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La Main de Kil'Dé
Le Club des Cinq
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 8 Dasawar 814 à 14h20
 
Thaïs venait souvent jouer ici lorsqu’elle était petite. Au fond du parc de l’antique demeure de sa famille, entourée de hauts arbres la soustrayant à tout regard curieux, se trouvait une petite habitation troglodytique. Creusée dans un impressionnant rocher -"bout de falaise" serait plus approprié- qui délimitait la fin de la propriété, elle était rudimentaire et témoignait d’âges anciens. Excavée par la pluie et une source peut être antique d’eau, elle n’était pas vraiment fonctionnelle : une petite pièce très basse de plafond, quelques recoins, plusieurs niches taillées dans la roche. Une parfaite cabane de bambin. Le jardinier aurait pu y ranger ses outils mais Thaïs enfant n’aurait pas manqué l’occasion de s’ouvrir le pied avec la bêche ou de dégringoler une rue pentue dans la brouette –les outils du jardiniers s’en étaient irrémédiablement relégués dans une annexe fermée de la demeure plus moderne. Un peu oubliée, la petite grotte continuait donc à vieillir tranquillement, dans un cocon de mousse et d’herbes folles douillet.

Depuis qu’elle était devenue Lanyshsta, Thaïs y retournait souvent. Après sa journée harassante avec le vieux Pujado, elle allait directement dans cet havre de paix. Sa mère ne contrôlait pas encore ses horaires et Thaïs jouissait ici d’heures d’une sérénité rare. C’est ici aussi qu’elle avait commencé à... expérimenter. Depuis quelques temps, la jeune krolanne faisait montre de nouveaux talents : elle sentait une énergie nouvelle l’envahir, pulser, louvoyer dans ses membres, s’emmagasiner dans ses doigts. Une ou deux fois, elle réémit ces longues lianes magiques et épineuses, grises et agressives –toujours lorsqu’elle était fatiguée et à fleur de peau, sur le fil de sentiments contrastés. Au rocher, elle apprit à canaliser progressivement cette force. Elle découvrit même comment l’utiliser pour soigner plutôt que blesser –à moindre échelle toutefois. Elle comprit enfin qu’elle pouvait capter l’énergie environnante en des osmoses harassantes et encore toute relativement efficaces.

Thaïs profitait surtout de ses longues heures en bibliothèque à étudier les patois des autres Quartiers, comme l’exigeait son Maître, pour se faufiler dans quelques rayons interdits et y lire des études sur les pouvoirs lanyshstas. Beaucoup, énormément même étaient farfelues. Mais quelques écrits l’intriguaient et, au milieu d’une montagne d’inepties, elle arrivait parfois à capter une once de vérité ou une piste à explorer. Elle sut ainsi que les pouvoirs lanyshstas pouvaient se développer bien au-delà de l’imagination dans des buts de destruction, de soin ou de renforcement. Que la magie pouvait se graver en des objets pour les renforcer ou leur attribuer des propriétés permanentes.

Mais ce que la capta plus particulièrement, ce fut la « Noxamancie ». C’était ainsi qu’un livre noir de Kil’dara, écrit très serré, nommait une magie dangereuse et prohibée. Une magie pour laquelle Thaïs se sentait une affinité toute particulière…

Thaïs avait un don. Un don de destruction. Sa magie était instinctive et mal contrôlée, comme un lance-flamme dans les mains d’un enfant. Mais sa soif de connaissance et son énergie inépuisable à découvrir lui permettaient de rapides progrès. En à peine un mois, Thaïs produisait d’inquiétants projectiles enflammés –sans aucune précision, il est vrai- et commençait à pouvoir produire des ondes pouvant causer certains dégâts matériels ou physiques.
Et ce n’était qu’un début.

Devant la dangerosité de tout ceci, la jeune krolanne n’avait qu’un attrait accru et une prudence toute relative. Dénuée de peur, elle jetait des boulets de feu contre des rochers et manqua de mettre le feu au parc familial plusieurs fois. Un petit seau d’eau restait toujours à portée et avait déjà servi –lorsque Thaïs, le sourire extatique et les bras levés, réalisait enfin que le feu commençait à se propager et qu’il fallait agir…

Assez rapidement aussi, Thaïs émit un appel mental à trois autres lanyshstas : la discrète Oromonde, l’aventureuse Linsey et le stoïque Harvain. Rendez-vous tous les soirs, une heure durant avant le coucher du soleil, pour discuter et s’entraîner. Chacun disposait maintenant d’une clé du portail arrière et pouvait se glisser discrètement dans la propriété, par le fond du parc, pour rallier la planque rapidement. Harvain et Oromonde travaillaient ensemble à l’Hermine en soirée et se connaissaient. Quant à Linsey, Thaïs avait appris qu’elle avait fait connaissance d’Oromonde et l’avait elle-même présenté à Harvain. Chacun disposait d’autres contacts lanyshstas et de ramifications dans le Quartier ou même dans les autres Quartiers. Mais quatre semblait à Thaïs le bon chiffre pour limiter les risques de se faire repérer et les dissensions au sein d’un groupe trop nombreux. Leurs caractères étaient variés, leur profil atypique : ils pouvaient se compléter et créer une émulation profitable à tous.

Enfin, Thaïs avait eu l’idée d’acheter un petit félin semi-domestique qui s’épanouissait dans le parc et venait observer l’étrange groupe, curieux. Elle l’avait surnommé Terdagob –abrévié Ter- et s’amusait à lui lancer quelques sortilèges bénins. La bête semblait se passionner pour les flux environnants et entrait dans une espèce de transe folle chaque fois que Thaïs captait l’énergie environnante pour regagner en pouvoir. L’instinct de l’animal inspirait l’adolescente, et l’observer lui permettait de trouver des pistes de progression quant à ses nouveaux dons.

Ils étaient cinq. Comme les cinq doigts de la main.
La main du Un ?

Ils avaient tout à apprendre.


*** ***



 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 8 Dasawar 814 à 22h18
 
*** Ambiance ***


Je commence à prendre mes marques dans la maison et à imprimer mon style dans le service. Service qui était dans un état déplorable soit dit en passant, je ne manquerai pas de transmettre à mon prédécesseur le fond de ma pensée quant à sa gestion pour le moins anarchique du domaine. Tous les jours, j'ai un entretien avec monsieur ou madame pour faire état des travaux de mise à plat, des plans à venir ou des questions qui me viennent à l'esprit. Avec la rigueur et l'honnêteté propre à mon métier, je n'hésite pas à rentrer dans le vif du sujet. Avec courtoisie et déférence bien sûr. J'ai renégocié impitoyablement les contrats d'approvisionnement à la baisse, menaçant de rompre toute relation commerciale séance tenante. Vous rendez-vous compte, le prix qu'ils facturaient pour une viande soi-disant de qualité ? Même un chien du caniveau ne voudrait pas de ça. Et les condiments ? Du premier prix !! J'ai bien faillit défaillir quand j'ai vu cette sous-marque. Je ne parle même pas de l'argenterie qui n'a pas vu de chiffons digne de ce nom depuis des années ou de la verrerie avec des résidus de calcaire dessus. Et la cave à vins ? Rien de bien folichon ! Les invités devaient avoir une bien piètre image de leurs hôtes. Ah ! Et ce parquet ? Un beau parquet, je dois pouvoir voir mon reflet ! Les lattes sont mal agencées, mal réparées et absolument pas cirées. Scylla me vienne en aide.

Autant dire qu'après un tel rapport, quelques cris de madame et regards désintéressés de monsieur, j'ai obtenu de ponctionner le budget un peu plus largement pour remettre tout ça à plat et offrir à cette demeure un niveau qui doit être le sien. Et bien sûr, au même titre que la cave à vin, la remise à thé trouve une place d'honneur. C'est ma petite touche personnelle. Une famille digne de ce nom doit avoir un thé pour chaque occasion, pour chaque plat, pour chaque saison. Sinon, où irait le monde je vous le demande ?

De même, la bibliothèque, bien que ce ne soit pas ma spécialité, fait apparaître des livres inadaptés à un tel standing. Quel intérêt d'afficher des ouvrages manifestement empruntés à une académie occulte ? Qu'est-ce que c'est que ça..."thermodynamique des flux en milieu urbain les soirs de pleine lune" ? Tssss, absolument rien sur la cérémonie du thé ou sur l'éducation des enfants... D'ailleurs, à ce sujet, on m'a demandé ma contribution. Oh certes, la littérature, le savoir pur est géré par ce vieux fou sénile et il y aurait eu une myriade de précepteurs sur l'art mondain. Sans compter les efforts stériles de madame apparemment. De loin, selon elle, une tâche impossible mais indispensable pour l'accomplissement de son Augure, comme celui de toute la famille avant elle. Il me faudra donc enseigner le chant, le piano, l'art de la composition florale, la danse, l'art de la conversation....

...et surtout, les bonnes manières.

J'aurai du demander une augmentation...

Oh, je ne dis pas, j'ai déjà eu des enfants turbulents à gérer. Les enfants de Her Lamia étaient très difficiles à tenir et plus d'une fois j'ai faillit en perdre mon sang froid. Pensez-vous, manger avec les doigts ?! J'en frissonne encore. J'avais du faire appel à des méthodes d'éducation disons...extrêmes.

Alors un après-midi, alors que je finissais le repassage des chaussettes de monsieur, je reçu cet appel à l'entrainement. Je désapprouvais ce genre de rassemblements mais je n'avais pas mon mot à dire. Oh oui, tous les enfants ont ce réflexe de jeux un peu puérils, d'habitude, ce sont plutôt les garçons d'ailleurs... Bien sûr, cela était sans compter le point commun que nous avions tous...

J'avais acheté cette armure à un antiquaire à la suite de ma première venue. Quand je vis les traces sur les murs, je me contentais de hausser un sourcil. Valait mieux ça que le massif de lierre. Enfin bon, il faut bien que jeunesse se fasse. Alors je me disais qu'avec cet accoutrement ridicule, sait-on jamais, que j'aurai moins de risques... Bien sûr, ce genre de phénomènes étranges me sont absolument inconnus pour moi. A défaut, je me bornais au départ à certaines remarques sur la façon de se tenir. On peut lancer des boules de feu, cela n'empêche point d'être tenue et d'aborder des manières plus en rapport avec sa position sociale. Avec ma badine, je pointais les parties incriminées et parfois tapotais le haut de la tête.

Le dos bien droit mademoiselle Thaïs...là voilà. Le menton relevé, non pas trop haut ! Plus souple le poignet, bien.

Scylla me vienne en aide, il y a tout à refaire.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 9 Dasawar 814 à 22h42
 
Thaïs écoutait toujours attentivement Harvain. Et tentait de faire de son mieux. Mais force était de constater que les conseils et remontrances créaient chez l'adolescente une certaine... tension. En apparence, Thaïs était de la meilleure volonté et obéissait sans ciller. Elle considérait le krolanne comme un exemple et le respectait profondément.

Mais en profondeur, sous la peau lisse de cette fille aux allures de garçon, tout bouillonnait. Une colère et une frustration depuis longtemps contenues n'en pouvaient soudainement plus d'être bridées, aiguillées dans la révolte par un nouveau statut, de nouveaux pouvoirs. Aussi, alors qu'Harvain intimait à l'adolescente de se tenir droite, Thaïs sembla se perturber doucement. Comme un tsunami, ses émotions se retirèrent au fond d'elle et il apparut sur son visage une sérénité inégalée. Et puis, soudainement, ses membres se mirent à trembler, sa tête se rejeta, ses mains se levèrent. Le reflux, puissant et incontrôlé.

La boule de feu qui s'ensuivit faisait dix fois la taille des habituelles et manqua d'engloutir toute la clairière -elle éclata contre la roche en une gerbe aveuglante. Elle n'était pas passée loin de la tête d'Harvain, dont les cheveux semblaient avoir légèrement roussis.

Thaïs semblait un peu désorientée mais guère choquée. Au contraire, un sourire extatique naissait au coin de ses lèvres.
Un sourire fou.


*** ***


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 11 Dasawar 814 à 10h39
 
Je hausse un sourcil en voyant le résultat sur le mur derrière moi. Hum… Intéressant mais un peu inquiétant toutefois. J’en perdrai presque mon sang froid. Ca me rappelle la fois où un client un peu fou avait voulu me poignarder avec un couteau à poisson parce qu’il avait failli s’étouffer avec une arrête. Ahlala, que de souvenirs. Ou cette fois où monsieur Silenius faisait des expériences alchimiques dans sa cave, je l’avais retrouvé dans la cuisine un peu sous le choc. Et aussi dans le salon. Et aussi dans le jardin. Et un peu à l’étage aussi. Oh et cette fois où nous avions été attaqué dans la rue, ils étaient bien longs ces couteaux…

Je toussote, un peu gêné quand même.


Hum… Ce n’est pas mal mademoiselle Thaïs…

Je passe une main inquiète sur le haut de mon crâne. Une armure donc… et un casque.

Mais attention à votre posture ttttt.

Mine de rien, je recule d’un pas.

Qu’ai-je dit à propos de votre posture mademoiselle Thaïs ?


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 12 Dasawar 814 à 10h31
 
Un instant de flottement. Thaïs hoche la tête aux instructions, un vague sourire flottant sur ses lèvres.

Oui, ma posture.

Un crépitement, entre ses doigts. Sa bouche semble susurrer des syllabes inarticulées. Mais le sort avorte et Thaïs tombe à terre, comme épuisée. Ses yeux fixent le sol, son visage noyé dans la tignasse massacrée, cheveux autrefois longs et beaux.

Thaïs ne bouge de nouveau que lorsque Harvain lui tend une main polie pour l'aider à se relever. La jeune fille la saisit doucement.

Stupeur. Elle fixe l'homme de ses yeux gris. Déformant sa pâle figure, un sourire extatique.
A terre, elle ne faisait que se concentrer pour mieux réussir son prochain coup. Petite fourbe.
LA sorcière serre la main amie. La peau du bras du Maître brûle, cloque, devient écarlate, semble s'arracher.
Thaïs rigole.

Tout s'arrête très vite. Thaïs secoue la tête. Elle met une minute à reprendre ses esprits. Fixe la peau du bras du mâle, qui semble partir en lambeau. Écarquille ses jolis yeux verts de surprise. Ne parviens qu'à articuler qu'un :


Ca a marché ?

Peu encline à la pitié et au fond bien consciente que c'est elle qui a fait cela. Un krolanne lambda aurait mis plusieurs mois à guérir de cette brûlure profonde et aurait probablement gardé des cicatrices à vie. Pourtant, sur la peau de Harvain, les cloques semblent déjà se résorber...

 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Vayang 12 Dasawar 814 à 13h07
 
Petite peste !!

Je ne peux me retenir de pousser un grognement, espèce de cri avorté entre la surprise et la douleur. Je vois ma peau, mon bras, mon intégrité se flétrir et la souffrance me submerger. Alors voilà ces fameux pouvoirs lanyshtats dont tout le monde parle. Et si je suppose que je n’ai qu’en face de moi une simple débutante, l’avenir en est presque effrayant…

Mes articulations me font mal et je n’ose toucher la peau boursoufflée pour le moment. Le reste de l’entrainement se fera sans mon bras droit je pense. Et que dire aux maîtres de maison si on me pose la question ? Il me faudra une bonne tasse de thé pour me remettre de mes émotions. Peut-être même mettrai-je une cuillerée de thé en plus pour l’occasion.

Je m’incline, un bras balant.


Oui mademoiselle Thaïs, ça a marché.

Un peu trop même…

J’amènerai un mannequin de paille pour la prochaine session, ça sera plus pratique.

Et surtout, je n’ai que deux bras.

Continuez.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Dhiwara 14 Dasawar 814 à 15h05
 
Thaïs et Harvain continuaient de s'entraîner. Harvain avait fini par ramener un mannequin de paille et le krolanne traçait des cibles sur la roche pour travailler la précision de Thaïs. Avec un minimum de prudence et de diplomatie, les pouvoirs semblèrent rester canalisés et Harvain n'eut pas à subir de nouvelles expériences magiques. Son bras guérit extrêmement vite et en quelques jours plus rien ne parut à la marque laissée par l'adolescente.

Thaïs semblait s'épanouir de jour en jour, déversant des flots d'énergie, particulièrement assidue et motivée. Elle faisait des progrès notables, ratait peu ses sorts -même si cela arrivait encore. Sa précision s'affinait également -même si les flèches de feu s'en venaient encore embraser quelques petits bosquets en place de la cible initiale. La végétation se clairsemait d'ailleurs dans la clairière, et le Club prenait soin de recouvrir les traces de leurs exercices avant de se disperser.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 16 Dasawar 814 à 10h24
 
L’heure est très avancée quand Oromonde et Yloyse parviennent jusqu’à la demeure. Cela fait plusieurs fois déjà qu’Oromonde a envoyé ses pensées cogner contre la porte mentale de l’ensemble de la Main.

La lanyshta étrangère aura peut-être besoin du savoir-faire d’Harvain pour se remettre, et des contacts de Thaïs pour aviser son éventuel retour au Sharr au besoin - même si quelque chose dans l'allure de la kildarienne laisse entendre qu'elle pourrait bien y arriver toute seule. Qui plus est, Thaïs parle sa langue, ce qui est toujours un plus, elle suppose. Quant à Linsey…elle ne connaît pas trop cette dernière et ne sait si elle sera présente, mais elle fait confiance au jugement de ses camarades.

A l’approche de la demeure, Oromonde s’arrête pour s’expliquer avec la jeune lanyshta, lui décrivant les lieux brièvement pour ne pas la surprendre.

« La maison appartient à une amie de notre condition. Nous passons par une porte dérobée d’un des jardins. Il y a une planque là-bas où vous pourrez vous reposer sans crainte de qui que ce soit. Les autres ne devraient pas tarder à arriver. Mon amie en question est diplomate de formation, et parle votre langue. L’autre personnage est…polyvalent. Ils sont tous des alliés avérés, et aucun n'a jusque-là été détecté. Aucun lien avec l'affaire de Klem qui est en court. Ils sont aussi des lanyshtas plus âgés que moi.

Vous pouvez vous rétablir ici, nous pouvons vous aider à faire tout le nécessaire pour rejoindre votre Quartier en sécurité. Papiers, fausse déclaration, billets de transport, on trouvera quelque chose.

…Je me sens responsable de vous.
Est-ce-que vous êtes d’accord avec ce plan, .... ? »


Elle se rend compte qu’elle ne connaît même pas le nom de la lanyshta azurée qu’elle a entraîné jusqu’ici…et "renard" paraît soudain une étrange appellation.






Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Merakih 17 Dasawar 814 à 02h15
 
Yloyse s’est laissée entrainer, trébuchant parfois dans ce quartier étranger. Sa guide lui a fait éviter les artères peuplées limitant les risques de croiser des gens, même a cette heure tardive –ou très matinale c’est selon.

Elle est fatiguée, trop fatiguée pour s’en faire. L’air et la fraicheur de la nuit lui ont redonné un coup d’adrénaline mais l’épuisement reste bien présent. La bleue a trop puisée dans ses réserves pour tenir avec autre chose que de la tension et de la volonté. Et son esprit lui souffle une chose, faire confiance à Oromonde… tout simplement parce qu’elle n’est pas en état d’être quoique ce soit d’autre pour l’heure.

Ce qui explique en grande partie pourquoi elle n’a pas vraiment parlé durant le trajet. Elle s’est laissée aller. Un peu. Mais n’a pas ouvert la bouche. La lanyshsta n’est pas bien sûre du son qui en sortirait.

Elle ne se pose pas de questions sur ces « alliés avérés ». Pas encore. Ce mot a-t-il vraiment une signification ? A-t-il vraiment de la valeur tant qu’il n’est qu’un mot ? Yloyse a compris ce qui était arrivé à Jahel. Abattu. Comme elle. Il n’avait pas mérité un tel destin. Mais que leur dire sur le destin ? Ils expliqueraient sans doute que c’était écrit et inévitable. Mais non. Ca ne l’est pas. Ca ne peut pas être aussi facile que ça. Elle ne peut tout simplement pas accepter ca.


Je ne veux pas que vous preniez des risques à cause de moi.

C’est sorti tout seul. Et effectivement, sa voix n’est pas au mieux de sa forme. Enrouée.

Je.. je risque de vous attirer des ennuis.

Pourquoi alors ? Questionne elle silencieusement.

C’est la même question que celle qu’elle a hurlé pendant ce qui lui semblait une éternité. Pourquoi. Malgré la fatigue, elle sait encore, presque intuitivement, ce qui risque d’arriver. Yloyse est morte. Yla aussi. Quoiqu’elle dise ou qu’elle fasse, certains ne la verront plus que comme « la bleue ». Et ne verront plus que le camp qu’ils ont décidé de l
ui attribuer. A-t-elle encore de la valeur en tant qu’individu ? Veut-elle vraiment accepter ça ? Ou plutôt disparaitre… ?

Je ne suis pas parvenue à protéger ce que je voulais…

C’est un simple constat. Enoncé tristement.

Yloyse. Ou Yla. Mais je ne suis pas sure que ça ait encore de l’importance.

La réaction logique serait de la regarder avec méfiance. Oromonde a du comprendre et la petite bleue se glace intérieurement, anticipant l’hostilité. Elle a les idées un peu plus claires… Elle devrait pouvoir s’en sortir, même seule… Probablement.



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 17 Dasawar 814 à 18h23
 
L’impression était étrange. Celle de recevoir une pensée en plein sommeil. La séparation entre le rêve et ce message était floue et même réveillé et conscient, je ne savais plus vraiment où j’étais et ce que je pensais réellement. Cette impalpable frontière entre le monde des songes et la réalité relevait doucement la barrière et je remettais la machine en marche. Comme cette fois où je fis ce rêve étrange, habillé comme un guerrier rustre et que je jouais une partie d’échec étrange avec un monstre griffu et cornu. J’ai une imagination vraiment bizarre pour quelqu’un de ma condition quand même.

Allons bon. Une invitée ? Enfin invitée…une…étrangère ?! Scylla me vienne en aide… Humf ! Bon, il faut agir…

Pas le temps d’enfiler le costume complet, il s’agit d’une situation d’urgence. D’urgence d’un point de vue majordomal puisqu’il convient de réagir rapidement à une demande. L’état des blessures n’y étant pour rien dans mon empressement. Je préviens Oromonde de ma venue dans les prochaines minutes. Je dégaine ma montre gousset…bah voyons. La procédure et le protocole de bienséance autorise une certaine relâche, toute relative, dans le code vestimentaire du serviteur. Un visiteur s’inquiétera davantage d’une réponse rapide plutôt que d’une lenteur vestimentaire. Je laisse la cravate et le veston pendus, je saisis une chemise à col fermé et une veste d’appoint.

J’entends mademoiselle Thaïs qui se réveille et lui résume la situation mentalement. Elle arrivera un peu après, le temps de se préparer… Je prends ma bougie et descend silencieusement l’escalier de service. J’arrive au local de manutention, allume une lanterne sourde et fonce à l’extérieur. C’est en sortant à l’air libre que je me dis que j’ai oublié de prendre un manteau…

Je me dirige vers la grotte puis prévient de nouveau Oromonde que c’est moi qui approche.

J’arrive à discerner les deux silhouettes. Une plus grande que je reconnais et une autre, recroquevillée, ou plus petite, j’ai du mal à saisir… Et c’est quoi ce maquillage bleu ?? Des peintures de guerre ? Ma parole, quelle éducation…regardez-moi ça, c’est mal appliqué, ça a été fait à la va-vite j’en suis sûr.


Bonsoir…

Mesdames ? Difficile à savoir avec cette…personne. Restons vague. Je laisse ma phrase en suspens. Bon, revenons-en au protocole. Inclinaison de trente degrés.

Mon nom est Harvain. En quoi puis-je vous être utile ?


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Julung 18 Dasawar 814 à 10h40
 
Un trait mental dans la nuit. Thaïs s’éveilla rapidement. Elle ouvrit la fenêtre de sa chambre et sauta en contrebas –moins fine qu’Harvain pour prendre la voie classique. Là où auparavant elle s’écorchait les genoux sur les graviers, Thaïs atterrissait maintenant souplement, forte de sa nouvelle vigueur de Lanyshsta.

Sans lumière, l’adolescente se glissa comme une ombre sur un chemin qu’elle connaissait parfaitement maintenant, au caillou près, jusqu’à l’endroit moins entretenu à l’arrière du parc familial. Là où la clairière au grand rocher abritait depuis plusieurs semaines les allées et venues de la Main de Kil’dé –quatre lanyshstas disparates mais complémentaires et un petit félin blanc semi-domestique.

Thaïs émergea du bois à la suite d’Harvain. Elle était vêtue d’une robe de chambre d’un tissu moiré et probablement couteux. Elle n’y avait fait aucune attention dans les bois et plusieurs déchirures se devinaient au bas de l’habit. D’ailleurs, juste avant de rejoindre le groupe, les lanyshstas perçurent un petit juron étouffé suivi d’un bruit du craquement d’un tissu. La robe de nuit était brodée de fleurs colorées et d’une dentelle, habit féminin étrange sur cette adolescente sans genre.

Thaïs s’arrêta à quelques pas derrière Harvain et lança un sourire franc aux deux nouvelles venues –comme ravie d’avoir été réveillée en plein sommeil pour une petite dose d’inconnu et d’aventure. Oromonde aurait pu proposer à Thaïs d’aller mettre le feu à un laboratoire de Kil’dara que l’adolescente semblait prête à la suivre séance tenante…

Tandis qu’Harvain déployait ses merveilles de protocole dans un accueil léché, Thaïs pointa un doigt vers le sol. Une petite boule de feu fusa sur un foyer éteint. Les flammes se mirent à crépiter doucement, apportant une chaleur qui n'était pas superflue à cette heure de la nuit, au milieu d'un petit bois.

Thaïs s’assit sur un rondin non loin de là, dans ce qui semblait être un lieu habituel de discussion de la Main de Kil’dé. Elle offrit silencieusement son profil aux flammes. Etrange visage que celui-ci : ni masculin ni féminin, très découpé, peu plaisant bien que sans réel défaut. Les cheveux courts, massacrés, formaient un halo un peu fou. Le corps de l’adolescente –qui se devinait encore jeune- était dénué de la moindre forme et assez fluet. A première vue, Thaïs n’incarnait absolument pas un danger –hormis le fait qu’elle semblait pouvoir allumer des feux spontanément.

Sa voix sans genre s’éleva quelques minutes après les questions d’Harvain, dans une langue comprise de tous d’abord :

Bienvenue. Oromonde nous a simplement prévenus qu’elle venait avec quelqu’un qu’elle souhaitait protéger. Cela nous suffit.

Je suis Thaïs. Vous êtes ici dans le domaine de mes parents, en sécurité. Je travaille dans la gestion des…


Elle allait dire « Sans-Destins » mais se retint, soucieuse de ne pas offenser l’étrangère, même si elle n’accordait elle-même aucun aspect péjoratif au terme.

…membres des autres Kils. Je saurai donc facilement justifier, si nécessaire, votre présence en notre compagnie.

Nous ne souhaitons pas vous assaillir de question. Sans doute avez-vous besoin de repos… de nourriture ?


Un coup d’œil en biais à Harvain. Thaïs lui laisserait la main pour la meilleure installation de cette femme bleue –qui pouvait facilement se faire au nez de véritables propriétaires de la demeure, au demeurant, la maison ayant plus d’une chambre et les parents de Thaïs n’étant pas très portés vers la suspicion. Il était monnaie courante que le père ou la mère fasse loger à demeure une connaissance, la présence d’étrangers n’était pas considéré comme une anomalie –d’autant plus dans ce quartier tranquille de Kil’dé.

Entre temps, Ter, le petit félin blanc, était également sorti des bois et avait commencé à se frotter aux jambes d'Oromonde en émettant un étrange ronronnement rauque. Il ne manquait que Linsey -qui ne logeait pas à demeure- pour que la Main soit complète.


N’hésitez pas.

Un instant de silence. Doucement :

Vous n’avez pas de difficulté à me comprendre ? Je peux parler une autre langue. Kil’sin ? Kil’dara ?

La maîtrise du Kil’sinite était moins parfaite que celle du patois Kil’darien mais devait être a minima intelligible. Théoriquement.

*** ***



 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Vayang 19 Dasawar 814 à 15h42
 
Je hausse un sourcil en voyant mademoiselle Thaïs arriver comme si on était au théâtre. Quel étalage vulgaire de ces nouveaux pouvoirs ! La dernière fois qu’elle a essayé ça, j’ai failli perdre un massif de bégonias innocents. Scylla me vienne en aide, la robe de chambre en satin doublée d’ouate déchirée, salie, exposée ainsi aux éléments…au secours ! Je ne pourrai jamais la ravoir. Sait-elle combien ça coûte une pièce de ce niveau et la difficulté de trouver ce genre d’habits ? Misère…

Je perçois l’allusion immédiatement. Bon, je vais préparer une chambre alors. Je claque des talons et repart vers la maison. Bon, disons la chambre des cartes. C’est là où il y a le moins de matériel fragile. Préparer aussi un petit en-cas. Elle ne m’avait pas l’air bien épaisse cette personne. Faudrait que je sache si c’est un garçon ou une fille. Question de convenance. Direction la cuisine.

Bon, quelques tranches de gigot froid, une corbeille de pain au sésame…ou au seigle ? Disons les deux. Ensuite…le thé risquerait de refroidir donc non à moins que j’en mette dans un thermos ? Hum non, pourquoi pas dans un gobelet en carton tant que nous y sommes. Une petite salade ? Où ai-je mis la vinaigrette bon sang, on y voit comme à l’intérieur d’un canon ! Pour le dessert…j’aurai bien mis quelques fruits secs mais m’est avis qu’il faudra privilégier un appétit conséquent, disons…deux tranches de clafoutis aux cerises. Et les fruits secs pour les vitamines. Et une carafe d’eau pour finir.

Je dispose tout ça sur un plat et monte ça dans la chambre. Je dépose ça sur une table basse puis prépare le lit, allume quelques chandelles, tire les rideaux, vérifie l’état des placards et de la literie. Ça m’a l’air bien mais je sens que j’oublie quelque chose… Plateau-repas, chambre… Ah oui, une vaporisation de parfum sur les oreillers. Voilà…

Je regarde l’heure. On peut peut-être faire une pause thé ? Bon, ce n’est pas indiqué après une certaine heure mais de toute façon, les invités ne sont pas censés venir à l’improviste à une telle heure. La nuit est fraîche… allez, un thé noir…feuilles séchées ou broyées ? Séchées plutôt. Nous sommes trois donc. Le service à thé pour les sorties champêtres alors. Plus joli les motifs floraux et surtout la vaisselle est plus légère.

J’effectue mon petit rituel de préparation puis pose le tout sur le plateau. Je me dis que d’une main je tiendrai la lanterne, de l’autre le plateau. De quoi vais-je avoir l’air avec ma lanterne ? Un serveur avec une lanterne, on aura tout vu…

La distance me parait d’un coup plus longue à force de faire attention à là où je mets les pieds… Le sol n’est pas encore entièrement nivelé selon mes consignes, je reste prudent… J’arrive à la hauteur du petit groupe, l’air un peu bizarre avec ma lanterne et mon plateau de thé. Je pose la lanterne sur le sol puis le plateau sur une souche. Satisfait, je remarque que je n’ai rien renversé. Être lanyshsta m’aurait-il permis d’être plus adroit dans mes mouvements ? Je saisis la théière et verse dans chacune des tasses, faisant fi des regards et des impressions. On peut comploter en plein milieu de la nuit, accueillir des étrangers dans un état étrange et être des créatures considérées comme étrange par les trois sharss, il n’empêche qu’une tasse de thé n’est jamais de trop.

Méthodiquement, je sers l’étrange invité(e) en premier puis Oromonde puis mademoiselle Thaïs.


Pour cette nuit, un thé noir poudre de canon.

Je me redresse. Aïe mon dos !


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Vayang 19 Dasawar 814 à 19h56
 
Avant l’entrée en scène (magistrale) d’Harvain et de Thaïs, Oromonde a le temps de répondre brièvement aux remarques d’Yloyse :

« Yloyse. » Commence-t-elle en insistant sur le nom. La façon dont la jeune lanyshta rejette l’importance de ce dernier lui fait froid dans le dos. « Je suis désolée…pour vous, pour ce qui…s’est passé, j’imagine. Mais en ce qui me concerne, sachez que j’assume tous mes actes. Si j’encours un risque présentement, je l’encours aussi fièrement. Il y a plus à y gagner qu’à y perdre. » Elle inspire. Elle ne sait guère quoi dire de plus pour prouver à la lanyshta qu’elle se moque bien de ce qui lui est arrivé avant, avec la fameuse Jade, qu’elle a bien compris la situation, mais qu’elle lui paraît lointaine. Plus lointaine, en tout cas, que la situation actuelle, et que la pulsion éthique qu’elle appelle d’elle-même. Qui passerait son chemin ? Qui abandonnerait un lanyshta blessé et revenu d’entre les morts dans un quartier qui lui est étranger, où il lui serait si aisé d’être attaqué et agressé ? Bon, il y a sans doute des gens qui le feraient. Mais l’esprit cartésien d’Oromonde, ainsi que son éducation rigoriste et sa foi aux Augures altruistes, font qu’il lui est difficile de partager ce point de vue. Elle n’est pas une grande oratrice ; aussi se contente-t-elle de serrer brièvement la main de la jeune fille. Elle rajoute en chuchotant :

« Vous êtes libre en ce qui me concerne. Voyez tout ceci comme…une manifestation de l’esprit de solidarité que mes amis et moi cherchons à promouvoir, discrètement, sans éclats. Pas une obligation. Je voulais juste…le dire.»

C’est là qu’interviennent Harvain et Thaïs. Or se tourne vers eux avec un sourire timide, et Yloyse peut de suite sentir dans la posture de sa camarade quelque chose de plus raide et de plus fermé. Elle n’y peut rien : elle n’est pas encore très habituée à côtoyer cette bande, et son instinct la rappelle constamment à sa place dans les Fissures et à la maladresse de ses gestes par rapport à ceux d’Harvain, ou à l’adresse avec laquelle l’adolescente d’Ascara manipule les flux de la réalité pour s’allumer un petit chauffage au milieu de la nuit.

Elle salue ses compagnons de la tête, ne disant rien et laissant libre cours à Yloyse d’intervenir ou de faire part de ses impressions. Assez rapidement, Ter vient à sa rencontre ; c’est que ce félin l’adore depuis qu’elle a pris l’habitude de venir en cachette le nourrir de choses grasses et salées que Thaïs proscrit de son régime. Elle tente de le chasser discrètement du bout du pied mais ce dernier revient à l’assaut, et elle fait discrètement apparaître une croquette en forme d’os tandis que personne ne la regarde. Hop, ni vu ni connu. La bestiole ronronne et s’éloigne pour se sustenter discrètement.

Sale bête.

Oromonde observe sans commentaires la conversation qu’entame Thaïs, et tout aussi impassiblement le service de thé qu’Harvain leur assure aussitôt. Diable ! Le majordome ne peut-il donc jamais être pris en défaut ? Elle accepte sa tasse avec gratitude, et attend les réactions de la personne qu’elle vient d’attirer ici avec anxiété.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Sukra 20 Dasawar 814 à 03h15
 
La jeune fille ne sait pas exactement comment répondre, plus touchée par les mots d’Oromonde qu’elle ne désire l’avouer. Ca fait une sorte de chaleur qui réconforte. Un peu. Il n’y a pas vraiment besoin de parler. La simple présence d’Oromonde rend l’instant plus doux. Plus apaisé comme un baume sur le cœur.

C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

Répond-elle doucement comme si se raccrocher à cela pouvait atténuer la réalité derriere la situation..

Sans quoi je me serais enfuie.

Sa main se serre autours de celle de la grise pour la remercier silencieusement.

La solidarité n’est pas une valeur intuitive pour la kildarienne. L’entraide et la compassion n’ont jamais été les idées phares de son éducation et peu de gens de son entourage estiment la bienveillance comparable à l’efficacité ou la curiosité. Ou envisagent même qu’une comparaison soit sérieusement envisagée. La réaction la plus probable aurait été la mise en application immédiate de la arième et de la kéième. Avec plus ou moins de patience et de pression. Mais pour l’heure, elle ressentait un profond désamour pour une application de la norième. En d’autres temps, certaines formulations l’auraient fait sourire mais pour l’heure elle se sent particulièrement émue par ce que lui dit la kildéenne.


Merçi. Merci Oromonde.

Libre de refuser ou d’accepter ce qu’on lui propose. Son choix. Pas un choix qu’on lui impose. Seuls les choix que l’on fait soit même ont de la valeur, pas ceux que d’autres font pour vous.

Elle n’a pas lâché sa main, ayant visiblement décidé de la considérer comme son point d’ancrage dans cette réalité.
L’arrivée d’Harvain et de Thai lui aurait fait ouvrir de grands yeux si la situation n’avait déjà été aussi absurde. Un… majordome ? C’est … original. Et s’inclinant aussi rapidement que s’il avait avalé un balai. La bleue (dont la couleur de peau devait tout à la naissance et rien au maquillage) n’avait su que répondre. Elle aurait d’ailleurs été bien surprise si elle avait su qu’on s’interrogeait sur son genre. Réflexion faite, sans doute pouvait-on mettre en cause l’absence d’une poitrine proéminente et la coupe de cheveux, encore plus fouillis qu’à l’ordinaire. Et puis les vêtements sales, malodorants (on ne sort pas de plusieurs heures aux milieux des poubelles en sentant la rose) et tachés de sang séchés ne devaient pas aider non plus… Pas plus que les traces des coups qui commençaient seulement à s’estomper.

La lanyshsta s’était sentie jaugée à defaut de jugée et ne l’avait quitté du regard qu’à l’arrivée de la seconde : plus jeune que tous les autres et…. Heu… en robe de nuit brodée ? Fille ou garçon ? Fille sans doute car Oromonde avait parlé au féminin.

Le feu jaillit de sa main et si Yloyse ne manifesta pas le moindre mouvement de recul ses yeux s’ouvrirent plus grands. Faire jaillir l’élément igné de ses doigts. Voila quelque chose dont elle était bien incapable. Thais possédait un don de destruction (ou de purification, c’est selon), celui d’Yloyse s’accordait plus avec ses désir de création, de formation, de protection. Elle réprima alors sans peine sa propre magie qui lui soufflait de la laisser agir et de lui permettre de soulager ses plaies.


Je n’ai pas de difficulté à vous comprendre Thais et vous remercie pour l’hospitalité que vous m’offrez. Seule votre langue a des accents qui me sont étrangers mais le krolanne suffira amplement je pense.

La voix de la jeune femme laissait transparaître son épuisement et une certaine douceur malgré ses accents rocailleux. Son regard s’était adoucis à l’arrivée du félin, comme une caresse qui n’osait aller jusqu’à lui.

Merci.

Elle hésita.

Je me nomme Yloyse. J’essayerai de vous déranger le moins possible, je ne veux pas vous causer de soucis même s’il est vrai que du repos risque d’être nécessaire. Je ne dois pas être bien reluisante actuellement.


Il est difficile d’avouer cela. Difficile de s’avouer sans défense devant des inconnus.

La première gorgée de thé lui brule la gorge mais elle le ressent comme si elle n’en avait jamais bu. Comme si cette gorgée était la toute première qu’elle eut prise depuis sa venue au monde. Elle en pleurerait presq- okay… elle en pleure.



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Sukra 20 Dasawar 814 à 11h02
 
Un silence tranquille s'installa dans la clairière. Le plus naturellement du monde, comme au milieu d'un salon bourgeois, les lanyshstas sirotèrent leur thé -Thaïs ne pouvant contrecarrer son petit doigt, irrémédiablement en l'air, signe d'une éducation de haut vol non totalement réprimée.

Le feu crépitait doucement et chacun était libre de s'asseoir autour, de contempler la nuit et de profiter du silence. Harvain devait s’affairer à préparer le nécessaire en la demeure -un chambre, à manger, des habits propres, un bain sans doute- disparaissant dans la nuit que pour mieux ressurgir armé de thé supplémentaire ou de petits gâteaux. Ombre fatale, silencieuse, efficace.

Se faire servir par un Majordome au milieu d'un bois, en compagnie d'une ado dégingandée en chemise de nuit à fleur et d'une lanyshsta filiforme et soucieuse, il y avait plus commun.
Mais ici, le Destin était le Destin et personne ne se surprenait plus de ce type de scène.
Ce devait arriver.

Instant de paix et de repos, temps figé, improbable troupe.

Thaïs ne sembla pas remarquer que des larmes coulaient sur les joues de l'Yloyse. Elle nota par contre très bien que Ter, qui tournait en sautillant autour d'Oromonde comme s'il s'agissait de Scylla elle-même, avait pris un peu d'embonpoint. Sans doute boulottait-il des oiseaux dans le parc plus que de raison. Thaïs se promit mentalement de faire courir la créature derrière quelques sorts pour l'inciter à retrouver la ligne.

Bien sûr, des questions bouillonnaient dans l'esprit de Thaïs, toutes plus inappropriées les unes que les autres : était-ce elle, que Jade avait tué ? Que se souvenait-elle de la "mort" ? Avait-elle croisé des krolannes morts en chemin ? Genre Tata Gourmine qui s'était étouffée avec un biscuit aux noix ?
Yloyse, d'où venait-elle ? C'était comment les autres Quartiers ? Voulait-elle retourner chez elle ? Avait-elle un amoureux ? Si elle se mettait avec un krolanne à peau jaune, leur enfant serait-il vert ?
Garderait-elle des cicatrices de son meurtre ? Avait-elle l'intention de se venger ?
Que faisait-elle avant de muter ? Quel était son but, puisqu'elle n'avait pas de Destin ?
Avait-elle des parents ? Des frères ? Des soeurs ? La savaient-ils lanyshsta ? La savaient-ils morte ? Ressuscitée ? Avait-elle l'intention de jouer la fantôme pour effrayer ses amis ?
Savait-elle chanter ?
Aimait-elle les betteraves ?

Mais l'adolescente eut le bon goût de ne rien dire ni faire peser une quelconque curiosité visible sur l'inconnue. La Noxamancienne se contentait de regarder les flammes et de dodeliner de la tête, tranquillement, à l'écoute de celui ou celle qui percerait cette bulle de quiétude le premier.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Sukra 20 Dasawar 814 à 14h39
 
La scène est étrangement sereine, ou en tout cas le serait si ce salopiot de Ter arrêtait de lui bouffailler l’ourlet de son pantalon. A plusieurs reprises, Oromonde tente de lui donner une petite tape discrète qui ne lui apporte qu’un miaulement plaintif en réponse. Soupirant, elle finit par accepter la présence de la bestiole dans ses bras, et la créature honnie se met à ronronner et à baver sur son tout nouveau blouson en cuir.

La scène est donc étrangement sereine. Elle découvre, non sans surprise, qu’elle goûte à ce sentiment de lien, de corroie qui s’opère ici, à la présence ouatée du majordome comme à celle de Thaïs. Elle découvre qu’introduire la kildarienne ici lui paraît vraiment des plus naturels. Et qu’elle-même s’en sent…contentée ? Que le froid nocturne soit balancé par la chaleur léchée du feu de camp jusqu’à la présence griffue de Ter dans ses bras, et des lanyshtas silencieux près d’elle…oui, ça a quelque chose de rassurant : comme un prologue à un esprit grégaire de meute, peut-être, où chacun trouve sa place animale et instinctive dans un ensemble qui n’a même pas besoin d’être défini

C’est avec surprise qu’elle constate les pleurs d’Yloyse. Est-ce Harvain qui lui a fait peur ? N’aime-t-elle donc pas le thé ? Ou bien se produit-il quelque chose de plus profond dans les abysses dérobées de ces yeux-là ?

Elle observe Thaïs en douce, tâchant de faire abstraction de la robe de nuit. Que pense-t-elle ? L’adolescente, malgré son jeune âge, est la force motrice de leur petite bande, justement parce qu’elle à l’image ignée de ce feu qu’elle contemple. Pourtant, elle ne dit rien, ou s’en retient. Connaissant son caractère, Oromonde devine pourquoi : les questions doivent se bousculer dans son esprit comme des enfants à une attraction foraine, aussi vaut-il peut-être mieux qu’elle reste silencieuse pour le moment.
Elle finit pourtant par dire :

« Effectivement, vous n’êtes guère reluisante. »

C’est incroyable, mais elle a prononcé ça sur le ton de la blague.
Indice : Oromonde ne sait pas faire de blagues. Elle attend pourtant théâtralement de voir si son trait d’humour a atteint sa cible, avec un petit sourire en coin tout à fait déplacé et incongru chez sa personne. Rajoutant :

« Nous devrions peut-être nous coucher : la nuit porte conseil, dit-on, et nous pourrions reprendre notre entretien demain, au calme. Qu’en dites-vous ? »




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Luang 22 Dasawar 814 à 15h00
 
Les autres ont le bon gout de ne rien dire et de ne pas sembler s’apercevoir de ce moment de faiblesse. Son orgueil leur en est reconnaissant de ne pas écraser plus encore les miettes qui lui restent. Il se reconstruira, bien sûr, mais il lui faudra du repos. Et faire le point.

L’instant s’éternise, paisible. Le feu crépite constitue le seul bruit réel accompagné par le contrepoint discret du ronronnement de Ter. Les yeux se lèvent vers le ciel contemplant silencieusement les étoiles qu’on y voit.
Elle a plus ou moins découvert les étoiles en se lançant dans cette épopée. On ne les voit pas vraiment au Kil’dara, à travers la couche de poussière et de fumée que dégagent en permanence les machines vrombissantes. Elles semblent si distantes, détachées. C’est apaisant de les regarder et de se dire que tout ce qui se passe içi n’est rien pour elles. Des problèmes de fourmis. Ça aide à relativiser.

La voix d’Oromonde se lève de nouveau. Elle sourit à demi. Pas encore un vrai sourire mais déjà plus qu’un rictus. La Pheremancienne complète.


Le bon côté des choses, c’est qu’à priori, ça ne devrait pas empirer.

On pouvait presque y voir une touche amusée. Elle acquiesce silencieusement à la proposition et, se tournant vers ses hôtes, le regard alternant entre Hirvain et Thais. Thais semble être la propriétaire mais Hirvain le véritable maitre de maison….

Si c’est possible d’avoir un peu d’eau pour… me rendre un peu plus présentable avant de me reposer… ?



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Matal 23 Dasawar 814 à 13h58
 
Je me tourne vers la d’Ascara qui hoche la tête en silence, le nez dans sa tasse de thé.

Bien entendu mademoiselle Yloyse. Je vais faire couler un bain.

En silence, je reprends les tasses que je dépose sur le plateau, le porte d’une seule main tandis que j’attrape la lanterne.

Si vous voulez bien me suivre.

Je me dirige lentement vers la maison de ma démarche raide. Une fois dans le hall, je lui fais signe de m’attendre, le temps que je dépose le plateau à la cuisine. Je reviens quelques instants plus tard, ayant troqué ma lanterne pour un chandelier plus adapté à la situation. Nous montons les escaliers vers la chambre des cartes où j’ai déjà installé le petit plateau repas froid.

J’ouvre une porte au fond de la pièce qui débouche sur une petite salle de bain carrelée dont le centre est occupé par une baignoire en étain. Je sors un petit carnet d’une poche intérieure. Alors pour un bain disons à 28 degrés…4 tours de robinet d’eau chaude et 2 d’eau froide. Je m’exécute pendant que je cherche sur l’étagère quels sels de bain utiliser… Disons le jasmin. Restons classique. Je verse une, deux, trois, quatre pincées, allez, une cinquième pour la route. Voilà. J’attends devant la baignoire le temps que ça se remplisse puis ferme les robinets. La demeure d’Ascara, comme toutes les grandes maisons possède une citerne conséquente et un système sophistiqué. Car l’eau est une ressource rare et vitale sur Syfaria. Mais grâce à un système alchimique qui me dépasse, une grande partie de l’eau est recyclée. Je crois que ça fonctionne par chauffage de l’eau qui passe en vapeur puis refroidit pour redevenir de l’eau pure…ou quelque chose comme ça. Un mécanicien vient tous les mois pour vérifier ça. Tout ce qui n’a pu être vaporisé est le substrat de déchet dont l’odeur nauséabonde est facilement identifiable. Bref. Ce système et surtout des livraisons fréquentes d’eau pure…

Je sors de la salle de bain.


Vous trouverez du linge de nuit dans les armoires. Je vous ferai monter des vêtements propres demain matin.

Elle fait à peu près la même taille que mademoiselle Thaïs, ça ne devrait pas poser trop de soucis.

Je désigne près de la table de nuit la petite cordelette accrochée au mur.


En cas de problème, vous pouvez me contacter en tirant sur cette corde.

Sur ce, si vous n’avez plus besoin de moi, je vous souhaite une bonne nuit.

Je reste sur le pas de la porte en attendant.



 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 23 Dasawar 814 à 23h52
 
Thaïs hoche la tête en signe d'encouragement tandis qu'Harvain entreprend de rapatrier tout le beau monde dans la demeure. Elle laisse le Majordome conduire l'invitée et traîne quelques peu -le temps d'éteindre le feu en rabattant de la terre dessus et en déplaçant les bûches. Pas question de prendre le risque que le parc brûle pendant la nuit...

La d'Ascara jette un trait mental à Oromonde : veut-elle dormir ici ? L'heure est avancée, le sommeil de tous déjà bien entamé -enfin personne ne chipote, une seule d'entre eux a réellement de quoi se plaindre, après avoir ressuscité pendant la nuit dans un Quartier inconnu...

La maison comporte quelques combles aménagés qui peuvent parfaitement accueillir Oromonde confortablement et en toute discrétion, sans néanmoins l'écraser dans le luxe d'une chambre formellement réservée aux invités de haut rang.
A elle de décider.

A condition de laisser le dodu Ter -bienheureux dans des bras protecteurs- dans le parc, bien entendu.

Dans tous les cas, Thaïs invite chacun à se présenter le lendemain, une heure avant le repas de midi, à la caverne. Elle parvient à joindre Linsey, qui lui promet d'être là -faute d'avoir pu rallier la troupe le soir-même.

A l'intérieur de la demeure, tout est très calme. Rien n'a bougé : le hall de pierre blanche, les quelques objets savamment disposés -sans ostentation pour ne pas nuire par la masse à la qualité remarquable des vases et autres petites sculptures. La maison est bourgeoise et très ordonnée. L'équilibre reste précaire entre la froideur d'un intérieur millimétré, millénaire et noble, et la chaleur d'une architecture, d'un agencement et d'un soin du détail travaillés avec goût. La maison est ancestrale, à n'en point douter, à l'image de Kil'dé et de son caractère fondateur. Figée et tranquille comme ses Augures.

Thaïs se glisse dans sa chambre. Elle ne manque pas d'envoyer un trait mental à Harvain de remerciement et à Yloyse pour s'assurer qu'elle ne manque de rien avant de fermer les yeux et de s'endormir comme une masse -avec la facilité bienheureuse qu'ont certains jeunes gens à s'assoupir n'importe où et n'importe quand, sitôt que le voile de leurs paupières tombe sur leurs yeux fatigués.


 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Sukra 27 Dasawar 814 à 15h06
 
Silencieuse, Yloyse suit le majordome vers la demeure. Vaste et imposante, la bâtisse à tout de l'imposant maison domaniale au yeux de l'invitée. Elle songe un instant au gaspillage de place et à l'optimisation facile qui pourrait être faire de tant d'espace mais la pensée s'efface rapidement lorsqu'elle se rappelle que la place n'est pas un soucis ici. La jeune femme garde cependant la sensation qu'elle aurait trouvé un spectacle rigoureusement identique si elle était venue dix ou vingt ans plus tot. Comme si la demeure n'était pas faire pour évoluer mais pour rester semblable à ce qu'elle est, était et sera.

La lanyshsta attends, trop fatiguée pour se questionner sur la demeure ou ses proportions. Elle se demande si sa place est réellement içi, à suivre un majordome portant chandelier et costume vers un coin où dormir mais au fond inutile de se poser ce genre d'interrogations. Elle est trop lasse pour que cela ait vraiment du sens.

Yloyse s’immobilise à la porte de la pièce. Son regard se porte sur le lit qui l'appelle, sur le plateau repas qui la pousse à réaliser qu'elle n'a avalé qu'une tasse de thé depuis son... retour et que son estomac est douloureusement contracté. De la viande, et du pain ! La bleutée se force à en détourner le regard pour le tourner de nouveau vers Harvain. Où est il ? Son cœur rate un battement puis elle réalise qu'une petite porte est ouverte au fond de la pièce et elle s'en approche. ; Un bruit d'eau. Oui, il est là et ressort avant qu'elle n'ai pu entrer.

Elle acquiesça.

Merci. Ca devrait aller. Je devrais pouvoir y arriver.

Même dans son état, l'artisane se juge capable de se laver seule. Ou sinon elle n'a plus qu'à terminer le travail en se jetant dans la Faille.
La porte se referme sur Harvain et enfin, elle s'avance. La baignoire fumante et parfumée emplis son champ de vision. Les yeux cillent. Elle n'a pas disparue et Yloyse s'en approche, hésitante devant autant de luxe dévoilé. Les vêtements souillés tombent au sol et la lanyshsta effleure l'eau du bout des doigts. Elle est chaude et odorante. Une odeur fleurie... que la jeune femme serait bien incapable de reconnaître. Elle sait distinguer entre l'odeur de la poudre humide et carrément mouillée, celle des différentes essences de bois, identifier au son la pureté d'un acier et au goût un minéral mais pour ce qui est des fleurs ou des herbes... elle en est incapable. Elle profite simplement de l'odeur, puis de sa caresse sur sa peau.

Elle laisse glisser son regard sur son corps, tandis que le sang séché encore présent sur sa peau teinte l'eau par petites touches. Ses blessures s'étaient refermées, laissant derrière elles des hématomes colorés et des cicatrices rondes. La kildarienne en dénombre 4... les autres étant hors de sa vue sauf à se contorsionner -et encore. Yloyse inspire et ferme a demi les yeux, relâchant son contrôle sur les énergies qui tourbillonnaient. Elle les regarde scintiller au bout de son doigt et dans la pièce. Un éclat légèrement différent attire son attention sur le bois de la porte avant qu'elle ne les fasse de nouveau disparaître. L'Artisane en elle se questionnera demain. Elle s'immerge complètement dans le liquide. Purificateur et salvateur selon certains. Bienfaisant en tout cas selon elle. Il n'y avait plus que le silence. Et la Paix. Il sera temps demain de se questionner de nouveau, de penser à ce qui s'est dit, ce qui s'est fait. De redevenir Lanyshsta ou krolanne. Là, juste le calme.

L'eau claire est devenue brunâtre quand elle en ressort. Quelques traces de savon flottent encore à la surface tandis qu'elle saisit une petite serviette laissée là. La baignoire se vide petit à petit, emportant avec l'eau une bonne partie des traces de ce qui s'est passé. Tant mieux.

Négligeant la recommandation quant à la présence de linge de nuit, elle se dirige vers la table basse où le plateau soigneusement préparé par le majordome connaît un sort rapide et probablement immérité au vu de la qualité des produits.Mais Yloyse n'est pas en état de savourer comme il le faudrait et le clafoutis côtoie sans la faire rougir le gigot et le pain.

Elle finit par se rouler en boule sous la couverture et s’endort presque instantanément. Elle dors probablement déjà lorsque l'esprit de Thais effleure le sien.



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore

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