Vivre, c'était répondre à des questions.

L'aider ou pas ?
Le reprendre, ou pas ?
Le faire publiquement afin de mettre les choses au point, ou pas ?

Et suite à sa réponse, l'éliminer, là, tout de suite, ou pas ?

Pas que l'agressivité ou les attaques personnelles la touche, le "grand-mère" étant particulièrement amusant, à le voir l'utiliser comme s'il connaissait son âge, alors qu'elle-même continuait à se référer à une estimation arbitraire, et qui s'était avérée erronée dès le début.

Il avait l'attitude typique du jeune mâle en attente de stabilisation de ses fréquences de copulation : agressif, égo-centré, avide de se tailler une place dans le monde, d'impressionner la galerie.
Et du coup instable, querelleur, et, ce qui restait le plus gênant dans le cas présent, avec une opinion délirement haute de sa propre importance.

Jade en était à se demander comment le neutraliser sans le tuer - une bonne humiliation était sans doute ce qui se faisait de mieux, mais qu'elle-même y soit des plus résistante ne signifiait pas qu'elle soit experte en la matière, elle se basait avant tout sur des études globales, sur des statistiques qu'elle pouvait créer à partir de ses observations des masses, et donc sur des méthodes qui marchaient généralement bien, alors que l'humiliation avait un caractère très personnel, sur lequel elle n'avait pas vraiment de méthodes d'investigation. Sinon, lui ruiner une articulation, un genou en moins pour l'obliger à rebrousser chemin, ou une épaule luxée pour lui faire lâcher sa lance, mais sa façon de se vanter de ses pouvoirs laissait penser à un phérémancien, et la marge de manoeuvre entre mort et blessure compensable par pouvoirs Lanyshstas était très mince- lorsque les témoin(te)s prirent la parole.

Elle ne quittait pas le lancier des yeux, écoutant calmement les mises au point de leurs co-expéditionnaires. C'était... Non pas inattendu, mais dans la bonne partie de la fourchette des réactions potentielles attendues. A un discours d'exalté, elles répondaient par la raison et la logique, par un pragmatisme remettant en place sa vision romantique des choses : Jade en tant que référence fiable, lui en élément instable. Et Carmïnn en arbitre, si cela était nécessaire.

Des vibrations...

Ah. Tant pis pour le petit spectacle qu'elle s'apprêtait à monter, pour le sortilège qu'elle s’apprêtait à lancer : il y avait d'autres priorités.
Mais rien n'empêchait de mettre certaines choses au point auparavant.

D'une voix plus calme, presque douce, mais poussée suffisamment pour que les auditeurs ne se sentent pas spoliés du dénouement, elle ne reprit que quelques-uns des points de la tirade de son protagoniste.
Déjà, mettre les points sur les i sur le côté mystérieux et attirant.

Pour un chasseur mystérieux, tu laisses des traces, Dassen Dorn du Kil'sin.

Et ce dont nous avons besoin, c'est de rigueur, pas de chiens fous. Tu connais le proverbe, "mieux vaut un bon ennemi qu'un mauvais ami". Inutile de laisser du suspens : je ne veux pas de tes sorts. Tout comme je n'ai pas même daigné répondre à ta contre-proposition concernant le transport de mes affaires. Parce que, quelques soient les capacités de chacun, il est important de savoir à quoi on peut s'attendre. Et je préfère savoir Onä présente dans le groupe plutôt que toi, oui.

Les vibrations s'intensifiaient, prévisibles. Un criaillement dans les hauteurs était plus inattendu, mais gérable. Barak, ayant visiblement repéré l'auteur de ce dernier, se préparait.
Elle eut un mince sourire.

Tu les entends ? Tu les sens ?
Il y a des règles, ici aussi. Pas les miennes. Celles de l'Extérieur. Tu peux bien te rebeller contre son autorité, lui s'en fout pas mal.
On ne tue que quand c'est nécessaire. Pour se nourrir, ou pour protéger. Pas par sport, par défi ou pour impressionner la galerie.
Parce que les charognes attirent les charognards, et que ceux-ci sont moins... Conciliants.

S'ils avaient été dressés, ils auraient sans doute agit avec un synchronisme parfait, mais pour des animaux sauvages ne s'étant pas concertés, c'était une coordination atypique : à peine quelques secondes d'écart.
Tandis qu'un énorme Rocklard plongeait en piqué depuis l'est, sans doute attiré par la carcasse du sanglier, un Racleur d'os émergeait de la terre au nord du campement, vraisemblablement titillé par le piétinement constant d'une dizaine de personnes.
Barak s'avançait aux devant de l'oiseau, captant son attention. Bien. Par contre la carapace du Racleur risquait de poser problème à la plupart.
La récupération des carcasses devrait attendre.
Elle cria.

Les non-combattants, dans le bosquet au sud, les Rocklards ne suivent pas dans les bois.
Les tireurs, restez près de lui : il est trop imprévisible.
Je commence par le Racleur.

Et tandis qu'un voile de brume noire commençait à lui remonter le corps, elle adressa un dernier commentaire au sauvage auto-proclamé.

Alors, t'attends quoi ? Faut prouver que ta lance nous sauvera tous, non ?

 


Pensée :

 
Wouhahahahahaha !

À la première remarque de Yloyse, Dassen répond immédiatement.

« Je ne suis pas misogyne. Lire ou picoler c'est ce que moi je ferais si j'étais pas avec vous ce soir. »

Les réactions s'enchaînent. La situation l'excite. Les arguments de Perle se tiennent et il commence par lui acquiescer. Lorsqu'elle lui demande son nom il penche sur elle son regard vitreux et son haleine encore alcoolisée.

« Moi c'est Djet. Djet Tamère. »

D'un ton parfaitement sérieux.


« Mon problème ce n'est pas de reconnaître la pertinence des paroles de chacun. Qu'elles viennent de débutants ou de vétérans. C'est quand ces remarques sont stupides. Arbitraires. Autoritaristes. C'est quand Jade interrompt ma partie de chasse en tirant des coups de feu qui donnent notre position à tout ce qui vit à vingt kilomètres à la ronde ! »

Il exagère un peu, elle a un bruyant silencieux. Peut-être qu'ils oublieront ce détail.

« C'est quand elle me met en joue sans déclarer son identité ! Et quand elle vient ensuite me menacer de mort pour mon prétendu manque de discrétion !

Je ne suis évidemment pas le plus ancien des Lanyshtas ici. Je vais suivre sans problème les instructions de Carmïnn lorsqu'il le faudra. Mais pour que je laisse l'autre vieille me dicter combien de fois par jour je dois me torcher le derrière avant que ne me tombe dessus une peine de mort, vous pouvez toujours rêver. Ce soir c'est moi qui lui pause problème. Dans pas longtemps ce sera l'un d'entre vous. »

Il se tourne momentanément vers Yloyse.

« Alors continuez à lui faire confiance. À cette maniaque qui fait des erreurs d'estimation.
C'est comme ça que tu te considères toi-même ? Une erreur d'estimation ? Tu ne peux pas faire confiance à quelqu'un qui n'a pas d'empathie. Parce qu'elle n'en a rien à foutre de toi. D'ailleurs lorsqu'elle t'as tuée. Ce n'était pas un erreur. Elle attendait sûrement juste un prétexte pour ça. Parce que depuis le début elle en avait envie. Elle aime ça tu comprends ? Maintenant qu'elle t'as mâtée... »


Il aurait aimé continuer la partie de dispute, comme ils les appellent dans son comité. Ces moments de pur conflit où tous s'affrontent pendant des heures sans hésiter à faire preuve d'hypocrisie et de mauvaise foi. Un délire cathartique et instructif, souvent aussi excitant que n'importe quel combat réel. Mais tandis que Jade continue de lui faire la morale des cris anormaux se font entendre.

Tous réagissent comme un seul corps, prêts à faire ce qu'il faudra pour survivre. Jade utilise aussitôt ses pouvoirs, provoquant Dassen dans une dernière réplique. Il se contente de lui répondre d'un air maussade.

« Maintenant avec vous. Je sais à quoi m'en tenir. »

Et il saisit précipitamment sa lance, engourdi par l'alcool. Avant qu'il ne comprenne quoi que ce soit les deux premières créatures sont abattues. Il court alors de l'autre côté du campement, qu'aucun combattant ne semble protéger. Il voit soudain un énorme loup sortir de nul part, foncer sur le groupe. Dassen accélère, coupe sa trajectoire et le percute de plein fouet avec son épaule. Le fauve se retourne sur lui-même et enfonce aussitôt ses crocs dans son bras. La morsure est puissante. Le sang gicle. Il en faudrait peu pour que le membre soit arraché. Mais du masque émerge alors des ondes surprenantes. Un cri guerrier et guttural, concentré et déroutant. L'animal lâche instinctivement sa prise. Maigre avantage face à un molosse de cette taille. Barak arrive de l'autre côté pour le prendre en tenaille. Dassen profite de l'ouverture pour lui planter sa lance dans le poitrail. La résistance de la peau fait reculer la lame à l'intérieur de la hampe. Le dispositif se déclenche. Une détonation résonne et la pointe s'allonge d'un coup pour s'enfoncer profondément dans la chair du loup.

Mais le loup ne recule pas, il ne vacille pas. À peine éraflé, il contre-attaque avec une sauvagerie des plus jouissives.

 
Elle savait qu'il finirait par y avoir de l'action bien sûr... Mais elle avait espéré qu'elle aurait au moins droit à une bonne nuit de sommeil réparateur avant que les choses sérieuses ne commencent...

Les bestioles les plus grosses qu'elle ait jamais eu l'occasion d'observer (si l'on exceptait les squelettes conservés en exposition dans les sections zoologie des centres de formation dariens) venaient de décider d'ajouter du lanyshsta à leur menu.
Une espèce de volatile géant -intercepté par Barak qui semblait le maintenir à distance avec une certaine maestria, enchaînant les grands moulinets d'épée dissuasifs- attaquait de l'Est. Et dire que c'était dans cette direction qu'elle avait failli aller pour récupérer le gibier abattu...

Du nord, quelque chose de vert avait émergé du sol. Elle n'eut pas l'occasion d'avoir une bonne vue sur la bestiole. On lui avait dit de filer au sud vers les bosquets, elle filait donc au sud vers les bosquets en tentant de se faire la plus petite et insignifiante possible.
Son manteau de voyage fut promptement dégraffé et abandonné derrière elle. Il ne s'agissait pas d'abandonner du poids mais d'exploiter au maximum le potentiel de sa combinaison de cuir d'évitement. Les propriétés optiques de cette armure étaient remarquables, créant un effet de flou aux yeux des observateurs distants. Mais encore fallait-il ne rien interposer entre la protection et l'oeil à confondre si l'on ne voulait pas bêtement en perdre les bienfaits.
Dans le même but et sans cesser de courir, elle rabattit la capuche de sa combinaison, releva jusqu'à mi-visage un haut col prévu à cet effet et enfila des gants qui avaient été traités de la même façon. Voilà, pour le monde extérieur elle devait désormais apparaître sous la forme d'une apparition floutée, sorte de spectre sombre dont seul une partie du pâle visage était discernable.

Les détonations assourdies se suivirent et l'espace d'un instant le calme sembla revenu.
Erreur.
Un énorme loup émergea bientôt du sud, visiblement impatient de se joindre aux réjouissances.

Ô joie, elle était en plein sur la trajectoire du fauve. Elle se figea et sa main saisit la crosse de son pistolet, le dégainant et ôtant promptement la sécurité. Si elle tentait de repartir en arrière, la bête -bien plus rapide qu'elle même- aurait tôt fait de la rattraper et elle lui présenterait alors son dos.
Il allait falloir faire de son mieux et espérer pour que de l'aide parvienne avant une issue fatale pour elle...
Non ! Car soudainement, surgissant avec une vélocité dont elle aurait elle-même été bien incapable, Djet/Dassen fit irruption et se jeta sur le loup en pleine course. Les deux combattants engagèrent immédiatement le combat en un corps à corps sanglant.
Perle respira, abaissa le canon de son arme. Le danger immédiat avait disparu.

Et tandis que Barak se joignait à la danse, les consignes fusèrent à nouveau : les non-combattants -ça c'était pour elle- devaient éviter tout mouvement brusque inutile, ne pas attirer l'attention sur eux afin que les guerries puissent canaliser la menace.
Très bien. Elle s'applatit au sol, rampa lentement vers le feu afin de pouvoir l'interposer entre elle et les bêtes sauvages au besoin. Les loups devaient bien craindre les flammes non ?

Dans le camp, la bête se déchaînait, comme enragée. Elle sautait d'un protagoniste à l'autre, mordant ici, lacérant là et prenant également son comptant de coups. Perle aperçut la pauvre Onä qui avait eu le malheur d'arriver au mauvais moment.
Yloyse avait fort à faire. Sa magie déferlait pour refermer les plaies mais le loup ne l'épargnait pas non plus. Peu importe si elle ne représentait pas pour lui une menace directe.

Elle même n'avait toujours pas une égratinure.
Il était hors de question de se joindre au combat. Elle serait non seulement inutile mais attirerait l'attention sur elle et risquerait même sans doute de gêner les vrais combattants.
Mais... Avec les bonnes précautions... Une bonne dose de prudence... Peut-être pouvait-elle un tout petit peu appuyer sur la balance pour aider à la faire pencher du bon côté...

"Cachée" derrière le feu de camp, elle s'isola dans sa forteresse mentale, se coupant de toutes les distractions qui pourraient nuire à sa concentration. L'échec n'était pas une option.
Le mana se mit à circuler en elle, répondant à l'appel de son esprit. Une sensation désormais familière.

Concentration.
Tissage du nouveau schéma de réalité.
Les gestes.
Les mots, à peine murmuré en un demi-souffle.
Et enfin l'énergie qui déferle, remodèle l'univers.

Perle était désormais plus nombreuse. Qui plus est, le fauve était trop occupé pour avoir réagi.
Bien. Elle pouvait donc enchaîner dans une relative sécurité.

A nouveau elle se concentra. A nouveau les énergies en elle furent solliscitées. Cette seconde altération était bien moins importante que la première. Juste un petit tour jouant avec la pression atmosphérique, provoquant des bourrasques de vent très localisées pour perturber un adversaire.
Elle doutait qu'un peu de vent ennuierait réellement un animal furieux qui ne cessait de bondir à droite et à gauche.
Par contre, avec un petit plus...
Elle retint le sortilège dans son esprit, lui tint la bride. Une pression sur un bouton au niveau du poignet droit de sa combinaison provoqua l'ouverture d'un tout petit compartiment. De celui-ci s'écoulait maintenant dans le creux de sa main une fine poudre : du poivre. Il y avait d'autres compartiments avec d'autres types de poudre mais contre un animal au flair exceptionnel le poivre paraissait approprié.
C'était le moment d'ouvrir les portes à l'altération de réalité...

Elle souffla dans la paume de sa main et son souffle prit immédiatement une ampleur bien plus importante, emportant avec lui la poudre en un petit tourbillon lancé à vive allure vers le loup. Sa cible atteinte, la perturbation météorologique s'accrocha, s'infiltra partout, suivit la bête dans ses moindre mouvement et surtout, surtout : transporta les vicieux petits grains de poivre dans les yeux, dans les naseaux, les oreilles et la gueule...
Elle sourit en entendant la bête éternuer...

C'était peu, c'était bien modeste. Mais c'était déjà plus que ce qu'elle avait pu faire au Rafiot troué. Ce serait peut-être avec un peu de chance quelques secondes de plus offertes à ses alliés pour mieux esquiver, parer et éviter une blessure fatale qui sait ?

Elle se réapplatit au sol, incantant déjà un nouveau sort mineur...


***


Comme prévu, l'intervention de Carmïnn avait été décisive.

Un calme fragile était revenu. On allait peut-être ENFIN pouvoir se reposer... Même si pour le coup, ce n'était plus elle qui en avait le plus besoin.

Elle rangea le carnet dans lequel elle avait commencé à faire des croquis des monstres abattus lorsque la décision fut prise que l'on préparerait du rocklard à la broche. Elle mit la main à la pâte. Elle commença par assister maladroitement : la cuisine ne lui était pas étrangère mais d'ordinaire les ingrédients étaient déjà passé entre les mains d'un boucher et le matériel de cuisson était un peu moins rustique... Mais elle apprenait très vite en observant les autres et bientôt ses gestes eurent peu à envier à la précision des plus habitués.

Bientôt, un fumet de volaille rôtie s'élèverait, on pourrait prendre place autour du feu pour un repas revigorant et il serait enfin temps d'entamer les discussions sur la suite des événements...

 

Pratique cette sortie dérobée et discrète. Bon à savoir, toujours utile pour un départ discret et précipité.

Un soleil radieux les attendait. Dans une prairie calme, elles commencèrent à installer un campement. Mais le calme n’allait pas durer. Déjà l’homme au masque était parti titiller sauvagement un pauvre sanglier qui passait innocemment dans le coin.
Jade l’avait alors inciter à plus de discrétion, afin de ne pas ameuter le haut de la chaîne alimentaire qui pourrait être, elle, plus problématique que cet innocent porc sauvage. Et le chasseur sauvage s’était vexé. Le ton était monté et il s’était fendu d’une réponse des plus diplomatiques. Qui montrait quelle estime il portait à toutes les femmes de la troupe. Rien n’agaçait plus Yiu que les cliché sexiste à la con. Préjugés d’autant plus déplacés qu’elle avait pu voir ce dont Jade et Carmïnn était capable. Cela avait été plutôt impressionnant, même si l’ancienne rousse s’était contenté de subtils tour de passe-passe.




Un poulet géant (qui semblait bien plus appétissant que le porc) et un paisible insecte apparurent.


Mais plus efficaces que tout, les monstres avaient mis tout le monde d’accord.
Et déjà Jade, l’homme masqué – Djet ? – et Barak combattaient côte à côte pour éliminer la terrifiante menace. Après un moment de compassion pour ces pauvres bestioles qui avaient voulu faire leurs malignes, la forgeronne se demanda s’il n’était pas temps d’agir.
Jade, tout comme Barak et l’homme au masque ne risquait rien. Par contre, il fallait s’assurer qu’aucune de ses créatures ne s’approche de Perle ou d’Ona – au moins cette dernière – qui risquaient de trouver ces créatures moins anecdotiques, sans armure ni pouvoir lanystha aidant à encaisser. Mais déjà les bestioles reculaient sous les attaques qui leur pleuvaient dessus. Elles n’allaient pas tarder à succomber, aussi décida-t-elle de ne pas intervenir : cet affrontement permettrai à chacun de se faire une vague idée de ce que valait l’autre ce qui serait utile pour faire la peau aux préjugés les plus coriaces. Djet ne pourrait plus considérer toutes les femmes comme inutiles. Enfin Jade et l’homme au masque combattaient côte à côte (enfin, pas littéralement) et cela ne pouvait pas faire de mal. Elle décida donc de rester en retrait et de veiller qu’aucunes menace ne s’approchait depuis l’arrière de la troupe.


Seulement, comme l’avait si bien dit Jade, la carne plus ou moins appétissante du porc, de l’insecte et du poulet avaient fini pas attirer un carnassier opportuniste. Et s’il était opportuniste, il n’en était pas moins un animal puissant, habitué à régner en roi sur ce territoire, un « loup » alpha – peut-on encore parler de loup pour un animal plus proche des 2m que du mètre cinquante de hauteur au garrot ? - qui n’avait pas dû apprécier la façon dont l’homme masqué avait voulu jouer au mâle dominant.


Son ton ironique cachait une préoccupation réelle. Elle allait devoir prendre part au combat. Et le faire intelligemment. Car ce monstre était une menace réelle pour tous et toutes. Il ne s’agissait pas de foncer pour être plus un poids qu’une aide mais plutôt d’aider Barak et Djet à l’occuper pendant que Jade s’occupait de l’achever à l’aide de tir bien ajusté, puisqu’elle aurait tout le temps de viser pendant que la bestiole devait faire fasse aux combattants au corps à corps. L’idée semblait efficace sur le papier, mais il fallait quelques instants à Yiu pour arriver au contact et le loup ne se laisser pas faire, forçant le passage et écartant le lancier et l’épeïstes sans ménagement. C’est alors qu’un puissant fusil fit feu à de nombreuses reprises. L’ancienne était entrée dans la danse. Et n’avait pas fait les choses à moitié. Si le loup s’était précipité sur elle, il était déjà affaibli quand il l’atteint. Elle réussit à elle seule ce qu’ils n’avaient pas réussi à plusieurs.
Quelques instants il expira un dernier râle, Jade ayant eu le temps d’ajuster un dernier tir qui mit fin à la charge du loup géant.

 

 
Après la fin du combat Dassen rejoint tranquillement les autres. L'adrénaline lui coule encore dans les veines. Il semble plus détendu.

« Ce n'est pas avec une ou deux victimes dans quatre espèces différentes qu'on va briser la chaîne alimentaire de la région. Il y a assez de gibiers pour leurs prédateurs naturels. Et il y en a assez pour nous. Il nous faudrait un feu énorme ou beaucoup de temps pour brûler tous les cadavres. Et on a pas envie de les enfouir sous terre. Comme tu dis Barak, ils seront vite déterrés par les charognards. Et si on est suivis ce sera autant d'indices pour nous repérer.

Il y a un rivière à deux pas d'ici. Elle a l'air assez profonde. Si personne ici sait comment conserver la viande. On peut attacher certaines carcasses à des pierres et les balancer dans l'eau. Pas tous au même endroit. Même si des bouts se détachent, avec toutes les saletés qui descendent du Kil'sin ça passera inaperçu. »

Il marque une pause pour écouter les avis. Puis il se tourne vers Carmïnn.

« Je peux prendre le premier quart et faire le guet tout à l'heure.

Pendant qu'on taille la viande tu pourrais nous expliquer comment rejoindre les Dath'ogals. On dirait qu'on est tous arrivés... »

 
Puis-je vous rappeler -ou vous apprendre pour les autres- qu'en ce qui concerne les cadavres nous avons comme qui dirait une sorte d'experte parmi nous ?

Elle se tourna vers Onä la dernière arrivée et lui sourit amicalement avant de retourner à son travail de plumage méthodique du rocklard et de reprendre à l'adresse des deux lanyshstas mâles.

Notre amie Onä est taxidermiste voyez-vous. Je vous recommande donc de la consulter. Sans doute aura-t-elle quelques idées sur la meilleure façon de nous occuper de ces carcasses voir sur ce qu'il nous serait possible d'en tirer avant de les abandonner, brûler, enterrer, couler ou quelque autre solution qui pourra être retenue...

 
C'est pas mettre des cadavres dans la rivière qui permettra de conserver la viande, au contraire. Mais c'est vrai que la viande n'attirera plus non plus de créatures si elle a été polluée en la trempant dans la rivière, et ce que des bouts se détachent ou non.
Dans tous les cas, trainer les cadavres au loin ou les trainer dans la rivière ne change rien au travail à faire, reste juste à savoir ce qui est le mieux pour la nature et pour nous.



En effet Onä est sans doute la mieux placée pour savoir comment se débarrasser de ce qui ne peut pas être empaillé. Du moins bien que ça ne soit pas une certitude si elle fait sa taxidermie en ville d'habitude, mais dans tous les cas son avis sera intéressant.

 
Elle avait rapidement éliminé le Racleur d'os, les grands insectes étant particulièrement fragiles pour peu qu'on parvienne à percer leur carapace.
Le Rocklard aurait pu causer bien plus de problèmes, par sa tendance à sauter partout pour frapper de ses ergots, mais Barak, même s'il ne parvenait pas à attirer le grand volatile assez près de lui pour lui tailler dans les plumes, monopolisait suffisamment son attention pour que la verte puisse aligner posément l'animal et l'abattre à son tour.

Le calme semblait être revenu lorsque Barak initia de rapides échanges télépathiques.

BH : Un loup m'a sauté dessus par surprise ! Les non combattants faites gaffe à ne pas attirer son attention, les soigneurs gardez votre énergie pour les cas d'urgence ou pour après le combat, les combattants... vous savez sans doute mieux que moi quoi faire.
Je pense être capable de retenir la bête une petite heure mais elle finira par me manger si je suis seul.

JS : Décidément, voir un tel paquet de chair fraiche se remuer sur leur territoire a du leur ouvrir l’appétit...

Le premier message n'ayant visiblement pas touché toutes les personnes, Jade ouvrit son esprit un peu plus largement pour y inclure l'ensemble de la petite expédition.

Pour résumer pour celles qui vaquaient à leurs occupations et n'ont pas été incluses dans l'appel initial : on a un problème.
La chasse pour dégager les abords du campement a visiblement alerté les prédateurs. Un racleur d'os et un Rocklard passablement énervé ont attiré l'attention au nord et à l'est du camp, mais leur cas est réglé.
Par contre, visiblement, un gros loup a décidé de venir fouiner par le sud.

Barak a donné de bons conseils, je renfonce le clou : le mieux à faire pour les non-combattants, c'est de ne pas bouger. Une fois lancés, certains loups ont tendance à devenir frénétiques et à sauter sur tout ce qui bouge. Et soit c'est un solitaire, soit il a sa meute sur les talons.
Pour les soigneurs, attendez que ça vaille le coup. Si c'est pour vous faire boulotter en voulant désinfecter une égratignure, ça ne vaut pas le coup, et ceux qui sont au front ont généralement l'habitude de serrer les dents.

Barak est en train d'accaparer et de lui user les dents et les griffes, je suppose que ça lui laisse les flancs vulnérables pour prouver le caractère indispensable de certains talents.
Je redescend.

Sans se presser outre mesure. Il faut dire que lorsque le canon était chaud, le son était altéré, et devenait plus facile à localiser. Lorsque l'adversaire était clairement identifié, que la lutte était à mort, cela changeait peu de choses, comme au Rafiot ou sous le Kil'Dara.
Par contre, face à une bête sauvage susceptible de battre en retraite pour revenir plus tard, mieux valait ne pas négliger l'atout de la discrétion. Tant qu'elle n'était pas sûre de son coup, ou qu'autrui ne serait pas en grave danger, elle n'avait aucune raison de se presser.
Pendant ce temps, ceux sur place parvenaient à garder leur calme, même si on les sentait un peu fébrile.

BH : Merci d'avoir émis la pensée à tous, je n'avais pas toutes les images télépathiques.

Bon je vais apporter quelques précision par rapport à mon message précédent :
Je peux tenir un peu en essayant de tuer cette créature mais je peux tenir nettement plus longtemps si j'essaye de l'attirer à moi pour l'éloigner du camps, parce que dans ce cas je me tiens prêt à me défendre.
Compte tenu de la puissance que semble avoir la verte je pense cependant préférable de me tenir prêt à l'embrocher plutôt que de me tenir prêt à parer ses attaques.

Ylo : Noté.

Précision supplémentaire, je suis capable de soigner préventivement en augmentant le rythme de cicatrisation de votre corps. Il se soignera de lui même pendant et après le combat sans nécessiter l'intervention d'un soigneur - et sa mise en danger.

J'en ai fait bénéficier Dassen avant ton alerte Barak. Je garde un oeil sur ton état. Seule Ona s'est faite surprendre en arrivant au camps.

Ah. Forcément il fallait que ça tombe sur la plus fragile. Les animaux savaient faire preuve d'un beau instinct de chasse : s'attaquer aux plus faibles pour s'assurer de la nourriture...
Visiblement Dassen avait rejoint Barak, car il prit la parole à son tour.

DD : La peau du loup est très épaisse. L'attaquez pas si vous avez rien qui peut traverser ce cuir.

La vieille, tu peux essayer de lui tirer dessus d'où tu es. On est au moins deux dans ton champ de mire, à le séparer du campement. Mais peut-être que tu augmenteras ton indice de performance en butant tout ceux qui t'empêchent de viser. Au pire il peut toujours bouffer l'handicapée au passage le temps que tu finisses le travail. Il y a des chances que tes copines soient toujours en vie quand ce sera terminé.

Au moins il ne lâchait pas le morceau...

La vieille s'en voudrait de priver la jeunesse d'une occasion de faire ses preuves, après un discours aussi vibrant sur les priorités quand ça pète. Après tout Onä -l'handicapée- a déjà prouvé son utilité, il serait dommage que tu restes le seul boulet du groupe.
Puis c'est une application stricte des principes de sauvagerie élémentaire, me semble-t-il. La loi du plus fort. Celle qui te semble supérieur à l'organisation. Alors profite, ce serait dommage que je sois obligée d'intervenir si quelqu'un d'autre est trop blessé, ça entamerait ta crédibilité.

Et accessoirement, ils ne lui bloquaient pas le champ de vision. Il était sans doute très impressionnant de faire croire qu'il savait parfaitement où elle se trouvait, alors qu'elle doutait que les créatures au sens les plus développés parviennent à la sentir à moins qu'elle ne les frôle, quand elle était sous l'influence des ombres.

Elle avait le loup en visuel, les deux mâles luttant contre lui...
Et bientôt, une pétarade, bien plus rapide que ce qu'elle pouvait espérer en appuyant frénétiquement sur la gachette. Le loup roula sur le côté, un flanc réduit en un instant à l'état de viande hachée. Décontenancé, il se replia d'un coup dans les fourrés, aucune patte n'ayant visiblement été brisée par l'assaut. La forgeronne prit rapidement la parole.

Yiu : Que de bruit pour pas grand chose ...

Il est passé où votre loupiot ? Il s'est carapaté ou quelqu'un à dépecé sa peau et caché la carcasse ? En attendant, je m'éloigne un instant au calme (et pas au milieu des animaux sauvages apeurés) je reviens et je ne vois plus rien. Bon Barak semble en forme, donc tout va bien.

La prochaine fois, évite d'ameuter toute la forêt, l'homme au masque. Pense aux six pauvres femmes sans défense que nous sommes.

Tandis qu'elle communiquait, et que le reste du camp se remettait, tentant de savoir par où l'animal était parti, Jade attendit tranquillement que la fuite du carnivore le rapproche suffisamment d'elle, et deux détonations étouffées achevèrent la charge brutale.

JS : La rafale lui a fait peur et il s'est replié en direction des buissons. Rien de pire qu'un loup blessé pour mettre du sang partout et attirer des prédateurs encore pire, j'ai préféré stopper sa course plutôt que d'observer une battue incertaine.
Du coup ça risque de faire trop de viande pour emporter...
Je suggère de concentrer les efforts culinaires sur le Rocklard, afin de faire du poulet géant à la broche. Le racleur est, à ma connaissance, quasi immangeable, le loup dur comme de la carne, et le sanglier n'ayant pas été éviscéré sur place, avec ce petit contre-temps, le temps de le ramener, la viande risque de commencer à s'être gâtée.

Par contre vu la carcasse on ne l'empalera pas sur une branche trouvée au sol, il va falloir aller couper du bois et le tailler...

Et Dassen, encore sous le coup de l'adrénaline, répondit dans la foulée.

DD : Ce sont des loups. On doit être sur leur territoire. Quoi qu'il arrive ils nous auraient attaqués.

Le chef de meute s'est éloigné mais le reste du troupeau est toujours près de la rivière. Carmïnn, as-tu achevé l'alpha ? S'il est toujours là les attaques risquent de continuer. Ils vont rôder autour de nous toute la nuit et jusqu'à ce qu'ils aient l'un d'entre nous ou qu'on quitte leur territoire. Faut tuer cet alpha, ou en éliminer autant que possible. Sans chef ils se battront pour savoir qui prendra sa place, ce qui nous laissera le temps d'avancer en sécurité.

Jusqu'ici te relâches pas la guerrière. Faut surveiller l'Ouest et le sud-est après Carmïnn. Que les non-combattants restent immobiles. Avec Barak ont fait mur. On les tiens à distance et Carmïnn leur fait des sales trous dans le bide. Mais ton épée, la guerrière, sera pas de trop par ici.

Et voilà. Les critiques parce que son arme s'entend "vingt kilomètres à la ronde", et ça demande ensuite si Carmïnn a achevé la bête, visiblement incapable d'entendre deux tirs à moins de cent mètres. D'un autre côté, il avait aussi oublié les propos de Jade sur la mort du loup, ayant sans doute décidé qu'en cas d'urgence, ses propos n'étaient pas à entendre... Ou alors il ne comprenait pas, et là, c'était plus problématique.

Yloyse en profitait d'ailleurs pour faire retomber la pression.

Ylo : Panique pas. On va faire les choses une à une...

Merci Carminn pour l'coup d'main avec Ona. Ça me permet de me concentrer sur notre.... mur....? Pour toute les autres on va bien.

Donc Jade a visiblement abattu l'alpha, le reste de la meute ne s'approchera pas directement... Alors même si un loupiot a des envies suicidaires, on sera tranquilles ce soir.

J'ai des herbes pour le poulet... mais vu la taille, ça risque de vider mes réserves. Quelqu'un d'autre en a prit?

Yiu : Hm. Bon, le périmètre semble sécurisé. L'alpha n'est donc plus. Et c'était effectivement une belle épine dans le pied.

Avant d'aller voir s'il est seul ou non, je propose que l'on soigne les blessé. Ensuite, quelqu'un de discret et apte à assurer sa sécurité pourra partir en éclaireur.
Et cette fois-ci il ne s’agira pas de les laisser venir mais de venir à eux si la menace est constituée. Si on ne croise que des bestioles vaquant à leurs occupations dans leur coin, autant les laisser en paix. Cela nous fera gagner du temps et évitera d'attirer de plus gros prédateurs.
Et je viendrai prêter main forte à la première ligne.

Bien. Ils n'avaient plus besoin d'elle pour le moment, ce qui lui permettait d'aller inspecter les carcasses.
Déjà, Barak, un brin inquiet, semblait se demander qu'elle était la meilleur méthode pour disposer des cadavres.
La réponse n'était pas tant importante que le fait de se poser la question : s'ils s'interrogeaient, s'ils se reposaient les uns sur les autres pour les questions de spécialité, ils parviendraient sans doute à survivre, autonomes.
Jade préférait ne pas trop donner son avis sur de tels cas ne touchant pas directement à la sécurité, ne souhaitant pas d'une part devoir se mettre à assumer des responsabilités étouffantes pour avoir fait l'erreur de les revendiquer, et d'autre part parce qu'en terme de survie à l'extérieur, elle se concentrait essentiellement sur "comestible/pas comestible", le goût n'étant pas une préoccupation majeure. Donc pour les herbes adéquates pour le Rocklard, mieux valait ne pas compter sur elle.

Ayant rejoint le groupe, elle pu, encore invisible, laisser les dernières paroles l'atteindre.
Et c'est donc en temps que voix dans un coin sombre qu'elle manifesta son retour.

Effectivement, on pourrait peut-être même conserver la carcasse du piaseau assez longtemps pour en faire un souvenir de retour au Kil'sin. Celui par qui le désastre failli arriver.

Par contre, mieux valait éviter que ça se reproduise, et, quitte à -encore, et cela risquait de ne pas être la dernière fois de l'expédition vu le rythme pris- reprendre Dassen, elle enfonça le clou.

Pour les créatures, je vais aller à l'encontre des conclusions de Yiu et Dassen : c'est une zone sauvage. Plus sauvage, par bien des côtés, que celle ainsi nommée entre le Kil'sin et le Kil'dara, où la faune s'est habituée aux passages des krolannes. Ici, la zone est très... Vivante.
Alors non, ce n'est pas quelques animaux morts qui vont bouleverser l'équilibre sur le long terme. Mais sur de l'instantané, nos actions créent des opportunités, et des chaines de réaction. Au final, s'éloigner pour chasser et dégager les environs était une erreur : nous avons transformé une inclusion en une intrusion. L'environnement a réagi.
Donc d'une part, il pourrait être appréciable de ne pas recommencer une telle expérience, sans l'assurance de s'en sortir à nouveau à moindres frais. Autrement dit : pas de dégagement de zone préventif. Lorsque nous repartirons, déplacement en groupe compact. Si une créature pose vraiment problème, on l'élimine, sinon, on se contente de la désorienter, qu'elle reste là à assumer son rôle de proie et de prédateur. Mais pas d'élimination préventive.
D'autre part, nous partons voir les Dath'ogals. Qui ne se font pas dévorer par les animaux. Qui s'insèrent dans la nature plutôt que de s'y imposer. Pour communiquer avec, ce ne sera pas le tout de savoir articuler comme il faut et de savoir quels mouvements d'oreilles mimer avec les mains, il faudra aussi comprendre leur culture. Pas forcément l'apprécier, mais l'adopter au moins temporairement. Et ça, autant commencer tout de suite.

 
Décidément ... c'était le cas de le dire.

Yloyse s'est occupée des chaires, il sera donc temps de s'occuper des protections et armes, tout aussi nécessaires à la survie.

Peu de temps après du bois avait été rassemblé, le feu avait été avivé et le poulet était en train d'être découpé.
Yiu entendit la discussion sur les cadavres. Et elle fut heureusement surprise de la proposition qui avait été faite.

 


Ils avaient fini par tous arriver.



Un groupe.
Éphémère, instable, incohérent.
Pour l'instant...

Des individualités. Choc de culture. De modes de vie. De pensées.
Carmïnn souriait, songeant que cela était parfait.
Que cela n'allait pas durer.
Face à ce qui les attendait, ils devraient s'unir. S'associer.
Car ils devraient vivre et combattre ensemble.
Ou mourir seuls...

Le soir venu, autour du repas et à l'intérieur de la grande tente, Carmïnn attendit un moment où les tensions retombaient.
Les créatures avaient été écartées.
Le lieu était sûr, dorénavant.
Les blessures pansées, les divergences allaient s'apaiser.
Car tous et toutes attendaient qu'elle s'exprime enfin...

D'une voix plus grave que d'habitude, elle entreprit de les mettre au parfum.

Bon.
Je ne vous remercie pas d'être là, ce serait idiot.
Vous êtes venus parce que vous y avez un intérêt, et c'est bien normal.
J'espère que ce voyage vous permettra d'obtenir ce que vous souhaitez.
Quoi que ce fut...

Nous sommes ici, dans une zone pas très reculée mais difficile d'accès si on ne connait pas le chemin qui y mène.
C'est un endroit qui, malgré sa proximité de la cité, n'a pas subi l'influence des Krolannes.
C'est pour cette raison, entre autre, qu'il existe ici un passage vers le seul camp Dath'ogal permanent que je connaisse...

Il existe d'autre campements, bien entendu, mais soit ils sont éphémères, soit ils relèvent de petites tribus.
Là où je compte aller, nous devrions trouver les réponses à nos questions.
Nous devrions trouver la trace de Klem...

Ce campement est très difficile d'accès par des voies "normales".
Soit trop désertiques, soit trop dangereux, soit par des accès que seuls les Dath'ogals connaissent.
Nous allons donc emprunter un chemin de traverse.

Un silence.

Ce chemin est sous terre.
Il s'agit d'un passage, d'une coupure dans l'espace.
Les Krolannes ne voient pas ces passages. Ces sortes de failles.
Mais nous, nous les percevons.
Et nous pouvons les emprunter.

La magie, contrairement à ce qu'on pense souvent, n'est pas uniquement présente dans nos veines.
Elle irradie ce monde.
Faiblement. Comme une rémanence.
Nous en sommes des vecteurs, par la grâce de la Voix.
Certains lieux, fragiles, concentrent cette magie évanescente...

Malheureusement...
Hum.
Il y a évidemment un problème.
Cette faille, en tant que concentration de magie, attire et déforme certaines créatures.
Pour ce qui nous intéresse, une en particulier nous posera souci.

Nous allons devoir rejoindre l'entrée des grottes.
Une fois à l'intérieur, nous débarrasser de ses premiers habitants.
Puis descendre le plus discrètement possible.
Et nous allons devoir négocier avec la créature qui trône devant la faille...

Pour les habitants, ils protègent l'accès par pur folie.
Nous pourrons tenter de les piéger, mais sinon il faudra les combattre.
Je vous expliquerai une fois sur place, car je ne veux pas anticiper.
D'autant plus que je ne suis passée par là que voilà déjà quelques années.
A l'époque, j'avais eu de la chance en réussissant à les embrouiller...

Pour la créature.
Comment vous dire ça ?...
Le mieux est que je vous envoie l'image mentale de celle-ci, que vous compreniez pourquoi nous allons être obligés de négocier, hi, hi, hi !



Voilà, une fois tout ça fait, nous passerons la faille et nous arriverons rapidement au Camp Dath'ogal.
Je suppose que vous avez des questions, mais faisons les choses dans l'ordre.

Nous devons d'abord nous rendre à la grotte.
Une idée de votre organisation pour qu'on y arrive sans gros bobos ?

Puis Carmïnn soupire intérieurement, consciente d'entrainer des Lanyshstas encore innocents vers des phénomènes qu'ils n'imaginaient pas, et peut être vers une mort douloureuse.
Elle sait aussi que le flot de leurs questions, de leurs doutes, ne tarirait pas facilement.
Ils étaient venus aussi pour cela.
Apprendre auprès d'elle tout ce qu'ils pouvaient.

Elle devrait jouer finement cette partie là, pour ne pas les perdre.
La deuxième vague avait suffi...

 
Trois...

Une voix calme, douce comme de la neige, mais implacable comme un glacier.

J'aurais trois questions, sur l'aspect des failles et leur manipulation éventuelle, sur la nature des habitants et leur facultés de communication -entre autre- et sur la datation de cela.
Trois questions qui peuvent certes attendre.

Et rien sur le gros truc monstrueux ? Non, rien, pour cela, elle aviserait en temps voulu. Pour l'instant, il fallait organiser un trajet en territoire pas franchement hostile, mais pas complétement sympa non plus.

Déjà, il va falloir la localisation de la grotte. A partir de là, je me propose d'aller faire un repérage discret sur le chemin. Classement des menaces sur le chemin en trois catégories.
Classe 1 : les inoffensifs. On passe par diversion -j'y reviens juste après- mais typiquement, mieux vaut un sanglier vivant qu'un sanglier mort et un loup qui cherche après quoi courir.
Classe 2 : les pénibles. Éliminés au fur et à mesure de la progression. Une dévoreuse éphémère se coupe plus facilement qu'elle ne s'ignore.
Classe 3 : les dangereux. Si on ne peut pas passer discrètement à côté, et que c'est trop dangereux de jouer les diversions, mieux vaut s'organiser en groupe de combat que de jouer les héros. Même si le climat est un peu trop chaud pour eux à priori, s'il y a un Knorg dans le coin, on y va pas la fleur au fusil.

Tandis qu'elle parlait, elle pointait l'air devant elle, comme bougeant de petits pions sur un tableau aimanté.

Une progression en trois vagues, donc. Éclaireur à l'avant, diversion en avant-garde du groupe, et groupe.
L'éclaireur peut se permettre d'être relativement loin devant, mais le groupe de diversion va devoir varier sa distance par rapport au groupe. Pour les classes 1, le mieux est d'avoir quelqu'un de bien protégé qui va attirer l'attention des créatures un peu à l'écart, le temps que le reste du groupe passe, puis la diversion repart au premier rang.

Pour les classes 2, Barak au moins m'a fait part de son désir d'entrainement, afin de se dérouiller un peu. S'il y a des combats quasi inévitables au début de la grotte, il peut être bon de s'échauffer un peu. Le groupe de diversion comptera alors tout les "combattants en exercice", le but étant néanmoins de ne pas se faire ralentir par des combats instructifs. Le groupe de diversion partira alors un peu en avant du troisième groupe, afin d'avoir fini le travail le temps qu'ils arrivent.

Pour les classes 3, s'il y en a, prévoir une jonction éclaireur/diversion/groupe en amont de la position.

Pour les groupes, à voir selon les affinités, mais voilà ce que je propose.
En éclaireur, moi.
En diversion simple, Barak. En diversion/élimination, ajouter Dassen et Yiu.
En groupe, Yloyse, Perle, Onä et Carmïnn.
Si quelqu'un d'autre pense être capable de se charger du repérage, je cède ma place. Si Carmïnn veut participer au groupe deux pour accélérer les choses, c'est possible. Mais dans tout les cas, il devra rester avec le troisième groupe quelqu'un capable de réagir à l'arrivée inopportune d'un élément extérieur puissant. Je préfère me passer d'un éclaireur que d'un protecteur.

Les mains retombent.

Des remarques ?
Contre-propositions ?

Les yeux se tournent vers Carmïnn.

Ou on recueille les questions ?

 
Lorsque l'image du monstre titanesque touche son esprit, Dassen sursaute presque de joie.

« Un truc aussi gros doit avoir des tas de points faibles. Et être gorgé de matériaux rares ! »

Mais son air rêveur se transforme vite et brièvement en regard noir, tandis que Jade répond avant lui à la question de Carmïnn. Il réagit a sa proposition d'un air bourru.

« J'allais proposer quelque chose dans ce genre. »

Hi hi hi.

« D'abord, ta classe deux sert à rien. On peut se passer de les éliminer. Je rappelle que Onä traîne de la patte. C'est pire avec sa charrue, qu'il va falloir traîner pour elle. Si on fait couler le sang et qu'on est trop lent à avancer, les copains des bestioles rappliqueront. Vaut mieux tracer et n'attaquer qu'en dernier recours.

Ensuite la diversion, c'est mon point fort. Et avec la Phérémancie et mon équipement je suis le plus mobile des trois. Donc s'il y a un besoin urgent je pourrais rappliquer où il le faudra. »

Il a l'air satisfait du reste de la proposition.

« Ces distorsions, ça a quoi comme zone d'influence ? Est-ce que les créatures qui vivent autour de l'entrée de la grotte sont touchées ? Et comment ? »

 
Je ne vois pas où tu as vu une charrue, le mioche, et si c'est de ma valise que tu parles, elle est justement étudiée pour que je puisse la tirer toute seule, mais merci bien.
Pour ce qui est de se traîner un merdeux comme toi, par contre, je me demande si c'est vraiment nécessaire... lui répondit-elle en finissant par un petit sourire.

Onä n'était pas du genre bavarde, mais quand elle l'ouvrait elle avait tendance à dire tout haut ce qu'elle pensait, sans se soucier de froisser des ego.
Elle n'aimait de base pas spécialement les gens, et encore moins les petits cons en pleine crise d'ado.
Après l'accueil un peu sanglant qu'elle avait reçu en arrivant au campement, la perspective de se taper les provocations incessantes du mioche, en plus des dangers qui les guettaient, n'était pas pour la mettre en joie.

Elle enchaîna en se tournant vers les autres :

Moi je suivrai les instructions concernant la marche à suivre, comme vous vous en doutez je n'ai pas vraiment d'avis éclairé sur la question.
Et pour être honnête, je n'ai pas vraiment non plus de grosses illusions sur mes chances de survie durant ce voyage, quand je vois que j'ai déjà bien failli me faire étriper vive dans une zone censée être sécurisée... ah ah !

Je peux finir ce morceau de pilon ?

 
Dassen avait apprécié la dispute de tout à l'heure, puis il avait fini par passer à autre chose. Il semble maintenant se concentrer sérieusement sur l'organisation de l'expédition. Mais les paroles insultantes de Onä réveillent aussitôt son goût pour le conflit. Un mince sourire flotte sur ses lèvres. Si les Lanyshtas réagissent à chacune de ses familiarités il ne risque pas de s'ennuyer. Sans prendre de gants ni se soucier de parler en même temps qu'un autre il se tourne immédiatement vers elle.

« Sur les chemins défoncés qu'on va traverser ta valise sera pas beaucoup moins encombrante qu'une charrue. Si tu veux survivre mets ton ego de côté quand on se mettra en route. Ce serait dommage qu'un de tes alliés arrive un peu trop tard pour te défendre si on tombe dans une embuscade. »

Jetant un coup d'oeil à Yloyse, cette fois-ci l'air sérieux malgré un ton ironique.

« D'ailleurs Onä, tu vas nous coûter cher en mana. Il va falloir régulièrement t'ensorceler. Pour que tu ne tombes pas dans les pommes à chaque piqûre d'ortie. »

 
Carmïnn avait à ce moment là fait de Perle un puit sans fond de questions brûlant d'être posées. L'ancienne faisait toujours naître davantage d'interrogations à chaque fois qu'elle prenait la parole mais cette fois-ci elle avait vraiment fait très fort...
La darienne dût se faire violence pour porter son attention sur l'organisation proposée par Jade tant son esprit brûlait de retourner à l'étude des mystères soumis à leur attention.

A priori, je n'ai aucune objection.
Peut-être que je vais dire une évidence -auquel cas excusez mon inexpérience- mais j'ajouterai que l'éclaireur devrait rester en contact télépathique fréquent et régulier avec le reste du groupe. Il sera seul, isolé et -je suppose- à l'abri de tous les regards donc si il lui arrive quelque chose l'incapacitant avant qu'il ne puisse prévenir les autres au moins saurons-nous par son silence prolongé que nous devrons être sur nos gardes et nous pourrons nous mettre à sa recherche pour le secourir. Auquel cas la capacité de détection de Carmïnn nous permettra de le retrouver.

Elle retourna ensuite à ce qui l'intéressait vraiment. Bien sûr elle continuait à écouter le reste d'une oreille distraite mais son attention était majoritairement reportée sur Carmïnn.
Le puit de questions bouillonait. Chaque point d'interrogation exigeait d'être lâché à la chasse aux réponses.
Perle posa un couvercle métaphorique sur le puit.
Inonder Carmïnn de questions risquait de ne pas être spécialement productif. Surtout qu'ils étaient nombreux. Au kil'dara elle avait assisté à suffisamment de "conférences d'enseignement et réflexion interactive" ayant virées à la cacophonie tant tout le monde cherchait à monopoliser l'attention pour savoir qu'un peu de tempérance donnait souvent de meilleurs résultats.
Sélectionner ses questions donc. Les laisser tomber l'une après l'autre en un lent goutte à goutte tout au long du voyage.

Tout cela est fascinant Carmïnn. Le mastodonte n'est pas rassurant mais en même temps comment ne pas se montrer curieuse de le rencontrer ? De lui parler ? Il faudra que vous nous en parliez plus avant mais cela peut attendre je suppose.

Je suis intéressée mais pas franchement étonnée de l'omniprésence de la magie. Cela ne fait que confirmer mes propres théories et expériences sur le sujet.
Le choix de certains mots employés par contre... Faiblement ? Rémanence ? Evanescente ? A croire que c'est quelque chose de ténu qui disparait peu à peu.

Auquel cas ce serait inquiétant. Car si la la première vague en avait tiré ces conclusions en à peine quelques années cela voudrait dire que le phénomène avait une ampleur suffisante pour être observé sur un laps de temps aussi court à l'échelle du monde.

A côté de cela il y a cette histoire de concentration de magie dans certains lieux qui pique mon intérêt. Je dois dire que j'ai assez hâte d'observer ça de mes propres yeux.

Elle regrettait déjà de ne pas encore disposer de cette fameuse "vision magique" mentionnée dans les entrelacs. Il faudrait se contenter de sensations plus vagues, à moins que l'outrevision ne puisse combler la lacune.

Est-ce que vous ou certains anciens avez une idée de ce qui rend ces lieux si particuliers ? Car je suis sûre que vous avez dû vous pencher sur la question à un moment ou un autre...

Sinon, le mot "fragile" n'aurait pas été utilisé pour décrire ces lieux. Cela impliquait que par le passé certains endroits similaires avaient dû être "cassés", possiblement pendant leurs études ou une tentative maladroite de les exploiter.

La question que Perle avait posé n'avait rien d'anodin. Car ce qui existait à l'état naturel pouvait potentiellement être reproduit ou imité à moindre échelle... Si le mana pouvait être concentré sans intervention d'une volonté consciente et que les mécanismes de cette attraction de l'énergie magique étaient mieux compris, des applications pratiques en découleraient immanquablement.
D'ailleurs, il y avait fort à parier que cela avait déjà été le cas : certains objets "exotiques" circulant dans le petit monde lanyshsta pouvaient bien avoir été directement inspirés de l'étude de lieux tels que celui qu'évoquait Carmïnn.
Et si il existait déjà des objets capables d'accroître la faculté d'un lanyshsta à attirer le mana, il n'était pas inimaginable que quelques anciens aient déjà construits des choses similaires à plus grande échelle. On pouvait certainement trouver une multitude d'utilité à une chambre de concentration de mana par exemple...


Mais maintenant que nous sommes au calme et entre nous, il y a un sujet en particulier que j'attends de pouvoir aborder avec vous depuis notre dernière rencontre :

La Voix de cendres

En fait, il y en avait deux qui lui tenaient à coeur : celui-ci et la manipulation mentale. Mais Carmïnn semblait réticente à trop s'étendre sur le second. Perle supposait qu'elle aborderait bien plus volontier le premier pour commencer. Elle avait après tout déjà donné les clés de l'outrevision.

La dernière fois le chaos apporté par notre invité surprise avait coupé court à tout approfondissement mais nous avons le temps désormais : tout le temps d'un voyage en fait. J'aimerais beaucoup que vous nous parliez un peu plus de cette... "entité", de ce que vous avez découvert sur elle, ce qu'elle représente à vos yeux...
Vous comme Klem en parlez avec une certaine... révérance. Elle a clairement une grande importance à vos yeux. "Par la grâce de la Voix" sont d'ailleurs les mots que vous venez d'employer et la tournure de phrase est assez parlante.
Pourtant, mes "aînés" de la troisième vague ne semblent pas lui accorder un grand intérêt. On semble vaguement connaître son existence et à côté de cela rien d'autre. Pourquoi ?

Je l'ai personnellement touché du doigt si je puis dire.
Une fois.
Car j'ai suivi vos consignes pour "concentrer son regard" et cela a fonctionné. Mais si ce contact a évidemment suscité mon intérêt je n'ai pas pour autant l'impression d'en être beaucoup plus avancée.

Elle sembla vouloir ajouter quelque chose mais se tut.
Le flot de questions avait déjà suffisamment coulé. Il était temps de fermer les vannes pour le moment et voir où le courant la mènerait.

 
Carmïnn écoute Jade, visiblement intéressée.

Franchement, je suis impressionnée.
Je n'ai pas l'habitude, loin de là, de voyager avec d'autres personnes.
Je me suis habituée à vivre seule.
Votre proposition, Jade, me parait parfaitement cohérente, de mon humble point de vue.
Rester en arrière pour protéger le groupe me va parfaitement.

Ensuite, elle écoute Dassen. Fait la moue.
Et sourit lorsque Onä prend la parole.
Sourire qui s'efface rapidement dès que Dassen en rajoute une couche...

Perle prenant la parole, elle la laisse s'exprimer.
Mieux valait de toute façon laisser quelques secondes s'écouler.
Elle acquiesce aux propos de Perle, et son regard se fait chaleureux, comme si elle comprenait que celle-ci retenait un torrent de questions...
Puis elle toussote, faisant semblant de chercher ses mots.
Son regard se fixe sur Dassen Dorn.
Toujours chaleureux...

Dassen Dorn, je respecte votre façon d'être.
Votre façon de vouloir être haï.
Votre façon de surtout déplaire avant de prendre le risque de décevoir...

Néanmoins, il va y avoir un souci.
Si moi, je peux vous supporter, nos compagnons ne le feront pas. Pas longtemps...
Car pour voir au delà de votre apparence, il faut vouloir vous pardonner.
Ce que je fais allègrement.
Mais je ne peux accepter que vous mettiez mal à l'aise les autres ici présents.

Alors, je vous le dis simplement : si vous ne pouvez changer, partez.
Ce soir.
Car si je ressens que votre attitude, votre façade, votre parure, mettent en péril cette expédition, je laisserai les autres décider de votre sort. Sans intervenir.
Je ne doute pas de votre volonté d'aider.
Je doute de votre capacité à comprendre l'utilité de vous taire...

Un silence. Carmïnn est toujours autant détendue.

Perle, je ne peux répondre à tout comme cela, ce soir, vous vous en doutez.
J'essaierai, au fil de notre voyage, je vous le promets.
J'essaierai de vous apporter toutes les réponses que vous cherchez.

Pour l'instant, concentrons nous sur la suite immédiate.
Et prenons cela simplement, Perle.
Posez moi une question à la fois, et je vous répondrai... quand mon esprit sera serein.
Puis nous passerons à la suite, hi hi hi !

 

 
Jade accueillit les félicitations de Carmïnn avec un air légèrement dubitatif, comme un cuisinier qui, apportant un plat, se ferait féliciter sur la température idéale de cette fin de matinée.

Ce n'est pas une question de vivre seule ou non. Par bien des points de vue, je vis seule depuis plus de quinze ans.
Il suffit d'éliminer les paramètres krolannes de l'équation : quand on ne gère plus des personnes mais qu'on manipule des pions -ce qui bloque nombre de krolannes est leur incapacité à se considérer simultanément comme la main qui manipule et l'un des pions manipulés, leur envie d'en profiter pour se préserver ruinant la pureté de la modélisation- on sort du domaine de la communication pour entrer dans celui de la stratégie.
Et les raisonnements deviennent plus simples, se basant juste sur l'utilité de chacun.

Se tournant vers Barak.

Simples mais précis : pour le groupe diversion/élimination, j'ai parlé d'ajouter Yiu et Dassen - et oui, Dassen c'est notre lancier masqué, c'est du moins ce que révêlent ses traces mentales, même si son pseudonyme est étonnamment adapté, rappelant d'jeter les détritus.
Pas d'en faire des remplaçants. Si tu es assez solide pour attirer des créatures le temps que d'autres passent, tu peux le faire le temps que d'autres attaquent, ce sera plus rapide que si tu les laisse se débrouiller.

Elle se tourna à nouveau vers Carmïnn, tout en englobant le reste de l'assistance dans ses propos, Dassen excepté.

Pour le dernier cas -en s'occupant un peu de la personne qu'il y a derrière le pion- il y a peut-être une solution à deux éléments ressentis par d'autres comme des problèmes potentiels.
En sentant le départ venir, Dassen a proposé un échauffement martial. Je propose de limiter les risques tout en montant les enjeux afin de s’assurer de la motivation. Une méthode d'inclusion dans le groupe, ou de constatation de l'inadéquation avec le groupe.

Et enfin, elle se tourna vers Dassen Dorn, rivant ses yeux émeraude sur les fentes du casque.

Situation initiale : ni armes, ni magie, protections autorisées. L'essentiel de la survie vient de la posture, pour positionner les mains sur son arme, un tronc d'arbre est suffisant, comme le dit Perle, un pugilat simple façon combat de rue étant largement suffisant à priori.
Tu sors une arme, je sors les miennes. Tu uses de magie, j'utilise la mienne.
Le combat s'arrête dès que l'un des deux accepte le gage de défaite. A savoir s'occuper de la valise de Onä ou, si elle n'en voit pas l'intérêt, s'occuper de la vaisselle de tout le groupe jusqu'à la fin de l'expédition.

"Dès que". Ou, vu les mentalités en présence, "jusqu'à". Comme elle l'avait signalé, il s'agissait de voir à quel point son égo était capable d'égaler son instinct de survie. Voir de le dépasser, mais il ne fallait pas compter sur Jade pour s'arrêter et dire "houla, ça va trop loin".
Bien sûr, le jeune homme était massif, et dans un bras de fer, elle aurait sans aucun doute été à la peine. Pour paraphraser Carmïnn lors de leur première rencontre, dans un honorable combat de boxe, elle doutait de pouvoir prendre le dessus sur Dassen, à la loyale.
Elle ne voyait pas d'intérêt à se battre à la loyale.