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Ainsi soit-il
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 4 Jangur 815 à 21h39
 
Il existe quelque chose de ténébreux, de fatal et de pourtant très clair, et cela s’appelle l’existence. Maladie incurable, cette dernière a l’étrange propriété de coller à la peau. Parfois, elle est heureuse ; parfois, elle est malheureuse. Le plus souvent, elle est, assez trivialement, un peu des deux – sans que leurs frontières soient facilement discernables. Certains naissent sous de bons Augures ; d’autres croient en la bonne étoile, en la juste configuration mystique de leur avenir. Pour d’autres, il y a comme un pressentiment de désastre, le parfum d’un échec prévenu d’avance et qui arrive pourtant masqué et invisible. Le chemin au fond est tout tracé, et c’est tant mieux. Il n’y a pas plus de liberté qu’entre ces marges bien tracées mais dansantes, sujettes à milles et unes interprétations, ergonomie infinie d’espace de vie jamais totalement clos, jamais totalement ouverts.

Ceci est l’histoire d’un de ces espaces.
Dans ces chemins-là, on fait ce qu’on peut. La vie est un travail qu’il faut faire debout, c’est bien connu. L’Augure discipline le désespoir, arrondit les angles de l’inconnu. Certains les font, la plupart les subissent ; et puis quoi ? On les étudie à la lettre, peut-être en en oubliant le plus grand intérêt : leur perfection. Tous ces rites sont parfaits car ils sont exactement à la mesure des krolannes. Il fallait ces chants, ces desseins, ces écrits, cette politesse étudiée, ces bibliothèques de vie, ces rituels sociaux, pour faire advenir du sens et habiller de dignité l’espèce toute entière. Il y avait ainsi des vêtements pour cacher l’animal, la chair à vif striée de questions, d’idiotie et de misère, muette et sans lumière.

Pour Oromonde, c’est cela, la vérité du dogme. C’est ce sa famille lui a enseigné dès son plus jeune âge : le respect de la marge, l’interprétation des axes. Qu’elle fasse partie des perdants au tirage des Augures, à l’égard de l’ensemble, importe peu. Il faut bien des perdants, il faut bien des désastres.

…Ou plus exactement, importait peu.
Car depuis, il y a l’Eveil, bien sûr, mais surtout, il y a Iolain.

Comment croire que quelque chose de mal puisse jamais advenir, comment ne pas se croire invincible, lorsqu’il est présent à ses côtés, lorsqu’il la regarde enfin, depuis le temps qu’elle ne voit que lui ?
Oromonde est jeune, et inexpérimentée – et puis amourachée comme tendent à l’être les jeunes femmes de son âge. Son cœur se trouble, au fond ravi de cette occasion, enfin, de douter. Et si ses Augures s’étaient trompées ? Et si elle était vouée à aimer, et à être aimée en retour – contrairement à la lapidaire prophétie qui affirme le contraire ? Elle n’en demanderait pas plus. Elle qui n’est personne – petite main des petites mains-, non, elle n’en demanderait vraiment pas plus. Juste cela. Croire en quelque chose de plus que la tristesse sordide des prédictions faites sur son avenir. Tout n’est-il pas possible à ceux qui osent ? C’est ce qu’ils disent dans les livres. Bon. En ce cas, elle ose. Auprès des lanyshtas, ses petites pointes d’audace ne l’ont après tout pas desservi. Le chemin n’est peut-être pas tout tracé.

« « - Tu es occupée ce soir ?
- Je vais travailler à l’Hermine. Il faut que je finisse mon cursus.
- Ah, oui, ce fameux cursus.
- …Je finis mon service à vingt-deux heures trente. Tu peux venir, si tu veux.
- Je passerai. »

»

Son coude la démange et la tire de ses rêveries. Sans doute encore une brûlure qu’elle s’est faite à force de manipuler les plats fumants de l’Hermine. Un autre commis la regarde en biais et constate, incrédule :

« -…Tu t’es maquillée ? Si Harvain voit ça… ! »

Elle rougit et baisse le nez dans la sauce béchamel qu’elle est en train de préparer pour le cuistot. Son cœur bat vraiment très vite. L’horloge l’impatiente terriblement. Tout devient difficile à supporter – et ces fichues démangeaisons qui reprennent ! Tout le monde la regarde bizarrement, elle en est certaine. Le rouge à lèvres a dû couler. Elle est trop grande, trop dégingandée. Ça ne marchera jamais. Tout son corps lui renvoie une impression de conscience accrue. Elle se sent trop : sent trop ses muscles, ses gestes, sa voix – un peu trop grave pour une fille, non ? Ou alors trop aigue… ?

Quelque chose ne va pas ce soir, elle s’en rend compte.
Finalement, son service se termine. Elle se précipite à l’extérieur, son manteau rouge autour d’elle, et guette l’arrivée d’Iolain. Il arrive un peu en retard, ce qui la vexe, mais lui dit :
« Tu es superbe ce soir. », ce qui la bouleverse.
Elle ne se rend pas compte que le compliment est générique et ferme les yeux. Elle n’arrive pas à croire que c’est en train d’arriver. Il lui semble que son rire est très faux ce soir.

« « Or, est-ce-que ça va ? »
»
Elle rouvre les yeux. Elle est, de toute évidence, dans la chambre d’Iolain. Elle ne sait pas trop comment elle a atterri là, par contre, mais un très fort arrière-goût d’alcool lui donne quelques pistes sur la question. Le ton de la question est pressant. Elle ne se rend pas compte non plus qu’il ne s’agit pas d’inquiétude mais d’alarme.
« -Hmmm ? » Beurk. Sa gorge est pâteuse.
« - Ton bras ! Il vient juste de…de… »
Elle baisse les yeux. Son bras droit, effectivement, pulse.
Iolain la regarde avec un air qui va du perplexe à l’affolé, et il recule prudemment.

« - Ce ne sont pas des brûlures », souffle-t-il. « Ce n’était pas comme ça avant. »

Elle ne comprend pas de quoi il parle. Elle se redresse. La tête lui tourne. Les éléments de la soirée lui reviennent progressivement en mémoire. Par Scylla…elle va être en retard à l’atelier de Li Yun ! Et c’est quoi, ce...truc…au bout de ses doigts ?
Et ces tâches cendrées le long de sa peau, qui semblent pulser en rythme avec …
Avec quoi ? Une lumière ? Une onde ? En tout cas, ça pétille et semble réagir à sa prise de conscience, se calquer sur le rythme de son cœur – qui s’affole, évidemment.
En un éclair, elle se rappelle Thaïs se décomposait et la tasse de thé explosait sous sa main. Elle se rappelle les flammes venant de ses mains et les rumeurs qui courent sur les lanyshtas. C’est vrai qu’elle se sentait bizarre hier, un peu comme lors de ses premiers rêves. Est-ce possible que…mais elle ne se rappelle de rien !

« Attends, Iolain, ce n’est probablement rien », mais elle sait aussitôt que sa voix qu’elle voulait réconfortante trahit son affolement. Les Augures lui reviennent en mémoire. Peut-être qu’elles avaient raison. Elle sent sa respiration s’accélérer alors qu’elle panique : est-ce-qu’il a compris ? Et bon sang, qu’est-ce-qu’elle a bien pu boire hier ? Tout est très flou.
Qu'est-ce-qu'il se passe ?

« « - ‘Probablement rien’ ? Je n’ai jamais vu quelqu’un faire ça ! Je peux t’assurer que ça n’a rien de normal !
- Calme-toi !
- Me calmer ? Tu t’es vue dernièrement ?!
- Attends… ! »
»


Iolain la repousse et sort du lit, se dirigeant vers ses affaires posées sur sa chaise dans l’intention visible de sortir. Oromonde se lève, titube, et tend le bras pour le retenir.

« - Je peux tout expliquer… ! » fait-elle, paniquée et sur la défensive.

La décharge magique qui s’était éveillée le long de son corps, sous l’effet de la peur qui saisit la jeune lanyshta, part d’un seul coup vers le jeune homme qui lui tourne le dos.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
MJ 1
 
Maître de Jeu
 
Le Luang 5 Jangur 815 à 07h48
 
La krolane ressent...

Comme un relâchement. Une libération.
Un barrage vient de céder...

La vibration part de l'épaule, s'amplifie dans le bras. Au passage du coude, goulot d'étranglement du torrent qui se déchaine, elle se ramasse, se comprime. La puissance devient violence : l'onde de choc est si brutale qu'elle manque briser le poignet d'Oromonde ! Puis elle jaillit, sort brutalement - et douloureusement - de sa paume et, dans un claquement de fouet, vient percuter la nuque de Iolain.

Le jeune homme pousse un cri, un seul. Mais il est terrible ! Tout y est : la peur, l'horreur, l'incompréhension et, par-dessus tout, le désespoir d'une mort annoncée. En une fraction de seconde, il sait - ils savent - qu'il va mourir...

Et de fait, il meurt. Puis il s'affale, mollement. Comme foudroyé.
Iolain semble intact, au premier regard...
Intact, mais mort.

Le cri du krolane résonne encore dans les oreilles d'Oromonde lorsqu'on tambourine soudain à la porte. Une voix rauque braille à travers le bois :


- Eho ! Il se passe quoi, là-dedans ? Qui a hurlé ?

La jeune femme se reprend et... et réalise soudain, effarée, qu'elle s'est trompée :
Ce n'est pas la chambre de Iolain !!

Elle lui ressemble, mais... nul doute n'est permis : toutes sortes de détails, qu'elle n'avait pas noté, lui sautent au yeux. Bien qu'elle reconnaisse certaines de ses affaires, la lanystha n'est pas chez Iolain !
Pire :

Elle ne sait pas où elle est...

 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Luang 5 Jangur 815 à 15h38
 
Son cœur doit être de cristal, car quelque chose a explosé en elle en ne laissant rien derrière lui.

On peut difficilement se représenter tout ce qui se passe sous la caboche d’Oromonde à ce moment-là, mais on peut supposer que ce n’est pas très joli à voir. Le visage distordu dans une expression de choc et d’horreur palpable, la krolanne porte la main à la bouche pour retenir un cri étouffé, qui s’échappe psychiquement. Ses jambes sont soudainement très faibles et elle titube à nouveau. Son regard ne se décroche pas de ce corps affalé mais parfait, à qui il ne manque que l’illusion de la respiration pour être vivant. Ça, oui, et cette chose, dans les yeux, qui fait qu’un être vivant est vivant.

Ce n’est pas possible. Ce n’est pas arrivé. Ce n’est pas possible.

Elle a vaguement conscience du tambourinement à la porte et la voix de l’inconnu le fait sursauter. Elle prie silencieusement pour que cette personne s’en aille, la laisse seule avec le corps d’Iolain, la laisse comprendre ce qui vient de se produire. Ce corps qu’elle aime et qui n’est déjà plus que ça : un corps, ce qui est horrible, ineffable. Mais quelque chose d’instinctif lui signifie que ça n’arrivera pas : le cri était trop fort, trop perçant, ils vont comprendre, et tout cela ne finira pas bien pour elle. Elle ne l’a pas tué, bien sûr. Ou peut-être que si. Mais ce n’était pas ce qu’elle voulait.
Il lui en vient en tête que c’est probablement ce que se disent la plupart des meurtriers au monde. Avec effort, elle arrache ses yeux du visage si désespérément désiré, et balaie rapidement la pièce. Qui peut bien être à la porte ? La chambre d’Iolain…ne ressemble pas à la chambre d’Iolain. La fenêtre n’est pas au bon endroit, et la rue n’est pas la même. Pourtant, elle reconnait le mobilier et la décoration. Où a-t-elle fini ?

Oromonde se rend à peine compte de l’étrangeté de la situation, obnubilée qu’elle est par cet espace mort. On frappe encore à la porte. Elle passe les bras sous les aisselles d’Iolain pour redresser le corps, sachant bien qu’elle n’arrivera pas à le traîner jusqu’au lit d’ici à ce que cet inconnu saccage la porte.

S’en débarrasser. Voilà. Elle doit se débarrasser de cet inconnu rapidement, pour pouvoir revenir à ce cadavre, comprendre ce qui a dû se passer, ce qui cloche, le ranimer peut-être. Il devait y avoir une erreur et avec assez de temps, elle pourrait la trouver. Du temps, voilà ce qu’il lui faut.

Elle va en tremblant jusqu’à la porte, hésitant. Serait-elle dans une auberge, peut-être ? Ce serait bizarre. Elle ne se rappelle de rien. Elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas quoi dire. Pitié : elle n’est qu’une petite main de Li Yun, une commis de cuisine de l’Hermine, une fille des Fissures ! Malgré sa panique, aucune larme ne lui vient : le choc est trop important, elle est asséchée et vide.

Elle entrouvre la porte, fait juste dépasser la tête. Elle est conscience de ne pas être vêtue et espère que la pudeur retiendra le personnage de forcer le passage. Elle est certaine qu’on ne peut pas voir Iolain…ou en tout cas, pas d’assez près pour noter son état. Elle espère.
Elle ne sait pas pourquoi, mais elle dit la première chose qui lui passe en tête :
« Mon…compagnon…et moi nous excusons pour le dérangement. Nous ne voulions pas être aussi… » Elle rougit, ce qui n’est pas très difficile à réaliser dans son état. Elle se sent fébrile. Elle ne sait pas quoi rajouter de plus, aussi poursuit-elle aveuglément dans sa lancée, comme on va à l’échafaud : « Nous allions sortir. Connaîtriez-vous un endroit où il est possible de prendre un petit déjeuner à proximité ? »



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
MJ 1
 
Maître de Jeu
 
Le Matal 6 Jangur 815 à 07h10
 
Le tambourineur de porte, un gros krolane entre deux âges, lève un sourcil soupçonneux puis regarde la travailleuse d'un air peu amène :

- M'ouais... votre bel étalon ferait mieux de se calmer, il ne s'est pas fait que des amis parmi la clientèle de l'hôtel. Môssieur Iolain met moins d'ardeur à effacer son ardoise, d'ailleurs ! Dites-lui donc de régler ce qu'il me doit en descendant : mes augures sont très clairs et n'en déplaise à votre ami, aucun n'annonce ma ruine prochaine ! Je ne bouge pas de la réception, il ne peut pas me manquer...

C'est ça, où il n'est pas prêt de revoir ce qu'il a mis au coffre !


Le ventripotent personnage tente de regarder par-dessus l'épaule d'Oromonde, apparemment sans succès, avant de conclure :

- Pour casser la croûte, vous pouvez le faire à la brasserie de l'hôtel. C'est pas du quatre étoiles, mais pour le prix, c'est très correct. Et si vous réglez la note, mademoiselle, je vous offre même le digestif.

Puis, plus bas :

- Ce ne sont pas mes oignons, mais... vous méritez mieux qu'ce gars. Sur ce...

L'homme se fend d'un bref salut

- Bonne journée.

Puis il s'éloigne...

 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 6 Jangur 815 à 16h45
 
Oromonde manque craquer et se mettre à rire de désespoir avant la fin du discours de l’hôtelier, mais fort heureusement elle parvient à se retenir. Elle tâche de forcer un sourire poli et ferme doucement la porte derrière le krolanne, guettant l’éloignement progressif de ses bruits de pas.

Un hôtel ? Une ardoise ? Et ailleurs que dans les Fissures ? Bon sang, si ça s’était su dans son quartier natal… ! Mais peut-être que ça se savait, d’ailleurs. Ses frères avaient toujours eu une aversion marquée pour le goût qu’elle avait pris à la présence d’Iolain, et ce, toute jeune déjà.

Sa première action est de retourner près du corps et, tant bien que mal, de le coucher dans le lit. Bien qu’elle travaille depuis l’adolescence et n’ait pas hérité des tâches les plus faciles, Oromonde n’est non plus une experte soignante, et Iolain représente un beau poids mort de peut-être quatre-vingt kilos. D’autant plus qu’elle souhaite rester discrète et qu’elle est prise de crises de tremblements.
Elle finit néanmoins par y parvenir, et reste un moment immobile, assise auprès du cadavre, à en regarder l’expression confuse. Il n’avait vraiment rien vu venir. Elle non plus. Elle se demande si elle va pleurer, mais rien ne lui vient. A la place, elle se penche pour embrasser le mort ; les lèvres sont encore chaudes, mais le manque désespérant de tension crie à l’imposture, sans parler de l’ouverture mécanique de la bouche. Ce n’est juste pas…correct. Elle pose un instant sa tête contre la sienne, et, contre toute raison, s’excuse : « Je suis désolée, Iolain. Terriblement désolée. » Elle le recouvre pudiquement du drap. Les gens ont raison. Les morts ressemblent à des dormeurs.

Au bout d’un moment, la question de quoi faire du corps se pose à elle. L’hôtelier, de toute façon, reviendra si elle reste ici à se lamenter ; ne serait-ce que pour récupérer ses hyalins, voir accompagner de représentants de la Défense. Elle songe aussitôt à en appeler à l’aide de Thaïs et d’Harvain. Les deux lanyshtas ont l’air plus débrouillard qu’elle, et surtout, surtout, elle a terriblement besoin d’une aide. D’ailleurs, elle sent l’esprit de Thaïs qui tente de rentrer en contact avec le sien. Elle hésite, va pour lui répondre, pour les appeler…et puis se demande : si elle fait cela, comment l’aideront-ils exactement ? En tant que lanyshtas, ils pourraient vouloir se débarrasser des preuves. Mais ils deviendraient complices par extension. En tant que krolannes, ils pourraient très bien la passer en justice. C’est après tout ce qu’elle mérite. Enfin…elle ne pense pas qu’ils se résoudraient à cette solution. Elle fait trop confiance à Thaïs et Harvain. Ou, plus exactement, à l’amitié de Thaïs et au professionnalisme secret d’Harvain.
En même temps, ce sont justement des lanyshtas ainsi que ses amis...ils sont concernés par ses actions, ne serait-ce que parce qu'ils sont rattachés au même groupe.
Oui, mais ils ne connaissent pas Iolain, et que deviendrait-elle à leurs yeux ? Une tueuse, pire : une assistée ? Une enfant bégayant de ses pouvoirs ?
Mais si cela doit se reproduire ? Si, d'une façon ou d'une autre, elle avait muté différemment...? Elle n'avait rien su contrôler plutôt. Et les tâches grises sur son corps sont toujours présentes, marque d'une étrange maladie.

Bref, cette interrogation est une impasse pour le moment et lui fait perdre du temps. Elle n’est pas encore en mesure de se décider. Autant chercher à s’occuper à quelque chose d’utile. D'ici là, peut-être qu'elle saura mieux comment présenter la situation.

Elle décide donc de commencer à fouiller la pièce et ses affaires, à la recherche d’indices sur sa localisation et ce qui a pu se passer hier soir.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
MJ 1
 
Maître de Jeu
 
Le Merakih 7 Jangur 815 à 14h05
 
Plus la jeune femme s'intéresse à la chambre qu'elle occupe, plus elle se rend compte que Iolain l'habitait, ne fut-ce que provisoirement, depuis plusieurs semaines ou mois : il avait apporté ou racheté plusieurs de ses affaires ordinaires - vêtements dans la penderie, chaussures, jusqu'aux couvre-lit, tapis de couleurs vives et petits éléments de décoration - et aménagé les lieux de façon très personnelle.

Oromonde se persuade vite que son ex-ami, s'il menait ici une sorte de double vie, demeurait seul : rien ne laisse accroire qu'il y recevait qui que ce soit, si ce n'est ponctuellement. Il n'y a qu'un siège, qu'une paire de pantoufles, qu'un pyjama et plus globalement, qu'un seul "set de survie" pour jeune mâle adulte. Il est notamment évident qu'aucune femme ne fréquentait les lieux : dans le cas contraire, une foultitude de détails en témoignerait.

C'est dans le tiroir du rabattant de la commode - qui peut donc se changer en bureau d'appoint - que la lanystha découvre deux éléments troublants...

Le premier est une clef, petite mais de forme complexe, manifestement conçue pour une serrure de bonne qualité. Dessus est inscrit un numéro : 127.

Le second est un carnet dont la plupart des pages sont noircies. C'est un petit livre de compte : il indique qu'un produit - non précisé - est récupéré le matin et redistribué le soir, chaque Merakhi...


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 8 Jangur 815 à 16h45
 
C’est vraiment étrange. Elle n’aurait pas du tout pensé qu’Iolain aurait ainsi dissimulé une quelconque double-vie. Elle n’arrive même pas à voir pourquoi il en aurait besoin : tout paraissait lui réussir, surtout les filles. Pourquoi cet endroit, en ce cas ? Et ce carnet ? Verserait-il dans la contrebande ? Ce serait la seule raison pour laquelle quelqu’un voudrait noircir les pages de son livre de compte, si tant est que c’en est un. Mais pourquoi le garder dans un endroit si accessible, s’il est si secret ? Après tout, certains garçons des Fissures étaient connus pour leur recel et revente. Mais ils n’avaient pas vraiment la même carrure qu’Iolain. Lui paraissait si complètement…insouciant. Prenez Lucien, par exemple, un bon homme d'affaires comme on n'en fait plus. Lucien était organisé, il avait de la classe, un costume, il mangeait à l'Hermine de temps à autres, et il laissait toujours passer les vieilles dames devant lui. Iolain...Iolain semblait juste là pour s'amuser.

Elle devrait sans doute laisser l’affaire là, changer d’identité, s’enfuir, faire quelque chose. Que faisaient-ils, dans les livres, dans ce type de situation ? Bizarrement, le Club des Quatre, Cantatère de l’enfance d’Oromonde, n’avait jamais parlé de ça.

Mais le poids de la clé dans sa main, elle en prend conscience, va la retenir, devenir une idée obtuse et confuse dans sa tête. Une monomanie. Elle ne connaissait rien d’Iolain, or c’est sa faute s’il est mort. Sans doute doit-elle au moins atténuer ce crime en cherchant à en savoir plus. Sinon, cela ne rimerait vraiment…à rien. Et il est impossible, impensable, que la vie n’ait pas un ordre…n’est-ce-pas ?
Bon. Elle a pris sa décision. Rassemblant ses propres affaires, elle se vêtit lentement, observant le visage comme endormi du jeune homme dans son lit avec attention. Elle glisse la clé et le carnet dans ses poches, et plie soigneusement son foulard pour en faire un voile qu’elle pose sur ses cheveux, comme le font les filles des beaux quartiers qui font les étals au Bazar de Thün. Elle se décide à en appeler au secours d’Harvain et de Thaïs, ou tout du moins à les prévenir de la situation, la mort, littéralement, dans l’âme. Advienne que pourra :

Citation :
Harvain, Thaïs,
Je ne sais comment vous formuler cela. Vous êtes des personnes qui me sont chères et surtout, vous êtes des lanyshtas du Kil’Dé.
J’ai commis une terrible erreur. Un krolanne est mort….


La pensée perd son fil froid et méthodique quelques secondes, hoquète.
Je ne sais pas où je suis…et je ne me rappelle de rien. Mon corps…mon corps change et il semblerait que…je ne sais pas. Ça doit être lié à l’évolution lanyshta. J’étais si heureuse d’être lanyshta. Maintenant, je souhaiterais que cela ne soit jamais arrivé.
Je crois être dans un hôtel. Apparemment, le krolanne avait un coffre et…des livraisons à effectuer. Je vais essayer d’accéder au moins au coffre et de savoir où je suis.
Je ne sais pas quand ils finiront par trouver le corps et remonter jusqu’à moi.
Je ne vous demande pas de prendre parti. Mesurez sagement les conséquences de ce que vous ferez de cette pensée. Mais soyez au moins informé.


Elle observe une nouvelle fois la fenêtre et, sur un coup de tête, décide de l’ouvrir et de coincer l’ouverture avec un tissu, afin de pouvoir la reconnaître de l’extérieur si elle décide de faire un tour du quartier ou doit s’absenter. Le regard dans le vague, elle se sent momentanément prise de vertige. Qu’est-ce-qu’elle va bien pouvoir faire ? Qu’est-ce-qu’elle va devenir, maintenant ? C’était une erreur. Ça n’aurait jamais dû arriver...elle ferait peut-être mieux de se dénoncer maintenant. C’est que son père et sa mère auraient fait. Eux avaient été intègres jusqu’au bout, jusqu’à leur suicide annoncé. Eux avaient été des caricatures de l’éthique, des chevaliers de la table rase. Elle…elle était lâche, flexible, discrète. Et foutue.

Elle peine à reprendre le contrôle de ses émotions, réprouve un frisson.

Aveuglément, comme lancée sur une piste mécanique dont elle ne sait s’échapper, Oromonde ravale sa peur et va jusqu’à la porte qu’elle ouvre franchement. S’il est possible de la verrouiller derrière elle, elle le fait, sans quoi elle se contente d’errer dans le bâtiment jusqu’à trouver l’hôtelier.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Julung 8 Jangur 815 à 17h13
 
La pensée de retour est surprise. Disons... quelques secondes. Puis très vite une sorte... d'excitation, de fébrilité prend le dessus. L'esprit semble essayer d'embrasser d’innombrables paramètres, s'emballe.

Pas un instant il ne rejette ou accuse.
Tout au contraire se jette-t-il dans le problème comme s'il s'agissait du sien.


Citation :
Ah. Oh. Eh bien...

Un krolanne que vous connaissiez ? Quelqu'un de votre famille ?


Instant de candeur suspendu avant que Thaïs ne rejoigne la première évidence, piste la plus probable lorsqu'au petit jour une amie vous contacte pour vous annoncer qu'elle est avec un cadavre de mâle, seule, dans un hôtel.

Thaïs continue comme si de rien n'était -pas du genre à juger pour un sou :


Citation :
Quelqu'un vous a vu être avec lui ? Avez-vous laissé des... traces ?

Mais... Vous l'avez tué comment ? Je suppose que c'est avec vos pouvoirs lanyshstas, car je pense que si vous l'aviez simplement poignardé ç'aurait été tout autre chose..


Un instant de réflexion. Si Oromonde peut tuer, elle qui semble si inoffensive et sans don déclaré pour les magies destructrices, quel était le potentiel destructeur de la Noxamancienne ? Un frisson d'ivresse semble parcourir la pensée. Puis se reprend :


Citation :
Faites très attention, Oromonde. Ne laissez pas plus d'indices et de preuves que déjà semés.

Comment vous rejoindre ? Dites-nous vite. Donnez-nous tous les détails sur votre environnement. Hôtel de luxe ? Dans quel Quartier -n'y a t'il pas une fenêtre pour vous repérer ?

Je prépare des perruques. Des vêtements. De l'argent.
De quoi faire un feu ?

On va vous sortir de là.


Alors oui, là, sur ces mots, les gens ont tendance à imaginer un groupe de travestis avec d'énormes perruques blondes sur la tête sortant d'un bâtiment en feu dans une immense apocalypse, mais nul doute que Thaïs fourmille de plans plus fins les uns que les autres pour arranger tout ceci.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 8 Jangur 815 à 17h45
 
J’émerge lentement de mon sommeil ! Scylla que je déteste être réveillé en pleine nuit ! Qui ose à cette heu…

Oh.

Allons bon. A peine j’entends les deux premières phrases que je sors du lit. J’enfile mes vêtements habituels tout en me disant que ce n’est pas forcément la meilleure solution compte tenu de la discrétion qui sera probablement requise. En parlant de discrétion… Je m’agenouille devant mon lit pour en tirer de dessous un paquet sombre. Je le regarde un instant, je soupire. Las.

J’entends son message. Pauvre petite. Je lui réponds avec fermeté, essayer de la raccrocher à quelque chose de concret, de solide.

Quelques minutes viennent de passer. Je suis prêt. Dans le hall d’entrée de la demeure, une sacoche de cuir noir à mes pieds tandis que je tiens dans la main un long cylindre.



MJ 1
 
Maître de Jeu
 
Le Sukra 10 Jangur 815 à 23h37
 
Il est tout à fait possible de verrouiller la porte derrière soi en sortant : le contraire est même difficile puisqu'elle se verrouille automatiquement à la fermeture, l'occupant étant sensé prendre sa clef s'il compte revenir, à moins qu'il ne la laisse à l'accueil.

En l'occurrence, Oromonde a le choix puisqu'elle découvre en sortant qu'un numéro est écrit sur son perron : 127... elle en déduit fort logiquement que la clef découverte dans la commode - clef qu'Iolain a certainement déposé là en entrant, peut-être parce qu'il ne souhaitait pas que la jeune femme la voit - est celle de la chambre 127, celle qu'elle vient de quitter. Le mystère de le clef, fort modeste, est provisoirement résolu...

Qu'elle l'ai avec elle ou non, Oromonde ne peut sortir de l'hôtel sans descendre les cinq étages menant à la réception et donc, sans passer devant le guichet de l'hôtel où son propriétaire - l'homme dodu qu'elle a entrevu une demi-heure auparavant. Par conséquent, elle n'a aucun mal à le trouver.

Lorsqu'il voit la jeune lanystha apparaitre dans le hall et s'avancer vers lui, l’hôtelier se fend d'un sourire plus commercial qu'à sa première apparition et l'accueille de quelques mots aimables :


- Bonjour, mademoiselle. Désirez-vous prendre votre petit déjeuner ? Votre ami se joindra-t-il à vous ?

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 12 Jangur 815 à 14h37
 
Thaïs rejoint Harvain quelques minutes plus tard. Enfin « Thaïs » est un grand mot : en l’occurrence il s’agit d’une jeune fille en robe bleue, fausse poitrine en avant, avec une impressionnante perruque rousse vissée sur la tête –mer de boucles qui lui mange la moitié du visage.
La d’Ascara se contente d’un :


Un cadeau. Mère trouve que ça fait… vulgaire.

Au moins est-elle difficile à reconnaître...

L’adolescente a sur son dos un sac bien rempli. Elle invite Harvain à la suivre. Ils sortent rapidement des beaux quartiers, arrêtent un cocher, s’engouffrent dans la voiture et filent vers les Fissures. A la recherche, un peu aveugle pour l’instant, d’Oromonde.



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 13 Jangur 815 à 12h20
 
Autant pour sa carrière d’enquêtrice, songe Oromonde avec un bref sourire un peu psychotique en observant le numéro de la porte.
Elle trouve assez facilement l’hôtelier, et, encore une fois, se demande bien ce qu’elle fiche là et ce qu’elle va bien pouvoir raconter. Heureusement, Harvain et Thaïs l’abreuvent de pensées ré-assurantes, c'est-à-dire que Thaïs lui communique une partie de sa fougue naturelle et qu’Harvain lui demande de citer explicitement un paragraphe du code déontologique des majordomes. Alors que son esprit, perplexe, se concentre sur la question, elle s’entend répondre :

« Je prendrais un petit-déjeuner léger, merci bien. Avec du café bien chaud. Pour le moment, seule. » Désagréable. Elle secoue la tête. « Encore navrée du dérangement. Je vous dédommagerai.
Au fait, vous devez mieux connaître le quartier que moi : pourriez-vous m’indiquer quel est le chemin le plus rapide d’ici au Parvis ? »



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
MJ 1
 
Maître de Jeu
 
Le Merakih 14 Jangur 815 à 08h47
 
Le bonhomme lève une main en signe d'apaisement. Manifestement, sa mauvaise humeur matinale a cédé face aux codes sociaux de son travail d'hôtelier :

- Pas de soucis, n'en parlons plus. Installez-vous en salle, ma fille va vous préparer un déjeuner et un bon café chaud. Si vous ou monsieur Iolain avez laissé des affaires dans la chambre, des affaires que vous souhaitez prendre avec vous en partant, pensez à le faire avant midi ou après deux heures : c'est dans cet intervalle de temps que le personnel de ménage fait son travail. Sinon, pour ce qui est du meilleur moyen de trouver votre chemin dans les environs...

Il désigne un présentoir disposé près de son guichet, à portée de main d'Oromonde :

- ...le plus simple est de consulter le plan. Ici, dans le quartier des parapets, il n'y a - à ma connaissance - qu'un seul hôtel, et vous y êtes. Autrefois, cet établissement était un foyer d'ouvriers sous contrats du kil' : les autorités en avaient la gestion et la propriété. La plupart des emplois manufacturés étant désormais sous la responsabilité de personnes privées, un tel endroit n'a plus de raison d'être ; il a été vendu à mon grand-père qui en a fait un restaurant bon marché, puis un hôtel lorsque ses finances lui ont permis d'investir dans des travaux...

Sur ce, le krolane sourit aimablement et sauf prolongation de la conversation, se (re)plonge dans son livre de compte.

 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 14 Jangur 815 à 12h55
 
Oromonde hoche la tête, pas d’humeur très bavarde.

« Merci. »

Avant midi, alors. Mais quelle heure peut-il bien être ? On est en matinée, c’est certain ; mais il lui est impossible de retrouver la temporalité exacte. D’ordinaire, elle se lève avant l’aube, pour prendre un petit déjeuner constitué de pain sec et de lait chaud, avant de courir à l’atelier où elle passe plusieurs heures à obéir aux exigences capricieuses de Li Yun. Ensuite, elle s’endort généralement dans l’après-midi avant de filer à l’Hermine, où elle révise ses cours du Locus Solus donnés par Harvain avant de les mettre en pratique lors du service du soir. Cela lui fait bizarre de ne pas parvenir à se retrouver dans la journée.

Elle s’arrête brièvement devant la carte avant de s’installer, et entre en communication avec Harvain et Thaïs pour leur transmettre ces informations.
Citation :

Harvain, Thaïs,
Je me trouve dans un hôtel du Quartier des Parapets. J’ai une carte sous les yeux, je peux vous donner le chemin le plus rapide depuis votre localisation.
Il faut impérativement s’être débarrassé du corps avant midi. Le personnel de ménage effectue sa tournée entre midi et deux heures. J’ai la clé de la chambre. La fenêtre est ouverte – la chambre se trouve au cinquième étage. Harvain, en tant que majordome, vous avez une idée du fonctionnement des tournées dans ce genre d’endroits ? Déjà entendu parler de l’hôtel ?
Quelle heure est-il ?


Une fois terminée, elle s’installe silencieusement, perdue dans ses pensées. Si le café intervient comme le breuvage de la salvation, elle peine, par contre, à manger.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 14 Jangur 815 à 13h20
 
La pensée d'Oromonde est attrapée au vol, bue, décortiquée sans attendre. Les yeux verts de Thaïs s'élargissent. Elle passe la tête par la fenêtre, hurle au conducteur de piquer vers l'hôtel des Parapets -elle ne sait pas s'il y en a plusieurs, mais au moins ça donnera une direction globale. Demande à Oromonde une image mentale du plan -elle sait cela possible, avec de la concentration. C'est le moment ou jamais de faire des prouesses.
Ajuste la course en fonction.

Dans l'opération elle mange la moitié de ses faux cheveux, manque de perdre sa perruque, jure, commence à s'enfoncer frénétiquement des épingles dans le crâne pour faire tenir le tout.

Les deux compères précisent l'heure à leur amie. Calculent le temps qu'il leur reste pour agir.

Que faire ? Oromonde semble s'être révélée, il faut donc faire disparaître le corps de l'hôtel. Comment ? Pour en faire quoi ?
Ils étaient dans un sacré pétrin. Notons qu'à aucun moment Thaïs ne considère la situation comme plus le problème d'Oromonde que le sien. Ils sont dans le même bateau.

Qu'aurait fait sa mère, maman d'Ascara ? Elle aurait sûrement exigé de son mari qu'il achète l'hôtel séance tenante en un caprice mémorable. Puis qu'il le détruise aussitôt. Hors de propos.
Et son père ? Il aurait expliqué tout ça calmement aux autorités. Thaïs voit la scène d'ici "les lanyshstas ne sont pas dangereux mais il leur arrive parfois de tuer une ou deux personnes, comme ça, sans faire exprès".
Lymiria ? Ah, Lymiria. Thaïs soupire. Commence à tortiller une boucle rousse en pensant à sa belle amie. Son sourire. Son parfum. Son petit rire comme autant de clochettes. Ses pieds graciles comme...

Ce n'est sans doute qu'un toussotement poli mais réprobateur d'Harvain qui la tire de sa rêverie. Thaïs l'interroge du regard.
Quel plan adopter ?


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 14 Jangur 815 à 18h50
 
Allons bon. Voyons… Les cours du Locus Solus nous préparent à un ensemble assez vaste de situations mais rarement jusqu’à de telles extrémités. Je savais que j’aurai du prendre l’option « situations d’urgence – troisième niveau » à la place de « guipure ancienne », je le savais ! Pas le temps de contacter un camarade de promo. Parapets, parapets, parapets….je ne connais personne qui travaille aux parapets, sauf dans quelques restaurants peut-être… Scylla me vienne en aide, j’ai 55 ans et il y a encore des choses que j’apprends, si ce n’est pas malheureux…

Voyons…


L’orthodoxie hôtelière prévoit que les plus belles chambres soient aux étages supérieurs lorsque l’hôtel est muni d’un ascenseur afin d’assurer la meilleure vue aux clients aisés. Le cas inverse, les meilleures chambres seront un premier étage. Le service de chambre commencera par les chambres supérieures pour finir par les chambres de premier prix sauf s’il y a suffisamment de personnel pour traiter plusieurs étages en même temps.

Et encore, je parle pour un hôtel d’un certain standing. Pour les autres, c’est plus flou…

Sur quoi donne votre fenêtre ? Cour intérieure, voie piétonne, artère principale ?

Sortir un corps par la fenêtre ? Du cinquième étage ? De nuit, je ne dis pas, avec une bonne corde. Mais en plein jour…

Il est impensable de laisser le corps dans la chambre même bien caché. Le personnel fouille toujours très bien dans l’espoir de récupérer des objets oubliés des précédents clients.

Il faut le faire sortir. Par la porte de la chambre.

Mademoiselle Oromonde, regardez s’il y a un ascenseur pour les clients et éventuellement un monte-charge pour le personnel. Cherchez à votre étage s’il y a un local pour le personnel de ménage, certains hôtels utilisent des chariots avec serviettes, draps, poubelles, produits… Peut-être en ont-ils de suffisamment grands.

Je coupe la discussion télépathique. Dans la voiture, je regarde mademoiselle Thaïs.

*** Ambiance ***


Pour l’instant, mademoiselle Oromonde n’a pas besoin de connaître le reste des détails.

Le plan A sera de le faire sortir, caché d’une façon ou d’une autre par la porte, pendant qu’il n’y a personne dans le couloir, prétexter une chute dans l’escalier. Rupture de la nuque, plaie à la tête, un accident regrettable mais qui peut arriver quand on est ivre. Le patron de l’hôtel ne devrait pas chercher à faire d’histoire, mauvaise publicité, pas bon pour les affaires. Ou prétexter une perte sévère de connaissance, c’est un membre de votre illustre famille, vous l’emmenez chez votre docteur personnel, énervez-vous, inspirez-vous de madame votre mère dans cette situation.

Le plan B, que je préfère éviter… Vous arrivez à l’hôtel, vous vous arrangez pour occuper le propriétaire, faites un caprice, demandez des œufs sur le plat ou brouillés ou à la coque, demandez-lui de vous emmener au restaurant de l’hôtel… En bref, retenez au mieux son attention, si possible qu’il quitte son poste. L’accueil est souvent face à l’entrée, à côté des escaliers ou ascenseurs, proche des parties communes pour mieux surveiller et gérer les allers et venues des clients. Pendant ce temps, je m’arrange pour être discret et que personne me remarque, je vais dans cette chambre, mademoiselle Oromonde ferme la porte. J’attends qu’elle vous rejoigne au restaurant bien en vue de tout le monde.


Un toussotement. Se camoufler une nuit sans lune est une chose, mais en plein jour, ça s'annonce délicat...

Je rédige une lettre d’adieu expiant mes erreurs et implorant le pardon de mes proches. Puis je fais passer par la fenêtre notre ami. Du haut de cinq étages, les dégâts seront tellement importants qu’on ne verra pas la source réelle du décès. Pendant l’agitation, je fais en sorte de m’échapper discrètement. Mademoiselle Oromonde ne sera pas suspectée outre mesure même si elle sera la dernière a l'avoir vu vivant. Vous encore moins. Je prendrai tous les risques si jamais je suis compromis.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 14 Jangur 815 à 22h57
 
Thaïs a un peu la tête qui tourne. La froide tranquillité d'Harvain la rassure et lui redonne tout son aplomb. Elle plaisante même :

Ne jouez pas au père qui est sur le point d'essuyer toutes les erreurs de votre progéniture.

Nous pourrions y prendre goût.


Un clin d'oeil qui, Thaïs le sait, ne sera pas tout à fait du goût du Majordome.

Moi j'avais plus dans l'idée de mettre le feu à l'auberge. Mais j'avoue que vos plans ne manquent pas de... réflexion.

N'oublions pas que nous pouvons solliciter Linsey, en qui j'ai toute confiance.


Un silence. Puis :

Je pencherais plutôt pour la seconde option, notez. Si nous croisons quelqu'un dans le couloir avec le corps cela sera catastrophique, et nous ne savons rien de l'orientation de l'escalier. Sans cri, la chute pourrait paraître étrange. Moi, quand je tombe, je hurle, je grogne, j'éructe. Ca désole beaucoup mère.

Alors que le plan B nous laisse plus de latitude. Il ne faudra par contre pas que quelqu'un observe cette foutue fenêtre et agir très vite. Et puis justifier notre présence à l'étage par la suite. Quitte à nous prendre une chambre.

La lettre d'adieu. Ils pourraient comparer les écritures. Un simple "trop c'est trop" gribouillé sur une glace serait plus... théâtral. Si nous sommes pervers, autant mettre "marre d'être lanyshsta".

Et puis autant ne pas nous affilier. Qu'Oromonde quitte l'auberge et aille faire des emplettes bien en vue dans la rue. Qu'elle surveille les alentours, la fenêtre et nous dise quand agir. Fasse diversion en hurlant pour attirer les clients de l'auberge dehors juste après... Qu'elle y aille au plus tôt, en disant qu'elle revient.

Dans tous les cas, quelle que soit l'option retenue, Oromonde risque de devoir se justifier. Il faut la préparer...


Intéressant : Thaïs ne semble pas avoir retenu que Harvain propose de tout faire lui-même, dans la chambre. Elle ne s'y résignera pas facilement, quitte à porter le corps seule et elle-même. Son esprit tourne très vite, les idées fusent.

L'adolescente grimace. Il ne faut rien négliger, même les sujets qui fâchent.


Je veux dire... sans la juger, qu'est-ce qu'elle faisait dans cette chambre d'hôtel, avec cet homme. Qui était-il pour elle ? Se sont-ils disputés ? Le suicide sera plus difficile à justifier s'ils se sont hurlés toute la nuit dessus...

Et puis l'Augure. Quel était le Destin de cet homme ? S'il était écrit qu'il finirait assassiné, ça va tout compliquer.


Quelque-part, Thaïs a toujours du mal à s'imaginer Oromonde comme femme qui découche pour aller à l'hôtel avec son amant. Et puis la d'Ascara en sait quelque-chose : les premières manifestations des pouvoirs lanyshstas sont liés à des sentiments extrêmes. Du moins c'était très vrai pour elle -feu la table aurait pu en témoigner- et des autres mutés qui s'étaient exprimés sur le sujet dans les Entrelacs. Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'Oromonde libère une énergie capable de tuer un Korlanne ?

Ils n'ont pas deux ans pour réfléchir et discourir -même si Thaïs mâche la moitié de ses mots et oublie de respirer dans l'opération. Sans doute ne sont-ils déjà pas loin de l'auberge. Il faut penser à arrêter le cocher relativement loin du lieu du... crime.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 19 Jangur 815 à 21h26
 
*** Ambiance ***


Je regarde par la fenêtre, essayant de me repérer dans ce quartier que je ne connais pas beaucoup. J'essaye de réfléchir. Je n'ai guère le choix.

Cocher, quand nous serons en vue de l'hôtel, arrêtez-vous un peu avant, un peu d'exercice nous fera le plus grand bien !

Je me tourne vers mon paquet que je déficelle rapidement. J'en sors une longue cape de soie très fine et absolument pas adaptée pour les rigueurs de l'hiver. Je l'accroche autour du cou et m'enveloppe à l'intérieur. Oh à cette distance, mademoiselle Thaïs ne verra pas de différence mais au milieu d'une foule, elle m'aide à me fondre dans le paysage. Et de nuit, m'assure une meilleure tranquillité. Du moins, à ce qu'on m'a dit. J'aurai préféré tester cet équipement dans des conditions disons plus....adaptées mais le temps nous manque.

Mettre le feu est le plan C mademoiselle Thaïs, je préfère simplement éviter d'en arriver à de telles extrémités. La population de notre Kil n'est pas responsable de ce tragique événement. Inutile de faire courir à des innocents des risques inutiles.

Nous n'aurons pas le temps de contacter mademoiselle Derfùn, c'est trop tard. De même, ne nous perdons pas en d'hypothétiques conjonctures même légitimes. Je déteste devoir admettre ça mais une solution imparfaite maintenant est meilleure qu'une solution parfaite dans trois jours. Et nous manquons de temps. De même que les "détails secondaires" tels que l'Augure de ce monsieur viendront dans un second temps de réflexion.


Ainsi que de ressources, d'expérience et de coéquipiers.

Je lève l'index d'un air autoritaire.

Quant à la vie privée de mademoiselle Oromonde, ce n'est pas convenable de poser de telles questions pour une jeune fille de votre âge, mademoiselle Thaïs.

De toute façon, quel que soit l'âge. Cependant, il me faudra avoir quelques explications avec notre innocente tueuse, en tête à tête. Et au-delà de mes manuels du Locus Solus, maîtriser son éducation lanyshsta. Comme si j'y connaissais quelque chose moi-même... Scylla me vienne en aide.

Discrétion et efficacité, rien d'autre.

La voiture ralentit. Je sors le premier puis aide mademoiselle Thaïs à descendre. Je paye la course et laisse un pourboire.

Maintenant souvenez-vous que n'importe qui peut nous entendre. Nous avons la "chance" d'être télépathes, profitons de cet atout pour communiquer. Tentons le plan B alors. Tant pis pour l'intégrité physique de ce monsieur qui risque de s'en retrouver fortement malmenée après une chute de cinq étages.

Mademoiselle Oromonde, nous sommes presque arrivés. Où en êtes-vous ?



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 20 Jangur 815 à 19h25
 
Oromonde fronce les sourcils, agence son foulard nerveusement.
Tant de questions … ! Que prévoient-ils de faire ? Ont-ils seulement un plan ? Elle répond à celles dont elle connaît déjà la réponse :

Citation :
La fenêtre de la chambre est marquée par un tissu de l’extérieur : faites-en le tour et repérez-là. Elle est en vis-à-vis avec une autre façade ; la ruelle attenante semble peu fréquentée, typique des Parapets, mais il est difficile de déterminer à quel point c’est le cas.
En descendant jusqu’ici, je n’ai pas vu d’ascenseurs ; il me semble qu’il n’y a qu’ici que des escaliers. Je vais tâcher de voir s’il y a des monte-charges, ou des loges à ménage comme vous le suggérez.
…avez-vous un plan ?
Je…A l’imprimerie, Li Yun nous a appris à employer différents types d’acide pour traiter les peaux et dissoudre les carcasses. Si nous pouvions sortir…sortir le corps…de l’hôtel et le conserver jusqu’à la nuit tombée, je pourrais le faire disparaître sans me faire remarquer.
Harvain, vous pourriez prétexter, avec votre titre au Locus Solus, d’une visite d’inspection ; Thaïs pourrait interroger et occuper les ménagères. Le but serait alors de dissimuler le corps avec les draps ménagers jusqu’à la laverie, qui devrait se trouver au sous-sol. Là, l’évacuer. Je ne sais pas…


Inspire un grand coup, se somme la jeune femme, qui se sent à nouveau la vague envie de s’écrouler dans un coin et de se complaire sur son sort pour le reste de la journée. Elle finit rapidement son petit déjeuner.

Citation :
Je discute avec l’hôtelier. Je compte remonter à la chambre pour reprendre mes affaires et éventuellement vous ouvrir ou vous assister ; j’en profiterais pour observer la disposition des corridors et chercher d’éventuels monte-charges. Dites moi où vous en êtes, que nous nous coordonnions au mieux.


A l’hôtelier, fouillant dans sa poche à la recherche de sa bourse :

« Voici pour le petit-déjeuner.
Il y aussi…voyons…Iolain m’avait dit, mais j’ai oublié…combien vous dois-je pour le reste, déjà ? »
demande-t-elle en refermant sa paume sur la bourse cliquetante.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
MJ 1
 
Maître de Jeu
 
Le Sukra 24 Jangur 815 à 12h01
 
L'hôtelier se fend d'un sourire léger :

- Oh, vous ne me devez rien, gente dame. Mais sans doute faites-vous référence aux retards de règlement de monsieur Iolain ? Dans ce cas, un moment je vous prie...

Sortant un calepin usé, le krolane plisse des yeux et poursuit :

- ... et trente-et-un, qui nous font un total de 45 pierres. Tel est le montant de la facture, intégrant la location d'un coffre dans lequel monsieur a un dépôt depuis, voyons voir... un peu moins de deux semaines. Bien sûr, seul lui peut y avoir accès. Il a cependant remis une dérogation, sous pli cacheté, à mon épouse ; nous ne sommes censés l'ouvrir qu'en cas de décès ! Imaginez-vous cela ? La démarche est pour le moins sidérante mais ma foi... nous l'avons acceptée.

Avez-vous l'intention de régler le dû de monsieur Iolain ?


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