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La Main de Kil'Dé
Le Club des Cinq
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 15h54
 
Le jour se lève, et Oromone est prête.

Elle arrive au parc des d’Ascara armée de ses bottes bulbeuses (« ploc-ploc » font-elles dans la rue) ainsi que :

- D’une tenue de camouflage complète et adaptée
- Peintures de guerre
- Attitude de ninja

Ce qui signifie, pour ceux qui auraient à juste titre des difficultés à se représenter la scène, qu’il faut imaginer une Oromonde vêtue d’un ensemble noir-vert trop large, la face et les avant-bras peinturlurés de sinuosités verdâtres inquiétantes, d’un casque de combat vissée en-dessous des oreilles, et qu’elle pénètre sans avertir personne dans la propriété et jusqu’à la clairière de rendez-vous avec moult oscillations du bassin et du genou, se glissant d’ombre en ombres plus ou moins heureusement, et pivotant de temps à autre comme d’un coup pour regarder derrière elle, des fois que quelqu’un l’aurait suivi. Mais non, personne, si ce n’est Ter qui, reniflant l’odeur de ses croquettes favorites, s’est glissé derrière elle et la regarde en faisant « Meow. » Saleté de chat.

Elle a fait exprès d’arriver une heure avant le rendez-vous convenu et se camoufle comme elle peut derrière un buisson, persuadée d’être ainsi dissimulée aux regards scrutateurs des Doigts, et espérant que Ter va arrêter de se frotter contre sa jambe en miaulant, sans quoi son plan sera bon à jeter à l’eau.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 16h57
 
Thaïs ne tarde pas à s'en venir également -un peu en retard, comme à son habitude. Sa mère lui a souhaité de "bons cours de danse" avec une lueur malsaine dans les yeux. L'adolescente est persuadée que sa génitrice pense qu'Harvain la frappe et que l'idée lui plaît bien. Elle qui ne s'intéressait absolument pas à son quotidien prend désormais un malin plaisir à voir sa fille rentrer sur les rotules, les pommettes en feu et le nez en compote, bien trop fatiguée pour objecter alors qu'elle lui vante les mérites de tel ou tel prétendant. Elle avait même parlé de faire apprendre à sa fille quelques rudiments d'obscures danses mondaines Kil'sinites et Kil'dariennes pour parfaire le bagage, c'est dire la perversion.

A l'image d'Oromonde, Thaïs aussi s'est équipée. Harvain lui avait demandé du "style, de l'élégance, de la grâce et de la féminité". A que cela ne tienne... C'est donc dans une improbable robe pleine de voiles transparents que la d'Ascara se présente à l'entraînement. Un habit fort coûteux, sans doute, d'un joli bleu clair et rehaussé de quelques brillants. Une robe de poupée qui ne va pas du tout à la jeune femme. Autant habiller un tronc d'arbre d'un habit de bal.

Thaïs affecte une attitude royale, tandis qu'elle se positionne dans l'attente des instructions, la moue noble, le poignet négligemment plié et le petit doigt ostensiblement tendu.

A peine tourne-t-elle la tête et fronce-t-elle les sourcils en apercevant que Ter sort paresseusement des buissons à sa rencontre, se pourléchant les babines et la peau du ventre bien tendue...


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 22h28
 
J'arrive à l'heure dite et je suis surpris. Non pas de déjà voir mademoiselle Thaïs puisque la ponctualité fait partie de ses qualités et qu'elle semble étrangement apprécier ces entrainements. Peut-être suis-je un peu trop gentil, peut-être devrai-je mettre la barre un peu plus haut. Non, surpris par la tenue. Quelle mouche l'a piquée ? La prochaine soirée de présentation des soupirants est dans deux jours, je le sais, j'ai envoyé les cent quatorze cartons d'invitation.

Je gare le petit chariot de provisions dans un coin. Pour cette fois, j'ai plutôt opté pour des boissons chaudes plus adaptées à la saison. Une fois n'est pas coutume, j'ai pris du chocolat chaud. Bon, c'est vrai que c'est un peu pour me faire pardonner de l'autre fois. Mais au moins, les règles de l'étiquette sont bien rentrées dans les mémoires. C'était un mal nécessaire. Pour son éducation. Pour mon autorité. Il ne s'agit point d'un jeu où nous jouons des rôles. C'est la vie réelle et de nos actes dépendent beaucoup de choses, qui dépassent notre simple existence.


Mademoiselle Thaïs dis-je en m'inclinant à quinze degrés.

Je me redresse et regarde la scène. Je vois cette déplaisante bestiole ici. Même pas fichue d'attraper les souris, il ne se contente que de quémander de la nourriture et griffer les boiseries et les rideaux. S'il n'était pas le protégé de mademoiselle Thaïs, cela ferait bien longtemps que je l'aurai empaillé...vif.


Mademoiselle Thaïs, puis-je vous suggérer de choisir une tenue plus adaptée à votre entrainement. Vous portez la robe que monsieur votre père vous a offert pour le gala d'hiver de Dame Sybil Ramkin. Une robe de près de 399 graines je crois. Sa détérioration sera problématique pour nous tous.

Je sors ma montre gousset et regarde l'heure.

Les autres doigts n'étant pas encore là, vous avez le temps de vous changer. Pendant ce temps-là, je vais finir les préparatifs.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 5 Marigar 815 à 15h24
 
Victoire !
Personne ne l’a remarqué !

Tiens, vieille peau, songe la jeune lanyshta, ça t’apprendra à me faire courir sur des feuilles !
Bon, maintenant que ses talents exceptionnels en camouflage ont été démontrés, il s’agit de choisir son moment pour faire son entrée théâtrale et ainsi convaincre Harvain de lui donner un exercice un peu plus intelligent que de faire l’unijambiste sur des coussins à flatulences. Toutefois, le moment actuel ne semble pas le bon moment. En effet, Harvain vient juste d’ordonner à son adolescente camarade d’ôter ses vêtements. Oromonde s’imagine mal, en conséquence, sortir de son buisson comme une fleur maintenant. De quoi aurait-elle l’air, si ce n’est d’une voyeuse ? Non, non, non, hors de question. C’est tellement embarrassant ! Elle préfère rester cachée et fermer les yeux pour ne rien voir qu’elle n’est pas supposée voir, en espérant que Linsey vienne assez vite interrompre ce moment de gêne qui est en train de se créer.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Julung 5 Marigar 815 à 16h14
 
Elle accepte le cadeau d'Oromonde et apprécie énormément son soutien. Elle la remercie plusieurs fois avant que chacun rentre chez soi. Enfin, avant qu'Oromonde et Thaïs aillent travailler, pendant que Linsey... Rentre chez elle.

*** Quelques jours plus tard. ***


Linsey arrive un peu en retard, habillée exactement de la même manière que la fois précédente : des vêtements souples et prêts du corps, avec un bon manteau et une écharpe pour se couvrir après l'effort.

Elle garde un assez mauvais souvenir de son dernier entraînement et n'était pas venue avec un très grand entrain. La motivation est toujours là, ça oui, mais elle se demande si elle va encore devoir subir un châtiment inutile au premier écart. La Lanyshta salue tout de même Thaïs comme une grande amie, en lui souriant franchement et en lui demandant si elle va bien. Pour Môsieur Harvain, un simple bonjour, froid.

Elle regarde aux alentours, Oromonde semble être plus en retard que Linsey : tant mieux ! Elle retire son manteau mais garde son écharpe enroulée autour du cou pour le moment. Puis elle attend.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 5 Marigar 815 à 21h48
 
Je sors ma montre gousset et hausse un sourcil. Non pas que je sois inquiet car généralement mademoiselle Oromonde est ponctuelle, mais cela ne lui ressemble guère. Je range la montre dans mon veston.

Bonjour mademoiselle Derfùn.

Deux sur trois, on fera avec.

Cela faisait longtemps que la brosse à dent de mademoiselle Oromonde n'avait pas servi à nettoyer les sanitaires de l'hermine. Ce petit retard aujourd'hui sera l'occasion de lui rappeler que si la ponctualité est la politesse des rois, c'est grâce à des serviteurs en avance.


Vers ma maîtresse.

Mademoiselle Thaïs, votre chambre vous attend. Puis-je vous rappeler que la tenue d'entrainement est dans le troisième tiroir du bas de la commode en acacia laqué ?


Me tournant vers l'autre doigt.

Mademoiselle Derfùn, il est inutile de vous entrainer davantage sur la course à pieds. Mais pour continuer à faire renforcer votre organisme, ce grand bi fera l'affaire. Fixé ainsi au sol, ce vélo vous permettra d'aller à votre rythme sans être vue par les habitants de la résidence. Disons...deux heures de vélo.

En attendant, je vais faire quoi moi ? Ah, tiens, je vais passer le balai.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 5 Marigar 815 à 22h36
 
Comment ça, les latrines ? C’était totalement injuste, en plus elle les avait fait la veille à cause d’un repas mal digéré dans les latrines masculines. Elle en gardait encore un souvenir pictural…qu’elle aurait préféré fugace, mais qui restait aussi collé à sa mémoire que la matière visqueuse était restée collée à la tuyauterie.

Du buisson dépasse une main ankylosée par l’immobilité et le froid, qui fait de grand gestes plaintifs.

« Permission de me signaler, mons…Harvain. Je suis en mission camouflage depuis tout à l’heure. »

Et j’ai froid, ajoute-t-elle pour elle-même.
« Exercice réussi ? » demande-t-elle timidement en émergeant des feuilles, tel un mort-vivant sortant de terre.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Vayang 6 Marigar 815 à 14h01
 
Je hausse un sourcil en voyant mon apprentie ainsi grimée sortir d’un buisson à quelques pas de moi. Plusieurs sentiments m’assaillent on dirait. Je me tourne vers elle et la toise longuement.

Déjà, je suis surpris de la voir ainsi accoutrée. Ridicule. Si j’en crois mon petit manuel sur le camouflage militaire, cela semble tout à fait réglementaire. Mais voir la frêle silhouette de mademoiselle Oromonde dans une tenue de guerrier où on pourrait en mettre deux comme elle à l’intérieur avec un casque qui tient davantage de la cocotte-minute que du couvre-chef en acier trempé. Le maquillage est…ma foi, ce qu’il est. Je pense que si le personnel de l’hermine la voyait ainsi, nous aurions des réactions bien étranges. A commencer par notre saucier Leigh Hunt qui ferait une crise cardiaque après l’avoir copieusement traité de béarnaise vomie. Ensuite notre sommelier Silenus qui s’empresserait de dire que la couleur marron de son camouflage lui rappelle un cépage je-ne-ais-où. Quant à « La Dernière », je pense qu’elle tournerait de l’œil et confirmerait irrémédiablement que les deux jeunes femmes ne sont pas de la même espèce. Au moins, je peux saluer la diligence avec laquelle elle s’applique.

Ensuite, je suis presque impressionné. Bravo mademoiselle Oromonde, vous avez réussi à vous camoufler à la vue d’un vieillard et d’une jeune femme dont le seul talent pour le moment est d’avoir une bonne foulée. Qu’en est-il face à un adversaire plus sérieux ?

Enfin, je suis déçu de moi-même. Moi qui pensais être plus vigilant que ça… Serait-ce elle qui est bonne ou moi qui suis mauvais… Il n’y a qu’une façon de le confirmer.


Permission acceptée mademoiselle Oromonde. Bienvenue parmi nous.

Je la vois marcher difficilement.

Votre prestation est passable mademoiselle Oromonde. Si au sortir de votre planque vous n’êtes pas en état de bouger rapidement…

Je ne parle même pas d’attaquer un adversaire.

…vous êtes au final une cible à votre tour, non ?

Un instant.

C’est un point qu’il vous faudra travailler. Vous allez repasser sur le tapi avec vos chaussures bulbeuses, je vais voir comment vous vous en sortez.


 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Vayang 6 Marigar 815 à 15h35
 
Linsey acquiesce et commence à se diriger vers le vélo fixé au sol, quand Oromonde signale sa position. Linsey sursaute tout d'abord, puis sourit. Vraiment très impressionnant, elle n'avait absolument rien vu ! Bon par contre tout l'attirail n'est peut-être pas nécessaire, et Harvain a raison, si c'est pour être incapable de faire quoi que ce soit ensuite ce n'est pas très utile.

Toutefois l'idée de se cacher ainsi, voilà qui peut être intéressant pour une autre Lanyshta sans grand talent à part celui de courir. Courir et se cacher, voilà deux aptitudes qui pourraient bien aller ensemble.

Linsey salue amicalement Oromonde et commence à faire du surplace sur sur le grand bi. A une bonne cadence, ni trop rapide ni trop lente, pour tenir deux heures sans problème.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Sukra 7 Marigar 815 à 11h01
 
Thaïs bougonne mais s'en va d'une allure aussi royale que lorsqu'elle est venue. Hors de vu, elle court pour ne pas se mettre trop en retard, fonce dans sa chambre, se change prestement et sans soin -la précieuse robe finira roulée en boule dans un coin- puis repart dans l'autre sens. Essoufflée mais hautaine, elle se remet en position, adressant un sourire à ses deux compagnes de souffrance au passage.

Elle allait montrer de quel bois elle se chauffe.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Sukra 7 Marigar 815 à 11h38
 
Je hausse un sourcil devant la rapidité d'exécution de mademoiselle Thaïs. Humf, je ne préfère pas connaître les détails mais au moins elle est mieux apprêtée désormais. Pendant que mademoiselle Oromonde est en train de retirer à la pince toutes les fourmis qu'elle a dans les jambes et que mademoiselle Derfùn pédale un peu trop tranquillement à mon goût, je vais pouvoir concentrer mon attention sur ma maîtresse.

Bien, si vous voulez bien vous positionner dans le cercle mademoiselle Thaïs.....voilà merci.

Je m'approche du métronome et pose la main sur le billot de bois. Je tapote la couche de mousse.

Disons que cette couche de mousse protège autant ce pauvre morceau de bois que la délicatesse de vos traits.

Je lève l'index en l'air.

Donc nous disions, du style, de l'élégance, de la grâce et de la féminité, n'est-ce pas ? Le traité "In feminas veritas" de madame de Pompe à dour vers la fin de sa vie rappelle en préambule que la féminité ne se traduit pas forcément pas la toilette, la robe, la bijouterie ou d'autres aspects....physiques de celle qui la porte mais par un état d'esprit, une volonté et une manière d'être et d'agir. Le reste n'étant que...décorum et respect des convenances mondaines et sociales.

Rangement de l'index.

Bien sûr, cette dame illustre ne pensait pas à ce genre d'applications plus...martiales de ses préceptes. Mais vous les appliquerez mademoiselle Thaïs. Cela rejoint l'éducation que vous devez avoir en tant que personnalité de la haute société et en tant que...

Je cherche le bon terme.


...lanhyshsta confrontée aux vicissitudes de la vie.

Je n'allais pas dire "sorcière" ou "magicienne de combat" ou "personne avec un don particulier pour se mettre dans des situations dangeureuses".

Je pousse violemment la bille de bois et recule rapidement. Le mouvement est elliptique, large et rapide. Le début est toujours plus facile mais à mesure que les mouvements se rapprochent du centre, la chose devient plus compliquée.

Et tandis que j'observe les gestes de mademoiselle Thaïs, je me souviens d'un traité sur les lanyshsta que j'ai lu il y a peu. Une théorie répandue mais pas encore vérifiée exposerait que lorsqu'un krolanne devient lanyshsta, les pouvoirs qui s'éveillent correspondent souvent à la nature de cette personne, à son comportement, à ses envies et ses prédispositions. Mademoiselle Thaïs est l'exemple le plus facile de vérification. Boule nerveuse, frustrée, impulsive, obstinée, bornée. La noxamancie, cette magie apparemment uniquement offensive et redoutable n'est que la matérialisation logique de cette énergie emmagasinée dans ce frêle corps. Quant à mademoiselle Oromonde, timide, discrète, effacée, modeste, réservée, dévouée, ses pouvoirs la tourneraient apparemment vers la korthomancie, cette magie de la manipulation, utilitaire pour certains mais aussi incapacitante pour d'autres. Comme si elle voulait éviter les confrontations directes ou ne pas infliger de souffrance. Quant à mademoiselle Derfùn, cela reste encore un mystère pour le moment. Dynamique, sportive, aventurière, impertinente, il est probable mais non impossible qu'on puisse éliminer les deux précédents exemples et plusieurs autres mais sans trop savoir ce sur quoi elle va tendre...

Quant à moi...humf !



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 8 Marigar 815 à 21h51
 
Oromonde fronce les sourcils et ne répond rien, un peu vexée tout de même. Le coup du casque, c’était quand même pas mal. Et ça lui a pris un peu de temps, de trouver cette vieille protection en cuir bouillie que portait son grand-frère durant les matchs, et de la couvrir de verdure !

Bon gré mal gré, elle rejoint sa position et son propre exercice, et défait tout ce qu’elle porte de trop encombrant et trop lourd. Bon. Elle sait se faire invisible au besoin. De toute façon, dans son cas, ce n’est pas vraiment une prouesse : c’est la banalité de son quotidien. Personne ne fait attention aux petites mains dans son genre, par conséquent elle est libre de se faufiler là où elle le souhaite et d’écouter toutes les conversations des riches clients de l’Hermine. Avec un peu de jugeote, de doigté, et surtout en travaillant dur, on peut exécuter son service tout en piquant de ci et de là les meilleurs ragots. Personne ne fait jamais attention.

Par contre, pour ce qui est d’être inaudible… de toute évidence, c’est encore à travailler.

« Saletédefourmidemesdeuxaïeaïe »
est grosso modo la litanie (marmonnée à voix basse) qui émane du lieu d’exercice de la lanyshta, qui vient tout juste de poser son pied au sein d’une fourmilière.
Elle retourne au début du circuit au son d’un « ploc-ploc » ridicule, agacée par tout ceci.
Si seulement elle ne devait pas porter ces maudites bottes, elle traverserait ce chemin en faisant le poirier et sans faire craquer une seule branche…



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 11 Marigar 815 à 14h19
 
*** Ambiance ***


Plusieurs semaines plus tard.

Les jours passent, les séances aussi. Je les vois s'épuiser, se blesser, souffrir plus ou moins en silence mais surtout se renforcer. Oh de temps en temps, quelques petites crises de nerfs suite à un commentaire mal placé ou un rondin de bois bien placé.

Pour mademoiselle Oromonde, sa maîtrise du camouflage et de la discrétion lui a permis à plusieurs fois de me surprendre. Je la soupçonne de vouloir me tourner en ridicule. Son apprentissage de la korthomancie était encore balbutiant mais promet un potentiel intéressant. Je réfléchissais à la possibilité d'utiliser ses sorts pour renforcer notre résistance. Les conflits qui peuvent survenir avec d'autres lanyshstas ou avec ce qui nous attend en dehors des quartiers ne peuvent que nous inciter à nous préparer au mieux. Désormais, elle s'entraine à l'esquive avec une bille de bois.

Mademoiselle Thaïs quant à elle, s'entrainait avec quatre billes de bois auxquelles j'avais retiré la mousse histoire de la motiver davantage. Ses mouvements étaient un peu plus fluides, un peu plus gracieux. Ses réflexes étaient bons mais sa féminité était toujours à la traine. Mais Kil'dé ne s'est pas fait en un jour. Elle a également beaucoup progressé dans son apprentissage de la noxamancie, n'hésitant pas à nous partager quelques savoirs glanés et à mettre le feu plusieurs fois à notre petit cercle quand un sort partait "trop à gauche" ou qu'elle "avait un peu chargé la mule" ou parce qu'elle "avait vu un oiseau là-haut sur la branche".

Mademoiselle Derfùn n'était toujours pas "éveillée". Nous n'avions pas d'idées de quand elle pourrait être pleinement en possession de ses capacités mais je la soupçonnais de ne pas être particulièrement pressée que cela arrive. Alors en attendant, elle avait droit à tout un assortiment de renforcements physiques.

A la fin d'une séance que j'avais voulu particulièrement éprouvante, je tapais dans les mains.


Mesdemoiselles, s'il vous plait. Ce sera tout pour ce soir.

J'avais installé une petite table pliante qui se dressait derrière moi. Une douzaines de boites y étaient entreposées.

Un bon entrainement, mesdemoiselles, ne fait pas tout. Nous n'avons pas d'idées de ce qui peut nous attendre à l'extérieur des murs de notre Kil'dé. Alors en prévision de moments difficiles...

Je prenais trois grandes boites rectangulaires que je donnais selon un ordre précis.

Bottes de marche !
Taille 37...mademoiselle Thaïs. Talons et pointes en métal, semelle renforcée et ignifugée.
Taille 39...mademoiselle Derfùn. Traitement étanche et crampons de cinq.
Taille 41...mademoiselle Oromonde. Semelle souple et armature en cuir de noosphage cristallin.


Venaient ensuite des boites plus larges mais plus plates.

Cape modèle « aventurier », huit poches intérieures et extérieures avec rabat !
Rouge bordeau, doublure coton et satin pour le confort, cuir ignifugé – mademoiselle Thaïs.
Vert feuillage, doublure ouate et coton pour maintenir la chaleur, cuir imperméabilisé – mademoiselle Derfùn.
Gris sombre, doublure coton et soie pour la discrétion, cuir allégé – mademoiselle Oromonde.


Je tends deux petits écrins en velour bleu marine. Une vieille superstition dit qu’un homme ne doit pas offrir de bijoux – encore moins une bague – à une femme sans aller plus loin. Paraitrait que ça porte malheur. Humf, ridicule. Toutefois, le code de bienséance dispose d’éviter ce genre de cadeaux, cela peut vite être inconvenant. Je fais une pirouette sémantique en pensant très fort qu’il ne s’agit pas tant de bijoux que « d’amplificateurs de pouvoirs ».

Un anneau de quintessence primaire. Objet indubitablement lanyshsta, il a été camouflé dans une bague plus classique rehaussée de fioritures – mademoiselle Thaïs.

Un anneau de quintessence primaire monté en collier, plus discret qu’une bague pour une personne discrète – mademoiselle Oromonde.


Beaucoup plus volumineux, je pose entre les mains déjà bien chargées de mademoiselle Derfùn ce qui ressemble à une boite à chapeau. Sauf que le poids n’est pas le même.

Casque de combat léger modèle « discret ». Une cagoule renforcée par un agencement de plaques de métal entourées de rainures en tissu. Solidité relative mais discrétion assurée – mademoiselle Derfùn.

Je me retourne vers la table où il ne reste presque plus rien. J’attrape le dernier colis et tends la petite boite vers mon apprentie à l’hermine.

Baguette frobekh modèle « apprentie sorcière K ». Fine et délicate, légère et souple, permet une meilleure précision au moment du lancer de sorts adaptés à la korthomancie. Significativement améliorée par les talents de mademoiselle Thaïs, la rendant bien plus efficace que le modèle d’origine. Nous pourrons voir pour vous coudre une petite poche ou un porte baguette à l’occasion. Un petit saphir y est encastré à ma demande – mademoiselle Oromonde.

Je trouvais que ça faisait joli.

Mademoiselle Thaïs a un modèle presque similaire « apprentie sorcière K ». Le « K » est différent, il s’agit pour vous de Korthomancie, pour elle, je crois me souvenir que c’est « Kaboum ». Modèle plus lourd, plus résistant et isolant de la chaleur et de l’électricité.

Tout un programme….

Je tends une boite en bois à mademoiselle Derfùn.


Je vous rends vos pistolets avec une amélioration de mademoiselle Thaïs les rendant un peu plus puissants ainsi qu’un double holster d’épaules huilé. Vous sentirez la différence le moment venu.

Ma table est vide. Une bonne chose de faite. Je vais laisser les enfants avec leurs jouets maintenant.

Allons mesdemoiselles, la séance est levée.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 12 Marigar 815 à 17h59
 
Ces dernières semaines avaient vu, contre toute attente, et surtout la sienne, un certain renforcement de ses capacités de la part d’Oromonde. Il lui avait fallu quelque temps pour maîtriser l’exercice du chemin de feuilles ; mais, une fois ce dernier enfin passé, la lanyshta s’était brusquement améliorée. Malheureusement, ce développement soudain de ses capacités semblait s’être accompagné d’un renfrognement de plus en plus marqué. La jeune femme parlait beaucoup moins et semblait absorbé par ses exercices ; elle quittait les séances tôt et passait peu de temps en compagnie des autres doigts en dehors de celles-ci. La tenue et l’attitude physique semblait elle aussi changer : elle se faisait visiblement plus souple, et avait pris l’habitude de se maquiller et de se vêtir de façon plus seyante. Elle était, de manière générale, moins gauche et moins gourde, et paraissait affectée par de solitaires réflexions.

Elle décrocha un regard ému à l’égard d’Harvain lorsque celui-ci se décida à leur distribuer quelques « cadeaux. » Elle avait eu des retours sur le voyage ‘secret’ qu’il avait entrepris de par les liens qu’elle commençait à entretenir avec les artisans des autres quartiers ; Yloyse, qu’ils avaient accueillis il y a quelques mois déjà, lui en avait parlé. Elle avait du mal à croire que ce majordome prenait tant de peine à enseigner à cette bande de jeunes filles et femmes marginales, en qui personne d’autre ne croyait vraiment, comment se battre, se défendre, ou porter une robe avec dignité, ou devenir plus rusé.
Elle tourna la tête vers Linsey et Thaïs, et se demanda ce qu’elles seraient sans ces réunions régulières et le changement que la vie de lanyshta avait apporté dans leurs vies.

Elle se saisit respectueusement des dons que lui avaient offerts Harvain, et le remercia par une inclinaison 45° parfaitement maîtrisée.
« Merci », dit-elle sobrement.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Vayang 13 Marigar 815 à 10h13
 
Linsey accepte ces "cadeaux" sans dire le moindre mot. C'est tout juste si elle sourit, ou même si elle remercie Harvain. Ces équipements et ces entraînements ne signifient qu'une chose : ce groupe se préparer à passer à l'action, à partir pour quelque aventure périlleuse, à servir la cause des Lanyshtas en somme.

Dans ses montagnes russes récurrentes, Linsey est aujourd'hui dans un creux. La vue de ses pistolets et la sensation de leurs poids balançant sous ses bras ne sont pas là pour la rendre plus gaie. Elle se sentait tellement plus légère sans eux...

Avant de partir les bras chargés comme pas possible, elle ose tout de même un minimaliste "Merci" à Harvain en suivant l'exemple d'Oromonde, sans l'inclinaison de 45°.

Elle sera absente au prochain entraînement.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 13 Marigar 815 à 16h46
 
Thaïs se saisit des objets un par un, les examine avec de grands yeux ronds, les tourne dans tous les sens. Les porte immédiatement. Tombe en pâmoison devant l'anneau. Agite un instant la baguette.

Elle a passé des heures, des nuits, à infuser ces objets, seule dans sa chambre. Harvain les lui amenait un à un, avec des consignes précises. Des livres spécialisés vinrent aider Thaïs et, malgré quelques ratés vite gommés, l'opération a été un franc succès.

Hormis la balle qui s'est logée dans le mur de la chambre, quand Thaïs a essayé les pistolets en plein nuit, mais Harvain avait par la suite pris grand soin de décharger les armes et d'assommer son élève de mille précautions.

Soudain, une énorme boule d'énergie fuse, frôle Harvain, décoiffe Linsey, lèche l'épaule d'Oromonde pour s'en aller manquer Ter de peu. La pauvre créature s'en va dans les jambes d'Or avec de grands yeux effrayés tandis que Thaïs, comme l'enfant qu'elle est, sautille d'une jambe sur l'autre en claquant des mains. Inconsciente qu'elle a manqué de peu de tuer tout le monde.

Son regard se dirige instinctivement vers les trois billes de bois qui la torturent depuis tant de temps déjà.
Le but serait de les détruire en même temps, en prétextant l'accident...


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Sukra 14 Marigar 815 à 10h37
 
« Thaïs, fais attention ! » reproche Oromonde. Elle récupère le chat dans ses bras et le tend à deux bras devant elle. « Regarde un peu ce que tu as fait ! »

Ter émet un miaulement paniqué.
Sa moustache rejette encore un petit peu de fumé et il a visiblement subit une épilation rapide du dos, conduisant le félin autrefois blanc et désormais cendré non seulement à être gros, à la suite d'ingestions répétées de biscuits pour animaux, mais en plus à être à moitié chauve.

Ter agite une petite papatte fumante devant son minois.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Matal 17 Marigar 815 à 14h47
 
A chaque fois que j’avais un moment de libre, généralement pas très souvent, ou lorsque le sommeil me fuyait, je prenais mon arc et venais m’entrainer à l’abri des regards indiscrets. Je ne voulais pas m’entrainer en même temps que les autres membres de notre petite équipe. Il eut été inconvenant pour un serviteur de s’entrainer en même temps que ses maîtres. Et surtout, je voulais conserver le silence le plus longtemps sur certaines compétences. J’ai beaucoup perdu depuis des années d’oisiveté. Les cours et les leçons très particulières que j’ai suivi pendant mes études au Locus Solus remontaient à trois décennies. J’avais presque tout oublié, aussi bien dans ma mémoire que dans mon corps les longs entrainements douloureusement acquis.

Je me suis frotté plus d’une fois aux lourdes billes de bois que mademoiselle Thaïs détestait. Bien sûr, la grâce, la féminité et autres conseils que je prodiguais ne s’appliquaient pas à moi selon le vieux proverbe « fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Je réapprenais, lentement, douloureusement, les antiques gestes jadis mémorisés. Des mouvements, esquives plus fluides faites pour enchainer une frappe à la gorge ou passer un croc-en-jambe. Ensuite, dans diverses situations, je m’entrainais au tir à l’arc. Tirant de jour, de nuit, sous la pluie, en hauteur, camouflé, de près, de loin, sur une cible en mouvement, j’expédiais peut-être cent ou deux cents fois par séance mes traits plus ou moins proches de la cible. A quelques reprises, une flèche partait chez un voisin, dans un arbre ou suffisamment loin pour que je me rende compte d’une rare maladresse. A d’autres reprises, je me surprenais à toucher le mille, l’œil de la cible avec une précision absolue. Chance et malchance classique supposai-je. Après de longues semaines, je finissais par retrouver les vieux réflexes et gestes mécaniques avec une certaine satisfaction.

Je me souviens de certaines phrases de mon professeur. Au début, on apprenait à tuer de loin. Au fur et à mesure, on se rapprochait de sa cible, le cercle de la mort se rapetissait. La dernière étape était la dague, arme d’excellence, efficace à défaut d’être noble. Mais je n’avais pas suivi cette option pendant mes études. J’avais pris « maîtrise du thé troisième niveau » je crois me souvenir.

Modestement satisfait d’avoir retrouvé mon niveau d’antan au tir à l’arc, je me tournais vers un type tout à fait différent d’entrainement.

Dans l’obscurité de ma chambre sous les combles, je souriais intérieurement.



 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 15 Astawir 815 à 15h53
 
L’aménagement du jardin de la demeure avançait à grands pas. Les travaux étaient presque finis. Je me souviens avoir eu du mal à expliquer aux ouvriers l’origine de ces nombreuses traces de brûlures présentes un peu partout sur la roche et au sol. Je m’en étais sorti avec une pirouette douteuse sur des essais alchimiques d’un invité un peu trop zélé. Pendant cette période où nos entrainements étaient interrompus, chacun vaquaient à ses occupations. Je leur laissai ces quelques vacances, laissant le temps à chacune de mettre ses affaires en ordre et de souffler un peu. Et lorsque j’avais un peu de temps libre, je m’occupais de mon propre entrainement.

Une chose à la fois, je me concentrais sur une matière bien spécifique. Je ressortais de mes armoires les vieux cours et manuels jaunis par les éons. C’était comme si je revivais une deuxième fois mon entrée au Locus Solus. Mes annotations dans la marge, mes ratures, oh même mes anti-sèches, je pensais les avoir perdues. Dans ma minuscule chambre, seul lieu où j’étais sûr de ne pas être dérangé et surtout découvert, je répétais les gestes antiques, les mouvements ancestraux et les techniques apprises dans ce qui fut presque une vie antérieure. Scylla me vienne en aide, trente ans ont passés ! Mais très vite, je me rendis compte que j’étais limité dans mon apprentissage. Il me manquait d’autres manuels d’approfondissement et il me manquait les infrastructures pour m’entrainer convenablement. Je devais y retourner.

Je devais retourner au Locus Solus.

Officiellement, mon excuse à madame d’Ascara était de donner des cours du soir à l’école sur la maîtrise du thé. Oh bien sûr, je n’aime pas mentir, mais je ne me voyais pas dire la vérité. Quant à la fille, j’abordais une autre version : je suivais certains programmes d’amélioration. Sans en préciser la nature. Je n’avais pas non plus envie de trop m’étaler sur ces leçons supplémentaires. En mon absence, le service était assuré par un camarade de promotion digne de confiance.


*** Ambiance ***


En fin d’après-midi, je partais rapidement en direction du sanctuaire de la faille, à son finistère. La végétation y était plus dense, plus sombre, la température baissait un peu sous le feuillage épais. Il n’y avait plus qu’un seul chemin, bien entretenu mais sans fioriture, pavé parfaitement. J’arrivais devant une immense grille en fer forgé, ciselé avec style et élégance. Sur les côtés, les murs de pierre laissaient pousser un lierre réglementairement taillé couvert par quelques tuiles finement agencés. Une étude plus attentive des murs aurait permis de découvrir un système de filins et de poulies ainsi que du fil barbelé légèrement recouvert par la verdure. Sur le médaillon en haut étaient frappés les initiales en or tandis que sur le portique de gauche était fixée une sobre plaque de cuivre :

Locus Solus
Ecole hôtelière




Si seulement les gens savaient… Je souriais en moi-même puis poussait la grille qui s’ouvrit sans le moindre bruit. Devant moi se dressait un chemin de graviers fins bordé par une pelouse tondue avec soin selon une hauteur et une méthode réglementaire. Mon baluchon d’affaire sur l’épaule, je revenais dans ce lieu à nulle autre pareille. Ici, l’agitation fébrile de la ville disparaissait, le calme séculaire n’était jamais troublé même lors des plus grandes périodes de crises. Une institution qui peut regarder l’éternité droit dans les yeux et sourire. Même si je ne voyais personne s’affairer sur les jardins extérieurs, je savais pertinemment que ma présence avait déjà été détectée. Cela fait toujours bien de ne pas paraître surprit quand un visiteur vient à l’improviste. Ça laisse le temps de faire chauffer l’eau du thé.

Tous les soirs pendant un mois, j’emprunterai ce chemin pour apprendre et réapprendre certains arcanes oubliés ou hors programme à l’époque. Car nous n’étions pas formés uniquement à savoir dresser une table ou à repasser des lacets. Nous étions préparés à affronter tout ce que la vie pouvait nous réserver. Et parmi la légion de cours que nous avions à absorber, certains étaient disons…particuliers.



 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Sukra 25 Astawir 815 à 16h59
 
Il était temps. Oh, je ne dis pas que j'étais particulièrement pressé d'aller dans les autres sharss, j'ai passé 5 décennies dans mon Kil'dé et je ne m'en portais pas plus mal... Mais disons que l'accession à cet état de lanyshsta ouvrait les portes de quelques intéressantes possibilités. Et même si nos longs entrainements amateurs étaient surtout pour apprendre à mieux nous connaître (ainsi qu'à canaliser la fouge de mademoiselle Thaïs), ils n'étaient que la théorie nécessaire avant l'inévitable pratique.

Oh bien sûr, j'aurai pu refuser la demande de mademoiselle Thaïs d'aller au Kil'sin en passant par le sol. Nous avons une centaine de kilomètres en territoire complètement abandonné au mieux. Hostile au pire. Les risques sont très élevés. Mais elle insiste et mademoiselle Oromonde semble s'être ralliée à son idée. Qui suis-je pour désobéir ? Sûrement pas un majordome. Alors officiellement, pour madame d'Ascara, il s'agira d'une excursion liée à son statut de commis aux sans destins. Le plus dur était de ne pas avoir le vieux Pujado sur le râble mais une petite tisane laxative bien placée est un argument plutôt efficace. Et tout aussi officiellement, nous voyagerions par des transports conventionnels et sécurisés.

Toutefois, il me fallait tout de même prévoir l'équipement nécessaire pour cette excursion. Hormis le linge et les vêtements, et même si l'excuse d'une expédition en milieu dangereux pourrait éventuellement dispenser d'un certain confort, il été tout de même hors de question de couper sur certains points. En tenant compte des tentes, duvets, torches, eau, rations alimentaires, cordes et autres éléments nécessaires, nous étions déjà bien chargés. Je venais de faire l'acquisition d'un service à thé de voyage. Je ne pouvais pas emporter le complet en porcelaine et la théière en fonte, vous n'y pensiez pas ! A la place, des tasses en fer blanc et quelques sachets de thés. Le plus problématique restait les biscuits secs, combien en prenais-je ?

Mademoiselle Derfùn était actuellement occupée et il était prévu qu'elle nous rejoigne plus tard. Nos séances de préparation à trois portaient principalement sur l'itinéraire à pratiquer et les détails logistiques. Nous étions bien au courant des risques pris. Mais en avions-nous seulement pris la correcte mesure ? Nous nous attendions à rencontrer quelques éléments belliqueux, restait à voir à quel point... Je passais de longues heures à préparer mes propres affaires. J'aurai aimé finir mon cursus d'entrainement au Locus Solus avant de partir. A la place, j'emportais quelques manuels supplémentaires...


*** Ambiance ***


Le jour dit, à l'heure dite, nous nous retrouvions tous les trois devant la porte qui menait vers la route du Kil'sin. L'air était frais, le soleil n'était pas encore levé et les rues désertes. J'avais quitté mon uniforme de fonction, c'était la première fois que j'étais revêtu de la sorte. Les bottes fines étaient sanglées jusqu'aux genoux. Sur les cuisses, à chaque jambe, un étui fermé par une petite languette cachait le contenu. La combinaison de cuir sombre me remontait jusqu'à la nuque et son revêtement rendait mes contours plus vagues. J'étais enroulé dans une cape de soie opaque d'un gris sombre indistinct. Seul le large sac à dos dénotait le ton discret de mon équipement.

Alors que nous étions trois silhouettes immobiles dans l'aube naissante, je prie une profonde inspiration.

En route dis-je mentalement à mes coéquipières.

Selon le plan prévu, j'ouvrais la marche quelques mètres en avance de mademoiselle Thaïs. Mademoiselle Oromonde fermait la marche quelques mètres après.



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