Waouh ! Ça promet de belles aventures ! Bon, on devrait pouvoir se charger des habitants ordinaires, mais pour le titanesque gardien votre plan a intérêt à marcher et à ne pas le rendre grognon.

Vous dites que la "magie" (utilisons ce mot à défaut de mieux) se concentre parfois, en des lieux où en des personnes. Le choix de ces lieux et personnes, est-il aléatoire, objectif et explicable (et expliqué) ou le résultat d'une conscience (la voie ?) ?

Par ailleurs la magie altère et même déformé. Ce qui est touché par la magie est condamné à changer, mais s'il s'agit d'un être, garde-t-il son libre arbitre ? peut-il changer tout autant en bien qu'en mal ?


Vint ensuite la proposition de Jade.
Ok pour moi. Mon rôle me convient et la répartition des autres rôles me semble , du haut de ma haute et longue expérience, adéquat. J'imagine que ma place et donc à l'avant du reste du groupe et à portée de vue ce celui-ci. Ou vaut il mieux prendre plus d'avance pour être sûr que le troisième groupe ne soit pas ralenti ?

 
Dassen ne lâche pas Carmïnn des yeux. Il réagit sans agressivité. On le dirait même rêveur, comme si tout ça ne le concernait pas pour de vrai.

Mais c'est peut-être juste une autre apparence.

« Changer.

J'aime changer.
C'est facile.
Je suis un Lanyshta.

Mais je ne sais pas si je veux changer. Jusqu'à devenir quelque chose comme vous. C'est peut-être ce qui va se passer. On change d'avis. On mute sans le vouloir. J'ai même prévu de changer. Je l'ai décidé au moment de notre départ. Avec ce voyage, je cultive mes mutations.

Mais tu me demandes quelque chose de très spécifique. ''Sois gentil, Djet Tamère. Sois gentil avec nous. Ou on te tuera.'' C'est très simple. Je n'attends que ça. Je veux dire. Être gentil ou être tué. Mais pour atteindre la gentillesse il n'y a qu'une seule chose que vous devez faire. Une chose très banale. »

Il penche son visage vers Carmïnn, comme s'il allait lui dire un secret.

« Gagner ma confiance.

Une confiance relative parce qu'on est en guerre. Une confiance quand même. Un virgule cinq d'entre vous l'ont déjà gagnée. Il suffira peut-être que je vous regarde vivre et prendre des décisions. Pour le reste, bonne chance. Mais puisque c'est demandé si poliment. En attendant je peux quand même faire un effort : je vais faire semblant. »

Il se tourne fièrement vers l'assemblée.

« Satisfaits ? Maintenant je vous aime ! »



Il laisse passer un instant. Ensuite lui revient cette proposition de Jade.

« Ah oui. Jade. Pour toi un combat à mains nues ça réduit les risques ? »

Il doit s'imaginer avec douceur tous les membres brisés qu'il a pu observer dans une autre partie de sa vie. Puis il avale sa salive et prend un ton cordial.

« Je ne vois pas en quoi cette rixe m'intégrerait ou non dans cette équipe. La méthode ne me paraît pas pertinente. Et sur toi mon coup fétiche sera moins efficace qu'ailleurs, ce qui rend les choses bien moins drôles.

D'autre part ma confiance pour toi est de moins deux virgule trois. Ce qui exclut les parties de dispute faites dans les règles de l'art. »

Parfaitement froid, il ajoute :

« Je souhaite que ton score remonte vite. »

 
Carmïnn répond d'un hochement de tête affirmatif à la question de Barak.
Elle sait leurs noms... et elle l'a fait savoir.

Elle écoute Jade, puis d'une oreille moins attentive l'échange entre Jade et Dassen.
Quand Yiu s'exprime, elle lui sourit aimablement, et lui répond.

Les changements obérés par la "magie" sont de deux aspects.
Purement naturels, suivant des schémas à priori tracés d'avance, déterminés.
Fragiles et souvent instables.
Ou... créés, incités, provoqués.
Par la Voix, oui, en partie.
Les Lanyshstas, en tous cas, le sont tous.

Et les mutations engendrées dépendent des êtres. De ce qu'ils en font.
De ce qu'ils sont...

Puis Dassen lui répond.
Elle écoute. Fronce les sourcils. Réfléchis.
Secoue la tête, apparemment triste.
Elle lui répond, mais avec un lointain détachement...

Vous... êtes...
Bref.
Je ne vous ai pas menacé.
Je ne vous tuerai pas.
Tuer un Lanyshsta est idiot, inutile la plupart du temps.

Un temps.

Bon, sachez juste que vous avez tort d'agir ainsi.
L'apparence qu'on donne a de l'importance. Beaucoup.
C'est... du respect.

Si votre présence gêne les autres, je vous demanderai de partir.
Je ne prendrai pas le risque de vous emmener voir les Dath'ogals, s'il y a trop de dissensions dans ce groupe.
C'était l'un des buts de ce campement initial.

Voir si la synergie pouvait opérer.

Elle baille, et prend une bouteille de vin.

Il est tard.
Réfléchissez. Tous et toutes.
Demain, nous partirons.
La grotte est facile à trouver, elle est plein Sud-Est.
Grande, pleine de toiles d'araignées...

Nous y entrerons tous en même temps une fois sur place.
Le chemin à l'intérieur n'est pas simple à trouver...

Elle se lève, prête à aller dormir, si personne ne l'interrompt ou ne lui parle.

 
Il y avait un point que n'avais pas considéré Dassen lorsqu'il avait décidé de sa posture. Les nouveaux ici n'étaient ni Ona, quand elle les rejoindrait, ni Perle qui toute deux avaient été présentes au Rafiot troué. C'était lui et Barak. Et la chose était relative car si Barak n'avais jamais voyagé avec elles, il avait du moins su nouer un début de relation avec certaines d'entre elles. Il n'était plus vraiment un inconnu. Et avait participé à sauver Perle voilà moins d'une semaine.

La petite lanyshsta à la peau bleu avait étrécit les yeux à sa dernière remarque, se retenant d'y répondre : son poing aurait parlé à sa place. Et heureusement pour l'ambiance deja tendue, l'arrivée d'un rocklard et d'un racleur d'os avait rappelé qui ici dictait les regles.

Ce n'étaient pas elles. Pas lui non plus. Mais cet Extérieur dans lequel il fallait apprendre à se fondre.

Les instructions avaient été données, précises. Rien de tres surprenant. Rien qui l’inquiétait il fallait bien l'avouer. Le loup l'avait surprise par contre et il lui avait fallut quelques secondes pour se jeter sur le coté, récoltant une legere blessure, rabattant sa cape sur elle même tout en incantant. Putentraille, c'est qu'il était non seulement un roquet mais en plus un roquet fragile celui là ? Les lucioles s'envolent de ses mains et viennent se fondre en Dassen. D'autres encore lui succedent. Ses bracelets ont pris le relais sur elle même et la legere bouffée de chaleur est venue refermer sa plaie sans qu'elle n'ai à s'en préoccuper.

Le fusil d'Yloyse ne sera pas dégainé. Ce n'est pas d'une tireuse supplementaire qu'ils ont besoin. Mais qu'elle se concentre sur la phérémancie. Garder un œil sur Ona qui, valise derriere elle avait fini par les rejoindre. Le calme fini par retomber lorsque les coups de fusils raisonnerent dans la clairiere. Évidement c'était plus simple avec ces armes là...

Il fallait dire que, de son point de vue, même si les armes de Dassen et Barak faisaient leurs offices, ils restaient insuffisement préparés.

La tension retombait.
Saluer Ona qu'il était plaisant de retrouver.
Et s'occuper de préparer cet amas de viande d'une taille inattendue qu'ils venaient de recuperer.



Repus... auprès du feu... l'artisane hésita à reprendre de la volaile et renonça, tandis que Carminn prenait la parole.

Curiosité. Elle laisse échapper un souffle impressionné lorsque l'image leur parvient.

Et bien, ça en laisse des perspectives...

L'artisane, garda le silence, reflechissant à ce qui venait d'être dit. La proposition de Jade se tenait. Mais il aurait été presque vexant d'être considerée comme un membre du groupe à proteger et non protectrice si elle n'avait eut conscience de la justesse de cette considération. Elle ne pouvait se permettre de risquer d'être blessée pour le plaisir d'un peu d'adrénaline. Elle n'avait pas à faire peser sur les combattants du groupe une inquietude supplementaire et, si elle n'était pas en état de veiller à l'état de leurs deux murs, c'était la structure qui risquait de se retrouver fragiliser.
Flute alors pour son égo... Mais l'environnement où ils évolueraient ne pourraient se permettre ce genre de fantasie. Pas alors qu'elle s'était engagée à garder chacun en état... dans la mesure de ses moyens

Pas d'remarques vis à vis du placement durant le trajet. D'autant plus que ni Barak, ni Yiu ne sont du genre à faire dans la discrétion. Sauf erreurs. Et qu'au besoin je pourrait assurer une interface entre eux et le reste du groupe avec un risque moindre d'attirer vers nous les pénibles qu'ils s'occupent de nettoyer.

C'était plus pour préciser ce point aux trois concernés que pour Jade d'ailleurs... En toute logique il avait deja été pris en compte par la verte.

Ignorant totalement Dassen, elle se tourna à demi vers Ona,  :
Te gene pas, finit le. Plus de place dans l’estomac du tout...

Pensée :

Un sourire étouffé acceuillit les questions de Perle. Il manquait une chose : le carnet pour prendre des notes.
Elle ne dit mot aux déclarations de Jades et de Dassen. Il n'a rien compris. Rien à la possibilité qui lui était laissée, car tirer la valise d'Ona, ou faire la vaisselle en aurait fait un membre du groupe. Malgré lui peut être. Mais bien un des leurs. Elle songe au quasi encore adolescent qui se cache derrière le masque. Il va devoir grandir. Vieillir.

J'ai également une question Carminn... Ton premier voyage, tu avais négocié comment avec la créature ?

Les conventions voudraient peut-être que l'on reprenne un vouvoiement prudent. Mais elle préfere de loin la familiarité qui fut celle des premiers échanges. Quelques instants , elle admet cependant avec amusement...

Mais je suppose que ça peut aussi faire une histoire sympa pour un des prochains bivouacs si tu tient à aller dormir ? Ou a boire toute seule?

La lanyshsta se leve à son tour, recuperant une petite flute dans son sac. En tire quelques notes enjouées, et parfaitement justes . Puis d'autres plus calmes, plus douces, esquissant le début d'une melodie legerement lancinante

Elle ajoute pour l'ancienne seule, non sans malice.

Pensée :

Elle travaillera encore un peu cette nuit sur ces anneaux....

 
Une côte de confiance de moins 2,3 ?
C'était choquant !
Pas de se retrouver reléguée à un niveau à priori peu enviable, mais de sortir d'une échelle pure, entre 0 et 1.
Éventuellement entre 0 et 100, si on tenait à éviter les virgules, mais vu qu'il en avait, il devait utiliser une échelle bâtarde, sur 5 ou 10 maximum.
Mais surtout, le fait de partir dans les négatifs semblait à ses yeux un non-sens, une négation de l'adaptation.

Avec 1, on avait la certitude absolue, la confiance absolue. Pas que l'on remette volontiers sa vie entre les mains d'une personne valant une confiance de 1 : on pouvait avoir confiance en certains pour être des lâches vénaux et sadiques, par exemple, mais ce qui comptait, c'était la régularité.
Et 0, c'était le chaos parfait, l'entropie dans sa forme la plus pure, totalement imprévisible, quand bien même la canalisation de ces éléments imprévisibles était le plus grand art à maitriser.

Mais du coup, se retrouver en négatif... Était la marque d'une personne n'évaluant pas la confiance en un taux de probabilité d'agir de façon prévisible, mais comme une denrée commerciale qu'on échange et qu'on gagne. Il y mettait de l'affect, et donnait une note de sentiments.
C'était cela, qui pouvait la choquer, le fait de se laisser aveugler tout en donnant l'image du raisonnement.

Mais au moins cela permettait de faire progresser son propre indice de confiance de 0,4 à 0,6 environ -résultat moyen, soumis à fluctuation selon les stimuli, cas à regarder en détails au cas par cas- tout en abaissant la probabilité qu'elle le laisse en vie jusque la fin.
Pas qu'elle cherche à être appréciée -sauf utilisation particulière- mais savoir être la cible d'une inimitié pouvait avoir des conséquences négatives.
Sans compter qu'une pointe de curiosité ne pouvait s'empêcher de la titiller, se demandant jusqu'où elle était capable de descendre dans cette étrange échelle.

Nous y entrerons en même temps... mais s'il y aura assez de questions pour finir la soirée sans que je développe les miennes, elles nécessiteront une réponse avant l'entrée.

Bon, à quelques explications nécessaires près, l'ordre de marche était accepté, l'avis de Dassen étant plus une posture qu'une opposition argumentée. Une dernière précision pour Yiu et Yloyse, et elles pouvaient s'y mettre.

La meilleure position du second groupe vis à vis du troisième est "le plus près possible tout en restant assez en avance pour que la vitesse du troisième groupe ne s'en trouve pas diminuée", une partie de la sécurité venant du fait de se déplacer -pour la partie visible de notre groupe- le plus vite et le plus groupé possible.
Ce ne sera pas facile de prendre ses marques vu la grande hétérogénéité, ce ne sera donc pas parfait, mais le tout est de savoir limiter ces imperfections.

Pour les dangers de classe 1, la meilleure position est juste en avant de colonne, à portée de voix du troisième groupe. Pour les classe 2, il faut prendre assez d'avance pour que le travail d'élimination soit terminé quand le troisième groupe arrive à portée de voix.

Celui-ci doit avancer le mieux possible, idéalement à marche relativement rapide, mais sans courir afin de garder une marge de progression si nécessaire. Pour le groupe 2, ce sera un peu plus physique, vu la nécessité de faire des mouvements d'accordéon à l'avant. Un peu de soutien magique discret peut effectivement les aider, tant en combat que pour tenir le rythme de course.

Un regard dehors, dans les ténèbres qui s'amoncellent, comme si elle voyait déjà la route qu'elle emprunterait.

Départ du troisième groupe demain à l'aube. Je serais partie depuis environ deux heures. J'enverrais les repérages réalisés et les classifications dès l'aube, afin que les membres du deuxième groupe puissent choisir les dangers de classe 2 qu'ils souhaitent éliminer pour s'entrainer et ceux qu'ils préfèrent éviter pour ne pas trop se ralentir.

 
La réponse de Carmïnn était à la fois rassurante (elle lui avait promis des réponses) et frustrante (sur le coup elle n'avait répondu à aucune de ses questions même si celle de Yiu avait trouvé grâce à ses yeux).
Enfin...
Un peu de patience supplémentaire ne la tuerait pas.

Très bien. Une question à la fois. C'est honnête.
Elle eut un petit rire.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte à quel point c'est assez peu naturel pour une kil'darienne. Nous avons tendance à tout tourner à l'interrogatif. C'est notre façon d'aborder le monde. C'est particulièrement vrai au sein des conseils.
Mais je me ferai violence.

Et comme l'ancienne se retirait.

Bonne nuit dans ce cas Carmïnn.
Et préparez vos réponses pour demain, ajouta-t-elle avec un sourire espiègle. Car mes trois prochaines questions seront "Bonjour, bien dormi ?", "Qu'y a-t-il au petit déjeuner" et enfin "Que pouvez-vous nous apprendre sur la Voix de cendre ?".

Son attention se reporta ensuite sur l'amusante interaction Jade-Dassen.
Le système de "cote de confiance" de Dassen lui avait arraché un sourire. Très vraisemblablement, ces chiffres étaient purement fantaisistes. Ils n'avaient été lâchés que pour singer et moquer la manière mathématique et statisticienne qu'employait Jade pour classer le monde.
Oh, il y avait certainement une réalité derrière ces affirmations. A savoir que Dassen se méfiait de Jade et n'avait que peu confiance en le reste du groupe. Mais au delà de ça elle doutait que le jeune homme ait réellement mis au point un système d'évaluation et de notation objectif avec des critères précis. Il était à priori plus du genre à s'en remettre à ses impressions, au subjectif.

Elle s'amusa à se lancer dans quelques hypothèses sur la vision du lanyshsta sur leur groupe.
A qui se référaient les "un virgule cinq" personnes en qui Dassen aurait confiance ? Une personne et une autre qui commençait à obtenir grâce à ses yeux ? Mais puisqu'il résonnait en "fractions de confiance" peut-être la distribution était-elle plus complexe ? Trois personnes pouvaient se voir attribuer trois quarts, un demi et un quart par exemple.
Barak et lui se connaissaient déjà et il n'y avait pas eu de friction entre eux. Il avait sans doute dû hériter d'une partie de la confiance mentionnée.
Ce dernier mis à part, du reste du groupe elle était elle-même celle qui avait dû se montrer la moins antagoniste à son égard. Cela signifiait-il qu'elle avait "gagné" un peu de "confiance dassendornienne" ? Si c'était le cas tant mieux. C'était après tout l'objectif.
Elle n'aimait guère l'attitude et les manières du jeune homme mais il était parfaitement inutile -nuisible même- qu'il le sache. En restant sympathique et en mettant volontairement en avant sa faiblesse et son besoin de protection, elle maximisait les chances que Dassen lui vienne en aide quand le besoin s'en ferait sentir.
Après tout quel meilleur moyen de prouver sa force et sa valeur pour un jeune homme à peine sorti de l'adolescence que de voler au secours d'une demoiselle en détresse ? Quelle meilleure façon pour faire naître l'admiration et la reconnaissance dans le regard d'autrui ? Des choses dont on était souvent à la recherche à cet âge.
Dans le cas idéal, le jeune homme tomberait sans s'en rendre compte dans le bon vieux stéréotype du "chevalier servant" protégeant la frêle "lady". Ces histoires originaires du kil'dé et fleurant bon le conte de fées étaient très populaires parmi les enfants. Si bien qu'elles avaient dans une certaine mesure pris racine dans l'inconscient collectif. Autant mettre à profit ces agaçants archétypes si cela était possible.
Et au pire, l'ambiance au sein du groupe ne pourrait être qu'assainie par un peu de diplomatie dans les propos.

Elle camoufla un baîllement de sa main et s'étira.

La journée fut éprouvante. Je vais suivre l'exemple de Carmïnn et profiter de l'hospitalité de sa tente. C'est sans doute la dernière fois avant un certain temps que nous pourrons profiter d'un tel confort.

Djet, avant le petit intermède guerrier avec nos divers invités surprises vous vous étiez proposé pour prendre le premier quart de garde si je ne m'abuse. Si vous êtes toujours volontaire et d'attaque après vos efforts, mes remerciements. Lorsque vous serez fatigué, venez me réveiller et je prendrai le relais.

Sur ce, je vous souhaite à tous une bonne nuit.

Et la pâle lanyshsta joignit le geste à la parole, rassemblant ses affaires et s'éloignant vers la tente.

 

 
La nuit s'était déroulée sans heurt pour Jade, à plus forte raison parce qu'elle avait considéré que le plus efficace n'était pas de s'inclure dans le déroulé des tours de garde, de s'intégrer à la vie du campement, mais à considérer que pour ce soir elle occupait un campement indépendant, n'ayant pour seul lien avec le reste de l'expédition que leur coexistence géographique.

Et du coup c'est sans un bruit qu'elle s'était levée, préparée, et éclipsée à l'heure prévue -prévue par elle, à savoir une heure avant l'heure annoncée, d'ailleurs, c'était toujours mieux de ne pas laisser d'interférences inutiles naitre.

Elle avait de fait eu le temps de repérer le chemin, mais aussi les chemins alternatifs, explorer un peu la zone, et décider que, si on excluait la dangerosité de la magie de la grotte, leur destination était sans doute la plus sûre de toute la zone.

Du coup elle avait pu revenir se poster sur un promontoire avant que le reste de la troupe ne s'ébranle, pouvant voir -à défaut d'atteindre, les balles étant malheureusement soumises à la gravité- plus des deux tiers du trajet d'un seul point.

Devant l'envie de certains d'en découdre, elle les avait averti de se mettre en route un peu plus tôt, mais tout le monde pouvait désormais être averti.
Et c'est ainsi, qu'à l'heure où on échange habituellement des "prêt ? Bien dormi ?" et autres questions inutiles, le reste de l'expédition reçu son rapport.

Trajet repéré. Le plus court est également le plus praticable et le moins dangereux.
Aucun danger classe trois repéré sur le trajet sélectionné, un classe deux et une accumulation de classe 1 valant pour 2 éliminés. D'où suite du trajet :

Descendre vers le sud-est, jusqu'à un passage à gué, type pont écroulé.
Attention, pierres glissantes, et turbulences fortes visibles en dessous : ne pas le considérer comme un pont.
De toutes façons, pour le groupe 3, ne pas l'emprunter tout de suite, laisser passer le groupe 2 -Barak et Dassen sur place, d'ailleurs.
De là, arrivée sur un ilot central qui contient quelques ruines, mais aussi un sanglier et un yloataku -préfèrent visiblement les plantes sur terrain très humide, à laisser brouter. Mais la priorité est un Rocklard, qui tournoie au sud : lui est trop pénible pour le laisser attaquer pendant le passage sur le pont. C'est le travail pour le groupe 2.
Dès que le rocklard est éliminé, passer l'information au groupe 3, qui pourra alors traverser le pont effondré.

A partir de là, deux possibilités de rejoindre l'objectif : gué au sud, et gué à l'est. Celui à l'est est à privilégier : plus court, plus stable, plus proche de la caverne, et aboutissant tout près de la tanière d'un loup qui ne pose plus de problème. Même s'il n'a jamais été construit, il est plus aisé à emprunter que le pont -pour marcher, pas pour faire rouler une valise, par contre.
Le seul besoin est d'occuper le porc et le yloataku sur l’ilot central, histoire de pouvoir laisser passer le groupe 3 en paix.

A l'arrivée du gué, berge étroite, il suffit d'aller au sud, la caverne est là.
L'unique danger possible est que les cris du Rocklard attirent des prédateurs curieux. La berge est étant étroite, il y a peu de chance qu'ils viennent flâner là en groupe, mais la manœuvrabilité serait alors problématique. Dès l'élimination du Rocklard par le groupe 2 réalisée, j'irais donc sur la berge.

Mais en conclusion, pour le groupe 3 : Sud-est, puis pont à l'est, puis gué à l'est, et la grotte est visible au sud. Vous devriez pouvoir vous mettre en route tout de suite, le groupe diversion/extermination ne devrait pas être trop long.

 
La réponse de Dassen Dorn avait arraché un rire franc à Onä.
Dire à une handicapée, habituée à subir quotidiennement le regard ou la condescendance des autres, de mettre de côté son égo, avait quelque chose de parfaitement absurde et ironique, surtout venant de la part d'un jeune roquet qui passait chaque instant à bomber du torse.
Ça aurait presque pu être une bonne blague, dans un contexte un peu moins tendu...
Elle décida de ne pas répondre à sa provocation suivante, et écouta la suite des discussions en rongeant son morceau de mégapoulet.

Le sujet de la Voix de Cendres évoqué par Perle éveilla chez elle une attention plus particulière, sans doute car c'était pour elle beaucoup plus concret, depuis son expérience au bar, que le reste des sujets qui questionnaient ses compagnes.
Elle aussi serait attentive aux réponses ou explications de Carmïnn, lorsqu'elles viendraient.

La réponse, encore provocante, de Dassen Dorn aux interventions de Carmïnn et Jade à son sujet finirent de lui couper l'appétit. Et l'envie de voyager.
Car oui, cette expédition s'annonçait au final beaucoup moins palpitante que prévue, avec la perspective de voyager avec ce triste individu.
Et également la perspective de se faire aussi souvent rappeler son handicap et son statut de poids du groupe. Car même avec de meilleures intentions, les autres remarques finissaient, à force, par devenir un peu pesantes.

Tu peux, répondit-elle malgré tout aimablement à Yloyse lorsque celle-ci lui envoya une pensée.
Même si je ne comprends pas vraiment pourquoi tout le monde se focalise à ce point sur ma valise... Elle n'est pas plus grosse ou plus lourde -et même beaucoup moins- que certains autres paquetages, j'y ai confectionné deux sangles pour la porter au dos lorsque le terrain ne se prêtera pas aux roues...
Bref, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat, hein !

Ironiquement, elle commençait à se dire que si elle s'était contentée d'un sac de voyage classique et avait simplement marché plus lentement et avec une claudication un peu plus prononcée, personne n'y aurait rien trouvé à redire !

Il était encore temps de rebrousser chemin sans danger, et de rejoindre son atelier solitaire et sa routine tranquille, songea-t-elle.
La nuit portait conseil, disait-on, aussi souhaita-t-elle également une bonne nuit à ses compagnons d'une vague signe de tête, alla s'installer dans un coin libre de la tente, et s'endormit rapidement.

 
Carmïnn écoute Yloyse, et fait un simple "non" de la tête à sa question.
Elle semble gênée, comme si elle se refusait à trop en dire d'un coup.
Comme si...

Puis elle sourit, et écoute la mélodie, intéressée.
Elle a véritablement l'air d'apprécier, et fait un clin d’œil sibyllin à la musicienne.

Puis elle écoute Jade, hochant la tête avec sérieux.
Avant d'entrer, oui des réponses seront nécessaires.
Mais d'abord, il fallait aborder la grotte, savoir comment les choses avaient évolué depuis le temps...

Pour Perle, elle lui promet de lui répondre.
La Voix de cendre.
Qu'allait-elle pouvoir leur dire ?
Pas grand chose, si ce n'est d'autres questionnements.
Car s'il y avait bien un sujet qui restait un mystère, c'était cela.
Mais oui, Carmïnn en savait plus que ces nouveaux Lanyshstas, pourtant pour certains déjà très évolués.
Trop, peut être. Trop vite...

Au départ d'Onä, elle tique.
La jeune femme parait déprimée. Logique avec tout ce qu'elle entendait.
Les autres oubliaient deux données importantes.
Onä était vibrante de vie et Carmïnn tenait à l'avoir à ses côtés.
Onä était une Lanyshsta...

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Le lendemain matin, Carmïnn se réveille en forme, et répond en ce sens à Perle.
Pour le petit déjeuner, elle se contente de farfouiller dans les réserves de la tente, les présentant à la jeune femme.
Ensuite, elle s'installe, et s'exprime d'une voix claire, pouvant être entendue de tout un chacun qui voudrait écouter.

Perle...
La Voix de cendre, vous le savez déjà, est à l'origine du phénomène Lanyshsta.
Elle le provoque. Elle l'engendre.
C'est le seul vecteur commun entre nous tous, ce rêve que nous avons fait.
Jamais il ne diffère.
La Voix de cendre est en nous.
Elle est dispersée, ou unique, peu importe.
Mais elle est notre âme, si vous voulez...

La première vague n'est pas si vieille.
En terme temporel.
Mais... certains d'entre nous ont réussi à franchir certaines barrières grâce à la Voix.
Ils ont réussi à apprendre. A voyager concrètement dans leurs songes.
En terme de puissance brute, Jade par exemple n'est pas beaucoup moins "forte" que moi.
En terme de puissance intime, de réalisation de soi, je suis à un autre stade.
J'ai subi des mutations.
Je connais un autre type de magie.
Je possède certaines capacités qui ont toutes malheureusement leurs contreparties...

Beaucoup d'entre nous ont voulu évolué vite.
Trop vite.
Ils ont disparu. La Voix de cendre les a abandonné.
Car oui, elle est en nous.
Mais elle peut nous quitter...

Pour la deuxième vague, ils ont voulu exploiter la Voix de cendre, suite à nos échanges avec eux.
Nous étions plutôt nombreux de la première vague, encore à cette époque.
Ils ont évolué différemment, exploitant d'autres pans de nos capacités.
Une autre forme de magie.
Puis ils se sont détournés de la Voix, qui bizarrement ne les a pas abandonnés, eux...

Nous avons eu le sentiment d'être trahis.
Surtout quand la deuxième vague a commencé à nous abattre. Définitivement...
Nous ne sommes plus que quelques uns de la première vague.
Et nous avons tous une grande incompréhension des choix de la Voix.
Nous la respectons.
Nous nous savons être des élus.

Mais il est difficile de comprendre que les fous de la deuxième vague le soient aussi...

Puis elle se tait. Affectée.
Ou ne répond plus qu'en répétant différemment les mêmes choses.
Elle ne rentre pas dans les détails. Ne le souhaite pas...

Plus tard, la troupe se met en route.
La progression est rapide.
Carmïnn, une fois l'île centrale en vue, envoie une pensée à tous et toutes.

Pensée :

 


Pensée :

 
Dassen a sagement pris son tour de garde. Quelques heures plus tard il a discrètement réveillé Perle, sans un mot, et s'est trouvé une place dans la tente. Malheureusement son sommeil a été silencieux, sans ronflements ni cris nocturnes. Il a par contre eut tendance à se blottir inconsciemment contre ses voisins. Ce qui n'a peut-être pas duré longtemps les fois où ils s'en sont rendus compte.

Il se lève très tôt, après cette courte nuit. Il descend à la rivière, il fait attention à ne pas être suivi. Et pour la première fois depuis leur départ, Dassen enlève son masque. Il frotte le sang qui tâche le morceau de bois. Il se désaltère, nettoie son visage et se regarde un instant dans l'eau qu'il retient entre ses mains. Puis il se retient à peine de rire. Il rit de son apparence, de ses cicatrices. Mais que pense t-il vraiment de lui-même ? Se moque t-il simplement de sa laideur ? À ce rythme il ne lui faudra effectivement qu'une ou deux années de plus pour être réellement défiguré. Cependant, ce n'est pas tout à fait ce que raconte sa voix.

Son rire est bref, il ne s'attarde pas.

Après une rapide toilette Dassen remet son masque et part se promener sur la route qui mène aux Dath'ogals. À la fois attentif et nonchalant.

Quelques animaux énervés traînent ici et là. Il ne cherche pas à les approcher.



Il revient au campement un peu plus tard. Il participe silencieusement aux tâches communes jusqu'à ce moment où Carmïnn leur parle de la voix de Cendre et de la manière dont elle peut abandonner, ou être détournée. Assis en tailleur devant les restes du feu, il reste un instant pensif. Son masque le rend encore plus opaque que d'ordinaire. Puis soudain il passe à autre chose. Le dos droit, digne, il s'adresse un instant aux Lanyshtas.

« Je veux m'excuser pour certaines choses que j'ai dites hier soir. J'ai été volontairement provoquant envers l'ensemble de ce groupe. Alors que seule Jade est concernée.

Je me fiche que vous soyez des hommes ou des femmes. Les deux plus faibles de ce groupe sont des dames. D'où mes formulations douteuses. Mais je suis sûr qu'elles ont d'autres compétences. Précieuses pour cette expédition. »

C'était bref. Il s'arrête là. Il dévisage les membres de ce groupe avec un air de défi qu'il ne parvient pas à refouler. Mais il ne souhaite pas reprendre cette discussion. On le voit à son attitude. Très vite il se lève, lance en main.

« Ceux de la diversion. Je vais repérer le terrain et me positionner. J'attendrais qu'on soit tous prêts pour commencer le boulot. »


Les événements s'enchaînent tranquillement. La région est relativement calme et il n'y a qu'une rivière à traverser pour atteindre leur destination. Il finit par croiser Jade et Barak en train de s'amuser avec un loup attiré loin de ses montagnes. Il excite lui-même un Rocklard qui rôdait autour de la grotte. Dassen commence par chercher à éviter le combat. Les autres allaient bientôt arriver, ce qui devait le pousser à prendre position pour sécuriser le gué de la rivière. Mais l'animal s'est envolé et l'a immédiatement pris en chasse. Dassen n'a pas cherché à aller plus loin. Les pieds solidement ancrés dans le sol il a laissé le prédateur venir à lui en contactant rapidement le groupe de diversion.

Pensée :

Aussitôt agressé l'oiseau descend rapidement au sol, ce qui donne l'avantage à Dassen. Mais les cris de l'animal réveillent la faune de l'îlot au milieu de la rivière. Un Ylotaku le charge. Un porc s'épuise à le menacer. Et Dassen rit, entouré par tous ces animaux affamés ou apeurés.

Il rit un peu moins à la réponse de Barak, à portée de vue sur l'autre rive. Malgré l'appel de Dassen, le combattant attend l'aval des autres pour agir. Et probablement celui de Jade en particulier. Une attitude étonnante pour une situation aussi simple. Certains indices donnent à supposer que la confiance ou le respect qu'il porte à Dassen est plus bas qu'il ne l'a montré. Alors dans un moment de répit entre deux esquives, Dassen commence à compter sur ses doigts…

Rapidement Yiu arrive sur les lieux et achève l'animal. L'oeil appréciateur face à son jeu d'épée Dassen l'accueille d'un léger sourire. Derrière elle arrivent Yloyse, puis Carmïnn, suivie par le reste du groupe. En quelques coups de feu les animaux les plus agressifs sont dispersés. Dassen ne s'attarde pas. Jade et Barak sont devant la grotte et un autre combat vient de commencer.

Barak est déjà au front. Les araignées se pressent pour sortir de la grotte. Gigantesques. Étranges. Dassen se positionne derrière lui et les attaque de loin avec sa lance.

« J'adore les araignées ! J'en faisais des élevages dans les Dessous, lorsque que j'étais enfant. »

Elles tombent, l'une après l'autre. Résistantes, insensibles, mais pour l'instant peu menaçantes. La grotte est large et obscure, impossible de voir combien il en reste ou si d'autres surprises attendent leur tour pour se montrer.
Les combattants risquent de se fatiguer. Au moins les tiennent-ils à distance. Si elles sortaient d'un coup et entouraient le groupe, ils seraient peut-être contraints de se replier sur l'îlot. À moins que ces créatures ne puissent pas s'éloigner de l'entrée de cette grotte...

Pensée :

Il a bien raison, qu'importe ! C'est toujours beaucoup plus amusant de les écrabouiller. Et les balles qui traversent leur caboche dans des jets d'éclaboussures verdâtres. C'est vraiment joli.

 
Tandis que le groupe progresse, les Arachs cessent de sortir du trou.
L'une d'elles, la dernière, rentre même précipitamment à l'intérieur...

Le passage est clairement accessible, entre les toiles poisseuses.
Mais...
Plus bas, on entrevoit quelques autres Arachs, peu nombreuses certes.
Puis des yeux plus nombreux. Plus gros. Plus... intelligents ?

La grotte est alambiquée.
Parsemée de trous et de toiles, dans les murs, dans les plafonds.
On peut y voir de multiples passages.
Elles peuvent sortir... de n'importe où.

A observer vers le bas, on en voit peu.
Mais sont elles effectivement quelques unes ?
Ou une myriade...

Pour l'instant, les protagonistes de cette expédition ne sont pas entrés...

 
Jade aurait pu attendre patiemment à son premier poste. Mais alors que la précision de Carmïnn intervient, son attention se reporte là-bas, sur la grotte.
Elle a repéré le trajet jusque là-bas, ainsi qu'il est prévu. Mais qu'on parle de sentinelles à éliminer, et déjà, la situation évolue : les sentinelles ne sont pas des éléments ponctuels, mais des éléments générant une zone de contrôle.
Zone de contrôle empiétant sur l'extérieur de la grotte. Et donc sur le trajet à sécuriser.
Elle doit retourner là-bas...

Et plusieurs minutes plus tard, elle réévalue télépathiquement les objectifs.

Alors que la voix mentale était jusqu'à maintenant restée particulièrement calme, on sent ici comme l'équivalent mental d'une mâchoire crispée.

Pensée :

Et les suicidaires s'étaient mis en route, les deux mâles en ayant terminé avec le Rocklard. Au moins la mort de celui-ci n'avait pas eu l'air d'attirer d'autres prédateurs. Parfait.

Les sentinelles... Des araignées monstrueuses, par rapport aux standards urbains, mais devant peser moins lourd qu'un krolanne. Leur chitine restait moins solide qu'un harnois, et leurs pattes moins acérées qu'une rapière. Mais ça n'en restait pas moins des créatures dangereuses, sans compter le venin, qui était toujours du genre "vilaine complication" avec ces créatures, quand bien même les venins les plus puissants étaient surtout l'apanage des plus fragiles et des plus petites.

Pensée :

Le temps qu'ils arrivent, elle avait déjà trouvé le bon point par où tirer, réajustant même ses projectiles dans un nouveau chargeur afin de mixer les balles. Elle répéta dans sa tête l'enchainement, puis passa à l’exécution.
Première, une tête plate, en pleine tête. Inutile d'espérer crever les huit yeux d'un coup, et le cerveau était à une position incertaine. Le fort choc dans les parties sensorielles allait par contre la tétaniser un court instant, tout en rejetant la partie avant sur l'arrière.
Dégageant du coup le thorax pour la seconde balle, tête fine, limée. Là aussi inutile d'espérer réduire à néant la mobilité, mais en visant selon un angle suffisamment agressif pour éviter que la balle ne soit déviée, elle allait percer la carapace, et tournoyer un peu, rendant inopérantes deux, peut-être trois pattes.
Et surtout, enclencher un réflexe de défense, de déplacement, perturbé par les pattes endommagées à leur base sans que l'information soit encore bien assimilée et compensée. Un repositionnement maladroit, lié à une rotation, exposant le flanc de l'abdomen...
... pour la tête creuse, destinée à causer un maximum de dommages dans la seule partie de la bête où elle pourrait librement s'étendre.

L'Arach tressauta, mais s'immobilisa rapidement. Propre, rapide, efficace.
Les deux autres présentes se dressèrent sur leurs quatre pattes arrières, en attitude de défi face à un danger qu'elles n'avaient pas pu estimer.
Mais une autre sortait déjà, inspectant le cadavre de sa congénère.

Les deux mâles arrivèrent, et foncèrent. Bon, elle allait devoir changer de position, la forme ramassée des créatures et la vivacité de leurs gestes empêchant de tirer dans la mêlée.

***

Le combat avait été rapide, les Arachs faisant preuve d'une forme d'intelligence en ne s'obstinant pas à maintenir une tactique invivable, elles se regroupaient dans un endroit plus adéquat à leurs propres capacités.

Combien vivaient là dessous ? Sans doute trop pour que ce soit considéré comme une bonne nouvelle.
Tandis que les mâles nettoyaient leurs armes, Jade s'avança vers l'ouverture de la grotte.

"Nous entrerons tous ensembles". D'accord. Mais de même qu'on pouvait discuter sur la forme d'intelligence, ou pouvait débattre de la définition d'une entrée. Si on commençait à empiéter sur le projeté orthogonal de la voute sur le sol ? Si on le dépassait ? Si on était encore complètement/partiellement dans la lumière ? Si on continuait à voir la lumière ?
Et si "ensemble" ne désignait pas un groupe se tenant par la main, quelle latitude tolérer dans la prise d'avance ?

Bref, dans la plus grande tradition du "fait ce que je dis, pas ce que je fais", contournant les mâles tout en étant encore sous couvert d'invisibilité, Jade s'octroyait plus de libertés qu'elle n'en aurait toléré de la part d'autrui.
Dans ces conditions, ses lames de poignets risquaient d'être plus utiles que son fusil de précision.

Pensée :

Pour l'instant, il lui fallait s'adapter à ce nouvel environnement, ce qu'elle en voyait étant pour le moins... Instructif.
Si elle savait pouvoir compter sur sa discrétion en milieu urbain et, dans une moindre mesure, en terrain ouvert, elle ne savait pas comment les Arachs repéraient leurs proies.
Images ou sons n'étaient pas un problème. Odeur ou chaleur étaient plus délicats à masquer, mais elle connaissait quelques astuces.
Qu'elles captent la moindre vibration sur des fils, ou qu'elles sentent la magie, et ce serait pour le moins... problématique.
Sans compter qu'à partir du moment où elles avaient montré assez d'intelligence pour battre en retraite, on pouvait estimer qu'elles en aurait pour ne pas attaquer sitôt une proie repérée.
Aptitude aux embuscades.
Super.
Pour le moment, sur le point d'entrer, si on raisonnait en terme de mauvaise foi, et à peine rentrée, si on réfléchissait de façon plus conventionnelle, Jade attendait, regardant devant tout en faisant attention derrière.
Le -plus vraisemblable que la- premier qui passerait sa position sans qu'on ait décidé d'entrer en groupe, risquait d'être poignardé par des crocs d'acier plus violents que ce que les Arachs de l'entrée n'avaient laissé voir...

 

Plus le temps passait, plus cela semblait gratuit. Tellement gratuit qu'il pouvait désormais paraître possible que cela ne soit qu'une posture. Elle l'espérait, car tout cela commençait à la fatiguer. Elle préféra donc se taire, l'homme au masque finirait bien par se lasser de ses fanfaronnades
et il serait alors possible de se faire une idée sinon meilleure du moins plus précise du personnage. Ce qui permettrait sans doute de découvrir ces qualités, pour le moment, bien cachées.

En attendant, il lui donnait aucune raison de s'interposer dans un combat entre lui et Jade, d'autant que celui qu'elle proposait n'était pas un combat à mort. Pour le moment du moins.
La verte avait un grand avantage sur Dassen à ces yeux : on savait à quoi s'attendre (non pas que toutes ces actions soient prévisibles mais plutôt qu'aucune ne fut gratuitement irrationnelle). Et elle ne tuerait pas l'agaçant provocateur sans raisons. C'est ce que Dassen n'avait pas compris et c'est aussi la raison, cette terrible efficacité qui l'avait fait se ranger à l'avis de Jade. Elle savait que sa proposition était la meilleure. Et aussi qu'à sa façon elle cherchait le meilleur pour la troisième vague.


Ainsi la magie n'est pas que le fruit du hasard. Plusieurs fois, elle avait été provoquée. De nombreuses fois, peut-être même. C'est ce que laissé entendre Carmïnn.


Cela soulevait plein d'autres questions. La forgeronne se demandait s'il existait des filons de fer, de vanadium et autres merveilles métallurgiques touchées par cette magie et qui permettrait de faire des lames comme on n'en avait jamais vue. Mais aussi si l'exploitation de telles zones, tout comme la forge de telles armes ou leur utilisation n'aurait pas un prix à payer. Mais ces questions pourraient attendre, elle n'était pas seule et les questions posées par Perle l’intéressaient, mais si elles ne concernaient pas sa forge chérie.






Elle tenait sa parole.: le lendemain, elle avait répondu à une première question du merle.
Elle se perd dans ces pensées et marmonne à voix basse :

Avant d'ajouter d'une voix plus audible :


Puis le groupe se mit en branle. La section 1 - Jade - parti en reconnaissance. Puis la section 2. Comme prévu, elle laissa Barak partir en avance. Elle laissa ensuite de l'espace à Dassen : cela lui assurerait un calme certain, ce qui lui manquait le plus depuis le départ de l'expédition. Et l'homme pourrait ainsi faire ces preuves en paix.
Quelques instants plus tard, les premières bestioles à éliminer firent leur apparition. Si Dassen semblait attaché à attirer leur attention, évitant qu'elle ne tourne vers d'autres cibles, il semblait peu pressé d'en finir. Il était temps pour Yiu de rentrer dans la danse. Après tout, elle n'avait pas encore fait ses preuves aux yeux des nouveaux venus, ce qui n'avaient pas été présents à la taverne. Il était temps d'y remédier.
En quelques foulées, la jeune femme avait rejoint Dassen et le poulet géant tout en dégainant son épée. Sa cible l'ayant vue arriver - comme Yloyse l'avait rappelé, la discrétion n'était pas sa spécialité - et l'animal tenta de la planter d'un coup de bec qu'elle esquiva facilement. Elle profita de cette vaine attaque pour contre-attaquer d'un coup à la nuque rendue accessible par ce coup de bec dans l'air. Quelques passes d'armes plus tard, la bête n'était plus et Yiu n'était qu'écorchait.
Sur un ton parfaitement neutre elle s'adresse à son compagnon au masque :
Pensée :
Elle ajoute finalement :
Au passage, nul ne te demande de nous aimer. L'amour c'est surfait. Mais juste de nous estimer suffisamment et d'être suffisamment estimer pour que l'on puisse continuer notre route en concentrant nos efforts sur les menaces extérieures au groupe plutôt que d'en créer au sein du groupe. Quant à la confiance ... Il s'agit d'en trouver une minime, pas d'être prêt à risquer aveuglément sa vie mais juste de pouvoir s'organiser avec un minimum d'efficacité et surtout sans perdre de temps lorsque cela est nécessaire.


La forgeronne leur adressa sobrement une simple observation :

Alors que le groupe se rassemblait et qu'il n'allait pas manquer de disserter sur la marche à suivre, Yiu se plaça en queue veillant à ce qu'aucune créature ne les attaque à revers.
Elle adressa alors la parole à Ona, entamant une conversation dans son coin espérant ainsi éviter de long débats sur la marche à suivre pour la suite (elle avait déjà décidait qu'entre le talent tactique de Jade et l'expérience de Carmïnn une solution acceptable serait bien trouvée, une fois l'ego de chacun mis de côté) :

 


Pensée :


Pensée :

 

Pensée :

 
Si Dassen n'avait pas confiance en elle, Jade avait, quant à elle, pleinement confiance en Dassen.

Pas pour lui tourner le dos, non, mais plutôt pour transgresser les instructions, foncer dans le tas, montrer les muscles et, au final, entrer dans la grotte alors qu'ils n'étaient pas sensés le faire.
Tapie dans l'ombre, près de l'entrée, elle ne s'était pas tant retournée pour clairement identifier la personne que pour viser soigneusement un endroit douloureux mais non mortel.
Cette fois-ci.

Quoiqu'il en soit il n'y eu qu'un très léger bruit, tandis qu'elle lui chuchotait dans l'oreille.

On entre "tous ensemble". Donc tu remontes. Tout de suite.

Le retrait de la lame des chairs du krolanne fut un poil plus douloureux, tandis qu'elle s'éloignait hors de portée d'une réplique instinctive.

Hey, ça va pas ?! Fallait prévenir que tu voulais entrer ! Maintenant que j'y suis autant y rester non ? Faut bien dégager l'entrée.

Mais heureusement pour lui, il reculait déjà prudemment vers l'entrée, rendant un second coup inutile.

On entre tous ensemble.
Et on a des réponses aux questions avant de rentrer.
Je veux mes réponses.
Conclusion : je ne veux pas entrer, mais je veux éviter que d'autres rentrent.
Alors je surveille, et je dissuade.
Tout ceux qui arrivent à portée de lame sont trop près.

Il pouvait bien continuer de râler, cela n'avait pas d'importance. Elle gardait l'accès.
Mais tandis que Barak descendait à son tour, sans doute avec les meilleures intentions, elle compris vite qu'il allait devenir fatiguant de devoir planter tout le monde en guise de comité d'accueil.
C'est pourquoi, alors même que sa lame perçait le flanc de Barak -malheureusement pour lui, pas dans le gras, n'en ayant pas assez- elle ne lui donna pas son avertissement de vive voix, mais le communiqua par télépathie à tout le monde.

Pensée :

 


Pensée :

 
« Rhaaaaaa ! Wouaaaaaa ! Ghaaaaaa ! »

Quelle raclée ! Elles plient toutes devant Dassen Dorn, terrifiées par la taille de sa lance, horrifiées à la vue de tout ces corps mutilés, tétanisées par la puissance de ses bras et par la virtuosité de ses esquives ! Les araignées démembrées s'entassent devant l'entrée de la grotte, presque à l'en boucher. Mais Dassen est infatigable. La tête haute, le bras leste, il écarte son frère d'arme de son chemin et lui dit :

"Ne crains rien. Je leur ai appris la peur. Je vais maintenant leur apprendre leur désespoir."

Il saute sur le tas de cadavre et il perçoit en contrebas cette paire de yeux rouges, multiples et stupides.

« RHAAAAA ! »

La forme tressaille, les yeux s'écarquillent et comme obéissant à un ordre aveugle et irrésistible, elle s'enfuit ! Alors Dassen se dresse de toute sa hauteur. Son corps s'embrase, galvanisé par une sorcellerie qui émerge avec fluidité de chaque pore sa peau. Son cri terrible résonne dans la caverne et poursuit le couard. Elle fait vibrer ses tympans autant qu'elle fait vibrer son esprit.

« Ne retournes pas dans ton trou ! Viens ici que je t’écrabouille ! »

La menace spirituelle et impérieuse ne fait qu'accélérer la course du scélérat. Transcendé par sa soif de… de justice, le jeune guerrier s'élance à sa poursuite. Conscient de ses capacités, confiant et donc insensible à la peur, il s'enfonce rapidement dans ce boyau sombre et humide que d'autres auraient évités avec honte ! Car le simple fait de s'imaginer dans cet endroit leur ferait se souiller le pantalon.

En un instant Dassen atteint le bout de la pente. Il ralenti prudemment car l'araignée est déjà loin. Il commence à penser à quelque chose. Il commence à se tendre vers une certaine éclaireuse, peut-être pour lui demander de faire son travail. C'est alors qu'il s'arrête, à seulement deux pas de l'entrée. Il marmonne quelque chose. Une sorte de « Autant attendre les autres. Elles réagissent pas normalement. » Il allait s'asseoir pour boire un coup, mais soudain ses yeux se plissent. Il voit une ombre là-bas, assez loin, au même niveau que les araignées qui se replient sans encore oser l'attaquer. Cette ombre est humaine. Elle lui rappelle quelqu'un. Il sait parfaitement qui elle lui rappelle, surtout lorsqu'elle disparaît et qu'un instant plus tard un coup de griffe lui déchire la peau du dos. Dassen bondit. Il râle. Il résiste. Bien sûr qu'il faut attendre ! Bien sûr qu'il faut poser des questions ! Oui tu peux dissuader ceux qui s'approchent mais...

« Mais je t'ai aperçue et t'étais pas à portée de lame… ! »

Quelle comportement bizarre, quelle mauvaise foi amusante ! Dassen remonte alors la pente en ronchonnant. Un sort de soin lui permet d'atténuer ses blessures. Pour faire semblant d'avoir eu moins mal.

« Qu'est-ce qu'elle est bête celle-là... »

Les autres commencent à arriver au point de rendez-vous. Rapidement Barak, qui n'avait pas très bien compris ce qui avais pris à Dassen se met à descendre, lui aussi. Le sourire aux lèvres, notre jeune Lanyshta l'encourage d'un signe de tête. Nous n'avons pas besoin d'attendre longtemps avant que le Kil'darien ne remonte à la surface. Dassen se met la main devant la bouche. Il ravale un rire et se penche vers Barak d'un air outré et complice.

« Hey, tu t'es fais engueulé toi aussi ? »

Puis il se tourne mentalement vers l'ensemble du groupe. On n'attend plus que les informations de Carmïnn.

Pensée :



Précisions :
1. Dassen n'a pas tué seul toutes ces araignées.
2. Elles n'étaient pas aussi nombreuses qu'il l'a été suggéré.
3. La phrase 'Ne crains rien. Je leur ai appris la peur. Je vais maintenant leur apprendre leur désespoir.' n'a jamais été prononcée.
4. L'araignée s'est enfuie toute seule. Dassen a crié après.