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Turpitudes nocturnes...
Et charivaris diurnes !
 
Lucco
Libertaire
Kil'sin  
Le Luang 12 Jangur 815 à 16h25
 
Je me souviens avoir posé la tête sur l’oreiller… Une bienheureuse fatigue s’emparait doucement de chaque fibre de mon être, mes muscles se détendaient et mes paupières s’alourdissaient agréablement.
Et ça a commencé.
Je n’ai pas souvenir d’une lente chute dans le sommeil. Il n’y a pas eu de gradation, pas d’avertissement.


Animal ? Danger ?

Juste le grondement. Le grondement sourd.
J’ai voulu regarder autour de moi. Mais il n’y avait pas d’autour parce qu’il n’y avait pas de moi. Pas de corps, pas de présence.

Partout. Nulle part.

Pas de prise, pas d’environnement. Pas d’échappatoire donc. Où est le point de fuite ? Par où s’enfuir en cas de danger ?

Voix.

Et ce bruit. Ce bruissement, comme des milliers d’ailes d’oiseaux qui battent en même temps.
Non. Pas des ailes. Oui… des voix. Des murmures, partout, qui éclataient comme des bulles de savon, des murmures qui fleurissaient l’univers comme les nuages inondent le ciel un jour d’orage
.

Perdu !

Seul, seul, en danger. Fuir, surveiller, anticiper. Trouver des repères ! Un coup d’avance ! Où suis-je ? Je ne m’y retrouve pas. Je ne reconnais rien.

Douleur ?

Un sentiment violent, comme un souffle coupé par un coup de poing dans l’estomac ou comme un direct au menton qui vous sonne.

Colère.

Sauf que c’est dans mon âme que ça trifouille. Comme si j’étais ouvert en deux. On farfouille en moi. Je suis pas un putain de coffre que l’on vide comme une truite bon sang ! Je tempête intérieurement, je rage, je colèrifie comme un saoul-soudard ! Va tripatouiller ailleurs !

Inondé. Noyade ?

Les murmures incessant se modulent, passent du torrent effréné à la rivière en crue. Me voilà bien. J’ai l’impression que ça m’entoure, loupe, et que ça m’emmène, me perd, me ramène et me fait danser une gigue de tous les diables.


Lessive et laitue !

Je virevolte sans bouger, tourneboulé comme un une salade que l’on essore avant d’être battue comme plâtre par une lessiveuse dans un bac d’eau.

Reste en pièces.


On m’écharpe, me déconstruit pour me tricoter, on s’arrache des morceaux de mon âme et on recompose la compote , on recompote, les pièces en vrac ! Le brouhahaha devient plus perçant, une aiguille qui me perce, me taquine et me blesse sans me faire mal !

Silence.

Et tout s’arrête soudain. Le silence le plus total. Le calme platibulaire, à la gueule inquiétante. J’ai l’instinct fin, je sais quand ça va tourner vilain. Et là, je le sens pas du tout. Mais pas du tout, du tout !

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Et d’un coup, c’est comme si tout le brouhaha, tout le tumulte qui s’enfouissant d’un coup en moi ! L’impression qu’un benêt géant tente de faire rentrer dans ma carcasse carrée un rond de fureur bien trop gros pour moi !

Hein ?

C’est trop ! C’est trop ! Je vais exploser et ça va être sale ! Arrêtez ! Pitié ! Arrêtez !
Et d’un coup, tout s’arrête de nouveau. Je reste sur le qui-vive, les sens aux aguets. Chat échaudé craint le coup de trique. C’est alors que j’ai cette étrange sensation. Comme si j’ouvrais les yeux. Sauf que je n’ai pas d’yeux. C’est quelque chose en moi qui s’ouvre. Quelque chose qui voit et qui dit, qui respire et qui sent. Ca palpite comme un second cœur, ça pulse comme un tic-tac déluré. Et ça… hurle ?


À GAUCHE !

Je rouvre les yeux, juste à temps pour voir un gourdin obscurcir mon champ de vision.



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Si vous ne savez pas le dire, nous savons l'écrire !
 
Lucco
Libertaire
Kil'sin  
Le Julung 15 Jangur 815 à 17h43
 


Un très joli gourdin, au bois plein de nœuds et d’histoires. Mais les nœuds au réveil, point pour moi. Dans un glapissement du plus bel effet, à mi-chemin entre la pucelle effarouchée et la perdrix qui apprend à nager, je roule vers la gauche et, dans un choc sonore, tombe du lit tandis qu’un gourdin lancé à pleine vitesse par ce qui semble être un homme fort marri, voir un mari, assassine violemment un oreiller, projetant mille et une plumes dans la chambre avant de se retourner vers moi dans l’objectif apparemment assez clair de voler dans les miennes.

Je me lève d’un bond et me rends compte que je suis nu comme un ver, métaphore malheureuse quand on est dans son habit de naissance, je vous le concède.

Nu comme un ver donc. Et un homme tient un gourdin, malheureuse métaphore à nouveau, et me regarde d’un air peu amène. D’un œil au lit, je pense déceler la cause du délit dans les traits fort avenants d’une jolie blonde. Bon, certes, le cri strident qu’elle laisse échapper en ramenant draps, oreillers et membres de son frêle corps contre elle ne rendent point hommage au délicat faciès que j’embrassais cette nuit.

Sentant, donc, que l’origine de cette affreuse méprise réside parmi les draps, je m’adresse au galant homme gourdiné tout en cherchant du pied mon pantalon, probablement négligemment jeté à même le sol hier soir…

- « Cher ami, ce n’est pas-du-tout ce que vous croyez, dis-je, en appuyant bien sur le « pas du tout ».

Pour toute réponse, le gourdin effectue une nouvelle envolée au milieu des plumes qui retombent sur la scène comme une neige hivernale indolente. Je me baisse précipitamment, ce qui me permet de retrouver mon pantalon. D’un bond gracieux sur le côté, tenant plus du crapaud paraplégique que du gentilhomme, je tente d’enfiler une jambe tout en cherchant du regard mes bottes, ma chemise et mes bretelles.

- « Voyez-vous, les apparences peuvent parfois être très… »

Nouveau coup de gourdin qui manque d’écraser mes orteils, que j’ai fort mignons et surtout fort utiles. Je bondis dans un léger glapissement purement reptilien et bute sur une botte, manquant de m’effondrer sur le parquet en me tordant la cheville. J’en profite pour la récupérer. La botte, pas la cheville.

- « … trompeuses ! », finis-je.

Ne l’entendant pas de cette oreille, ni de l’autre d’ailleurs, l’homme bondit sur moi et abat son gourdin, pas de remarque vous ai-je dit, fracassant le bureau devant lequel je me trouvais un instant plus tôt. Me jetant sous ses bras vengeurs, je me retrouve à quatre pattes, technique militaire trop peu connue. Ah, je retrouve une autre botte. Le compte devrait être bon. Si je ne m’abuse.

DROITE !

Quelque chose éclot dans ma tête avec violence. Une injonction impérieuse. Je n’ai pas même le temps de comprendre ce qu’elle est que mon corps réagit à l’instant et se jette sur le côté. Le parquet où je me trouvais élégamment en train de me vêtir tant bien que mal un instant plus tôt éclate en échardes de bois lorsque le gourdin s’abat avec violence.

Je me relève d’un bond, en sautant dans mes bottes. Une astuce que m’a appris un saltimbanque de passage, coutumier lui aussi des échappés drapesques matinales.

- « Sachez donc, cher monsieur, que je n’ai pas couché avec votre femme ! »

Un grognement teinté d’un rugissement éructe hors de la poitrine du gaillard dont le coffre, fort imposant, permet un cri impressionnant. Il recommence à mouliner vers moi de son gourdin. Silence sur les remarques ai-je dit !

- « Il s’agit là d’une redoutable méprise ! Je puis vous assurer que votre femme…
- Papa ! Ne lui fais pas de mal ! Arrête !
- … que votre fille donc, n’a absolument rien eu à craindre de ma part.
»

Je note dans un coin de ma tête que je n’avais encore jamais connu le père furieux. Le mari marri, oui mais le père qui vitupère, jamais.

Courant d’air.

Je note par la même occasion que la fenêtre de la chambre de la jeune femme est ouverte et semble donner sur les toits.

Nouveau tourbillon gourdinesque de notre père sévère, qui insiste lourdement.

- « Cher monsieur, il semble que nous soyons en désaccords profonds sur ma présence dans la chambre de votre fille Soléa…
- Méranda ! s’écrie celle-ci.
- … de votre fille Méranda, me reprends-je. Il convient donc, pour l’heure, de vous tirer ma révérence…
»

Ce que je fais vivement, non pas pour joindre à la parole, le geste mais bien pour éviter un nouveau coup de gourdin.

Me relevant, je bondis sur la table, saisit ma chemise qui traîne sur le dossier de la chaise et saute par la fenêtre, priant de tout cœur que le toit ne soit pas trop pentu.

Il l’est.




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Si vous ne savez pas le dire, nous savons l'écrire !

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