*** Pour ne pas déroger au protocole des présentations, Scellynia tenue sa robe sur un côté et plia légèrement les genoux en signe de salutation et esquissa un léger sourire. Elle ne pouvais pas tenir de deux côtés sa robe comme cela se fait habituellement pour les présentations, cette dernière pour la soirée était relativement serrer autour de sa taille, elle n'aurait pas pu attraper plus de tissu que possible. ***

C'est un plaisir pour moi que de vous rencontrer Dame d'Ascara, cette jeune personne du nom de Linsey vous recherchait hâtivement et ne vous trouvais point en ce lieu si charmant.

J'ose à croire qu'en venant à votre encontre, elle a su vous libérer de cette homme, dont le visage ne m'inspire rien de bon d'ailleurs. Le connaissez vous?

J'ai plus pour habitude de côtoyer moult gentilles hommes dans mon établissement dans le quartier commerçant et une chose est sur, il n'en fait pas partie...

*** Elle pris le temps de regarder Linsey qui semblait très ravi d'avoir retrouvé son amie Thaïs, comme une enfant retrouvant une personne de sa famille dans une foule d'inconnue...

Elle esquissa un sourire une fois de plus, cette beauté naturelle de l'amour et de l'amitié lui manquait un peu plus chaque jour à force de côtoyer des gens venant la voir uniquement pour le plaisir de l'argent et d'écraser les autres...***

 
Quels étranges ballets que ceux se déroulant sous ses yeux à l’Hermine de cristal. Alternativement, les convives s’approchaient, se parlaient, se dérobaient. C’était une farandole improvisée qui se jouait devant lui. A moins que ce ne soit orchestré par un marionnettiste dissimulé dans l’ombre des alcôves absentes. Absurde. Il s’amusait des échappatoires dont usaient les acteurs de la pièce qui se poursuivait sans relâche dans la taverne dont il avait passé l’entrée par curiosité suite à un concours de circonstances du au hasard.

Voilà donc que Nashoba se retrouvait le bec dans l’eau, planté au au milieu des deux coqs de combats qui peinaient à trouver leur second souffle. Le combat s’était ainsi pour ainsi dire éteint. A moins que, tel le Phénix, le combat ne renaisse de sa fin. Il fallait une grande imagination pour prévoir ce qu’il adviendrait entre les deux krolannes.

Les destins s’entrecroisaient, s’évitaient, s’entrechoquaient finalement peu, se mélangeaient avec parcimonie. Il observait les vies se poursuivre sans hâte au cours de la nuit. Il ne s’invitait pas à participer à l’amalgame naissant. Il y avait trop de choses à découvrir de sa situation. Les noms, les visages, les attitudes, les peurs, les volontés, les désirs, les ambitions, les dogmes. Observer et veiller. Cela suffisait, pour l’instant.

 
Linsey est ravie de voir que Thaïs a pu la suivre. Tout en l'écoutant, elle regarde fugacement en direction de Khan et pense tout haut (trop haut peut-être). Il est plutôt beau. Un corps athlétique, une tenue élégante... Ouch ces vapeurs d'alcool ! Je n'aurais pas dû boire mon cocktail si vite, surtout le ventre vide... Elle revient dans la discussion.

Thaïs, laisse-moi te présenter Scellynia, tu as dû en entendre parler ? Puis en pensée. Elle s'est annoncée librement comme Lanyshta, tout comme toi.

 
Scellynia...

Répète Thaïs pour elle-même. Son sourire se fait plus chaleureux encore.

Mais bien sûr. Ma Dame, c'est un réel plaisir que de vous rencontrer enfin. Votre réputation d'excellente marchande n'est plus à faire !

La d'Ascara hoche la tête de façon convaincue. Ils ne sont pas si nombreux à avoir eu le courage -ou la folie- de donner leur nom dans les Entrelacs. Thaïs est réellement ravie de croiser une nouvelle comparse. Elle répond finalement à propos de l'homme :

Oh, je vous arrête de suite : cet individu est charmant. Seulement il semble me connaître et moi non, ce qui m'a mise dans un grand embarras à son égard. Je n'ai pas réussi à lui soutirer son nom et comme vous, Dame, je n'ai aucun souvenir de l'avoir croisé dans le Quartier. Il n'a aucun accent étranger et semble actif à un rang notable.

Et, de nouveau pour elle :

Il faudra se renseigner...

Thaïs chasse symboliquement l'inconnu de sa tête d'un mouvement de la main et enchaîne aimablement :

Alors, Mesdames, passez-vous une bonne soirée ? Linsey, vous êtes ravissante. Peut-être l'occasion est-elle là de vous trouver un beau parti...

Clin d'oeil et sourire amusé. Thaïs ressemble à tout sauf à une cocotte qui fantasme sur les garçons.

 
Il n'en fallait pas plus pour faire rougir Linsey une nouvelle fois. Elle chasse vite la première image qui lui vient suite à la blague de Thaïs : Khan se trouvant quelques mètres derrière elles. Si tu veux Thaïs je peux m'en charger. Non, non... Non !

Et bien à vrai dire, je ne sais pas si c'est vraiment le moment pour me trouver un beau parti. Merci d'avoir insisté pour que je vienne en tout cas, même si les débuts étaient très inconfortables pour moi, Scellynia est venue me mettre à l'aise. Et je l'en remercie. Cette dernière phrase est appuyée d'un franc sourire et d'un léger hochement de tête.

 
*** La phrase de Thaïs envers la jeune Linsey avait su faire son petit effet et cela se vit sur le visage de cette dernière.

Scellynia se tourna laintenant vers Thaïs afin de répondre à sa question. ***


Il faut dire que notre hôte sais recevoir, Dame D'Ascara, et qu'il n'a pas lésiné sur les dépenses.

Pour ma part c'est la première fois que je viens à ce type de soirée, avant dans ma famille seul mes parents venaient eux aussi sur invitation mais depuis que je suis devenue indépendante et surtout je pense Adjointe au Commerce de Kil'dé, j'ai eu moi aussi la joie de recevoir le sésame pour la soirée.

*** Elle pris le temps de réfléchir si elle connaissait autre chose sur sa nouvelle interlocutrice, elle aimait savoir et avoir des informations sur les gens en générale.

Elle n'était pas du genre à faire du commérage, ses informations devaient lui servir uniquement pour son métier, connaître les gens, leurs travail afin de connaître du coup la bonne santé de leurs entreprises, savoir si cela vaux le coup d'investir ou programmer des échanges commerciales sur la durée... ***

Dites moi, et coupez moi de suite si le sujet est délicat, vous exercer dans quel domaine en Kil'dé?

Je vous demande cela purement pour le professionnel, si jamais nous pourrions avoir à travailler ensemble dans le future car pour moi cette soirée ne représente pas uniquement un moyen de faire connaître l'Hermine mais aussi à ce que les personnes ici présentes étoffent leurs relations.

 
Je vous en prie, répondit t-il avec son sourire le plus charmant lorsque Thais annonça sa fuite.

L’intervention de la mignonne Krolanne rousse lui rappelait deux sœurs aux forts tempéraments qu’il avait jadis côtoyés. Son intrusion fut assez brusque cependant car elle emmenait déjà, et assez rapidement, l’Ascara qui lui avait semblé jeune mais des plus sympathique. De son œil d’investigateur il les observa en silence profitant des petites secondes de flottements qu’elles lui avaient accordés.

Soit elles tombaient à pic pour tirer leur copine de leur conversation, soit tout comme Thais, elles étaient des Lanyshtas. Dur cependant d’en être certain, Thanal’ot se contenta de les regarder avant de revenir à sa cavalière du soir qui était toujours plus loin.

Petits fours en main il se déplaça donc entre les convives pour retrouver Eileen, qui, toujours devant son idole ressemblait plus à une écrevisse qu’à une krolanne. Khan tenta de jauger ce qu’il se passait devant lui et ses yeux croisèrent ceux d’Eileen qui sembla reprendre contenance.

Canapés au foie gras, fraichement préparés.

Te voilà ! S’exclama-t-elle en lui saisissant le bras manquant de lui faire renverser ce qu’il tenait.
Mon cœur bat trop vite je n’arrive pas à m’exprimer, aide moi Khan.

Ils avaient bien entendu convenu auparavant de ne pas révéler son nom durant la soirée, ses parents n’étant pas au courant de son retour mais Eileen semblait vouloir profiter de son partenaire pour engager la conversation avec son idole. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir et devait bien finir par réaliser que le Kil’dé n’était pas le Kil’dara.

Le lanyshta s’adressa alors au vieil homme.

Je suis Khan Thanal’ot et voici Eileen Daina.
Nous souhaitons, mon amie et moi vous présenter nos félicitations pour votre travail exquis qui convient admirablement à l’hermine.
Eileen est une grande admiratrice de vos œuvres.

 

Ouf, plus personne en vue, la serveuse peut reprendre le fil de la soirée normalement. Au moins, ces distractions lui ont permis d’oublier ses aigreurs d’estomac et elle reprend son travail normalement, attentive aux besoins de chacun. La voici donc à nouveau, se déhanchant selon les conseils prodigués par ses collègues féminines, qui se ballade avec un vaste choix de plateaux de boissons et d’apéritifs. Elle s’arrête aisément pour adresser quelques mots à droite et à gauche et s’assurer que chacun est à son aise. C’est ainsi qu’elle décrocha un sourire maladroit à Kharib pour lui mettre un plateau de cocktails sous le nez.

« La soirée se passe bien, Monsieur ? »

**

Du côté de Li Yun, par contre, les choses vont moins bien. Depuis qu’Harvain a quitté la partie, le duo s’est essoufflé. Après quelques passes de politesse classique, il semblerait que Pujado et lui n’aient plus rien à se dire. Pour l’instant. Li Yun se lisse donc la moustache de la main gauche tout en croquant des olives de la droite, et cherche de ses yeux plissés par l’âge quelle personne de bon goût, et surtout, de bonnes bourses (et par là, il voulait bien sûr dire : financièrement omnipotent) il pourra par la suite importuner pour faire baver d’envie son collègue ignare. Mais ce qui se présente à lui est encore mieux : il s’agit d’un jeune couple, principalement composé d’une jeune fille, principalement composée d’une jeune poitrine alléchante. Li Yun jette un regard dédaigneux à l’accompagnant masculin, puis se fait tout sourire vis-à-vis de l’infante.

« Très heureux de l’entendre je suis, ma chère. Vos compliments beaucoup me touchent. Merci, jeune homme.»
Il s’arrêta pour suçoter une olive, et poursuivit :

« Mais à mon échoppe ne vous ai-je pas déjà aperçu ? »

 
De la musique, des cocktails, un sourire, même maladroit, de la serveuse que demandait le peuple... Tout en prenant soin de ne pas bouleverser le plateau sur lequel reposaient les verres, il saisit l’un d’entre eux avec une grande dextérité malgré ses gants de cuir.

Certes. Elle se passe bien.

Les choses étaient telles. Il importait toutefois de savoir de quel point de vue on se plaçait.

Cela fait longtemps que vous travaillez dans cet endroit ?

 

La serveuse adresse une mine policée au client. Elle espère que sa question ne signifie pas qu’elle est maladroite ou qu’elle a l’air inadapté. Est-ce-que son stupide maquillage sur les yeux est en train de couler ? Où en sont les pains surprise ? Est-ce-qu’elle a bien pensé à débarrasser les tables ? Elle en transpire pas des aisselles, au moins ?
C’est toutes ces questions, et bien plus encore, que le jeune homme peut entendre dans l’intonation aigue et un peu angoissé de la créature aux cocktails :

« Je suis nouvelle, en réalité. J’ai rejoint l’établissement au titre d’apprentie. J’y suis une formation dispensée par le Locus Solus en alternance il y a quelques mois. Et vous ? Je ne vous ai encore jamais vu ici précédemment. »

 
Adjointe au Commerce, que voilà une belle fonction et un avenir prometteur.

Répond Thaïs, réellement admirative -elle bien incapable de négocier la moindre chose. Puis, se retournant vers Linsey :

Vous êtes toute à votre place ici, chère. Je gage que vous occuperez bientôt l'une des meilleures places du Quartier. Donnons-nous juste le temps de l'identifier.

Le tout accompagné d'un hochement de tête convaincu. Thaïs revient à la Commerçante, ne voyant aucun mal à la question :

Je suis Adjointe aux Sans-Destins. Je travaille dans la branche... diplomatique du Kil. Mais selon ma Mère, ce n'est que provisoire, mes Augures me promettent à un long mariage et à une riche vie de femme au foyer -ou est-ce l'inverse ?

L'ironie fane un instant le sourire de Thaïs, qui change de sujet rapidement :

Mon Maître est ici présent. Il s'agit de Sire Pujado, je...

L'adolescente cherche son mentor du regard, le trouve, rougit complétement et se tait.

***

Pujado semble fulminer. Il poignarde du regard l'homme et la jeune femme qui complimentent Li Yun avec cette sincérité si écoeurante de... sincérité. Le vieil homme s'éclipse un instant, dans le dos de Li Yun, faisant ostensiblement rouler ses yeux tandis que les compliments pleuvent, soupirant bruyamment à chaque mention du mot "Maître" ou marque de prestige et semblant tenter d'avertir subtilement les inconnus qu'ils font une grossière erreur sur la personne.

 
*** Scellynia regarda la jeune Linsey afin de revenir sur la phrase que Thaïs venait de lui dire. ***

Vous savez, votre amie a raison.

Rien ne sers de ce précipiter, la mariage et surtout trouver la bonne personne avec qui se marier, n'est pas une chose facile il y a plusieurs paramètres à prendre en compte pour que tout fonctionne parfaitement.

Déjà forcement il faut une attirance pour ce dernier, en tout cas moi je vois ainsi.
Il doit avoir au minimum une éducation à votre niveau et si possible légèrement supérieur à la votre, OU le lui faire croire c'est important.

Il ne faut pas se leurrer, les hommes souhaitent toujours montrer, surtout devant d'autres hommes, que c'est lui le patron dans le couple.

Après pour l'aspect finance, je penche pour le même principe que l'éducation.

*** Cette fois si, elle se tourna vers Dame D'Ascara pour revenir sur ses derniers dire, sur sa profession. ***

La branche de la diplomatie hum hum, je pense que nous aurons à travailler ensemble dans le future.

Je compte bien faire de notre Kil, le Kil moteur en matière d'artisanat sur le long terme et votre travail pourrait engager cela avec de futures partenaires commerciales mais nous pourrons en parler plus tard à mon établissement si vous le souhaitez car j'aurai besoin de renseignements que vous auriez peut être et j'ai une personne que j'aimerai inviter à ce sujet et sur un autre, le renseignement.


*** Elle se tourna maintenant en direction de Sire Pujado et lui fît une révérence afin de le saluer comme il le conviens. ***

Ma chère, je pense que vous avez la un beau parti qui promet d'augmenter bien plus encore votre influence.

Pour ma part, je suis comme Dame Linsey, je n'ai pas d'époux ni de promis mais il me semble que je sois moins presser pour en avoir un que cette dernière.

Je ne suis pas très vieille non plus et j'explore un peu si on peux dire ainsi.

Je ne souhaite aucunement me tromper, un choix reste un choix, on ne peux le changer et je ne compte pas changer d'époux une fois que j'en aurai un bien entendu.

 
Scellynia apparaît comme une grande experte en mariages, combien de fois s'est-elle déjà mariée ? Linsey la laisse parler sans l'interrompre, et cherche à deviner son âge. C'est toujours délicat avec les femmes, surtout quand elles sont aussi bien apprêtées.

Ah, après ce brouillard de discours diplomatique, Scellynia lui donne de nouvelles indications sur son parcours. Elle semble jeune, ne s'est pas mariée. Cette discussion légère plait bien plus à Linsey, mais elle s'est apparemment déjà affichée comme une femme à la recherche d'un époux ! Pourtant ce n'est pas vraiment le cas, elle doit se méfier. Et donc, elle reste encore une fois silencieuse, se contentant de sourire quand on la regarde pour montrer qu'elle n'est pas totalement exclue de la conversation.

Mais pourquoi, pourquoi l'avenir d'une femme doit-il toujours se décider en fonction du choix de son époux ?

 
Ah, il y avait donc un apprentissage dans le domaine. C’était une information, même si ce n’était pas la plus pertinente ni la plus intéressante qu’il avait pu obtenir depuis le début de la soirée. D’un œil, il voyait que cela paraissait être sur le point de s’animer à nouveau du côté des coqs. Sans doute l’ami Khan avait-il dit quelque chose qui avait remis de l’huile sur les braises encore ardentes. D’où il était, Kharib n’avait pas suivi toute la conversation. Au pire, le Kildarien était en mesure de se défendre. Celui qui avait combattu les Pest-hilents était à n’en pas douter de taille à affronter deux coqs, même en pâte. D’ailleurs, celle-ci était encore à modeler.

La question qui lui était retournée ne posait guère de souci au Lecteur. Il s’attendait à cette dernière depuis son entrée dans le troquet, même de cristal. Saisissant l’occasion la réponse reprenait la précédente.

Je suis nouveau aussi. Cela nous fait un point commun… Je suis en formation, de client. Quelles sont les choses à savoir sur l’établissement et ses habitués ?

 
« Ah », fait Oromonde, se retournant le cerveau pour savoir ce qu’elle pouvait ajouter à cette déclaration. De toute façon, la jeune apprentie ne pense pas une seconde que le nouveau client n’a pas sa place ici. S’il est présent, après tout, c’est forcément pour une bonne raison. D’ailleurs, le fait même qu’elle ne l’ait jamais rencontré avant en ces lieux présage de la puissance que ce monsieur doit avoir ! Les propriétaires de l’Hermine ne sont-ils pas eux aussi souvent absents ? De même, ce monsieur, qui ne paye pourtant pas de mine de l’extérieur, pourrait être un grand voyageur, un ami des propriétaires, ou bien un riche investisseur étranger. Pire, cela pourrait être un client mystère. Leigh Hunt, le cuisinier-saucier du restaurant, lui en a déjà parlé. Créatures dissimulatrices aux mœurs infâmes, ces êtres anonymes errent dans les milieux de l’hôtellerie, cahier de note dans la poche, pour juger secrètement du service local et du niveau de l’établissement ; une seule de leurs notes fait office de prédiction d’avenir pour le lieu. En y regardant de près, ce nouveau client en formation a la tête de l’emploi. Petit, discret, posé, trop posé…Ouh-lala. Le cahier de note assorti du crayon correspondant ne devait pas être bien loin.

Dans le doute, proposer des canapés au foie gras. Depuis le début de la soirée, cette diversion a l’air d’être efficace. Oromonde opère un échange de plateaux à 360° en un éclair pour tendre frénétiquement les dits canapé à l’étranger.
« Ben… » mauvaise réponse ! et avec l’accent des Fissures, en plus ! reprenons, plus dans le style local… « L’Hermine de Cristal est plus qu’un établissement, c’est une tradition. » Pas trop mal. Mais qu’est-ce-qu’elle allait bien pouvoir raconter après ça ? ‘J’y travaille pour me faire du fric et dissimuler ma condition de lanyshta ?’ Allez, un peu d’inspiration… « Dans le quartier comme dans tout le Kil’Dé, l’Hermine s’est imposé avant tout comme un lieu de repos et d’hospitalité, qui a à cœur d’élever les valeurs du goût et de l’élégance. Les plus importants chercheurs en restauration du Locus Solus ont travaillé ici et y ont confectionné certains des mets les plus fameux du Kil. Pensons au célèbre « Baba au Rhum » qui fût crée dans ces lieux-mêmes. » Continue, continue… « Euh…les clients…Les clients sont avant tout des habitués, bien que nous recevons aussi régulièrement des nouveaux clients comme vous. Ce sont…des gens de divers horizons, des familles nobles, des gens de la Mesure, des artistes, des gens de goût, des artisans reconnus, et tous ceux qui viennent franchir ses portes. » Ouf. « Cette soirée réunit nos habitués les plus fidèles comme de nouveaux clients qui ont pris à cœur notre établissement. » Elle entreprit ensuite de présenter les visages ‘majeurs’ de la foule de la même façon qu’elle l’avait fait pour Eileen précédemment.

 
J’en prends note, relève sobrement le Lecteur à l’issue de la présentation vivante de la krolanne. Finalement, il ne paraissait pas y avoir réellement de typologie de la clientèle. Tout au plus avait-elle insisté sur la noblesse de certaines personnes. Par contre, il s’agit d’ordinaire d’habitués. Il se demanda à quelle catégorie de clients il pouvait bien appartenir d’après la nomenclature énoncée par la serveuse :

-Famille noble ? Non
-Mesure ? Non
-Artiste ? Non, quoique à temps perdu…
-Gens de goût ? Pourquoi pas, mais non si cela impliquait de revêtir un costume de pingouin
-Artisans reconnus ? Non
-Tous ceux qui viennent franchir ces portes ? Oui

Il était donc compris dans la classification de la clientèle. Certes. Mais dans la rubrique « autre ». Sans doute celle-ci n’occupait-elle pas une place privilégiée dans l’esprit des maîtres de céans, mais cela importait peu, du moins pour l’instant. Il ne devait pas correspondre aux valeurs du goût et de l’élégance recherchées par le piano-bar. Nul doute que l’homme au chapeau devait être un habitué, lui, raison pour laquelle il avait reçu une invitation. Il s’en était débarrassé. Et Kharib avait passé les portes du troquet à sa place. C’était ainsi fait.

Tiens, on faisait de la recherche en restauration ? Comme c’était rafraîchissant. De son point de vue, tant que le gigot était bien cuit, le reste pouvait être supporté. A commencer par ces canapés au foie gras dont il dégustait un exemple qui lui avait été tendu sur un plateau par la préposée. Ce n’était pas sa tasse de thé, mais il s’en accommodait. Par contre, Locus Solus sonnait un peu comme une secte nécrosée dont les membres s’inhumeraient un jour au coucher du soleil.

De quoi s’agit-il ? demanda-t-il au sujet de ce nom.

La demoiselle paraissait aussi ne pas être née dans le luxe de l’établissement qui l’employait. Le Lecteur n’avait pas manqué de reconnaître l’accent des bas quartiers du Kil lorsqu’elle relâchait la pression au moment de parler. Il n’en dit rien cependant. De toutes façons, il était évident que les classes privilégiées ne voudraient pas de la place qu’elle occupait. L’endroit devait donc chercher son personnel ailleurs. Et cela était très bien ainsi.

Pendant que la femme aux plateaux lui indiquait les noms de différents protagonistes de la soirée, il avisa les groupes et réinterpréta les déplacements des personnes. Puis, il reprit :

Un lieu de repos et d’hospitalité dites-vous ? La démonstration du sieur Pujado et de son acolyte était donc mise en scène ?

Dans le cas contraire, on était plus près des gargotes des Fissures que de l’établissement de classe, ce qui ne correspondait pas au niveau de goût qui était visé.

 
Le vieux Pujado rend son bonjour à Scellynia, tapote l'épaule de Thaïs puis s'éloigne discuter avec un autre groupe, non loin de Li Yun. Chacun des deux coqs semble vaquer à d'autres activités, sans oublier de s'échanger quelques regards venimeux et de jauger la qualité de leurs interlocuteurs de temps en temps.

Thaïs répond à ses compètes, un peu amère :

Vous savez, tout est écrit. Il est dit que je me marierai avec un Puissant avant la fin de mon adolescence : je ne pourrai y déroger. Les Augures des femmes de ma Famille ont toujours été très précises sur ce point.

La volonté de choix est une illusion que nous entretenons pour arrondir les angles de notre Destin.

Elle chasse d'un mouvement de la main cette conversation qui tourne tristement.

Je serai ravie d'aider votre commerce de quelque façon que ce soit. Notez que j'ai quelques talents dans les Infusions d'objets : je peux rendre certaines matières plus solides et certaines armes plus létales.

 
*** Voilà une chose qu'elle aimait entendre, une nouvelle artisane.

En effet Scellynia est toujours à la recherche de personnes pouvant remplir son carnet de contact, uniquement destiné pour le commerce et l'artisanat.

En tout cas c'était bien la première fois qu'elle croise une Lanyshta qui pratiquait l'art de rendre les choses plus solides ou rendre les armes plus puissantes.

Elle était ravi de compter une personne ayant se don, elle n'avais encore personne de ce genre sur sa liste. ***

Se que vous me dite la est très intéressant.

Comme vous le savez certainement je suis à la recherche de toutes personnes faisant de l'artisanat sous toutes ses formes.

J’établis une liste de contacts, ainsi lors d'une demande pour une création, réparation ou infusion, je pourrai rediriger se client vers la personne adéquat.

Pourrais-je vous ajouter à ma liste sachant que celle affiché à mon établissement n'est nullement nominatif, elle reprend les Arts lié au commerce et artisanat uniquement, les noms ne sont que pour moi.

Prudence oblige si vous voyez ce que je veux dire et nul écrit des noms, ils resteront en moi.

 
Saleté de Pujado…le voilà qui se colle à lui, probablement dans l’espoir d’obtenir un regard de cette adorable jeune fille ! Quelle vermine, quel cafard, quel cucurbitacée ! Li Yun lui écrase brusquement le pied d’un mouvement vif, tout en conservant un air parfaitement innocent et souriant à l’égard de Khan et de sa compagne.

« Oh, vous je n’avais pas vu », ‘s’excuse-t-il ‘à l’égard de ce crétin de pseudo-rhéteur à deux hyalins.

**
« Oh, le Locus Solus est une école du Kil’Dé à la réputation très prestigieuse. Elle forme aux arts de l’hôtellerie et de la domestication. On y trouve les meilleurs majordomes, gouvernantes, gérants, et domestiques. Mr.Harvain, la personne que vous voyez là, est le maître d’hôtel de l’Hermine ; c’est aussi un diplômé de l’école. » Ce qu’Oromonde se garde de dire, c’est qu’elle est secrètement convaincue que le Locus Solus a avant tout pour fonction de former des éminences grises, des hommes de l’ombre aptes à contrôler leurs maîtres. Mais ce n’est peut-être que son imagination qui s’emballe. Il faut dire qu’elle a cette dernière plutôt facile. Le client-mystère en fait tous les frais : pour s’assurer que ce dernier n’ait rien à reprocher à l’établissement, elle a déjà entrepris de se procurer en une série prodigieusement rapide et compliquée d’acrobaties typiques de la serveuse en salle un nouveau présentoir de boissons.

« Un ‘Promenade de Klem’, » annonce-t-elle solennellement. « Une larme de whisky, sirop de fruit de la passion macéré dans de l’Uisge Beatha. »

Par contre, la jeune femme, si prompte à répondre aux questions de l’inconnu et à le noyer sous les cocktails et les canapés, reste toute penaude à sa dernière interrogation. Malgré elle, elle se retourne vivement vers son maître. Diable. Il est en train d’écraser le pied de celui de Thaïs.
Quelle honte. Il ne faut pas qu’on sache qu’elle est son apprentie. Et qu’elle trouve un moyen d’arrêter ce cirque interminable. Peut-être en glissant quelque drogue dans leurs verres ? Oromonde rosit sensiblement.

« Hmmm, non. Si. Bien sûr. Sire Pujado et sire Li Yun, quels plaisantins, ahahaha » s’empresse-t-elle de rigoler, tout en jetant un regard affolé à la ronde pour repérer Harvain. « Comme des enfants », poursuit-elle, se représentant déjà le déclassement probable de l’Hermine par le terrible client-mystère. « Vous avez déjà goûté les roulés au saumon ? »

 
Je suis une personne de l'ombre. Si mes parents apprennent que je m'amuse avec des épées ou des armures de cuir ils me... ils me...

Thaïs suspend ses mots. Elle est à court d'imagination sur ce que pourraient lui faire ses parents de pire que de la grimer de pied en cape pour la jeter en pâture à des dizaines de prétendants baveux.

Bref : je vous aiderai avec plaisir mais je ne souhaite pas être affichée comme une professionnelle de ce domaine. Une corde à mon arc, rien de plus. Je...

AÏE !

Thaïs ne peut pas contenir son naturel, alors que Li Yun vient de lui écrabouiller les orteils. La d'Ascara se retourne vivement, poignarde le vieil homme des yeux -avant qu'ils ne s'emplissent de respect et de crainte. Sa bouche devenue pâteuse et molle murmure un :

Maître...

Pujado n'a rien manqué de la scène. Il est même persuadé que Li Yun lui a adressé un sourire mesquin avant de tenter d'estropier son apprentie. Et cette gourde qui le regarde avec déférence. Pujado, en furie, fonce dans le dos d'Oromonde et la bouscule l'air de rien, de manière à ce que la jeune femme lâche son plateau sur le premier convive venu.