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Une renaissance dans la douleur
 
Merin
Libertaire
Kil'dé  
Le Sukra 25 Otalir 814 à 12h24
 

Ses paupières semblaient aussi lourdes que des volets massifs aux gonds rouillés. Avec un effort qui mobilisa toute sa volonté, il les ouvrit et plongea subitement dans un monde rouge et palpitant. Des formes géométriques indistinctes dansaient devant lui, des formes malsaines aux contours noir orangé qui ondulaient et se penchaient sur lui. Sa tête – mais il n’avait même pas conscience d’avoir une tête- n’était qu’une boule de feu sur le point d’exploser et qui vibrait au rythme des pulsions de ce monde infernal.

Il referma les volets.

La deuxième fois qu’il ouvrit les yeux, ce fut sur un environnement plus familier, le monde rouge céda vite la place à une grisaille ténue et les formes qui dansèrent toujours un moment eurent la bonne grâce de se figer progressivement en géométrie tout aussi ordinaire qu’un mur. Sa tête le faisait encore souffrir. Il sentait l’arrière de son crâne –le supposait-il- posé sur un mur opposé.

Le mal de tête le faisait encore souffrir mais d’une manière supportable. Et comme si le monde se créait par étape, il se découvrit un corps qu’il pouvait appréhender. Des membres durs, froids, terriblement lourds, écrasés sur une surface toute aussi dure et humide. Son annulaire gauche tressaillit provoquant une étrange sensation comme si d’un coup on l’enfermait tout entier dans une boite « un sac pensa-t-il » invisible qui le scindait du reste du monde. « Allez arrêtes de te balader partout, rentres la dedans et n’en sort plus ! » aurait pu dire la voix de la création.


Puis ce monde décida de créer le son. Là sur un côté. Il se força à tourner la tête, sentit ses articulations souffrir et bouger dans ses emplacements avec des petits déclics secs tel une machine mal huilée.

Un espace noir strié de raies de lumière blanche magnifique vint l’accueillir et lui barrer le son. Sa vision s’ajusta sur des planches mal posées et souvent déclouées puis en même temps qu’il sentit une odeur pestilentielle le cueillir ; lui provoquant la nausée ; il vit à travers les planches. Il est dans une ruelle qui débouche sur une rue. Une rue passante. Il ne voit que les pieds chaussés ou les plis des robes qui virevoltent mais il comprend qu’il s’agit d’une rue passante. Il devine son activité à travers les gens qui s’interpellent gentiment – mais aussi moins gentiment-, au clopinement des bêtes d’attelage sur les pavés et les cris d’animaux que l’on peut retrouver sur les marchés. Il est quelque part dans une ville. « Kil’dé » lui vint à l’esprit puis l’idée s’envola. Les planches forment une caisse dont il ne souhaite pas savoir le contenu.

Il ramena la tête face au mur. Il se sentait mieux et reprenait ses esprits.

Il allait se contracter dans une tentative pour redresser son corps quand il les entendit.
Il entendait les voix dans sa tête.


 
Merin
Libertaire
Kil'dé  
Le Dhiwara 26 Otalir 814 à 21h07
 
Elles arrivèrent toutes d’un coup. Une vrai cacophonie ou tout le monde parlait en même temps avec un écho perturbant et désagréable.
La surprise fut brève et Merin était plutôt étonné et curieux. Il écoutait ces voix comme s’il se redécouvrait un membre de son propre corps ignoré depuis longtemps. Un membre utile et familier. Le problème est qu’elles l’empêchaient de réfléchir. Certaines étaient trop fortes et couvraient les autres, les sujets étaient divers mais il était impossible de suivre quoi que ce soit.

Ce n’était pas gérable.

Peut-être dit-il « Stop ! ». Il lui semble aussi avoir mis les mains sur ses oreilles.

Puis le bruit cessa. Le silence était presque effrayant. Doucement, comme s’ils n’étaient pas sûrs et très prudents, les sons de la rue revinrent.

Il verrait ça plus tard. Il avait froid et la position l’incommodait, autant le fait d’être dans cette posture que le fait de passer pour un ivrogne dont les deux seuls pieds dépassent de son refuge nocturne.

Il prit donc son courage à deux mains et se redressa péniblement. Lentement parce que la tête lui tournait encore. Il prit appui sur les caisses à sa portée s’obligeant à ne pas penser aux choses gluantes qui venaient se coller à ses mains ni aux échardes qu’il pourrait en retirer.

Surtout ne pas regarder « dans » la caisse.

Une foi debout, il chercha de quoi s’essuyer les mains. Un vieux papier écrit mais délavé fit grossièrement l’affaire. Il réajusta sa tenue, résistant à l’envie de se passer les mains dans les cheveux puis se redressant le plus droit qu’il put tourna vers le mur de lumière, là au bout de la ruelle, là ou commençait le monde de la ville, …


 
Merin
Libertaire
Kil'dé  
Le Julung 18 Agur 816 à 16h39
 
Depuis combien de temps était-il partit cette fois ?

Longtemps s’il se fiait aux premières indications de son corps encore engourdi.

Il avait ouverts les yeux sur une chambre miteuse au plafond traversé de poutres tapissées de toiles d’araignées. Quelques raies de lumières qui perçaient les volets fermés zébraient la poussière en suspension. Le bruit venant de l’extérieur s’amplifiant à mesure que son corps se réveillait.

Que faisait-il ici ? Il ne savait pas et n’avait pas envie d’y réfléchir maintenant. Il voulait juste dompter ce corps qui refusait obstinément de bouger, posé là comme une masse lourde et inerte, seuls les yeux dérivaient sur la masse sombre et uniforme des pans de murs sales. Apparemment, il est seul dans la pièce.

Il lui fallut un certains moment pour se mettre de côté, s’extirper de la cuvette formée au milieu du lit pour s’approcher du bord, plier les jambes vers la poitrine, s’appuyer sur le coude droit pour pivoter et faire descendre les pieds vers le sol.
Le contact froid du plancher et le retour au monde. Le rugueux, les petites échardes du plancher et le retour à la douleur.

Une faim atroce le tenaillait et l’odeur rance de la literie lui faisait tourner le cœur.

Son cerveau bien loin de ces soucis physiques le questionnait dès qu’il avait une minute d’attention : mais que fais-je ici ? Pourquoi suis encore parti … et revenu ?

Il tenta de se lever.
Impossible, ses jambes n’étaient plus assez fortes.

L’humiliation (relative sans spectateur) de marcher à quatre-pattes jusqu’à la fenêtre pour prendre appui sur le rebord avec pour seul objectif de vie de se relever, il se mit péniblement debout.

Les raies de lumières et l’ombre de ses cheveux sales lui barraient la vue. Il approcha son œil droit d’une fente entre les planches de la fenêtre pour entre apercevoir l’extérieur.

- « ce n’est pas possible ! » murmura-t-il…



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