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Ainsi soit-il
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 1 Marigar 815 à 10h43
 
Ne pas se rendre au-dehors ?
Et comment l’éviter ? Comment s’en empêcher ? Elle n’écoute déjà plus ni Harvain ni Thaïs.

A la manière d’un papillon voltigeant autour de la flamme, la jeune artisane s’avance vers la source des cris. Sa bouche est muette, tout comme son visage fermé par l’appréhension prophétique de ce qu’elle sait trouver à l’extérieur. Un point d’interrogation : sa gueule n’est rien qu’un point d’interrogation tout raide, tout tendu ; c’est une gueule de Cassandre, et pendant un instant Oromonde plaint Scylla d’avoir jamais eu son don. Quelle horrible chose que de connaître l’avenir, et de ne rien comprendre au passé.

L’attroupement s’est fait rapidement. La haute taille d’Oromonde et la raideur de ses gestes la démarquent aisément tandis qu’elle pousse mollement des badauds qui lui barrent la vue. Elle passe, voit le cadavre. La chute a eu…quelques effets secondaires sur l’organisme interne (ou plus très interne) du jeune homme. Ses boyaux se contractent. Son visage. Le visage d’Iolain. Une décade à aimer foutrement ce visage de blondinet débile, et il n’en reste plus rien. Les lanyshtas méritent peut-être de mourir. Il faut considérer la question. Peut-être qu'il y a une raison pour toute cette agitation, toute cette crainte. Peut-être qu'on fait exactement ce qu'il faut vis-à-vis d'eux, et que les autres quartiers ont raison. Car ça ne peut pas être justifié, ce qui s'étale sans visage devant elle. C'est contre la nature. C'est contre la raison. Et ça n'a plus de regards.

Oromonde ne pleure pas, ne crie pas.
Mais un flux épars et peu ragoûtant sort de sa bouche crispée et se répand sur elle et sur ses voisins, abondamment.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 1 Marigar 815 à 12h15
 
Au Kil'dé, plus que partout ailleurs, la mort, la mort violente, est rare. Le suicide, encore plus.
Et le choc est en conséquence...
Incompréhension, choc. Même si personne ne hurle comme Thaïs, ou ne vomit autant qu'Oromonde, ces manifestations ne semblent choquer personne, comparativement au corps étendu dans la rue.
Se faire malmener les tympans ? Souiller sa belle robe ? Non, c'est impossible.
C'est impossible car c'est lié à ce corps, ce... Cet ancien être, cet ancien "Voisin", qui était sans doute encore vivant il y a moins d'une minute et qui, s'est évident, s'est jeté par la fenêtre.
Et c'est, c'est impossible.
Impossible...

Pas tant que l'attroupement sans cesse croissant soit incapable de croire la chose : ils ne veulent surtout pas croire, pour le moment, que c'est arrivé. Le comment viendra plus tard. Peut-être. Mais tandis que Thaïs et Oromonde sont frappés par un choc aussi puissant -sinon plus- que le reste des badauds, une information dans les murmures incrédules s'imposent à elles : pour l'instant, au moins, personne ne semble même envisager autre chose qu'un acte volontaire.

*** * ***


A la réception, les deux jeunes femmes ont pu voir Ghislaine. Présente au poste.
Ou, au moins, physiquement présente au poste. Fiable, serviable, elle sait qu'elle doit rester là. A sourire aux clients.
Mais le sourire était tremblotant, artificiel, à tenter de saisir ce qui se dit à l'arrière.
Un des commis est venu lui glisser les dernières informations à l'oreille, et Ghislaine, très professionnelle, a su retenir ses sanglots. Des fois qu'un client arriverait, à qui il faille sourire et faire comme si de rien n'était.
Elle est là... Mais semble avoir carrément la tête ailleurs.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Dhiwara 1 Marigar 815 à 19h33
 
Thaïs se prend un peu des rejets putrides d'Oromonde. Un instant, dans une respiration qui la sauve de l'épanouissement, elle passe la main dans le dos de son amie, la soutient. Ses yeux pleurent, écarquillés, emplis d'une terreur enfantine.
La mort. Là. A ses pieds.

Toutefois, Thaïs n'oublie pas Harvain -l'auteur- qui est toujours coincé aux étages. Il faut le faire sortir. Son esprit fuse, alors que son corps chancelle.

Elle se sépare d'Oromonde. Il faut continuer... d'avancer. Le temps du choc et du dégoût ne doit pas encore venir : c'est bien plus facile pour elle qui ne connait pas la victime -aussi violente que la vision de ce corps étendu soit.

Il y a une femme à l'accueil. Je pense que récupérer le pli est une folie. Je vais essayer de vous dégager la voie pendant une minute, mais je doute pouvoir occuper tous les employés de l'auberge bien plus longtemps.


La d'Ascara cligne des yeux. Plusieurs fois. Puis, très mécaniquement, se dirige prestement à l'intérieur vers la réception. Si elle croise le propriétaire ou un autre salarié, elle fera mine de l'ignorer, robot pris dans une idée fixe.

Elle arrive devant le comptoir échevelée, blafarde, comme un fantôme hagard renvoyé violemment dans le monde des vivants. Elle se plante face à Ghislaine en la poignardant de ses yeux verts. Un regard fou, incisif, qui transperce âme et matière. Thaïs bredouille, des sanglots plein la voix :


Un de vos clients... défenestré. Sur les pavés. Dehors.

Puis, plus clairement, en montrant l'employée du doigt, sa voix qui s'élève manquant de se briser plusieurs fois :

Mais faites quelque-chose ! Un krolanne que vous logiez est étendu devant votre hôtel ! Il faut le couvrir ! Il faut appeler des secours !

En ne pouvant pas plus retenir ses larmes, elle s'étrangle.

Tous ces gens qui le regardent...

Thaïs se recroqueville à terre, enroule ses bras autour de ses genoux. Ses forces l'abandonnent.
Tout ceci n'est qu'un horrible cauchemar.
Elle a fait son travail.
Aspire maintenant au repos. A la disparition.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 2 Marigar 815 à 22h03
 
Je descends les dernières marches de l'escalier, je suis visible pour le moment. J'essaye de réfléchir à toute vitesse. Autour de moi, la tension se généralise, j'entends des cris. L'agitation est palpable. Scylla, qu'ai-je fait ? Je ne suis qu'un majordome qui n'aspirait qu'à une bonne solde et peu de soucis. Et voilà dans quoi je suis impliqué. On ne retrouvera jamais la cause originelle du décès. Mais la mienne est l'évidence même. Si jamais tout venait à se révéler, il me serait facile de m'accuser. Je souris intérieurement à ce genre de pensées pseudo-héroïques.

Du coin de l'oeil, je regarde la scène. Inexpressif. Je m'enveloppe de nouveau dans ma cape et cherche un coin dans l'escalier où je peux tenter de me fondre dans le décor. Silencieusement. Je la vois, mademoiselle Thaïs, prostrée. J'ai du mal à la cerner... Joue-t-elle la comédie ? Le plan était peut-être trop exagéré... La chute dans l'escalier aurait été plus discrète je me dis.

Je guette. Dès que la réceptionniste bougera, il me faudra foncer dans la salle arrière et commencer mon travail de fouille. Il faut qu'elle parte, même dans son état, je doute pouvoir passer à côté d'elle sans éveiller ses soupçons. Sinon, il faudra que je change d'options.

Je lui donne pas plus de dix secondes pour bouger après quoi, je devrai tenter autre chose...

Un.

Deux.



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 3 Marigar 815 à 11h12
 
Ayant momentanément oublié les affres d’Harvain ou de Thaïs, Oromonde reste hébétée sur la place publique. Elle ne se rend même pas compte de l’état de sa tenue, et est encore secouée de sursauts et de remontées bileuses peu agréables. Il lui faudra encore du temps pour se rappeler de la présence de ses camarades, et des risques qu’ils sont en train d’encourir…



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Narrateur
 
Le Merakih 4 Marigar 815 à 08h42
 
Ghislaine attend. Résiste. Héroïquement. Harvain à presque le temps d'atteindre cinq avant que le vernis ne se fissure, violemment.
La réceptionniste accompagne la cliente sur la partition des pleurs, et bredouille quelques mots. Ce n'est pas elle qui sort, drap à la main, pour masquer l'horreur dans la rue. Mais s'en est trop pour elle, elle doit s'absenter, pour reprendre ces esprits.

Quelques clients passent, mais sans un regard pour la réception, bien trop préoccupés par "l'affaire".
Pour le moment au moins, la voie est libre.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 11h30
 
*** Ambiance ***


Bien.

Je fonce bille en tête derrière la réception, dans la salle qui sert généralement d’intendance administrative ou de salle de repos au personnel. Il ne me reste plus qu’à chercher une aiguille de foie gras au milieu d’une botte de terrine comme on dit en restauration.

Dans les hôtels où j’ai officié, d’un certain standing, il y avait deux coffres. L’un derrière la réception pour les menues valeurs des clients lambda et un autre dans le bureau du directeur pour la clientèle VIP (Vachement Important Pourboire). Ici, je doute qu’il y en ait deux, je l’espère plutôt. Et j’espère surtout qu’il n’y a pas de coffre sinon je ne sais pas comment je ferai…

J’ai très peu de temps devant moi. Je commence à fouiller, au petit bonheur la chance dans les tiroirs à la recherche de ce qui pourrait être ce que je cherche. Je commence en priorité par ceux près du bureau. Je doute que le testament soit dans les fiches clients ou les documents administratifs.

Quelle sensation désagréable, j’ai l’impress…



 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 11h31
 
Thaïs hurle mentalement un "GO" à Harvain pour qu'il file vers la sortie tandis que la pauvre réceptionniste s'en va pleurer ailleurs. La rousse ne sait trop que faire : faut-il risquer de chercher le pli ? Retourner dans la foule pour se fournir un alibis au cas où on l'accuse d'un quelconque désordre dans les papiers par la suite ? La d'Ascara renifle, essuie ses larmes, tente de se reprendre -tout ceci n'est pas simplement de la comédie, le choc est réel. Il faut se concentrer sur Oromonde, sortir le groupe de là.

Thaïs voit Harvain se glisser derrière le comptoir, disparaître dans le bureau dédié à la gestion de l'auberge. Elle écarquille grand les yeux, se relève d'un bond et le suit prestement. Son esprit frappe le Majordome avec une volonté d'acier, qui ne peut souffrir de contradiction.

Harvain, que faites-vous ?! Déguerpissez ! Vous êtes déjà trop mouillé dans tout cela, il est hors de question de prendre le risque que quelqu'un vous trouve ici ! Ce serait nous compromettre tous les trois !

Thaïs grimace. L'homme a commencé à fouiller. Misère. La décision est prise, le processus est lancé.
A que cela ne tienne, elle pousse le Majordome et prend le relais, sans plus lui adresse un regard.

Je me charge de chercher cette foutue enveloppe. Qu'ils me trouvent ici, et puis quoi ? J'ai un alibi en béton au moment du... de la chute. J'improviserai.

On reste en contact. Disparaissez !


Les doigts de l'adolescente filent dans les documents, lestes et agiles. Ses larmes sont sèches, son regard est redevenu plein de volonté : il faut se focaliser sur l'objectif, noyer l'affect. Les tiroirs sont ouverts et refermés à la volée, les dossiers épluchés rapidement : Thaïs cherche l'endroit où le gérant stocke les papiers de ses clients, espérant qu'il est un minimum organisé. Son esprit tâtonne vers Oromonde, trop occupé pour s'embarrasser d'ambages :

Je suis dans ce foutu bureau à fouiller ces foutus dossiers à la recherche de cette foutue enveloppe. Tu as des détails sur où ça pourrait être et la tête qu'elle a ? Or', surtout reste avec du monde, il ne faut pas que nous semblions organisées dans ma... petite curiosité.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 11h51
 
Mademoiselle Thaïs arrive dans mon dos et je manque d’avoir une crise cardiaque. Sans un mot échangé à vive voix, la télépathie offre cet avantage, nos plans changent. Nous n’avons pas le temps de polémiquer. Je suis contrit de voir qu’elle a raison et que mon rôle s’arrête là pour l’instant. Un demi-siècle d’obéissance servile et aveugle guident mes pas vers le bureau en l’espace de quelques secondes. Si je suis repéré en train de fouiller et qu’on fait le rapprochement avec la personne qui m’a vu sortir de la fameuse chambre, l’opération sera un échec. Si on la trouve elle, on pourra l’accuser au pire de vol, caprice passager d’une adolescente profitant de l’occasion pour se faire de l’argent de poche.

Avant de sortir de la pièce, je m’enveloppe de ma cape pour me fondre dans le décor. Direction la sortie. L’agitation à l’entrée devrait suffisamment me couvrir, je l’espère, pour m’esquiver et retourner à la ruelle du début.



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 13h44
 
Oromonde semble reprendre un peu d’esprit lorsque le corps est enfin recouvert par le drap blanc. Pour autant, la krolanne fait très blanche mine. C’est l’appel mental de Thaïs qui la sort de sa torpeur. Machinalement, elle réplique par pensée :

L’aubergiste parlait d’un pli dérogatoire fourni à son épouse, autorisant l’accès au coffre en cas de décès. La location dudit coffre date d’il y a deux semaines - le pli doit être récent. J’imagine qu’il s’agit d’une lettre banale, Iolain venait des bas-quartiers et n’était pas écrivain. Elle pourrait se trouver n’importe où : tant dans le bureau que dans les affaires personnelles de la gérante…mais la demande avait l’air assez étonnante aux yeux du patron pour que le pli soit conservé soigneusement et à part, j’imagine. Je suis désolée, Thaïs.

Le pli, le coffre, le carnet, ces affaires louches opérées en fin de semaine…et pourquoi Iolain aurait-il jamais prévu l’ouverture de ce coffre, et a fortiori en aurait-il donné le pouvoir à la gérante de l’hôtel ? C'était...incompréhensible. D’ailleurs, qui pouvait-elle bien être ? Ils avaient croisé l’époux et les filles, mais guère de matrone à proprement parler. Pourtant, elle devait bien se trouver dans l’hôtel…la famille participerait-elle aux fourberies d'Iolain ? Douteux. En tout cas, elle avait du mal à se l'imaginer en se représentant le dodu compagnon et les serveuses de filles. La réputation de leur établissement leur paraissait importante. Etrange, néanmoins, qu'ils aient accepté si longtemps la présence des invités d'Iolain si régulièrement...s'agissaient-ils de gars du cru ? Mais quel rapport, encore une fois, avec la gérante ? D'extérieur, le tout ne tenait pas debout.

Sans encore bouger, Oromonde fouilla des yeux la place à la recherche du gérant, tâchant de faire un peu plus attention à ce qui se passer autour d'elle.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Narrateur
 
Le Merakih 4 Marigar 815 à 14h47
 
C'était effectivement chercher une aiguille dans une botte de foin.
Mais une aiguille d'argent bien brillante dans une botte de foin bien moisi peut parfois attirer l'oeil d'un regard.

Harvain n'avait qu'à peine pu commencer son oeuvre, mais au moins avait-il bien délimité les recherches, dès lors qu'il avait vu le large coffre.
Large, mais pas des plus performants. Avec un peu de temps et le personnel adapté, ce n'était pas le genre de protection efficace. Malheureusement, ils n'avaient ni l'un ni l'autre.

Lorsque Thaïs prit le relai, elle allait vite, trop vite pour se rendre compte de ce qu'elle voyait réellement.
Mais tandis que les doigts faisaient circuler les documents à toute allure, de ce qu'il conviendrait sans doute de qualifier de "documents à avoir sous la main", son cerveau la fit revenir en arrière.
Ses yeux avaient bien vu l'enveloppe marquée "sous conditions", mais son cerveau venait de lui rappeler quelque chose. Lui rappeler que c'était étrange d'avoir une enveloppe fermée dans une liasse de documents ouverts et accessibles.

En y revenant, oui, tout en bas de l'enveloppe, en pattes de mouche, une écriture différente avait rajouté quelques mots.
Monsieur Iolain (chambre 127) (Décès).

Il est possible que ce ne soit pas cela. Comme il est possible que Scylla revienne d'entre les morts pour aller prendre le thé chez les d'Ascara.
Pas le temps de peaufiner, ceci dit, car la sonnette de la réception se fait entendre, tandis qu'une voix mi-gênée mi-agacée fait de même.


Dîtes ? Il y a quelqu'un ? Car je veux bien croire que vous ayez des problèmes, mais c'est rapport au ménage de ma chambre.

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 16h40
 
Mince. Elle a trouvé. Thaïs reste un instant incrédule, l'enveloppe en main, les yeux ronds, la bouche entrouverte. L'enveloppe cachetée. La mention d'Iolain, de la chambre.
Aucun doute.

Thaïs fait une petite danse de la victoire d'usage, d'un pied sur l'autre, avant de se figer.

Gros doute sur l'étrangeté de la démarche d'Iolain. Un instant, la d'Ascara imagine Oromonde dans les bras d'un vieillard libidineux qui a quitté le domicile de sa mère décédée pour mieux venir s'installer dans un hôtel. De soirée devant un grog avec l'adolescente sur ses genoux, tapotant son dos pendant qu'il s'étouffe à force de tousser. Un homme très malade, sans doute, qui...

Thaïs fourre le pli dans sa robe, attrape une enveloppe vide qui traîne -sûrement pas exactement le même format ni le même papier-, y fourre une feuille blanche sur laquelle elle griffonne un absurde "Que tout revienne à Arthuro, mon associé de Kil'Sin, y compris la Boîte Grise", sans manquer de déformer son écriture habituelle. De quoi brouiller les pistes : que si le faux est démasqué -plus que probable, puisqu'il n'est même pas cacheté-, qu'il n'en semble pas pour le moins très étrange.

Tandis qu'elle s'active en toute hâte -le tout est loin d'être soigné, entendons-nous-, un trait mental enjoué puis sceptique fuse vers Oromonde et Harvain :

Je l'ai ! Ca tient du miracle. Par contre... Il avait quel âge, le bougre ? Non car de telles dispositions testamentaires, vous m'avouerez que c'est bizarre. A moins que ses Augures ne lui aient prédit une mort jeune et...

La liaison se coupe. Un client s'agite à la réception. Thaïs émet de la voix la plus neutre qu'elle peut faire -loin de toute féminité- un "j'arrive, une minute", ferme l'enveloppe, réécrit le plus fidèlement possible le "Monsieur Iolain (chambre 127) (Décès)" -ce sera nécessairement imparfait- et replace le faux pli où elle a trouvé le vrai.

Elle prend dix secondes supplémentaires pour remettre un peu d'ordre dans ce qu'elle a dérangé, que la fouille ne soit pas trop flagrante puis, d'un geste théâtral, arrache sa perruque rousse et plonge ses mains dans sa robe pour enlever sa fausse poitrine -effet étrange que cette mastectomie sauvage. Elle fourre le tout au niveau de ses fesses, coincé dans sa culotte, avec la promesse à elle-même de ne tourner le dos à personne et... advienne que pourra.

Avant de quitter le bureau, un regard contrit vers le coffre : Thaïs aurait bien tenté de l'exploser à coup de Noxamancie mais réflexion faite, cela aurait sans doute manqué d'un brin de subtilité.

C'est l'air grave qu'un individu à la coupe courte se présente devant le client impatient. Visage filiforme mais sans genre, tignasse massacrée, corps fin sans forme. Fesses avec beaucoup de formes bizarres, mais ça personne n'est censé pouvoir le voir encore...

Thaïs prend bien soin de baisser les yeux -que le vert ne se remarque pas trop-, comme contrit devant la situation. Elle fait surtout semblant d'être très embêtée et occupée derrière le comptoir, et lâche dans un gros soupir à l'intention de l'individu un expéditif :


Ecoutez, l'Auberge est vraiment navrée de cette situation. Donnez-moi juste le numéro de votre chambre, votre ménage sera fait en toute priorité. Je m'en porte personnellement garant.

L'emploi du masculin n'est pas anodin. Thaïs tente d'avoir l'air très assuré, qu'il ne s'en vienne pas lui demander qui il est.

Se disant, elle contourne le comptoir pour se replacer aux côtés du client -histoire de ne pas rester dans une situation dangereuse trop longtemps, d'ici que l'éplorée revienne. Les mains sur les hanches, elle attend en hochant la tête d'un air désolé, invitant l'individu à passer son chemin rapidement.

Thaïs espère que cela passe et que le client s'en aille sans demander son reste. Auquel cas, l'adolescente filera loin de la réception remettre perruque et sa fausse poitrine -qu'elle ne pourra jamais réajuster aussi bien, mais qui s'en soucie à part tous les garçons de cette auberge ?-, avant de rejoindre Oromonde. Le cas échéant, il faudra encore... improviser.




 
Narrateur
 
Le Merakih 4 Marigar 815 à 19h01
 
On ne s'est pas... Vous êtes nouveau, hein ? Je ne...
Enfin bref. Je comprends, hein, mais ça fait deux jours de suite. Je suis déçu, et...

Le débit est hésitant, comme si quelque chose le titillait. Une incohérence, un doute, quelque chose comme ça. Mais finalement, ne parvenant pas à mettre le doigt dessus, le client renonce, et repart sur l'essentiel.

C'est la 78. Monsieur Isoldure. Chambre 78. Voilà.

Et il repart. Bon timing, car les pas annonçant le retour de Ghislaine ne tardent pas à se faire entendre, mais tout danger semble écarté.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 4 Marigar 815 à 20h49
 
Thaïs ne demande pas son reste et part dans le sens contraire du malheureux client. Sans doute retournera-t-il se plaindre. Un instant, la d'Ascara pense à en toucher un mot à Ghislaine ou à laisser un mot. Mais trop de risques ont été pris et elle n'en fait rien.

L'adolescente trouve un recoin où elle se recoiffe à la hâte de sa perruque -qu'elle ressort de sous sa robe, on repassera pour le style et le glamour-, remet son rembourrage tant bien que mal, s'arrange comme elle peut. Tout semble un peu de travers mais enfin, elle n'aura qu'à prétendre qu'elle est bouleversée. Oui, ça la défrise et lui rend un sein plus gros que l'autre, vous avez d'autres questions de curieux malsain ?

Thaïs rejoint Oromonde, résumant mentalement l'ensemble de son action à ses deux compères : la fouille, la trouvaille, le remplacement, le décoiffage, le client.

Discrètement, la d'Ascara se faufile dans la foule derrière sa compagne. Le corps a été recouvert d'un drap. La grande majorité de la foule parle d'un suicide -chose inconcevable en Kil'dé, m'enfin, Thaïs ne connaissait pas plus que les autres l'Augure de Iolain. Les choses s'organisent sans doute : les autorités prévenues pour venir constater la mort et enlever le corps.

La d'Ascara dit tout haut à Oromonde, autour des épaules de laquelle elle passe un bras apaisé -bien que quelques larmes recommencent à rouler sur ses joues, l'adrénaline retombée :


Ecoute... Je... je ne me sens pas bien. Et tu es toute pâle...

Un regard assuré. Il serait peut-être bizarre qu'Oromonde disparaisse de suite. Le tenancier lui avait parlé du pli testamentaire, il serait illogique qu'elle ne s'en souvienne aucunement -même si le choc émotionnel peut expliquer beaucoup de chose. Comme il serait anormal que sa "cousine" la plante là, avec son cadavre d'amant. Ou que ni l'une ni l'autre ne tentent de comprendre ce geste, en façade : a-t-il laissé un mot ? Une explication ?

A Oromonde de décider de la suite. Thaïs lance simplement un trait mental à Harvain pour se coordonner : il faudrait que le Majordome récupère le pli, au cas où les deux femmes soient fouillées. La d'Ascara a dans tous les cas bien l'intention de le remettre ultérieurement à Oromonde, que ce soit elle qui l'ouvre et le lise. Au calme.
Plus tard.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 5 Marigar 815 à 15h18
 
Oromonde est à peine soulagée par les propos de sa « cousine. » Bien. Ses compagnons ont donc réussi leur tour de passe-passe. Résumons : personne ne sait qui est vraiment la rousse qui se trouve à côté d’elle. Une fois hors de cet endroit, Thaïs ne court aucun risque ; Harvain, par contre, est plus reconnaissable. Quant à elle-même, de quelles informations disposaient au final les aubergistes ? Certes, elle paraissait suspecte ; l’aubergiste avait vu son visage de près. Mais pas de noms, pas d’autres détails. Cependant, retracer Iolain à elle ne devrait pas être très difficile, tant son affection pour le jeune homme était connue depuis longtemps déjà dans son quartier…donc, si on voulait lui poser des questions, eh bien on les lui poserait : peu de chances de s’en sortir de ce côté-ci. Resterait à jouer le jeu, si elle pouvait le tenir – et elle commençait à en douter -, et à insister sur les affaires douteuses que menait Iolain dans ce quartier. Quid de sa cousine, en ce cas ? On lui demanderait forcément où elle se trouvait. Et elle ne pourrait pas répondre à ça…Quel casse-tête…et elle n’avait plus envie d’y penser, plus du tout.

« Je ne me sens pas bien non plus. »

Elle ferme les yeux un instant, se laisse aller dans les bras de Thaïs. Elle acquiesce mollement à la suggestion de Thaïs, selon laquelle il faut donner le pli à Harvain. C’est vrai que ce serait plus intelligent.

« Je veux rentrer chez moi. Je me moque de cet endroit. Est-on obligées de rester ? » se plaint Oromonde.

Elle rajoute psychiquement : Thaïs, s’il faut que je joue encore la comédie, j’ai peur que vous soyez prise. La Défense doit déjà être avertie. Vous êtes bien déguisée, mais pas assez pour tromper un Commis. Quoi que nous fassions, je vous en prie, dépêchons-nous.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Julung 5 Marigar 815 à 17h28
 
Tu as raison, je...

Avant toute autre chose, transmettre la lettre, par toute sécurité. Thaïs fait semblant de se sentir soudainement mal, se tient le ventre et fait le tours de l'Auberge, comme pour se cacher d'une éventuelle nausée. Dans un endroit plus calme, elle se colle au mur comme prise de vertiges et coince prestement l'enveloppe entre deux briques. La rousse se tient un instant immobile, comme si le haut le coeur passait, puis revient, chancelante, trouver sa compagne. En même temps, son esprit s'active à destination de ses deux complices :

Harvain, j'ai caché l'enveloppe dans l'angle gauche de l'Auberge, entre la brique numéro 3 ou 4 en partant d'en bas à droite. Prenez-la et foncez à la demeure d'Ascara prestement.

Oromonde, nous ne pouvons partir comme cela. Je vous propose de laisser votre adresse à l'aubergiste et de jouer les malades : nous nous éclipserons. Allez le voir seule pendant que j'attends ici, l'air nauséeuse, cela évitera les questions embarrassantes à mon sujet.

Pour le reste, il faut envisager que je sois compromise. S'il est question de moi plus tard, il faudra me vendre : sans quoi nous paraîtrons louches. Nous prétendrons simplement que nous sommes devenues amies par l'intermédiaire de l'inimité de nos mentors et que je me grimais en prétendant être votre cousine pour ne pas qu'ils apprennent nos copinages -ce dont ils ne se seraient jamais relevés. Sans parler de notre différence de rang. J'ai un alibis aussi solide que le vôtre au moment de la... chute. Je jouerai l'originale bohème pour le reste.

Ne tardons pas plus.


Thaïs se tient la tête comme si cette dernière se mettait à tourner. Elle s'accroupit et fait signe à sa "cousine" de s'en aller annoncer leur retrait contraint. Si Oromonde et Harvain adhèrent à ce plan, toutefois.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 5 Marigar 815 à 17h43
 

L’idée de Thaïs lui semble bonne, aussi acquise-t-elle. Elle s’en retourne, la démarche raide, vers l’entrée de l’hôtel, et s’approche du comptoir.

« Excusez-moi », demande-t-elle à Ghislaine qui a repris son poste. « Je…je voudrais juste…m’entretenir rapidement avec votre patron. Est-ce qu’il est possible de le voir ?»



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
MJ
 
Maître de Jeu
 
Le Vayang 6 Marigar 815 à 21h47
 
Je... Je vais voir.

Le suicide de client n'est clairement pas une habitude dans l'établissement, mais pour autant une certaine discipline règne assurément, car on tente déjà de s'adapter, de faire "comme d'habitude".

Et c'est donc juste un peu plus lentement que d'habitude, et -du moins extérieurement- juste légèrement troublé, que le patron arrive bientôt à la réception.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Dhiwara 8 Marigar 815 à 12h05
 
Je suis silencieusement la scène. Du coin de l’œil, retranché dans ma ruelle et l'esprit ouvert, je vois la scène se dérouler au loin. Les choses ne se sont pas passées comme prévu. Il a fallut improviser et il faudra continuer à improviser très certainement. Mais au moins la situation recolle avec le plan. Maintenant va venir la deuxième partie. Les explications, les questions, l'arrivée de la Défense. Là, il ne faudra pas faire de faux pas. J'ose espérer que leur présence au moment des faits sera suffisante pour esquiver la plupart des suspicions.

Sous couvert de discrétion, je longe les murs, me rendant là où j'ai vu mademoiselle Thaïs déposer son pli. Nous avons eu de la chance sur ce point, reste à voir si la roue va tourner... J'entends son plan, je hausse un sourcil métaphorique. Je suis surpris qu'elle soit capable de réfléchir dans une telle situation. Le comportement de mademoiselle Oromonde me surprend également, j'en attendais pas autant. Toutefois, mon cœur se serre à l'idée de ce que ces jeunes femmes ont du vivre. A leur âge, les personnes normales sont bien loin de ces considérations morbides.

Mais nous ne sommes pas normaux. Nous sommes des tueurs, menteurs, nous sommes une improbabilité dans le déterminisme de notre quartier. Nous sommes une nuisance tout juste tolérée ici mais abattue ailleurs.

Nous sommes lanyshstas.

Je finis par trouver l'enveloppe et la range non pas dans une poche intérieure mais sous ma chemise. Je me dis naïvement que si on me fait les poches, il faudrait oser me fouiller jusque là...


J'ai récupéré le pli, je pars à la demeure, gardez le contact. dis-je laconiquement aux deux jeunes femmes.

Je continue à travers les ruelles pour m'éloigner au plus vite de ce sinistre théâtre. Je prendrai une voiture quand je serai suffisamment loin. L'enveloppe contre mon torse semble peser bien lourd. Le poids de la culpabilité.

Bien plus tard, lorsque j'arriverai à la demeure, je rangerai le pli au fond d'une boite à thé.



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 8 Marigar 815 à 21h42
 
Oromonde lève un minois hagard et ailleurs. Qu’est-ce-qu’elle voulait faire, déjà ? Ah, oui.

« Désolée monsieur…c’est que…je ne me sens pas très bien. Je crois que je vais partir. Est-ce-qu’il faut que je vous…laisse quelque chose ? Est-ce que…est-ce qu’il y a quelque chose…»

Elle s’arrête là, authentiquement confuse tant dans ses propos qu’intérieurement, puisqu’elle a déjà oublié ce qu’elle comptait dire.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*

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