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Ainsi soit-il
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Oromonde
Prédicateur
Kil'dé
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Le Sukra 24 Jangur 815 à 12h34 |
Le minois de la jeune krolanne se décompose quelque peu.
Avec les informations données par l’hôtelier, elle vient quasiment de s’inscrire « COUPABLE » sur le front le moment même où on découvrira l’absence d’Iolain. S'assurer une couverture est hautement compromis ; autant, désormais, chercher à en savoir plus, histoire de s'assurer une plus grande visibilité.
Iolain, Iolain, Iolain...mais que fabriquait-il donc ?
Bon, impossible de faire marche arrière sur ce qu’elle vient d’avancer, sous peine de paraître plus bizarre qu’elle ne l’est déjà. Elle sait disposer du montant demandé par l’hôtelier ; bien sûr, ça représente une somme énorme pour quelqu’un de son acabit, mais a-t-elle vraiment le choix ?
Alors qu’elle trie ses pierres, elle entretient la conversation avec son vis-à-vis :
« C’est effectivement très étrange. Je me demande pourquoi quelqu’un ferait ça ?
Est-ce-que Monsieur Iolain était régulier de votre établissement avant ce dépôt ? »
Elle ajoute deux pierres au total demandé par l’aubergiste, et transmet autant qu’elle le peut ce qu’elle apprend à Harvain et Thaïs en parallèle.
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Le Dhiwara 25 Jangur 815 à 11h07 |
L'homme récupère son dû avec un sourire aimable puis lève les yeux, plongé dans ses souvenirs :
- Voyons voir... votre ami est passé plusieurs fois, de façon irrégulière, il y a trois mois de cela environs. Puis, il y a presque deux mois, il a demandé à louer sa chambre afin de bénéficier d'un prix plus intéressant, sur le long terme. Il y a installé des affaires personnelles - bien que toute nos chambres soient d'origine parfaitement équipées de tout le nécessaire - et y est dès lors venu régulièrement. De mémoire, il y passe désormais trois nuits, toujours les trois dernières nuits de chaque semaine. Invariablement, il sort tous les Sukra soirs pour ne rentrer qu'au beau milieu de la nuit... comme il l'a fait, hier encore.
Baissant le ton :
- ... avec une nuance de taille, cette fois : vous l'accompagniez. D'ordinaire, si cela a de l'importance pour vous... il revient toujours seul. Quant à savoir pourquoi il a pris des dispositions que j'oserais presque qualifier - sans vouloir verser dans le mélodrame - de testamentaires, je l'ignore.
Revenant à une diction normale :
- De mon point de vue, monsieur Iolain fait quelques affaires dans le quartier, toujours les Sukras au soir. Il avait besoin d'une adresse locale, mon hôtel lui permet de louer une chambre à bon prix qu'il peut quitter à tout instant...
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Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé
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Le Dhiwara 25 Jangur 815 à 13h33 |
Les deux compères sont arrivés à destination. Ils descendent du fiacre à quelques rues de l'auberge, payent le conducteur puis se faufilent vers l'auberge le plus naturellement possible. Tandis qu'Oromonde leur transmet les informations en direct, le visage de Thaïs se crispe quelque peu. Tout ceci est de plus en plus étrange. La d'Ascara n'aime pas du tout la disposition testamentaire de l'amant d'Oromonde. En Kil'Dé, les testaments ne s'anticipent que peu, considérant que tous savent à peu près quand leur trépas viendra -selon leurs Augures. Mais Iolain était peu être destiné à mourir de la main d'Oromonde : pourvu que rien n'accuse la lanyshsta dans le document...
Thaïs et Harvain se sont arrêtés à une petite échoppe non loin du lieu du crim... drame, le temps que les informations arrivent. Thaïs regarde sans conviction une étole de mauvaise qualité, l'air ailleurs, son impressionnante perruque rousse lui mangeant une bonne partie du visage.
Elle lance un regard à Harvain, et une pensée fuse entre les deux "secouristes" :
Que faisons-nous ?
Il est temps d'agir. De débarquer dans l'auberge. Ensemble ? Séparément ?
Thaïs est tendue comme une corde d'arc, prête à foncer comme une flèche à la moindre instruction d'Harvain, trop sur le qui vive pour faire autre chose qu'appliquer une décision.
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Harvain
Gens de foyer
Kil'dé
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Le Dhiwara 25 Jangur 815 à 15h03 |
Cette fois, c'en est trop, je lâche un bref reniflement, outrepassant tous les codes de bonne éducation auxquels je me plie. Je n'avais pas prévu ces dispositions post-mortem. Tout ceci sera extrêmement louche, quelle que soit la cause du décès, les autorités enquêteront sûrement devant ce faisceau d'indices. Annuler sa réservation ? Impossible si cela ne vient pas de lui... Une activité régulière, millimétrée, planifiée et on ne peut plus étrange. Si j'osais franchir le Rubicon de la sémantique, je dirai même louche. Pourquoi ce coffre à n'ouvrir qu'en cas de décès ? Que voulait-il laisser derrière lui ? Et pourquoi à cet aubergiste ? Une sorte d'assurance...vie ? Que s'est-il passé il y a deux semaines ? J'ai pensé à racheter du beurre ?
Trop de questions mais surtout une m'inquiète. Dans quoi avons-nous mis les pieds ?
Ah oui, une autre question. Comment allons-nous nous en sortir ?
Je me surprends à penser que tout serait plus simple en rendant silencieux l'aubergiste et en maquillant tout ça comme un vol qui a mal tourné. C'était un cursus très particulier au Locus Solus que j'ai préféré éviter à l'époque. Peut-être n'aurai-je pas dû...
Citation :Que faisons-nous ?
Je ressens sa tension comme lors de nos entrainements improvisés. Elle va me péter entre les doigts si ça continue. Et je ne suis guère mieux.
Le suicide sera trop incohérent. Quelqu'un qui a de telles habitudes, sans aucun signe avant-coureur et surtout après une nuit de débauche, humf, non pourquoi chercherait-il à mettre fin à ses jours ? Oh...des dettes de jeu ? Il était en retard sur sa facture de l'hôtel, une belle somme en plus. Il sort plusieurs soirs par semaine, tripot clandestin, doit de grosses sommes à des gens peu recommandables. Vivait de petits boulôts peut-être, personne d'autre n'est venu hormis mademoiselle Oromonde avec qui....il a voulu passer un bon moment avant de faire le grand saut.
C'est soit ça soit la chute dans l'escalier... Reste l'épée de Damoclès qui est dans ce coffre à déclenchement morbide. Tant pis... Je contacte mes deux complices. A regret.
Ouvrez bien grand les oreilles...Enfin non, pas les oreilles. Bon, vous m'avez compris.
Un - Mademoiselle Oromonde, vous venez de vous souvenir que votre cousine issue de germain va bientôt arriver. Vous lui donnerez votre bourse avec la clef à l'intérieur. Inutile de vous dire d'être discrète.
Deux - Mademoiselle Thaïs, vous la récupérez, dites gentiment bonjour au monsieur et sortez un instant, le temps de payer le cocher. Vous déposerez là, dans cette petite ruelle.
Trois - Vous rentrez de nouveau dans l'hôtel, faites-vous conduire par le tenancier à la brasserie. Vous voulez la meilleure table, vous avez peur de vous perdre... soyez pénible mais pas insupportable. Mais il doit quitter son poste ! Dites le moi à l'instant où il s'éloigne du comptoir.
Quatre - Sa femme ou un autre employé viendra sûrement le remplacer. J'essayerai de profiter du battement pour monter à l'étage et me rendre dans votre chambre.
Le plus discrètement possible. Misère...
Le reste. C'est mon affaire.
Je prends une profonde inspiration comme avant de commencer à repasser les sous-vêtements de monsieur d'Ascara.
Exécution !
Juste après le départ de mademoiselle Thaïs, je recule tranquillement dans la ruelle. Je vérifie que personne ne m'observe et je joue mon va-tout.
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Oromonde
Prédicateur
Kil'dé
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Le Dhiwara 25 Jangur 815 à 20h00 |
Iolain aurait donc occupé la chambre chaque fin de semaine, pendant trois jours. Selon les soupçons de tout le monde, pour y faire des affaires.
Le carnet qu’elle a récupéré dans la chambre indique une livraison effectuée tous les merakhi, jour actuel. Cela laisse donc vayang, sukra et dhiwara. Le sukra soir, Iolain est occupé. Que fait-il les autres soirs ? Où se case le carnet de livraison là-dedans ? Et pourquoi un pli cacheté à son épouse précisément ?
Bon, au moins, Oromonde est soulagée de savoir que d’autres femmes n’ont pas fréquenté l’endroit.
Pas que…enfin…mais bon…voilà, quoi.
Parallèlement à la discussion avec le débonnaire gentilhomme, Harvain abreuve son esprit de conseils et ordres. C’est difficile de coordonner ces deux espaces – l’un mental, l’autre public – mais Oromonde fait ce qu’elle peut pour y parvenir.
- Je vais vous paraître idiote, mais oui, je suis hautement soulagée de savoir qu’il ne fréquentait aucune…personne ici. Toutefois…toutefois je n’étais pas au courant de tout ça et…et je m’en inquiète quelque peu. J’espère qu’il ne s’est pas mis dans le pétrin. Il est si...caractériel, des fois.
La krolanne grimace, jette un coup d’œil à l’horloge la plus proche, puis à la porte.
- Par l’Audre, ma cousine ! Elle ne devrait pas tarder à arriver…pourriez-vous nous redresser une table s’il vous plaît ?
Citation :
Harvain. Ce n’est pas que votre affaire : c’est aussi la mienne. Je demande à savoir ce que vous comptez faire.
En outre, il faudrait se débarrasser du pli cacheté avant de partir. Les gérants doivent avoir un bureau ou un équivalent sur place.
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Le Matal 27 Jangur 815 à 12h50 |
Le patron de l'hôtel hausse des épaules en un geste fataliste :
- Des ennuis ? Je ne saurais dire, madame. Il arrive que des clients s'épanchent et nous livrent quelque confidence, particulièrement les Sukras au soir, lorsque le bar attenant au restaurant reste ouvert plus tard qu'en semaine ; mais d'une part, le personnel et moi-même gardons pour nous les indiscrétions dont nous pourrions être les récipiendaires et d'autre part, je vous avoue qu'en une vingtaine d'années dans le métier, j'en ai tant entendu que je ne fais plus guère attention...
J'ignore ce qu'il en est des activités "locales" de votre ami. Ce que je puis vous dire, en revanche, c'est qu'il recevait parfois, les merakhis en soirée, des gaillards à l'air peu amène. A ces rares occasions, les voisins de la chambre 127 se sont parfois plaints à propos de discussions un peu trop animées, pour ne pas dire de franches disputes.
Reprenant son quant-à-soi
- C'est tout ce que je puis vous en dire.
Un silence, puis le sourire revient :
- Votre cousine, dites-vous ? Une table, très bien. Je m'en occupe.
Coup d'oeil vers les escaliers et la cage d'ascenseur, en une allusion subtile à Iolain :
- Votre table... pour deux, ou trois convives ?
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Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé
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Le Matal 27 Jangur 815 à 15h12 |
Et... ACTION.
Plus le temps de discuter. Plus le temps de réfléchir.
Agir. Agir. Agir.
Roulement de tambour.
Thaïs se précipite vers l'auberge aux instructions d'Harvain, trébuche, manque de s'étaler dans la rue de peu, se reprend, s'essouffle rapidement.
Marque un temps d'arrêt devant la porte et entre de façon triomphante. Rouge et transpirante.
Nuage de boucles rousses planté sur corps de moineau. Au bord de l'asphyxie.
L'incendie ambulant cherche un instant sa "cousine", écarte quelques mèches collées de sueur qui gênent sa vision et finit par repérer Oromonde -en discussion avec le tenancier. Elle lui fait un signe de la main, se rue sur elle, la serre dans ses bras sans ambages. Un peu trop fort.
Cousine ! Je suis en retard ? Ne dis rien, tu me connais, je suis toujours en retard !
Pour le coup, il est facile de croire que la rousse vient de faire un sprint et peine à s'en remettre.
L'étrangère se recule, embrasse sa cousine du regard, finit par remarquer l'aubergiste. Lui décoche un charmant sourire -étrange sur cette figure peu féminine tout en cheveux.
Les deux filles n'ont absolument rien en commun.
Difficile d'imaginer cousines plus dissemblables.
Thaïs fait mine que tout ceci était prévu de longue date et demande de nouveau :
Bonjour Monsieur. Une table pour deux, je vous prie.
Puis rajoute quelques critères qui annoncent la cliente particulièrement tatillonne :
La meilleure. La plus centrale. La plus ensoleillée. Et pas de courant d'air !
Vers Oromonde, que Thaïs reprend dans les bras.
Cela fait si longtemps ! Je suis si contente de te revoir. Oh, mais il faut que j'aille payer la voiture qui m'a amenée.
Grimace.
Je n'ai que de grosses pièces. Tu aurais la monnaie ?
Thaïs ne veut pas s'avouer pauvre au point de mendier de l'argent. Au contraire annonce-t-elle son aisance pour attiser l'intérêt et les bons soins de l'aubergiste...
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Oromonde
Prédicateur
Kil'dé
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Le Matal 27 Jangur 815 à 22h21 |
Oromonde fait des yeux de merlan frits à l’égard du tenancier, visiblement perturbée par ce qu’il vient d’annoncer. Des gaillards peu amènes ? Des disputes ? Quelle horreur !
Heureusement, c’est le moment que choisit Thaïs pour entrer en scène. Ce n’est pas plus mal, vu la tête passablement défraîchie que tire la novice lanyshta. Elle répond maladroitement aux embrassades effusives de l’adolescente, assez peu à l’aise.
« Ne t’en fais pas, je discutais, je n’ai pas vu passer le temps », assure-t-elle.
Prétendre être la cousine de la rouquine énergique qui sautille autour d’elle a quelque chose de vraiment bizarre. Elle est persuadée que ses joues rosissent. Elle est bien moins à l’aise que sa comparse, qui a au moins le mérite de la tirer vers le haut.
La clé, se rappelle-t-elle, et elle glisse la main dans sa poche pour retirer quelques menues monnaies en compagnie de la clé qu’elle remet main close à la jeune fille.
« Bien sûr, bien sûr. »
Elle se retourne brièvement vers le tenancier, jette comme lui un regard à la cage d’ascenseur :
« Mettez plutôt trois couverts, s'il vous plaît », dit-elle avec espoir.
Deux couverts auraient l’air suspects : on ne comprendrait pas bien ce qui a poussé la jeune krolanne à ignorer son compagnon, même d’une nuit, lors qu’il réside à l’étage supérieur de l’établissement. Autant faire comme si elle était certaine qu’Iolain allait bientôt descendre.
Au passage, Oromonde confirme mentalement à Harvain la présence d’ascenseur dans l’hôtel, et guette le retour de Thaïs.
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé
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Le Merakih 28 Jangur 815 à 10h18 |
Thaïs saisit la clé au vol, la serre tellement fort dans sa main qu'elle en imprime irrémédiablement la marque dans sa peau.
T'es une crème !
Dit-elle à Oromonde, non sans lui lancer un flot de pensées réconfortantes -non des mots, mais des sentiments chauds et assurés. La d'Ascara sautille un instant.
Pour trois ? Je vais enfin le rencontrer ? Je comprends mieux l'invitation ici. Tu nous en a dit tellement de bien !
Autant souligner le côté candide d'Oromonde et accentuer le côté mystérieux d'Iolain. Après tout, depuis le début Oromonde transmet à ses complices des informations de plus en plus étranges sur ce type, qu'elle ne semble pas tout à fait connaître.
Or le côté quelque peu glauque d'inviter une cousine à rencontrer son compagnon dans un hôtel -certes muni d'un restaurant- où le garçon loue une chambre, tout semble cohérent dans l'esprit de Thaïs.
Je reviens ! Attendez-moi pour prendre la table, je suis capable de me perdre dans un placard à balais !
La rouquine s'élance dehors comme un tourbillon. Dépose la clé dehors, à l'endroit précis désigné par Harvain, le plus discrètement possible. Attend une minute ou deux -le temps crédible de payer une course- puis réintègre l'auberge.
Bonne élève. Exécutante un peu trop appliquée et investie.
Etape suivante : occuper le tenancier. S'inspirer de la mère de Thaïs, imbuvable et totalement accaparante.
En revenant, Thaïs prend la main d'Oromonde et vrille ses yeux verts sur le bonhomme. Elle tient ostensiblement dans sa main une bourse bien remplie -qu'elle aurait oublié de ranger après le règlement du cocher- et supposément remplie de grosse monnaie. Sans sembler s'en apercevoir, Thaïs fait tinter les pièces -la petite riche qui ne s'aperçoit pas qu'elle étale son confort est une sorte de seconde nature chez elle et la d'Ascara n'a pas trop besoin de forcer le trait.
Vous nous accompagnez ? Votre établissement est charmant. Char-mant. Il est historique ? J'espère que votre salle de réception a un cachet particulier. J'adore ces endroits bucoliques. Allons, faites-nous la visite. Je veux tout savoir.
Oh, mais !
Vous ne sentez pas un courant d'air ? Ca s'est rafraîchit dirait-on. Nous allons attraper la mort à rester là, dans l'entrée. Dépêchons dépêchons. Je meurs de faim.
Les idées se mélangent et le flot de paroles devient ininterrompu. Si l'aubergiste les accompagne, l'esprit de Thaïs fusera vers Harvain pour signaler la voie libre.
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Harvain
Gens de foyer
Kil'dé
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Le Merakih 28 Jangur 815 à 20h59 |
Je récupère la clef et je dégaine rapidement un minuscule calepin. Mes anti-sèches.
C'est maintenant que je vais voir si j'ai bien appris mes leçons. Bon, malheureusement, les manuels portaient surtout sur l'art de la discrétion la nuit ou dans des situations de pénombre. C'est sûr, c'est plus facile... Alors que je me rappelle. Voyons, chapitre...premier, troisième paragraphe. A moins que ce ne soit le quatrième. Ou le second ? Tant pis.
Bla bla bla, ah oui, la théorie. Le camouflé est vulgairement appelé un "faux-mec" en phonétique. En gros, pour faire simple, le camouflage consiste à ne pas se faire repérer par l'adversaire ou l'ennemi, et le meilleur moyen pour cela, plus que de bien se cacher, est de ne pas exister. Ne pas chercher à imiter ou à se fondre absolument, parce qu'il arrive de ne pas pouvoir. Ne pas chercher à tout prix à être tel ou tel élément du décor. Ne pas être ou être plutôt le vide qui entoure le buisson.
Donc FOMEC
- Forme
- Ombre
- Mouvement
- Eclat
- Couleur
Mouais...Et ça, c'est l'introduction. A la fin du livre, c'est FFOMECBLOT... Mais je n'ai pas encore fait le chapitre "maître".
Donc en résumé, loin d'être un maître dans le domaine, en plein jour, dans un milieu urbain et confiné, avec du monde.... Mon idée n'est peut-être pas la meilleure quand j'y repense. Hum... Ca sera le moment de tester cette fameuse cape d'oubli de cet étrange vendeur de saucisses-dans-un-pain-chaud. Apparemment, c'était une affaire "110 graines, et encore, à ce prix, je me tranche la gorge" disait-il convaincu.
Discrétion, discrétion, discrétion...Hum...
Je reçois le message de mademoiselle Thaïs, range le calepin, m'enveloppe dans la cape et m'élance dans la rue, la tête enfoncée dans les épaules. J'essaye d'avancer lentement, de manière fluide. Je marche proche du mur. Misère, je suis trop vieux pour ces bêtises. Je prends mon inspiration puis rentre dans l'hôtel tant évoqué. Si la porte de l'ascenseur est ouverte je m'y engouffre sinon, je prends les escaliers. |
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Le Sukra 31 Jangur 815 à 16h32 |
Il y avait des préceptes sacrés chez les aubergistes, taverniers, hôteliers et professions assimilées.
"Tu ne quitteras point ton comptoir" était l'un des plus importants, immensément plus important, en tout cas, que "Tu ne tueras point ton client pendant son sommeil afin de s'approprier ses biens". En effet, il dérivait de la grande famille des "Tu ne louperas point de ventes", famille qui à elle seule était presque de taille à résister au sacro-saint "Le client est roi".
Ces principes essentiels étaient le ciment de la profession, celui qui permettait de supporter les coups bas du milieu, les couchers à pas d'heure, les clients tatillons, les rixes au restaurant, l'ignominieuse Taxe sur les Verres d'Alcool, sans compter les éternelles jalousies entre les différents corps de métier.
Mais ils ne protégeaient pas des dilemmes.
Quitter son comptoir ? Non. Rembarrer une cliente ? Non plus. Donc suivre la cliente. Mais le comptoir ?
Dilemme.
Le propre du dilemme, c'est de gripper les rouages du cerveau. Heureusement, ceux-ci se graissent aisément à l'argent et la vue de la bourse bien chargée faisait son effet.
- Mais bien sûr, mademoiselle.
Suivi presque aussitôt, en direction d'une petite pièce, d'un :
- Ghislaine ! Vous me remplacez à l'accueil ?
Auquel répondit un respectueux :
- Dès que j'ai fini ceci, monsieur !
Bien. Ghislaine était une fille sérieuse, elle ne laisserait pas les lieux sans surveillance plus de quelques minutes.
Puis il restait toujours la sonnette pour l'appeler, si un client se retrouvait par malheur esseulé.
C'est donc confiant en l'improbabilité d'un manque à gagner que le tenancier entrepris de faire la visite.
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Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé
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Le Luang 2 Fambir 815 à 16h02 |
Ca marche ! Ca marche ! Ca marche !
L'esprit de Thaïs bouillonne, ravie de voir que le tenancier les accompagne, délaissant quelques minutes -secondes- son poste au comptoir.
La rousse devient encore plus prolixe, déblatérant à tout propos, s'extasiant devant le moindre bibelot.
Oh, mais quel joli tableau ! C'est une reproduction ? Un exemplaire original ! Par Scylla, vous avez dû en héberger des artistes ! Quelle peinture admirable, vraiment ! Ces poules sont d'une précision incroyable ! Des tulipes ? Et bien elles paraissent plus vivantes que des animaux !
Ce vase est délicieux ! Ces couleurs : ra-vi-ssantes. Ce sont des fleurs peintes dessus ? Une vache ?! Oh, comme c'est original !
Mais ce tapis est formidable ! Si moelleux ! J'ai envie de me rouler dessus ! Ce marron est splendide ! C'était du rouge ? Oh, et bien ça imite la couleur de la terre avec une exquise précision !
Mais vos tables sont en massif ! C'est d'un charme fou ! Elles doivent toutes avoir une histoire ! Ah, j'aurais aimé travailler dans une auberge, c'est d'un caractère ! Vous en avez de la chance !
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Harvain
Gens de foyer
Kil'dé
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Le Matal 3 Fambir 815 à 21h49 |
Mademoiselle Thaïs m'informe que la voie est libre. Je me retiens, difficilement, de courir comme un jeune chien fou. En voilà des façons de rentrer dans un hôtel ! Si ma famille me voyait ils me renieraient. Si mes professeurs me voyaient ils m’excommunieraient. Si l'aubergiste me voyait... je serai dans une sacrée...déjection canine.
Je me laisse glisser, comme sur des rails, accélérant à peine le pas. Ca se trouve, je fais tout ça pour rien et quelqu'un pourrait trouver mes efforts tout à fait risibles et pathétiques mais bon. Tant que j'y crois, ça marche non ?
Tant pis, continuons. J'aperçois l'escalier au fond de l'entrée et je m'y engouffre sur la pointe des pieds. Si les marches grincent, ça sera très très compliqué mais je n'aurai pas d'autre choix. |
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Harvain
Gens de foyer
Kil'dé
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Le Merakih 18 Fambir 815 à 22h27 |
Quelques secondes qui durent une éternité.
Le temps que j'avance au milieu de ce couloir, enveloppé de silence et de discrétion, je me sens pourtant terriblement exposé, presque nu. Les enjeux sont trop importants et même si d'une pensée, je peux demander à mademoiselle Thaïs de faire diversion, mon échec compliquerait grandement les choses. Cette situation dans laquelle s'est mise mademoiselle Oromonde, nous devons l'en sortir. Je dois l'en sortir.
Je glisse au milieu du couloir. Je continue vers l'escalier qui ne grince pas sous mon pas léger. J'avance presque sans lever le pied, me coulant, épousant chaque aspérité du sol. Scylla me vienne en aide, ce n'est qu'au milieu du deuxième étage que je me rappelle de respirer. Je ne m'arrête pas. Je guette le moindre son autour de moi, le moindre mouvement. Je m'attends presque à voir surgir un commis de la défense à chaque virage.
Hâte toi sans te presser.
Troisième étage, j'entends des gens discuter un peu plus loin, je ne m'arrête pas, je rase les murs. Je sens la sueur perler dans mon dos, mes muscles se tendre, mes poils se hérisser.
Quatrième étage, courant d'air, une fenêtre mal fermée, je ne croise personne. Non, j'entends des voix venant du dessus. Ils discutent du restaurant, ils descendent, je me range dans un recoin moins éclairé, ils passent à côté de moi. Je crois que même mon cœur s'est arrêté de battre.
Cinquième étage, chambre 127, vite...
Je dégaine la clef dans un bruissement de soie, tourne vers la gauche tout en poussant. Pitié qu'elle ne grince pas... Je me glisse à l'intérieur et referme la porte le plus silencieusement possible. Je verrouille la porte et laisse la clef à l'intérieur pour empêcher au personnel de me déranger au mauvais moment.
Un instant.
Je m'adosse à la porte et expire profondément, libérant quelques minutes de tension qui me parurent durer des heures. Ruisselant, je m'éponge le front avec le revers de ma manche. Quelle horreur, je suis moite. Je suis bon pour une douche une fois cette sinistre histoire terminée. J'avise la fenêtre et malgré le cinquième étage, fais en sorte qu'aucun vis-à-vis hasardeux puisse me repérer.
Je tourne la tête vers le lit et voit la forme immobile sous les draps. Réflexe quinquagénaire, je m'incline et c'est à peine si je me retiens de dire "bonjour monsieur, bien dormi ?". La force de l'habitude. Je continue à regarder la chambre. J'ai toutefois peu de temps à accorder à cette analyse. Mademoiselle Oromonde a été vu avec ce jeune monsieur, inutile de cacher les traces de son passage. Gardons la piste des dettes de jeu et du regrettable suicide après une dernière nuit en bonne compagnie. Humf. Voilà un comportement qui n'est pas digne d'une jeune femme. A son âge... La bienséance se perd de nos jours.
Bien, d'abord écrire un petit mot. Tant pis pour l'écriture, dommage, mademoiselle Oromonde est scribe, elle doit être meilleure à ce genre d'exercice. Mais je ne me vois pas lui demander d'imiter l'écriture de son...peut-on dire ex petit ami ?...de ce monsieur pour rédiger une fausse lettre de suicide alors qu'elle dit l'avoir tué par mégarde. Hum, certes non. Tant pis, on mettra sur le compte de sentiments confus à l'approche d'une mort imminente une écriture plus...désordonnée que d'habitude.
J'enfile mes gants de service puis rédige de la main gauche un court épître funèbre. J'essaye de me mettre dans la peau de quelqu'un qui va mettre fin à ses jours, tourmenté, poursuivi, malheureux à l'extrême, au bout du rouleau.
"Je suis ruiné, je préfère en finir. Adieu"
On fera avec. Je laisse le papier sur le bureau à moitié froissé, la plume jetée à côté. Voilà pour cette partie. Maintenant au tour du maquillage de monsieur. Je retire le drap d'un coup sec. Tant pis pour la pudeur, la mort se fiche bien des sentiments et moi aussi.
Désolé jeune monsieur, mais vous allez devoir mourir...encore une fois. Vous m'en voyez navré.
Je l'habille rapidement. Oh la tâche n'est pas facile mais en tant que majordome, j'ai déjà eu à gérer ce genre de situations. Non, je n'habillais pas les morts, ça c'est les croque-morts qui s'en chargent ! J'habillais des vivants, soit très jeunes soit très vieux. Ce monsieur Iolain pèse juste un peu plus lourd que mes anciens maîtres. L'opération me prend bien quelques minutes. Le temps de passer les sous-vêtements, un pantalon et une chemise à moitié fermée, pas besoin de plus.
Mademoiselle Thaïs, mademoiselle Oromonde, je vais bientôt agir. Je vais vous demander de rester calme intérieurement mais de paraître...très émues extérieurement. Il va y avoir de l'agitation, puis-je vous suggérer d'en rajouter une couche ?
Êtes-vous prêtes ?
Et moi, suis-je prêt ? |
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Oromonde
Prédicateur
Kil'dé
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Le Vayang 20 Fambir 815 à 11h58 |
Oromonde a l'impression d'être entrée, par hasard, dans un rêve très baroque. Thaïs dans le rôle de sa cousine ne cesse et ne cesse de pépier, épuisant l'artisane pour qui la communication en général posait problème et qui n'en revient pas qu'on puisse répandre tant de mots et de phrases d'un seul coup. Elle suit sa "cousine" et l'aubergiste silencieusement, tâchant d'affecter un sourire par trop fatigué, et ponctuant parfois les multiples interventions de Thaïs d'un "Hum-hum" "Ah bon ?" "Certes" pas toujours très à propos.
Le message télépathique d'Harvain la sort de sa torpeur. Sa poitrine se compresse. Que va-t-il faire ? Malgré sa demande, il ne lui en a rien dit. Cela la heurtait énormément. Pourvu toutefois que le majordome ne soit pas pris. Elle ne saurait se remettre de cela en plus.
Prête, signifie-t-elle simplement.
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé
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Le Matal 24 Fambir 815 à 15h00 |
Le babillage devient de plus en plus rapide et abscons. Thaïs stresse manifestement. La pression croissante rend sa conversation presque décousue et ses regards à la limite de l’hystérie. Un observateur extérieur aurait l’impression que plus les deux jeunes femmes approchent de leur table, plus l’idée de s’y installer et de manger rend la krolanne rousse excitée. Etrange.
Elles finissent toutefois pas s’asseoir. Thaïs attend que l’aubergiste s’éclipse puis verse dans un silence morbide. Elle ne sait plus que dire, maintenant qu’elle est face à Oromonde. Ses doigts se tordent. Elle émet un pâle sourire. Tapote la main de son amie. Et, tout en recommençant à deviser sur une famille imaginaire dont la moitié des membres semblent morts récemment, Thaïs lance un trait mental à sa compagne. Elle la sent perturbée de ne rien maîtriser, et récapitule pour Oromonde comme elle-même. Très factuelle et froidement professionnelle :
Harvain a profité de ma diversion –bien mauvaise, j’en suis navrée…- pour se glisser jusqu’à votre chambre. Je lui en avais laissé la clé quand je suis sortie tout à l’heure. Il va… tuer votre compagnon. Maquiller cela en suicide, pour tracas personnels. Je ne sais pas comment cela va prendre forme précisément : nous évoquions une défenestration dans la voiture.
Un instant de silence. La pensée se fait plus chaude.
Nous sommes là. Tout se passera bien.
Puis, à Harvain :
Prête.
Tandis, que, tout haut, Thaïs continue tranquillement –apaisée par ce récapitulatif et soucieuse de rassurer Oromonde dans ces instants tortueux :
Tante Agathe ? Tu ne sais pas la dernière ? Elle a eu le culot de venir dire à Oncle Marty que Camilline n’était qu’une petite grue qui aurait mérité une toute autre famille et un tout autre destin que celui qu’est le sien actuellement ! Tu te rends comptes ?
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Harvain
Gens de foyer
Kil'dé
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Le Vayang 27 Fambir 815 à 00h23 |
Bien.
Il n’est pas encore trop tard pour reculer, rien n’est irréversible, on peut encore tout expliquer. Plaider l’accident malheureux et la sincère honnêteté. Expliquer, justifier et avouer notre nature…particulière. Compter sur l’intelligence et la solidarité de nos pairs, de nos voisins de notre Kil.
Mon cul.
Quelque chose de sombre arrive et la naïveté n’est pas un bouclier efficace. Nous sommes tous mêlés et en ces temps troublés, il vaut mieux rester silencieux, camoufler notre existence, vivre sous terre. Au sens métaphorique bien sûr.
Croyez-moi que j’en suis désolé monsieur Iolain.
Je hisse difficilement le gaillard ou plutôt je le traine par les bras jusqu’à la fenêtre. Je lui glisse la clef de la chambre au fond d’une poche. Mademoiselle Oromonde n’avait pas de raison de la conserver si elle pensait que son compagnon descendrait juste après. Je reprends mon souffle et dans ma tête je refais le plan. Une fois cet acte odieux fait, je devrai sortir de la pièce le plus rapidement et le plus discrètement possible. Fermer la porte sans bruit. Le tumulte va mettre quelques secondes, une minute tout au plus à se communiquer à tout le bâtiment et ses occupants. Ensuite, descendre rapidement au rez-de-chaussée, espérer que la réception soit vide, trouver et embarquer ce fameux pli testamentaire.
Je prends une profonde inspiration. Je retourne vers la porte d’entrée, colle mon oreille au bois et guette qu’il n’y a rien. J’espère qu’il n’y a rien, je n’ai pas l’impression d’entendre qui que ce soit dans le couloir ou les pièces d’à côté. Si on me voyait sortir de la pièce, je serai dans une position très délicate… Je remets ma cape de soie.
Je retourne vers la fenêtre et guette qu’il n’y a aucun vis-à-vis. Calme on dirait. Je soulève le cadavre, le regarde quelques instants puis le pousse dans le vide.
Je m’éloigne de la fenêtre immédiatement et ouvre la porte avant même d’entendre le bruit écœurant. Je plonge dans le couloir, discret du mieux que je puisse faire. |
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Le Vayang 27 Fambir 815 à 09h18 |
Harvain sort dans le couloir vide, décidé à rejoindre le rez-de-chaussée le plus vite possible.
Premier tournant. Quelqu'un !
Qui sort d'une chambre. Lui adresse un léger signe de tête, d'un client à un autre. Il est libre de poursuivre son parcours. Alors que d'en bas viennent déjà les échos des premiers cris...
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Les cris, Thaïs et Oromonde ne mettent pas longtemps à les entendre. Un corps qui chute, un mouvement rapide, ça attire l'oeil, ça crée la surprise. La curiosité. Le premier témoin devait être un peu plus loin dans la rue. Mais un cri d'horreur attire la curiosité, et c'est un commis qui, dans l'hôtel, a le premier été voir ce qui se passait. A partir de là, ça se compte en secondes avant qu'on ne tombe sur l'hystérique du lot, qui pourra tenir le hurlement terrorisé pendant de longues minutes.
Les cris ne sont jamais long à venir...
Heureusement, la compréhension des faits est généralement autrement plus longue à mûrir. |
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Harvain
Gens de foyer
Kil'dé
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Le Vayang 27 Fambir 815 à 23h06 |
Je me retrouve à penser à une suite de vulgarités dont j'avais complètement oublié l'existence lorsque je croisât ce client. Bravo pour la discrétion mon vieux Harvain. Que faire ? Je ne peux décemment pas le tuer, j'en suis incapable physiquement et moralement. Peut-être un jour... Tant pis, je n'ai pas le choix... Je lui rend son signe de tête et poursuit d'un pas pressé. Je me note mentalement que je pourrai sortir moi aussi d'une chambre, c'est l'heure du déjeuner... Et qu'il pourrait être tout aussi suspect que moi. Argument qui ne tiendrait pas longtemps face à un commis qui trouverait la coïncidence de me situer dans un hôtel où je n'ai pas pris de réservation en même temps que la fille de mon maître et mon apprentie qui serait la deuxième suspecte de l'histoire. Le premier suspect étant votre humble serviteur...
Mademoiselle Thaïs, mademoiselle Oromonde, ma situation est compromise, on vient de me croiser dans un couloir. Je vais descendre le plus rapidement à la réception et tout tenter pour retrouver ce pli testamentaire en espérant qu'il soit bien là et facilement accessible...
Je descends les escaliers quatre par quatre. Tant pis pour la discrétion, je suis un client inquiet comme un autre qui entend des cris plus bas. Je dois parer au plus pressé.
Mademoiselle Oromonde, la situation va bientôt éclater, pendant le raffut, surveillez l'entrée de la réception et essayez d'éloigner les tenanciers ou tout gêneur.
Je ne peux pas lui imposer d'aller à l'extérieur voir le cadavre mutilé de ce monsieur pour jouer la comédie. Ca ne doit pas être beau à voir. Pitié que le pli soit dans juste dans un tiroir au milieu d'autres paperasses...
Mademoiselle Thaïs, puis-je vous suggérer d'alimenter le désordre suffisamment longtemps. De la panique mais pas de l'hystérie.
Bon sang, nous avons agi trop rapidement maintenant que j'y pense. Nous aurions du demander la même chose au patron. Conserver un pli précieux pour une raison quelconque, voir où il l'entrepose et espérer qu'il soit avec ces dernières volontés. Me voilà à tout tenter en supposant qu'il garde logiquement cette enveloppe dans une boite ou un tiroir. Et s'il y a des centaines de tiroirs ou de boites, je suis perdu. Et s'il y a un coffre, je suis perdu. Que faire ? Le menacer de me remettre le courrier ? Et s'il l'a lu ? Il dit que non mais qui sait... Et le menacer avec quoi ? Il verrait mon visage, ça changerait les choses, la thèse du suicide serait fichue....
Béchamel moisie, on aurait du mettre le feu à l'immeuble je me dis... |
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Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé
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Le Sukra 28 Fambir 815 à 12h03 |
Thaïs blêmit en entendant les cris. Elle lance un regard à Oromonde, n'osant imaginer la torture que cette mise en scène doit être pour la jeune meurtrière. La d'Ascara se lève sans un mot et se dirige d'un pas leste vers les origines des exclamations, comme d'autres krolannes probablement. En passant devant l'accueil, elle jette un oeil à la réception et informe Harvain de la présence ou non du gérant.
Dehors, le corps est là. Un petit attroupement est sur le point de se former -Thaïs a été relativement preste à sortir et le cadavre est à ses pieds.
La réalité s'incarne autrement qu'à travers leurs plans théoriques.
La concentration craque. La tension lâche.
Thaïs n'a que 16 ans et n'a jamais grandi au contact de la violence ou de la pauvreté.
Préservée de la maladie et de la mort...
Pas d'hystérie ? Pas d'hystérie ?
Thaïs s'époumone. Un long hurlement terrorisé, de plusieurs minutes.
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