Mais merde.

Ça y est tout juste que tu crois que ça peut pas être pire que tu te rends compte qu'il faut pas croire dans la vie. Quand il s'agit de t'empoisonner elle déborde d'imagination la vie. Tu crois que t'as enfin réussi à te planquer, ben faut pas croire. Tu penses que si tu fermes les yeux elle te verra pas non plus, ben faut pas penser. Je sais, je sens déjà que ça va commencer à remuer de partout. Y'en a qui vont beaucoup s'agiter et d'autres encore qui vont masser beaucoup de mots - des mots dans ma tête. Et moi et ma paix déjà toute relative on n'a plus qu'à bien aller se faire voir comme il faut.

 
La vie s'amuse a nous de jouer de vilain ou de magnifique tour;
La vie, non c'est injuste de penser que toute est sa faute, elle n'est qu'une rivière qui coule lentement dont les remous invisible sont engendrés par un Destin,
Destin si cruel pour certain, un Destin que nous ne pouvons forcer en ce jour ou plier à nos désidératas...
Un destin tantôt taquin, tantôt compatissant.
Mais aujourd'hui il est de fait qu'il est comme un enfant qui a envie de s'amuser au grand Dam de notre petite vie bien heureuse ou malheureuse.

 
Ils étaient tous là les autres captifs à traîner leur tiédeur moite de rue en rue tout pareillement que d'habitude, à faire leur quotidien de droite à gauche et puis surtout au milieu car c'est tout de même plus commode. Faut bien passer le temps quand on pourrit si lentement. Et puis finalement tout l'art réside dans l'air qu'on se donne en public bien loin des vérités de la déréliction. Faut jamais négliger les petits plaisirs qu'on retire d'avoir l'air moins miteux que son voisin, c'est bien tout ce qu'il reste.

Ils étaient donc là bien comme d'ordinaire et en même temps différents. Pas moins insipides ou moins contingents. Mais différents. Tout soudain hostiles, d'une certaine façon.

Moi j'avais rien demandé.

 
Rien à faire.

Y'a des moments comme ça où on aimerait faire comme si de rien mais au fond on ne cesse de se tortiller comme tous le autres. Ça fait deux jours maintenant. À l'échelle de l'ennui c'est rien, c'est sûr. Mais en chute libre le temps c'est pas pareil.

Y'a des moments comme ça où tu te rends compte que rien ne sera jamais plus comme avant quand bien même tu mettrais tout ton zèle d'asticot à t'abuser toi-même. Les tripes c'est bien la seule chose qui ne ment jamais.

 

Tout de même cette histoire ça les excite drôlement, ça les émoustille même si bien que ça en deviendrait presque un divertissement qui vaudrait la peine d'exister quelques jours encore. C'est pas moins absurde que l'ordinaire d'hier et en même temps on sent qu'ils y mettent de la vigueur dans leur inanité pour une fois. Aussi à force de voir toujours la même pièce on se contente de peu j'imagine. Il n'empêche que c'est toujours mieux quand les acteurs simulent comme ça généreusement, avec toute la misère qu'ils ont en dedans, comme s'ils y croyaient eux que ça allait changer quoi que ce soit.

Mais dans la vie il faut pas croire. Tant pis.

 
On s'y ferait presque à cette nouvelle ambiance une fois passés les exaspérants transports des débuts, toujours bien hypocritement masqués comme il faut bien sûr les transports, comme si ne pas les voir baver devant toute cette perspective de pouvoir ça empêchait de les savoir saliver en dedans et donc de crever de dégoût quand même. En tout cas c'est passé et tant mieux. Maintenant faut savoir profiter de l'instant car c'est chose sure il viendra le moment où ça commencera à racoler de partout, alors tous les vices refoulés, bien nauséabonds et bien fermentés, soigneusement macérés pendant tout ce temps, seront recrachés et on pourra alors joyeusement s'absoudre collectivement.

C'est finalement un peu comme ce furoncle que tu vois peu à peu se gonfler de pus et dont tu redoutes l'éclatement inéluctable.

On finit pas crever l'abcès et ça gicle de partout, il s'agit aussi alors de ne pas être sur la trajectoire.

 

Voilà.

Au moins on peut le dire que ça n'a pas tardé.