Tout le monde me croit endormi... eh eh...

Les yeux mi-clos, j'écoute tout ce qui se dit. Oh bien sûr, je n'y comprends rien, après tout je ne suis qu'un chat que les borborygmes krolandais indiffèrent. Cependant, les fragrances délicates des uns et des autres transportent des informations dont nul bipède ne soupçonne la richesse ; d'un plissement de nez, d'un frémissement de moustaches, je perçois l'essentiel de l'état psychologique de mon entourage.

Nul besoin de super-pouvoir, de troisième oeil ou de perception extra-sensorielle à la noix pour obtenir ce résultat : je ne suis pas un lanyschat, moi !



Pourtant, sans avoir à les regarder, je sais tout ce qu'il y a à savoir des trois gugusses qui m'entourent :

- La femelle est sereine. Elle maitrise la situation. C'est le cerveau de la bande. J'ai beau retourner la question dans mes 30 grammes de neurones, je ne comprends pas ce qu'elle fait avec mon Lohan. C'est d'autant plus bizarre qu'elle n'est pas en chaleur - en même temps, les bipèdes ne le sont jamais... ou toujours, question de point de vue - alors, qu'est-ce qu'elle lui trouve ? Bordel, elle ne pourrait pas s'en trouver un autre ? Celui-là est pris ! Qui voudrait avoir une portée avec un pareil béjaune ?

- Mon krolane, lui, est - une fois de plus - bizarre : pendant quelques secondes, au moment où je l'ai retrouvé, son odeur était altérée, mélangée, brouillée... comme si quelqu'un d'autre, un court instant, s'était vêtu de sa peau.
Ce n'est pas la première fois qu'il me fait ce coup-là : il est devenu coutumier du fait depuis, environs... deux bons mois. L'avantage d'être un chat, en la circonstance, c'est que mes sens supérieurs me permettent d'anticiper le phénomène d'une bonne poignée de secondes.

Cela se produit lorsque le grand couillon est soudainement stressé. La chronologie est toujours la même : à chaque fois, une lumière brille d'abord à son cou, puis son aura olfactive change et enfin, son comportement bascule - je ne saurais l'exprimer autrement - et un intrus prend sa place. C'est aussi simple et curieux que cela. Perturbant, mais amusant !

Perturbant, parce que j'ai soudain un inconnu en face de moi, un inconnu dont je ne sais rien...
Amusant, parce que dès qu'il me voit, la métamorphose s'inverse et Lohan reprend sa vie. Du coup, je gère la chose comme je l'entends et parfois, j'avoue... j'en joue !

- Le nommé Cal - si ce son est bien ce qui l'identifie, ça se tient compte tenu du peu que j'en comprends - est excité comme un chaton dans un magasin de croquettes. Plus je me concentre sur ce qu'il dégage et plus je l'associe à... un matois, un gars de la nuit, du genre à s'embarquer dans tous les mauvais coups. S'il avait deux pattes de plus, je l'embaucherais. Je suis sûr qu'il a des lames planquées dans sa fourrure et qu'il sait s'en servir... les chats sentent ces choses-là.

J'ai hâte d'arriver à bon port. J'ai rencard avec Gros-Lard, bras droit du Kid, le parrain des quartiers sud de Kil'Dara. Je vais prendre des vacances, mais ça n'empêche pas d'honorer les vieilles alliances : le Gros et le Kid sont de bons potes sur qui on peut compter... ça peut servir, en cas d'embrouille sur un territoire mal connu.

 
Il y a beaucoup d'informations qui circulent, j'ai un peu de mal à tout retenir.

Donc, Cal est un... un aventurier du quotidien, si je devais résumer l'affaire. Il a l'air très actif. Philanthrope, m'oui, ça sonne bien... et créateur d'un comité ? Vachte, ça envoie du steak !

En revanche, il fricote avec la dénommée Jade, celle-là même que d'aucuns accusent d'un meurtre es-lanystha - ça serait bien d'ailleurs que cette histoire soit clarifiée, parce qu'elle me stresse menu - et en sus, il se planque chez elle... mais pourquoi ? Slathy le cherche, lui aussi ? Il ne le dit pas.
C'est marrant mais moi, si j'avais connaissance de la présence de Jade dans les environs, j'aurais envie de me cacher ailleurs !
Je vais lui poser la question, tiens.
Ou pas.
...
Oui, « ou pas », c'est mieux.
…
Merde, j'ai trop envie de savoir ce qui se trame ! On ne me dit jamais rien, pas surprenant si je suis toujours à la ramasse dès qu'il se passe quelque chose d'intéressant !

- Dites, euhh... Cal : qu-qu'est-c-ce que v-vous craignez p-pour vous c-ca-cacher chez une f-furie s-soup-soupconnée d'être uu-une m-mm-meumeu-meurtrière ? Qu-quelqu'un v-vous cherche d-des p-poux ?

Sous-entendu : est-ce que vous avez emporté vos problèmes avec vous et donc, va-t-on se les prendre dans les dents si l'on se promène ensembles, bras dessus bras dessous ?

Tant que j'y suis, je relance l'érudite sur un sujet qu'elle n'a pas relevé, lors de notre entretien chez Tête-de-Cloches :

- Madame R-Rose, v-vous ne m'av-vez p-pas dit ce qu-que v-vous p-pensiez de cette id-d-dée de pa-papa-parainage, euh... des p-planqués d-dans mon ggg-gg-genre...

 
Un aventurier du quotidien, une expression qui aurait plu au voleur, à n'en pas douter. Et le fait d'envoyer du pâté l'aurait carrément envoyé au Septième Ciel. Enfin bref ! A l'étudiante, c'est vers elle que son plus blanc des sourires se tournent :

CK : "Oui, on en parlera, l'Empirisme Militant, tu te souviens de ce que je t'avais dit dans ce bar, quand on était boire un verre : on n'avance qu'en expérimentant, en mettant sa main dans un piège à ourse ou en caillassant un nid de guêpes ! Bon, ce n'est qu'un aspect mineur, mais ceux qui, comme moi, désire tester leurs limites et celles du monde qui les entoure ! Ca, et former quelques futurs artistes et spécialiste de l'escamotage, comme moi. Oh, et ce n'est qu'un nom temporaire, je trouverai mieux plus tard."

Puis, tournant un sourire non moins amical, mais moins blanc, vers son larb.... Son assistant :

CK : "Rien du tout, et aucun rapport ! La-dite furie n'a justement rien d'une meurtrière psychopathe. Raisonnée, oui, psycho, non. Et justement je voulais te parler de ça, Rhôz, ne trouves-tu pas bizarre que Jade, pourtant si mécanique, logique, et systématique, s'en prenne à un lanyshta et en plus après lui avoir donné son nom ? Le tout sans raison ? Nous ne la connaissons pas depuis peu, mais bon dieu ! Tu sais à quelle point cette femme n'a rien d'un être ressentant un sentiment, il y a forcément une raison pour ce qu'elle a fait, et ça, ça me fait réfléchir. Bon, outre le fait qu'elle me tape sur le système à se croire suffisamment légitime pour nous diriger... Hein, est ce que je vous dirige, moi ? Hein ? Sans rire, cette femme range même ses petites culottes par ordre de taille et de couleur."

Regard d'incompréhension, il se cale dans son... Siège improvisé.

CK : "Non, vraiment, un penchant psychopathe sorti de nulle part... Ne me dit pas que tu n'y as pas pensé soeurette."

 
Ah, Jade... À vouloir se mettre au centre des choses, elle s'était au moins mise au centre des conversations.

Tout dépend ce que tu appelles psychopathe, Cal.

Pour froidement rationnelle qu'elle se montre en première apparence, elle ne l'est peut-être pas tant que ça au fond. N'as-tu pas remarqué qu'elle ne semble pas capable d'aborder la moindre question pratique sans y inclure assez rapidement l'idée de blesser ou sacrifier quelqu'un d'autre ?

Elle juge plus prudent de poursuivre par l'envoi de pensées à ses deux compagnons.

Pensée :
Profitant d'une courte pause où tout le monde semble se plonger dans ses réflexions, Lohan relance la question plus ancienne d'un possible parrainage des néophytes.

Rhôz hoche la tête :

Le principe de parrainer les nouveaux venus n'est pas une mauvaise idée. C'est même sûrement la meilleure façon d'éduquer un débutant. Mais...

Elle marque un petit temps d'hésitation. Retour à la télépathie :

Pensée :

 
J'oublie toujours qu'on peut avantageusement penser plutôt que parler...

C'est une façon de communiquer d'autant plus confortable qu'elle me permet d'énoncer mes idées sans les hésitations, bégaiements et autres tics handicapants dont mon élocution usuelle est coutumière. J'enchaine donc par la télépathie, à mon tour :

Pensée :

Purée, ça fait longtemps que je n'avais pas réfléchi comme ça... Hoouuuuu, je me sens partir, là !
Je tourne vaguement de l'oeil, me reprend et demande plus spécifiquement :

Pensée :

 
Il secoue la tête.

CK : "Je n'ai pas dit qu'elle n'était pas violente, mais elle a forcément calculé les avantages et les inconvénients. Si elle l'a fait, ce n'est sûrement pas par plaisir, trop risqué d'attaquer quelqu'un qui peut aussi facilement communiquer sans une idée ou un plan derrière la tête, non ? Même moi, je ne le ferai pas !"

Les pensées viennent, il sourit, et hausse les épaules.

[pensée]CK : "Evidemment qu'elle ne s'est pas proposée. Quelqu'un le ferait ? Et évidemment que l'idée est complètement amorale, mais une machine ne réfléchit pas comme ça ! Elle rationalise à outrance ! Dites, vous êtes conscients qu'à trois peigneux qui se regardent dans le blanc des yeux sans parler, on fait vraiment suspect ?"[/pensée]

Et à haute voix :

CK : "Bon, on fait quoi une fois arrivé ? On visite ? Tourisme ! J'ai hâte de voir si les penseuses kildariennes sont aussi sauvages que nos Kilsiniennes habituelles. Ohohoho, ou leur bière, est-ce qu'ils ont développé des méthodes de brassage particulières ! C'est sûr !"

Bien sûr, il ne se stoppe pas lorsque les autres devisent par pensée. C'est intelligent, hein, hein, hein ?

CK : "Vous dormez où, là-bas ? Je vais me prendre une chambre avec vous, ce sera plus simple pour sortir en ville, oui ! Beaucoup plus simple..."

Et simultanément, en pensée :

[pensée]CK : "Oui, le tutorat de chambre d'auerge, plus simple pour l'intégration en v... Euh... Non, nononon... Attendez. Le tutorat de llanyshta. Bonne idée ! Si y'en a un dans le tas qui veut devenir apprenti v... Acrobate, je le prends, il lui faudra une poigne de fer charismatique pour prendre soin de lui ! Ou d'elle. Ou d'elle ! Et arrête de flipper pépère, on va facilement passer inaperçu, si tu ne te contente pas de nous regarder dans le blanc des yeux et que tu parles, ça passera tout seul, desserre les fesses, un peu !"[/pensée]

 
Nous avons déjà réservé nos chambres, mais tu peux descendre dans le même hôtel si tu veux. Il est possible qu'il reste de la place.

Par contre pour ce soir, ce sera sans nous, nous avons un diner des scientifiques locaux. Un premier contact pour le travail.

C'est la stricte vérité qu'elle énonce là, bien qu'omettant le fait que ceux-là sont des Lanyshtas.

Pensée :

 
Pensée :

Je ne vais pas contrarier la patronne dans sa hiérarchie personnelle des dangers avérés ; j'observe simplement, in petto, que nos propres dissensions ont davantage tué que toutes les offensives ennemies - krolanes ou autres - cumulées et que, si des complots retords nous visent, ils sont surtout d'origine interne. C'est pourquoi l'hypothèse d'être disséqué vivant ne me parait point absurde. Quant au projet du bariolé... Erudite, votre audace nous perdra !!

La suite de mes messages s'adresse plutôt à Cal, mais j'en fais profiter madame Rose, comme toujours lorsque je pense "sérieusement" en sa présence :

Pensée :

Mon pessimisme naturel a refait surface. Il est vrai que l'actualité me brosse l'esprit dans le sens du poil, je n'ai nul besoin de me forcer !
Pour ne pas rester sur une touche glauque, je souris au jeune homme et poursuit :

Pensée :

Coup d'oeil à ma mentor

Pensée :

L'intéressé ouvre une paupière, me jette un regard consterné, puis se rendort.
Je ne sais pas ce qu'il pense et quelque part, une petite voix me dit :

Ca vaut mieux.

 
CK : "Parfait, faisons cela ! Je vais avoir l'occasion de voir à quoi ressemble l'hôtel typique kildarien. Ca c'est l'empirisme comme je l'aime."

Croisant ses jambes d'un gracieux mouvement, il sourit.

CK : "Je trouverai bien à m'occuper en attendant. C'est un nouveau territoire à explorer, de nouvelles richesses à pi... Découvrir. Découvrir. Il faut que je surveille mes lapsus, moi."

Regard vers Lohan, puis, en pensée :

[pensée]CK : "Comprenons nous, cher ami, je ne justifie en rien les actes de Jade. Même si je décide personnellement de ne pas les juger. En soit, je m'en fiche, ce qui me rend plus dubitatif sur notre relation reste sa propension à tout vouloir diligenter. Qu'elle le fasse avec sa vie ne m'emmerde pas, qu'elle le fasse avec la mienne, plus. Et à ce niveau-là, je risque d'être suffisamment clair au prochain "ordre" de sa part pour lui passer le goût de chercher à me classifier."[/pensée]

Un grand sourire.

[pensée]CK : "Mais desserrer les fesses favorise les rencontres amicales, Lohan. Et on ne choisit son entourage qu'au gré de rencontre hasardeuse, au fond. Comment aurai-je rencontré Rhôz sans Jade ? Mmmmh ? Sans risque je serai au Kil'Sin le cul vissé sur une chaise. Et qui, alors, pour animer un peu vos colloques ennuyeux et maussades ? Pas bibi ! Remerciez donc Jade, grâce à elle, le Prince des Voleurs vous accompagne. Ca claque, hein ? Vous vous faites trop de soucis, mes amis, vous ne profitez pas assez. On reparlera de ce bariolé, tiens, ça m'intéresse. Mais d'abord... Réveillez moi à l'arrivée."[/pensée]

Se calant contre le siège, il ramène son couvre-chef sur son visage. Une langue glisse sur ses lèvres. Une école de lanyshta. Très, très intéressant.