vide fam
 
 
Les Tours & Détours » Farandoles » D'égoûts et des couleurs

Page : 1 2 3 4 5

D'égoûts et des couleurs
Chasser les chasseurs
 
Norlail Menrar
Affranchi
Kil'dara  
Le Sukra 25 Astawir 815 à 19h13
 
Il était temps de sortir de cette cellule. Aussi Norlail n'hésita pas une seule seconde à prendre les devants de l'exploration. Pour la première fois depuis le début de l'expédition il se sentait livrer à lui même, libre. C'était agréable mais aussi terriblement perturbant. Cela voulait-il dire que jusqu'ici ils avaient été de simple pions? Alors qu'il progressait rapidement mais sans bruit dans le couloir Norlail se demanda quel genre de contrôle les Entités exerçaient sur les Lanyshstas.

De la simple suggestion? Ou bien un genre de manipulation absolue?

Les Lanyshstas avaient-ils vraiment un contrôle entier de leurs actes? Sur ce point Norlail commençait à avoir de sérieux doute. Car si il lui semblait que les Entités ne dictaient pas chacune des actions des Lanyshstas elles semblaient posséder un fort pouvoir de suggestion qui pouvait mener les Lanyshstas à agir dans un sens plutôt que dans l'autre mais qui semblait aussi posséder quelques limites. C'était inquiétant mais aussi assez fascinant.

Enfin bref. Ce genre de question il se les poserait le moment venu. Pour le moment il fallait avancer et découvrir où ils étaient, pourquoi ils y étaient, qui les avaient enfermé et aussi comment ils étaient arrivés là.



Je me prépare pour la guerre noble. Je suis calme. Je connais le secret. Je sais ce qui va arriver et que personne; même pas moi, ne pourra me stopper.
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 26 Astawir 815 à 17h16
 
Un couloir.
Les murs sont ici identiques à ceux de leur "cellule".
Toujours les mêmes globes bleus qui éclairent les lieux.

Dés qu'un pied est mis hors de leur lieu de réveil, ces mêmes globes se mettent à pulser.
Oui, pulser.
Doucement, une fois par seconde environ, la lumière fluctuant donc maintenant selon un rythme lancinant et relativement agréable.


Au bout du couloir, ils voient un autre espace, bien différent.
Les murs y semblent métalliques, recouvert d'une pâte translucide.
Le sol est comme vitrifié.
La couleur, l'allure, fait penser aux veinures bleues sur les autres murs qu'ils avaient observé précédemment.
Mais oui, ce sol était clairement une sorte de verre condensé de pâte bleue.
L'allure des lieux, l'agencement, faisait aussitôt songer à un labyrinthe.
Un labyrinthe... ou un espace de confinement, pour ralentir d'éventuels intrus ?

La somme de hasards improbables qui les avait mené là prenait fin.
Ils étaient libres, certes, mais encore sous le coup d'un chemin unique, semblait-il ?
Bizarre...
Cela ne correspondait pas à cette impression vécue juste auparavant.

Quelques secondes après leur sortie dans le couloir, une voix désincarnée - une vraie voix, et non de la télépathie - émana des globes lumineux.

Vous êtes réveillés ?
Déjà ?
Surprenant...

Venez donc me voir, je ne vous veux aucun mal.
Après tout, vous êtes mes invités puisque vous m'avez fait l'honneur de venir jusqu'à cette demeure...


Le ton, les accents désincarnés, correspondaient à la voix entendue au Fortin.
En plus grave certes.
Mais surtout sans cet aspect "mécanique" des propos.

Puis le silence.
Pesant.

 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Matal 28 Astawir 815 à 19h27
 
*** Pour être réveillé, Cal s'était... Réveillé. S'il était moins douloureux sur le plan physique, le choc mental du réveil en urgence fut un brin -oh, juste un brin- traumatisant. Et, sautant en l'air comme un chat réveillé à l'eau froide, métaphore oh combien judicieuse lorsqu'on parle du voleur félin.

Secouant la tête et tentant de reprendre ses esprits, il jette un rapide coup d'oeil à la porte... Partiellement atomisée. Métamagie, hein ? Il aurait pu s'y intéresser si les circonstances l'avaient rendu un peu plus... Réceptif. Mais sa curiosité naturelle s'était envolée, au profit de la situation relativement déplorable dans laquelle ils se trouvaient actuellement. Et ce n'était pas une porte explosée qui changeait vraiment la donne...

Après la porte, le couloir. Et la voix. Nouveau sursaut. Au moins, voyons le bon côté des choses, ça le tenait éveillé. Et, prenant l'initiative... -pour l'ouvrir, jamais le dernier- ***


Cal : Réveillé et prêt pour l'apéro ! Rassurez moi, vous avez prévu quelque chose ? Genre nous dire votre nom ? Nous dire pourquoi nous sommes là ? Enfin, ok, j'admets, on s'est un peu invité. Mais à notre décharge, la trappe n'était pas tout à faire prévu ! Et puis avouez que nous balancer dans les égoûts c'était pas super sport, on mérite bien un petit remontant non ?

*** Diplomatie 101 pour les nuls. Demander à la personne dont vous avez gentiment envahi la "base" de s'identifier et de s'excuser. ***



Gentleman Cambrioleur
Philanthrope Personnel
Explorateur Urbain
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Merakih 29 Astawir 815 à 11h24
 
Si les faits peuvent noyer la capacité d'analyse comme le ferait une mer, il convient de créer un tourbillon.
Il est là, invisible, à attendre... Mais une fois qu'il a attrapé un morceau de vérité, il l’écartèle, la remue, la triture, mais l'amène toujours jusqu'à son centre. Il suffit d'attendre, et cela finit par venir.

L'analyse de l'étrange agencement était à peine commencée qu'elle fut reléguée à un second plan pour laisser de la place aux nouvelles données.
Jade se permit même de se figer sur place -après tout, Norlail était déjà devant, elle pouvait bien laisser Cal la dépasser- afin d'écouter attentivement.
Elle avait laissé plusieurs hypothèses en plan, mais il était temps de réadapter la réflexion à l'ensemble.

Un lien existait.Il y avait plusieurs différences dans la voix, le ton, la scansion, mais aussi un tas de similitude. Ce pouvait être la même voix, subissant un autre type de déformation, ou une voix proche, une similitude d'expressions, venant d'une longue cohabitation.
Bref, il y avait au moins un lien avec le Fortin. Soit c'était Klem qui s'amusait grandement à dissimuler sciemment sa voix, soit celui qu'on pourrait qualifier d'opposant.
Quoiqu'il en soit, l'hypothèse initiale, qui avait plus tard été invalidée par Klem, revenait sur le devant de la scène : un Lanyshsta qui avait monté toute cette affaire. Pourquoi ce doute ? Quelque chose de trop différent de ce qu'il connaissait, ou quelque chose dont il avait voulu les éloigner ? Que ce soit une voie non découverte, ou une jugée trop dangereuse, une partie de la conclusion restait la même : il y avait ici des trésors de savoir à récupérer.

Car outre le lien de ce Lanyshsta avec Klem, le lien avec entre LES Lanyshstas et ces créatures technomanciennes existait aussi. Qu'il y ait ou non un intermédiaire, cela restait un potentiel fort...

Les globes parlaient, aussi. De cela, il n'y avait pas grand chose à tirer, si ce n'est la confirmation d'un lien. Les hypothèses liées à leur destruction ne devenaient pas plus claires, même si, une fois encore, la maîtrise des pouvoirs Lanyshstas dépassait largement la leur.


Forme terminée. Fond.

Car oui, il fallait désormais s'occuper aussi du sens des propos. Même si en partant du principe que leur interlocuteur était un tant soit peu intelligent et méfiant, elles se révèleraient moins précieuses : les paroles étaient des informations livrées sciemment, au contraire de ce qu'elles permettaient de déduire.
D'où un voile d'indécision. Une surprise sur le moment du réveil, peut-être même sur la capacité à se réveiller. Quoiqu'il en soit, il était su qu'ils étaient plus résistants que prévu, une éventuelle attaque ultérieure se faisant donc en prenant en compte cette résistance accrue.
Elle ne pensait pas pouvoir résister aussi bien à une seconde attaque plus puissante sur le même mode de défense. Il fallait donc commencer à s'organiser dès maintenant.
Désir d'entrevue. Aucun mal. Oui, c'est l'impression qu'elle avait eu. Mais le "mal" pouvait prendre différentes formes. La plupart des gens ne considérait pas comme mal le fait d'écraser des fourmis. La vivisection d'un condamné à mort afin d'engranger des connaissances permettant de sauver des dizaines de vies pouvait elle aussi tendre vers un grand bien, du point de vue de l'exécutant.
Elle avait ressenti cette attention... Mais si c'était une captation de l'état émotionnel de leur interlocuteur, cela ne signifiait pas grand chose pour eux. Sans compter qu'il les avait fait capturer alors qu'ils étaient déjà dans l'équivalent du jardin. Ce qui pour eux pouvait ressembler à une agression, et n'était pourtant pas vu comme un "mal".

Bon. Il souhaitait donc les voir, sans pour autant leur indiquer la localisation. Donc soit c'était évident, soit c'était une nouvelle épreuve. A moins que ce ne soit les deux, une vie recluse ayant altéré les perceptions au point de confondre certains principes.


Labyrinthe.

Ce qui laissait l'analyse du labyrinthe, oui... Car ce n'était à l'évidence pas un salon de réception classique.
Cal et Norlail -l'un silencieux, l'autre moins- s'étaient lancés dans la pièce. Pas fous, ils ne se ruaient pas dedans comme des enfants à la fête. Mais il fallait éviter les redondances : ils emploieraient sans doute la méthode classique du "main sur le mur" pour trouver une issue. Inutile donc de faire de même, s'il existait une sortie latérale, ils la trouverait avant elle.
Elle se chargerait de l'analyse globale.

Les murs, tout d'abord. Il y avait une différence entre l'extérieur et l'intérieur. Si les murs externes semblaient consolidés comme ceux de leur cellule, ceux internes étaient largement plus chargés en pâte. Ajout ultérieur. Croissance ? Oui, un aspect organique faisait plus penser à quelque chose ayant poussé qu'ayant été construit. Mais quoi qu'il en soit, si elle repérait le début du mur à droite puis...
Stop.

Stop, stop, stop. Droite, gauche, c'était des notions relatives. Si elle voulait s'en sortir, établir une carte mentale du lieu, ce serait des plus difficiles. Les points cardinaux réels étaient inaccessibles, mais on pouvait leur superposer temporairement une construction identique. Le couloir d'accès était donc... Mettons dans une direction sud-nord classique.
Le couloir s'ouvrait sur un mur perpendiculaire, est-ouest. En se déplaçant un peu, elle pouvait apercevoir un mur à l'est, dans la direction nord-sud. Dans le sens de déplacement nord-sud, elle avait parcouru l'équivalent de trente pas. Donc en tentant de garder en mire le mur est, se diriger globalement vers le sud, et...
Oui. Le mur sud se poursuivait, reconnaissable à sa texture.
Elle estimait la marge d'erreur à environ 15%, réductible à moins de 5% par rigueur de déplacement. Pas de quoi repérer un renflement suspect, mais assez pour voir une évolution de la configuration de la pièce.
Jade revint au point de départ, adoptant dès lors une démarche spécialement adaptée. Un pas parfaitement calibré, des virages à angle droit.
Les murs étaient droits, et mis à part des inclinaisons de quelques degrés pouvant passer inaperçus, ils suivaient les axes classiques.
Après quelques errements, elle trouva un second mur, le mur ouest. Hypothèse à vérifier : la salle principale était de forme rectangulaire. L'entrée se trouvant environ au milieu -à deux pas près- du mur sud.

Il n'était pas question de se faire une carte mentale du labyrinthe : l'aspect des murs les rendait à la fois tous semblables, et changeants en fonction de l'orientation. La pulsation de la lumière rendant les choses encore plus compliquées. Un moyen idéal pour qu'on se dise en permanence "je suis déjà passé par ici", sans savoir si c'était vrai ou pas. Aussi Jade avait-elle rapidement plissé les yeux, se contentant d'une distinction "vide/mur" pour avancer. Elle se basait sur un système de coordonnées : nombre de pas vers le nord, et vers l'est. L'entrée étant à zéro-zéro. Et elle notait mentalement les points de coordonnées où elle avait pu récupérer de nouvelles informations : positions des murs est et ouest, notamment. La première alcôve, aussi.

Car oui, le labyrinthe était un peu étrange. Trois murs, un carré privé d'est. Rien à l'intérieur, juste un espace vide où la lumière n'arrivait qu'indirectement (problème, d'ailleurs, si une nouvelle attaque lumineuse avait lieu : même s'il était possible de se soustraire à toute lumière directe, les murs reflétaient bien trop l'ensemble pour se trouver un coin à l'ombre).
En terme de labyrinthe, il n'était pas "parfait", il existait plusieurs chemins pour aller d'un point à l'autre -elle avait par exemple relié 17;12 à 22;-4 par une boucle nord, une sud, et un trajet presque direct- ce qui avait l'avantage de pouvoir aller rapidement d'un point à un autre, en se basant sur les coordonnées, justement.
L'inconvénient, c'était qu'il n'existait pas un unique chemin, mais une multitude d'îlots. La méthode de suivre un mur assurait de trouver rapidement une entrée latérale, mais tiendrait éloignée du centre de la pièce. Que quelqu'un dissimule quelque chose dans une alcôve centrale, et ils seraient bien en peine de le localiser. En connaissant ses coordonnées, on pouvait le retrouver très vite, forcément, mais dans le cas d'une exploration... Un labyrinthe parfait était assimilable à un unique couloir, qu'on parcourait une fois, en une dimension de "largueur" de couloir. Là elle était bonne pour une analyse en deux dimensions -pour ne pas dire trois, elle regardait après tout plus le sol que le plafond- ce qui prendrait un temps considérable.

Il lui fallut plusieurs minutes pour arriver à quelque chose de satisfaisant. Elle avait localisé le coin nord-est, de coordonnées est cohérentes avec une pièce rectangulaire, et d'angle correct. Il faudrait trouver le coin nord-ouest, et explorer le milieu du mur est, mais le mur nord était dépourvu de porte en son milieu.
Pas le mur ouest, ceci dit, où Norlail et Cal avaient d'ors et déjà localisé ce qui devait être l'une des sorties.



La perfection est amorale.
 
Norlail Menrar
Affranchi
Kil'dara  
Le Vayang 1 Manhur 815 à 19h32
 
Norlail poussa un soupire lorsqu'il entendit la Voix de l' Entité Négative. Pour l'effet de surprise ils repasseraient. L' Écumeur était quelqu'un de patient mais il commençait à être irrité par cette Entité qui ne cessait de les mettre en échec et de les balader comme s'ils n'étaient que de vulgaires pions. Habituellement Norlail se débarrassait de ses adversaires assez aisément. Souvent une balle dans la nuque suffisait à couper court au problème. Quelques fois il fallait élaborer un petit stratagème pour remettre les choses à leur place. Il était déjà arriver qu'on lui résiste mais il avait toujours plus ou moins su garder le contrôle de la situation. La faute aux pouvoirs de l' Entité Négative qui ne cessait pas de les surprendre.

Tout en parcourant le labyrinthe il ne put s'empêcher de se demander qui se cachait derrière cette voix. S'agissait-il d'une seule personne d'ailleurs? Probablement le saurait-il bientôt. En attendant il fallait trouver la sortie de ce foutu labyrinthe.



Je me prépare pour la guerre noble. Je suis calme. Je connais le secret. Je sais ce qui va arriver et que personne; même pas moi, ne pourra me stopper.
 
Obadia Prime
 
Le Dhiwara 3 Manhur 815 à 22h16
 
Avant qu'ils ne fassent une tentative, ou peu après, un déclic dans la porte et celle-ci s'ouvre d'elle même.

Derrière, une grande salle semblable à leur "cellule" au niveau des murs et des bulbes, avec en retrait tout un attirail d'expérimentation scientifique.
D'origine Krolanne, au premier coup d’œil.
En tous les cas, rien d'extravagant ou de totalement inconnu.

Plus loin, deux escaliers mènent à un piédestal avec un trône massif.
En bon état.
Devant, un être qui mêle tant de choses, entre métal et chair amalgamés, que les mots sont faibles pour la décrire.



Il est difficile de dire si l'être les salue, est calme ou agacé, bien entendu.
Mais une voix désincarnée, aux accents pourtant aimables, sort de la "bouche" de cette chose...

Bienvenue, Krolannes.
Entrez, mais ne prenez pas trop vos aises, vous n'allez pas rester longtemps.

Vous l'avez compris, je pourrai vous faire tuer.
Je ne le souhaite pas.

Ma question est donc simple...
Pourquoi être venus jusqu'ici ?


 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Dhiwara 3 Manhur 815 à 23h51
 
Ouverture. Bien. Au moins l'aspect de l'invitation sincère était respecté. Devant eux pouvait se trouver un piège, mais ils auraient de toutes façons passé la porte.
S'il y avait une épreuve, elle serait sans doute d'une autre nature qu'un pieu sortant d'un mur.

La pièce était... Assez grande. Bien éclairée. Principalement dans un axe nord-sud. Des appareillages de grandes tailles, à la fonction obscure mais à l'aspect relativement classique. D'autres plus petits qui nécessiteraient un examen approfondi pour en tirer quoique ce soit.

A peine étaient-ils entrés dans la salle, et avaient-ils noté la présence de leur interlocuteur, que celui-ci s'adressa à eux.
Les mots enclenchèrent une réaction quasi instinctive. Une association avait déclenché un réflexe chez Jade.

Krolannes. Vous. Tuer. Et Cal.


*** Protocole d'urgence. Court-circuiter unité indépendante Cal Keran. ***


Deux accompagnateurs.

Super. A force de repartir sur un mode de réflexion plus pur, elle en arrivait à devoir analyser ses propres réactions après les avoir eu.
Bon, au moins, elle comprenait son propre processus de penser, elle pourrait donc le décortiquer sans peine.

Il les avait salué en tant que Krolannes. Ce qui était exact, mais étrangement inapproprié. Elle n'entrait pas à l'Oreille Attentive en disant "bonjour Vigilants", même si c'était exact. Ou "Bonjour femelle" à Lhyn, même si c'était là aussi exact.
Si on employait un nom, un titre, un qualificatif quelconque, c'était pour une double raison. La première raison était celle de la signification : on décrivait la personne du mieux qu'on le pouvait, le nom étant généralement un très bon compromis. La seconde était plus instinctive : on nommait la plus représentative de nos différences. Car si on parlait à l'autre, c'est qu'on pouvait échanger, qu'on le qualifiait... Comme nous.

Le fait de les nommer Krolannes pouvait donc tendre à y voir une différence avec leur interlocuteur.
Soit il était lui-même autre chose qu'un krolanne, soit il était à ce point isolé qu'il appliquait à tout une attitude d'observation objective.

Dans les deux cas, le référentiel moral de quelqu'un s'adressant à des krolannes en les appelant "Krolanne" n'était pas celui typique des Sharss. D'où une possibilité d'erreur d'analyse sur la notion du bien et du mal.

Le "vous" était prévisible, mais était néanmoins problématique, sous certaines conditions. Il les considérait comme un groupe. Comme une entité unique, en un certain sens. Le problème étant que quand vous avez envie d'arracher la langue d'une entité unique, vous ne vous en faîtes pas trop à propos de son bras.

Le "tuer" avait donc, surtout associé à la conclusion d'une distanciation morale, un potentiel assez fort.
Et oui, Cal. Cal qui avait parlé, et qui parlerait, c'était du domaine de la certitude.

Du coup, sa propre réponse avait du sens : ils étaient confronté à un risque de confrontation sans doute plus important encore que ce qu'ils pouvaient prévoir en assimilant l'être à un krolanne hostile. Et Cal... Cal risquait de s'attirer des problèmes. Leur en attirant à tout trois simultanément.
Le fait de le rabaisser d'emblée à un poste subalterne était inexact, et risquait de générer une intervention supplémentaire sur le thème de l'injustice. Mais c'était aussi une manière d'attirer l'attention sur soi, au détriment du voleur.

Sans compter que... Si le mode de réflexion était trop mécanique, il pourrait en venir à temporairement mettre en veille l'analyse des accompagnateurs pour se concentrer sur la pièce principale. Un duel d'analyse, juste elle et lui, tandis que Norlail et Cal gagneraient un peu de temps pour eux-même.
En espérant qu'ils puissent en faire quelque chose.


*** Jade entama une approche, en une courbe lentement décrite. ***


Il fallait répondre, mais aussi comprendre quoi répondre, car elle avait juste gagné quelques secondes.
Son arme venait d'être remisée sur l'épaule, hors de la housse.
En effet, Jade se savait particulièrement rapide à passer de cette position à une position de tir. Ce qui, en cas de besoin, laissait deux possibilités :
1) Utilisation d'armes conventionnelles, à l'aide de capacités corporelles conventionnelles. Elle pourrait tirer la première, malgré le handicap de l'arme à l'épaule, elle en était presque sûr.
2) Utilisation d'armes non conventionnelles, ou à l'aide de capacités non conventionnelles. Rayon venant de l'oeil, manipulation d'onde sonore ou encore sorcellerie, elle doutait d'avoir le temps de répérer l'action, de l'analyser pour ce qu'elle était, et d'entamer une réaction adéquate dans les temps, même en ayant l'arme en main.
Du coup, la fraction de temps supplémentaire n'avait de l'importance que dans une minorité de cas, autant conserver une attitude à priori non agressive, même vis à vis d'une vision déformée par rapport à celle du krolanne moyen.

"Vous n'allez pas rester longtemps."
Quel que soit la raison de préciser cela, ils avaient donc une place dans son agenda. Restreinte ou non, peu importait, ce qui était à noter, c'était qu'ils avaient été rangés dans un créneau temporaire, comme un objet dans un boîte. L'éventualité d'une modification issue de leurs actions, "je ne pense pas que vous resterez longtemps", ou "vous ne resterez vraisemblablement pas longtemps" n'était pas prise en compte. Que ce soit par isolement ou par égo, le caractère était archi-dirigiste. Dominateur.

"Je pourrais vous faire tuer".
Là aussi, un élément primordial. Pas la mort, non. Même si, dans l'hypothèse où il avait compris qu'ils étaient Lanyshstas, cela pouvait sous entendre qu'il avait accès à un moyen de mort définitive.
Après tout, c'est aussi pour cela qu'elle était venue : pas pour protéger ou pour venger Klem, mais parce qu'il avait parlé d'un danger de mort définitive. Et que si des Lanyshstas commençaient à maîtriser cette fonction... Elle préférait faire partie de ceux là plutôt que des autres.
Non, l'important était de vous FAIRE tuer.
Pas de les tuer lui-même.
Hypothèse du marionnettiste de marionnettiste prenait une allure de base de réflexion, l'aspect "salle du trône du maître du donjon" l'appuyant également. Si les choses tournaient mal, c'était lui qu'il faudrait désactiver, pas les créatures qu'il était susceptible de leur envoyer.
Restait à savoir s'il avait un système de défense personnel, ou si son assurance lui venait d'un calcul plus basique, du genre calcul des forces. Si un boulet de canon ne perçait pas une armure de cuir là où la pointe d'un couteau y arrivait, ce n'était pas une question de force, mais de pression, une force moindre appliquée sur une surface moindre pouvant accomplir des miracles. Du coup, à eux trois, capables d'agir sur lui, ils étaient plus dangereux qu'une centaine de machines... Même s'il était improbable qu'il ait commis une telle erreur.

Ils auraient du trouver un moyen de piéger les globes, afin de tous les faire sauter en même temps.


Pourquoi venir ?

Continuer d'avancer. Il attendait une réponse, et le mouvement était assimilable à une réponse corporelle. Un ersatz. Il suffisait de faire le test : le silence d'une personne immobile était vite perçu comme beaucoup plus long que celui d'une personne en mouvement. Cela justifiait les pauses, tout comme une reformulation de la question pouvait encore gagner quelques secondes.

Elle ne prêtait aucune attention à ses "accompagnateurs". Certaines compétences réclamaient certains sacrifices, et afin de réduire le temps d'analyse relatif à son interlocuteur, elle devait se couper de toute information non relative à une menace mortelle imminente. Cal et Norlail auraient bien pu rester dans le labyrinthe que pour l'heure, à moins qu'ils ne lui tire dessus, elle n'en saurait rien. Accélérer le processus.

Gagner du temps. Une poignée de secondes supplémentaires. Que ce soit pour une discussion ou pour exécuter rapidement un groupe hostile, quelques secondes de plus, c'était quelques analyses supplémentaires, quelques optimisations affinées. C'était ce qui permettait de prendre l'initiative et de la gagner.

Jade approchait de l'escalier. Enfin de l'un des escaliers. Le plus éloigné de la porte. Elle avait volontairement infléchit sa marche afin de rallonger le trajet, alors qu'aucune raison visible ne justifiait cette dépense supplémentaire d'énergie.
Aucune raison ne la justifiait, d'ailleurs. Ce qui la justifiait d'elle-même.
Car que l'analyse se fasse en miroir, et l'introduction d'un tel élément chaotique, par essence impossible à analyser correctement, laisserait un doute, prendrait un minimum de temps avant d'être écarté.

Prendre l'avantage.
Seconde.
Après.
Seconde.

De plus près, elle pouvait mieux voir l'être, et celui-ci était... Beau.
Réflexion qui aurait pu paraître doublement incongrue si elle l'avait énoncée à voix haute. D'une part, le krolanne moyen l'aurait sans doute qualifié d'affreux, repoussant, ou encore contre-nature.
D'autre part, la beauté, et son caractère subjectif, était quelque chose que Jade avait encore d'immenses difficultés à appréhender, se contentant généralement de classer les éléments selon ce qu'on lui en disait, afin d'en tirer un point commun.

Mais la fusion qu'elle avait sous les yeux était une recherche. Un aboutissement, même. Une progression vers un absolu, vers un état de perfection encore inégalé. Et si beaucoup auraient manqué de mots pour décrire une telle vision d'horreur, pour Jade, c'était simplement... Beau.

Merde. C'est elle qui était en train de perdre du temps !

Le pied était prêt à se poser sur la première marche. Il lui fallait une réponse.
Une réponse simple, pour une question simple. Tant mieux, elle était encore incapable de parler autrement que de façon hachée, mécanique.
Une réponse qui avait aussi le grand avantage d'être la vérité. Ne pas hésiter à dire la vérité quand vous pourriez avoir de bonnes raisons de mentir -genre sauver votre peau.
Car par définition, la vérité n'était pas un mensonge facilement découvert. Et elle pouvait selon les cas, déstabiliser, si l'autre s'attendait à un mensonge, ou partait dans l'idée que c'était un mensonge et qu'il fouinait pour deviner la vérité.

Et dans le cas présent, vu le décar de la pièce, cela leur faisait au moins un point commun.


Savoir.


La perfection est amorale.
 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Matal 5 Manhur 815 à 08h31
 
*** Merde... Si l'être avait sans doute des talents en cosmétique très, très limités, il n'y avait pas à dire, en terme d'entrée en matière impressionnantes, il posait ses boules mécaniques sur la table. Façon de parler. Rapide analyse. L'être n'a pas l'air entièrement biologique. Pourrait-il être... Relié aux machines qu'il avait croisé auparavant ? Ca expliquerait un comportement cohérent et construit comme le leur... Et ce n'était pas une hypothèse plus illogique que donner un comportement sensé et adaptable à des rouages sans vie.

Jade le courcircuite rapidement dans le "dialogue". Pourquoi de tels guillemets ? Disons que les quatre mots prononcés par la leader de leur expédition se rapprochait difficilement du discours d'introduction du siècle. Et si l'être en face d'eux appelait effectivement à la déférence, il était trop singulier pour s'en contenter. Tuer ?

Il avait dit tuer. Et là, de suite, il était partagé. Cal voulait lui sauter dessus et lui poser mille questions. Et à chaque marche montée, Cal devenait plus insistant.

Keran, lui, voulait attendre, ne pas titiller un "adversaire" sans connaitre au moins quelques éléments sur ses intentions et surtout, sur ses capacités.

Il avait l'air amical. Si tant est qu'une telle chose puisse l'être. Etrange, son air était un appel au meurtre, sa voix un appel de paix. Il savait bien que se fier aux apparences était une des premières erreurs que l'on pouvait faire pour mettre un pied dans sa tombe, mais le décalage était là si important que même le voleur ne parvenait à sortir de sa tête un schéma mental pré-établi.

Il ouvre sa bouche. Mais la ferme. Non. Keran gagne sur un dernier argument. Ils ont une machine avec eux. Et, même s'il n'approuve pas directement la manière... Elle est probablement plus proche de la réalité de cette chose que lui, ou que Nortail. Cal veut sortir une dernière vanne. Keran lui donne une claque derrière la tête. Ferme la. Et écoute...

Dans sa manche, ses doigts se posent sur la poignée d'une de ses lames. Pas un geste agressif, invisible même. Une simple précaution. ***



Gentleman Cambrioleur
Philanthrope Personnel
Explorateur Urbain
 
Obadia Prime
 
Le Matal 5 Manhur 815 à 22h43
 
La créature observe ses invités.
Elle ne bouge pas, et... sa poitrine ne semble pas bouger non plus, comme si elle ne respirait pas ?

La même voix désincarnée sort de la "bouche", quelques secondes de plus après le long discours de Jade.
Pas de regard qui fixe en particulier quelqu'un, pas de tête qui tourne.
Juste la voix.

Ha...
Vous êtes la chef.
La responsable.
La tête pensante.
Celle qui décide, entreprend, motive.

Intéressant...

Vous êtes venus pour savoir.
Je pourrai vous demander quoi, mais je me doute que ça a un rapport avec nos incursions récentes dans des zones isolées, inhabitées, désolées.
Où là aussi certains d'entre vous se sont invités.

Savoir qui nous sommes ?
Ce que nous voulons ?


Pardonnez ma brusquerie, mais... Nous sommes en guerre.
Et nous avançons nos pions, afin d'éviter toute mauvaise surprise.
Certains d'entre vous présentent des caractéristiques non prévues.
Nous nous adaptons en conséquence.

J'ai à mon tour une question, qui concerne cette surprenante aptitude à déformer la réalité.

Qu'êtes vous ?


 
Norlail Menrar
Affranchi
Kil'dara  
Le Matal 5 Manhur 815 à 23h55
 
Jade s'était déclaré être la meneuse de l'expédition, ce qui n'était pas tout à fait faux et qui convenait parfaitement à Norlail. Il laissait volontiers à celle-ci le loisir de discuter avec leur hôte.

Pendant ce temps, l'Écumeur observait la chose qui leur faisait face.

Aucun signe de respiration, aucun signe qui laissait penser que cette chose était vivante. La voix provenait bien de la créature. Comme la Technomancienne, il pouvait émettre des sons et Norlail n'avait aucun doute sur le fait qu'il puisse bouger pour les attaquer. Pourtant il ne semblait pas vraiment être animé par la vie. Ce qu'ils avaient devant eux n'était rien de plus qu'une vulgaire enveloppe charnelle habitée qui était habitée par quelque chose. Est-ce que l'Entité Négative avait le même mode de fonctionnement que les Fuscusiens; ces parasites qui occupaient les cadavres et étaient capables de les manipuler? Possible qu'elle s'en soit inspiré pour ensuite l'améliorer avec ce qui semblait être des implants synthétiques. Les implants à la disposition de l'Entité Négative semblaient aussi divers que variés. La Technomancienne avait des ailes. La chose qui faisait office de maître de lieux était construite différemment. Elle était très dissuasive. Il y avait des pics, des griffes et des pièces d'armures. On avait construit cette chose pour qu'elle fasse mal mais aussi pour qu'elle puisse encaisser les coups. Ce qu'ils avaient sous les yeux n'étaient pas un corps mais plutôt une arme.

A trois contre un il serait peut-être possible de mettre la chose hors d'état de nuire. Mais dans le cas présent éviter l'affrontement était préférable. Au Fortin, lui et Jade n'avait pas réussit à se débarrasser de la Technomancienne. Depuis ils avaient progressé; c'était un fait. Mais d'un autre côté la Technomancienne n'avait été là que pour les tester. Et il était hautement probable que le maître de ces lieux soit autrement plus puissant que la gardienne du Fortin. Et puis le discours de celui-ci était très instructif pour le moment.

D'après les dires de la chose l' Entité Négative comptait dans ses rangs plusieurs personnes ce qui ne surprenait pas vraiment Norlail. L' Entité Négative semblait trop organisée pour être l'œuvre d'une personne seule.

L' Entité Négative était aussi en guerre. Encore une fois rien d'étonnant. Quelqu'un qui possède à sa solde des créatures comme la Technomancienne et la chose en face d'eux en avait forcément l'utilité. Restait à savoir contre qui.

Cerise sur le gâteau: les membres de l'Entité Négative semblaient tous au courants des expéditions de Lanyshstas. Les membres de l' Entité négative était donc doté de la télépathie. Comme les Lanyshstas. Étrange. Ce pouvait-il que des Lanyshstas soient derrière cela? C'était possible. Mais si la personne qui contrôlait la chose devant eux était un Lanyshsta une question se posait: Comment?

Mais trêve de réflexion.

La créature avait une autre question. Norlail ne doutait pas des qualités diplomatiques de Jade et ce même si elle avait abattu la Bleue et le Papillon. Il espérait seulement qu'elle en céderait pas à la pression insidieuse de leur hôte en abattant toutes les cartes qu'elle avait en main.

L' Ecumeur attendit la réponse de Jade en silence.

Calmement il continua d'observer la créature. Il était prêt à faire feu si la situation dégénérait.



Je me prépare pour la guerre noble. Je suis calme. Je connais le secret. Je sais ce qui va arriver et que personne; même pas moi, ne pourra me stopper.
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Julung 7 Manhur 815 à 17h44
 
Oh.
Des rebondissements... Intéressants.

Jade commença à gravir les escaliers. Tant pour continuer à conserver une image de "nous sommes en phase de présentation" que pour réduire la distance et augmenter la capacité d'observation des détails.
Leur interlocuteur était visiblement mieux fourni qu'elle pour le combat rapproché. Ceci dit, il venait de le dire, il était lié au Fortin. Où ils avaient été étudiés. Ils avaient déjà fait usage d'armes à feu là-bas, réaction normale face à une créature plus massive et plus mobile qu'eux, sans compter que c'était la solution optimale dans bien des cas.
Mais dans ce cas, les rôles étant inversés, qu'aurait-elle fait ? Elle aurait progressé dans la défense contre les armes à feu.
De ce fait, s'il s'était focalisé sur cet aspect -et Norlail serait sans doute capable d'accaparer son attention sur ce plan, lui prouvant la justesse de son raisonnement- il serait potentiellement plus vulnérable à une action plus... Directe. Elle avait bien fait de faire réviser ses lames de poignet juste avant de venir.


Savoir. Tout. C'est important.

Une justification à leurs "invitations" successives, en même temps qu'une platitude quelconque. Et une vérité fondamentale en ce qui la concernait.

Quant à son interlocuteur... Il semblait avoir pris pour argent comptant ce qu'elle lui avait dit. Une habitude de travail sur hypothèses invérifiées ? Ou une forme de naïveté ?
Il avait une capacité d'analyse réelle, mais incomplète, en un certain sens. Du moins pour les éléments factuels. Pour la psychologie, il semblait... En apprentissage.

Chef. Responsable. Tête pensante. Trois façons de dire une même chose.
Décide. Entreprend. Motive. Une égalité de status, une incapacité à tirer une priorité.
Isolées. Inhabitées. Désolées. Encore une fois, trois façons pour un unique concept.

Il raisonnait par recoupement. Comme si la langue était apprise tel un calque imparfait plaqué sur un autre ensemble. A un concept, il appliquait les traductions les plus proches, sans parvenir à se décider.
Trois était un bon nombre, pour les indécis. Un était trop risqué, deux trop partagé. Quatre ou plus, trop éclaté. Avec trois, on avait toutes les chances d'avoir deux éléments de bons, et on pouvait avancer. Sinon, on était en minorité et on tentait un nouveau tryptique.

Et au dela de cette traduction de la pensée, il y avait les éléments de valeur. Intéressant. Brusquerie. Surprenante. Des mots qui trahissaient une émotivité certaine, plus grande, quelque part, que celle que Jade était parvenue à émuler en quinze années de vie au Kil'sin.

Il y aurait eu là une possibilité d'hypothèse intéressante à discuter avec le Doc : si les Lanyshstas étaient des krolannes s'ouvrant au monde, des corps tatonnant dans le domaine de l'esprit, elle se retrouvait là confrontée à une entité capable de s'exprimer comme si elle était plus mûre sur le plan émotionnel qu'analitique, un esprit s'adaptant au corps. Des complémentaires. Qui reprenaient -coïncidence cocasse- les mêmes expressions dans le même contexte.

Des pions qu'on déplace, pour une guerre.

Sauf que...
Sauf que ce n'était pas les Lanyshstas contre les... Choses -car à l'évidence, les propos ne le désignait pas comme krolanne.
"Certains d'entre vous". C'était une guerre contre les krolannes. Les Lanyshtas étant la mauvaise surprise, le cavalier caché sous le pion.
Mais lui...
Elle avait bien senti un Lanyshsta, non ?
Tout semblait converger vers ce point. Mais il ignorait visiblement de quoi il s'agissait -ce qui au demeurant était une excellente raison pour ne rien lui en dire.

Jade inspira lentement, visualisant le flux d'air comme un flux de magie, et se concentrant sur ses yeux. Un petit tour appris instinctivement, lors de ses tentatives sur l'infusion.
Oui, elle... Trouvait quelque chose.

Quelque chose d'étrange, d'ailleurs. Elle avait usé de ce pouvoir dans la cellule sans rien constater. Cal et Norlail avaient tout deux ce qu'on pourrait qualifier d'aura visible autour d'eux. Une forme de lumière particulière. A l'intensité de la lumière, à ses mouvements, on pouvait deviner la présence d'altérations temporaires, et il n'y avait rien de semblable ici. Pas de lumière non plus, en fait, mais plutôt une... Densité altérée. Paraissant un soupçon plus faible au niveau des parties carnées que des parties métalliques -à moins que ce ne soit une illusion d'optique- mais plus dense au niveau des passages d'un état à l'autre. Difficile d'être précis, en fait, dans la mesure où elle avait l'impression d'observer avec ses yeux mais de recevoir les informations sur la langue. Joie des nouveautés des sensations...

En tout cas, il y avait une pression autour de la créature, une concentration de mana impressionnante. Largement plus que ce qu'elle-même était capable de contrôler. Ce qui pouvait amener à trois hypothèses.
- Elle s'était trompée dans ses sensations. Ce n'était pas un Lanyshsta, juste une créature autre, mais qui avait une sorte de densité mentale très supérieure au commun des mortels. Il lui faudrait observer les animaux pour voir comment cela se passait, en fait. Mais sur le plan magique, elle faisait penser à un énorme oiseau fendant les airs sans réaliser les perturbations qu'il provoquait.
- Elle s'était trompée dans son analyse. Il y avait bien un Lanyshsta marionnettiste, mais l'élément face à elle n'était qu'une marionnette de plus. Et cela ne répondait pas aux autres problèmes de l'opposition, et de la méconnaissance des Lanyshstas.
- Elle ne s'était pas trompé, mais la créature si. En ce sens qu'elle était elle aussi un Lanyshsta, mais s'ignorant. D'un autre groupe. Une autre forme de Lanyshsta, ayant peut-être des pouvoirs différents, mais ne comprenant pas ceux qui lui étaient opposés.


Que sommes nous ?

Toujours changer de tactique. Même -et surtout- si elle a donné des bons résultats contre le même adversaire. Ne pas tenter de bénéficier du temps supplémentaire issu de la répétition. Mais en profiter pour envoyer une pensée rapide -la première depuis le piège- à ses deux camarades, leur signalant le potentiel de la créature.

Des krolannes.

Ce qui serait vu comme une réponse imprécise. Il avait déjà lui-même annoncé cela. Et là, sa question était plus précise.

Initialement.

Voilà de quoi abreuver sa soif de classification, qu'il se perde dans ses hypothèses, sans que rien ne vienne contrecarrer ses éventuels penchants naïfs.

Et maintenant ? Maintenir le blocage des informations ? Ils étaient en guerre. Un "invité" dans un poste ennemi en temps de guerre, ça se passait en principe assez mal.
Minute.
Pourquoi un poste ennemi ? Ils étaient en guerre contre les krolannes, à priori Jade elle-même avait suggéré cette vision dès le début de l'éveil, s'attirant la contestation de quelques néo-Lanyshstas.
L'ennemi de mon ennemi... Tout ça.

Si elle s'arrêtait là, ce serait un blocage. Une confrontation. Il y avait peut-être un coup à jouer, entre vérité et un magistral coup de bluff.


Mais désormais, nous sommes plus que cela.

Les phrases s'allongeaient, le mal de crâne qui l'oppressait depuis son réveil choisissant ce moment pour détaler. Elle reprenait possessions de ces petits talents hérités de sa mère adoptive, la mise en place d'un jeu de voiles verbal.

Elle savait ce qu'elle allait dire. Quitte ou double, en quelque sorte. Mais il y avait peut-être moyen d'augmenter le prix, de rajouter du bluff sur le bluff : de toutes façons, si ça échouait, perdu pour perdu...

La créature savait pour leur aptitude à déformer la réalité. Ignorant par contre encore visiblement les limites précises de celles-ci. Elle pouvait donc essayer de déployer ses talents pour... Comment disait-on ? Faire penser qu'on est trois fois plus puissants que ce dont on à l'air, et dix fois plus qu'on ne l'est en réalité.

La dernière fois, elle avait pris son adversaire comme une créature sauvage : tenter d'user de puissance brute, même par la magie. Elle n'avait fait que singer de façon para-naturelle un phénomène naturel. Désormais, elle s'attaquait à une psychologie étrangère, et son domaine, justement, c'était la manipulation. Listing des capacités ? Pas des masses. Au moins le choix était simple.


Oh oui, dans cette guerre, nous sommes bien plus que cela.

Elle sentait un rire monter. Sentiment inhabituel, pour ne pas dire extraordinaire. Elle avait déjà été vaguement amusée, mais ce qui montait, sous le coup du relâchement de la douleur, de la découverte, de la tension ambiante, avait une forme plus ancienne. Plus... Onyxienne, quelque part.

Bon, tant pis. Ou tant mieux, en fait. Quitte à insérer un subterfuge dans un subterfuge, on était pas à une troisième couche près.
Quelle apparence avait cette créature ? Un amalgame chair métal. Que pouvait-elle redouter, à quoi pouvait-elle ne pas résister ? Au passage du temps, à une corrosion du métal qui l'affaiblirait en empoisonnant la chair. Avait-elle la capacité de faire tomber le métal en rouille ? Non. Clairement pas. Avait-elle de quoi faire croire qu'elle pouvait faire tomber le métal en rouille ? C'était l'idée.

Le premier sort était une merveille de subtilité. Un sort indécelable, visant à rendre le reste encore plus indécelable. A condition de faire les choses subtilement, c'était un véritable rideau tiré sur toutes les sens de la victime. Une sorte de vieillesse prématurée.
Quant au second, il était sensé être discret aussi, du moins en extérieur. Là, en sale souterraine, avec un nombre restreint de personnes en face, dont une chef auto-proclamée, il ne serait pas difficile de savoir d'où cela venait. C'était d'ailleurs le but, elle n'hésiterait donc pas à forcer la dose sur celui-ci. Un simple petit tourbillon pour une créature mortelle...

Là, le but était d'altérer les sens, de les amoindrir, tandis qu'un vent fort peu naturel irait jouer avec les sensations tactiles. Si c'était des prothèses, la chair aux jonctions serait potentiellement plus sensible, d'où un effet accru, sinon, il était possible que même le métal procure ce type de sensation, il n'aurait alors qu'un sentiment généralisé de "sensation bizarre". Muscler le vent en gardant la manipulation mentale la plus discrète possible.

Destabiliser le jugement tant sur leur statut d'ennemi, que sur leur potentiel de menace, s'il lui venait l'idée de les "faire tuer".
Et si ça loupait, et bien... Ils le saurait rapidement.


***
Jade éclata de rire, un rire cristallin, joyeux, d'enfant assistant à une merveille. Un rire comme celui d'Onyx, lorsque Diamant se faisait remettre en place par une Opale au verbe haut. Mais à chacun de ces éclats, réels, elle mêlait une partie de sa puissance, nouant deux fils invisibles entre eux afin d'abuser la créature.
Quand elle se calma, elle avait les larmes aux yeux.
***


Nous sommes le troisième camp !


La perfection est amorale.
 
Obadia Prime
 
Le Sukra 9 Manhur 815 à 11h17
 
Les sortilèges lancés par Jade Srhaggelle agissent bel et bien sur la créature.
Là encore, elle ne bouge pas, ni ne réagit.

Mais plusieurs secondes s'écoulent avant qu'elle ne réponde.
Des secondes plus longues, plus nombreuses qu'ordinaire, pourrait-on dire, si l'on compare la réactivité précédente de la voix sortant de la chose.
Comme si un temps de réflexion et d'analyse avait été nécessaire...

La voix reprend, toujours désincarnée mais... bien moins "aimable", moins spontanée, beaucoup plus mécanique dans ses termes comme dans son phrasé.

Utilisation épitaxie. Décohérence maitrisée.
...

Surprenant.
Intéressant.
Brusque.

Non prévu. Impossible à analyser.

...

Nous ne comprenons pas votre place.
Nous ne comprenons pas ce que vous êtes.
Nous ne comprenons pas comment vous détruire.

Nous sentons, ressentons, percevons le danger lié à votre présence.
Nous devons nous adapter.

Nous vous proposons la paix, la trêve, l'ignorance mutuelle.
Vous êtes libres de partir, réfléchir, discuter.
Un passage est ouvert vers la sortie de ce lieu.

Ne revenez pas.
Ne nous contrez pas.
Ne nous agressez pas.

Et nous ferons de même. Tous.


 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Sukra 9 Manhur 815 à 12h50
 
*** Trop. C'était trop. Un automate, deux automates, une armée d'automates. Elle se sentait peut-être comme un poisson dans l'eau, mais le jeune homme, lui, en avait assez. S'avançant d'un pas rapide, il se place devant la créature. Si sa démarche est ferme, et son pas rapide, il ne manifeste aucune agressivité. Ses doigts relâchent même la lame dans sa manche. Et, regardant la chose dans ce qui lui tient d'yeux. ***


Cal : Non. Non je ne partirai pas avant d'avoir une réponse.

*** L'adrénaline dans son corps chétif lui permet de résister à la somnolence qui, encore, le guette. ***


Cal : Pourquoi nous avez vous fait venir ? Si vous vouliez négocier une trêve vous pourriez facilement nous contacter, vous en avez les moyens. Pourquoi nous avoir enfermé dans une cellule fermée, et pas directement ici ? Pourquoi nous avoir fait réagir face à un labyrinthe avant de nous parler, labyrinthe dans lequel vous pouviez nous observer, voir comment nous réagissions... Pourquoi ?

*** Un nouveau pas. Et d'une voix plus douce que d'ordinaire. ***


Cal : Vous avez peur, pas vrai ? Ce n'est pas seulement que vous ne comprenez pas. Vous avez peur. Ou, si le concept même vous échappe, vous considérez que nous pouvons faire pencher la balance du coté de votre adversaire. Incapable de deviner ce que vous pouvez faire pour nous convaincre de vous aider, et incapable de déterminer si nous faire rentrer dans ce conflit pourrait signifier votre perte... Vous préférez nous isoler. Nous proposer de fermer les yeux sur tout ça et pouvoir continuer tranquillement votre petite guerre, quelle qu'en soit les conséquences pour nous.

*** Pointant un doigt sur la créature, le jeune voleur sourit. ***


Cal : Il n'y aura pas de trêve si tous les lanyshtas... les krolannes ne peuvent pas connaitre tous les membres de ce conflit... Machin. Vous n'avez pas le droit de nous utiliser ainsi et de nous demander de rester passif comme des agneaux à l'abattoir.


Gentleman Cambrioleur
Philanthrope Personnel
Explorateur Urbain
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Sukra 9 Manhur 815 à 22h18
 
Et m...
Comment en arrivait-on à ce genre de situation ?
Elle avait pris le temps d'analyser les propos de la créature, mais en avait gardé un trou dans l'analyse. Trop de choses nouvelles d'un coup, trop de zones d'ombre, elle avait eu besoin de nouveaux éléments afin de parfaire son analyse.

Elle avait donc pris le risque de solliciter le lien mental avec les deux autres Lanyshstas afin de communiquer, d'une part, l'état de la situation de son point de vue, et d'autre part de vérifier si, tandis qu'elle se focalisait quasi exclusivement sur les propos et leur implication, eux-même avaient eu l'occasion de repérer d'autres choses.
Elle leur avait demandé leur avis.
Certes.
En y cherchant sans doute, autant ne pas perdre de temps en se masquant les choses, à y avoir confirmation de son avis temporaire, à savoir qu'ils en avaient appris beaucoup et que chercher plus serait plus risqué que bénéfique.
Sauf qu'à poser des questions, il y avait le risque d'obtenir des réponses. Et si Norlail avait communiqué une simple remarque, Cal, lui avait...
Avait Calé, pourrait-on dire. Sans caler le moins du monde, d'ailleurs.

Pourquoi avait-il fait cela ? Vengeance pour avoir été cavalièrement mis de côté ? Peu probable.
Pour s'affirmer ? Par pur soucis de provocation, de se manifester ? Possible.

Il était possible d'effacer son intervention. Le laisser approcher et, lorsqu'il serait à portée, l'attention fixée sur la créature, une frappe latérale, à la gorge. Puis expliquer à la créature que les termes de sa trêve convenaient.
Jade étudia un instant l'idée, la retourna rapidement, sans se laisser embarrasser de préceptes moraux limitatifs.
Et la rejeta.

Élimination non assurée, élimination rapide et sans provoquer de réflexe de défense face à des actes violents très peu probable.
Sans compter que... Que l'avis de Cal s'était résumé à deux mots. Mais pourquoi l'avait-elle approché, pour cette mission ? Ce qu'elle avait qualifié -sans qu'il apprécie visiblement la notion- de naïveté. De l'instinct.
Elle se détachait au maximum de l'instinct naturel, préférant le modeler au contraire en un instinct permettant de contrer un instinct naturel, mais elle perdait de ce fait certaines constatations jugées de "élémentaires".
Peut-être avait-il perçu directement, sans même forcément s'en rendre compte, quelque chose qu'elle-même ne pourrait discerner que plus tard, par les ombres que les faits projetaient.

Elle l'avait pris car dans un domaine particulier, elle pensait pouvoir lui faire confiance, et c'était peut-être bien un de ces cas.


Il a raison.

Ou pas.
Mais quitte à abandonner la voie "partir sans un mot et récupérer des échantillons en chemin" pour celle "discuter et essayer d'en savoir plus", autant faire les choses correctement, et appuyer l'idée. Au moins, on atteignait pas -pas encore- le degré d’irréversibilité de la voie "baston".


Nous sommes là pour savoir.

Autant préciser la partie sur laquelle elle engageait son accord. Car le passage sur le droit à l'utilisation d'autrui sans soucis de son bien être n'avait peut-être pas court dans les Sharss, mais c'était bien le seul endroit où on rechignait à cette application d'un droit universel : celui du plus fort.

Bon, maintenant il...
Merde !
Il avait bien dit Lanyshsta, non ?
Sisi, il l'avait dit. La méconnaissance de certains aspects de la vie par Machin, tout comme son utilisation d'un vocable multiple adaptait, pouvait faire penser à un apprentissage par plusieurs sources différentes.
On prélève des échantillons, on en tire ce qu'on peut... Et quand on retrouve plusieurs fois la même information, on la valide.
Les Lanyshstas étaient un phénomène très ponctuel, dans l'espace comme dans le temps, flouté qui plus est par de multiples rumeurs. Au point de ne rien pouvoir en tirer de plusieurs échantillons.
Mais avec un mot -un simple mot- il leur était peut-être possible de savoir chercher dans la tête des gens, et de récupérer alors bien plus d'informations.
Ceci dit, trop tard, le mal, si s'en était un, était fait.


Le transfert d'information pouvant être la source d'un bénéfice mutuel.

Ce qui n'était pas une avancée en soit, mais il lui fallait bien un peu de temps pour se décider quoi dire ensuite.
Méthode de Lhyn, contraire à celle habituellement utilisée par Jade : alors qu'elle-même tendait à limiter ses paroles au transfert le plus optimal d'informations -ou de mensonges-, sans chichis, Lhyn avait la faculté de broder en continu, parlant avec passion sans ne rien dire, avant de finalement porter un coup fatal, fut-il verbal.
Pour le coup, c'était bien utile.

Bon, récapitulatif des propos de la créature.
"Utilisation épitaxie. Décohérence maitrisée." Même propos, froidement analytiques, que la dernière fois, au fortin. Dans les mêmes circonstances. La première fois pouvait laisser un doute, mais en recoupant les deux...

Ils avaient un moyen de contrer les altérations de réalité -la décohérence- en utilisant une méthode - elle avait recherché des connaissances sur l'épitaxie en revenant du fortin, sans trouver de concordance adéquate.
Ne pas comprendre la méthode n'empêchait pas de voir qu'ils avaient un problème : certes ils ne comprenaient pas ces pouvoirs, mais parvenaient à les contrer.

Autre problème, le dernier mot employé. Tous.
Le fait de pouvoir affirmer, avec autant d'aplomb, que tous suivraient son exemple... Revenait à penser à un esprit de ruche global, investissant divers appendices. C'était problématique car cela supposait une capacité de partage de l'information rapide et complet.

Une forme de télépathie. Comme eux. Mais structurée autour d'une visée unique.


Nature. Objectif. Fonction. Les techniques, aussi : vos méthodes d'épitaxie, de fusion, auto-réparation, régénération.

"Vos méthodes". Pour ne pas avoir à prononcer "les méthodes, parce que nous, on ne sait pas faire, on y comprend rien, et on ne savait même pas que ça existait avant de vous rencontrer".

Bon, bien sûr, si c'était une négociation, il fallait non seulement demander, mais aussi proposer. Proposer quelque chose de plus important que ce qui était demandé. Déjà, jouer sur la cohésion, même factice : eux engageaient un camp, aux Lanyshstas de se présenter ainsi aussi, sinon cela n'aurait que peu de valeur. Et proposer... Quoi ?
Pas d'information. Déjà, elle doutait de pouvoir leur fournir des choses de valeur, ensuite, cela se retournerait contre eux. Que souhaitaient-ils ? Du temps et de la tranquillité.
Oh, soit. Cela se tentait.


Sinon, comme le dit l'accompagnateur Un, pas de trêve, paix, pause possible. Nous sommes là pour savoir, apprendre, comprendre. Il y aura des incursions, des invitations, des invasions -de plus en plus fréquente, d'ampleur sans cesse croissante- tant que nous ne saurons pas.
Notre quête, désir, recherche de savoir continuera, jusqu'à avoir obtenue satisfaction, accomplissement, savoir.
Ensuite, seulement, nous vous laisserons tranquilles, seuls, en paix.


Reprendre la façon de s'exprimer d'autrui venait naturellement. Y mettre un "savoir" omniprésent en le mêlant à d'autres doublets venait mesquinement.
Bon. Si leur connaissance de la psychologie était balbutiante, il allait falloir qu'ils maitrisent deux leçons en une : menace et fourberie. Qu'ils comprennent l'aspect menaçant de la proposition -sans réaliser que c'était majoritairement du vent- tout en ne relevant pas ouvertement l'aspect incongru de dire "donnez-nous des infos et nous serons en paix" alors qu'eux-même avaient assez clairement laissé entendre qu'ils voulaient juste la paix pour avoir le temps de... S'adapter et trouver un moyen de les détruire.
Tiens, en parlant de détruire...


Pensée :
Norlail ? Hypothèse en cas de dégénération de situation.


Un mode de réflexion étranger. Tellement étranger. Bien loin de l'aspect, initialement krolanne de leur interlocuteur.
Peut-être avaient-ils tout faux depuis le départ. Ce n'était pas des krolannes à prothèses métalliques, mais du... métal à prothèse organique. Ou encore aucun des deux.
La chair enviait la robustesse au métal, mais le métal chérissait l'adaptabilité de la chair. Celui-là ne bougeait pas, ne respirait pas. Pas de mouvements d'un vivant, alors qu'il aurait du en conserver quelques réflexes.
Les réflexes étaient ceux du décideur. Un amputé doté d'un crochet se grattait naturellement avec -quoique avec précautions.
Là il n'y avait aucun réflexe de vivant.

Plusieurs millions de krolannes. Combien de disparus ? Sans compter les morts. Du matériel pour apprendre, pour comprendre. L'Oeil. Ils y avaient vu avant tout un oeil, doté d'apports métalliques. Mais à la description du Doc... C'était plus cohérent d'y voir une créature métallique qui, en plus, avait bénéficié des avantages d'un oeil organique. Ou une unique conscience bénéficiant des deux.

Qu'est-ce qui changeait en devenant Lanyshsta ? L'esprit. Pas le corps. Un esprit pur, ou quasi pur, pouvait-il devenir Lanyshsta ? Aucune contre-indication. Elle pouvait avoir senti un Lanyshsta... A son empreinte mentale. Sans qu'il ait rien d'un krolanne. Celui-ci n'était qu'une marionnette plus aboutie que les autres. Ou plus organique.

Du coup, ce qui semblait à un bout de la chaîne était peut-être à l'autre bout.


Pensée :
Ne pas cibler le corps. Cal peut l'occuper. Plutôt éliminer un maximum de globes à lumière.


Si c'était une manifestation plus pure de pouvoir, cela pourrait lui faire plus mal, isoler une partie du complexe de ses points d'étape. Peut-être même déconnecter l'origine actuelle de la voix et leur permettre de tirer un joli spécimen d'étude avec eux.
Si c'était juste des globes de lumière, bien sûr, ils risquaient de se retrouver dans le noir à tirer contre les murs avec une bestioles mieux pourvue qu'eux en appendices pointus.
Mais on était plus à un pari près...



La perfection est amorale.
 
Obadia Prime
 
Le Luang 11 Manhur 815 à 22h23
 
La créature avance d'un pas.
Premier mouvement, forcément surprenant, depuis leur arrivée.
Ce n'était pas un pas agressif, ou une mise en garde.
Juste un pas en avant.

Puis le retour en position droite. Immobile.

Refus.
Danger.
Non létal.
Danger.
Non létal.
Danger.
Analyse obligatoire pour déterminer potentiel.
Impossibilité d'engager procédure de fusion sans analyse complète.


Puis un silence assez long...
Et la voix revient, semblable à ce qu'elle était au début de la rencontre.

Bien...
Votre refus d'une trêve est acceptable et compréhensible.

Vous voulez apprendre et savoir.
Nous aussi.
Le passage vers la sortie de ce lieu a été refermé.

Cette enveloppe va reprendre son autonomie.
Obadia est son nom.
Vous le tuerez. Vous tenterez de fuir.
Puis Obadia vous tuera.

Cela nous fera tous apprendre...


La créature semble... frémir ?
Comme si elle se réveillait.
Les trois compères peuvent remarquer que jusqu'à présent, les pièces métalliques - offensives ou défensives - semblaient comme "molles".
Ils ont pu le constater lors de son pas en avant. Pas de cliquetis, entre autre indice.

Là, le frémissement provient du métal.
Il luit doucement.
Semble prendre de la rudesse, le corps organique commençant à se tortiller doucement comme pour s'y adapter.
Le métal se condense, les lames commencent à durcir, à s'aiguiser, mais tout cela de manière un peu... anarchique.

Le processus ne fait que commencer, et il prendra plusieurs dizaines de secondes au vu de l'évolution actuelle.
La vision de cette chose qui se trémousse, et qui en même temps est susceptible de devenir vite hautement dangereuse, est pour le moins étonnant.

Comme si cela ne suffisait pas, les globes mous sur les murs - les globes lumineux - se mettent à grossir.
Comme tout plein de ventres mous qui s'agitent.

Des ventres... prêts à accoucher de quelque chose ?...

 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Luang 11 Manhur 815 à 23h25
 
*** Bon... Il était désormais inutile de négocier. La chose était très claire... elle n'allait pas les laisser partir "en vie" d'ici. Et si l'automate ne voulait pas les laisser partir sans souci, il n'allait pas gaspiller quelques secondes de plus pour le laisser agir en premier... Profitant de sa place, proche de la chose, il dégaine sa lame la plus longue et laisse le couteau dans sa manche glisser entre ses doigts, avant de bondir...

Portant un coup sur lacible inanimé il... Ricoche. Autant pour l'héroïsme... Mais les premiers gestes de la lame ricoche contre la chose. Pas préparé pour la bête, il avait frappé en biais, réduisant considérablement sa force de pénétration... ***



HRP : More to come, mais plus de pas et j'ai bêtement attaqué sans me laisser matière à rp... Je complèterai.


Gentleman Cambrioleur
Philanthrope Personnel
Explorateur Urbain
 
Norlail Menrar
Affranchi
Kil'dara  
Le Luang 11 Manhur 815 à 23h53
 
Ça y est. La situation dégénérait. Au moment où Cal avait ouvert la bouche pour s'adresser à l' Entité Négative Norlail avait compris qu'il allait bientôt devoir faire parler la poudre. Quand Jade avait décidé d'en rajouter une couche en refusant clairement la trêve proposée, il avait poussé un léger soupire. Ils allaient devoir se battre pour avoir la possibilité de sortir de cet endroit. Cela ne gênait pas spécialement Norlail. Il avait été convié à cette expédition par Jade parce qu'il était le Combattant Pragmatique. Il était temps de prouver qu'il n'était pas là pour rien. Il était temps de prouver qu'ils n'étaient pas un danger non-létal comme le pensait l' Entité Négative. Le fusil était chargé, la sécurité était retirée et les balles prêtes à partir. Il avait le choix entre deux cibles: Obadia et les globes lumineux qui semblaient prêt à accoucher d'aller savoir quelle monstruosité qui les tailleraient en pièce en fois sortie. Cal laissait déjà l'assaut sur le maître des lieux et Jade ferait sans doute de même.

L' Écumeur recula pour s'éloigner d'Obadia mais aussi pour avoir une meilleure vu d'ensemble. Il y avait six globes dans cette pièce. Si il se débrouillait bien il pourrait leur mettre trois balles chacun en moins d'une minute.

Norlail épaula, visa et commença à faire feu sur les globes.



Je me prépare pour la guerre noble. Je suis calme. Je connais le secret. Je sais ce qui va arriver et que personne; même pas moi, ne pourra me stopper.
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Matal 12 Manhur 815 à 15h33
 
La partie automatique de l'analyse était visiblement terminée.
Une répétition... Boucle d'analyse aux éléments de plus en plus fins ? Ou analyse séparée des trois protagonistes ?
Restait à savoir qui attirait le plus son attention. Norlail, qui n'avait pas interagit directement avec elle et étant ignoré, ou elle-même, parce qu'elle était identifiée comme Lanyshsta par l'utilisation de ses pouvoirs ?

La suite était plus... Problématique.
Obadia. Un nom, c'était important. Parfois. Quand on avait le temps, des références communes. Pour l'instant, elle ne pouvait plus rien tirer de ce simple assemblage de sons.

La menace de mort non plus n'était pas spécialement intéressante. Le fait de prévoir la mort de "l'enveloppe autonome" avant leur propre destruction était par contre plus perturbant.
La destruction et la mort étaient présentés comme disjoints, temporellement.
A moins que la mort de la créature n'engendre un processus d'auto-destruction qui les condamnerait ici, apportant une victoire posthume possible ?

Cela nous fera tous apprendre...

Ceux connaissant Jade -ou du moins les personnes la côtoyant suffisamment pour pouvoir penser la connaître- auraient pu associer des tas de qualificatifs à sa personne, moult descriptions sur ses qualités, et défauts supposés.
Rares auraient été ceux à s'aventurer sur le domaine de sa sexualité supposée, celle-ci ayant tout du néant absolu.
Pourtant, s'il avait fallu décrire l'état dans lequel Jade sombrait rapidement, les mots "excitation sexuelle" auraient sans doute était plus proche de la vérité que bien d'autres.

Revenir aux sources. A la base. Analyste de combat. Oh, bien sûr, elle n'était initialement pas destinée à y prendre part directement, et pouvait théoriquement s'appuyer sur des paramètres parfaitement maîtrisés en ce qui concernait ses alliés. Ce n'était ici pas le cas, mais c'était le plus proche de ce pour quoi elle avait été... -créée ? Éduquée ? - formée.
Qui plus est contre un adversaire cherchant lui aussi à procéder à une analyse.

Il ne s'agissait pas juste d'abattre l'adversaire, une banale rixe à mort, il s'agissait de l'abattre tout en maximisant les connaissances à son sujet, et sans omettre de lui dissimuler un maximum de choses.
Du jonglage de haute volée, où un échec le un seul des trois tableaux pouvait avoir des conséquences désastreuses.

Bref, on commençait à rigoler.


*** Éclat de rire. Le même que précédemment, joyeux, enfantin. ***


Bon, autant passer aux choses sérieuses. Quelle menace éliminer en premier ?
Obadia était le plus menaçant, mais... Pas forcément le plus dangereux. En fait, Jade l'estimait sans doute "gérable" pour une raison assez simple : oui, il était capable de supprimer l'effet de leur magie. Mais pas forcément -et ce serait dans ce cas fortement intéressant à constater- de passer outre les effets ne l'affectant pas directement. Quant à savoir s'il était destructible...
Autant l'attaquer alors qu'il était vulnérable, mais vite passer à autre chose.

Cal venait de s'élancer, portant un large mouvement circulaire qui fut bien moins efficace que visible. Tandis qu'il se reprenait pour un second coup, Jade en profita également pour un déplacement rapide, tant que la phase de "frémissement" était en cours.

Une frappe.

Elle était connue pour ses talents de tireuse, bien plus que pour ceux de pugilistes. Mais à force de viser des points précis, d'acquérir cette coordination oeil-main indispensable, elle avait développé la capacité d'utiliser avec bonheur certains outils assez... Atypiques.
S'étant placé sur le flanc de Obadia, elle lança les bras en un mouvement rotatif ascendant, ne déclenchant les lames de poignet qu'au dernier moment : additionner la vitesse de sortie à la vitesse de frappe, sans rien perdre de la précision.
Elle n'avait pas assez confiance en le mécanisme pour frapper de plein fouet dans une plaque d'acier, mais Obadia laissait bien assez de chair exposée pour que les deux poinçons percent la chair sans difficulté.
La main gauche amena la paume contre les côtes, la droite frappa les vertèbres, les deux pointes de métal cherchant leur cible, coeur et moelle épinière.

Pas sûr que cela fonctionne bien contre une créature vraisemblablement morte, ceci dit, les coups de hachoir d'un boucher pouvant s'avérer plus prometteurs.

Puis elle se replia en arrière, vers sa prochaine cible. Deux petits sauts en arrière, en biais.

Quel biais ?
C'était là toute la question car, ayant prévu sa retraite au moment de l'assaut, le premier bon avait séparé l'image de la vigilante en deux Jade se tenant côté à côte. Le second aurait du faire de même, mais un petit raté fit que seule l'une des images se sépara. Tant pis.
Trois Jade, cela en faisait sans doute entre deux et trois de trop pour la plupart des gens.
En espérant que Cal s'en sorte suffisamment bien pour découper dans le tas avant que les choses ne s'enveniment, pour l'instant, sa priorité était d'éliminer les globes avant qu'ils n'engendrent l'ingérable.

Les premiers tirs se mettant à retentir avant qu'elle n'ait encore eut le temps de faire glisser son fusil de l'épaule, elle savait au moins pouvoir compter sur Norlail pour ce point.



La perfection est amorale.
 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Matal 12 Manhur 815 à 20h47
 
*** Lorsque la Verte attaque, il profite de l'ouverture pour frapper à nouveau. Une frappe rapide, bien mieux maitrisée, traçant une large balafre sur les flancs de la créature. Sur son visage ? Plus aucun sourire. On pourrait croire que le jeune homme garde son enthousiasme habituel, même dans ce genre de situation... Mais concernant le combat, le jeune homme était un bloc de marbre, curieuse attitude comparée à l'omniprésence de son esbrouffe habituelle.

Il était une chose qu'il n'aimait définitivement pas : c'était se battre. Se battre, c'était déjà avoir perdu un peu. A l'exception de combat "provoqué" et voulu, pour amuser la galerie, et qui certes avaient leur charme. Un peu comme parler de ces stratèges antiques : c'était amusant, ils avaient fait de grandes choses, mais vous étiez à peu prêt certain que vous ne seriez pas dans la même situation un jour dans votre vie... L'autre jour à la taverne, il avait ôté la vie. Un geste froid. Un regret, un plaisir ? Du rien. Il n'allait pas changer face à une machine. Une chose...

Evitant l'un des premiers coups de papattes de la créature, il se jette au sol, entaillant la créature au passage de sa dague, à la cuisse. Mais la chose se retourne. Une frappe maladroite, certes, mais inattendue venant de la part de l'être immobile... On serre les dents et...

Un choc ? Faible, très faible. A peine de quoi le faire bouger. Un gros coup de poing, en somme. Se relevant d'un bond et s'éloignant d'un pas, tournant autour de la chose, il l'observe... Remarquant que la première balafre ne saignait plus...

Analyse rapide. Il cesse de tourner, mais maintient sa garde. ***


Cal : C'est un mannequin ! Il n'est pas fait pour nous blesser ou nous tuer ! Et on ne peut rien lui faire de grave... Pas maintenant. Vous jouez à quoi, machin ? Vous voulez voir ce qu'on sait faire, c'est ça ?


Gentleman Cambrioleur
Philanthrope Personnel
Explorateur Urbain
 
Norlail Menrar
Affranchi
Kil'dara  
Le Julung 14 Manhur 815 à 13h44
 
Le combat avait bel et bien commencé.

Les tirs réunis de Jade et Norlail avaient fait un ravage parmi les globes qui avaient explosé comme des ballons de baudruches remplis d'eau, laissant s'écraser au sol des espèces de larves qu'un œil un tantinet observateur aurait qualifier d'immonde. D'ailleurs en parlant des larves. Trois d'entre elles avaient réussi à venir au monde malgré les efforts combinés de l' Écumeur et de la Verte. En plus d'être laide elles étaient agressives.

Norlail n'attendit pas que les larves se jettent sur lui, il passa à l'attaque immédiatement. Quatre coups partirent. L'un deux alla s'écraser contre un mur pour créer un magnifique impact de balle. Les trois autres firent mouches sur la créature qui n'eut pas le temps de faire deux mètres avant de s'écrouler au sol, morte seulement quelques secondes après être née.

Pourtant le combat n'était pas gagné. Profitant que l'attention de l'Écumeur soit monopolisé par sa consœur un larve réussit à frapper Norlail avec une de ses tentacules. L'armure fit correctement son travail en encaissant une partie du choc mais cela ne suffit pas à empêcher la créature à creuser une plaie sur la jambe gauche de Norlail.

Un coup de crosse bien placé dans la gueule de la larve suffit à se dégager de son étreinte. Le combat continuait. Mais il avait pris une tournure différente. L' Écumeur le sentait: un poison mortel coulait à présent dans ses veines. Si rien n'était fait il allait mourir.

Pour le moment il fallait continuer la lutte. Et de préférence éviter de se faire retoucher par un de ces saloperies.



Je me prépare pour la guerre noble. Je suis calme. Je connais le secret. Je sais ce qui va arriver et que personne; même pas moi, ne pourra me stopper.

Page : 1 2 3 4 5

Vous pouvez juste lire ce sujet...
Nombre de joueurs actifs :0(Inscrits : 191)
Infos légales Mot de passe perdu ?