Que pouvaient-ils savoir ? La question philosophique appartenant à un autre temps prenait sens dans leur situation. Y avait-il quelque chose qu’ils eurent pu remarquer, auquel ils auraient dû prêter attention avant de s’avancer dans les méandres des rues pavées inondées d’une brume fangeuse ?

Klem était décidé. Il aurait certainement voulu y aller seul, jusqu’à un certain point. Mais il les voulait tout de même à ses côtés, en définitive. Pour agir plus facilement de son côté ? Les interrogations étaient légion et le temps était écoulé. Il fallait désormais avancer ou rester sur place.

Dites-leur qu’il suivait Rubus à bonne distance, prêt à réagir à la moindre alerte. Si son attention était d’abord attirée par la brume et par la place au milieu de laquelle se trouvait la statue d’un autre âge, il continuait de jeter des coups d’œil discrets aux toits des maisons et à ce qu’il se passait dans le ciel.

Il irait sur la place voir ce qui allait se produire. Il n’avait pas fait ce chemin pour assister de très loin au dénouement. De plus, il fallait comprendre l’ennemi pour pouvoir le combattre à l’avenir. Car l’enjeu dépassait largement les 7 lanyshstas présents. Cette fois, les 7 ne devaient pas protéger un village contre l’envahisseur, mais s’introduire dans un village d’apparence abandonné. Les scénarii changeaient, les stéréotypes demeuraient…

Vous qui étiez alors assis tranquillement sur la terrasse de l’auberge de votre quartier, à siroter votre demi, ignoriez-vous sans doute que ces gens allaient risquer leur vie pour protéger la vôtre ?

Le combat débuté au fortin d’Aküra se poursuivait à la Place du Martel…

Rien ne pouvait plus l’empêcher.

Rien de plus ne pourrait être dit.

Rien de plus ne pourrait être fait.

 

 
Personne ne lui avait répondu. Le Lanyshta en resta coi. Ainsi voulaient-ils tous partir dans la brume sans organisation ? Qu’est-ce que c’était que ce groupe ? Compter les uns sur les autres était important et connaître qui couvrait qui depuis les toits l’était tout autant. Comment réussir une mission de groupe tout en agissant de manière individuelle ?

Khan attendait de voir comment mais il espérait sincèrement que chacun avait noté que la magie était à éviter d'urgence. L’aversion des Kil’déens pour les étrangers était réelle, aussi devait-il peut être leur confier la vérité sur son identité qui n’était en fait guère différente de la leurs.

Thanal’ot vérifia une dernière fois son arme et son prototype puis leva son écharpe jusqu’à son nez pour atténuer l’odeur infecte de cette brume. Ses pas le menèrent ensuite plus loin, derrière type à la capuche qu’il fila en silence malgré la visibilité difficile.

Ses sens aux aguets il s'attendait au piège et sans doute aussi à trouver le monstre en décomposition que devait camoufler la fumée.

Sans un mot de plus.

 

 
Il s'était rapidement éclipsé et avait repéré une bâtisse assez petite non loin du groupe, sur la droite du chemin. Tenant son arquebuse sur l'épaule, il s'y engagea et repéra un ensemble de caisses aptes à le faire grimper sur le toit de cette maison. Prenant toutes les précautions possibles, il s'agrippa à la paroi du mur et souleva son corps avec ses pieds, se fixant à un point de gravité proche de la construction. Ainsi, il parvint à se rendre sur les tuiles sans problème aucun. Depuis cet endroit, surélevé, il pouvait observer toute la scène. Naoko le suivait de près.

Il se positionna sur le rebord de la bâtisse, tout en observant la seconde. L'envie lui prit de prendre son élan et sauter de l'autre côté afin d'atteindre l'autre grande maison. Mais il fallait attendre plus d'informations. Il sortit son arme et se mit aux aguets. La jeune inconnue derrière lui parut soudainement plus dangereuse que lorsqu'elle n'était en bas. Il ne connaissait aucunement les intentions de ce sans-destin, et n'avait confiance en personne à part ses confrères dans la situation donnée. Il se tourna légèrement et s'adressa à elle :

 
La progression s’effectuait dans le silence.
Prudemment.
Chacun tenait son rôle, même si aucune coordination explicite n'avait été mise en place.
Tout s'était fait... naturellement.

Rubus Tectus était en tête.
Derrière lui, suivaient Khan Thanal'ot et Napishtim.
Un peu plus loin, Kharib.
Klem, pour sa part, s'était avancé par les toits jusqu'à une demeure avec une vue parfaite sur la place centrale et la statue.
Thak Keymlos et Naoko étaient un peu en retrait, ne la voyant pas.

Soudain, la femme qui semblait porter un masque refit son apparition.
Juste aux abords de la statue.
Elle fit un geste, et se trouva entourée d'une bulle translucide.
Un autre geste, plus lent.



Il était évident pour ceux qui venaient d'assister à son apparition qu'elle avait un lien très fort avec la brume.
Était-ce celle-ci qui s'était amalgamée pour engendrer cette chose ?
Ou était-ce cette créature - jusqu'alors dissimulée magiquement par la brume - qui la créait ?

Autour d'elle vrombissaient des sortes de... mouches ? D'insectes en tous cas.
Mécanoïdes. Assemblage de chairs et de technologie, tout comme l'énorme créature.

Les insectes avaient un dard. Un dard qui suppurait une substance visqueuse...
Sans attendre , sans préambule, ils passèrent à l'attaque !

De son côté, dans sa bulle, la créature féminine observait la scène, très attentive pour autant qu'on pouvait en juger.
Une voix désincarnée s'éleva, provenant d'elle mais étant comme relayée par le monstre massif.

Processus analyse enclenché. Danger. Non pertinent. Destruction probable.

 

 
Khan observa la scène sur le qui-vive. Un peu derrière Rubbus, il découvrit en même temps que les autres le monstre qu’il avait soupçonné être à la base de l’odeur. Il avait soupçonné un monstre se cachant dans la brume mais pas un colosse !
Le lanyshta réagit alors très vite. D’abord il lui fallait analyser rapidement l’ennemi et l’intervention tout aussi rapide de rubbus qui lui en apprit bien plus que ce qu’il ne voulait savoir.

Engager le combat était compliqué pour eux. Ils étaient bien trop à découvert et pour le moment le mieux était de sortir du milieu avant de se faire piétiner. Il envoya une pensée à ceux présent sur les toits. Il y avait certes la brume mais rien n’empêchait d’entendre le bruit que faisaient les insectes mécaniques.

Pensée :

C’était la même chose que pour le fortin, sans doute le même genre de monstre ou au moins sans doute crée par le même groupe. Thanal’ot écarta de son bras son ancien frère blessé qui avançait dans sa direction pour lui intimer de continuer à reculer.

Mets-toi à couvert, nous n’avons aucune chance de front !

Puis Khan dégaina à son tour et couru vers la droite en longeant le mur. Plus les cibles seraient éloignées, moins les masses de bestioles volantes se concentreraient.

Analyser, il devait analyser davantage !

Il esquiva une abeille qu’il frappa de la crosse de son arme dans la foulé et traversa ainsi l’angle de la maison en se servant de la barrière des escaliers qu’il traversa d’un saut. Il continua ainsi pour observer l’arrière du monstre quand son regard fut attiré par quelque chose un poil plus loin... à l’opposé.

Par réflexe (qui était d'assez mauvais goût dans le Kil’dara rappelons-le), il dégaina son deuxième flingue, le prototype à rayon laser et le pointa vers la bulle contenant le masque. L’enclenchement du commutateur de son arme émit un petit vrombissement ainsi qu’un sifflement qui devint de plus en plus aigu.

Puis il lança pour tout le monde assez incisivement.

Pensée :

Il eut une seconde d’analyse ou il chercha à découvrir ce qu’elle faisait malgré la faible visibilité. Puis sans en attendre davantage et une fois le sifflement à son paroxysme, de ses deux flingues et les bras tendu, il fit feu en même temps sur le monstre et sur sa manipulatrice.

A gauche une balle et à droite un déferlement d'énergie pour un vacarme assuré.

 
L'apparition faisant apparaître à son tour... Voilà qui était rafraichissant. Si manifestement le processus et la technologie employée étaient similaires à celle utilisée au fortin d'Aküra, le particularisme était constitué par la dame au masque.

Les lanyshstas présents avaient-ils les moyens de combattre la créature occupant une partie non négligeable de la place? Etait-ce pertinent de chercher à combattre ou fallait-il chercher à apprendre? Quels enseignements globaux pourront être tirés de ce chapitre premier de l'intervention lanyshsta, considérant tout l'épisode de l'oeil dans son intégralité?

Il était trop tôt pour répondre à de tels interrogations. Le problème était ici et maintenant. Il fallait agir. Voyant Rubus essuyer les coups du monstre et de sa collection d'insectes technologiques, il se porta au-devant de lui pour le secourir lorsqu'il se retira quelque peu suite à l'appel de Khan. Il lui prodigua les soins qu'il pût. Cela suffit toutefois pour que lui-même soit touché par l'immonde créature sortie des brumes de la Place du Martel. Il se soigna donc également dans la foulée.

Ce faisant, il eût une idée. Il se mit à essayer d'éventer la brume. Tout d'abord, pour voir les pavés cachés par cette dernière. Puis, pour voir si elle revenait au même endroit en glissant de manière mélancholique. Il fallait tenter quelque chose. C'était la première idée.

Engager le combat lui apparaissait suicidaire à l'heure actuelle. A moins que d'autres que Khan, qui semblait posséder des armes puissantes, puissent en démontrer autant. Beaucoup d'autres...

Par contre, il était évident que l'ennemi, ce n'était pas la masse musculaire moulée de technologie flamboyante et dernier cri qui roulait des mécaniques devant eux, mais la femme au masque. Tout venait d'elle. C'était par elle que l'épilogue se trouverait.

La dame au masque avait lancé le bal... C'était un bal masqué pour tout le monde.

Il fallait désormais l'empêcher de quitter le bal, ne fusse en y laissant une pantoufle de verre qui permettrait de la reconnaître...

Le Lecteur cherchait désormais comment y parvenir...

 

 
Pour avoir une visibilité, il lui fallait bouger, se déplacer.
Mais où ? Quel autre angle pouvait-il espérer avoir ?
Il observa, sans même écouter la réponse de Naoko.

Là, de l'autre côté, sur l'autre toit. C'était le moment d'y aller.
Il descendit du toit de la maison pour rejoindre l'autre, hélas, il chuta.

Ses jambes se brisèrent.
Après plusieurs tentatives pour grimper sur l'autre maison, et des chutes mortelles à quelques mètres de haut, il abandonna.
Il était hors combat.

« Fiel ! »

C'était fini pour lui.

 

 
En regardant autour de lui, la situation n'était guère brillante. Rubus Tectus, Thak Keymlos et la sans-destin avaient exercé un repli sur une postion préparée à l'avance comme disaient les grands stratèges. Cela laissait Napishtim seul au contact du Pest'hilent. Nous rappelons pour les non-initiés que cette créature était celle qui était apparue devant l'avant-garde lanyshsta il y avait à peine quelques minutes. Rubus avait combattu vaillament à la fronde avant son recul. Les deux autres étaient plus simplement tombés du toit. Napishtim ne bougeait pas, attendant que cela se passe. Khan Thanal'ot s'était projeté de l'autre côté de la place, vers l'endroit où se trouvait la dame masquée. Klem attendait, immobile et imperturbable.

Le Lecteur ne savait quelle attitude adopter. Il tentait d'évaluer le possible par de brèves pensées avec ceux qui voyaient ce qu'il ignorait. Mais les réponses se faisaient parfois attendre et celles qui lui parvenaient ouvraient plus de questions nouvelles qu'elles ne répondaient à celles existentes. Il faudrait improviser.

Le Pest'hilent attaquait par l'intermédiaire de ses insctes à très grande distance, ce qui ne facilitait pas les manoeuvres pour l'approcher. Il fallait aussi pouvoir le blesser à très grande distance. Il prit un instant pour observer la situation.

Puis, alors que le mastodonte avait fait un écart sur la gauche, il s'élança rapidement sur la droite de fontaine où se trouvait déjà Khan Thanal'ot, et la mystérieuse dame. C'est alors qu'il prit acte d'une nouvelle information visuelle.

 
Klem avait observé tout le début du combat sans sourciller.
De sa position, il constatait l'absurde de la situation.

Les Lanyshstas de la troisième vague étaient trop faibles pour contrer une telle créature.
S'il n'y en avait qu'une...
Et la dame au masque s'était visiblement protégée magiquement.
Elle les analysait.

Klem n'aimait pas ça. Vraiment pas.
Elle pouvait les tuer, mais elle n'avait pas ce but.
Elle cherchait à apprendre, comme si elle aussi ne savait pas à quoi elle avait à faire.
Complexe situation où deux aveugles se rencontrent, et ont peur l'un de l'autre...

Néanmoins, il fallait réagir.
Si elle les croyait trop faibles, elle partirait, en ayant appris suffisamment.
Ils ne représenteraient pas une menace "pertinente".
Et ça, c'était sans doute le pire qui pouvait arriver, le prochain mouvement de leur "ennemi" en découlerait plus bravache, plus rapide, plus mortelle.

Il fallait la contrer... mais pas trop non plus.
L'obliger à adapter sa stratégie, voir à communiquer.

Klem se mit en position, tandis que ses compagnons se repliaient.
Il amorça une série de six tirs précis et mortels.
La créature agonisait.

Achevez la..., cria-t-il aux autres expéditionnaires.

Puis il attendit la suite, un tantinet blessé et empoisonné, mais sans aucunement utiliser de magie.
Pour l'instant...

 

 
La suggestion qu'elle avait fait avait n'était pas tombée dans l'oreille de sourds. Outre l'approbation de Klem, l'un des kildéens semblait bien décidé a profiter de cette occasion pour obtenir des services gratuits. Un sourire ammusé sur les lèvres elle avait répondu a sa proposition :

- Une arme n'est définitivement pas une babiole... Et je serais une piètre commerçante si je faisais pareils dons. Sans compter qu'il serait dommage que vous perdiez votre fronde dans l'affaire..

Et sans beaucoup plus attendre elle avait commencé a manipuler les flux pour insuffler dans une bande de tissus qu'elle avait tiré de son sac autant d'énergie que possible. L'infusion... Le procédé lui semblait de plus en plus simple mais le problème venait toujours du même point : chaque instant d’inattention qu'elle passait à régénérer sa propre énergie voyait celle de l'objet décroître a une vitesse déprimante... Et il y avait ces... Paliers. Ces points bien particuliers ou l'énergie de l'objet se stabilisait et cessait de descendre. Le jeu était donc d'atteindre l'un de ces paliers. Les deux premiers étaient dans ses compétences... Le troisième... Elle l'estimait possible mais n'avait pas encore eu l'occasion de mettre en application. L'autre lui avait confirmé que l’œuvre était réalisable.

Son mutisme pendant l'heure qui suivit aurait presque pu faire passer Klem pour bavard... Après tout lui prenait la peine d'émettre quelques grognements. Pour sa part elle avait refermé étroitement son voile sur ses yeux et avait tiré de son sac une paire de gants bien particulière. Ils étaient une version plus fine de ceux qu'elle avait porté jusqu'à présent, les renforcements en acier étaient ainsi placés qu'ils lui permettait d'améliorer de façon significative son adhérence aux murs. Il restait a prier pour que l'escalade fasse partie des talents qui lui étaient revenus. Ils étaient bien rares. Bien trop rares.

Le temps passait... Sur une inspiration elle décida de pousser l’expérience un peu plus loin : un objet en cours d'infusion était d'une certaine manière... instable. Il serait donc peut-être plus... Marquant sans pour autant qu'elle ai a atteindre un haut palier d'infusion qu'elle n'avait de toute manière aucune chance de réaliser dans le temps qui lui était imparti.



L'heure toucha a sa fin. Sans un mot, Naoko se dirigea vers la maison la plus proche et entrepris l'escalade alors que les autres allaient vers la place. Et fit une découverte : ce n'était pas revenu. Bon. Elle était équipée ce qui limitait, dans une certaine mesure certains risques mais la façade de la maison n'était pas adaptée... Bref. Le temps d'arriver en vue de la place par la voix des toits elle était en bien mauvais état et pestait intérieurement contre l'année qu'elle avait passé a se ramollir... Sans même parler de transformation.

D’où elle était elle ne parvenait pas a voir en détail ce qui se passait. Elle avait bien entraperçut la silhouette imposante de... quelque chose... Et la tête brûlée a côté d'elle essayait d'ouvrir la conversation. Les hurlements des « éclaireurs » au sol eurent le mérite de prouver qu'ils n'avaient pas su se montrer discrets. Jusqu'au bout. Et au fond ce n'était pas plus mal. La collecte allait commencer.

Descendre du toit pour passer au suivant sans se faire repérer... En théorie faisable. Probablement pas sans s'écorcher un genoux ou un coude... Mais faisable. Peut-être même pourrait-elle arriver a portée de pétoire. En soi elle n'avait pas particulièrement envie de se battre au corps à corps dans la brume. Ses gantelets étaient suffisamment infusés pour constituer un risque potentiel. Et elle n'avait aucune idée de comment se comporterait la magie en combat rapproché.

Mais la traversée se déroula encore moins bien que prévue... Elle se repliait alors que Klem commençait a tirer. Il fallait qu'elle ai le temps de souffler pour reprendre du service.

 

 
Impassible, elle observait.
Les premiers échanges ne la firent pas réagir.
Restant immobile, elle avait le regard fixé sur sa créature, comme hypnotisée.
L'un des Lanyshstas tenta de l'attaquer, mais la bulle qui l'entourait dévia sans souci le danger potentiel.
Elle n'y prêta aucune attention.

Puis Les Lanyshstas se replièrent.
Et une fois encore, Kharib tenta de comprendre plutôt que de combattre, en éventant la brume pour voir son comportement.
Kharib ne nota rien d'important, la brume se comportant... comme de la brume, mais la femme au masque détourna un instant son regard vers lui.
Il sentit cette observation, certes passagère mais poussée...
Impression pour le moins désagréable, comme une énorme langue gluante qui lui passa dessus un court instant...

Puis Klem tira. Et fit plus que blesser sa créature, la laissant agonisante !
Elle regarda le vieux Lanyshsta sur le toit, intensément.
Et attendit elle aussi...

Les Lanyshstas avaient du mal à approcher, blessés ou empoisonnés.
Rubus Tectus échoua dans sa tentative.
Elle bougea alors, se rapprochant du Pest'hilent, qui lui s'était réfugié vers l'eau verdâtre de la fontaine entourant la statue.
La voix désincarnée s'éleva de nouveau.

Danger. Cohérent. Non pertinent. Attente décohérence.

Puis elle étendit les mains, les doigts écartés.
Chaque protagoniste put sentir et voir la brume changer de direction, s'animer de mouvements ordonnés.
La brume se mit à glisser, à... lécher les Lanyshstas.
Comme en recherche de quelque chose.

Comme un animal en appétit...

 
Klem était intervenu dans ce que l'on pouvait appeler un combat pour le moins déséquilibré et désorganisé. La bestiole technologique avait été méchamment touchée. Il était dévolu aux lanyshstas de la troisième vague d'achever la besogne.

Kharib avait parcouru la place sur la droite. Il était camouflé dans l'angle d'une maison non loin de Khan Thanal'ot. Il observait la situation et planifiait. Il devait agir pour espérer avoir une chance.

Soudain, il se détermina. Il était tant qu'il sache.

Il avait maintenant l'opportunité de courir pour couvrir la distance rapidement. Il se plaça de telle sorte de pouvoir tirer sans peine sur le monstre. Positionné de profil par rapport à la cible, il visa. Il voulait lui prendre son dernier souffle de vie. Son coeur battait la chamade tandis qu'il se concentrait. Il fit le vide. Son doigt appuya sur la gâchette. Deux fois. Bang. Bang. Ce faisant, il ne voulait pas changer le monde, juste le laisser plus froid.

Tombe ! Espéra-t-il.

La créature voyait désormais la fin de la scène à travers ses yeux livides. La nuit prenait le dessus sur ses forces. Elle s’affaissa. Pour elle, le combat était terminé. Pour les lanyshstas, il commençait. Les destins étaient croisés.

Personnellement, le Lecteur survivait, de sang-froid. Il n'était pas fier. Il avait perdu cette envie depuis trop longtemps.

D'autant plus qu'il demeurait la dame au visage particulier sur la place. Douceur piquante.

Dites-leur simplement qu'il n'avait pas pu s'en empêcher. Pour avoir une chance de se sentir vivant. Il avait du parcourir la place pour tirer et abattre la monstruosité qui l'habitait.