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Pensées recomposées
Acte III Scène I, Là où les idées (re)surgissent
 
Elyas

Kil'sin  
Le Luang 2 Jangur 817 à 04h28
 
Suite de Pensées fuyantes



Lorsque je revins à moi, tout était différent.
Silencieux.
Un silence oppressant, angoissant.
Comme si quelque chose guettait ici ou là, prêt à agir...ou réagir.

DemainAilleursSurvivant, c'était bien moi.
J'avais survécu.
L'Entrelac m'avait-il rejeté ou bien avais-je simplement transitionnel vers une nouvelle fresque illusoire tissée par l’Équipage?
Le Licier n'avais pas suivi, pas plus que les autres.
Peut-être avaient-ils empruntés d'autres passages, chemins dérobés qui les mèneraient ou non à leur propre exploration.

Je me matérialisai en une simple sphère, opaque.
Le Danger.
Oui, il était là, présent, quelque part...
Le rideau du Néant se retira alors, dévoilant les premières traces d'un monde qui m'était inconnu



Artiste : lindelokse


Je fus comme aspiré vers le bas. Vers le centre.
Un Centre qui me haïssait tout autant qu'il haïssait ce qui gravitait autour de lui.
Il fallu me débattre.
Lutter encore et encore contre cette force qui paraissait m'ordonner de la rejoindre.
L'image d'un père en colère me vint.


Un père?
Qu'est-ce donc?


Ce Nom là, comme beaucoup d'autres, n'avait plus de force.
Il était vide.
Vide de sens.
Vide de force.

Je me sentis alors m'élever.
D'abord lentement, puis avec plus de conviction.
D'autres Choses, à défaut d'un autre terme, gravitaient elles aussi.
Certaines plus éthérées que d'autres.
Plus anciennes, plus fatiguées.
Comme des bribes de Passés, de tentatives, de réussites et d'échecs.

Cet endroit n'était pas paisible.
Il ne l'avait jamais été.
Une guerre, voilà ce qu'il représentait.
Où étais-je? Pourquoi?
Des aiguilles dansaient, d'autres étaient arrêtées.
Des voix, des grognements, des supplications, des insultes.

Ce ne fut pas une inspiration qui me libéra de ma torpeur.
Non.
C'était autre chose, une chose profondément enfouie en moi.
La révolte.
J'étais toujours dans les Entrelacs...Oui.


Mais un autre Entrelac, différent, renié.
Un endroit pour les rouages égarés, défectueux, brisés...
Un endroit où ce qui n'était pas possible le devient.


Survivre.
Autrement.
Loin de Toi.
Loin de ton influence.


Voix des Cendres, montre toi !

Rien.
Aucune réponse.
Pas le un changement dans l'air.
Peut-être n'aavait-elle rien à voir avec tout ça.
Ou peut-être n'existait-elle simplement pas.
Pas ici en tout cas.



[HRP : informations approuvées par Admin 2 & Admin 3]


- Thème d'Elyas -
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Luang 2 Jangur 817 à 23h04
 
***
De son côté, LicierDesSongesEnfouis a pris une décision en s'insérant dans l'interstice. Une décision qui l'a mené dans un espace différent de celui où DemainAilleursSurvivant a échoué...

Passer au travers de la trame des Entrelacs, c'est un peu comme traverser l'horizon des évènements... le Licier est dissocié l'espace d'un instant, déphasé entre la partie qui a déjà traversé, et celle encore de l'autre côté.

Pendant un moment, il ne perçoit plus rien, tout est noir et il lui faut un certain temps pour arriver à reprendre les sensations de son être. Il est intègre, il le sait.
Mettant à profit les capacités inhérentes de sa projection psychique, le Licier tâte la trame de ce qui l'entoure et ajuste sa structure pour entrer en phase avec son nouvel environnement. Il est toujours dans les Entrelacs. Mais pas du tout les mêmes...
***

- Qu'est-ce que... ?

***
C'est comme si quelqu'un venait d'allumer brutalement la lumière. Tout d'un coup il voit. Et il en reste interdit.
Il flotte en périphérie d'un amas de milliards de débris psychiques qui ont eu le temps de s'agréger en amas de taille planétaire.

Il ne prend pas conscience immédiatement de l'immensité des choses... C'est quand il tente de se déplacer qu'il réalise.
Il file plus vite que l'oeil ne pourrait suivre, pourtant presque rien ne bouge.



De là où il est, il ne peut pas voir ce qui se passe au centre chatoyant de cette mégastructure, mais vu la taille planétaire des agrégats de débris, il en déduit qu'il s'est passé quelque chose de fantastiquement énorme ici, et que c'est loin d'être récent vu l'accrétion... Des millions ou des milliards d'années ici en "temps lanyshta", ça doit bien faire quelques dizaines, peut-être même centaines d'années dans le monde réel? Comment calculer ce qui est incalculable?

Le Licier se perd en conjectures et décide de s'approcher d'un des amas. Il prend conscience en s'approchant que la gigantesque sphère n'a rien d'homogène : d'immenses bribes de pensées y dérivent au gré de lents mouvements. Enfin... lents vu de loin.
Le Lanyshta commence à regretter sa démarche quand il se sent lui-même pris dans le champ de gravité de l'amas. Mais il doit savoir, et il n'y a pas d'autre moyen que l'exploration.

Ralentissant sa chute, le Licier dévie sa trajectoire vers une sorte de pyramide de béton gigantesque, érodée par les âges, qui flotte à la surface de l'agrégat, poussée par un courant invisible. Pourquoi là? Et pourquoi pas... il faut bien commencer par quelque part.

C'est en entrant en contact avec l'antique bâtiment qu'il réalise que son paradigme, celui du LicierDesSongesEnfouis - perméable par essence - n'est pas forcément le plus indiqué pour se frotter à un cimetière de vieilles pensées inertes qui n'attendent qu'une chose : un esprit dans lequel se loger.

Un cri effroyable s'échappe du Licier quand la pyramide commence à s'engouffrer en lui, submergeant ses pensées...
***


[HRP : tout pareil]




(Agur 816)
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Vayang 6 Jangur 817 à 23h58
 
Il la connait bien cette pyramide... Il en a étudié les plans qu'il a volé dans les moindres détails, il connait les shémas de chaque chaine d'assemblage, de chaque générateur. Il connait autant que faire se peut tous les couloirs, escaliers, trappes et autres conduits techniques. Il sait où poser chacune des charges explosives qui viendraient à bout du bunker.

C'est le Goupil qui les a fabriqué. Pour parvenir à un tel résultat, il avait créé un immense terrain d'essai psychique pour tester ses prototypes de bombes en temps accéléré. Un chic type ce Goupil, même derrière ses airs ronchons, il ne l'avait jamais vu être réellement méchant. Juste un gros ours roux et mal luné qui était capable de fabriquer les meilleurs explosifs qui soient.

Etait, car son contact télépathique a été coupé il y a quelques jours. Il ne s'était jamais coupé de lui depuis toutes ces années de résistance ensemble. Malgré tous ses efforts, il n'a pas réussi à détecter son aura... Ca ne peut vouloir dire qu'une chose.
Et il n'y a pas beaucoup d'autres créatures à part les hordes mécaniques qui auraient pu venir à bout des pièges protégeant son repaire... Les hordes, ou leur maître.

Il lui a fallu de longs mois pour parvenir à localiser la source du mal, là où les flux magiques ont donné vie à ce qui n'aurait jamais dû vivre. Des mois pendant lesquels ce mal a eu le temps de se répandre pour traquer ceux de son espèce. Et les Autres aussi.

Il ne sont plus très nombreux maintenant, les troupes de leur ennemi ont été d'une efficacité redoutable.
Tous les cadavres dans leur sillage sont comme autant de raisons qui lui donne la force.
Il doit aller jusqu'au bout.

Même si ce n'était pas pour eux, il le ferait pour la défendre Elle.
Celle a qui ils doivent tout.
Puisse-t-Elle avoir pitié d'eux...
D'eux tous.


***
Le Licier, groggy, flotte inerte dans ces Entrelacs inconnus. Sa projection psychique est dispersée, comme un tas de torchons sales déchirés qui flotterait dans le vide. Péniblement, il redonne consistance à sa projection, se rassemblant sur lui-même pour retrouver sa cohérence violée. Le lanyshta se demande un bref instant ce qu'il vient de voir, et où est passé le reste du monstrueux amas de débris psychiques avec lequel il est entré en contact, mais il s'aperçoit que la configuration des agrégats est différente, comme s'il avait été transporté à un autre endroit...

Pas la peine de chercher des réponses, car il n'aura a priori pas le temps d'en trouver : de là où il est, il distingue très bien la collision de deux super-agrégats psychiques qui semble bien trop proche. Le contact à l'air de se dérouler au ralenti tellement l'échelle est monstrueusement grande en comparaison de la minuscule projection psychique du lanyshta. Vu son état délabré après sa rencontre avec la pyramide, le Licier n'est clairement pas en mesure de créer un nouvel interstice pour se transporter en sécurité. Il ne lui reste plus qu'à contempler le spectacle des millions d'éclats projetés par la collision, et qui filent dans toutes les directions.
Il ne leur faudra guère de temps pour l'atteindre, et - après la précédente expérience - il n'a aucune envie d'expérimenter un nouveau contact avec ces débris. Et encore moins lancés à grande vitesse comme ça...

D'abord, le Licier doit s'éloigner autant que possible. Plus il sera loin quand les projectiles le rattraperont, plus il seront dispersés, proportionnellement au carré de la distance parcourue si les lois de la physiques sont transposables ici... Alors il file aussi vite qu'il peut.
Cependant, étant donné l'échelle des lieux, le moment fatidique ne tarde pas.

Il ralentit, s'arrête, et se retourne pour observer la configuration des débris qui grossissent rapidement dans son champ de perception. L'atmosphère parait vibrer quand les premiers passent à côté de lui. Il se décale, virevolte pour rester sans cesse hors des trajectoires des débris qui filent à toute allure.
Passés les premiers instants, il commence par trouver un rythme, anticipant bien ses déplacements, se laissant parfois frôler pour repartir dans l'autre sens immédiatement, esquivant vague de débris sur vague de débris, quand soudain...
***

- Par les Vromballes, lâche-t-il dans un souffle télépathique en voyant un morceau gros comme un Kil occuper progressivement tout l'espace face à lui.

***
Finalement, il semble qu'il ait bien à faire face à l'inéluctable. Il lui reste à peine assez de temps pour se préparer à l'impact. Cette fois, il a au moins une petite idée de ce qui l'attend. Il n'a pas vraiment d'autre idée que d'essayer de laisser les fragments de pensées le traverser : tenter d'y résister serait sûrement comme de vouloir résister à un tsunami...
N'opposer aucune résistance, sauvegarder sa propre trame tout en laissant le reste passer...
Si sa projection psychique avait des fesses, il les aurait serré très fort. ***





(Agur 816)
 
Helhar'sen

Kil'dara  
Le Merakih 18 Jangur 817 à 00h11
 
***
L'énorme fragment psychique qui heurte le Licier de plein fouet est ancien. Très ancien... bien plus que le précédent.
Au moment du contact, le lanyshta est submergé par les effluves d'un autre temps, un temps où ce qu'on nomme aujourd'hui magie portait un tout autre nom. Il voit des successions d'étranges symboles intriquées en plusieurs dimensions dont il ne comprend pas la moindre signification, mais dont la nature est clairement mathématique, d'une extrême complexité comme si quelqu'un avait cherché à mettre la réalité sous forme d'équations.

Malgré tout le savoir accumulé sur la magie depuis son Eveil, il a l'impression d'être un nouveau-né à qui on montre le schéma de montage d'une Vromballe mémorielle : le système est tellement complexe pour un esprit "simple" comme le sien qu'il n'est même pas sûr de savoir si ce qu'il perçoit a véritablement un sens ou s'il s'agit d'une succession anarchique de données émises dans tout le spectres de ses perceptions psychiques. Le brouhaha le traverse, s'insinuant jusqu'au tréfonds de sa projection... C'est quand il cesse de s'attarder sur les détails, au moment où il est sur le point d'abandonner, de se laisser disperser par ce ras-de-marée psychique, qu'un début de compréhension émerge : on dirait plutôt une mélodie, un chant psalmodié par des milliers de voix inkrolannes.

Quand la logique fait défaut, il ne reste plus que l'instinct... et à ce moment là, son instinct lui souffle qu'il s'agit d'un chant funèbre, ultime. Un chant d'agonie, et en même temps un chant de renaissance. Ca ne fait aucun sens, pourtant c'est ainsi qu'il le ressent.
Il finit par lâcher prise, par se laisser emporter sciemment, envoûté par l'improbable mélodie, et - avec le peu de volonté propre qu'il lui reste encore - il prend la décision de joindre sa voix au choeur pour clamer sa propre existence. A défaut de pouvoir résister au courant, autant persister à travers lui...
***

- Je suis le LicierDesSongesEnfouis.
Je vogue au gré de vos rêves oubliés,
Je cherche ce qui reste endormi,
Pour le tisser, le tramer, le broder.

- Je suis le LicierDesSongesEnfouis.
Celui qui répare les chairs,
Celui qui peut aussi les défaire,
Celui qui file le canevas de la vie.

- Je suis le LicierDesSongesEnfouis.
Mon existence ne m'appartient plus,
Maintenant je n'ai plus de dû,
Car j'ai bu le calice jusqu'à la lie.

- Je suis le LicierDesSongesEnfouis,
J'ai plongé au plus profond de la marre
Pour explorer tous vos cauchemars
Pour embrasser toutes vos envies.

- Je suis le LicierDesSongesEnfouis,
Celui qui entrelace, celui qui prie,
Celui qui sacrifie et se sacrifie...
... Je suis le LicierDesSongesEnfouis.


***
La mélodie s'est arrêtée sans qu'il s'en rende compte, et tout n'est plus que silence et obscurité autour du lanyshta. Il ne perçoit plus rien, comme lors de la précédente transition au travers des Entrelacs. Il se demande jusqu'où il s'est laissé emporté par la mélodie, s'il n'a pas à nouveau traversé un interstice, porté par le flot, quand le choeur résonne à nouveau en une Voix unique. Elle vient de partout, Elle résonne en lui, Elle résonne partout.
***

Pensée :
"VA."





(Agur 816)

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