en apparence.

Si bien que les océans s'étaient retirés.
De créature, il n'y en avait pas l'ombre.
Pas même une tasse de thé, vous rendez vous compte?!


***

Omni-Port d'Epithumia
***

La silhouette de l'Aveugle se pigmenta au bord de ce qui semblait être un quai, comme sortant du Vide.
Les yeux pleins de vigueur. Une couleur profonde dans laquelle on pourrait se perdre.
Un regard qui en retour n'a pas peur de se perdre dans le vôtre.

Quatre attendaient.


Nous y voilà donc: Epithumia, les Entrailles de ce monde.
Il nous faudra la traverser jusqu'à un lieu qu'on appelle Thumos.

Le reste, je ne vous le présente pas, vous l'avez créé.


D'un geste circulaire, il désigna la Méduse et tout un tas de moutures de pensées qui formaient de courtes discontinuités -pourtant très continues- dans le décors autour.

Et lui, se présentait-il?
Il esquissa un sourire à l'attention de la gynoïde.
Une façon de lui dire : non je ne t'oublie pas, ma belle.

Mais d'abord...


Avant que le Doc nous explique son Brise-Rêve, assurez vous d'avoir passé vos Clés d'Eveil.

Je vous rappelle :


« Le Machiniste surveillera le Bateleur.
L'Ancre surveillera le Machiniste.
La Dernière Lame surveillera l'Ancre.
L'Architecte surveillera la Dernière Lame.
Le Bateleur surveillera l'Architecte.
»


D'ailleurs, Bateleur, je vous envoie la mienne.

Un doigt sur la tempe pendant une courte seconde, le temps de s'extraire et d'envoyer cette pensée à l'Arlequin, isolée par les miracles de la télépathie.

N'oubliez pas d'ancrer la Clé dans le Réel.
D'ailleurs dans ce Réel, veillez à ne pas trop vous exposer.
Quoique là...vous êtes bien assez libre d'en juger.


Ton à peine ironique.
Lui était ancré dans un Réel.
Après tout, leur affaire concernait ce Monde de Pensée.
Les frontières du Réel, il laissait cela à ceux qui pensaient que la "vérité était ailleurs".



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Sukra 27 Agur 816 à 14h31
 
***
Du sommet de l'immense méduse, le Doc' porte son regard sur l'Omni-Port d'Epithumia.
Si le Brise-Rêve est d'une taille respectable, on devine sans peine que des bâtiments largement plus volumineux auraient pu accoster ici. Le kildarien se demande un bref instant si les lanyshtas des précédentes vagues sont aussi passés un jour par ici - où un lieu similaire - et de quel genre d'équipée il s'agissait...
***

- J'ai transmis ma clef à l'Ancre, acquiesce le Machiniste avec un hochement de tête. Et le Bateleur m'a transmis la sienne.

***
Cette configuration est peut-être bien la plus favorable que l'Aveugle aurait pu choisir, l'Arlequin et le Majordome étant les deux seuls autres membres du groupe qu'il ait eu l'occasion de fréquenter dans la vie réelle.

L'attention du médecin se porte naturellement sur l'Architecte et la Dernière Lame, qu'il connait le moins. Le registre émotif dans lequel la gynoïde s'est présentée pour le voyage semble la désigner comme un élément extrêmement puissant, mais possiblement volatile. Quant à l'Aveugle - dont la projection mentale n'est pas du tout aveugle - il reste malgré tout relativement discret sur lui-même et ses objectifs personnels... mais, après tout, chacun est libre de protéger son identité et de poursuivre ses propres desseins en ces lieux.
Le kildarien reste silencieux, attendant que ses camarades donnent également confirmation pour leur donner l'accès au Brise-Rêve.
***





(Agur 816)
 
Elyas

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Agur 816 à 12h59
 
*** Au loin, une forme mécanique perce la brume qui habite le ciel dans un silence d'or.
Le silence? Enfin presque. ***

Petits-petits-petits !
Où sont-ils nos jolies petits poissons?!

Petits-petits-petits !
Venez dire bonjour à tonton Arlequin !

*** La forme n'est autre que le surnommé "Bateleur", plus communément appelé Bariolé, ou Arlequin par ses pairs.
Le voilà qui entame sa descente, toujours équipé de ses propulseurs qui libèrent d'étranges flammes bleutées. C'est avec la délicatesse d'un oisillon (soit pas bien délicat) qu'il vient se poser directement sur le pont principal du Brise-Rêve.
Il ôte ses lunettes, accessoire obligatoire pour voler à cette allure et réajuste son chapeau-casque multicolore. ***

Tadam !

Le large sourire qui rayonnait sur mon visage disparaît à la vue de l'Architecte.

Ah, vous là, qu'avez vous foutu de nos jolis poissons?! Hein? Un monde sans habitant, ce n'est pas un monde, juste une coquille vide !

Je claquai des doigts.
Un poisson à moteur (comprendre par là que a nageoire caudale est un moteur) surgit de nul part et fusa au dessus de la Méduse. Au loin, plusieurs formes s'animent à présent dans la grande Epithunia.


Voilà qui est mieux.

Nous attendions les deux autres Rêveurs.
En attendant, j'allumai ma pipe puis m'assis à même le sol. Mes propulseurs n'étaient pas gênant, au contraire. Ils offraient un maintien parfait rendant toute chaise inutile.
J'avais également amené avec un un sac de petit taille. néanmoins, dans ces Entrelacs, mieux valait-il ne pas juger ce que l'on voyait.


Eh Doc', ton vaisseau là, il est armé? on a de quoi dézinguer un malotru malintentionné?

Entrelacs ou pas, je ne comptais pas me passer d'un bon gros canon. Bizarrement, plus c'est gros, plus c'est dissuasif. Dans le temps, on appelait ça faire de la diplomatie.


- Thème d'Elyas -
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Dhiwara 28 Agur 816 à 18h28
 


- Le vaisseau est armé, mais quelques présentations sont de mise d'abord.
Le "Brise-Rêve"…
Avant tout, je tiens à aborder le fait qu’il s’agit d’une projection extrêmement complexe et quasiment autonome. Je pourrais sûrement m’en éloigner quelques temps sans conséquence, mais cela ne devra intervenir qu’en dernier recours car je ne peux vraiment garantir son intégrité fonctionnelle que tant que je reste en synchronisation avec lui. Ca me parait plus avisé sachant qu’on n’a aucune idée de ce qui nous attend.
De façon concomitante, essayer de tripatouiller dans les mécanismes du Brise-Rêve, c’est un peu comme essayer de tripatouiller dans mes pensées… alors évitez, hein?
*coup d’œil à la ronde.* Par précaution, je suis le seul à pouvoir accéder aux machines, mais je préfère prévenir.

Ainsi que nous l’avons déjà évoqué, les fonctions premières du Brise-Rêve sont d’assurer notre transport et notre sécurité…


***
Le Doc’ plonge sa main dans la coupole comme s’il s’agissait d’une substance visqueuse, alors qu’elle est pourtant parfaitement solide, et la ressort quelques secondes plus tard, poing fermé. Il tend la main devant lui et écarte les doigts pour révéler une poignée de petites gélules vertes et translucides, de forme sphérique.
***

- Une fois que vous aurez chacun avalé une, vous porterez en vous l’empreinte du Brise-Rêve qui lui permettra de vous identifier comme un de ses éléments, et vous pourrez ensuite traverser à loisir la coupole pour entrer ou sortir. Ca lui permettra aussi de pouvoir vous localiser si vous vous égarez, mais - et j’insiste là-dessus - je ne peux garantir votre sécurité à cent pourcents que lorsque vous vous trouvez dans la coupole. La surface est conçue comme une membrane psycho-isolante capable de "nier" toute atteinte à son intégrité : pour faire simple, un des principes-clefs du Brise-Rêve est qu’il croit littéralement que rien ne peut compromettre son habitacle. La seule chose qui peut traverser, c’est vous.

L’espace intérieur est divisé essentiellement en trois zones qui vous seront accessibles. En essence, il s’agit de bulles semi-vierges à l’intérieur de ma création où vous aurez une certaine emprise grâce à ces gélules. A commencer par la pesanteur : par défaut je n’en ai pas mis dans l’habitacle, libre à vous de marcher ou de voler à votre guise.
Au centre, directement sous nos pieds se situe le pont supérieur qui fait office de salle d’observation et de salle des commandes. Le plafond et les murs peuvent afficher ce qui se passe à l’extérieur pour que vous ayez l’impression que la coupole est transparente.
Et réciproquement d’ailleurs…


***
A ces mots, le sommet du Brise-Rêve devient transparent pour dévoiler le pont supérieur, au milieu duquel trône une large table ronde entourée de profonds fauteuils. Le mobilier semble avoir bourgeonné du sol… Les parois et le sol sont relativement lisses, de couleur blanc cassé mais sont clairement de nature biologique, des veinules verdâtres palpitantes apparaissant ça et là sous les surfaces.


***

- Le dispositif que j’ai matérialisé au centre est le nexus qui sert à alimenter une des modes de déplacement du Brise-Rêve. La pilule sert aussi à ça, afin qu’il puisse synchroniser nos esprits pour les projeter à destination ensemble… réciproquement, en cas de pépin, ca nous permet de nous synchroniser pour alimenter ses moteurs.
Pour faire simple encore une fois, vous êtes principalement les passagers du Brise-Rêve dans ses conditions classiques de fonctionnement. Ne vous inquiétez pas, ça peut faire bizarre la première fois, comme si on arrachait vos pensées pour les emmener ailleurs. En réalité c’est surtout ce qu’il y a autour que sera changé : plus nous ferons de sauts, plus la synchronisation sera aisée et le voyage se fera en douceur.
Quand je parlais de pépin, je pensais à des situations où la seule volonté du Brise-Rêve ne sera pas suffisante pour nous transporter. En pratique, ce sera le cas pour les sauts de très longue portée, auquel cas nous devrons unir nos volontés pour alimenter le Brise-Rêve.


***
Une courte pause.
***

- Juste en dessous du pont supérieur se trouve une pont tout aussi grand, au cœur du Brise-Rêve. Cette pièce a une fonction principale : en cas d’extrême urgence, la coupole peut éjecter presque tous les éléments à l’exception du pont inférieur et du bloc de secours en dessous, au cœur du système et capable de reconstituer intégralement le Brise-Rêve pour peu qu’on lui en laisse l’opportunité. Entre temps, c’est un espace qui est à la disposition de tous pour y faire ce que bon vous semble : laboratoire, salle de jeu, entrepôt… Le pont inférieur dispose des mêmes propriétés que le reste de la coupole : vous pouvez y matérialiser ce qu’il vous plaît, vous pourrez y circuler librement, mais il peut se rendre imperméable et contenir les menaces extérieures, ou intérieures pour ce qu’il en est.

Enfin, la troisième zone qui vous est destinée est la couronne externe, subdivisée en autant de bulles que vous êtes. Chacune est accessible et destinée à un et un seul d’entre vous pour que vous établissiez vos quartiers. Plus cet espace sera à votre image - plus vous le personnaliserez avec vos aménagements - et plus votre connexion avec le Brise-Rêve sera solide, garantissant qu’il remplisse correctement son office. En principe, les besoins vitaux n’ont guère cours ici, mais libre à vous de matérialiser de la nourriture ou des sanitaires s’ils se font tout de même sentir.


***
Le médecin ne peut empêcher un sourire amusé.
***

- Quelques mots sur tentacules…
Ce sont des organelles que le Brise-Rêve fait pousser en fonction de ses besoins. Potentiellement, elles peuvent faire n’importe quoi mais leur croissance est un processus complexe et relativement pénible pour moi puisqu’il nécessite de faire une modification "sur le vif" du Brise-Rêve. A l’heure actuelle, il dispose d’environ deux milles appendices… je ne vais pas entrer dans le détail, mais environ un quart sont des membres préhensiles, un autre quart est spécialisé dans la perception de l’environnement, et finalement un tiers a des fonctions martiales. Dans le reste, on peut tout de même nommer des tentacules tisserands, capables de sécréter des câbles de différentes épaisseurs et élasticité : ils peuvent aussi bien tisser un filet de capture qu’un monofilament plus coupant qu’une épée.

Je ne pensais pas entrer dans le détail de l’armement tout de suite, mais vu que notre cher Bateleur souhaite être rassuré…
Sachez simplement que tout corps étranger qui entrerait en contact avec les filaments de combat risque la dissolution pure et simple. En effet, entres autres armes, leur surface est capable de projeter de minuscules harpons psychiques qui injectent à très courte portée ce qu’on pourrait appeler un "psychovenin" : sa seule fonction est de rompre la cohérence des projections psychiques hostiles. Individuellement, une piqure ne suffit pas à faire quoi que ce soit, mais il y en a des milliers sur chaque centimètre carré : quelques harpons accrochent l’agresseur au premier contact, il se débat, chaque mouvement et chaque contact active de nouveaux harpons, et il finit enrobé, avec des millions et des millions de micro-attaques qui saturent ses défenses psychiques et finissent par les dissoudre. C’est un processus irréversible qui se termine par le détachement et la destruction du tentacule une fois sa proie oblitérée. La théorie, c’est que ça pourrait même venir à bout d’une cible aussi solide que la coupole du Brise-Rêve, mais il faut envisager que ça ne suffise pas.
Dans ce cas, j’ai prévu une seconde ligne de défense, ce sont les tentacules les plus courts et les plus épais : chacun est en réalité creux et rempli de sous-unités semi-autonomes capables de réaliser différentes tâches, les Calamorques.


***
Helhar’sen ferme les yeux un instant, son front se ridant alors qu’il se concentre. Quand il ouvre à nouveau les paupières, une créature d'une trentaine de centimètres apparait devant lui, flottant inerte.


***

- Je l’ai désactivé vu que vous n’êtes pas encore en lien avec le Brise-Rêve. Un seul d’entre eux pourrait vous poser quelques problèmes mais je ne doute pas que vous réussiriez à l’éliminer rapidement. *Un sourire.* Mais je me suis inspiré de nos ennemis biomécaniques pour les concevoir : ils agissent de façon parfaitement synchronisée et le Brise-Rêve peut en fabriquer plusieurs milliers très rapidement pour reconstituer les stocks en cas de pertes lourdes des réserves déjà existantes. Entre autres, ils peuvent former un ou plusieurs essaims extrêmement rapides et manœuvrables qui sont capables de faire un bouclier entre nous et les problèmes, mais également d’attaquer directement les menaces… et ne vous fiez pas à leur allure mignonne : leur dentition est conçue pour déchirer les projections mentales les plus stables, et ils possèdent un mécanisme d’autodestruction plutôt puissant s’il faut en venir là.

***
Un geste de la main, et le Calamorque disparait.
***

- Enfin, les moteurs…
La structure striée que vous pouvez apercevoir sous tout le tour de la coupole en est la partie apparente, c’est par là que le Brise-Rêve projette le champ psychique qui altère son environnement pour nous transporter... c’est de là qu’il tire son nom : quand il effectue un saut, on voit comme une surface, un voile qu’il fend pour rompre la trame psychique entre les fils de pensées, les rêves, les esprits, ou quoi que ce soit qui le sépare de son objectif. Enfin… ça c’est la théorie, j’ai hâte de voir ce que ça donnera avec une destination aussi lointaine que l’infini! Mouarf!

Plus sérieusement, ces "moteurs" sont aussi notre dernière ligne de défense. La seule image que j’aie pour vous l’expliquer, c’est celle de l’encrier renversé… Si notre voyage psychique est comme un récit qu’on écrit sur une feuille de papier, alors les moteurs du Brise-Rêve sont un encrier. En principe il sert à écrire mais on peut aussi le renverser sur la feuille auquel cas l’encre noie tous les écrits là où elle se répand. Autant vous prévenir que toute personne à l’extérieur du Brise-Rêve au moment où ça part risque d’être prise dans le processus si elle ne trouve pas rapidement un coin de papier au sec.

Des questions?





(Agur 816)
 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Luang 29 Agur 816 à 18h08
 
La gynoïde avait rejoint le petit groupe et battait les cents pas, comme on pouvait s'y attendre.

Elle fait les yeux ronds en direction du docteur, et murmure en aparté à son voisin le plus proche durant ses explications :

«  -Wow ! Un sacré bavard, lui aussi…. »

Elle écoute les instructions de celui qu'elle a surnommé Larsen (plus simple à penser) tout en parcourant du regard le paysage. Les entrailles du monde, hein ? En direction vers le Thumos ? La métaphore n'échappe pas à l'automate impatient. Elle semble fascinée par les nexus et les entremêlements provoqués par l'assemblage de leurs différents mondes. A priori, rien ne va de pair et encore moins ensemble. D'ailleurs, travailler de concert est loin d'être encore gagné : elle ne connaît pas les autres lascars qui font la route avec elle, mais elle se sait une soliste suffisamment caractérielle pour compliquer à elle seule ce processus...D'ailleurs, elle tâche très vite de faire revenir les éléments de sa psyché à elle, ne serait-ce que pour enquiquiner leur maître de jeu. Le remarquera-t-il ?

Lorsque Larsen a terminé, la créature intervient :

« - Des questions ? Ah, oui, moi.
Tout d'abord, vous avez pondu ça tout seul pendant la nuit ? Votre truc, là, il est incroyable. Vous allez arriver à maintenir tout ça à flots ?

Et ensuite, puisque vous êtes si fort, dites-moi que vous allez trouver un moyen de nous faire sauter la case « avalez ces bonbons, les enfants. » Vos pilules magiques qui nous font entrer en synchronisation avec votre psychisme et vous permettent de nous localiser, là, ça pue. Ou alors, vous m'ouvrez l'accès aux mécanismes de votre cervelle en retour, beau gosse ; j'aime bien la réciprocité, je trouve que c'est une bonne base d'échanges. »


Et s'arrête, mimant la défensive, curieuse de voir comment le petit groupe va réagir à sa défiance affichée et de tester son apparente solidarité...

 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Vayang 2 Saptawarar 816 à 13h52
 
***
Si le reste des voyageurs demeure silencieux, leurs mines - si tant est qu'on puisse employé un tel terme ici - attentives montrent que les réponses attendues conditionneront la suite de la discussion.
La projection mentale du Doc' affiche un sourire serein.
***

- Ah... oui, je comprends bien vos préoccupations...

Tout d'abord, au risque de vous décevoir chère amie, je n'ai pas conçu le Brise-Rêve en une nuit. J'ai planché sur les moteurs et l'habitacle depuis que la tâche m'a été récemment confiée, certes, mais la plupart des autres éléments du Brise-Rêve sont issus d'un autre projet sur lequel j'ai travaillé quasiment depuis mon Eveil.
Le projet en question - à savoir créer une Bestiole possédant certaines fonctions complexes utiles sur le terrain - s'est révélé irréalisable dans le monde réel. Enfin... irréalisable par moi en tout cas : la moindre pensée parasite déstabilise le processus de création d'une telle Bestiole. En revanche, ici, il n'y a pas besoin d'autant d'énergie et de concentration pour matérialiser les pensées.
Disons que j'avais déjà beaucoup de plans qu'il m'a suffi d'adapter en plus grand.

Pour ce qui est du maintien de la cohérence du Brise-Rêve, c'est la partie la plus délicate effectivement, mais que je garantis tant que je reste à bord. Hmmm... Comment vous expliquer...


***
Helhar'sen s'interrompt un bref instant, avant de reprendre à l'attention du groupe.
***

- Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion de pratiquer la manipulation mentale sur les krolannes, mais le jour où vous réussirez vous réaliserez qu'évoluer dans l'esprit d'un tiers pourrait ressembler à ce que ce serait d'évoluer dans un Entrelacs de Pensées hostile. Vous devez vous déplacer avec précaution pour ne pas faire de remous, vous pouvez observer prudemment... mais si vous souhaitez y émettre une pensée, y faire des modifications, alors vous avez intérêt à savoir le faire de façon encore plus discrète et subtile pour qu'elle puisse prendre racine incognito et être intégrée par l'hôte comme étant naturelle, sous peine d'être rejetée entièrement. Le but de la manipulation est généralement d'opérer un changement de paradigme, d'axiome, qui va induire un changement dans les perceptions, le comportement, ou la mémoire du krolanne manipulé.

Et bien le Brise-Rêve se maintient un peu de cette façon : imaginez que je lui ai fourni les axiomes qui - ici - sont comme des lois qui définissent et entretiennent son existence. Comme pour un esprit krolanne, ces implants psychiques ont tendance à se déliter avec le temps s'ils ne sont pas entretenus. La différence c'est que le Brise-Rêve est ma création, j'y ai un accès libre et complet, et je peux donc entretenir ces axiomes à loisir tant que je reste en connexion avec lui.


***
Le kildarien se tourne vers la gynoïde.
***

- J'espère que cela vous rassure quant à la stabilité de notre esquif...
Pour ce qui est des pilules magiques, comme vous dites, je suis désolé mais je n'ai pas trouvé d'autre solution pour que le Brise-Rêve puisse vous retrouver si vous partez à la dérive dans je ne sais quel fil de pensées improbable.
Après, soyons précis : ces petites billes n'ont absolument aucune fonction de piratage de vos pensées ou quoi que ce soit de ce genre. Si j'étais capable de pénétrer sciemment les esprits des lanyshtas, croyez bien que je ne serais pas là : j'aurais piraté quelqu'un d'autre pour l'envoyer à ma place et suivre vos périples de loin, comme tout bon expérimentateur qui ne souhaite pas être également le cobaye de son expérience. La seule chose que ces petites choses feront, c'est de s'accrocher à vous pour que Brise-Rêve vous accepte en lui et qu'il soit capable de vous retrouver. A la fin de notre voyage, quand je dissoudrai le vaisseau, plus personne ne pourra localiser votre esprit par ce biais.
Entre-temps, je n'ai pas d'autre moyen de garantir que le Brise-Rêve ne vous rejette pas, c'est entre autres ce qui en fait un abri sensément sûr...


***
Sa mine se fait un peu plus grave.
***

- D'autre part, la réciprocité, je crois que vous l'avez déjà : les bulles qui sont allouées à chacun sont comme autant de points d'ancrages qui devraient vous permettre sans peine de retrouver le Brise-Rêve.
Maintenant, si vous voulez encore plus de réciprocité, on peut reprendre l'image de la manipulation mentale sur des krolannes : aucun de nous n'est complètement imperméable, et si on laisse volontairement et involontairement des empreintes dans les esprits qu'on visite, on embarque aussi toujours avec soit une trace de l'esprit-hôte, aussi infime soit-elle. C'est le prix à payer... Pour maintenir la connexion avec le Brise-Rêve, je dois maintenir un état de perméabilité important avec lui. En soi ce n'est pas grave : c'est ma création, il fait déjà partie de mon esprit dans l'absolu. En revanche, le risque c'est que les modifications du Brise-Rêve par des tiers m'affectent également. Rien que le fait de vous laisser entrer dedans crée un risque pour moi. C'est pour ça que je vous demande de ne pas tenter de contourner mes systèmes de sécurité pour pénétrer dans ses mécanismes.
Dans la même veine, si le Brise-Rêve venait à subir des dégâts fatals, cet état de perméabilité induit que je subirai très probablement un contre-coup. De quelle ampleur et avec quelles chances de récupération, ça je n'en sais rien, ce sera une première pour moi aussi...


***
Le Doc' hausse les épaules, reprenant un air plus détendu, la paume contenant les billes vertes translucides toujours ouverte devant lui. Visiblement, il a déjà parfaitement accepté le risque de ne pas revenir entier de cette expédition.
***

- Satisfaite?




(Agur 816)
 
Elyas

Kil'sin  
Le Vayang 2 Saptawarar 816 à 18h54
 
Rond de fumée.
Bien dodus, consistants et par dessus le marché, qui se tiennent malgré la brise !
C'était le genre de ronds de fumées qui ne pouvaient être produits qu'en ces lieux, de parfaits ronds de fumées.

Devant la loooongue explication du Doc', chose à laquelle il ne nous avait pas habitué, j'agitai la tête d'un air agacé.


Bord-Hel'... T'aurais pas pu nous envoyer tout ton truc directement par la pensée? T'aurais économisé ta salive télépathique et éviter de nous refiler un sacré mal de tronche... Whiskey !, m'écriai-je subitement. Il faut soigner le mal par le mal. Et non le mal via le mâle. n'en déplaise à certains.

Je plongeai alors mon bras entier dans ma besace. Cette dernière ne paraissait pas avoir de fond. il y avait Gwendoline bien entendu, des provisions, une table pliante avec ses quatre chaises assorties, un jeu de carte, des cotillons (des fois qu'il faille faire la fête), un accordéon percé et une bouteille de whiskey kil'déen.
J'extirpai le fantasme de mon sac à merveille.


Ah voilà, cuvée 728, en provenance directe de la distillerie du très célèbre Père Khiboa'thou. Un délice légendaire à portée de main. Idéal pour se remettre d'aplomb après un assommant discours sur la reproduction des suricates à poil long.

La bouteille fut débouchée.
Une odeur au départ indéterminée prit rapidement forme à mesure que je me l'imaginais. Il y avait le goût du bois, issu du tonneau de tertre dans lequel avait autrefois vieillis un vin rouge prestigieux. Ensuite venaient les saveurs plus rudes d'un alcool noble et bientôt centenaire. Elles vous emplissaient les narines et traversaient votre palet comme des dés roulant sur une table : délicatement, avec grâce.
Sentir me suffisait. Boire... c'eut été un péché.
Un fantasme ne se consomme pas. Il s'espère, se rêve et parfois...se réalise.


Ahh... Mieux. Beaucoup mieux.

En posant la bouteille à même le sol, ce dernier laissa un creux se dessiner de sorte à stabiliser l'objet.

Pour résumer, tant qu'on est dans le vaisseau, pas besoin de s'inquiéter. Sauf que pour entrer dans le vaisseau, il faut avaler tes pillules...ou entrer dans ton esprit.
Mhh... C'est tentant Doc', vraiment tentant. Sûrement moins dangereux qu'avec des krolannes, nos paradigmes étant certainement plus semblables. Par contre, ce serait éprouvant, pour toi comme pour nous.


Regard taquin.
L'espace d'un instant, je m'imaginais naviguer dans l'esprit du Kil'darien. Un voyage instructif probablement. Pourtant, la destination fixée sur ce fil était tout autre.


Ah-la-la-la, on déconne.
File nous ton cachet qu'on en parle plus. Comme tu l'as dis, ce truc c'est ta création, tes lois. Si on commence à nager à contre-courant avant même le début de l'acte suivant, on est pas près d'apercevoir les limites des Entrelacs, pas vrai l'Aveugle?


En vérité, le principal frein à mes espiègleries vis à vis d'Helhar'sen résidait dans le fait qu'il disposait de ma clé. Histoire de ne pas se perdre en chemin, mieux valait-il s'associer psychiquement au Brise-Rêve, donc à lui, pour le moment. En plus, ce n'était pas la première fois que nous nous livrions à de telles pratiques. Ça non.

Par ailleurs, je doutais fortement des capacités du Doc' à étendre la portée de cette empreinte mentale au monde Réel. Cela supposait qu'il sache décoder les runes, sentir les odeurs lanyshtas et enfin, passer outre les défenses de chacun. C'était bien différent de ce qu'offraient les Entrelacs : un tas d'Esprits ouverts sur un fil vers lesquels il était possible de projeter tout un tas d'images, d'émotions, de sensations et de sons.
D'ailleurs, les univers que j'avais moi même crées étaient un mélange de tout ça. Un tout accessibles et appropriable aux voyageurs.



- Thème d'Elyas -
 
Harvain

Kil'dé  
Le Dhiwara 4 Saptawarar 816 à 19h34
 
J'apparaissais en arrière plan. Je n'étais pas invisible, loin de là. Tout ce qu'il y a de plus visible mais plusieurs décennies de domesticité m'ont appris à me fondre dans le décor. A être là, présent, prêt à répondre à la moindre demande mais discret, effacé, immobile. J'écoutais les longs échanges entre les autres protagonistes. Je n'avais aucune question à formuler. J'en ai rarement posé d'ailleurs. Questionner, c'est douter. Et douter, c'est contester. Chose impensable pour l'exécutant que je suis. Questions légitimes, le partage d'un lien entre des inconnus, la dépendance, les risques pris ; tout ça a le mérite d'être sain. Si nous partions tous, bras-dessus bras-dessous à l'aventure, dans une atmosphère naïve, serions-nous réellement adaptés au monde réel ? Ou imaginaire. Et tout comme il en faut qui posent des questions, il faut également pour ne pas en poser.

Je sors de mon mutisme, reprend un peu plus de consistance au milieu de ce monde imaginé. J'ai toujours une énorme ancre sur l'épaule. Le bruit de la loure chaine qui me sert de ceinture tinte, troublant le silence éternel de ces espaces infinis. Où ai-je déjà entendu cette phrase voyons... Un philosophe, ou un scientifique je crois. Que le silence infi des espaces éternels l'effrayaient. Ou quelque chose comme ça.

Manipulation mentale ? Sommes-nous capables de tels prodiges ? Incroyable. Inquiétant aussi. Si des lanyshstas sont passés maîtres dans ce genre de pratiques, je comprends mieux alors la méfiance certaine dont nous faisons l'objet. Et qui sait si certains lanyshstas pourraient aussi être victimes de ce genre de manœuvres. Les survivants des vagues précédentes pourraient-ils nous faire agir à leur guise ? Comme des pantins ? Il y a tellement de choses qui me dépassent, je me sens désespéramment faible. Comment remplir mon devoir si je n'ai pas la force suffisante ? Découper la trachée d'un krynänn d'une seule main, c'est facile. Un peu d'entrainement et le bon outillage, c'est bon pour fanfaronner entre amateurs. Mais il y a certaines choses bien plus puissantes...

Je m'approche du docteur et saisit une petite gélule. Hum, si au moins il avait pu la rendre un peu plus appétissante... J'ai l'impression de prendre mon médicament pour la tension, charmant. Allez hop. Je casse la gélule entre mes dents d'un coup sec, rageur et mâchouille un peu. Ma tête tourne un peu, je me sens faible quelques instants mais je tiens toujours l'ancre.


Si je puis me permettre... Tant qu'on est dans la distributions de productions maison...

Je pose l'ancre sur le sol, elle commence à tomber.

Vodit !

L'ancre se redresse à la verticale sans broncher. Je retire quatre maillons de la chaine et je les présente de la même façon que le docteur. Théoriquement, il y en a un qui va faire une allusion moqueuse et une pirouette et une autre qui va trouver à y redire.

Avec ça, disons que vous serez lié avec le reste de la chaîne. Et donc de l'ancre. Et donc de moi.

Je me souviens de cette phrase lue un jour dans la biographie d'un écrivain kil'sinite. J'étais un jeune maître d'hôtel en proie aux incertitudes existentielles.

"Nous avons toujours une ancre qui tient ferme aussi longtemps qu'on ne la brise pas soi-même : c'est le sentiment du devoir."

Tant que je garderai ce sentiment, cette mission que l'aveugle m'a confié, cette ancre tiendra. Et je tiendrai.



 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Merakih 7 Saptawarar 816 à 23h16
 
"Ah non, hein !"

Fait Natisha en levant les bras vers le ciel supposé. Fulminante :

"Entre l'autre qui veut nous refourguer sa came et machin-chose qui s'y colle aussi, ce n'est plus un voyage qu'on va entreprendre, c'est une soirée apéro ! "

La gynoïde ramène les bras contre son corps et arpente le pont du Brise-rêve, sans rien dire, avant de pivoter d'un coup vers le Doc' et de rafler une de ses gélules.

" Satisfaite ? Loin de là. Mais j'ai comme l'impression que c'est une très mauvaise idée de vous écouter, donc je vais essayer."


Pour le moment, cependant, Natisha n'a pas l'air de faire mine de gober la pilule. Elle jette un regard en direction de l'Ancre qui est le premier à avoir tester le produit, histoire de voir s'il n'est pas devenu tout vert.

" Bon. Il y a autre chose que nous devrions savoir ? Quelqu'un d'autre veut-il nous demander de choisir entre la pilule rouge et la pilule bleue ? D'autres révélations dans la manche ? ", ajoute-t-elle, de mauvaise humeur. " Tant qu'on y est...."



 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Julung 8 Saptawarar 816 à 21h46
 
- Oh tu sais, même sans déconner je peux te confirmer que ça serait plus qu'éprouvent, répond-il avec un large sourire à l'Arlequin. Je ne sais pas si tu as connu l'Archivecte, mais il y a eu une fois où je l'ai laissé "pirater" une partie de mon esprit, ma réserve d'énergie psychique pour être exact. C'est bien parce qu'on n'avait plus vraiment le choix... Et c'était la première et la dernière fois que je laisse qui que ce soit faire ça : j'ai juste failli en crever.

***
La gélule a une consistance cahoutchouteuse quand l'Ancre entreprend de la mâcher, et une saveur légèrement iodée se répand dans sa gorge quand l'enveloppe finit par céder et libérer son contenu liquide, légèrement visqueux. Harvain a d'ailleurs un peu de mal à déglutir, mais aussitôt qu'il réussi la saveur disparaît. Pendant ce temps, Helhar'sen tend les gélules vers Elyas qui ne semble pas se formaliser outre-mesure (la mesure pouvant parfois être assez démesurée avec lui...) de cette étape malencontreusement obligatoire...
***

- Avalez tout rond, ça passera mieux... Le contenu ne doit pas avoir un goût terrible... dit-il aux autres avec un petit sourire navré.

***
Évidemment, dans ce monde, manger quelque chose n'a rien à voir avec la sustentation ou une quelconque opération de digestion.

Évidemment, dans ce monde, les sensations - dont le goût - n'ont que peu de choses à voir avec la saveur d'un aliment réel.

Le fait d'avaler représente une acceptation, une invitation irréversible, et le goût iodé n'est qu'une effet secondaire de la libération un peu trop précoce du contenu de la gélule, optimisé pour opérer après la déglutition qui est la dernière étape de l'acceptation...
Il ne faut que quelques secondes au spore pour trouver un endroit douillet pour se caler sans gêner. Harvain peut le sentir, là, dans un coin de sa tête, comme un souvenir. Il est inerte en soi, mais il lui suffit de l'évoquer pour sentir le Brise-Rêve qui s'ouvre à lui. L'Ancre ressent instantanément qu'il lui suffirait d'avoir envie de rentrer dans le vaisseau pour traverser le sol sous ses pieds et arriver dans le pont supérieur. L'intérieur du Brose-Rêve s'illumine légèrement en réponse, comme si une faible lumière blanche émanait de ses parois.
***

- Et voilà, vous devriez avoir à présent accès à l'intérieur, dit le Machiniste à l'Ancre en sentant le lien s'établir. N'oubliez pas de personnaliser vos quartiers pour améliorer votre emprise sur la Brise-Rêve : si vous vous liez correctement, vous devriez pouvoir diriger vous-même un essaim ou deux de Calamorques, l'histoire que je ne soit pas le seul au poste de tir en cas de pépin.

***
Le Doc se tourne vers la gynoïde.
***

- Vous voyez, il n'est pas mort. dit-il en donnant une petite tape de sa main libre sur l'épaule de Harvain avant de récupérer une de ses chainettes.




(Agur 816)
 
Mizar

Kil'sin  
Le Sukra 10 Saptawarar 816 à 14h48
 
Pilule avalée.
En un geste anodin, sans mot dire.
Pendant que tous se questionnaient et essayaient de se convaincre.
C'était inévitable.
Le premier Oui.


Enfin, pour être exact, ils étaient déjà engagés dans l'acceptation depuis la première pensée.
Depuis la première remarque, l'éveil de la curiosité, le soupçon d'une lueur cachée sous le tapis télépathique.
Par l'esprit, tout s'amalgame, même les plus grandes contradictions. Tout avance, alors que tout recule.
Ainsi, il y avait des mouvements antithétiques. Il y en aurait d'autre.
Chacun avec sa saveur particulière, car le liquide rationnel s'infiltrerait dans les moindres interstices, pour dénicher les failles, les facticités, les bastions d'une possible résistance. En contradiction avec l'acceptation primale que chacun porterait.

D'où le goût exquis de cet instant ci.
Sous la forme d'une pilule.
Belle astuce, Machiniste!

Une intervention de l'Aveugle était peut être attendue. Une remarque, ou un acquiescement formel.
Mais il n'en fit rien. Peut être inspiré par quelques philosophies qui n'excluent pas ce qui est absurdement déraisonnable.
A l'infini effrayant de leurs questionnements, il répondit donc par le silence.
Et se laissa divertir par le jeu des psychologies qui se nouaient au seuil du voyage.
Il y avait de quoi : tant de fougue, de force, de raison, de folie, déployaient par des gestes subtiles, des émotions volontairement exprimées sans nuance, des postures toutes assumées, toutes déclinées jusque dans les sourires aigres et les regards vivaces. Ou leur absence total.

L'intention n'était pas non plus de se mettre en retrait et observer. Une posture bien trop facile pour jouir d'un charisme bien trop chargé d'artifice. Il faudrait se mouiller. Pas sans subtilité. Pas sans challenge. Et la pilule n'en était pas un pour lui. Il aurait pu contre-argumenter, mais non. Le premier défi se dévoilait à peine. Donc, passons.


Les cavités s'étendent sur très peu de distance.
Du moins rien de krolannement impossible à penser. Mais rien indique l'issue.
Et même si nous entreverrons le monde extérieur, peut être un ciel et ses nuages, la sortie ne sera pas aisé à trouver.
Voyez cela comme un labyrinthe.


Il avait parlé en se tournant vers leur invisible destination, s'ouvrant dans cet immense tunnel.
De la conversation précédente, il ne faisait donc aucune transition.


Tout nous retient ici.
Je vous préviens. Chacune de nos idées résistera.
Tant que nous ne serons pas sorti d'Epithumia, nos contradictions ne pourront se résoudre.
Nous n'avons besoin de connaître qu'une fois au moins la solution.
De trouver une seule sortie.


Sans doute était-ce emprunt de mystère. Involontairement. Il avait même l'air de sous-entendre qu'il pouvait y avoir plusieurs sorties. Mais lui, il connaissait le chemin, non?

Non?


***

La lueur au bout du tunnel.
***

C'était plus amusant de répliquer que d'observer.
Entre manipuler et orienter, la différence est immense et pourtant ne tient à rien.
Surtout avec ce pastiche d'énergie qu'étaient ces esprits lanyshtas réunis là.
Il ne voulait cependant pas donner l'impression qu'il allait les décortiquer, attendant tranquillement dans un coin, contemplatif.
Pourtant, il aurait fait des descriptions hautes en couleur. Avec chacun un fort désir de contrôle. Même dans leur façon de lâcher prise. Le jeu de rôle qui se mettait en place là était égal à l'introspection d'un peinture dans ses conflits qu'il mène avec ses pinceaux et ses mélanges. Là, des éclats de couleurs, des explosions soudaines, désireuses de prendre la place, au moins de ne pas en céder. Ici un arc-en-ciel qui ne délivre ses teintes que par acoup, comme pour surprendre à chaque coup, rester maître de l'attention. Plus loin, un trait construit, comme un dégradé puissant que l'esprit suit malgré lui tant il s'enchaine avec élégance. Et là bas encore, une forme monochrome, très distinct, très éloigné, expression d'une unité si dense qu'il semble difficile d'y pénétrer, on ne peut pourtant la noyer dans le reste.

Et Mizar, quelle genre de couleur était-il?
Eux aussi l'analyseraient. Par calcul au moins.
Sans doute ne voyaient-ils qu'une couleur qui ne se dévoile pas. De celle dont on ne parvient à donner un nom. Autant intrigante qu'agaçante, car on ne parvient à la saisir. Évocatrice d'une promesse dont l'Aveugle se trouvait l'obligé.

Il se tourna vers l'équipage, récupéra son bout de chaîne -de ce même geste anodin qu'il avait déjà fait-, et poursuivit.


Je suggère que nous partions.
Cap vers la lumière!
Le plus vite que comprendrez ce qu'est cet endroit, le mieux ce sera.


La tonalité était donnée.
L'équation d'apparence simple pour les esprits calculateurs cachait nécessairement une mauvaise surprise. Un tunnel d'où l'on perçoit une lueur intense, lointaine, et pourtant indiscernable. On devait pouvoir l'atteindre facilement. Qu'y avait-il à comprendre? Quelque chose qui ne s'explique pas apparemment.

Quelque chose dont il allait falloir faire l'expérience.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Elyas

Kil'sin  
Le Luang 12 Saptawarar 816 à 15h06
 
J’avalai la pilule qu’Helhar’sen me tendit. Elle avait le goût qu’on voulait bien lui donner. Dans mon cas, il s’agissait d’un mélange entre le sucré de la praline et la douceur d’une volaille. Mélange atypique et pourtant ô combien succulent. Outre le goût, je sentais désormais le Brise-Rêve vibrer. Il m’acceptait et de mon côté, par le fait d’avaler la pilule, je l’acceptais également.
Ne cherchez pas là plus de philosophie qu’il n’y en a.

Après quoi l’Aveugle, notre Architecte de fortune, nous indiqua la direction d’un grand trou lumineux. Le monde des poissons s’évanouissait. Ainsi, nous partions. Enfin. Un peu plus et j’aurais été tenu de bouleverser ce monde ci en déclenchant les prémices d’une apocalypse.


Bien-bien-bien, plus qu’à se laisser aller hein? Au boulot les petits !

J’éclatai d’un rire sonore avant de me laisser absorber par le vaisseau. Je réapparu dans ma bulle. Celle-ci était composée de multiples coussins, organiques et colorés, ainsi que d’un pan de mur totalement transparent. L’air était chargé de diverses odeurs de tabacs plus ou moins secs. Des effluves de parfums venaient également ponctuer ces saveurs.
Je me laissais tomber dans le parterre organique. Une mousse délicate vint partiellement recouvrir mes membres.
Une place spéciale pour un spectateur spécial.



- Thème d'Elyas -
 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Merakih 14 Saptawarar 816 à 18h59
 

Natisha jette un regard mauvais au Docteur à sa dernière réplique, mais ne répond pas.
Évidemment, se dire que « puisqu'ils font tous la même chose, c'est qu'ils doivent avoir raison », ne constitue pas vraiment un bon argument pour suivre leur exemple. On a connu des appels à la popularité très malheureux.
Mais en même temps, il devient assez clair que l'alternative est la suivante :
- ou bien tu avales la pilule sans faire d'histoires
- ou bien tu te gèles les miches sur le toit du Brise-Rêve pendant que les quatre autres rigolos font la fête au rez-de-chaussée. Sans compter que ce serait se priver de l'accès aux Calamars-remorques, ou aux Calamorques, enfin, aux trucs, quoi.

Natisha se saisit des pilules et les fait rouler dans sa main, mais ne se résout pas encore à les ingérer, bien qu'elle voie ses camarades commencer à prendre leur quartier. Il faudra le faire, bien sûr, mais pas tout de suite.
Songeuse, elle observe ce fameux tunnel lumineux, réfléchissant déjà à l'énigme que leur a posé l'Architecte.
La façon dont elle était formulée laissait entendre qu'ils seraient bientôt confrontés à leurs premières difficultés. Ce qui n'était pas pour déplaire à l'esprit fougueux de Natisha. Il serait, heureusement, bientôt temps de confronter ces épreuves.

Pour être honnête, elle n'est pas affairée qu'à retourner cette énigme dans sa tête pour la faire parler. Une fibre un peu plus sentimentale, et par conséquent bien moins avouable de sa personne, s'éprend aussi d'une curieuse contemplation. Elle a encore du mal à en revenir : comment est-il possible que cette conjugaison d'esprits puisse créer et maintenir de telles productions virtuelles ? Certes, tout y est virtuel justement – mais en même temps, étrangement réel. Les autres avaient parlé de la possibilité d'interagir avec un esprit krolanne. Imaginez un peu si on pouvait vendre des expériences aussi virtuelles ! Ça mettrait sur le banc de touche une sacrée partie des drogues que la contrebandière commerce. Les paradis artificiels, une nouvelle aubaine fiscale ?

On allait bien voir comment ils s'en sortaient, pour commencer…


 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Sukra 17 Saptawarar 816 à 15h29
 
***
Une fois que chacun des passager a pris une pilule, le Doc' ne s'attarde pas et traverse la coupole pour rejoindre le pont supérieur. Son corps enrubanné de bandes noires flotte jusqu'à un des cinq sièges ovoïdes qui émergent du sol autour de la table ronde centrale large de trois mètres, où il se dépose en douceur. L'assise est confortable, avec un moelleux quasi-organique. Dès qu'il y est installé, le plafond de la coupole affiche ce qui se passe à l'extérieur comme s'il était transparent.

Helhar'sen étend un bras et sa main effleure la surface de la table. Si celle-ci paraissait bien solide en apparence, une onde se propage à sa surface quand le Machiniste la touche, comme si elle était liquide... Quand la déformation atteint le centre de la table, ce qui apparait être une représentation miniature du Brise-Rêve - un peu plus de cinquante centimètres de haut - en émerge rapidement et flotte au dessus de la table. Au début, ça a juste l'air d'un "blob", mais la silhouette de la méduse gagne rapidement en définition, si bien qu'on peut bientôt distinguer les tentacules un par un, et même une mini-Natisha dressée sur la coupole. Au fur et à mesure que la représentation du Brise-Rêve s'affine, d'autres formes émergent également de la table, se modelant en quelques secondes pour représenter les alentours immédiats du vaisseau. La représentation de la méduse faisant une trentaine de centimètres de diamètre, l'ensemble de la table affiche un espace dix fois plus grand, les passagers peuvent en déduire que la table permet de voir ce qui se passe à environ cinq cents mètres à la ronde. Pour le reste, il suffit de lever la tête pour regarder soi-même à travers la coupole...

Une vibration sourde se transmet au travers du bâtiment alors que sa structure s'ébranle lentement. Il n'y a pas de son perceptible à proprement parler, mais les lanyshtas peuvent sentir le chant du Brise-Rêve résonner au travers de leurs corps. C'est un peu comme un acouphène : on le perçoit vivement dans les premières secondes, puis il passe naturellement dans le bruit de fond après un certain temps.

L'immense méduse accélère lentement pour s'éloigner du quai en direction du tunnel au bout duquel gisent leurs espoirs, avec derrière elle sa traine de tentacules qui ondulent doucement. Si, à l'extérieur, la Dernière Lame ressent bien le bâtiment qui se met en mouvement, perturbant à peine son équilibre, ce n'est pas le cas pour les lanyshtas à l'intérieur pour qui les seules manifestations du déplacement proviennent du décor qui se met en mouvement à l'extérieur et sur la maquette de la table centrale. Ca, et un petit étourdissement, trop léger et fugace... comme une sensation de déjà vu, une avance d'un millième de sonde entre la perception inconsciente et consciente qui donne l'impression qu'on a déjà vécu la scène qu'on est en train de vivre.
Au cours des brèves expériences que le Doc' a fait avec le Brise-Rêve avant son entrée en scène, il a remarqué que cet effet a tendance à corréler non pas avec la vitesse, mais avec l'accélération et les mouvements brusques. C'est un peu comme si, au lieu de subir les effets de la gravité et des forces centrifuges ou centripètes physiquement, dans l'espace, on les ressentait dans le temps. Pour l'instant, la théorie du Machiniste est qu'il s'agit simplement d'un léger effet secondaire lié au fait que le vaisseau fasse autant bouger son environnement autour de lui que lui-même s'y déplace en fait, et qu'il peut y avoir un léger décalage entre la réalité (si tant est qu'on puisse la nommer ainsi ici) à l'intérieur et à l'extérieur du Brise-Rêve...
***

- Hey, Capitaine, lance Helhar'sen nonchalamment à l'adresse de l'Aveugle. J'ai comme l'impression que vous en savez trop sur cet endroit pour ne jamais vous y être rendu. C'est à partir de quel endroit que vous vous êtes heurté à un obstacle requérant de vous adjoindre quelques comparses?




(Agur 816)
 
Mizar

Kil'sin  
Le Dhiwara 18 Saptawarar 816 à 00h40
 
Mizar tourna à peine la tête et d'un rapide regard en coin, manifesta son attention.
La question anodine du Doc darien était plus qu'une question. Elle énonçait un ordre, une direction, un sens. Un schème de pensée qui s'était déjà produit et qui continuerait de se produire. Les rôles y contribuerait. Cette question présageait de toutes les autres à venir.

Comme si cette discussion avait déjà eu lieu en fin de compte, l'Aveugle donna une réponse qui voulait éviter les raccourcis, tout en allant à l'essentiel.


Obstacle plusieurs fois passé, Machiniste.
Ce n'est jamais le même. Ni jamais au même endroit.
Chaque fois que j'ai ma victoire, l'énigme me paraît alors bien piètre. Elle perd sa saveur.

Et chaque fois, elle change de visage.


Parlait-il encore par image? Pour celui qui voulait des réponses, des vrais infos, ce devait être fatiguant.
Pourtant, à bien écouter le ton de sa voix, on eut dit qu'il exprimait la plus stricte vérité. Du moins la sienne.
Sans même une volonté de la voiler ou de l'enrober de mystère. La particularité de cet obstacle était vraisemblablement de transformer chaque fois qu'il était identifié. Alors comment lui donner un nom?
Si il y donnait un nom, l'obstacle en changerait aussitôt.

Peut être toutefois y avait-il un brin de pudeur aussi, source de confusion. L'obstacle avait-il des contours intimes?
Après tout c'était lui qui les avait mené là, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que son esprit y joue les troubles fêtes.

Il coupa court à tous ces raisonnements induits.


Je ne vous ai donc pas conduit ici pour m'aider à passer l'obstacle.
Mais pour vous aider, vous, à passer le votre.

Et j'avoue ne savoir rien de l'allure que cela va prendre.
Désolé Doc, ma carte de navigation ne vous servira pas à le trouver.
Toutefois, nous ne devrions pas tarder à le voir surgir.


Disant cela, en jetant un regard en arrière, vers l'équipage. Comme si l'obstacle avait pu se trouver à l'intérieur.

Autour d'eux, un paysage caverneux défilait. Les parois s'éloignaient tout doucement même si la cavité paraissait d'une taille raisonnable. Seule restait figée la Lumière. Imperturbable. Après quelques minutes, tous pouvaient sentir un certain malaise en l'observant. Car rien ne changeait, elle était comme une image fixe sur un mur. Un mirage. Un trompe-l’œil. Ce n'était peut être pas une sortie, juste un leurre. Comment pouvait-elle toujours être devant eux sans qu'ils s'en approchent?

A la sortie d'une alcôve géante, ils passèrent au dessus d'une sorte de végétation sous-marine, si dense et si luxuriante qu'elle couvrait toutes les portions de roches, à ne plus pouvoir en distinguer les parois. Là, ils remarquèrent des objets qu'ils n'avaient vu jusque là : des barques brisées, des engins, des vêtements, des tuyaux fracassés. Plus ils avançaient, plus ils en voyaient, en contraste dans la verdoyance. Tapis dans les algues, se profilait comme un cimetière. Ces ruines étaient autant d'idées échouées là, enraguées dans les méandres d'Epithumia. Quel genre d'obstacle pouvait causer cela?
A moins que tout cela ne soit que des éléments de décors...

A partir d'où commençait leur pensée? A partir d'où ces lieux étaient le fait de l'Entrelac?
Comment savoir si d'autres se trouvaient là?
D'autres quoi?


Mizar se redressa, il crut voir quelque chose. Là bas, comme un mouvement. Plaqué derrière la parois, qui se révélait ouverte à cet endroit. Derrière il semblait y avoir de grands espaces, si bien que si "quelque chose" avait vraiment bougé, la perspective laissait entendre que ce devait être très grand. Trop. D'ailleurs, l'Architecte se ravisa et reprit sa posture accoudé à une des fenêtres du Brise-Rêve. Des changements étaient à l’œuvre, il en reconnaissait les contours.

Son regard se porta sur la gynoïde. Mais ce qu'il pensa, il le garda pour lui.
Puis il s'adressa à tous.


La première fois, j'ai voulu atteindre la Lumière. Avec une détermination farouche. Finalement naïve.
Plus j'y ai mis du sang, moins je m'en approchais.
Dans tous les tunnels, vous la verrez.


A cet instant, leur navire médusal s'extirpa des algues pour découvrir une zone où les parois n'étaient plus visible. Il y faisait pourtant toujours sombres et la lueur au fond en attestait. Si rien était visible, c'était simplement parce que la cavité s'était élargi. Beaucoup. Elle était même gigantesque et le Brise-Rêve y semblait n'être qu'une minuscule crevette. Il n'y avait pas d'eau, pourtant des choses flottaient. Et la verdure marine se faisant plus rares dévoilait un paysage lugubre, d'épaves et autres artefacts d'expéditions antérieures qui avaient trouvé une issue tragique dans la roche.

***

Cavité gigantesque et lueur inaccessible
***


Ici, il y avait des petits tressaillements, des formes fines et floues nageaient sans qu'on eut pu dire si elles étaient vivantes. Ou même pensantes. Dans le Réel, on aurait instinctivement su de quoi il s'agissait. Mais ici, une impression fugace laissait un doute quant à la nature exacte de ce qui semblait être un parasitage dans l'arrière fond. Il pouvait s'agir tout aussi bien d'énormes couloirs d'airs. Comme des courants marins.


Ne vous laissez pas leurrer par votre envie de sortir d'ici.
Pensez plutot à ce que vous êtes en train de quitter.
A ce que vous allez devoir laisser derrière vous.


Car ils allaient devoir laisser des choses derrière eux. Mais quoi?
Et regarder derrière soi quand on souhaite avancer, cela n'avait aucun sens.
Ils n'allaient quand même pas devoir se couper une main pour pouvoir s'échapper de ce dédale?!


Il y a des choses que l'on voudrait emmener avec soi, pour aller plus loin.
Seriez vous prêt à les sacrifier?


La fierté, le besoin de contrôle, un désir de comprendre, une soif de liberté, le souvenir d'une autre identité, l'appel de la victoire, de la sensation, de l'émotion, le refus du silence, l'impatience avant le plaisir, le cri des entrailles qu'on ne sait retenir.

Au fond, les vibrations s'accompagnèrent d'un bruit détonnant, propagé par onde jusqu'à eux, leur faisant l'effet qu'un léviathan venait de grommeler dans son sommeil. Approuvant sans doute les pensées de ces équipiers perplexes.
Et comme un écho visuel de leur passage, ils passèrent en vue d'une épave à la forme bien familière : cela ressemblait au Brise-Rêve, mais en plus "mécanique". De la poussière vaseuse s'en échappait comme si la chose venait à peine de s'échouer.

Une ruine de plus?



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Dhiwara 18 Saptawarar 816 à 11h10
 

C'était un joli début de voyage en abysses. Malgré son isolement volontaire, la gynoïde sifflotait gaiement sur la coupole. Sa colonne vertébrale mécanique pulsait calmement d'une lueur turquoise au rythme de cette mélodie perdue dans les algues opalines. D'ailleurs, puisqu'elle avait décidé d'adopter une non-apparence, la gynoïde se résolut à changer la couleur des cellules qui constituaient sa peau. Hop, la voilà désormais accordée aux tonalités marines de la cave colossale dans laquelle ils se trouvaient désormais.

Finalement, ils n'avaient pas vraiment quitté le monde des poissons issus de l'imaginaire du Bateleur. De sa position, elle aurait juré voir des formes indistinctes filer en contre-bas. Et pas qu'en contre-bas ; aux coins de sa vision périphérique, aussi. Elle n'aurait su dire à quoi elles ressemblaient exactement, et ne paraissait pas s'en tracasser.

L'impression de sérénité est néanmoins perturbée bientôt par un grondement sourd, mais propagé souterrainement au sein de la cavité. Natisha jette un regard curieux autour de son environnement, sans rien apercevoir qui puisse être la source de ce dérangement soudain.

«  Hey ! Moi aussi, je peux le faire », marmonne-t-elle pour elle-même. C'était l'avantage de sa courte solitude : outre qu'elle avait été temporairement épargnée par les énigmes de l'Aveugle et le ton pédagogue du Docteur, elle avait aussi recouvert la possibilité de se parler toute seule, ce qui était toujours source de grand plaisir.

En faisant plus attention aux détails du paysage, elle remarque – comme doivent le remarquer ceux qui sont déjà descendus – l'espèce de construction échouée qui rappelle le Brise-Rêve. Ce n'est pas la seule épave qui se trouve ici. Natisha prend quelques minutes pour essayer de reconnaître les autres formes.

Puis la gynoïde se résout à gober les deux pilules pour pouvoir rejoindre le reste de l'équipage. Le truc a un goût infâme, bien sûr, et la sensation qu'elle éprouve en passant de la coupole à l'intérieur du transport la fait frissonner de dégoût. Le transfert n'est pourtant pas si désagréable, mais intérieurement Natisha n'a toujours pas bien accepté cette histoire de pilules, ce qui se ressent dans sa relation avec le Brise-Rêve.

Elle s'avance gaillardement vers le petit groupe qui s'est réuni près des fenêtres, sur le pont supérieur. Il y a le Machiniste aux commandes et l'Architecte qui observe l'extérieur. L'Ancre les accompagne. Pas de traces du dernier pour l'instant, qui s'est peut être retranché dans ses quartiers.
En passant près du Docteur, la gynoïde lui donne une petite claque amicale sur l'épaule.

«  - Alors, Doc, on s'amuse ? Il y a moyen de nous faire quelques loopings avec votre engin, ou on va rester à un rythme de croisière ? »

Elle lui accorde un grand sourire et un clin d'oeil malicieux, et se dirige à grands pas vers l'Architecte, qu'elle considère d'un air amusé.

«  - Tu sais faire autre chose que rêvasser, l'Aveugle ? »

La gynoïde s'installe à ses côtés pour mieux observer l'épave du Brise-Rêve qu'elle a déjà remarqué à l'extérieur. Ignorante de la dernière conversation que le trio a entretenu, elle ne semble pas inquiète plus que cela par l'apparition fantôme. Et de s'enquérir :

«  - On le voit bientôt, ton obstacle ? Parce que j'aimerais bien aller jeter un coup d'oeil de plus près à cette épave.  » Elle tourne la tête vers le Machiniste. «  - On doit bien voir de l'équipement d'exploration dans ta création adorée, non, Doc ? »


 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Dhiwara 18 Saptawarar 816 à 15h06
 
***
Le voyage à peine commencé, le Doc' commence à discerner un peu mieux les contours des personnalités de l'Architecte et de la Dernière Lame, le deux seuls lanyshtas qu'il ne connait pas dans le monde réel... Si l'Aveugle est vraiment aveugle dans la réalité, alors il est certainement celui d'entre eux qui maîtrise le mieux son monde intérieur, ce qui en fait un atout ou une menace majeure, au choix. Quand à la Gynoïde, sa curiosité et son indépendance semblent coller parfaitement à son rôle de Dernière Lame, l'étrave sensée pourfendre les flots jusqu'à son objectif sans que rien ne puisse l'entraver.

Le Machiniste semble un peu tendu depuis que les parois ont disparu : directement connecté aux influx sensoriels du Brise-Rêve, il n'est que trop conscient que cet endroit pourrait receler de choses bien plus immenses et coriaces que sa méduse. Et potentiellement prédatrices... Les formes mouvantes indistinctes ne font rien pour le rassurer.
En théorie, l'arsenal encore complet du vaisseau peut tout faire péter à perte de vue s'il lâche toute la purée en même temps, mais - dans un endroit où il y a des choses qui peuvent être plus grande que le champ de vision - la fuite est une option parfaitement envisageable.

L'intervention de Natisha tire le Doc' de ses pensées et son visage se détend.
***

- Ma chère, le Brise-Rêve peut faire bien plus que des loopings, mais je ne suis pas sûr que nos estomacs - ou ce qui en tient lieu ici - le supportent très bien.

***
En finissant sa phrase, Helhar'sen effleure à nouveau la table. Le vaisseau change de cap pour se diriger - flottant proche du fond - vers l'étrange épave tout en ralentissant son allure jusqu'à s'immobiliser à une centaine de mètres.
***

- On va envoyer quelques Calamorques en éclaireurs...

***
Un pan de la coupole s'opacifie pour afficher cinq petites fenêtres en forme d'ovales horizontaux. Dans chaque fenêtre, les lanyshtas peuvent voir par les yeux d'un des membres du petit groupe de drones qui vient de quitter son abri dans son tentacule-mère. Cette fois le Machiniste pose ses deux mains sur la table et ferme les yeux alors. Sur les écrans, les tentacules défilent alors que les petites créatures zigzaguent au travers, puis disparaissent lorsqu'il sortent de la masse pour filer tout droit vers l'épave...

Les petites créatures nagent/volent en se répartissant en formation pyramidale qu'ils maintiennent avec une grande précision, leurs mouvement totalement synchronisés : un Calamorque en tête, et les quatre autres en retrait à gauche, à droite, au dessus et en dessous.
Vu de la Coupole, l'épave ressemble à un gros champignon affalé, vers lequel file la petite escouade de drones. Sur les écrans, on distingue plus de détails au fur et à mesure de leur approche... La structure semble au moins aussi grande que le Brise-Rêve.
***

- Les drones sont dotés de senseurs capables de capter les saveurs télépathiques, c'est un système assez rudimentaire à la base, qui sait essentiellement identifier le Brise-Rêve et classe tout le reste dans la catégorie "corps étranger". Ceci-dit, même s'ils ne peuvent pas identifier précisément ce qu'ils sentent, ils seront capable de nous dire si quelque chose bouge là dedans...

***
Les Calamorques se séparent en arrivant à quelques mètres de l'épave, entreprenant de l'encercler pour pouvoir l'observer sous toutes les coutures. Si les sondes visuelles transmettent leurs informations via les écrans au mur, les données des sonars de mouvement psychique s'affichent sur la table sous forme de petites auras bleues sphériques autour de chaque miniature de Calamorque, chacun pas plus grand qu'une tête d'épingle sur la représentation alors que leurs auras font plusieurs centimètres, probablement pas plus d'une dizaine de mètres de rayon en réalité. Si quelque chose bouge à proximité d'un drone, son aura sur la maquette devrait virer au rouge...
***





(Agur 816)
 
Mizar

Kil'sin  
Le Dhiwara 18 Saptawarar 816 à 17h31
 
Une voix l'interpella. Il reconnut tout de suite le ton et répondit avec la même plaisante légèreté.

Je sais faire pas mal de chose.
On avait parlé d'une danse non?


***

Un Brise-Rêve brisé et métallique
***


La Gynette s'était faufilée jusqu'à lui, comme l'aurait fait une créature féline. Son attitude était papillonesque, en quête du prochain courant d'air qui la porterait plus loin. En apparence au moins, cet esprit se projetait systématiquement vers l'action, le devenir. Le Présent était ennuyeux, il fallait le pimenter. Il n'était pas étonnant qu'une telle personnalité parut si débridée. En attestait son allure mécanique, fruit d'une imagination fascinante. Une imagination au goût de l'Architecte.
Il fallait en avoir beaucoup pour penser à protéger son identité derrière un bout de métal.
Surtout dans un lieu comme celui-ci.

Mizar lui rendit un regard tout aussi amusé.


Nous sommes déjà dans mon obstacle, Visage d'Ange.
Mais voyez, les vôtres se profilent, il semblerait.


Indiquant du menton l'extérieur, sans explicitement montrer l'épave.
Le Doc' n'avait pas attendu pour lancer ses bestioles à sonar qui déjà dévalaient le relief. Les couleurs mornes des environs, les ruines, les machines défaites, le matériel éparpillés, des algues sans vigueur, de la roche et du sable, laissaient une impression d'immensité déserte. Immensité dont ils prirent conscience en constatant que la distance qui les séparait de l'autre épave, était bien plus grande qu'à première vue. Ils comptèrent de très longues minutes avant que les Calamorques atteignirent l'objectif.


***

***

Tout à coup, l'Architecte se tourna vers les écrans.
La seconde suivante, un faible signal jaillit.
Suffisamment net pour en distinguer la couleur : bleu.


C'est pas nous l'équipe bleue?
C'était prévu, ça, Doc'?


Question posée avec une fausse innocence par l'Architecte.
Dans sa tête, déjà quelques pronostics sur la suite des évènements, d'ailleurs il ne parut pas vouloir se prononcer, mais plutot attendit que les autres réagissent.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Elyas

Kil'sin  
Le Dhiwara 18 Saptawarar 816 à 18h28
 
Depuis mes quartiers, j’observais le vaisseau filer à travers vers son non-destin. Pour le seul kil’déen présent à bord, la situation avait de quoi être déconcertante. J’écoutais les voix lointaines de l’Architecte et du Machiniste, interrompues par moment par la Dernière Lame.
Le Brise-Rêve dépassé plusieurs carcasses d’embarcations. Etalé dans ma cabi-mousse, je délivrai une pensée teintée d’ironie.

*Intéressant, vous avez préservé vos souvenirs des précédentes tentatives, le tout matérialisé par ces embarcations échouées.*


Je ne savais pas vraiment où l’Aveugle comptait nous mener. A dire vrai, je m’en fichais. Mon rôle me convenait parfaitement.
En parlant de rôle, il allait bientôt falloir s’y coller…
Les tentatives de l’Aveugle étaient biaisées. Il attaquait le problème de manière logique. Or, les Entrelacs n’avaient rien de logique. Vous en faisiez partie ou pas. Toquer à la porte ou s’exciter sur la sonnette n’y changerait rien. Quand bien même vous y auriez été invités, nul ne sait si vous auriez pu y entrer.

En définitive, pour atteindre l’inatteignable, il fallait y arriver…par accident.
Et l’accident, c’était moi.

Je quittai mon fauteuil de mousse pour me diriger vers mon sac sans fond. J’en tirai divers explosifs de tailles et de formes différentes. Tout ce qu’un artificier aurait pu rêver : de la bombe à fission au modèle anti matière, en passant par le classique bâton de dynamite, tout y était. Ce vaisseau sauterait à un moment ou à un autre, foi d’Elyas !

Chargé de mes fabuleux cadeaux, bien que réduits pour l’occasion (un tel fantasme n’aurait jamais pu s’appliquer à la réalité), je me baladais dans le vaisseau d’un pas innocent et plutôt joyeux. Les membranes m’absorbaient et me renvoyaient vers d’autres pièces, d’autres espaces que le Doc’ avait mis tant de cœur à imaginer. Quelque part, ça me faisait mal de penser que j’allais m’en prendre directement à l'une de ses créations. Après tout, il avait mis une part de lui dans ce Brise-Rêve…
Non. J’déconne.
D’un simple souhait, je déclencherais un Spectacle qui serait sans égal.
Adieu les corps, la troisième dimension et la matière telle que nous la connaissons !

Pour explorer de nouveaux Entrelacs, il fallait accepter de se séparer de toutes ces limites hérités de nos visions du monde, des assemblages de concepts nous définissant pour ce que nous sommes. Et surtout, nous débarrasser de toute cette sécurité.
Après quoi, le groupe resterait lié. Ou pas.

Au fur et à mesure que j’implantai mes jouets dans la méduse, mon ensemble multicolore évoluait petit à petit. C’était la cerise sur le gâteau, dans le cas où l’esprit d’Helhar’sen refuserait de se laisser aller à l’imprévu…
Quand l’Artiste devient une œuvre.
Quand l’Artificer devient la bombe.

Alors que le Brise-Rêve atteignait ce nouveau paysage de ruines désertiques, je revins parmi les autres sur le pont supérieur. Tout sourire, comme un gosse satisfait de son devoir de mathématiques, je pris place dans un fauteuil près des trois protagonistes. Mon chapeau et ce qui constituait jusqu’ici mes vêtements n’étaient plus qu’une sorte de matière visqueuse, bouillonnante et rougeoyante. Une solution hautement explosive que le moindre choc pouvait perturber, conduisant à un feu d’artifices de boyaux et autres organes en tous genres.
Je me tournai vers l’Architecte.


L’imprévu est source de bien des plaisirs.


- Thème d'Elyas -
 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Dhiwara 18 Saptawarar 816 à 19h07
 

Le visage de la gynoïde était expressif, enfin, à la façon d'un automate. Pourtant, il se ferma bientôt après les remarques de l'Architecte, tandis que le Docteur pilotait les Calamorques vers l'épave.
La grotte chtonienne était bien plus imposante qu'elle ne l'avait imaginé au premier abord.

Elle ne s'en alarma pas. Si elle avait bien compris dans quel recoin de la psyché ils étaient en train de fouiller, cette imagerie colossale et pulsionnelle était plutôt bien adaptée.

Elle tourna le dos aux deux hommes pour observer un point derrière elle, de l'autre côté de la vitre.

«  - Doc... » commença-t-elle, mais elle n'eût pas l'occasion de finir sa phrase.

Au même moment, l'Architecte se détournait vivement vers les écrans de son comparse, un peu avant que le résultat de l'enquête du Doc ne s'y affiche.
La gynoïde darda un regard suspicieux et éloquent aux omoplates virtuelles du soi-disant Aveugle.

Elle feula sourdement, sans rien dire de ce qu'elle pensait de la situation, bien que la tentation de choper l'Architecte par le cou et de lui faire passer un interrogatoire un peu plus serré lui traversait l'esprit.
Elle s'avançait d'ailleurs discrètement dans son dos quand le Bateleur les rejoint. Difficile de ne pas le remarquer : ce dernier avait une aura...volcanique.
Natisha suspendit son geste, prenant juste un pas de recul pour garder l'Architecte à portée d'un assaut éventuel, et le Bateleur en ligne de mire.

Bien que le Bateleur ne s'adressait pas à elle, elle s'immisça d'un ton moqueur et suave dans la conversation :

«  - Tu es toute en beauté, mon grand, félicitations ! Tu nous as prévu une petite surprise ?»

Si ce monde n'était pas gouverné par les lois et règles de sa réalité, peut-être était-il encore possible de sauter et de se faire pousser littéralement des ailes sur le chemin. Malgré la situation, la gynoïde ne surveillait pas particulièrement l'imprévu magmatique. Son regard continuait à dériver vers l'arrière-vitre.



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