vide fam
 
 
Les Tours & Détours » Éveil & Réveil » Ce n'est que le début...

Page : 1

Ce n'est que le début...
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Luang 27 Otalir 814 à 20h55
 
Dring ! Dring ! C’était l’éveil.

C’était le début, le commencement. L’histoire qui suivrait dépendrait de facteurs autant endogènes qu’exogènes. Qu’importe ! Il faisait partie de la troisième vague.

Désormais, le nombre parlait pour eux. Il ne s’agissait plus d’un phénomène marginal et exutoire. Il devenait prégnant et concordant.
Il avait été prophétisé par Scylla. Il était maintenant réalité.

Pour Kharib, l’image était arrêtée. Le plan fixe. Les étoiles avaient passé. Quelque chose était demeuré. Inscrit dans l’être. Un devenir potentiel.
Ce quelque chose, il faudrait apprendre à le maîtriser, le faire grandir, le faire éclater, quitte à provoquer… une Révolution !

*** *** ***

C’était un Krolanne sans histoire, ou plutôt avec une histoire identique à celle de nombreux de ses congénères. Il avait embrassé la compréhension, qui ne se faisait pas sans appréhension, des textes de Scylla. Il était devenu lecteur. Il connaissait donc très bien la prophétie 321. Il n’imaginait toutefois pas que cela le concernerait directement.

Au sein du Concile, son travail dans le bâtiment de la Lecture, autrement dit la plus grande bibliothèque du Kil'dé, consistait, par le biais de la connaissance de l’histoire, à rechercher les prédictions déjà réalisées. Sa propre transformation a donné une résonance nouvelle à l’exercice de cette tâche dans son esprit.

Dans la forêt, en plein cœur du Kil, il cherchait ainsi des chemins spirituels entre les prophéties alors que les chemins physiques n’étaient déjà pas tracés dans le labyrinthe de couloirs et de salles.

Désormais, il recherchait son propre futur immédiat dans la suite des prophéties et non plus seulement, de façon plus générale, le destin de Syfaria à plus long terme…

Le Cantatère… Tout venait de lui, rien ne se produisait sans qu’il ne l’ait annoncé…

C’est sans doute par son intermédiaire que les Krolannes apprendraient un jour qui tirait les ficelles d’une réalité absconse et incertaine.
Son étude était une finalité en soi pour le Kil. Pour le Lecteur, désormais c’était devenu un impératif, pour connaître sa destinée…

Ce n'était que le début...



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Merakih 29 Otalir 814 à 23h13
 
Naïf, il fut arrêté par la milice locale. C'était juste après son Eveil. Tout le monde ignore les circonstances de son interpellation, de même que celles de sa détention qui a suivi.

Le Lecteur, lui, s’en souvient très bien. Il a connu les affres de la capture, ceux des interrogatoires, puis ceux de la détention. Jusqu’au jour… Jusqu’au jour où il s’évada. Oui, Môssieur, parfaitement, il s’évada. Cela ne tint qu’à un poil, plus exactement celui qui démangea le chat qui, en tombant sur une tasse, fit en jaillir la cuillère qui n’attendait que cela pour aller heurter les clés des cellules qui tenaient, en équilibre, au-dessus de l’une d’entre elles. Ainsi, en passant la main au-delà de la grille, il lui a été permis de s’emparer du trousseau, puis de s’ouvrir la porte du chemin de la liberté.

Il se demanda en passant si une grenouille n'aurait pas pu faire le travail également, en sautant pour faire tomber le trousseau de son perchoir. Mais le destin avait voulu que cela soit un chat, un chat gourmand qui venait de terminer son lait – il l'aimait chaud – et s'appétait à aller se coucher. C'est à se moment-là qu'un poil rebelle vint changer le cours de l'histoire. C'était le genre de poil qui vous agacent encore de nos jours. Celui auquel vous n'arrivez pas à faire entendre raison. Celui qui vous nargue du haut de son centimètre et demi. Celui qui tient à ne pas aller dans la direction souhaitée. Celui qui mériterait d'être coupé net, à la racine. Le matou n'eût pas ce courage. Ses coups de langue, pourtant rêche et autoritaire demeurés sans effet, il tenta de faire face à l'adversité en attrapant le susdit embryon de pelage avec les dents pour le tirer en arrière. Mais le poil ne l'entendait pas de cette oreille. Il résista. Le chat tira de toutes se forces. Le poil aurait aimé pouvoir étendre ses racines afin de s'ancrer plus profondément au sein du duvet félin. Mais il ne le put pas. Il céda. Le chat roula en arrière… et tomba de l'étagère de bibliothèque sur laquelle se passait toute la scène pour atterrir sur la table où se trouvait la cuillère qui fut projetée dans les airs viciés pour venir heurter le trousseau de clé avec suffisamment d'à propos pour le faire chuter aux pieds du Lecteur.

Quittant la prison, celui-ci ne manqua pas, au demeurant, d’effacer son nom de toutes les tablettes avant de disparaître définitivement des yeux de la maréchaussée du Kil. Il connaissait la procédure par l’intermédiaire d’un voisin qui travaillait pour le Commis à la défense. De nuit, tous les chats sont gris… et les souris dansent, car les chats sont partis... Il a pu quitter les lieux le matin revenu, à la faveur de l’ouverture des locaux par les gardes tellement bien intentionnés.

L'envolée lyrique mais également physique était dans l'air. L'air qu'il avait connu comprimé dans les locaux confinés du poste même pas avancé, était désormais accueilli avec délectation frais et caressant par le Lecteur.

Sa mémoire conserve les images de cette mésaventure, de même que les sons associés et les odeurs perçues. Son corps en garde les meurtrissures. Jamais plus cela n’arrivera. Jamais plus.



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Luang 3 Nohanur 814 à 21h46
 
Il rejoignit ensuite la cohorte des nouveaux éveillés. Plus circonspect. Plus modéré. Plus patient que précédemment. Plus, moins car tous les plus signifiaient également des moins corollaires.

Il chercherait à tisser des contacts, tout en étudiant à la fois l'autorité et le Cantatère. Il lui fallait être à la fois près des "siens", et sur les deux fronts qu'il voyait à présent. Les prophéties indiquaient ce qu'il allait advenir. Il lui fallait savoir. Tandis que l'autorité, parfois aveugle ou grabataire, mais d'autres fois zèlée et technocratique, pouvait, selon ses états d'âme, perturber la vie d'un lanyshsta.

Il faudrait ainsi prêter attention à plusieurs éléments, suivre plusieurs pistes pour connaître ses nouvelles capacités, son nouveau rôle qui allait de pair dans la société kil'dérienne, et son nouveau moi issu de l'ensemble.

Ses parents ignoraient ce qu’il advenait de lui. Non pas qu’il ait eu le désir de leur cacher sa nouvelle condition, mais tout simplement parce qu’ils ne lui en avaient pas laissé l’opportunité. Lorsqu’il avait souhaité leur parler, la vie de l’An 814 n’avait pas permis la discussion, ses parents étant trop occupés pour écouter leur fils unique. C’est ainsi à son chien qu’il pût confier son secret, avant d’en parler plus ouvertement, trop ouvertement… Tout bien considéré, ce manque de communication avec ses parents semblait être la cause de l’aventure qui avait suivi son Eveil.

Désormais, la communication s’étendait avec ses congénères lanyshstras. Etait-ce un palliatif ? Il demeurait toutefois soupçonneux tant qu’il n’était pas convaincu de la qualité de la personne.



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Matal 4 Nohanur 814 à 20h46
 
Avant l’Eveil. Il se souvenait. Il se souvenait de son enfance dans le quartier de Kil’dé. Son père était membre du Concile – était-ce là la raison qui avait motivé son entrée au sein de cette institution ? - tandis que sa mère s’occupait de lui au sein de la maison familiale. La cellule domestique ainsi composée comprenait également un chien. C’était le compagnon que tout enfant rêvait d’avoir : toujours d’accord pour jouer des tours pendables, joueur, fidèle, loyal, pardonnant rapidement les excès de son maître. Il n’a jamais connu de fratrie. Était-ce un choix délibéré de ses parents ou une caractéristique physique, voire génétique ? Un mur de silence a toujours accueilli les questions à ce sujet. Mais le climat dans le foyer demeurait bienveillant.

C’était l’une de ces maisons agréables aux murs recouverts d’un lierre grimpant qui procure immanquablement une sorte de seconde peau à la bâtisse. Les volets verts et les fenêtres à carreaux laissaient parcimonieusement filtrer la lumière du soleil lorsque l’astre dardait ses rayons. Les pièces étaient claires, même durant la saison froide. Les chambres suffisamment spacieuses pour y loger confortablement. Durant les frimas de l’hiver, l’âtre, de sa position centrale, avait la capacité de chauffer toute la maisonnée. Le balcon surplombant l’abîme et le petit jardin d’agrément qui complétaient l’habitation en faisaient un endroit privilégié.

Souvent, le jeune homme regardait par la fenêtre de sa chambre. Et il se prenait à imaginer mille et une vies là-dehors. Et il se prenait à s’imaginer, lui, parcourant Syfaria. D’où pouvait bien lui venir cette envie de voyages ?

De sa chambre d’adolescent, Kharib voyait à la fois quelques maisons kildéennes s’étalant comme un long serpent le long de la falaise et les profondeurs de l’abîme qu’il tentait de sonder du regard. En vain. Il n’apercevait pas ce qu’il se passait dans l’obscurité des tréfonds noirs. Pourtant, il désirait s’y rendre, un jour. Était-ce ce désir qui conduisit la Voix de cendres à l’appeler ? Nul ne le saura sans doute jamais. Car il savait bien que sa condition de simple Krolanne ne lui permettait pas toutes les audaces. Les dangers que recelaient les quartiers abandonnés et les terres qui avaient disparues dans l’abîme étaient contés rapidement, afin de mettre en garde les nouvelles générations contre les périls qui menaçaient ceux qui osaient s’aventurer au-delà des portes de leur quartier.

Pourtant, sa décision était déjà prise. Il irait un jour au-delà du pont de son quartier. Il irait un jour explorer ce que le commun des Krolannes redoutait. Il s’avancerait un jour dans les ténèbres insondables. Il affronterait un jour le danger des Portes. Il verrait un jour par-delà celles-ci. Il s’aventurerait même un jour au-delà. Un jour…

Il lui fallut pourtant attendre encore… Du moins jusqu’à ce que la Voix se soit faite entendre… Depuis lors, il a été comme transformé et qui savait quand, désormais, il franchirait les frontières de ce qui s’apparentait à l’inaccessible jusqu’à il y avait encore peu de temps…



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Matal 11 Nohanur 814 à 22h59
 
L'inaccessible accessible. Vraiment ? Un appel. Des réponses. Aider sans raison, sans sentiment, sans nécessité. Une aide désintéressée. Voilà ce que cela représentait. Dans le cas présent. Dans l'absolu, un rêve inassouvi.

Un appel avait lancé. Quelle réponse serait apportée ?

Les idées étaient embrouillées. L’offre et la demande. L’envie. La crainte. Le charme. La mort. L’aube d’un jour nouveau. Le crépuscule des anciens.

Un quidam avait parlé. Un message avait été donné. Aux autres de l’interpréter. Agir. Attendre. La réaction des uns faisait écho à l’inaction des autres. Cacophonie.

Qu’importe !

La décision était prise. L’aventure commençait…



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Sukra 20 Dasawar 814 à 21h44
 
Il aurait pu passer sa vie à cultiver un petit coin de terre. Quand il se serait éveillé, la moitié de la matinée se serait déjà écoulée. Ses quelques poulets auraient gratter le sol en caquetant, tandis que le coq aurait poussé son cocorico. Il serait alors allé ramasser les œufs tout en jetant un volée de graines aux poules afin qu'elles poursuivent leur besogne de ponte et ne retournent pas à leur état sauvage. Dans le jardin, la végétation aurait accaparé son attention. Il aurait du semer les plates-bandes, tailler les arbres et arbustes. Il aurait cueilli les fruits qui en auraient surgi, tout comme il aurait décoré sa table des roses pourpres qui auraient fleuri devant chez lui. Il se serait également contenté de manger son gruau accoudé à sa table meublant la pièce unique de sa petit chaumière.

Il aurait du aussi réparer le nid de poule de la route afin de ne pas briser la roue de la petite charrette qu'il aurait utilisée pour aller au marché vendre ses poulets. Son vieux cheval aurait eu du mal à effectuer le chemin, mais il y serait parvenu au prix d'un effort digne d'éloges.

La paix qui aurait régné dans son logis aurait sans doute témoigné d'une certaine oisiveté à certains égards. Il aurait maintenu la maisonnette debout pour ne pas paraître soumis au laisser-aller que les tâches quotidiennes font apparaître immanquablement.

Il aurait vraisemblablement vieilli dans l'endroit, finissant par marmonner dans sa barbe hirsute pour conserver un semblant de langage. Il aurait pu...



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Dhiwara 21 Dasawar 814 à 18h02
 
Mais il avait été appelé. Cette vie-là ne pouvait plus être pour lui. Satisfaction ou insatisfaction, peu importe. La question n'était plus là. Il pouvait, voulait et devait aspirer à une autre vie. Une vie de voyages et d'aventures trépidantes. Non pas que la culture des tomates de Marmande ne puisse avoir son lot de surprises, mais il fallait aussi replacer les éléments dans leur contexte.

Il avait reçu l'appel de la Voix de Cendres. Il fallait l'honorer. Pour lui. Pour eux.

Les poulets trouveraient bien un autre fermier. Il s'en occuperait mieux que lui vraisemblablement. Il n'y avait pas matière à discuter. Comme pour d'autres aspects de sa vie, il ne pouvait rien y changer.

Il était parti. Emprutant des chemins menant vers nulle part, au-delà du quartier, il s'était éclipsé dans la noirceur de la nuit. Sa silhouette disparut au sortir des chemins balisés.

Fallait-il s'en réjouir ou le craindre? Y répondre équivalait à induire un élément affectif. Sa vie serait loin des poulets et de la culture maraîchaire. Mais il lui faudrait cultiver l'humilité et l'abnégation dans les situations qu'il aurait indubitablement à affronter.



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Luang 16 Fambir 815 à 20h24
 
Et partir impliquait de savoir comment.

Il mènerait une vie particulière. Il était venu le temps du changement. De la Révolution.

Il aura alors franchi la ligne.

Eveillé et en vie.

C'était juste un Krolanne, à l'origine.

L'appel l'avait transformé.

Il attendait là.

Eveillé à l'intérieur.

Il monterait.

Il ferait de la fumée.

Son temps était venu.

Nul doute que le combat ferait partie intégrante de sa nouvelle condition.

Il continuera, jusqu'à la fin.

A la fin, il serait parti, à travers la nuit.



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.
 
Kharib
Lecteur
Kil'dé  
Le Vayang 9 Otalir 815 à 20h58
 
Il se remémora ce petit enfant. C’était bien avant qu’il ne fût appelé par la Voix cendrée. Il avait vu Syfaria le premier Jangur 792. Il aurait pu naître ailleurs, mais il était là. Et cela était heureux. Il aurait pu rester krolanne. Cela ne sera pas le cas. Mais pour l’instant, il n’était qu’un enfant avec ses joies et ses peines.

Le ciel était dépourvu de nuage. Le soleil était radieux. Les jeux se passaient agréablement entre les trois amis sur le chemin menant au sanctuaire de la Faille. Guider un cerceau à l’aide d’une tige, être le premier à franchir une ligne d’arrivée imaginaire, écarter les billes des deux autres grâce à un coup magistral, imaginer des histoires dans la forêt, vivre sa vie d’enfant sachant qu’elle était lié à un destin dont tout krolanne de Kil’dé était pourvu à la naissance.

Soudain, alors qu’il était perdu dans ses souvenirs passés, il eût une étincelle. Il n’était plus un krolanne. Que cela changeait-il pour son destin ?



UN, cela va. Deux, bonjour les dégâts.

Page : 1

Vous pouvez juste lire ce sujet...
Nombre de joueurs actifs :0(Inscrits : 191)
Infos légales Mot de passe perdu ?