vide fam
 
 
Les Tours & Détours » Éveil & Réveil » Les mystères de l'esprit

Page : 1

Les mystères de l'esprit
ou les premiers pas d'un lanyshsta
 
Adrien Dao
Comitaire actif,
Enquêteur

Kil'sin  
Le Luang 13 Otalir 814 à 22h07
 
***

Adrien se réveille ce matin-là des plus fatigué.
Comme s'il avait veillé toute a nuit en fait.
Ou plutôt comme s'il avait passé la nuit à tenter de compter une grosse bête féroce.
Il est ce matin fourbu.

Fourbu mais pas mécontent.
De peine et de misère il fait sa toilette comme si rien n'est aujourd'hui différent,
parfaitement conscient que tout a changé.
Une nouvelle aventure débute, plus grandiose qu'il n'aurait pu imaginer.

Le rêve était fuyant mais sans équivoque.
Les images étaient confuses mais évocatrices.
Il est aujourd'hui le confident d'un grand mystère.
Il est aujourd'hui un lanyshsta.

Il s'habille comme à son habitude,
prend son petit déjeûner habituel,
sort à la même heure que d'habitude.
Et ce, malgré son corps de plomb qui peine à suivre.

Il a l'esprit embrumé, mais léger.
Il est enthousiaste.
Ce n'est qu'une fois arrivé à son bureau qu'il tire un carnet d'un tiroir.
C'est sur les pages de ce carnet vierge couchera ses impressions sur ce rêve étrange et lourd de conséquences.

***


 
Adrien Dao
Comitaire actif,
Enquêteur

Kil'sin  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 06h13
 
L'histoire avait débuté quelques jours avant le Rêve.
Avant les migraines, avant les voix.
Avant La Voix.



L'histoire avait débuté comme d'habitude. Une femme était entrée dans son bureau. Les similitudes avec les cas précédents s'arrêtaient cependant là. L'enquêteur a tout de suite flairé quelque chose de... différent. Une tension inhabituelle. Un parfum de réel drame. Habituellement les gens qui viennent le voir le font pour des bagatelles. Un animal de compagnie perdu, une histoire extra-conjugale à éclairer, un homme à filer, un débiteur à débusquer... Les aléas de la vie, souvent servis avec une bonne dose de mélodrame, de suffisance et d’un manque total de recul. Parmi cette routine, la perle occasionnelle. Cette histoire de succession où des documents cruciaux avaient été perdus des générations plus tôt, ce jonc de mariage qui était passé entre les mains de pas moins de six revendeurs tous plus louches les uns que les autres avant qu'Adrien ne remette le grappin dessus. Des énigmes intéressantes, des histoires qui lui demandaient de la finesse, de la persévérance et de la créativité.

Mais cette dame apportait quelque chose de nouveau à son cabinet. Elle flairait la tragédie retenue. Le réel drame.

La dite dame s'était introduite sans cogner puis avait refermé la porte avec une rapidité empreinte de douceur. Elle était restée un instant appuyée contre sa porte qui la soustrayait maintenant à l'agitation de la rue. Sa silhouette était drapée dans plusieurs châles mariant des beiges, des verts et des pourpres délavés rivalisant d'usure. Cet amalgame d'étoffes était par endroits marqué par la suie. Elle portait des sandales de cuir usées à la corde dont les lacets montaient le long de mollets maigres et nerveux. Une tignasse sombre et emmêlée cachait la majorité de son visage. Collée à la porte, la lumière de la grande vitrine du bureau ne l'atteignait qu'à peine. Elle resta ainsi un moment, et tout le drame qui émanait de cette personne suintait de cette attitude corporelle à la fois hésitante et apeurée mais tout aussi digne et forte. L’enquêteur, habituellement des plus loquace, n’osait cette fois briser le silence. La dame poussa un soupir résigné puis s’avança d’un pas franc vers le bureau où trônait Dao. La lumière du jour émanant de la vitrine éclaire son visage de côté. Elle était belle. Ou plutôt, elle l’était malgré tout. Sa volumineuse tignasse désordonnée cernait un visage rond d’une pâleur laiteuse. D’une physionomie ronde, mais non charnue. Ses joues étaient en fait creuses. Ses yeux étaient tirés et légèrement voilés par une forte tempête intérieure. Une seule boucle d’oreille de cuivre pendait le long de la nuque. Elle était de ces beautés usées prématurément, mais non fanée. La tête haute, elle portait sa vingtaine d’années comme si elle ne paraissait pas presque deux fois plus vieille. Démarche droite et confiante, déhanchement calculé, son accoutrement cachait et révélait les formes d’un corps courbe mais amaigri. Il y avait là un savant mélange de naturel et de calcul à l’œuvre qui préservait l'impression de beauté sans en cacher l'usure. Cette fille avait dû être une reine de beauté il y a peu.

L’enquêteur lui fit signe de prendre place sur un fauteuil qui lui faisait face tout en allant chercher un carnet et un crayon dans un tiroir de son bureau. Délaissant les plaisanteries d’usage vu l’état de détresse de sa jeune cliente, il ouvrit le bal avec:


Je vous rassure de suite Mademoiselle, depuis que j’ai ouvert boutique il n’y a rien que je n’ai réussi à retrouver. Ce n’est jamais qu’une question de temps. Si vous commenciez par me dire ce que vous avez perdu ou désirez retrouver ?

Il lui offrit son sourire un sourire chaleureux, mais le silence de la dame le refroidit après un moment. La tension s’éternisa puis elle murmura d’une voix tremblante :

Ma fille. J’ai perdu ma fille.


Page : 1

Vous pouvez juste lire ce sujet...
Nombre de joueurs actifs :0(Inscrits : 191)
Infos légales Mot de passe perdu ?