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Les étranges Héros
La Main de Kil’dé en action
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 13 Manhur 815 à 14h10
 
Ca faisait un moment que ça démangeait Thaïs. Toutes ces histoires de « dehors dangereux », de « routes infestées », de « bêtes sauvages » et de « scélérats errants ». Ces légendes diverses sur des voyageurs égorgés, des disparitions mystérieuses et ces agressions traumatisantes…

Les histoires allaient bon train dans la branche des Sans-Destins : certains Commis avaient voyagé et les plus vieux s’amusaient sans doute à rajouter force détails, nombre dangers. Des loups, des brigands, des fuyards et des abominations indescriptibles, perverties, mortelles. Maître Pujado lui-même ne tarissait pas sur la fois où, sans le sou mais chargé d’une mission de tout premier ordre, il avait pris la route plutôt que les transports pour se rendre en Kil’dara. Là, en chemin, une krolanne renégate avait soi-disant tenté successivement de le séduire, de le détrousser et de l’occire. C’était sans compter sur son incroyable volonté, vivacité et force qui lui avaient permis de démasquer la maline et de la fuir avant qu’elle n’ait le temps de rameuter ses compères apatrides.

Parallèlement, Thaïs sentait ses pouvoirs croitrent. Sa constitution s’affirmait –fine mais exceptionnellement solide- et ses appétences pour la Noxamancie semblaient se décupler de jour en jour. Les entraînements réguliers de la Main, au fin fond des jardins de la demeure d’Ascara, portaient leurs fruits : Thaïs était vive comme un serpent, capable d’esquiver les attaques les plus sournoises, et développait des réflexes impressionnants. Elle parvenait à lancer des sorts avec de plus en plus de vitesse, de précision et de puissance. Des langues brûlantes, des nuages d'étincelles, des fumées corrosives. Tout était fait pour blesser, estropier, tuer.
On ne choisit pas ses dons.

Et dans les yeux de Thaïs, souvent, dansait une étrange lueur de Pouvoir.

Parfois, la nuit, Thaïs se rendait près du cimetière de Kil’dé retrouver un mystérieux krolanne qui lui vendait de nouveaux tours létaux. De petits cubes d'un savoir lanyshsta qu'elle payait au prix d'or et apprenait dévotement.
Une ou deux fois, Harvain se chargea de la course.

Harvain qui avait d’ailleurs aussi approvisionné toute la petite troupe en objets divers et variés : tuniques solides, anneaux magiques et autres babioles étranges. Un vrai arsenal de mutés prêts à la guerre.

La jeunesse et la fougue de Thaïs faisaient le reste. Elle avait senti un réel désir de passer de la théorie à la pratique dans la troupe. Aussi, un soir, n’y tenant plus, elle incita ses amis à un nouvel exercice, aussi dangereux que grisant.
Au service de la Communauté.

*~*

Une ombre se faufile hors des hauts murs du Quartier. Discrète, rapide, elle se noie dans la nuit aussi vite que possible.
S’éloigne de l’enceinte protectrice.

Un rayon de l’astre nocturne éclaire un instant la mystérieuse, avant qu’elle ne fonde dans un bosquet proche. Etrange pantin noir et rouge, bigarré, très blanc, un masque noir entravant sa face jeune et affûtée. Une bouche noire très maquillée, très féminine, vient contrebalancer un torse plat et des hanches étroites. C'est de ces lèvres obscures que seront émis les mots mortels : un soin particulier a été apporté à leur mise en valeur.
Des pompons duveteux sont cousus sur les deux cornes du chapeau original et en un collier autour du cou gracile.
Silhouette androgyne souple et sans réelle forme.

Thaïs s’est masquée. Maquillée. Déguisée. S’est assurée qu’elle sera méconnaissable par quiconque la croisera ou l’apercevra en bas. Ses habits demeurent simples et usuels, très près du corps, bien que son genre soit difficile à définir. Une cape plus ample vient flouter l’absence de courbes. Elle a laissé un petit paquet au pied des remparts, dans les buissons : des habits civils, qu'elle enfilera au retour pour réintégrer la ville incognito.

L'adolescente s'éloigne peu à peu, s'enfonce dans l'inconnu, réintègre la route et avance.

A l’extérieur, à peine à une dizaine de minutes de marche des Portes, la première créature ne tarde pas à se manifester : une dague frôle Thaïs, qui l’esquive de justesse. Un brigand apparaît sur le chemin, hirsute, agressif. Il baragouine un dialecte que la d’Ascara peine à comprendre –une histoire d’arlequin et d’ivresse.
Thaïs sourit.

L’exercice peut commencer.


*** ***




 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 13 Manhur 815 à 16h38
 
Pourquoi avait-elle accepté la proposition farfelue de Thaïs ? Depuis le temps, elle devrait savoir que quand tous les membres de la Main tombaient d’accord sur une activité, c’est qu’ils allaient probablement faire quelque chose de stupide. Et mettre Oromonde et Thaïs sur le coup, c’était s’assurer qu’en plus de ça, on tirerait le pompon.
En parlant de pompons, voilà Thaïs qui s’avance.

Foutre et enfer. Cette dernière n’avait pas lambiné sur le fard à paupières et la déco, de toute évidence ! Elle salue sa camarade par un signe mental.

Oromonde n’a pas besoin de jeter un coup d’œil à sa tenue pour savoir elle-même à quoi elle ressemble. Elle a fini par céder aux insistances de Thaïs concernant le port d’un costume. Ce serait plus prudent, avait-elle argumenté.
La jeune scribe se gratte les fesses pas très élégamment à travers le costume en cuir violine bouilli qu’on lui a donc refilé. Ça gratte, ce truc ! Plus prudent, mon œil. Elle qui d’ordinaire est si discrète et passe-partout, elle a la vague impression, dans cette tenue, de briller de milles feux. Obscurs, les mille feux, certes, et ténébreux, sans doute. Mais bon, elle a la vague impression de sortir d'un club de danseuses peu habillées dans cette tenue. Elle regarde son reflet pour jeter un ultime regard critique sur cet ensemble malheureux. Son image miroir se tient à ses côtés, tout aussi embrumée et peu discernable qu’elle-même. Les contours de la korthomancienne sont floutées et difficiles à percevoir dans la nuit. Sa copie conforme suit le moindre de ses faits et gestes. Elle en profite pour vérifier que tous ses apparats féminins sont bien en place. On ne se doute pas assez des services que peut offrir la korthomancie.
***
***


Elle est partie en reconnaissance la veille dans une tenue bien plus pratique, et s’est battue à mort avec un de ces rebelles krolannes qui rôdaient autour de la cité. Contrairement à ses deux camarades, cela la gênait d’abattre des krolannes qui, de toute évidence, en avaient été réduits au banditisme de grand chemin par leur ascendance rénégate. Néanmoins, pour le moment, chacun des tentatives de pourparlers qu’elle avait engagés s’était soldé par un échec et quelques coups de dague. Heureusement, elle était plutôt agile et, surtout, elle avait un sacré uppercut.

Elle se glisse silencieusement dans les profondeurs de la nuit pourpre. Ses gantelets renforcés, d’un mat épais, ne se reflètent pas. On ne l’entend qu’à peine, et on la voit encore moins bien. Elle contourne plusieurs brigands, observe leurs allers et venues sans rien faire. Finalement, elle se rapproche d’un krolanne plutôt costaud, s’accroupit, et l’observe quelques instants. Ce dernier porte une armure plus résistante que la plupart de ses compères, et son visage effilé est bardé de cicatrices. D’ici, elle a l’impression qu’il lui manque aussi un œil. Son comportement paraît plutôt nerveux, et rageur. Nul doute que, comme tous les autres exilés qu’elle a croisé jusque là, il n’aurait pas hésité à l’embusquer si elle n’avait pas fait autant preuve de discrétion. Elle prévient mentalement ses deux camarades qu’elle a trouvé sa proie, se rapproche lentement du bandit. Il est grand, très costaud, les épaules larges. Il est effectivement borgne, mais a de toute évidence survécu à bien pire qu’une jeune kildéenne de vingt six cycles tout mouillés. Elle se demande quelle fût son histoire, comment il a fini là, à embusquer de rares visiteurs. Mais il ne fallait pas y penser, si son but était d'étudier ses forces et faiblesses. Quelqu'un devait bien service de premier essai.

Le combat était inégal et perdu d’avance. Ainsi esseulé par rapport aux autres membres de sa troupe, le krolanne perdu n’offrait que peu de résistance. Son arme devait être empoisonnée, comme il était de coutume chez les exilés. Elle s’était débarrassée de son matériel d’alchimie, mais avait prévu quelques onguents et herbes au cas où la situation déraperait.
Son cœur battait très fort dans sa poitrine. Elle avait peur. Et cette peur se teintait de quelque chose de bien plus macabre et sordide. Il n’aurait jamais fallu permettre à quelqu’un d’aussi renfermé et frustré qu’Oromonde de prendre des vies ; quelqu’un comme elle finirait par y prendre goût…

Elle se ramassa sur elle-même. D’abord, son image miroir distrairait le tailladeur ; pour sa part, elle se glisserait derrière lui et frapperait d’abord la nuque, souvent non protégée, pour agripper le crâne et griffer le visage. Ensuite, elle glisserait sous le côté gauche du bandit et frapperait le flanc, puis remonterait pour taper sous le menton. Il s’agirait ensuite d’éviter astucieusement l’épée longue du tailladeur et de continuer à toucher les organes vitaux : la rate, par exemple. Tout cela en gardant contact avec Thaïs et Harvain, qui quadrillaient des zones parallèles et menaient leurs propres exercices.
Quelques secondes, à peine. Si elle passait plus de temps à réfléchir, elle n’agirait pas.
La lanyshta bondit sur sa cible. Pour le moment, tout se déroulait comme prévu.

"Qui a été un mauvais garçon ?" grogne-t-elle en esquivant un estoc qui lui aurait sinon lacéré la cuisse.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 13 Manhur 815 à 21h25
 
J’avais un compte à régler. Notre première excursion avait été bien trop prétentieuse, j’avais été trop relâché sur mon équipement. J’avais dû mettre mademoiselle Thaïs à contribution pour améliorer mes possessions. Et surtout, au-delà de tout ça, progresser beaucoup plus discrètement. Et après tout, pour un bon majordome, la discrétion, c’était une seconde nature. Alors dans le plus grand secret, la nuit, j’explorais ces ruines. Je découvris rapidement que les autochtones errants, à l’allure peu avenante, pour ainsi dire patibulaire n’étaient pas très doués pour discerner le camouflage.

Nous nous retrouvions à la sortie du Kil le soir tombé. Je dois bien admettre que je faillis faire une crise cardiaque en voyant les tenues des deux jeunes demoiselles qui m’accompagnaient. Peut-être suis-je réellement décédé et ceci est une vision de l’après. Un endroit où les gens s’habillent mal pour l’éternité. J’espère au moins qu’il y a du thé… Scylla me vienne en aide. Alors je comprends mieux pourquoi mademoiselle Thaïs ne voulait pas que je m’occupe de ses affaires pour l’excursion. Moi qui pensais que c’était par pudeur. Humf ! Petite effrontée. Je vous réserve une session extraordinaire de danse classique, vous m’en direz des nouvelles.

Mais le pire reste indubitablement mademoiselle Oromonde. Au-delà du mauvais goût, c’est bien de vulgarité notoire dont il est question. Pensez-vous que c’est un jeu ? Un bal costumé ? Il est question de tuer, de faire usage de violence létale, d’éliminer des inconnus qui ont le malheur d’être du mauvais côté d’un mur. Un père, un frère, un fils… Nous allons alimenter ce cycle de souffrances, huiler les rouages du destin avec des hectolitres d’hémoglobine.

Je me tiens face à elle pendant qu’elle me donne le surplus d’équipement pour se déplacer plus librement. Je ne dis pas un mot, je me contente de la regarder. Je ne hausse même pas un sourcil. Alors vous êtes finalement de ce genre de filles mademoiselle Oromonde ? A se prélasser autour d’une barre avec deux ficelles et un mouchoir comme seuls vêtements ? A susciter des émotions non convenables, à encourager les déviances, à jeter l’opprobre sur votre nom ? Monsieur Iolain aurait-il aimé vous voir ainsi accoutrée ? Et vos parents ? Vos nombreux frères et sœurs ?

Je les vois partir dans les ruelles sombres. Pour ma part, je préfère le chemin du monte-en-l’air. Alors je dépose les affaires en trop dans une poubelle renversée. Moi aussi je m’équipe, à ma façon.

*** ***


*** Ambiance ***


Lentement, j’escalade les étages pour arriver sur des hauteurs plus adéquates pour un tir à l’arc optimal. Je les suis du regard. J’embrasse toute la zone d’un coup d’œil. Mademoiselle Thaïs est facilement repérable, des éclairs et toutes sortes de bruits sont autant de signes d’activité. Mademoiselle Oromonde est plus discrète. Intéressant. Alors comme ça vous attaquez lâchement votre cible, vous profitez de la situation, de vos tours de passe-passe, de votre supériorité de lanyshsta ? Intéressant.

Je commence à bander mon arc lentement puis maintien la traction longtemps. Je ralentis mon souffle, je plisse les yeux pour y voir mieux. J’observe le combat, les coups manquent de force, de précision, de style et de technicité mais ils sont volontaires, sournois, vicieux. Mais elle dépense sans compter et la voilà épuisée. Son adversaire bien que mal en point à maintenant un boulevard pour inverser la tendance. Mademoiselle Oromonde, que la douleur soit votre professeur…

Je la regarde subir plusieurs attaques sans intervenir. Juste le temps que la leçon, et le poison, rentrent dans sa tête. Puis je relâche la corde et la flèche vient se planter dans la tête du krynänn. Il reste debout une seconde, comme interdit face à la fatalité, avant de s’écrouler lourdement en arrière.
Les bruits de l’altercation ont fait venir des renforts. Hum… deux de ces mécréants dont il va falloir disposer sans trop de bruit sinon dans quelques minutes nous aurons un sérieux problème d’affluence.

Mademoiselle Oromonde, en approche sur votre gauche, ne bougez pas.

Ils ne se doutent pas d’une mort à distance, qui plus est en hauteur, alors ils s’avancent sans se mettre à couvert. J’encoche une nouvelle flèche, vise et fait mouche, traversant l’armure rapiécée et pénétrant un des poumons. Il n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive que la deuxième flèche le fauche dans son élan. Le deuxième bondit à l’abri tandis que j’arme un nouveau tir. Je guette des yeux le moindre mouvement. Je vois l’ombre projetée sur le sol derrière un mur. Encore juste un pas mon gars…Voilà ! Un mince sifflement file à toute vitesse vers la cible surprise le clouant presque sur le mur à la hauteur de l’épaule. Le deuxième trait lui perfore les côtes. Le troisième termine dans l’estomac.

Je reprends ma respiration soudainement. Je me rends compte que je retenais ma respiration depuis la première flèche. Je me replonge dans les ténèbres quelques instants puis risque un coup d’œil par-dessus le parapet. Je ne vois plus de mouvements hostiles.

Secteur dégagé mesdemoiselles.



 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 18 Manhur 815 à 22h47
 
Thaïs s'amuse, et s'en est inquiétant. La nuit tombée, la stratégie devient rituel : la lanyshsta et ses comparses se fondent hors de la ville, déguisés, s'éparpillent, se retrouvent. Tuent.
Oh, c'est de la légitime défense. D'abord. Après tout, il ne faut jamais longtemps pour que des Renégats leur tombent dessus. Hirsutes, plus proches d'animaux que de krolannes, sans aucun scrupule à assassiner le moindre voyageur -eux qui ne vivent que de larcins. Ils ne les cherchent pas : ce sont les brigands qui, embusqués, les attendent, les agressent. N'est-ce pas un beau service rendu à la communauté que de nettoyer les portes de leur présence ? Ils sont si nombreux que pour un de trépassé, dix le remplacent : la tâche dépasse la nécessité d'abnégation.

La d'Ascara s'amuse à esquiver les coups lents et lourds, reste à distance et ne se rapproche que pour violemment attaquer. Quand elle fonce, oiseau de proie fendant l'air en piqué, ses yeux sont deux rasoirs effilés. Elle sourit d'un étrange rictus. Ses doigts lancent des étincelles, des bandits crient en se tenant le visage, une odeur de chair brûlée monte dans l'air sombre. Thaïs rigole, le rouge de ses lèvres fendant la blancheur lunaire et artificielle de sa peau. La plupart des soudards répliquent avec aplomb, s'ils ne s'enfuient pas : Thaïs danse autour d'eux, les nargue. Hérite tout de même de quelques coups des lames qu'ils empoisonnent avec tant de soin. Parfois, une sorte de loup dressé aux crocs effilés lui gnaque les mollets. Qu'à cela ne tienne, le malandrin ou l'animal en sont quittes pour des flancs lacérés de Noxamancie. Des toxines s'infiltrent dans le sang de l'adolescente. Pour elle, cette douleur est comme une subtile ivresse. Elle se sent vivante. Puissante. Enfin.

Mais Thaïs est prudente, encore. Elle se replie vite quand elle n'a pas immédiatement le dessus. Se retire toujours avant les premiers rayons de soleil. Ne sort parfois que pour une heure ou deux. Laisse ses proies avec leurs lourdes blessures et ne cherche pas encore à les achever à tout prix. La Noxamancie la grise mais sa raison surnage toujours -pour combien de temps ? Harvain et Oromonde ne sont pas loin. Elle sait qu'ils viellent : ils sont sa bouée dans un océan de folie qui commence à peine à s'agiter.

Bah. Que ces renégats s'en sortent. La région est infestée de brigands, Thaïs sait que le lendemain ou dans deux jours, d'autres seront là.
Encore plus nombreux.
Encore plus dangereux et agressifs.

Mais elle compte bien se faire connaître. Ne pas seulement occire quelques individus épars : se forger une réputation. Instiller la peur. Alors elle marque son territoire. Laisse un souvenir, terrible, là pour narguer ses proies, au dessus de cadavres fumants.
Une Main. Sur les arbres, sur les murs, sur tout support. Bien en vue. Une Main brûlée par la magie ou peinte en blanc -il lui suffit de se coller la paume sur la joue puis de l'appliquer au mur, pensez, avec ses épaisseurs de maquillage...
Si ce n'est en sang.

Bientôt, les alentours des Portes s'ornent de dizaines de ces étranges symboles.
Ces symboles aux odeurs de ce qui se prétend Justice. Violente et implacable.

L'image d'une association étrange, aussi. Oromonde et Harvain adopteront sans doute rapidement cette preuve de leurs actions. De leur présence.

Enfin, Thaïs se change, réintègre la ville avant l'aube. Suit mollement ses cours, ivre de ces folles nuits. Boîte, grimace, clopine quelques jours, prétend quelques fièvres pour garder le lit mais se remet toutefois toujours anormalement rapidement pour une Krolanne. Constate avec fascination ses blessures se résorber, sa résistance et son métabolisme de Lanyshsta refermer ses plaies -ne laissant que de très fines cicatrices blanches, qui ornent bientôt son dos, ses bras et ses jambes en d'infinies arabesques. Tout un poème d'affrontement écrit sur une adolescente en cours de floraison.
Sur cette ronce pleine d'épines.


*** ***


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 19 Manhur 815 à 10h57
 
L’exercice continue, *dans toute son absurdité et sa hargne besogneuse.*

Enfiler ce ridicule costume acheté pas très cher au magasin de farce et attrapes de Madame Kei, qui est probablement morte de rire à l’idée de l’affaire qu’elle vient de faire. Se faufiler discrètement jusqu’aux remparts, passer la porte – aucun souci. De l’autre côté, préparer son appareil défensif. Se rendre invisible. Œuvrer en silence à trouver qui sera sa proie ce soir. Un choix délicat. Cette jeune krÿnann, qui a l’air terrifiée en resserrant sa dague contre elle ? Ou bien cet individu qui est peut-être son père, bien plus menaçant avec cette longue épée qu’il porte aux flancs ? Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi s’évertuent-ils à guetter des voyageurs, alors qu’il n’y a qu’eux, ombres joueuses et cruelles qui peu à peu élargissent un territoire de plus en plus…vide ?

Lorsque Thaïs s’avance, elle le sait sans avoir besoin de recourir à ses capacités psychiques ou visuels. Un picotement sur sa peau : l’adolescente plie et déploie quelque chose de l’ordre d’un flux, d’une énergie qu’elle focalise et synthétise. A travers elle, cela devient crépitement, blessures, acide, brûlures. Tout ce qui vise à détruire, à tordre, à abîmer et souffrir. Quelle horreur. Rien d’aussi subtil ou chatoyant que les manteaux chtoniens qu’elle-même se tisse, que la fatigue qu’elle apporte pour affaiblir lentement ceux qu’elle choisit avant de les achever. L’une est rougeoyante, brûlante, ravageuse. D’ailleurs, c’est le surnom qu’Or lui accorde rapidement à l’intérieur de sa tête : Ravage. L’autre est froide, silencieuse, méthodique. Une fois, Oromonde traîne un peu derrière le sillage de sa camarade. Facilement repérable aux cadavres, en général. Mais aussi aux râles des blessés que Thaïs n’achève pas, laissant ce soin à Harvain qui couvre ses arrières, ou à Oromonde qui rôde dans les environs. La pauvre créature en question est agonisante, blessée au-delà du récupérable. Sa mâchoire droite est bouffée par une substance acide qui révèle les tendons musculaires et la gencive. La jeune lanyshta frissonne. Terrible vision. Malgré ses blessures, le krÿnnan tente de saisir son arme pour l’attaquer. Elle lui écrase la main sous sa botte. Si elle savait ce que signifiait « prier », sans doute adresserait-elle des prières pour cet être brisé. Ne sachant le faire, elle brode quelques phrases douces, en krolanne, mais, comme à chaque fois qu’elle tente d’interpeller des bandits, ce dernier ne semble pas la comprendre. Bientôt, la douleur éteint toute conscience des iris du vaurien.

Elle pourrait aisément le soigner. Elle possède assez de fioles et de remèdes aux effets spectaculaires pour que ce visage mutilé survive. Certes, la blessure ne disparaîtra pas ; il faudra la recoudre, la laisser cicatriser. Les marques resteront monstrueuses. Dégoûtantes.

Elle lève la tête et aperçoit le symbole que Thaïs s’est mis en tête de laisser derrière elle. Une main blanche. La Main du Kil’dé, c’est ainsi que leur petit groupe s’est surnommé. D’où le symbole. Pourquoi laisser ainsi des traces ? Pour terrifier ces krolannes décharnés, ravagés par la bestialité ? Ils sont déjà au-delà de toute raison, pour avoir été conduits à se jeter sur les portes du Kil’Dé.

Non, Oromonde n’est pas du genre à laisser ainsi des traces et signatures.
Par contre, elle est du genre à laisser un Krÿnnan défiguré lui servir de bannière. A la fois signe de pitié, de compassion…et de cruauté, d’humour macabre et détestable. Un mélange qui lui sied bien. Elle gaspille ses remèdes à remettre sur pied l’estropié qu’a laissé derrière elle Thaïs, comme le font les chats qui ont cessé de jouer. Elle ne doute pas qu’Harvain, qui surveille toujours les alentours, risque de l’apercevoir. Aussi informe-t-elle simplement : « Pas celui-là. » Comme si cette magnanimité était en son pouvoir.

Pourquoi celui-là plutôt qu’un autre ?
C’est exactement le type de question que le Destin ne se pose pas.

Elle passe le reste de la nuit à surveiller et protéger cette proie facile, ravalée dans l’obscurité, de sorte que l’épargné n’ait pas plus conscience de sa présence. Elle observe avec fascination ce dernier reprendre conscience. Quelles pensées alors lui traversent l’esprit, quels cauchemars animent cette psyché qui a échappé de si peu à la mort, juste à cause d’un caprice ? Quelles douleurs apportera la chair brûlée et rongée, à jamais irréparable, puisque ce dernier n’est pas lanyshta comme elle et ses camarades ?

Oui, elle observe avec fascination.
Elle comprend de mieux en mieux pourquoi certaines œuvrent à la disparition de son espèce. A leur place, elle ferait de même.
Les gens comme Thaïs et elle ne méritent pas de vivre, et ceux qui les aident non plus. Sans émotions, elle regarde l’estropié battre en retrait vers on ne sait quel nid. Fortune et Infortune inconstamment nous mènent. Parmi ces délaissés, ils sont des Apostolats, ils sont libres de tout ce que leur société refuse et spolie...à nouveau, Oromonde ne peut que se demander quel est le sens de leur place dans cette trame. Elle sait que partout ailleurs, dans chaque Sharss, les lanyshtas reproduisent ces excursions mortelles et cruelles, sans sourciller, sans savoir pourquoi. Le poids de cette ignorance qui ne cesse de la poursuivre depuis son Eveil lui paraît écrasant, révoltant. Et pourquoi eux plutôt que d’autres… ?

Ce que le Destin en a à foutre, lui…


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 20 Manhur 815 à 14h12
 
Thaïs virevolte. Elle va d'un groupe à l'autre, souffle des sorts corrosifs et brûlants. Son style s'affine, se fait aussi mutin et léger que sa magie est destructrice. Son rire carillonne doucement tandis que les bandits se tordent. Sa main effleure les peaux comme autant de caresses, ses lèvres peintes murmurent aux oreilles comme autant de promesses : quelques secondes plus tard, les flétrissures apparaissent, se répandent, rongent tout ce qui est vivant. Fendent la peau, ouvrent les chairs, embrasent les membres. La d'Ascara se prend des coups de dague, de couteau, d'épée en retour. Elle sautille, en esquive, roule à terre. Se relève en tapant dans ses mains d'excitation. Comme dans un jeu. Ses flans s'écorchent, ses bras essuient les répliques qu'elle ne parvient pas toujours à éviter. Elle en rigole. Regarde son propre sang couler, ses plaies s'infecter. Se délecte peu à peu de ces douleurs. Ce ne sont pas des coups mortels : elle sait qu'elle en guérira très vite. Mais prend goût à cette violence qu'elle distribue et reçoit.
Glisse sur une pente étrange...

Les flèches d'Harvain sont moins ambigües. Elles fendent l'air et achèvent, implacables. Thaïs se surprend à découvrir un Majordome aussi létal qu'il est discret. Dangereux. Invisible. Attentif, il veille toujours sur elles. Père étrange qui promène ses filles. Mentor dont elles savent si peu, au fond.
C'est définitivement leur ombre.
Ombre : comme ce titre lui sied bien...

Oromonde, elle, adopte un comportement parallèle étrange. Semble se prendre de pitié pour certains blessés, les soigne puis les protège. Thaïs n'insiste pas : elle n'a que faire d'achever un éclopé. Il lui importe peu de vraiment tuer. Elle veut simplement combattre. Achève extrêmement peu souvent ses proies, d'ailleurs. Et si ses sorts sont particulièrement douloureux et donnent des résultats esthétiques atroces, ils tuent moins efficacement que l'arc d'Harvain ou une épée traditionnelle.

Thaïs admire sa compagne, moulée dans cette combinaison qui met avantageusement ses formes et sa jeunesse en valeur. Là où la d'Ascara est grimée en personnage bigarré et farfelu, Oromonde a l'étoffe d'une jeune Déesse. Et si Thaïs est implacable et sans remord, déploie ses dons sans se soucier s'ils blesseront à vie ou tueront à terme, son amie semble obéir à une trame autrement plus complexe et imprévisible.
Main du Destin.
Main de Scylla.
Destinée : c'est ainsi que l'adolescente surnomme son amie.

Les Mains blanches que peint Thaïs continuent d'orner les routes. L'adolescente rode son schéma, bientôt : elle ne vise que les mâles armés aux attitudes belliqueuses. Ne les surprend jamais : elle se pavane devant eux, les provoque et réplique. Les noie de quelques sorts variés aux sons et aux couleurs différentes : de grands "boum", de petits "pshit", de stridents "hiii" et de dérangeants "crac" -rouge, noir ou gris. Applique tranquillement sa Marque sur un arbre ou un mur, tandis que le malheureux se tord de douleur en implorant, jurant vengeance ou muet d'horreur. Puis disparaît en trottinant, tranquillement, certaine que personne ne s'aventurera à la suivre. Thaïs préfère blesser dix mécréants en une nuit qu'en achever un seul. Bientôt, les abords des portes s'emplissent d'éclopés, de défigurés, d'amputés qui hurlent vengeance ou qui se terrorisent à l'évocation de la Main. Les routes se nettoient de dangers mais s'emplissent de laideur, se gorgent de violence.

Thaïs s'en amuse. Elle sent ses pouvoirs croitre.
Escompte bien leur imposer sa Peur.


*** ***


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 22 Manhur 815 à 22h12
 
Le premier mort, direct, frontal, ne tarde pas à arriver. Thaïs prend confiance, peu à peu. Se ballade de plus en plus à découvert, adopte une attitude de plus en plus provocante et vindicative. Sautille, en noir et en rouge, sur les sentiers dangereux. Elle est sur son territoire, les Mains Blanches ornant bien des supports : animal dominant sur son domaine, elle ne voit pas pourquoi elle adopterait une attitude prudente. Ces terres, elle les a conquises. Elle compte bien les garder.
En profiter.

C'est un krolanne hirsute qui lui barre pourtant bien vite le chemin.
Il l'attendait.

Il baragouine dans un patois que la d'Ascara peine à comprendre -une histoire de frère défiguré et de cousin désormais manchot. Il tient une longue lame dans ses mains caleuses, une épée sale et émoussée, probablement empoisonnée. Il doit avoir plus de cinquante cycles -en paraît soixante-cinq. Il vient pour se venger, kamikaze sans illusion. Ses habits sont des loques, ses bras tremblent, la malnutrition l'a rendu faible et prématurément vieilli. Il semble plus misérable que réellement dangereux. Thaïs lui fait un signe de la main pour qu'il s'écarte -elle n'a que faire de grabataires. L'individu crache et charge : la d'Ascara parvient à éviter les moulinets grossiers d'un pas souple sur le côté. Ce n'est pas un guerrier aguerri. Il ose l'agresser ?
Tant pis pour lui.

La sorcière se rapproche lestement et souffle dans sa main vers la tête immonde : une pluie d'étincelles magiques s'envole doucement de la paume pour s'en venir se poser sur le visage de l'assaillant. Les minuscules points lumineux brillent un instant sur la peau grise puis se mettent à luire dangereusement. Ils s'enfoncent alors peu à peu, devenant charbons ardents, grêlant les joues, le front ou le nez d'abominables trous. Bientôt, les hurlements emplissent la nuit, alors que le vieux brigand se tord au sol de douleur, cherchant à arracher les braises, se labourant la peau de ses mains devenues folles.

Thaïs applaudit gaiement, contemple le spectacle quelques minutes. Elle donne un coup de pied dans l'épée tombée au sol puis tourne le dos au malotru, qui a cessé de crier, a convulsé puis semble s'être évanoui. Grossière erreur. La d'Ascara n'a pas fait quelques pas qu'une dague fend l'air et se plante dans ses omoplates. Piètre escrimeur, bon tireur.
Blessure profonde. Thaïs émet un hoquet de douleur. Sort la lame avec horreur. Du sang.
Du sang partout. Son costume fendu. Son dos à vie balafré.

La d'Ascara pivote. Fait face au krynänn qui sourit de sa face défigurée, ensanglantée, ravi de son coup. Les yeux de la magicienne luisent d'une lueur si colérique, si folle, que le krolanne comprend bien vite -bien trop vite- que son Destin est scellé. Il efface sa moue pleine de morgue et commence à ramper, cherchant à rejoindre son épée -déjà à court, sans doute, de poignard à lancer.

Thaïs ne le rejoint pas. Sa propre douleur s'efface sous l'appétit qui la remplit. Implacable. Elle se contente de sortir du sentier d'un pas de côté, de mettre genou au sol. Elle s'empare d'une poignée de terre qu'elle lance furieusement sur des arbres alentours en récitant une formule obscure. Au contact de la terre, les arbres se mettent à luire. Les lumière montent de sous l'écorce puis la recouvrent. Tout s'embrase. Une chaleur écrase tout, les arbres deviennent soudainement incandescents. Les ramages vacillent. Les feuilles bruissent d'un chant de guerre. Leurs racines s'arrachent du sol. Ils bougent ! Glissent comme des serpents pour venir entourer Thaïs d'un air menaçant.
Leurs branches semblent en feu. Un démon a pris possession d'eux.

La d'Ascara n'est pas intimidée par cette végétation agressive et oppressante. Elle se contente de pointer le bandit du doigt, en achevant la formule. Dénonciation horrible. Les végétaux sont dépourvus de pitié ou d'hésitation. Dépourvus, aussi, de subtilité : leurs racines se lancent et les amènent tout autour du malheureux. Leurs branches se lèvent. Le vieux krynänn se protège de ses bras en criant. Peine perdue.
Les ramages enflammés frappent et frappent encore. Ce sont des fouets de flammes qui ne connaissent pas la fatigue ou l’écœurement. Thaïs rigole, la gorge déployée au ciel. Les cris du malheureux cessent bientôt. Les arbres s'éteignent. Leurs feuillages cessent de chanter la mort. Leur écorce redevient morne et craquelée de nuit. Leurs racines plongent en terre.
Tout redevient calme et obscur.

Un cadavre git, sanguinolent, entouré d'arbres tranquilles. Cromlech de bois, sépulture étrange.
La victime à jamais cerclé de ses assassins.

Thaïs sourit, d'un rictus fou.
Elle passe le poignard ensanglanté sur ses joues, agrandissant cette grimace atroce.
Son dos saigne mais elle s'en fout.
Elle est Ravage. Elle est Vengeance.
Elle a goûté la Mort.
Plus rien ne pourra l'arrêter.


*** ***


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Dhiwara 24 Manhur 815 à 13h56
 
Je suis quelque peu déçu de voir ces deux jeunes filles à l'action. Je m'attendais à mieux, beaucoup mieux. Mais si les élèves sont mauvais, c'est que le maître l'a été avant tout. Oh certes, je suis loin d'être le maître car j'en suis plutôt le serviteur. Mais la tâche de la gestion de leurs compétences, de leur équipement et de leur survie m'a été attribuée. Elles ont été entrainées certes mais de la mauvaise façon. C'est le mental qui pêche plus que le physique ou les capacités martiales. L'une découvre l'étendue de sa folie et de ses frustrations refoulées pendant des années, carburant igné d'une puissance en croissance exponentielle. L'autre se prend à jouer l'incarnation d'une ambivalence incohérente dont le summum de l'action (ou l'inaction) a été d'épargner un krÿnann.

J'ai haussé plus d'un sourcil dubitatif à cette pensée miséricordieuse. Jeune femme, pensez-vous vraiment que cela m'arrêtera ? Pensez-vous que le pouvoir soit entre les mains de la clémence ou du bourreau ? J'ignorerai tout des desseins cachés de mademoiselle Oromonde, de le transformer en témoin vivant de ce qui se passe dans ces rues tant la logique ne me serait jamais venue à l'esprit. Je me suis juste dit qu'elle avait fait preuve de pitié, son cœur trop souvent malmené dans sa courte existence s'étant résolu à montrer une nouvelle faiblesse incompatible avec notre vie.

Je me suis gravé dans un coin de l'esprit de maîtriser ces deux jeunes femmes qui s'engagent dans des sentiers qui ne mènent à rien. La folie furieuse d'une part et les troubles logiques d'autre part ne sont certes pas des comportements à avoir sur un champ d'opération. Ces jeunes doivent savoir refluer leurs sentiments et agir efficacement comme des professionnels. C'est que nous apprenions au Locus Solus. Et je pense qu'il me sera nécessaire éventuellement de les y emmener pour parfaire leurs éducations chancelantes.

Pendant plusieurs nuits, je surveillerai ces deux personnages hétéroclites dont le seul point commun soit leur nature mutée. Les deux sont autant des dangers pour les autres que pour elles-mêmes. Plus d'une fois, il me faudra faire preuve de discernement et éliminer des survivants ou des fauteurs de trouble. Mais hormis quelques éliminations, je me contentais de suivre l'action du haut des toits. Le plus souvent, mon arc restait sur le sol à côté de moi pendant que je dégustais une tasse de thé pour me maintenir éveillé. Toutefois, je dû reconnaître que le thé n'était pas le meilleur moyen de rester alerte. Je pense que pour les prochaines fois, une petite tasse de café ne serait pas de refus.



 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Dhiwara 10 Jangur 816 à 11h39
 
Thaïs continue périodiquement ses petites sorties nocturnes. Lorsque la nuit tombe, régulièrement, elle enfile masque et déguisement, se maquille de blanc, et s'en va danser dans les flammes aux alentours des portes de Kil'dé. Son sourire est extatique pendant que de ses mains naissent les torrents de feu et elle sautille, joyeuse, au milieu des brigands affolés, délogés, traqués et mutilés. Une main blanche, toujours, marque ses crimes, avertit tout vaurien que la Némésis reviendra, bientôt, achever sa besogne.

Depuis quelques semaines, Ravage met un coeur particulier à l'ouvrage : la tension ambiante de ses dernières enquête lui imposent un exutoire efficace. Les sorties se raccourcissent mais gagnent en intensité : l'ombre rouge et noire apparaît subrepticement au milieu d'un groupe de détrousseurs, vide en quelques sorts l'intégralité de ses réserves de magie et de ses forces, dans des tourbillons mortels qui vident le paysage de toute vie. Puis disparaît, apaisée, fourbue, passer une nuit tranquille dans ses doux draps de satin.

Ce soir là, Thaïs repère une ombre qui sort de la Cité. Et une diffuse activité mentale. Un lanyshsta. Un lanyshsta qu'elle a déjà côtoyé. A dire vrai, seul un muté serait assez fou pour s'engager sur les sinueux chemins extérieurs alors que la nuit tombe déjà...
L'enfant s'embusque, joueuse,avant de bondir d'un buisson devant le téméraire. Les mains sur les hanches, les grelots tintinnabulant, elle interroge dans un rire mutin :


Alors, on s'est perdu ?

*** ***


 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 11 Jangur 816 à 22h25
 
Djet Tamère bondit en arrière, incrédule.

« WOW WOW WOW ! Un putain de clown sauvage dans le buisson, un putain de.. ! Nan ça m'a parlé. Tu m'as parlé ? T'es quoi, un arbre ? Un fucuscien ? »

Sors ta lance. Elle va mordre. Pourquoi ne sort-il pas sa lance ?

Il revient vers elle tout doucement, tout vaguement, tout prudemment. Il tend sa main devant lui comme à un animal qu'il faudrait rassurer en offrant son odeur.


« Il y a quelque chose chez toi qui me rappelle quelqu'un. Tu parles ma langue ? N'aies pas peur. »

Ridicule et plein d'assurance, Djet est solidement harnaché. Arme, armure de cuir, léger sac à dos et un lourd casque de métal qui lui cache le visage. Il est si stable et si solide qu'il a l'air prêt à encaisser de front la charge d'un taureau. Depuis quelques jours il voyage entre les kils. Il s'est vite remis de l'affreuse blessure infligée par le sale péquenot aristocratique en tenue de bonniche qui ressemble à son géniteur. Sans tenir compte de ses menaces il visite le Kil'dé, ''fouille les poubelles'' et flâne ou se prépare en attendant sa nouvelle mission d'évaluation des canaux souterrains de rang Zéro-3-3-4. On attendra certainement de lui qu'il fasse preuve de témérité, mais aussi d'audace, de vaillance, de bravoure et d'insouciance. Il lui faudra aussi faire preuve de talent pour le commandent, d'impétuosité, d'insolence, de courage. Toutes ces qualités sur lesquelles les Coordonnants sont sans cesse en train de disserter. Car dehors, le vrai dehors : l'extérieur souterrain et mal connu, les agents doivent être prêts à rencontrer des choses qu'ils ne comprendront pas. Certaines ne seront pas réelles. D'autres, pires, seront moins incohérentes qu'irréelles, sans pour autant pouvoir être acceptées par des esprits raisonnables. C'est la raison pour laquelle le taux de suicide est si élevé dans la profession, et ce pour quoi il est si important de rattacher ce groupe à des valeurs fortes et universelles. La plupart de ces discours sont donc parfaitement fantasmés et décousus, mais l'un d'eux a fait briller les yeux de Dassen plus qu'aucun autre.

« Celui qui marchera dans les ténèbres des égouts, rapportera un spécimen singulier et incroyable, recevra une prime proportionnelle aux réserves du comité et au danger déconfit. »

Alors à nouveau face à Thaïs, ses yeux brillent de cette lueur que nous voyons avide et fascinée. Il doit rêver ce moment où il la leur apportera, enfermée dans une cage ou au pire, via de simples fragments. Mais peut-être que nous fantasmons nous aussi et que ce regard doit être interprété plus naïvement, comme une curiosité saine et amicale, comme celle d'un enfant devant une fée qui pourrait lui exaucer un vœu.


alias Djet Tamère
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 12 Jangur 816 à 11h23
 
Ravage regarde cet étrange individu, qui l’examine avec une telle candeur –ou serait-ce de la convoitise ?
Elle hoche la tête à droit, à gauche, et ses grelots tintinnabulent doucement.

Le lutin s’approche un peu, fluet, se penche jusqu’à être presque touché. Puis bondit en arrière, tourne et retourne, saute sur un petit rocher hors de la route.


Tu es drôle. Oui, je parle ta langue.
Entre autres. Je connais plein de formules.

Ravage embrasse puis souffle dans sa paume gantée : une pluie d’étincelles multicolores s’en élève, suit le vent pour venir lécher le visage de l’étranger. Les petites braises lui piquent la peau, déposent le goût de cendre du baiser.

L’adolescente rigole. Elle a reconnu l’étranger, l’interroge :

Mais nous nous connaissons. Nous avons déjà dansé. Avec d’autres masques.
Un jeu de chat et de souris.


Un claquement de langue.

Prêt pour la revanche ?


La tête est inclinée, interrogatrice. Ravage saute au pied du caillou, tourne autour d’un arbre en ricanant.
Disparaît dans la forêt.
Assez lentement pour être suivie...



 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Dhiwara 17 Jangur 816 à 00h53
 
Le baiser le surprend. Les cendres apparaissent et aussitôt il retient sa respiration, agite la main devant lui et tente de les chasser.

« Oh ! Attends ! C'est de la magie ça ! »

Djet s'élance après la fée. Il essaye de l'attraper, de la doubler, de lui bloquer le chemin. Mais à chaque fois elle se dérobe et sautille un peu plus loin. Très vite son humeur change un peu. Il pince les lèvres, il fait la moue. Il déteste être nargué.

« Diablerie ! Je ne me rappelle pas de toi. Où est-ce qu'on s'est vus ? Où est-ce que tu vas ? »

Djet court après la fée et en même temps il se racle la gorge, crache par terre. Il ne doit même pas se demander le rôle qu'il jouait dans ce jeu. S'imaginer pouvoir être autre chose que le chat serait de toute façon trop humiliant.

« Arrêtes de gigoter ! »

Soudain une idée arrive dans sa tête.

Il penche un peu le corps en avant, calcule ou estime la trajectoire que prendra Thaïs, et soudain il accélère. Il saute sur elle tel un grand sportif, se propulse de toutes ses forces, écarte les bras et essaye de la plaquer au sol.



alias Djet Tamère
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 18 Jangur 816 à 10h52
 
Ravage sautille, s'élance, s'arrête, repart. Elle nargue le mâle, l'attire de plus en plus profondément dans les bois. Lui retient une branche, la lâche au dernier moment. Saute lestement au dessus d'un massif de ronces. Enjambe une rivière.

La suivre n'est pas une sinécure mais elle sait toujours s'arrêter, jeter un regard pétillant, tantôt provocateur tantôt désolé, qui encourage son poursuiveur à continuer. Encore un peu. Quelques pas de plus...

Lorsque Dassen s'élance et parvient à lui barrer la route, la magicienne hoquette de surprise. Se cambre. Tente d'éviter les bras. Lestement, avec les gestes d'une guerrière habituée à combattre, elle lui saisit l'épaule et le force à tourner pour se libérer. L'homme essaye de l'attirer au sol et elle résiste de toutes ses forces. Mais comprend que sa petite carrure ne fait pas le poids.

Alors ses yeux se font moins mutins, plus durs, et par réflexe elle incante. Sa peau devient chaude. Si chaude ! Brûlante... La main sur l'épaule devient un cuisant contact. Ravage tourne, tourne encore, tente de se libérer du mâle.
Au moindre interstice, elle se glissera pour s'échapper. Attendre à quelques mètres qu'il tente de nouveau sa chance.
Si ses baisers de feu ne l'effrayent pas.


 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Matal 19 Jangur 816 à 20h14
 
« Ahh ! »

Cri de surprise. C'est une exclamation enjouée, presque un rire.

Par réflexe il retire sa main, son gant carbonisé fume dans la nuit et Thaïs se glisse aussitôt sous son bras. Mais il se ressaisit, sa main noircie lui frôle la fesse lui attrape la ceinture, d'un coup sec il la tire vers lui et se jette sur elle à plat ventre. Il essaye quelque chose, on ne sait trop, peut-être une clé. Son buste est à moitié redressé, il prend appui sur ses pieds, dérape et soudain il passe tout à fait au-dessus de Thaïs. Il lui heurte la tête avec son coude, il tombe sur elle et le bras sur sa nuque il lui écrase de tout son poids le visage dans la terre.


« Oups ! »

C'est improbable, mais il nous plaît de l'imaginer rougir sous son casque, comme s'il ne l'avait vraiment pas fait exprès.


Sous Djet, Thaïs est un peu sonnée.

Très vite il lui décolle la tête en la tirant par les clochettes. Mais pour la tourner vers lui, il la tire aussi par l'épaule.

Elle est à moitié tournée, encore de profil. Alors pour une meilleure prise il change sa main de position.

Et il la pousse par le torse.



« Mais.

Je les reconnais.
 »


Ses gestes se figent. Il ne retire pas tout de suite la main.

« Monsieur Lafleur. C'est toi ?! »



alias Djet Tamère
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Julung 21 Jangur 816 à 14h48
 

Ahhh !!!

Thaïs bascule, tombe à la renverse. Le mâle la coince sous son poids, l'emprisonne de ses membres. Elle gigote, se tortille. Lorsque sa main se pose sur sa poitrine, elle hoquette, se saisit du poignet et le tord de toutes ses petites forces.

Mais c'est une habitude ! Ouste, bas les pattes, propriété privée !

Crie-t-elle d'une petite voix aiguë. La d'Ascara semble un moment rassembler ses forces, s'immobilise. Sa peau continue de brûler, si chaude, si chaude. Elle se retourne soudain, décoche une boule de feu qui frôle la tignasse de Dassen. Sourit aimablement.


Lâche-moi, c'est un conseil.

 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Merakih 27 Jangur 816 à 13h47
 
« Wahou ! »

Djet éclate de rire en regardant la boule de feu s'éloigner derrière lui. Ces sortilèges l'amusent vraiment.

« On les voient vachement bien dans le noir ! »

Mais il revient sur la remarque de Thaïs d'un air bouguon.

« Propriété privée ? C'est pas de ma faute ! Comment je peux savoir avec tes déguisements bizarres ?! Fallait me répondre, Madame Ravage. Et mettre une armure plus épaisse. Je nie toute responsabilité face à ces accusations d'attouchement. Ta tenue trop fine et aguicheuse est en elle-même une invitation. Si tu ne veux pas de problèmes sors avec une bonne vieille armure de plates. »

Il s'écarte alors de la jeune femme et se relève sans essuyer la terre collée à ses jambes et à ses avants-bras. Aussitôt le sourire revient sur ses lèvres. Il a l'air tout à fait aimable, comme s'il était content de la revoir.

« Et puis il faut que tu reviennes au Kil'sin. Le comité de Dispute s'agrandit. Je pense qu'avec le temps cet endroit peut devenir quelque chose d'important. Je leur ai plusieurs fois raconté notre premier combat. Ça les as fascinés. Ils ont tous très envie de se battre avec toi.

...
 »

Il a ouvert la bouche pour continuer à parler. Puis il l'a refermée. Il entend quelque chose. Ses yeux se plissent pour scruter les zones les plus sombres. Les arbres les entourent, un mince filet de lumière éclaire des fougères ici et là. Il ne voit rien, mais il y a ce bruissement. Ces feuilles qui bruissent hors du rythme du vent.

Dassen attrape sa lance. Il en dégage le fourreau, silencieusement.

Il reste attentif quelques secondes. Immobile et attentif, il n'écoute même plus la jeune femme.
C'est alors que le vent tourne. Une seconde, peut-être deux. Une intense odeur leur monte aux narines. Une odeur de musc, une odeur de cadavre et d'animal. Aussitôt Dassen se tourne vers son origine et pousse un puissant beuglement. Il crie comme l'animal qu'il cherche à provoquer. Il crie d'une voix grave, sauvage, avec la voix d'une bête féroce.

Des branches craquent. Un souffle se fait entendre. Une énorme masse de poils se lève lentement entre deux arbres. La chose est grande, massive, elle se dresse de toute sa hauteur, dépassant largement le jeune Lanyshta. Elle écarte les bras et à son tour elle hurle. Elle hurle de colère, son souffle est puissant, effrayant. D'un coup de patte elle écrase un arbre sur son passage et commence à avancer. Malgré l'obscurité les deux Lanyshtas voient alors les reflets étranges de son pelage. Des touffes mauves désordonnées, des mèches oranges presque fluorescentes. Ce Frobekh n'est pas tout à fait comme les autres. Il grogne. Il ouvre sa gueule et la bave coule d'entre ses crocs. Mais il n'a pas le temps de prendre son élan pour charger. Djet Tamère se jette sur lui en gueulant comme un fou furieux et lui plante sa lance au milieu du plexus. Le mécanisme de l'arme s'enclenche, la détonation a lieue, la lame s'allonge d'un demi-mètre mais au dernier moment le monstre le fauche le d'un coup de griffe. Dassen est projeté deux mètres plus loin. Il se réceptionne habilement en roulant sur lui-même et se remet en garde face au Frobekh. Le monstre ne réagit pas à la douleur. Pourtant une énorme balafre lui traverse désormais la poitrine.



alias Djet Tamère
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 29 Jangur 816 à 16h54
 
Thaïs bougonne alors que le mâle la libère. Elle se relève doucement, avec des faux airs de Duchesse blessée et plein de petites manières bourgeoises qui ne lui ressemblent pas. Puis elle s'époussette et fait craquer son dos.

Un mec qui hurle en brûlant aussi, ça se voit bien dans le noir, si ça te tente...

Ronchonne-t-elle, avant d'enchaîner :

Mon costume est très bien. C'est pour le folklore. Les brigands me connaissent, maintenant, et ils me craignent héhé. Ceux toujours vivants, hein...

Tiens, d'ailleurs c'est bizarre, il n'y a aucun vaurien dans le périmètre. Comme s'ils l'avaient déserté, eux d'habitude si prompts à attaquer les voyageurs -quitte à aller au suicide.

Je reviendrai avec plaisir rétamer tous ceux du Sin qui le réclameront.


Répond malicieusement Thaïs, juste avant que Dassen ne s'agite en un étrange manège. Le lutin rouge et noir regarde le krolanne curieusement et ouvre une bouche surprise à l'apparition de la bête.

Il est... énorme.

S'extasie l'adolescente avec une touche de candeur qui frise la perversité.
Au moins cela explique l'absence de brigand...

Le frobekh semble assez contrarié de la remarque sur son poids et tente d'attaquer Ravage, en vain. Elle sautille sur le côté, leste et vive. Tandis que Dassen commence à entaille l'animal, qui semble insensible à toute douleur, Thaïs commence à décocher de petites boules de feu dans le dos de l'animal, taquine. Le frobekh éructe et réplique, mais la d'Ascara est plus rapide. Elle semble prendre plaisir à exciter, à énerver l'énorme masse de poil et de crocs, usant d'une magie très mineure là où elle aurait bien plus facilement pu user de sortilèges bien plus offensifs.


 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 30 Jangur 816 à 11h12
 
La bête attaque Ravage. Djet Tamère marche tranquillement autour d'eux. Il observe la jeune femme. Ses pouvoirs. Sa manière de se déplacer. Le métamorphe n'est pas une menace pour elle. Elle se moque de lui, de sa lenteur. Elle l'évite facilement et s'amuse comme un enfant torturant des insectes.

À chaque coup de griffe Dassen se met à pousser des cris gutturaux. Sa voix résonne. Compacte. Agressive. Perturbante. Il n'est qu'à deux pas du Frobekh et à chaque fois la créature tressaille. Elle se retourne vers lui comme s'il venait de l'attaquer, créant des ouvertures. Elle s'obstine encore sur Ravage, mais incapable de la saisir elle finit par répondre à ses provocations. Le Frobekh se jette subitement sur Dassen, gueule ouverte, crocs dehors. Mais ses coups balayent le vide. Djet saute sur le côté et lui lacère le bras. Le sang lui gicle sur le casque, mais aussitôt la blessure se resserre. Le flot ralenti. Et la bête continue. Djet évite la plupart de ses coups. Il lui tourne autour, il fait en sorte que Ravage soit toujours dans son dos pour l'incendier de ses sortilèges. Et lui aussi il s'amuse avec le Frobekh. Un coup dans les doigts de pieds, un coup dans le museau. Des petits morceaux commencent à pendre ou à tomber. Mais il est si résistant qu'à ce rythme il lui faudra des heures avant de s'épuiser.


« Hey, Ravage ! »

Djet commence à se rapprocher de Thaïs, un rire dans la voix.

« Ses couleurs sont bizarres. Et il pue. Si on lui arrache la peau ça doit valoir cher, non ? »

Le Frobekh fonce déjà sur eux. Djet pourrait lui rentrer dedans. Il pourrait l'éviter ou regarder ce que fait Thaïs. Mais à la place il se jette sur la Lanyshta et lui envoie la pointe de sa lance dans les côtes.

« Ha ha ha ha ! »

Aussitôt il s'enfuit en courant. Il évite le monstre et lui perce les côtes à son tour. Djet Tamère continue ainsi à rire et à danser. Il évite le monstre, attaque Thaïs, revient sur le monstre. Le sang coule et la bête est totalement déchaînée au milieu d'un bal qui la dépasse totalement.


alias Djet Tamère
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Sukra 30 Jangur 816 à 12h50
 
Mais il est complétement fou ? Thaïs se tient au niveau de l'entaille que l'homme lui a infligée. Pour lui aussi, la bête est une proie peu menaçante, est-ce donc ainsi qu'il pimente le combat ? Bah, ravage s'en amuse à son tour. Elle a pris trop de coups pour défaillir à la moindre blessure, se délecte des égratignures qui couvrent sa peau. Elle envoie une boule de feu dans la tête du frobekh, qui hurle de rage, avant de tourner et de donner lestement un coup de pied dans les genoux de Dassen. Tient, salaud, essaye d'esquiver le truc poilu, maintenant.

Cette peau ne vaut rien. Par contre je me ferais bien un bonnet avec celle de ton dos, traître.

Assène-t-elle en riant à son compagnon de folie. Un instant, Dassen l'attaque un peu trop fort, la poignarde un peu trop profondément. La magicienne hoquète, s'écarte. Ses traits son durs, elle ne rigole soudain plus. Sous la colère, ses pores se mettent à exsuder une sorte de gaz léger et volatil qui emplit toute la zone, nimbe autant le krolanne que l'animal ennemis. Un seul mot de la sorcière, et tout pourrait exploser, en une violence autrement plus grande que les précédents sorts. Mais, à la dernière seconde, alors que la bouche est déjà entrouverte, Ravage se ravise. Se remet à rigoler et à sautiller, lardant tour à tour Dassen et le frobekh d'une magie sans conséquence.


 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Vayang 5 Fambir 816 à 21h19
 
Djet se prend le coup de pied de Ravage en plein dans la rotule. Il sautille sur place en se tenant le genou tandis que le Frobekh se débat un peu plus loin. L'obscurité et le sang qui lui coule dans les yeux lui ont fait perdre de vue le jeune homme.

« Je comprends. Moi c'est les femmes. J'ai toujours eu envie de m'habiller avec la peau des femmes. En secret chez moi. Quand personne ne me regarde. »

Il dit ça comme s'il était sérieux. Et le son de sa voix attire le Frobekh. Mais Djet ne le remarque pas, il regarde Thaïs, il la suit de loin, et son ton change peu à peu.

« Ha ha ha ! Tu as eu l'air tendue. Lâches-toi Lafleur, arrêtes tes crottes de lapin et fais tout péter ! Fais brûler la forêt Lafleur, fait-le brûler, fait tout brûler ! Deux mutants dansent au milieu de la nuit, hors de tout, hors la loi. Ici personne ne nous regarde ni ne nous juge. On est des Lanyshtas, tu comprends ? Ici on n'a aucune limite, on peut tout faire. Dans les cités, on est sans cesse couillonnés par la bienséance de leurs règles. On est obligés se conformer à leurs dogmes, à leurs croyances et à leurs peurs. Au Kil'sin je perds mon temps à me cacher. À paraître faible. Je passe mon temps à mentir et à limiter mes capacités alors que je pourrais passer mes journées ici à essayer de les développer ! Nous sommes des personnes valides interdites d'utiliser leur bras droit dans une ville de manchots. Ce serait pourtant dans l'intérêt de tout le monde. Nous prendrions plaisir à nous épanouir et chaque Krolanne pourrait profiter de nos vraies capacités. Mais ils nous refusent. Alors il n'y a qu'en dehors des murs qu'on peut développer notre potentiel de Lanyshta. Ici on peut être ce que l'on souhaite. Ici on peut modifier la réalité et lui permettre d'exprimer ce que nous sommes. La nature et ses sauvages sont nos jouets. Ce n'est plus leur territoire, c'est le nôtre. Il n'y a qu'ici que nous sommes libres. Alors fais honneur à cette liberté, Ravage. Fais honneur à cette nuit : profites d'elle. Arrêtes de rire Ravage, arrêtes de rire et déchaînes-toi ! »

La bête est arrivée, folle, tremblante, le poil collé par son propre sang. Dassen se retourne. D'un geste rapide il éjecte la charge vide du détonateur de sa lance et en installe une autre. Le Frobekh essaye de lui écraser un tronc d'arbre sur le visage mais Dassen roule sur le côté et esquive l'attaque une première fois. Il court, contourne un rocher, sort de son champ de vision, la bête essaye de le rattraper mais Dassen a déjà disparu entre dans les broussailles. Sans attendre il s'élance dans un angle mort du Frobekh. Le son de sa course l'alerte, lentement, trop tard. Le Frobekh attaque de taille, il projette de nouveau le tronc d'arbre mais Dassen est trop près. La pointe de sa lance pénètre dans le pli du coude. On sent une résistance. Mais la pression déclenche le mécanisme de l'arme. La détonation part et la lame s'étire jusqu'à traverser l'articulation de part en part. Le Frobekh lâche aussitôt son gourdin et il est soudain pris d'une pulsion sauvage. Désespérée. Il se jette littéralement sur sa proie. Dassen arrache son arme du coude et a à peine le temps de se repositionner. Le monstre se dresse devant lui, rouge et puant. Le monstre lui tombe dessus. Il l'emprisonne entre ses membres, il l'écrase contre le sol, il s'agite, grogne, griffe et mord.

Mais cela ne dure pas.

Un petit morceau de métal lui traverse le dos et lui traverse tout le corps. En rampant sous son ventre Dassen se dégage peu à peu. Un grand sourire sur le visage, couvert de bave et de sang. Derrière lui le monstre est pris des dernières convulsions qui le rattachent à la vie. Alors Dassen lui saute dessus, et avec hargne il dresse le poing devant Thaïs.


« Allez, amuses-toi ! »


alias Djet Tamère

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