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Pensées fuyantes
Acte II Scène II, Là où les idées se perdent
 
Mizar

Kil'sin  
Le Dhiwara 2 Otalir 816 à 15h28
 
Là, des couleurs.
Des sensations.
Un principe reconstructeur était à l’œuvre.
Ils se sentaient y contribuer malgré eux.

Le flash avait cédé la place à un endroit moins lumineux, mais pourtant aveuglant.
Les images se recomposaient grain par grain à une vitesse affolante.
Ce qui se produisait là dégageait une force sans concession.
Une force qui ne leur demandait pas d'autorisation.
Elle allait sans doute devenir la source de leur inquiétude.
Personne n'appréciait être dépossédé de ses pensées.


***

***

L'endroit se révélait être purement télépathique.
Ils étaient au delà des Cercles Luxuriants, dans l'Entrelacs. Et en même temps à l'extérieur de ces coquilles rassurantes dans lesquelles ils avaient eu l'habitude de naviguer. Ils percevaient le Tourbillon et les Premiers Cercles, comme un signal éloigné, ténu mais encore bien solide. Pourtant ils leur paraissaient des objets indépendants d'eux. Ce qui était nouveau. Il sentait le lieu comme tendu, en train de s'étirer. Sans douleur, pourtant ils ne doutaient pas que celle-ci pourrait émerger. Avoir une Ancre à bord n'avait jamais autant paru une bonne idée.

C'était comme si ils voyaient l'Entrelacs pour la première fois.
Comme si ils faisaient l'expérience de sa véritable substance.
Il n'était pas que ce support accueillant pour toutes pensées, toute imagination.
Il se nourrissait de tout ce qui se pense, c'était sa matière, son univers. Son espace.
A l'unicité apparente qu'ils avaient toujours perçu, ils découvraient une multiplicité absolue.
Derrière, il leur semblait que des mondes se mélangeaient, des bulles de pensées reflétaient les télépathies d'autres Lanyshtas, des paysages se transformaient au sein de cocon imaginaire. Tout en bas d'ailleurs, ils pouvaient discerner une faille béante dans la terre. Évocation du dédale souterrain dont ils venaient de s'échapper.

Mais il n'existait que dans leurs esprits?
...l'image n'était peut être qu'un souvenir. Elle s'effaça tandis qu'ils avançaient.
Vers où?
La Lumière.


***

***

En un claquement de doigt, la peinture fit sens.
Des nuages improbables, un ciel clair-obscur, et un bruit sourd.
Des miettes pulvérisées étaient projetées vers eux, dernières traces d'une explosion qui venait d'avoir lieu.
Une foule d'objets flottait autour de leur Rêve-Brisé.
Des ruines flottantes.
Pas seulement.
Certains sortaient de nulle part.
Disparaissaient aussitôt.
Peut être noyés dans les nuages.

D'ailleurs, eux, qu'étaient-ils?
Du vide. De l'esprit. Des étoiles filant à travers les mondes.
Des courants d'air...
Ils savaient seulement qu'une réalité télépathique avait repris forme sous des sens à la portée de leur intelligence.
Bien que cette réalité soit devenue presque...tangible.
Les vestiges de leur transport volaient dans ce Ciel étrange.
Le pont s'était reconstitué mais le navire avait perdu toute carapace. Aucune trace de Calamorques ou de ses autres protections. Ils ne voyaient que le pont pour le moment.
Et ils avaient besoin de s'extirper du vide.
Pour remonter à bord.

Une onde terrible résonna dans les airs.
La détonation fit trembler toute cette réalité, tandis qu'une nouvelle vague d'objets flottants fonçaient sur leur embarcation désossée.
Percutée de toute part, elle conserva toutefois sa trajectoire, tout autant que les traces des impacts.
Ce qui restait du Brise-Rêve ne tiendrait pas bien longtemps.
Et il ne suffirait de "penser" pour le réparer ou créer un radeau de sauvetage.
En cet espace, ils affrontaient un tissu télépathique résistant.
Ce n'était d'ailleurs pas sa seule propriété.

Avant même de sauver leur bateau de fortune, il fallait qu'ils se sauvent eux même.
Il leur fallait reprendre forme. Se redéfinir.
Sauf que cela leur semblerait un effort ici.

Et ils n'étaient pas certains de maîtriser le déploiement de leur pensée.
Le contradictoire mouvement de résistance et d'absorption constant empêchait de créer une stabilité pure.
Se faire violence pour exister, se frayer une place dans un territoire où les idées se bousculaient continuellement.
Chacun devrait faire cet effort.


***

***

Au milieu de la Turbulence, l'un d'entre eux y était parvenu, montrant le chemin aux autres.
La silhouette d'un homme se trouvait là et contemplait l'horizon se dessinant.
A la main, il tenait une chaîne. A ses pieds, il y avait un corps inerte.
Un être aux ailes blessées, déchirées, aux membres brisés.

L'homme ne sembla pas en faire cas.
Son regard grisé fouillait l'Entrelacs.
Sur ses lèvres, un grand sourire.
Le visage giflé par les débris.

L'aventure commençait.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Elyas

Kil'sin  
Le Dhiwara 2 Otalir 816 à 17h28
 
C'était comme une seconde naissance.
Au détail près que j'étais à la fois la divinité et son sujet.
Un paradoxe. Celui du Créateur qui se crée et se recrée.

Dans ce monde sans formes, sans sensations, sans rien si ce n'est les brides télépathiques qui nous liaient les uns aux autres, je tâchais de me retrouver.
Ou plutôt non : de me questionner.
Qu'étais-je?
Était-ce mon passé, mes actes ou mes souhaits qui me définissaient? Peut-être un peu des trois à la fois.

Néanmoins, j'avais la sensation de devoir bouleverser mes présupposés. Ou ceux d'Elyas, de l'Arlequin, du Bariolé.
Je n'étais pas encore.
Je souhaitais.

Des rêves d'enfants, perdus depuis longtemps, des songes de mutants, jusqu'ici trop timides pour devenir vivants.
Alors il fallait plonger pleinement, tête la première.
Il n'était pas question de face aux contraintes des Entrelacs, de ces liens qui nous retiendraient à la moindre tentative d'évasion. Nous n'étions pas dans un esprit krolanne.
Non.
Là, il fallait simplement demander, encore et encore.

Ce n'était pas ma voix qui s'éleva dans cet incubateur à Esprits.
C'était...autre chose.
Une énergie.
Une essence.

*D'autres Entrelacs.
D'autres Dimensions.
D'autres Époques.
Passé. Présent. Futur.
Une Compilation.*


Des mots qui n'en étaient pas exprimés dans un langage qui n'en était pas un non plus.
Car je n'avais pas besoin de ça. J'étais au delà de ces contraintes.
Des pistes s'ouvraient. Des formes naissaient. Des concepts s'assemblaient, cherchant un liant.

*Survivre.*


La naissance d'un paradigme.
Différent?
Peut-être.



- Thème d'Elyas -
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Dhiwara 2 Otalir 816 à 22h46
 
***
Comment exister sans être soi? Comment réaglomérer son essence alors même qu'on n'est plus qu'un esprit dont les bribes ont été éparpillées et malmenées dans cet improbable environnement?

Il y a une sensation qui devient de plus en plus perceptible, un sentiment d'attraction, comme si quelque chose cherchait à ré-agréger les lambeaux de ce qui fut le Doc'. La force est faible, mais irrésistiblement constante, un peu comme la gravité qui finit toujours par vous ramener sur le plancher des vaches. Quelque chose semble vouloir recoller les morceaux à sa façon... réarranger sa projection psychique pour qu'elle colle à un plan bien défini.
Pour reconstruire qui? Le Doc'? Toujours en train de courir entre sa petite vie de krolanne et ses péripéties lanyshtesques? Tellement empêtré dans sa philosophie de la toute puissance de la raison qu'il en devient limité dans ses propres raisonnements. La preuve, rien de ce qu'il avait prévu n'a été utile au voyage... Et à quoi pouvait bien servir sa forme de krolanne? Deux bras, deux jambes, une tête? Quelle utilité cela peut-il bien avoir dans un univers régit par des lois totalement différentes de la réalité?

Non, reconstituer le Doc' tel qu'il était ne présente actuellement aucune utilité ici, tout comme le Brise-Rêve n'a servi qu'à les entraver...

Un débris de celui-ci - un bout des tuyères d'éjection du générateur de champ psychique à vu de nez - traverse les débris du lanyshta. Le vaisseau ne paraît pas avoir été totalement détruit, mais ce qu'il en reste n'a plus rien à voir avec la création originale. On dirait plutôt une carcasse morte depuis des éons, désséchée.

Ressemble-t-il aussi à ça?

Le simple fait d'évoquer cette question semble aussitôt accélérer le processus de ré-agrégation des lambeaux de l'esprit de Helhar'sen, reformant progressivement sa projection psychique initiale.
Non, il ne doit pas se laisser faire.
Il doit abandonner tout ce qu'il était pour se métamorphoser en autre chose. Quelque chose qui soit viable ici ou ailleurs, quelque chose qui ne soit pas le Doc'. Quelque chose qui fasse fi des conventions et mette à mal toutes ses croyances personnelles.
***

Pensée :
NON.

La pensée inarticulée explose comme un feu follet sombre au milieu des débris à bonne distance de la carcasse flottante du Brise-Rêve, zébrant l'air de rafales d'éclairs successifs qui paraissent s'en prendre à tout ce qui passe dans un rayon qui croit laborieusement jusqu'à atteindre une dizaine de mètres, pulvérisant les débris pour créer progressivement une zone de vide, dénuée de turbulences.

***
Le non-être qui fut le Doc' n'a plus qu'un seul objectif en cet instant : tout faire pour échapper à sa recomposition programmée et décider lui-même de qui il veut être et de ce qu'il veut. Échapper à tout ce qui appartient au Doc', et à tout ce à quoi le Doc' appartient. C'est la seule issue qu'il entrevoit pour s'extraire des Entrelacs et ne pas avoir fait tout ça en vain... et pour atteindre cet objectif, il doit se redéfinir ex nihilo. Ca tombe bien car il ne reste presque rien de lui.

Les efforts à déployer sont colossaux... si dans les Entrelacs matérialiser une projection est aussi simple que de claquer des doigts dans la réalité, ici essayer de former une pensée ressemblerait plutôt à essayer de grimper une falaise à mains nues, avançant en prenant appui sur de petites saillies en devant s'assurer pour chacune qu'elle n'est pas friable sous peine d'être entraîner dans une inexorable chute. Mais dans l'état de Helhar'sen, le temps n'a guère de prise, et le lanyshta se contente d'assembler les briques de son futur soi une à une, rejetant systématiquement tout ce qui pourrait avoir trait au Doc'.
***

Petit à petit, au centre de la sphère où se déchaine l'orage énergétique qui repousse violemment tout objet s'approchant, une forme apparaît. D'abord trop petite pour être définissable, la chose - plutôt verdâtre - grossit jusqu'à atteindre une forme ovoïde d'environ un mètre de diamètre. Sa surface souple se déforme comme si une créature y était tassée et se mouvait dedans.

Il ne faut pas longtemps pour qu'un appendice pointu et tranchant traverse la membrane et y découpe une longue incision avant de se rétracter à nouveau à l'intérieur. La fente s'écarte légèrement et une silhouette noireaude s'en extrait...

De loin, la morphologie globale de la créature qui vient d'éclore ressemble à celle d'un grand krolanne encapuchonné dans une cape sombre, mais à y regarder de plus près il n'y a aucun krolanne sous la cape, impossible de voir quoi que ce soit, juste une intrication de plis et de replis de cette étrange tissu qui le constitue, d'un brun tirant sur le noir. Sa surface ondule pendant quelques secondes, agitée par des mouvements venant de l'intérieur, tandis que la structure interne s'ajuste.
Sous la "capuche" l'étoffe se froisse et les replis du tissu s'agencent pour former un semblant de visage. L'imitation s'arrête à la morphologie, car les trous figurant les yeux et la bouche ne donnent que sur d'autres replis de tissu, comme si le tout n'était qu'un gros amas de tissu froissé...

Soudain, les éclairs qui protégeaient la zones des débris cessent toute activité, et le vortex ambiant reprend possession de cette portion d'espace en s'abattant sur la créature. Elle ne moufte pas. Pas un pli ne bouge. Les courants ambiants ne semblent pas l'affecter, pas plus que les débris qui la fouette et rebondissent comme s'ils venaient de heurter une surface rigide.


***
De là où il flotte en hauteur dans le "ciel", Helhar'sen - si tant est que tel soit encore son nom après ce formatage - contemple le paysage fantasmagorique qui l'entoure.

C'est la troisième fois qu'il ouvre les yeux pour la première fois de sa vie, les deux premières étant sa naissance et son Éveil. Il s'en rappelle comme on se souvient d'un rêve au réveil, qui s'étiole au fur et à mesure que le sommeil s'éloigne et dont on ne se remémore plus que très vaguement après quelques minutes alors que ça semblait si réel l'instant auparavant.

Il repère la silhouette, debout sur le vestige délabré d'un vaisseau. Plusieurs saveurs télépathiques flottent dans l'air... elles ne lui sont pas inconnues, ressemblant un peu à la sienne, et pourtant il est incapable de les définir.
Intriguant.

Les courants sont forts, mais le lanyshta n'a guère de mal à se laisser flotter jusqu'à l'objet de sa curiosité, s'immobilisant en l'air à quelques mètre des deux autres lanyshtas. Il observe longuement la créature ailée affalée avant de tourner sa capuche vers celle qui se tient debout.
Ah oui... quelques bribes reviennent, il n'était pas seul... ses passagers... tout cela semble si lointain...
***

- Quatre... quatre passagers...
Les autres?


***
L'imitation de bouche a bougé, mais la voix incertaine semble venir de l'intérieur de l'amas de tissus. Une voix ni masculine ni féminine, articulée par des organes qui n'ont rien de krolanne...
***





(Agur 816)
 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Luang 3 Otalir 816 à 10h14
 
Bien loin des sens et du sens....:
A l'orée de son inconscient, comme une phrase, de fer blanc, à peine intelligible : « Le pouls devient filiforme et la mort survient à l'occasion d'un mouvement insignifiant. Oui, au bout de tout cela, on était pendu à un fil et les trois quart des gens, c'était le chiffre exact, étaient assez impatients pour faire ce mouvement imperceptible qui les précipitait. »

Pourquoi cette phrase ? On ne pouvait pas savoir. D'où son esprit déchiré, réduit en lambeaux, puisait cette drôle d'inspiration ? Une vie passée, un vieux livre, des mots entendus un soir estival, Elles n'en savait rien. Elles ne savait plus grand-chose, d'ailleurs. Ni d'Elles, ni d'Ailes, ni d'avant ou bien d'après. Pas de tourbillons, pas de fuites, pas de mouvement dans cet esprit-ci : au lieu d'une métamorphose, c'était une régression à l'infini, une spirale qui se courbait vers le sommeil de la conscience.

Il n'en était pas moins difficile de penser, de soulever ces gros rochers de sens, pour agir. Une identité aussi tremblotante qu'Elles ne pourrait jamais se re-définir dans un contexte aussi instable. Elles se faisait fluente. Incompréhensible. Même pour Elles.

« Pendus à un fil »...oui, oui, ça devait être ça. Prisonnière de sa pesanteur, Elles était une passagère bloquée dans son véhicule : son corps, inerte, déchiqueté. Elles n'était pas détruite pour autant. Elles conservait son habileté, sa mémoire, sa présence. Mais tout au fond, tout au fond : recroquevillée, et incapable de sortir. Pas faute d'essayer pourtant. Mais c'était si fatigant...Un sentiment qu'Elles n'était pas habituée à ressentir. Un sentiment de krolanne, indigne d'une créature aussi peu naturelle qu'Elles.

Elles était réduite à une lente reptation, comme confondue sous le poids de pensées étrangères qui pourtant bruissaient péniblement à son esprit. Là-dedans, dans cette confusion incommensurable, quelque chose, quelqu'un peut-être l'appelait.

Mais Elles était si fatiguée...Elles n'était même pas sûre de vouloir répondre à cet appel. On était pas si mal, au fond, au creux de la conscience. Un espace sans sens. Sans solides. Sans images. Une prison, mais dont on ne pouvait effleurer les barreaux.

Citation :
Tu penses n'importe quoi, songea l'une Elle. Fais un effort.
Impossible, répondit l'autre Elle. C'est peine perdue. Littéralement.
Je sortirai d'ici sans toi, dans ce cas, menaça Elle.
Je ne savais même plus que je t'avais enfermée ici. J'aurais dû t'annuler tant que j'en avais l'occasion.
Ce sera ma chance de retourner à la réalité. Tu as assez occupé mon rôle, doppelgänger ! Ma place !


La colère. C'est ça. Au fond de tout ça, pendue à un fil, quelque chose qui l'animait encore : la dispute irréconciliable entre les deux filles à deux faces. Quelque chose qui devait être Natisha sentit un mouvement de panique. Et si cette virée dans les Entrelacs ouvrait réellement la porte à ce squelette encombrant qu'elle avait coincé dans sa tête si longtemps ? Les conséquences lui parurent drastiques : Elle pouvait prendre sa place, et inverser les rôles. La seconde resterait bloquée ici, peut même non seulement dans ce passage, mais aussi dans la réalité. C'était l'équivalent de périr.
L'impression de claustrophobie se renforça insidieusement. Pour survivre, l'identité instable de la personne qui se faisait appeler Natisha se fissura ; quelqu'un à l'intérieur y voyait là sa chance de s'installer au soleil.

Comme répondant à l'appel, un flash, unique, fragile : un « à l'aide » à peine compréhensible.

Une course agonisante s'installa. Une course à la conscience, inintelligible de l'extérieur. Au bout d'un moment, l'une d'Elles allait l'emporter, nécessairement. Mais laquelle ? Impossible de le prévoir...De l'extérieur, il ne se passait pas grand-chose. Pourtant, les éléments qui influenceraient le résultat de cette drôle de course s'y trouvaient sans doute.


 
Mizar

Kil'sin  
Le Sukra 8 Otalir 816 à 13h06
 
Une nouvelle onde se propagea.
Accompagnée d'un grondement.
Encore.

Il était troublant de revenir à soi, en ayant cette sensation de ne plus être totalement soi.
Un peu comme de sauter par dessus un précipice et d'atteindre l'autre bord du bout des pieds dans un effort extrême, par lequel nous aurions lâché dans le vide tout ce que nous portions. Ou presque, quelques vêtements, quelques masques, quelques névroses. Ne pas pouvoir négocier ce que l'on sacrifie laissera nécessairement un arrière goût de fatalisme que chacun digèrera à sa façon.

Ici, rien ne se négocier de toutes façons.
C'était palpable, cette oppression du Réel Psychique. Réduit à l'idée d'image, le Soi affronte un territoire qui maîtrise toutes ses limites. L'Entrelacs vous traverse intégralement et ce que l'on prend au début pour une agréable invitation au lâcher-prise, peut aussi être considérée comme une intrusion permanente. Cette chose télépathique oserait-elle jusqu'à violer vos pensées?
En tout cas, être ici, c'était comme de vivre un paradoxe : la perception sans équivoque de la vanité de toute opposition, en même temps que sa nécessité pour ne pas être éparpillé. Tout le corps pressentait ce déchirement, si bien qu'il était même visible autour d'eux que le tissu de l'Entrelacs s'étirait. Par endroit, l'air se froissait, se diluait, jusqu'à étinceler ou noircir soudainement. Tellement de courts réajustements dont aucun n'aurait su dire ce qu'ils étaient. Bien que ces "étincelles" s'accumulaient étrangement dans leur parage. Si bien qu'on eut pu croire qu'ils en étaient la cause.
Ce n'était pourtant encore que le début, ils venaient à peine de franchir un Voile. Ils avaient d'ailleurs tous réussis à passer. Mais dans quel état...

...il allait falloir s'accrocher à des idées solides.
Et éviter de les perdre en route.

L'Architecte fixait ce qui semblait être un horizon de nuages et de débris.
De là bas semblait provenir les ondes répétées, comme les pulsations vitales qui animaient ce monde.
D'autres vibrations attirèrent alors son attention derrière lui. Comme des liens tissés dans la Télépathie que quelqu'un venait de tirer par d'habiles jeux de runes. Le son lui paru familier. Comme un souvenir qu'on refuse d'oublier car on en sait instinctivement l'importance. Ou une illusion oraculaire couverte de Cendres. Mizar ne se tourna toutefois pas, tout juste fit-il un mouvement de tête. Non par économie, mais sans doute constatait-il déjà la vanité de "voir de ses yeux" quelque chose qu'il pouvait sentir. Penser.

Après quelques instants, il sembla se rendre compte qu'il tenait une chaîne à la main. L'Ancre. Il la regarda l'air pensif, puis se tourna de l'autre côté. Son autre main était vide, mais à terre derrière lui, il y avait ce corps inerte. Là encore, point de réaction hâtive. Ces prises de consciences semblaient succéder à d'autres de plus hautes importances.
Calmement, il se dirigea vers celle qui avait été gynoïde. Ce qui restait d'elle avait changé. Les formes métalliques étaient encore reconnaissable, mais sa matière avait muté, devenue davantage organique. En attestaient ses blessures dévoilant une cuirasse de chair ensanglantée. Les ailes brûlées, déchirées n'étaient plus tenues par aucun moteur ni aucune savante invention. Le regard de l'Aveugle paraissait lointain tandis qu'il mit un genou à terre et posa une main sur ce Visage d'Ange.

***

***

Une courte seconde, il évacua la possibilité d'utiliser la Clé d'Eveil.
Toutefois, il sentait que la pensée ne suffirait pas. L'Entrelacs était trop prégnant pour simplement faire usage de son imagination. Alors quel autre choix? La magie marchait-elle ici?

Pour ceux qui le voyaient, il paraissait à la fois plus exalté, et pourtant amoindri. Les traits autour de ses yeux s'étaient affermis, des rides bien creusées s'y remarquaient comme chez ceux qui froncent souvent des sourcils -la faute à un certain scepticisme sans doute-. Et sa démarche moins aisée qu'elle ne l'avait été jusque là. Il ne tenait de toutes évidences aucun cas de ces marques de fatigue.

Par quelques efforts de concentration, il pratiqua cet art que les cubes lui avaient enseignés. Le phénomène se produisit, comme dans le Réel, mais il avait une saveur toute différente. Comme si quelqu'un vous tenait les poignées et les bougeait dans tous les sens tandis que vous essayiez de les stabiliser. Risquer de renverser la cruche alors qu'on ne cherche qu'à remplir un verre. Même si ce soin fonctionnait, il sentait qu'une partie du problème se trouvait dans cet esprit rebelle. Il retira alors sa main, comme si il l'avait approché du feu. Ce n'était pas de la matière au sens propre qu'il sentait ici. Rien était physiquement là. Juste tangiblement télépathique. La magie si elle marchait, ce ne serait que parce qu'elle était...magique. Que ses règles transcendaient les dimensions.

Sinon, il aurait simplement suffi mettre de quelques gifles à la gynoïde pour la réveiller.

Nouveau tremblement céleste.
Le battement restait constant, bien qu'il parut à tous que cela ne durerait peut être pas.

L'Aveugle parut lui aussi comprendre qu'un risque gisait à ses pieds. L'inconscience de la Dernière Lame pouvait libérer toutes les étrangetés de son subconscient. L'Entrelacs s'en délecterait. Puis en ferait usage contre eux. Non que la petite ait nécessairement des pensées subconscientes de meurtre, elle avait toutefois eu cette attitude qu'ont ceux qui perdent rapidement patience : une colère sourde tapie sous une masque de légèreté. Et Mizar n'avait pas du tout envie de se retrouver face à une telle idée, dans un tel endroit.

S'adressant alors aux deux qui étaient sortis du tunnel de poussière.


Nous avons besoin d'elle.
Si vous en doutez, cela se retournera contre nous.


En même temps réduits à leur plus simple -et forcément complexe- expression, ils étaient ici comme mis à nus. Ils pressentaient aisément qu'ils n'avaient plus grand chose à quoi se raccrocher. Sinon les autres.Toutefois, les humeurs et les idées étaient difficiles à contenir. D'où l’intérêt de se fixer un cap. Au moins essayer de le tenir.
Mizar avait toutefois parlé comme si le doute lui même pouvait se personnifier dans l'Entrelacs, s'extraire de leurs esprits, pour devenir une chose étrangère dont ils préfèreraient sans doute ne pas faire la connaissance.


Machiniste, il est temps de voir si votre création fait son office.
Dirigez nous vers le bruit.

Mais préparez vous à quelques turbulences.


Pour illustrer ces mots, une nouvelle secousse puissante fracassa les airs.
Les projections des roches éparses et de débris flottants persistaient. Au détour d'un nuage, un espace plus large se dévoila entièrement encombré de ces ruines qu'ils heurtaient sans s'y échouer pour le moment. Ça et là toutefois, ils observaient des mouvements vivaces, confondus avec les flux de matières, rendant finalement assez difficile la perception au delà d'une certaine distance.

***

***

Si quelque chose les attendait là bas, au delà, ils n'en comprenaient même pas le but.
L'Aveugle semblait pourtant décidé à ne pas aller "explorer" ou se perdre dans les bulles télépathiques, et autres apparitions, constructions, concepts mentaux qui s'étaient sculptés là au fil des excursions Lanyshtas. Le Temps semblait ici une notion bien improbable et il préférait se fier à une idée simple, plutot qu'à la capricieuse Curiosité.

S'adressant alors à l'autre.
Lui tendant la main qui tenait l'Ancre.


Batteleur, approchez et prenez ma main.
Est ce que vous pourriez retenir cette pensée : Quelqu'un a le vertige et vous allez le retenir de tomber.
Vous comprenez? Quelqu'un a le vertige et vous allez le retenir de tomber.

Votre main va lui faire retrouver l'équilibre. Il n'y a pas de vide.
C'est important Batteleur, j'ai besoin que vous vous concentriez sur cette idée.
Vous pouvez faire cela?


Le ton de l'Architecte s'était fait très insistant. Performatif. Il n'avait pas décollé son genou, restant assez proche de l'Ange meurtri. De toutes évidences, il avait quelque chose en tête. Pourtant donner une instruction semblable au Bariolé dans le monde Réel pourrait sembler une folie. Mais ce n'était pas la première dont faisait preuve l'Aveugle. Visiblement mu par une raison insolite et indiscernable. Peut être encore un de ses tests dissimulés. En ces lieux, les êtres changeaient, les calculs, les coups d'hystéries, les étrangetés n'avaient plus les même valeurs. Dans un lieu où tout est fou, rien ne l'est vraiment.

***

***


La main de ce fou là ne tremblait d'ailleurs pas.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Elyas

Kil'sin  
Le Sukra 8 Otalir 816 à 14h47
 
Des choses se formaient, au loin.
Elles n'étaient pas krolannes, du moins pas totalement.
Elles n'étaient pas non plus de mon monde, du moins pas encore.

Fallait-il les soumettre?
Fallait-il les inviter?
Fallait-il les utiliser?
Ou tout simplement les laisser embrasser une voie jusqu'ici jugée taboue, inavouable?

De cette entité qui caractérisait le paradigme en formation, mon moi essentiel et redéfini, émana une voix.
A nouveau, elle n'était pas krolanne.
Ni sinite, ni darienne, ni déenne d'ailleurs. Elle était Extérieure. Échappant au système de la Cité.


Se réunir pour survivre.

Une main était tendue.
Une main pour sauver quelqu'un, quelque chose.
Mais quoi?
Le risque d'être entraîné loin de mon monde nouveau en création était réel. Pourquoi voulait-il m'en éloigner? Était-il effrayé à l'idée d'assumer sa différence? Leur volonté était-elle défaillante au point de ne pouvoir s'agripper aux concept transmis?
L'hésitation.

De ce confluent d'idées que je rassemblais se matérialisa une main, ou plutôt une forme gazeuse qui en prenait la forme. Des particules métalliques et minérales s'en échappaient, formant des doigts longs et fins. Elle vint toucher celle qu'offrait l'Architecte.
Un Temps, un Lieu, un Concept.


Je suis *DemainAilleursSurvivant*.
Et vous?

Il n'y avait plus aucune hésitation.
La demande avait abouti à une offre. A prendre ou à laisser.
Peut-être entraînerait-elle ceux qui s'en saisiraient loin, très loin de ceux à quoi leurs Esprits étaient habitués à penser.



- Thème d'Elyas -
 
Mizar

Kil'sin  
Le Sukra 8 Otalir 816 à 16h14
 
Qui avait fait une offre à qui?
Le double-sens prenait une forme toute particulière tandis que les mains se serraient.
A l'hésitation a priori du Batteleur, répondit une hésitation a posteriori de l'Architecte.
Un court instant, il sentit qu'il avait affaire à quelqu'un d'autre. Il le crut si sincèrement qu'un doute pointa son nez : et si ce n'était plus le Bariolé?

Il ne parlait plus sa langue. Et un de ses mots avaient fait vibrer la matière lorsqu'il le prononça.
Un nom. S'agissait-il d'un nom? Lui posait-il une question?
Ils s'observaient comme deux inconnus réunis par des circonstances et soumis à un choix moral. Survivre.
On s'attendrait volontiers à ce que l'égoïsme soit la réaction instinctive. Pourtant un hasard improbable les inclinait tous deux à l'entraide.

***

***

Sans même se reconnaître, ils percevaient cette intention, l'un chez l'autre.
Aussi, l'idée première de Mizar raffermit sa volonté.
Ses questions n'avaient pas besoin de réponse. Pas tout de suite. Il percevait l'acceptation de l'Autre.
Il confirma alors la sienne, sur un ton qui voulait remémorer une partie de l'histoire. Pas toute. Juste celle où ils se trouvaient, la raison qui les portait vers ce futur insolite:


Je suis l'Architecte. Quelqu'un a le vertige et vous allez le retenir de tomber.

Allons-y.


Dans son esprit, il scella le lien avec le Bariolé. Etait-ce si facile? Sans doute que non, mais pour le moment la tension était encore endormie. Pourtant, il était question de retenir quelqu'un, de le sortir du vide. Il allait bien falloir à un moment donné que ce lien soit mis à rude épreuve.

Tandis que de l'autre côté...l'Aveugle posa à nouveau la main sur la Dernière Lame. Et tendit son esprit vers elle. Sous la forme d'une invitation. D'un écho. Que tentait Mizar exactement? Il voulait être la passerelle, le décors. On oublie souvent l'impact du contour de l'idée sur un esprit. On ne pense généralement qu'à l'idée elle-même. La coquille. Pas à sa négation. Hors sans l'environnement autour, sans l'espace, l'infini des sens, l'idée reste immobile et se brise sur tout ce qui la frôle. Difforme et absurde.

En effet, il espérait que le Batteleur soit le socle de l'Idée. Le pilier. Tandis que lui, l'Aveugle, jouerait le rôle de la corde, du son, des couleurs. Et souhaitait que tout cela soit des plus sobres. Comme un appel sourd, une main tendue au dessus de la tête pour sortir du trou quelqu'un endormi là depuis si longtemps qu'il en aurait oublié la possibilité de s'échapper. Tout cela devait rester sobre, sans trop de divagation, car il fallait se méfier de l'Entrelacs. Une idée trop fantasque, trop brutale, pourrait les briser tous. Hors, il ne se risquerait pas à s'introduire dans un esprit. Pas ici, pas maintenant. Tout juste l'appeler, le ramener à une conscience.

Sans le réveiller dans le Réel.
Sans le sortir de cette escapade télépathique.
Une partie du plan misait donc sur la Gynoïde et sa capacité à saisir la main tendue.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Sukra 8 Otalir 816 à 19h51
 
***
Machiniste...

Une brève pulsation agite l'amas de tissus alors que le mot déclenche une réaction interne. Machiniste, c'était un rôle confié au Doc', et celui-ci a échoué... Le lanyshta considère la carcasse flottante du Brise-Rêve, s'interrogeant sur l'utilité d'un tel déchet quand DemainAilleursSurvivant se présente à l'Architecte.
L'entité lui est étrangère, mais son expression dans la langues des Délaissés - elle - lui est familière. Un lointain souvenir d'une expédition chez les Appelés... Sa dénomination dans la langue runique est compréhensible pour Helhar'sen, même s'il lui faut un petit moment pour en comprendre toutes les implications.

Alors voici le Bariolé-nouveau. Ou plutôt ne le voici pas. Sa forme finale semble encore indéterminée, dispersée, encore en phase de réagrégation, en redéfinition à la façon dont Helhar'sen l'était encore il y a peu. Mais avec un tel nom, inutile de s'inquiéter pour lui.
***

- Bon nom, dit-il en lévitant jusqu'à la surface du pont dévasté du vaisseau. Je suis LicierDesSongesEnfouis.

***
Ce nom, il ne l'a pas choisi. C'est juste celui qui décrit le mieux les fonctions de sa nouvelle projection psychique. Il a fallu éliminer presque tout de la précédente pour inventer celle-ci, y compris une bonne partie du Machiniste. Néanmoins les souvenirs du lanyshta reste accessibles, intègres bien que lui paraissant appartenir à un autre que lui... Il se rappelle de la mission qu'il a accepté, du rôle que le Doc' avait accepté d'endosser : créer et diriger le vaisseau sensé les mener à bon port.

En l'état actuel, le Brise-Rêve n'est plus capable de remplir son office. L'explosion du Batteleur a détruit la quasi-totalité des systèmes et la seule chose qui reste encore est la structure. Même elle est loin d'être intègre, ce n'est plus qu'une épave qui se disloquera inexorablement jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de la création du Doc'.
Helhar'sen pourrait certainement redonner vie au vaisseau, cependant cela impliquerait de reformer des pensées portant l'empreinte du Doc' pour que les nouvelles pièces formées soient compatible. Hors de question, ce serait comme s'attacher un boulet au pied avant d'essayer de courir un marathon.

Mais si c'est ce dont l'Architecte a besoin pour que l'expédition poursuive son cours, remettre le vaisseau en mouvement n'a rien d'inaccessible pour le LicierDesSongesEnfouis, il doit pouvoir pirater la carcasse, utiliser ce qui reste de sa trame pour y tisser un nouveau motif. Il lui faudra juste un peu de temps.
***

- Vers le Bruit, répète-t-il simplement à l'attention de l'Architecte.

***
L'amalgame de tissus plonge soudain vers le sol et le traverse pour entrer dans l'épave. Un observateur attentif aurait pu voir le tissu sombre se détisser juste avant l'impact et chaque fil pénétrer comme une aiguille dans le pont.
Impossible de dire ce que le lanyshta fait exactement, mais les autres peuvent sentir sa saveur se répandre progressivement dans l'épave...
***





(Agur 816)
 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Sukra 8 Otalir 816 à 22h09
 

Quand on regarde dans l'abysse…

Pour Elles, la course continuait. Maintenant divisée, les deux sœurs se menaient une compétition dévorante pour le même prix : le retour à la conscience, et on verrait bien qui serait alors la maîtresse des lieux. Il n'est pas possible de comprendre ou même d'imaginer ce que représente une telle lutte interne, si personnelle qu'elle ne se décline ni en images, ni en mots. Il suffira de dire qu'il s'agissait d'une épreuve intense, brûlante, dans laquelle on perd forcément des plumes ; si tant est qu'il y ait jamais une gagnante…

Là-dedans, c'est un capharnaüm, mais un capharnaüm chthonien, enfermé, gardé avec jalousie du regard d'autrui.

Pourtant, au moment même où la lutte se déroulait, on pouvait encore entendre comme de lointaines percussions, à peine audibles ou reconnaissables à ce niveau sous-marin du sommeil. Les informations extérieures étaient-elles traitées par le corps immobile ? Si c'était le cas, elles ne devaient être traitées qu'avec la lenteur et la distance qui sépare les coraux des bateaux. Malgré cet éloignement conséquent, et la distorsion nécessaire qu'elles subissaient, l'une d'elles parvint néanmoins à atteindre Natisha.

Il s'agissait de quelque chose qui lui était important, bien qu'elle ne savait plus pourquoi. Les détails lui apparaissaient flous et opaques. A cette profondeur de l'épuisement, tout se déliait, y compris les souvenirs.

Cette intuition affective ne cessait néanmoins de la prendre au coeur, ou ce qui lui en restait. Dans ce monde désagrégé, c'était là le clair d'une certitude. Et on peut bâtir beaucoup de choses à l'aide d'une seule certitude. Natisha pressentit que son alter-ego saisissait elle aussi l'occasion.

La course avait changé de direction et de visage, mais elle était toute aussi sauvage, et risquée. Elle croyait deviner comme un danger, une menace, qui était liée à ce pont maladroit qui la ramènerait là-haut. A l'échelle où se trouvait Natisha, cette course dura longtemps, très longtemps. Il est inutile de la décrire. Chacun l'affronte intimement à chaque fois qu'un millième de seconde en rencontre un second : cela représente tout ce qu'on appelle la continuité. Ce n'est pas mince affaire que de reconstituer ça….

Au terme de cette très longue nuit, cependant, il y eut bien un dénouement…

Qui se matérialisa par un soubre-saut étonnamment violent de la part du céleste terrassé. Elle agrippa sans délicatesse le corps le plus proche, comme pour maintenir une bouée de sauvetage. Ce fût un influx soudain d'émotions vives, et d'incompréhension, qui se tut aussi vite qu'il apparut.
La Dernière Lame était bien là, et avait bien répondu. Elle était cependant incapable pour le moment d'émettre le moindre mot ou le moindre son.
Elle avait repris conscience, qui était déjà peut être un bon point de départ...


 
Elyas

Kil'sin  
Le Dhiwara 9 Otalir 816 à 11h24
 


Une seconde entité apparaissait.
Elle luttait encore pour sa condition, échappant à son passé, visant un avenir.
Étrangement, je m'en désintéressais.
Sans être trop différente, j'étais persuadé que celle-ci viendrait à moi le moment venu.
Moi...DemainAilleursSurvivant.

Au contact de l'Architecte, je pris soudain conscience de mon erreur.
Il n'était pas prêt.
Un krolanne. Un passé.
Un poids mort.

Il tenta de récupérer un autre Esprit en cours de redéfinition. Un Esprit jeune, dont le compromis paraissait engendrer la Chute.
Tout ceci devait cesser.


Le moment est venu pour vous de choisir.

La main bio-minérale aux doigts allongés se dématérialisa subitement, rompant tout contact avec l'Architecte.
Un phénomène autrement plus surprenant se produisit alors.
La dernière pierre à mon édifice venait d'être posée.
Le renoncement.
Mon nouveau moi, DemainAilleursSurvivant, était fin prêt.

Une force gravitationnelle émana dans l'univers façonné par l'Architecte.
Très vite, la matière du cosmos se condensa, formant des centaines de milliers de petites pièces qui tourbillonnaient autour de moi.
J'étais cette force, j'étais cette matière. J'étais ce Tout.
Impalpable, au delà des limites physiques.
Les pièces formèrent des arches qui s'entremêlèrent en une coque perméable protégeant le cœur.
Le tourbillon s’apaisa alors. La matière superflus fut expulsée à la frontière de mon domaine.
La Porte était prête.



Artiste - elreviae

Passer au travers, c'était adhérer à mon paradigme.
Passer au travers, c'était accepter d'être une part de DemainAilleursSurvivant.
Passer au travers, c'était être sauvé.



- Thème d'Elyas -
 
Mizar

Kil'sin  
Le Julung 20 Otalir 816 à 02h42
 
Un son vibrant et lointain claqua autour.
Au delà des nuages cosmiques.
En dessous, une image venait d'en dévorer une autre. Quel spectacle!
Le paradigme envahissant de l'être qu'était devenu le Bariolé avait libéré toutes ses aspirations, déchirant littéralement le panorama déjà crépusculaire qui précédait. Du Chaos dans le chaos. Et au milieu désormais, une porte.

Le diable etait dans les détails.
Les intentions initiales avaient volé en éclat.
Mizar leva la tête, comme distinguant dans un plafond imaginaire, une menace patiente.
Son regard noirci était marqué d'une gravité qu'il n'avait jusqu'alors jamais manifesté.

***
Ô Cendres! Qu'il mesurait son erreur! Lui aussi.
***

Non pas le tour de force opéré par cette entité nouvelle, mais le conflit qu'elle suggérait.
Une répétition de l'histoire, fâcheuse.
Les voilà tous au carrefour, le choix semble à la fois facile et hors norme.
Le choix de ce qu'ils sont. A cela, il n'y avait pas qu'une réponse possible.


Vous vous méprenez.
Le choix est fait.


Nouveau claquement.
Quelque secret court-circuit devait s'être créé pendant le tumulte.
Mizar se retint au Brise-Rêve d'une main pour supporter la secousse brutale.
Son regard quitta difficilement le plafond obscur, portant enfin son attention sur Elyas.
Une lueur grandissait aux contours de ses paupières. Puis les remplirent.
Sous l'enveloppe grouillait une lumière perceptible.
Une autre nature.

Cette émergence avait pris une forme totalement différente de celle des deux autres.
L'apparence, les contenus, les souvenirs. La remise en cause se jouait ailleurs.
Le dédoublement n'aboutissait pas en une transformation du Tout.
Il semblait que cet esprit là ait choisi une alternative plus souterraine.
La prise de conscience, le détachement, la mise à distance.
Et surtout : l'acceptation.

Accepter d'être autre chose.

***

***


Quel conflit?

Le Conflit.
Celui qui motivait Mizar depuis son Eveil.
Le même qui se trouve au delà de leur nature double. Celui révélait par les Cendres.
Confirmés par les évènements récents. Au nom de la survie, on finit par ne plus le penser.
Le choix ne se réduisait pas à couper le lien. Tant de nuances possibles : détacher, prolonger, étirer...

Des mots lui revinrent.
Un débat datant de l'Eveil de la Troisième Vague, sur leur nouvelle nature.
Réceptacle jetable, identités en cohabitation. Ou encore, création d'une nouvelle identité. Les nuances à ces discours étaient infinies, mais les conséquences dramatiques. Qualifié de naïf et futile, le sujet fut mis au tiroir. Laissant le soin à chacun de décider dans son coin. Sans le savoir, un écho du Passé...


Ce qui caractérisait la Première Vague était de n'avoir pas su répondre à cette question de façon "solidaire". Chacun sa vision, d'où un statu quo, dont Carmïnn s'était détachée.
A l'inverse, n'était-ce pas le trait cynique de cette Deuxième Vague que d'avoir tranché le dilemme? En considérant tout ce qui n'est pas Lanyshtas comme étranger, coupant les liens, et envisageant la destruction cumulée de tout ce qui vit sur Syfaria et ailleurs.

La Première ne s'y était pas opposée frontalement. Méjugeant l'importance de la question, constatant amèrement leur condition, ses plus terrifiantes folies, ses plus détestables mutations.
Incapable de proposer une réponse unie, elle avait dépéri.
Et les survivants tentaient de transmettre le flambeau.
Ou de marchander leurs misérables savoirs.



Ces deux vagues illustraient la difficulté du choix et les lourdes conséquences.

En cet instant, qui parut une éternité, l'Aveugle contemplait le risque d'une fissure profonde.
la Troisième Vague commettait peut être la même erreur que la Première, et peut être aussi qu'Elyas était en train de reproduire la même réponse donnée par la Seconde. D'un geste facile en apparence, il avait opté pour l'effacement. Écartant les autres voies.

L'Architecte fixait l'Etre-Post-Bariolé avec une certaine méfiance.
Il espérait simplement se tromper.
Lui aussi avait sondé son âme, ses multiplicités, ces autres dimensions ouvertes en lui.
Et il y répondait sans brutalité, voilà ce qui le distinguait. Du moins était-ce là encore qu'une impression, qu'il cherchait à sonder en observant son vis à vis, dans le plus parfait silence. De son lien avec sa vie krolanne il n'était plus question ici. Mais bien de l'optique philosophique dans laquelle ils s'engageaient.
Tous.

Ce n'était pas juste une porte.
Ni d'ailleurs l'issue de secours ou le raccourci que croyait avoir produit ce Néo-Arlequin.
Chacun croit maîtriser la réalité par sa simple pensée. Et en devenir le Dieu incontesté.
Mais qui maîtrisait qui ici?
Qui utilisait qui?

Un écho lugubre se fit entendre à nouveau.
Ce n'était plus des battements de coeur artificiels, mais quelque chose de plus intriqué. Comme un fracas en coulisse.


***

***


Quelque chose se jouait là qui dépassait ce simple "voyage".
Peut être une partie de l'avenir de la Troisième Vague.
Les éléments s'agitaient autour du navire brisé.
L'image déformée par DemainAilleursSurvivant ne parvenait pas à se stabiliser.
Partout les débris persistaient à tourner et des dépréciations de l'air s'alimentaient les unes les autres.
La Porte créée se maintenait, pourtant tous voyaient se former sous leurs yeux, quelque chose comme une tempête. Leurs idées étaient en train de leur échapper.

Malgré tout, Mizar prenait son temps.
Ses yeux disparaissaient par moment. Laissant place peu à peu à deux puits sans fond.
La Dernière Lame blessée, l'Ancre muette à la main.
Sa voix serait la seule dissonance, aggravant l'anomalie.
Car il ne s'agissait pas simplement de consentir ici.
Au contraire.


Nous pourrions prendre cette porte.
Ou en prendre une autre.

Vous avez brutalisé notre hôte.
Il ne nous laissera pas sortir sans heurt.
Et ce qui se trouve derrière ne nous accueillera pas les bras ouverts.


Si celui-ci avait écarté cette idée, la suite ne laissait aucun doute.
L'hôte ne donnerait aucun avertissement. Ici, tout était affaire de manière.
Et cette brutalité, on espérait qu'elle ne fut jamais rapatriée dans le misérable monde krolanne.
Un Esprit se croyant Omnipotent, stade ultime d'une supposée élection naturelle, ou d'une évolution, pourrait perdre de vue qu'aucune porte ne s'ouvrait vraiment ici. Qu'il n'y avait rien que l'esprit puisse "soumettre". Cet esprit même "supérieur" pouvait-il comprendre ces considérations?

Mizar avait parlé tout en jetant des regards à l'Autre, le Post-Helhar'sen.
Sa conviction était qu'une approche plus subtile devait être envisagée.
Il fallait trancher maintenant les intentions.
Son regard s'illumina à nouveau.


Créons une autre porte.
Ensemble.


Un dilemme se posait. Franchir en force, ou trouver une meilleure issue.
Ses propos avaient un écho vain, bien qu'il suggérait de revoir toute la méthode.
Y voir clair sur les autres alternatives, les autres portes possibles.
Il espérait même encore pouvoir emmener tout l'équipage.
L'impatience avait certes changé la donne.
Sautant toutes les étapes en un coup, cela les privait d'une descente "en douceur".
Pourtant, c'était bien là l'objectif : faire émerger toute l'équipe, ne laisser personne derrière.
Ce qui nécessitait du temps, devait être accompli en un claquement de doigt.
Maintenant., tout de suite.
Ainsi soit-il.

***

La possibilité d'une autre Porte.
***


Les débris se mêlaient aux débris.
Pourtant à bien y regarder, un mélange intriguant d'idées se trouvait encore là : des restes de Thumos, ce territoire imaginaire de l'Aveugle, de l'explosion initiale à bord du Brise-Rêve qui avait permis de franchir le premier voile, et de ce cyclone lumineux qui gobait tout ce qui l'approchait. La brutalité de la force gravitationnelle qui avait martyrisé le paysage, s'appliquait désormais à peser de tout son poids pour terrasser tous les environs. Tout semblait être pris dans cette puissance lourde, s’agrippant aux objets pour les retenir ou les faire tourner, sans qu'aucun ne se maîtrisa vraiment. Les choses s'échappaient à elles-même. Et bien qu'encore à bonne distance de la Porte, la troupe du Brise-Rêve percevait nettement l'air se densifier, et les mouvements se faire plus difficiles.

Ce n'était plus là un effet de l'esprit des Lanyshtas.
Quelque chose d'autre était à l'oeuvre.
Une chose qui grondait lourdement.
Qui avait subi les outrages.
Et était prêt à réagir.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Dhiwara 23 Otalir 816 à 17h08
 
***
Pendant qu'AilleursDemainSurvivant déchire allègrement la trame des Entrelacs pour y ouvrir son portail et que l'Architecte tente de trouver une alternative moins rude, LicierDesSongesEnfouis accompli son œuvre dans les entrailles déchirées du Brise-Rêve. Sa nouvelle structure, sa nouvelle enveloppe psychique a été pensée pour pouvoir infiltrer les obstacles des Entrelacs à défaut de pouvoir les surpasser.

Se faufiler dans la trame de l'épave n'est pas bien compliqué. L'essence-même de la création du Doc' a été fracturée par l'explosion, ne laissant qu'une coquille vide, sans moyen de se défendre contre son intrusion. LicierDesSongesEnfouis n'a nul besoin de remanier en force la structure, l'ayant lui-même tissée avec sa projection télépathique précédente il en connait les moindres recoins. Le Brise-Rêve n'est plus qu'une guenille qu'il doit raccommoder pour les transporter. Cependant il n'est pas concevable de ressusciter la création du Doc', juste de récupérer et pirater ce dont ils ont besoin... le coeur du générateur de champs psychique.

Même si le dispositif en lui-même était bien à l'abri au centre du vaisseau, les charges multiples déposées par le Bateleur dans l'habitacle ont eu amplement raison de lui. Avec rigueur et patience, le Licier remanie chaque lambeau pour créer un nouveau générateur. Il sera moins puissant que le précédent, mais ça ne devrait pas être un souci, car celui-ci ne fonctionnera pas comme l'autre : au lieu de déplacer l'environnement autour du vaisseau, le générateur de récupération sera bien plus classique, ayant pour seule fonction de mouvoir l'épave dans ce nouvel environnement plus récalcitrant aux directives des lanyshtas que le précédent.

La silhouette du Licier se ré-agrège sur le pont ravagé du navire après plusieurs minutes, et son attention est immédiatement attirée par la pression croissante qui se déploie à quelques distances de là, secouant et pulvérisant tout ce qui passe à sa portée.
Sa voix désincarnée s'élève depuis les tréfonds de sa projection psychique.
***

AilleursDemainSurvivant, choix imposé prématuré.
Effet de causalité par résonance désynchronisée, précipitation des antagonismes.

Risque de purge considérablement accru si immobilité.
Risque de dénaturation accru si traversée telle quelle.


***
La carcasse du Brise-Rêve se met à vibrer légèrement alors que le lanyshta enclenche le générateur de champs, ne serait-ce que pour faire cesser la dérive épave vers le cyclone.
***

Architecte... Non, plutôt IndifférenceLucide...
Nouvelle porte possible, mais traversée dangereuse si déséquilibre.
Maintien de l'harmonie, ton rôle.


***
La créature de tissu brun matérialise deux bras munis de mains rudimentaires, l'un se tend vers Mizar, l'autre vers Natisha qui semble reprendre prise sur sa projection psychique.
***

HarpieD'Acier, suffisamment forte pour union?
AilleursDemainSurvivant, survivre ensemble ou survivre seul?.




(Agur 816)
 
Natisha Bel-Ami

Kil'sin  
Le Sukra 29 Otalir 816 à 10h52
 
Il y a sans doute des réveils moins apocalyptiques que de se retrouver tout d'un coup au milieu de nulle part, au sein d'une tempête, entourée d'entités cinglées et de portails ouverts vers d'autres moins.
Il y en a, oui, mais disons-le : ce serait quand même drôlement mois marrant.

Elle n'est pas trop sûre de ce qui se passe exactement, ni d'à qui elle a affaire, ni même de qui elle est présentement. Il s'est passé des choses, sans doute, car tout le monde a l'air très pressé et un sentiment d'urgence baigne la scène. Mouais. Avec les sous-titres, ce serait sans doute plus facile à suivre.

La gynoïde blessée n'en mène pas très large. Même si elle a repris conscience, il lui semble qu'il lui manque encore des bouts de sa psyché, peut-être aspirés par ce ciel fuyant et interminable. Et c'est sans parler de l'impression tenace qu'elle a d'avoir bu sans discontinuer pendant deux semaines d'affilée et de se réveiller le lendemain avec la plus grosse gueule de bois de l'histoire des Entrelacs. Yuk ! Sans plus attendre, elle prend une décision impulsive et serre de sa paume de cuivre et de bronze la pogne d'un espèce d'ectoplasme flottant qui baragouine ENFIN une langue qu'elle peut comprendre. Ce sera toujours mieux que l'autre guguss qui se transformait en portail, pour qui elle éprouvait un ressentiment palpable en l'instant.

«  Ouais, ouais, » ronchonna Natisha, pas du tout en accord avec la tonalité dramatique du moment. «  Pas grand-chose ne peut être pire que le mal de crâne que je me paye. Surprenez-moi. »


 
Elyas

Kil'sin  
Le Sukra 29 Otalir 816 à 14h42
 
L'hôte. L'Entrelac.
Ainsi, il avait sa volonté propre.
Il se défendait, tentant de ramener à lieu ses agneaux apeurés.
Mais il en faudrait plus pour m'arrêter.

Elyas aurait probablement prit le temps de considérer l'Alternative.
Il aurait peut-être même été jusqu'à accepter de faire des concessions.
DemainAilleursSurvivant n'était pas de ce genre là.
Je devais aller au bout de chemin.
Les grandes découvertes impliquaient toujours des sacrifices.

La structure qui flottait autour de la faille accéléra.
Bientôt, les pièces ne formèrent qu'un flou grisâtre duquel s'échappait ma volonté profonde de changements.
L'éclat du noyau s'intensifia.


Nos chemins se séparent.

Ma Porte n'essayait pas de les attirer.
Il n'y avait aucun subterfuge, aucune séduction.
Je sentis l'Entrelac réagir. Comme si un milliard de membres invisibles tentaient de me retenir.
Cependant, même l'Entrelac ne pouvait modifier cette nature (re)trouvée.
Il allait finalement devoir choisir.
Évoluer ou expulser.


Adieu.

La structure symbolisant mon moi éclata.
Il n'y eut pas un bruit,pas un tremblement.
Les bio-minéraux se désagrégèrent, transitant tel de fins filaments vers la faille.
Une fuite en avant, plongé dans l'inconnu.



- Thème d'Elyas -
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Julung 10 Nohanur 816 à 23h05
 
***
DemainAilleursSurvivant a suivi sa propre voie, perçant sont propre chemin au travers de la trame des Entrelacs.

Helhar'sen - ou du moins ce qu'il est devenu, le Licier - ne semble pas plus s'en émouvoir, comme si l'évènement était logique, et aide Natisha à reprendre pied d'une traction. Il parait humer l'air, puis sa voix désincarnée jaillit à nouveau de l'intérieur de son être tandis que la masse de tissu froissé qui lui tient lieu de visage se tourne vers la Gynoïde.
***

DemainAilleursSurvivant, hors d'atteinte.
Sorti. D'une façon ou d'une autre...


HarpieD'Acier, IndifférenceLucide, LicierDesSongesEnfouis, union pour créer voie commune.
Plus forte, plus stable que si seuls.
Plus sûre aussi...


***
Sa tête pivote et semble s'orienter vers la chaîne tenue en main par Mizar.
***

Communion psychique temporairement nécessaire pour synchronisation harmonieuse.
Ancre, trop attaché pour le lâché prise.
Risque de rupture si
IndifférenceLucide et lui restent ainsi liés.

Choix?





(Agur 816)
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Merakih 14 Dasawar 816 à 22h41
 
***
Ce n'est qu'en formulant sa question que le lanyshta se rend compte qu'il a un paramètre qu'il n'a pas pris en compte, un paramètre qui peut pourtant faire toute la différence dans cet environnement.
Le temps.

Certes, quand on est encore ancré dans un corps dans le réel, les pensées paraissent aller infiniment plus vite, si bien que les lanyshtas peuvent tenir de longues discussions télépathiques sans que plus qu'une poignée de secondes s'écoulent dans le monde du concret. Même quand rien ne se passe, on sait que le temps s'écoule car on pense.

Mais quand on a lâché prise sur la réalité, les repères deviennent flous et la notion de l'écoulement du temps est complètement biaisée, l'esprit se basant sur la succession des évènements perçus pour évaluer le temps écoulé. Alors, quand rien ne se passe dans le monde des pensées, cela veut-il dire que le temps s'arrête?

Les Entrelacs paraissent avoir plus d'un tour dans leur sac pour retenir les lanyshtas. Le vortex au loin qui cherche a les aspirer n'est que la partie visible de l'iceberg, tandis qu'un piège bien plus vicieux est en train de se refermer sur eux pour les empêcher d'avancer : le temps parait lui-même se figer...
Même sous sa nouvelle forme, Helhar'sen n'a rien vu venir, et s'il n'avait pas attendu une réponse, il n'aurait probablement jamais remarqué le problème. Depuis combien de temps sont-il ainsi immobiles depuis qu'il a parlé? Une seconde? une minute? une heure?... plus? Il n'y a aucun moyen de le savoir, et le fait même de se poser cette question brutalise l'esprit de Helhar'sen pour le sortir de sa léthargie.

Le lanyshta doit se concentrer pour parvenir à mouvoir sa projection psychique, comme si une chape de plomb s'était abattue sur lui. L'amalgame de tissu libère sa main prisonnière de celle de Natisha et étend ce qui semble être un bras pour toucher la joue de Mizar du bout du doigt.
Figé lui-aussi...

Le "LicierDesSongesEnfouis" est fait pour tisser à loisir la trame des Entrelacs, pas pour réanimer des esprits suspendus en léthargie, piégés par le temps lui-même aux limites des Entrelacs. Il n'y a que leur volonté propre qui puisse leur redonner emprise sur le temps... En attendant les esprits des trois lanyshtas resteraient là.
Un son plaintif s'échappe de la créature devant cet amer constat.

"DemainAilleursSurvivant" a peut-être eu raison de n'en faire qu'à sa tête... il faudrait qu'il lui demande où il a atterri, s'il a survécu. Et si lui-même survit à ce qu'il va entreprendre à présent.
Il ne voit que deux issues possibles : se laisser aspirer par la gravité du vortex pour revenir à la case départ, ou continuer le voyage seul vers une destination qui pourrait être transcendantale tout autant que fatale. La décision est rapidement prise, guidée par l’inextinguible soif de savoir qui taraude le lanyshta. Il ne sera pas allé aussi loin pour se laisser arrêter ainsi.

L'amalgame de tissus bruns s'agite et prend la forme d'une boule ondulante, sans cesse entrain de froisser et de défroisser ses milliers de replis. Elle enfle légèrement, puis se rétracte en se repliant rapidement sur elle même jusqu'à disparaitre dans l'interstice qu'elle vient de créer au coeur de sa structure.
***





(Agur 816)

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