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Chatoiements
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Matal 2 Dasawar 814 à 22h30
 
Rhôz vient de terminer ses enseignements de la semaine. Ces temps-ci, elle donne beaucoup plus de cours qu'elle n'en suit. Ce qui est conforme à son statut d'étudiante-enseignante de l'Institut, participant déjà au passage du savoir, sans avoir encore été reconnue enseignante-chercheuse à part entière. Pour cela, il lui faudra rédiger un mémoire de recherche puis le présenter à un jury comitaire. Raison pour laquelle elle passe le plus clair de son temps à en recherches, bibliographiques ou autres, plutôt qu'en cours. Ce qui ne l'empêche pas de ne s'être toujours pas définitivement décidée sur un sujet.

Il faut dire que les dernières semaines ont été riches en bouleversements et petits imprévus. Un éveil télépathique. La perspective de bien plus de nouveautés psychiques encore. La rencontre de Lanyshtas aux personnalités très singulières. Une expédition avortée. Des histoires d'être télépathiques de chair et de métal. Un projet de visite dans un autre kil. Une flopée de questions...

Et puis ce livre trouvé quelques jours auparavant chez un bouquiniste, auquel elle trouve une présence, quelque chose qui attire irrésistiblement son attention. En le feuilletant un peu, le matin même, elle a failli s'y absorber au point d'oublier de se rendre à l'Institut. Elle lui trouve une qualité fascinante, un rayonnement, comme s'il possédait un peu de ce fluide que certains Lanyshtas, paraît-il, peuvent instiller dans des objets.

Ce soir, elle se consacrera pleinement à l'étude de ce vieux codex imprimé de riches gravures, à la reliure rouge noircie, qui tient toujours bon malgré les outrages que le temps a manifestement voulu lui infliger. À première vue, ce n'est rien de plus qu'un ouvrage de belle facture, recueillant quelques poèmes illustrés, parfois de façon foisonnante. Deux pièces, en particulier, sont ainsi mises en valeur, « La Ballade du Bon Pied » et « Le Chant du Bon Œil ». En y regardant de plus près, certains motifs des gravures évoquent les lettres d'un alphabet étrange.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Julung 4 Dasawar 814 à 15h46
 
***
Un cillement permet d'y voir
Mieux qu'une paupière scellée
Mais qui vraiment veut discerner
Doit laisser battre son âme
Avec la pulsation du monde
***

Ainsi commence un long poème qui prend la forme classique d'un pentamètre syncopé kilsinien (forme hélas difficilement transposable dans une langue non syfarienne). Il évoque avec une certaine élégance stylistique la perception d'une pulsation qui anime le monde sans que le commun des Krolannes y prête généralement attention. Les gravures qui l'illustrent forment de très riches entrelacs, dans lesquels on finit par distinguer, par un examen attentif, divers motifs naturalistes – arbres, animaux, formes abstraites évoquant les éléments. En s'y absorbant encore plus, on décèle des signes récurrents évoquant ceux d'une écriture idéographique étrangement complexe.

Impossible à Rhôz de prendre note sur un carnet de ces idéogrammes cachés. Sitôt qu'elle commence à en tracer les premiers traits, elle perd la trace du modèle dans le texte, comme s'il était impossible de le retrouver sans faire un long parcours de plongée dans les arabesques. Il faut de plus une certaine concentration pour en saisir le contour, qui donne parfois l'impression d'être animé d'un mouvement d'oscillation morphologique. Est-ce seulement un effet d'optique ou bien l'affleurement d'une réalité occulte plus profonde ?

Tout cela donne l'impression d'un battement, d'une pulsation ontologique cachée derrière la première apparence des choses... Et quelque chose de ce mouvement semble se frayer un chemin dans l'esprit de Rhôz, se ficher dans sa mémoire de sorte qu'en croisant un symbole pour la deuxième fois, elle le reconnaît, malgré son aspect mouvant et insaisissable. Une sorte de magie.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Sukra 6 Dasawar 814 à 17h10
 
Après une nuit très blanchie, et un bon ka'afë pour se réveiller, Rhôz est partie faire un tour au Parc aux oiseaux. Elle a prévenu Lohan qu'elle n'aurait pas besoin de lui de la journée. Elle prévoit de la consacrer entièrement à l'étude de son « tome rouge ». Mais pour se toiletter les méninges, au préalable, rien de tel qu'un bon bol d'air.

En cette saison froide, il n'y a pas beaucoup d'oiseaux pour s'ébattre en plein air. Juste un paysage de jardin froid, un peu triste sous le ciel gris. Dans sa tête, « Le Chant du Bon Œil » lui revient sans cesse et fait ressurgir les signes aperçus dans les gravures. Toujours dans le même ordre, comme une séquence ésotérique cachée dans le texte et maintenant gravée dans sa mémoire. Une sensation la taraude qui n'est pas très éloignée de la Migraine – quelque chose de fort mais qui ne lui occasionne aucun mal de tête.

Elle a besoin de se relaxer. Elle se relâche un peu, fait quelques exercices respiratoires. Ce poème envahissant ne veut pas se faire oublier. Elle se décide à se le réciter une fois de plus, une dernière fois, se dit-elle, comme pour enfin l'expulser et s'en libérer l'esprit. Les vers se succèdent, et toujours l'image intérieure des signes mystérieux. Elle se prend à susurrer des syllabes supplémentaires à chaque césure, dans une langue qui lui est inconnue. Chose plus étonnante que la sensation de chaleur interne, plus familière. Un vague qui l'envahit d'un coup puis se s'évanouit, comme une bulle de savon qui éclaterait.

Le poème envahissant est retourné se tapir quelque part, loin, dans les tréfonds de son esprit. Elle espère n'avoir laissé échapper aucun indice visuel de son animation intérieure. De toute façon, là où elle se trouve, un bosquet la cache du reste du parc. Des arbres engourdis par l'hiver, qui ont laissé tomber toutes leurs feuilles, dont toute la sève est redescendue vers les racines, mieux abritée du froid. Elle le sent de façon très intime. Passe un rouge-gorge courageux, à la recherche de nourriture. Elle sent son petit cœur d'oiseau qui bat, la pulsation du sang dans ses veines. Elle perçoit même tout son circuit sanguin.

Elle détourne vivement son attention du volatile. Cette dernière perception était très dérangeante. Et puis elle voit sa propre main, ses propres veines, sa propre circulation... Magie ou sorcellerie ?



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Luang 8 Dasawar 814 à 13h26
 
Le retour au bercail a été particulièrement affreux. En plus de ressentir le moindre détail de ses mouvements physiologiques, Rhôz a perçu ceux des autres. Tous les autres. Fort heureusement, le temps hivernal réduisant au minimum le métabolisme des végétaux, elle n'a pas eu à déplorer de perceptions trop vives de ce côté-là. Elle a naturellement jugé préférable d'éviter de se rendre dans les volières. Le rouge-gorge du début lui a suffi.

Elle a aussi pris soin d'emprunter les rues les moins passantes, ce qui ne l'a pas empêchée de ressentir plusieurs fois cette sensation de sentir battre les organes d'autrui. Il y a eu notamment cette femme avec son bébé. Jamais un petit Krolanne ne lui a paru si fragile et vulnérable. C'était effrayant. Et ça l'est toujours quand elle y repense.

Cloîtrée dans sa chambre, elle se concentre pour tenter d'atténuer le phénomène, essayer de le faire passer. Comme tout ce qui concerne les pouvoirs de Lanyshta, il doit y avoir moyen de le maîtriser. Et effectivement, après quelques essais exténuants, elle sent qu'elle peut contrôler un peu l'étendue de cette perception, sa direction, sa profondeur. Avec un peu d'exercice, ce devrait être parfaitement maîtrisable.

La question suivante se pose désormais : va-t-elle s'aventurer à étudier le deuxième poème aussi minutieusement que le premier ? Ce sont des moments éprouvants en perspective. Elle pourrait bien remettre cela à un autre jour... mais, après tout, elle a justement réservé sa journée pour étudier les poèmes du tome rouge. Et puis sa curiosité ne la laissera pas tranquille tant qu'elle n'aura pas exploré la chose autant qu'elle le peut.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
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Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Dhiwara 21 Dasawar 814 à 16h44
 
La formule cachée dans l'autre poème est de nature plus subtile dans ses effets. Quelque chose de l'ordre de la stimulation corporelle. Une sensation de fourmillement dans les jambes qui incite à les mettre en mouvement, que ce soit pour danser, marcher ou bêtement les agiter en l'air. Une sensation un peu moins déstabilisante que celle de la précédente incantation, pour qui a déjà fait l'expérience d'un sévère abus de ka'afë.

Dans les deux cas, il faut faire attention aux fameux « effets lumineux », souvent mentionnés dans les entrelacs psychiques. Rhôz a pris les temps de bien observer le phénomène dans sa mansarde, en lançant de nouveau les deux sortilèges, mais aussi en se concentrant pour canaliser un peu d'« énergie destructrice » : chez elle il s'agit d'une incandescence de certaines parties du corps, en particulier des paumes des mains, qui s'accompagne d'un phénomène calorique plus ou moins important. Un peu comme le bois quand il devient braise sous l'action du feu. Elle a pu vérifier que ce n'est pas qu'une sensation : posant sa main sur une feuille de papier, suffisamment longtemps, elle y a laissé son emprunte roussie.

De nouveaux pouvoirs à bien contrôler pour ne pas provoquer une catastrophe. Des risques d'incendie évidents en cas de mauvaise maîtrise. Un problème de discrétion, aussi, bien que le port de gants suffise probablement à dissimuler l'essentiel des signes avant-coureurs.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 16h30
 
Parmi les observations les plus remarquables que Rhôz a pu faire pendant ses exercices, il y a le fait que le processus d'incantation génère un afflux calorique qui va se disperser – ou se déverser – au moment de produire un effet. En quelque sorte une conversion d'énergie en altération de matière, ladite énergie étant d'origine psychique et néanmoins physiquement sensible, et les altérations tout à fait palpables (au moins du côté de l'incantatrice).

Après la surchauffe corporelle et émotionnelle vient, comme un contrecoup, un coup de froid dont les effets peuvent aller jusqu'aux tremblements. Il ne fait aucun doute pour l'étudiante que la maîtrise des capacités de Lanyshta et des différents phénomènes afférents repose sur le contrôle des flux d'énergie psychique, de ces échauffement et refroidissements. Cela lui évoque certaines lectures sur les techniques de relaxation du corps et de l'esprit. Des choses dont elle a déjà testé l'efficacité pour se détendre quand, après une journée difficile, l'énervement accumulé tarde à se dissiper. Des exercices respiratoires, par exemple, pour redonner au corps souplesse et chaleur. Voilà une bonne piste pour démarrer de futurs exercices.

Ensuite viendrait le moment de se pencher sur un autre phénomène souvent évoqué : l'infusion de cette énergie psychique dans des objets inertes pour en améliorer les caractéristiques.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
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Rhôz
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Kil'sin  
Le Matal 20 Jangur 815 à 22h22
 
En fin de compte, il semblerait que la circulation des énergies dépende moins d'un état de relaxation que de concentration... Tout comme
il est possible d'« appuyer » intérieurement pour contenir une poussée de fluide calorique et empêcher, retarder ou ralentir une éruption émotionnelle ou magique, il apparaît possible (après de premiers essais à affiner ultérieurement) d'« aspirer » de ce fluide, de le tirer du tréfonds de soi pour effacer la froidure qui vient après échappement de l'incantation. Accumuler du fluide. Expulser. Pomper du fluide. Rééquilibrer. Le prix à payer semble être une fatigue accrue, une pénibilité relativement bénigne – moins dérangeante, en tout cas, que
la sensation de froid intérieur.

Tout cela nécessiterait plus ample observation, un peu d'expérimentation. Mais l'heure ne s'y prête pas : Rhôz trouve dans un monorail filant vers Kil'dara, en compagnie de son fidèle assistant Lohan (qui somnole avec son chat) et d'un faux contrôleur (qui fait la sieste). Au lieu de se replonger dans son manuel de patois kildarien, elle laisse dériver ses pensées. Et la voilà qui repense à la Grande Voix entendue la nuit de son Éveil. Elle y a si peu pensé depuis...

Dans le calme tout relatif du transport motorisé, quelque part entre deux sharss, voilà sur quoi son esprit se fixe : une voix entendue en rêve qui ouvre sur un autre rêve. Un message qui en contient un autre, une parole qui produit des effets. Une incantation. Et des question : qui est l'incantateur ? Où se trouve-t-il ? Quelles sont ses fins ?

Et qu'en est-il de ses moyens ?



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
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Kil'sin  
Le Dhiwara 26 Astawir 815 à 09h29
 
Un peu de temps a passé depuis la découverte du Tome Rouge. Rhôz le feuillette encore de temps en temps, mais on dirait que la magie est passée. Ce n'est pas qu'une métaphore : il avait un chatoiement qui semble s'être terni.

Avant même qu'on l'ouvre, il dégageait une sorte d'aura qui avait éveillé dès le premier instant l'attention de Rhôz – ou son sixième sens –, qui le lui avait fait repérer dans les étagères du bouquiniste sans qu'elle en voie plus que le dos de reliure. Une fois ouvert, la belle facture de ses gravures et typographies sautait aux yeux. Et en prenant le temps de le lire vraiment, de nouvelles couleurs semblaient ressortir, de nouveaux caractères se dessinaient derrière les impressions sur papier, des signes inconnus et qui pourtant semblaient faire sens. Qui lui avaient un caractère familier.

À présent, ce chatoiement, du livre elle n'en sent plus l'émanation. Le Tome Rouge est redevenu un banal bouquin. Une beauté ouvragée, patinée par le temps, mais banale. La danse des caractères cachés, elle ne la voit plus qu'en souvenir. Ils ne se trémoussent plus que dans sa mémoire, comme s'ils avaient glissé d'un support à l'autre. Et peut-être que c'est exactement ce qui s'est passé.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
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Rhôz
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Kil'sin  
Le Dhiwara 31 Manhur 815 à 15h08
 
Dans les sharss sont dissimulées des Caches. Des lieux tenus par des Krolannes très au fait des capacités des Lanyshtas, et apparemment amicaux. Leurs demandes de discrétion et de prudence sont telles que le mot ne circule qu'avec parcimonie parmi les Lanyshtas. C'est sans doute la raison pour laquelle il lui a fallu tant de temps pour découvrir le pot aux roses, alors que d'autres en avaient manifestement déjà connaissance.

À vrai dire, tout est enveloppé de secret et de mystère concernant ces Caches : leur existence et leur emplacement, bien entendu, mais aussi leur origine, leur organisation, leur nombre même – combien dans chaque kil ? Impossible à dire. On peut supposer qu'il y ait de vieux Lanyshtas cachés derrière tout cela – ou sinon d'autres être aux pouvoirs comparables. La dernière hypothèse n'a rien de rassurant...

Les seules choses établies : on y trouve de gros Cubes magiques contenant eux-mêmes de plus petits cubes – des Cubicules – que les Éveillés peuvent « absorber » pour acquérir de nouvelles connaissances, généralement liées à la magie et autres pouvoirs des Lanyshtas. Son Tome Rouge était apparemment une création apparentée, quoique « plus grossière » selon les dires de l'opératrice présente à sa première visite avec le Doc.

Par la suite , Rhôz y est retournée plusieurs fois acheter des cubicules et s'instruire. Elle a appris qu'en plus de leurs pouvoir innés, les Lanyshtas ont généralement une affinité particulière avec une branche thaumaturgique parmi trois : Korthomancie, Noxamancie et Phérémancie, respectivement magie des subterfuges, de la destruction ou du renforcement. Elle-même étant plutôt versée dans la dernière catégorie, dont elle a appris un ou deux tours supplémentaires.

Mais le plus passionnant pour la linguiste a été la découverte d'un « langage runique des Lanyshtas », lié aux signes ésotériques perçus dans les poèmes de son Tome, et à d'autres choses plus subtiles que, pour une bonne part, il lui faut encore élucider. C'est une matière très complexe : bien qu'ayant dilapidé ses économies pour se fournir cubicule après cubicule, elle commence à peine à en saisir les bases. La voilà étudiante plus que jamais...



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Luang 6 Julantir 815 à 21h36
 
La période a été intense. Elle y a dilapidé toutes ses économies, et même dû emprunter des graines à des connaissances. Au bout d'un moment, elle a cessé de compter les cubicules – elle en a fait une telle consommation qu'elle en est arrivée, le temps d'une journée de doute, à se demander si tout cela était bien raisonnable, s'il elle n'était pas tombée dans une sorte d'addiction à ce petit vertige ressenti à l'absorption d'un fragment de cube. Mais le fait est qu'elle a pu mesurer, aussi, une progression régulière de ses connaissances, bien qu'elle ressente la méthode – tout ce qu'il y a de plus magique, court-circuitant le temps de la recherche et le processus habituel d'apprentissage linguistique – comme tout de même très artificielle, sans doute trop à son goût, en tout cas fort frustrante.

Il faut dire que le runique est un langage vraiment particulier, reposant sur une phonation télépathique (on peut le parler, l'écrire ou le gesticuler, mais l'essentiel reste la partie psychique de l'expression) et un ésotérisme morphologique compliqué à l'extrême (une multitude d'éléments de base, aux innombrables combinaisons et variations, doublés de jeux complexes de connotation et de correspondance). Il paraît évident que seul un Lanyshta expérimenté peut manier un tel idiome ou, éventuellement (et plus généralement – si l'on suppose l'existence de telles capacités chez d'autres êtres –), un télépathe.

Au terme d'un gros « travail » d'ingurgitation, paradoxalement aussi actif que passif, lui donnant parfois l'impression de se soumettre à un gavage volontaire, l'Étudiante a fini par sentir une modification de certaines perceptions. Elle commence par exemple à discerner des signes lisibles dans les auras des autres Éveillés – du moins ceux et celles qui se sont déjà ouverts à elle psychiquement, c'est-à-dire avec qui elle a eu des contacts télépathiques. Bien entendu, tout cela reste très flou. Mais ce sont d'encourageants balbutiements. Et elle pense être proche d'un niveau de maîtrise suffisant pour ne plus continuer à recourir aux cubicules que de façon occasionnelle. Le retour à des méthodes plus familières – observation et supputation, essais et erreurs – sera à la fois moins coûteux et plus satisfaisant intellectuellement.

Le route est encore longue avant la pleine maîtrise du runique, mais elle commence à comprendre comment suivre le sibyllin chemin.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)

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