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Un monde (trop) parfait
Où l'on apprend à voler, à défaut d'atterrir
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Vayang 8 Manhur 815 à 11h50
 
Achille et Oromonde se plient sagement aux exigences de Kehvad, Achille tout ému par sa nouvelle charge (et un peu rassuré de voir que la sécurité de ses passerelles n'est pas remise en cause.) Il explique brièvement à Kehvad avoir déjà envoyé un de ses hommes vaquer à la prévention des institutions légales requises (en termes moins jolis, évidemment), et promène assez gaiement le gaillard.

"C'tte roue agite tout le système qu'y a là : simple système de cordes et levier...

....un magnifique treuil fait par des gens du cru, rien ne bat l'artisanat kil'déen, rien à voir avec ces gadgets du Kil'dara...

...la récolte s'fait à partir d'ce gros tubeau, là..."


Bref, Oromonde se mettrait presque à plaindre Kehvad. Presque. De temps à autre, elle corrige discrètement son frère et lui rappelle l'objet de leur quête.

Finalement, le trio arrive jusqu'au seul lieu qui concorde avec le point d’atterrissage. Ils ont dû examiner et comparer d'autres sites, mais tous présentent de légères anomalies ; Achille finit par en conclure, d'un coup d'oeil d'habitué des lieux, que ce pauvre Dorigon n'a pu chuté que d'ici.

Le sentier en question borde le Bois de la Lecture et la Faille. Une balustrade solide sécurise le chemin.

Pas de traces de luttes, ce qui est quand même très curieux. Oromonde fait remarquer : "Il a beaucoup plu et ce sentier est boueux. Ce serait curieux de ne pas discerner d'empruntes, non ?"

Ce disant, elle jette un coup vers le Bois. Si, comme elle le craint, Dorigon a été "encouragé", un potentiel assaillant n'avait en soi pas besoin de se trouver à côté de lui pour le frapper. Un objet de lancer contondant, ou un sortilège lanyshta, utilisé depuis les frondaisons, résolvait la question. D'un autre côté, son intuition peut très bien être fausse. Dorigon était peut être réellement saoul et est tombé par-dessus la rambarde. Après tout, cela aurait été un mauvais calcul de la part d'un assassin de faire chuter le corps sur les échafaudages du dessous. Le plus simple aurait été de s'assurer que le corps tombe dans le fleuve, en contrebas, ou en tout cas le plus loin possible d'accès : gain de temps sur l'enquête, difficulté à reconnaître voire même retrouver le mort...à moins, bien sûr, qu'il fallait que Dorigon soit retrouvé.

Pour autant, peut être bien que ce n'est qu'un accident. Impossible de le trancher pour le moment. Cependant, dans ce cas, il doit bien y en avoir des traces : un homme saoul qui titube et dérape sur un sol boueux, cela peut encore se voir. Une petite heure est peut être passée depuis la réception du cadavre, qui a l'air assez frais pour correspondre à ce laps temporel, et peu de gens sont sans doute passé par là depuis.

Oromonde espère que son interrogation poussera les deux hommes à creuser la question. Elle-même essaie d'inspecter brièvement le sol, et garde en mémoire l'angle de vue sur le Bois pour y revenir plus tard. Parallèlement, elle reçoit le message de Thaïs, et sourit intérieurement.

Son amie ne manque pas d'inventivité a déjà fait part de sa ruse dans leurs affaires précédentes. La mention d'Iolain, par contre, lui crève brusquement le coeur, et elle se raccroche en silence à la rambarde. La disparition d'Iolain est encore trop récente pour qu'elle s'en soit remise, et sa conscience coupable ne cesse de la torturer non plus. Soudainement, la mort de Dorigon passe en second plan devant l'opportunité que lui offre Thaïs. Oui, elle se rappelle de la date de naissance d'Iolain. Bien sûr. Une adolescente amoureuse de 14 ans récupère énormément d'informations sur le jeune homme qui lui plaît (comme ses couleurs de chaussette préférées, son anniversaire, ses ex...)

Citation :
"Iolain est né le sukra 10 mayar de 786. Et...si tu as le temps...peut être pourrais-tu jeter un oeil sur Klem et Ulysse ? Je sais que ça doit être compliqué pour toi...aucune idée de quand Klem aurait pu naître, j'en suis désolée. Ce serait vraiment un coup de bol si tu trouvais son nom dans le registre. Pour le moment, toutes les détections que j'ai effectué sur lui se sont mal soldées. Ulysse est né le 7 dhisawar 780."
Ulysse est l'aîné des Shen, un Conjurateur qui n'est pas revenu de sa dernière mission à l'extérieur des murs.

Un peu de concentration. Elle a presque oublié le mort.

Citation :
" L'âge de Dorigon. Je ne vois que deux solutions : ou bien il y a un registre des naissances dans le bâtiment où tu te trouves -ce qui devrait être nécessaire en termes de cadastre et d'état civil. Les Prédicateurs doivent forcément avoir un registre des naissances pour établir les Destins, et l'hôtel de ville doit bien posséder des cadastres informés des parcelles immobilières de la ville, rattachés à des noms et dates. Deuxièmement, il faut mandater Harvain : puisqu'il a l'air d'avoir trouvé des tenanciers qui connaissent Espelet, essayer de remonter vers sa famille, des collègues, des amis. Aucune raison qu'en apprenant sa Fin, les gens vous bloquent dans cette enquête. le plus simple est peut être de rejoindre le lieu de travail des Commis aux Sans-Destins et d'interroger ses collègues. En tant que majordome de Thaïs, ta présence serait crédible.

Ici, on examine le lieu supposé de la chute de Dorigon. Rien à signaler pour le moment."





Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Vayang 8 Manhur 815 à 14h42
 
Je hausse un sourcil mental à l'évocation du terme "les amis". Eh bien, quelles familiarités mademoiselle Thaïs. Nous ne sommes pas réellement vos amis. Une personne de votre rang ne devrait pas frayer avec le commun et le vulgaire, les règles de bienséance de madame de Pompe à Dour sont très claires sur ce point. Humf ! Un quasi scandale. Enfin bon, le recueil de lois sociales entre gens bien nés n'a pas été prévu pour des lanyshsta qui lance des boules de feu et aux moeurs douteuses hum... Ah les bonnes manières se perdent...

Co...comment ça fouiller les Augures d'autres personnes ?! C'est de l'indiscrétion ! C'est un scandale ! Jeune fille, ce n'est pas bien et en tant que votre majordome, je vous juge. Ce n'est certes pas une chose décente ! Petite curieuse...essaye seulement de trouver les miennes et ça sera la dernière chose que tu verras... Hin hin hin.

Hum...bref.

J'entends les consignes de mademoiselle Oromonde, l'idée me semble bonne. Classique, sans surprise, mais bonne en soit.

Très bien. Je commence par les collègues.

Je laisse quelques graines sur le comptoir pour le principe. Si à la limite, ils proposaient un bon thé, je ne dis pas, j'aurai pu faire une petite digression. Mais hormis de la bière qui sent la sueur, Scylla me vienne en aide, je ne vois rien d'autre à boire dans cette gargote.

Je ressors sur la place, je constate seulement maintenant que mademoiselle Thaïs est partie. A quoi sert que je sorte la voiture si elle ne l'emprunte pas ? Humf ! Je grimpe à la place du cocher et me met en route vers le bâtiment des Sans-Destins. Je connais le chemin pour y emmener mademoiselle Thaïs plusieurs fois par semaine pour ses réunions. En bordure du sanctuaire de la Faille et des échelles joyeuses, quatrième arrondissement, Rue Grande. Le ciel est toujours menaçant, je n'aime pas ça.

Plus tard, j'arrête les chevaux devant l'entrée principale du bâtiment central puis descend. Je réajuste mon costume puis rentre me mettre au chaud. J'interpelle un des factionnaires, demandant s'il était possible de voir un commis pour une affaire importante. Qui je suis ? Hum, je suis....au service indirect de l'adjoint à la Défense Kevhad. Voilà. S'il vous plait oui, ça serait gentil. On me désigne un bureau un peu plus loin.

Je vérifie que mes chaussures sont toujours bien cirées puis toque à la porte d'entrée du commis.



 
Narrateur
 
Le Vayang 8 Manhur 815 à 18h07
 
Les dates de naissance d'Ulysse et Iolain sont précises, et Thaïs peut trouver les références de leurs Destins dans l'index, après s'être à peine usé les yeux sur quelques pages... Plusieurs centaines de krolannes sont nés à chacune de ces deux dates tout de même!

Il lui faut quelques minutes des plus pour mettre la main sur les livres concernés.
La Prédiction d'Iolain est la première sur laquelle elle se penche, et elle se termine ainsi.

"De celle qui ne s'avoua fois maintes, aura la taille par les bras ceinte, mais vraie passion inassouvie et feinte, le mènera à ultime étreinte."
Il était donc probable dès le départ que le krolanne connaitrait une tragédie dans sa vie, et une note récente en marge (datée de quelques jours après le décès, et suivi d'initiales et de la mention "Prédicateur" ) atteste d'une relecture, et confirme de l'ultime étreinte et la façon dont elle s'est produite.
Le Destin d'Ulysse Shen, en revanche, n'a pas été réexaminé depuis longtemps, depuis sa disparition en fait...
"Son regard vers la postérité porté, sa plume tracera la ligne de vie, et l'horizon sera son vélin jusqu'à ce qu'il parvienne à destination." De quoi l'orienter dans sa carrière, si on en croit l'interprétation notée lors de la première lecture, à sa naissance.

Rechercher la Prédiction de Dorigon Espelet avec seulement un âge approximatif demanderait probablement plusieurs heures de recherche, et certainement une bonne migraine. Cependant ce serait pour l'instant la seule chose à faire en attendant d'obtenir des informations complémentaires.
Idem en ce qui concerne Klem...


*** ***


De son côté, Oromonde a beau chercher des empreintes de lutte, elle ne distingue rien de tel. Rien d'autre que les traces pas entremêlés des passants des dernières heures...
Une fois le corps remonté, l'équipe de médecine légale arrive sous la forme d'un chariot tiré par un cheval alezan au pelage fatigué d'où descendent deux krolannes en blouse, qui se contentent d'emballer la cadavre dans une housse sanitaire avant de l'embarquer avec un relatif ménagement.
L'Adjoint de la Défense remercie chaleureusement Achille et Oromonde pour leur aide, et leur laisse une carte de visite avec l'adresse du poste du Comité de la Défense où le trouver en cas de nouveaux indices, avant de profiter du chariot pour quitter les lieux avec le corps (et rentrer sans se fatiguer tant qu'à faire).


*** ***


Pendant que la d'Ascara se lance dans ses recherches et que les échafaudages de la Faille retrouvent leur tranquillité, Harvain rencontre son interlocuteur.

***
Lorsque le majordome frappe à la porte, celle-ci s'ouvre sur un krolanne de petite stature aux cheveux grisonnants. Il réajuste ses lunettes sur son nez en examinant Harvain puis l'invite à entrer en lui serrant la main.
***

- Je suis le Commis Gylsen. Mon Adjoint vient de me dire que vous étiez envoyé par le Comité de la Défense... J'imagine que vous souhaiteriez avoir accès au dossier de suivi d'un Sans-Destin?

***
Ils viennent pour cela d'habitude, ceux de la Défense... dès qu'un Sans-Destin était impliqué de près ou de loin dans une affaire.
***


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 11 Manhur 815 à 10h36
 
Je pénètre dans le petit bureau. Hum, tous les bureaux se ressemblent. Une petite odeur de renfermé, une couche de poussière, un plancher qui craque et un désordre relatif. Hum... Et cet agencement de bureau ne respecte pas les règles d'aménagement convenables. Oh, le design est déprimant également. Je hausse un sourcil, c'est une souris que je viens de voir filer sous un tas de papiers sur le sol ?

Quant à mon interlocuteur, eh bien, c'est un commis comme un autre. L'uniforme réglementaire ne possède que deux tailles je crois me souvenir ; le "trop grand" et le "trop petit". On dirait bien que ce monsieur a choisi le "trop grand". Au moins il est confortable... La monture est lunettes...a été rafistolée on dirait. Ou c'est peut-être une mode à la Défense... Des montures en écailles, oh...


Pas tout à fait monsieur.

Je n'ai pas de raison de mentir après tout.

Je suis le majordome de mademoiselle Thaïs d'Ascara, adjointe aux sans-destins de sa fonction.

J'essaye de prendre un air peiné sans toutefois verser dans le mélodramatique larmoyant.

J'ai le regret de vous faire part du décès du commis Dorigon Espelet. Je suis désolé.

Pause de quelques instants. J'observe par habitude.

Il semblerait qu'il ait trébuché en bordure de la faille.

Enfin vu le résultat sur l'échafaudage, "il semblerait" est un doux euphémisme.

La Défense en la personne de l'adjoint Kehvad a donné pouvoir à mademoiselle d'Ascara pour participer à l'enquête. La Défense souhaiterait s'enquérir de toute information que vous jugeriez utile. Hum, oui, également la date de naissance pour retrouver ses Augures si vous l'avez.

Nouvelle pause.

Conscient de l'importance de ces informations que vous n'allez pas livrer au premier inconnu venu, je vous laisse le temps de vérifier mes dires.

Ce qui serait faire preuve de professionnalisme.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Luang 11 Manhur 815 à 16h31
 
« Par les culottes de Scylla, diablerie d’journée, hein ? » commente Achille en retournant la carte entre ses doigts. C’est écrit trop petit pour lui. « Allez viens la môme, on se rentre. J’ferais bien d’aller m’occuper des petits quinquins et de ma dame. Elle va pas être contente. »

Oh, ça, Oromonde s’attend à ce que sa belle-sœur demande des explications ! Elle prend son grand-frère dans les bras, ce qui a l’air d’encore plus le gêner. « Ne t’inquiètes pas pour le petit, ça ira pour lui », lui dit-elle. Achille bougonne maladroitement et prend la route de la maison.

« Je dois passer à l’imprimerie avant de rentrer », dit-elle. C’est évidemment faux, elle s’est arrangée pour n’avoir aucune charge ce jour-ci à l’atelier, mais cela lui donne un peu de temps seule pour réfléchir.

Il n’y a, d’ailleurs, pas vraiment sujet à réfléchir. Un homme est tombé et est mort, et alors ? C’est le genre de choses qui arrivent…
…tout de même pas très souvent au Kil’Dé. Mais bon, ça ne la concerne pas tant que ça….si ?

En attendant les réponses de Thaïs, il était inutile de se monter la tête. Elle décide de faire un détour par le Bois de la Lecture avant de rentrer chez elle. Cela lui laissera le temps d’avoir des nouvelles de ses camarades et d’aviser. Ce faisant, ça lui permettra d’assouvir sa curiosité et de vérifier si quelqu’un d’un peu tordu pouvait vraiment avoir un point de vue viable sur la scène depuis un perchoir au Bois.
Etrange promenade tout de même…



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 11 Manhur 815 à 21h58
 
Thaïs transmet précisément les prédictions d'Ulysse et d'Iolain à Oromonde et à Harvain. Pas de commentaire particulier accompagne le flux de pensée : la d'Ascara est concentrée, fait au plus vite. Joue, dans la pièce, celle qui se trompe, encore et encore, fronçant les sourcils et refermant les registres aussi vite que possible après les avoir ouverts.
Il sera temps d'analyser les écrits dans un second temps. Tout juste prend-elle quelques notes, quelques secondes après avoir rangé les livres, fils directeurs pour ne rien oublier par la suite.

La d'Ascara connaît la date de naissance d'Harvain, répertoriée dans le registre du personnel de la demeure qu'il sert. Toutefois, c'est un chou blanc complet : même en retranchant ou rajoutant une année, impossible de trouver trace du Majordome.
Soit celui ci s'est rajeuni ou vieilli de beaucoup, soit Thaïs ne connaît pas sa vraie identité.
Etrange. Elle ne s'y attarde pas plus que cela.

Thaïs se retrouve maintenant face à un choix, elle le sent au fond d'elle. Elle a perdu déjà beaucoup de temps, beaucoup trop, et ne pourra pas jouer sur tous les fronts.

Alors elle élimine les possibilités. Égrène le Prédictions qui brûlent le plus sa curiosité.
N'en retient que deux.
Se lancer à la recherche de Dorigon Espelet, bien sûr, car peut-être que le suicide de son collègue n'en est pas un. Ou chercher Klem.

Et c'est la curiosité la moins logique qui l'emporte. Thaïs fonce sur la recherche de Klem, dont elle estime l'âge à une quarantaine d'années -d'après ce qu'on lui en a dit. Elle sait ses chances maigres, voir nulles, de le retrouver, mais tente le Destin.

Espérant surtout qu'Harvain ou Oromonde lui fourniront une date de naissance assez précise pour Espelet pour compresser ensuite sa recherche des Augures de la victime...


 
Narrateur
 
Le Matal 12 Manhur 815 à 15h52
 
Thaïs d'Ascara? Froncement de sourcil, qui fait glisser les lunettes du Commis Gylsen, qu'il réajuste à nouveau. Oui, je crois que je vois qui c'est... commence-t-il en se demandant pourquoi une des Adjointes du Comité lui envoyait son majordome plutôt que de venir elle-même.

***
La nouvelle qui suit le laisse coi pendant de longs instants, puis le petit krolanne se redresse dans son fauteuil, semblant reprendre ses esprits. Il observe Harvain pendant quelques instants supplémentaires avant de prendre la parole.
***

Je vous crois...
Quelle terrible nouvelle. Tombé dans la Faille... quel tragique accident... quelle Fin... Il travaillait avec nous depuis bientôt deux ans je crois. Un krolanne discret et plutôt efficace me semble-t-il. Je ne le connaissais pas vraiment personnellement.
Les Augures... oui bien sûr.
Donnez-moi une seconde.


***
Gylsen se lève et part fouiller dans un grand tiroir à dossiers, parcourant les intercalaires jusqu'à parvenir au document recherché. Les Prédictions sont en accès libre, et Harvain aurait pu tout aussi bien être la grand-tante de Thaïs, il lui aurait tout de même donné la date de naissance de Dorigon.
***

Voilà, dit-il en reprenant place et en examinant la fiche cartonnée. Espelet, Dorigon...
En poste depuis... ah, un an et demi, je n'étais pas loin.
Né le... 2 Astawir 768.


***
Gylsen pose la fiche, face contre le bureau.
***

Je ne vois pas trop quoi vous dire d'autre d'utile, mais vous devriez pouvoir vérifier ses Prédictions avec ça.
Le nécessaire sera fait pour mettre en ordre ses affaires, si un membre de sa famille se manifeste auprès du Comité de Défense pour les récupérer.


***
Le majordome a eu l'essentiel de ce qu'il cherchait, mais il va visiblement falloir ruser un peu pour obtenir d'autres informations auprès du Commis Gylsen. Après tout, si c'est un accident, pourquoi serait-il nécessaire d'enquêter plus loin?

En tout cas, il peut à présent transmettre l'information à Thaïs, dont les yeux commencent à être rougis et les doigts à être gourds à force de tourner les pages à la recherche du nom "Klem".
Il ne lui faudra ensuite que quelques minutes pour mettre la main sur l'Augure du Commis décédé.
***


Il n'y avait pas vraiment "d'Augure-type" au Kil'dé, tant sur la longueur que sur la forme.
Même si les prédicateurs n'influent en rien sur la nature des Augures -ce qui leur permet de pouvoir travailler sur le travail des uns et des autres- chacun à son propre style d'écriture, plus ou moins dissert, et au style plus ou moins clair.
Tous sont écrits sur des rouleaux en laissant une importante marge, afin d'y noter des modifications futures.

L'Augure de Dorigon est de taille relativement réduite -une vingtaine de petits paragraphes-, présenté comme étant "établi le 4 Astawir 768, pour Dorigon Espelet, né le 2 Astawir 768, par O.E.T. , P.P."
Malheureusement, même si l'écriture élégante est facile à lire, son auteur avait visiblement un penchant pour les tournures de phrases un peu lourdes.

Ce qui attire l'attention, néanmoins, sont les trois modifications, repérables à leur position, dans la marge, et à leur couleur différente.
Le premier, au coeur du troisième paragraphe, stipule que le passage " 'trouvera voie parmi ceux n'en manquant pas' remplacé par 'trouvera voie pour nez creux et fort bras' par O.E.T., P.P., Astawir 783"

Le second, au seizième paragraphe, précise face à la dernière phrase " 's'enfoncera tête haute dans les ténèbres' remplacé par 'sera appelé, tête haute, à s'occuper de ceux qui vivent dans les ténèbres' par Amédée Patrisson, Archiviste, assistant prédication, le Matal 8 Otalir 813".

La dernière, face au dix-huitième paragraphe, fait face aux trois derniers paragraphes soigneusement barrés et rendus illisibles, énonce "trouvera ultime souffle lors de bête accident, survenant en l'âge de quarante-sept ans".


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 13 Manhur 815 à 11h05
 
Les yeux de Thaïs commencent à la piquer et ses doigts à s'engourdir à force de tourner les pages frénétiquement. Trouver Klem sans sa date de naissance exacte est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Sans parler que la d'Ascara n'a aucune certitude qu'il ne s'agit pas d'un simple pseudonyme. Toutes les heures à étudier les différents Patois enfermée dans une bibliothèque ou sa chambre gardent Thaïs concentrée et méticuleuse, mais il semble que ce soit peine perdue.
Pour cette fois.

La date de naissance de Dorigon Espelet arrive, envoyée par Harvain télépathiquement. L'Adjointe aux Sans-Destins fonce vers l'Augure pour lequel elle est entrée dans le bâtiment initialement. Elle ne tarde pas à le trouver et s'étale ostensiblement pour le lire.

Formalisé deux jours après la naissance de Dorigon, l'Augure semble avoir été retouché plusieurs fois. Par son auteur, O.E.T, P.P, une quinzaine d’année après la version initiale, au profit d'une tournure plus… obscure. Un assistant semble avoir également apporté sa pierre à un autre passage une trentaine de cycles plus tard.

C’est la dernière correction qui interpelle le plus Thaïs : la relecture colle absolument parfaitement au destin du pauvre homme. De manière si limpide et explicite que s’en est troublant, même. Thaïs calcule rapidement : Dorigon était bien dans sa quarante-septième année au moment de ce supposé accident…

Surtout, que trois gros paragraphes se trouvent illisibles au profit d’une seule phrase si précise interpelle l’Adjointe. Elle a toute confiance dans les Augures, mais tout de même, elle les pensait moins clairs et plus impénétrables que « vous allez glisser sur une flaque d’huile et crever le jour de votre 18ème anniversaire ».

C’est l’heure de jouer à l’ignorante pour l’adolescente –ce qu’elle est en grande partie au demeurant. L’Augure en main, elle s’en va trouver quelqu’un qui a l’air de s’y connaître dans le bâtiment. Elle prend un air un peu benêt, sourit beaucoup, joue sur sa jeunesse et une soif inextinguible d’apprendre –les gens sont toujours plus prolixes quand vous semblez fascinée par le moindre de leur mot.

A qui de droit, Thaïs montrera l’Augure, le dira extrêmement bien écrit et flattera un instant les gérants de tout ceci.
Puis elle tentera de savoir qui est cet O.E.T, P.P, rédacteur originel et correcteur premier.
Et surtout si c’est normal que la dernière correction soit si explicite, si l’écriture se reconnaît, si quelqu’un sait qui a bien pu barrer les derniers paragraphes. S’il n’existe pas un moyen quelconque de savoir ce qui est écrit sous les ratures finales : une copie de l'Augure, un procédé technique quelconque pour lever l'encre que connaîtraient ces experts des parchemins…



 
Narrateur
 
Le Merakih 13 Manhur 815 à 13h34
 
Les salles des Augures baignaient d'une ambiance un pu étrange. Beaucoup trop de passage pour être qualifié de salle d'archive, mais en même temps ce travail discret, efficace, et ponctuel qui faisait passer toute bibliothèque publique pour un lieu d'agitation permanente.
Une fourmilière aux fourmis éparses, méticuleuses, sages, mais affairées.

Aussi, alors que Thaïs avait pu se sentir sans cesse sur le point d'être "démasquée par les allées et venues incessantes", elle se retrouvait soudainement avec la sensation d'être isolée, abandonnée. Les quelques rares personnes entre-aperçues entre les rayonnages semblaient des plus occupées, rouleaux sous le bras, et s'ils lui adressaient un petit salut de loin, elle aurait pu jurer que certains bifurquaient exprès pour éviter son air de "j'ai une question".

Ceci étant dit, la malchance et l'indifférence ne peuvent pas tout, et elle finit bien par tomber sur quelqu'un de trop occupé pour la fuir.
Entre deux âges, les robes brodées symbole d'un grade de je-ne-sais-pas-trop-quoi-mais-pas-juste-un-de-ces-grouillots-de-base sur le dos, penché sur un parchemin tout en rebouchant consc
iencieusement un encrier.
Il releva la tête lorsque l'adolescente s'approcha, lui adressant un sourire aimable.

Oui jeune fille ? Tu as besoin de quelque chose ?

Retour au parchemin, retour sur Thaïs.

J'en ai juste pour une petite minute encore.

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 13 Manhur 815 à 15h21
 
Thaïs se tortille comme une enfant pressée. Un peu dépitée, aussi, que le bâtiment qui semblait si plein et oppressant il y a quelques minutes se trouve en réalité si vide et désintéressé. Bref, elle a fini par coincer quelqu'un, qui semble un minimum s'y connaître en Augures -en train d'écrire, vous pensez !

Excusez-moi de vous déranger, Monsieur. Je... Je suis envoyée par la Défense pour vérifier un Augure d'un de mes collègues décédé ce matin -feu Dorigon Espelet.

Elle tousse, semble peinée par cette perte -ne serait-ce que pour apitoyer son interlocuteur et ne pas se faire envoyer paître de suite.

J'ai trouvé le précieux document, mais j'avoue ne rien y connaître. Vous semblez être un expert et on m'a indiqué que vous sauriez mieux que quiconque me renseigner.

Petit mensonge au passage, Thaïs n'ayant croisé personne ne lui ayant indiqué personne...
Elle attend que l'homme ait terminé sa tâche avant de lui glisser le texte sous les yeux.
La d'Ascara pointe la dernière ligne, sur l'accident à 47 ans.


Cette relecture me semble particulièrement... limpide. Sire Dorigon est mort d'une malheureuse glissade et il avait 47 ans.
Est-ce l'usage d'être aussi... direct ? Si tel est le cas, je peux rassurer la Défense de suite et boucler l'enquête.


Un sourire. Thaïs ne paraît pas suspicieuse outre mesure sur la potentialité d'un faux écrit pour brouiller un meurtre prémédité. L'accident semble plus probable et le Destin l'atteste d'ailleurs.

Une hésitation.


Et puis... Sauriez-vous qui a écrit cette phrase ?
Ou qui est O.E.T, P.P, le rédacteur premier et premier correcteur ?


Thaïs rougit, sans trop se forcer, soulignant par là son ignorance totale de toutes ces choses techniques, et la nécessité absolue de l'en instruire.



 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 14 Manhur 815 à 14h56
 
Je note les informations et les transmet directement. Je dois avouer que cette télépathie a quelques avantages parfois. Je ne peux m'empêcher d'être modestement satisfait de ces éléments. Une affaire rondement menée somme toute. Je me déride très légèrement.

Les Augures seront vérifiées. Simple formalité administrative bien sûr.

Je laisse planer un instant.

Je crois que c'est bon, je pense avoir tout ce qu'il me faut. Commis Gylsen, merci pour votre aide. Je ne vais pas vous prendre davantage de temps. Bonne journée.

Je pose la main sur la poignée et commence à la tourner.

Oh ! J'allais oublier.

*** Ambiance ***


Je me retourne lentement et je sors mon petit carnet de commandes de l'Hermine et un crayon de papier. Oh, un petit mensonge, juste pour être diligent.

Juste pour être bien "procédurier", je crois devoir poser d'autres questions. Vous savez, à titre purement documentaire pour cocher toutes les cases du dossier de la Défense. Vous savez ce que c'est, l'adjoint Kevhad a été clair dessus...

J'ai bien insisté sur le terme "procédurier". Je fais mine de lire mes notes. En l’occurrence, il s'agit des approvisionnements en navets de l'hermine que j'avais sous les yeux.

Avant d'être commis au Sans Destins, monsieur Espelet avait quelle profession ? Est-ce que vous lui connaissiez, je ne sais pas, des personnes avec qui il était en froid ou aurait eu des différents récemment ? Est-ce qu'il y a eu des événements particuliers dernièrement dans son travail ou peut-être, s'il en parlait, dans sa vie personnelle ? Est-ce que d'autres incidents dans la branche des Sans Destins seraient intervenus sinon ?

A la manière de mes stagiaires, je tenais mon crayon de papier à quelques centimètres du calepin dans cette attitude d'attente que je trouvais ridicule.


 
Narrateur
 
Le Julung 14 Manhur 815 à 16h55
 
*** Dans les bureaux des Commis aux Sans-Destins. ***

Quand le Majordome se retourne, Gylsen -qui s'était affaissé contre le dossier de son fauteuil avec une moue songeuse- se redresse avec un regard qui a l'air de dire "quoi encore?".
Il écoute néanmoins avant de répondre avec un vague haussement d'épaule.


Et bien il était double-Adjoint, un pied à la Défense, l'autre ici depuis quelques années avant d'être promu Commis. Comme je vous le disais, nous n'étions pas vraiment proches et je serais bien incapable de vous dire s'il avait des problèmes personnels. Je dirais que c'était essentiellement un bureaucrate, pas un krolanne de terrain... et vu de moi c'était un élément efficace.

Pour ce qui est d'autres "incidents", si on omet tous les imprévus auxquels nous sommes confrontés chaque jour avec les Sans-Destin, rien de funèbre concernant nos employés, non...
conclut-il avec un soupçon d'ironie.

*** Et chez les Augures. ***



Dès les premiers mots, le visage de son interlocuteur laisse percevoir une légère peine, mais il la laisse néanmoins finir avant de prendre le document.

Dorigon Espelet ? Je le connaissais. Pas assez pour le qualifier d'ami, mais... C'est rare, de travailler sur des personnes qu'on connait. Il me semblait qu'il était prédit pour plus longtemps.

L'Augure sur lequel il travaillait a été soigneusement roulé et mis sur le côté, il étale celui qui lui a été tendu sur le plan de travail, avant de rajuster ses lunettes. Il doit être plus jeune que ce qui semblait au premier abord : une bonne trentaine d'années, mais le trio calvitie/lunettes/penché le vieillit.
Au premier regard sur le parchemin étalé, il laisse échapper un soupir théâtral.


Ah, Ophéon, quel jeune esprit avez vous encore pris dans vos rets !

Léger sourire, un peu timide, adressé à Thaïs.

Avec la pratique, on reconnait certaines écritures. Et on s'attend au style associé. Regardez.

Visiblement à l'aise dans le rôle de professeur improvisé, même si la mention de la Défense l'a fait passer au vouvoiement, il se décale un peu, laissant à l'adolescente la place pour regarder l'Augure dans le bon sens, et pointe du doigt les différents passages, afin de suivre la progression logique.

On commence toujours par le nom et la date de naissance de la personne concernée par l'Augure. Non seulement pour les classement, mais aussi pour pouvoir permettre les relectures ultérieures. Si elle n'a pas lieu le jour même, on précise aussi la date de la prédiction -il peut y avoir des variations. Le nom du Prédicateur n'est pas forcément indispensable, mais c'est plus pratique entre nous.
Ici, nous avons.. O.E.T, P.P. Le redoutable Ophéon Elbra-Tremere, au style assez... Particulier. P.P. étant pour Predicator Primus -Prédicateur, quoi, avec une subdivision peu importante en dehors des archives.

C'est lui aussi qui a fait la correction, quinze ans plus tard.


Petite pause de réflexion, le doigt est descendu dans la marge au premier arrêt.

Hum. Oui. Pas étonnant. Sans doute les parents se sont-ils demandé pourquoi le jeune Dorigon ne s'épanouissait pas.
Typique de Orphéon, "trouvera voie parmi ceux n'en manquant pas", jeu de mot et style alambiqué. Ne pas manquer de voix, il était sans doute à une école de chant. Et du coup "trouvera voie pour nez creux et fort bras" l'a plutôt orienté vers la Défense. Où certains agents doivent donner de la voix. C'est le problème typique : les prédictions sont parfois floues, mais bonnes, sous un certain angle. Alors on fait une relecture pouvant donner un sens plus clair. Parfois.
Ensuite...


Le doigt descend directement à la deuxième correction, et un petit soupir nostalgique se fait entendre.

Voilà... Oui, je m'en souviens bien. C'est comme cela que devraient se terminer les réécritures : clairement. Nom, grade, date : du complet. C'est moi qui l'avait faite. Une de mes toutes, toutes premières.

Léger tremblement du doigt, qui se termine en tapotement.

C'était à l'époque des premiers incidents avec les Lanyshstas. Je ne sais pas si vous le saviez, mais à l'origine, il avait été décrété que les Lanyshstas seraient du domaine de la Cellule Hermétique. Mais il apparu rapidement que cela n'allait pas, que les Lanyshstas n'étaient pas un élément de stabilité préparé par un apprentissage de la liberté, mais bien un élément chaotique et imprévisible. Il y eut donc la décision qu'ils seraient assimilés à des Sans-Destins, des destins brisés. Ils avaient ouvert des postes, et...

Le doigt s'arrête sur la première partie.

Et 's'enfoncera tête haute dans les ténèbres' n'était pas clair. Même pour du Ophéon. Mais mettre des mots sur un phénomène qui n'existait pas... La réécriture reprend quasiment les mêmes mots, preuve de la pertinence initiale. Pourtant 'sera appelé, tête haute, à s'occuper de ceux qui vivent dans les ténèbres' a été beaucoup plus clair, et du coup, il avait pu accéder à un des premiers postes créés en ce sens. Je m'en souviens bien, il était venu me voir en me disant qu'il se sentait incomplet à la Défense, et que là, avec les Lanyshstas, il se sentait bien plus concerné par ce problème. En fait c'est lui-même qui avait déposé une demande de relecture.
Le pauvre... Il avait l'air content, dans son nouveau métier. Dommage qu'il n'ait pas pu en profiter plus longtemps.


Le doigt glisse jusqu'à la dernière, où il s'immobilise.

...

Amédée a ouvert la bouche, sans qu'un son en sorte. Il la referme, tandis qu'il devient de plus en plus rouge. Soudain, il semble prendre conscience des questions précises de l'adolescente, quelques instants auparavant.

Mais... Mais... C'est... Non !

Une parfaite illustration de l'expression "s'étouffer de colère". Heureusement, il parvient à enchainer.

Non, ça ne va pas ! Pas du tout ! C'est...
On ne barre pas les prédictions. Par tradition, par respect, et par information. Et dans ce cas, ce serait forcément classé comme prédiction erronnée, et remontée pour étude, pas juste remisée dans son coin !
En plus... Regarde, mais regarde moi-ça !


L'indignation a refait tomber les inhibitions, la main libre venant même serrer assez énergiquement l'épaule de Thaïs, l'incitant à se pencher pour voir la zone rageusement martelée de l'index.

Pas de nom ! Pas de date ! un oubli, ça arrive. C'est mal, mais ça arrive. Deux ? Impensable, impardonnable. Surtout pour une correction de cet ordre ! Et puis...

Comme pour justifier ses propos, il redéploie à moitié l'Augure sur lequel il travaillait, pointant rapidement une marge où s'étale un "par Amédée Patrisson, Prédicateur", à la date du jour. La rage n'a pas empêché la poursuite de l'étude, il pointe, l'air encore hésitant, certaines zones des derniers paragraphes non barrés.

Là. '...d'expédition nul voyage'. Autrement dit "il n'est pas destiné à bouger". On dirait que le "yage" est un peu différent. Ce pourrait être un grattage suivit d'une réécriture sans passer par la marge. Pour éviter un 'd'expédition nul voit', un voyage en aveugle, dans des souterrains ou autre. Difficile à dire.
Bon sang, avec les prédictions d'Orphéon, une lettre modifiée pourrait changer le sens !


Il bout, mais de plus en plus intérieurement, la respiration est rapide, l'heure est grave.

Il ne faut pas boucler. C'est un meurtre, oui, mais c'est aussi beaucoup plus grave que ça. Il va valoir aller voir Dame Derisbourg.
Il faut prévenir l'Augure !


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 15 Manhur 815 à 23h37
 
La bouche de Thaïs alterne entre des "ah" et des "oh" muets d'admiration, de stupéfaction, d'incrédulité. Elle boit les paroles de son interlocuteur, transmet à toute berzingue à Harvain et Oromonde les découvertes.

Elle note tous les détails minutieusement dans sa tête -faute d'avoir un carnet pour y écrire- et dans celle de ses camarades : ce manuel de fonctionnement des Augures et de ceux qui les écrivent la fascinent réellement. Surtout, elle sent que cela lui sera utile, très utile, dans un futur proche. Car elle sent qu'elle n'en a pas fini avec ce bâtiment...

Les relectures et les corrections la fascinent, ces infléchissements qui suivent les courbes du Destin de Sire Espelet pour l'accompagner au plus près dans sa carrière, son épanouissement. La maîtrise de cet Orphéon Elbra-Tremere pour lire les toiles tissées de mots des Avenirs de Kil'dé. Tout ce passé précisément écrit là. Tout ce présent et cet avenir à portée de mains... Les doutes, les redirections, les décisions. Tout y est.

Surtout, plus immédiatement, il va devenir primordial d'aller visiter la maison de ce Commis aux Lanyshsta's. Et donc d'en trouver rapidement l'adresse -la clé supposée du domicile reposant toujours dans l'une des poches de Thaïs. Pas sûr que des dossiers professionnels s'y trouvent, mais la d'Ascara nourrit quelques secrets espoirs de bonne surprise sur quelques découvertes faites avant le trépas.

Surtout et plus génériquement, la d'Ascara découvre l'existence d'une branche dédiée aux Lanyshsta's au sein des Sans-Destins. Des rumeurs couraient, elle avait entendu des bruits, mais la confirmation actuelle la ravissait plus que tout. Pas un instant elle ne pense que les événements prennent une tournure étrange -de suicide évident à Augure maquillé, donc meurtre potentiel, peut-être lié au travail atypique du décédé, aux lanyshsta's. Thaïs est juste fascinée par les possibilités qu'elle entrevoit déjà dans son esprit fougueux et trop inconsidéré : briguer la place du mort, passer d'Adjointe à Commis, s'occuper des Lanyshsta's pour mieux comprendre leur état, leur mutation, leur Destin.
SON Destin.

Thaïs émet un petit hoquet étranglé lorsque l'homme s'emporte. Ses yeux s'agrandissent, elle comprend que c'est grave et important. Sa main manque de frôler celle de son Maître tant l'émotion est forte, palpable. Elle acquiesce comme un mouton : c'est terrible, oui, oui, c'est horrible. Il faut agir.

Tout juste répète-t-elle, un peu hébétée par toutes ces informations :


Dame Derisbourg ? D'ac.... D'accord ! Où pouvons-nous la trouver ?

Thaïs se mord les lèvres. Elle interprète un peu trop littéralement les derniers propos de l'homme -qui compare à un crime le fait de modifier une lettre d'un Augure :

Un meurtre, vous pensez ? Ils disent que Dorigon a glissé ou s'est jeté dans le vide de lui-même...

 
Narrateur
 
Le Dhiwara 17 Manhur 815 à 20h03
 
Non, non...

Dénégation violente de la part de Amédée.

Un accident ou un suicide aurait été prédit. Ou si ce n'avait pas été le cas, il y aurait eu une révision posthume.
Mais on ne barre pas les prédictions... Et en plus "bête accident" ? Tout ce qui est prédit est une expression du Destin de chacun. Il ne saurait être jugé, et encore moins dénigré.
Aucun Prédicateur ne se permettrait une telle infamie. Cela a été fait sciemment, afin de masquer les pistes.
L'encre...


Grattement assez vif de l'ongle, sans égard pour le parchemin ancien.

... est totalement sèche. Plusieurs jours. Quelqu'un qui n'avait clairement pas le droit de le faire a trafiqué cette prédiction, de façon totalement farfelue, et ce avant la mort de ce pauvre Dorigon. Mais sans doute après ses 47 ans. Donc non, c'est un meurtre, je ne vois que cela.


Il se passe une main devant les yeux, semblant avoir pris dix ans d'un coup.

Bon...

Amédée fixe le parchemin avec intensité, en se suçottant la lèvre inférieure, comme pour tenter d'ancrer la vision du parchemin dans sa mémoire.

Puisque cela concerne aussi la Défense, il vaut mieux que vous y alliez de vous-même. Prenez le parchemin.
Pour l'Augure, c'est simple : prenez les escaliers, c'est tout en haut. Si on veut vous empêcher de passer, dites que c'est un problème concernant la Défense et les Archives. Et que...


Légère grimace.

... que c'est un problème de "fil du rasoir tissé dans l'écheveau du Destin". Une des formules les plus obscures de ce vieil Ophéon, mais qui a le mérite de donner un sentiment d'urgence.

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 18 Manhur 815 à 16h27
 
Par Scylla !

Murmure Thaïs, soudainement pâle. Un meurtre ? Comment est-ce possible ?
Si son instinct l'aiguillait pour fouiller les tréfonds de ce trépas, être mise si frontalement devant ce tournant morbide de l'enquête lui sert soudainement le coeur. Surtout en tant que Lanyshsta : le mort était préposé à leur gestion, il n'est pas impossible que son (ses ?) bourreau soit relié à sa fonction.

La d'Ascara note soigneusement les indications d'Amédée, prend le parchemin trafiqué puis lui sert la main en le remerciant d'une petite voix. Elle finit par tourner les talons et par prendre le chemin qu'il lui indique. Ses pensées sont confuses, alors qu'elle tente de les ordonner en récapitulant à Oromonde et Harvain :

C'est un meurtre, les Augures sont dénuées d'ambiguïté. Le Destin de Dorigon a été raturé sciemment et modifié grossièrement pour faire croire à un suicide mais les Archives sont formelles : c'est un acte prémédité de plusieurs jours et malveillant qui est incompatible avec un banal accident. Des pistes ont été détruites sciemment.

Espelet était affecté à des Sans-Destins particuliers : les Lanyshsta's... Il avait vivoté entre la Défense et la diplomatie avant de prendre ce poste atypique. Je crains que nous ayons mis la main dans un engrenage bien étrange..

Je préviens Linsey.


Aussi pensé, aussitôt fait mentalement :

Linsey. La Main va avoir besoin de toi. Tu as dû entendre parler de la mort d'aujourd'hui du Commis aux Sans-Destin Dorigon Espelet. Il a chuté du haut d'un parapet et tout portait à croire que c'était une glissade malencontreuse, sinon un suicide. Ce n'en est pas un. Dorigon travaillait à gérer les Lanyhsta's dans la branche des Sans-Destins. Son Augure a été trafiqué pour faire croire à un accident. De façon tellement grossière que tout désigne désormais un meurtre prémédité...

J'ai ses clés mais nous ignorons son adresse. Il faut enquêter sur ses dossiers et ses relations. Harvain fait la tournée des bars -le cadavre de Dorigon sentait l'alcool. Oromonde doit être pas loin du parapet où il est tombé. Moi, je suis aux Archives pour faire la lumière sur son Destin, ce qu'il devait être et tenter de trouver qui a pu le trafiquer avec tant d'aplomb.


Thaïs monte les marches de l'escalier, espérant pouvoir passer sans souci -le cas échéant elle répétera dévotement la phrase apprise, sésame étrange. Elle vient voir l'Augure. Ne sait pas à quoi s'attendre. Tremble légèrement.

Et si l'Augure savait tout ? Toutes les petites cachotteries de Thaïs ? Ce qu'elle avait cherché avant de trouver le document sur Dorigon ?

Sa nature de Lanyshsta ?

L'adolescente maintient un fil mental avec ses comparses pour se sentir moins seule, au fur et à mesure que ses jambes se font plus lourdes et que la sueur commence à perler sur son front.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 18 Manhur 815 à 22h21
 
Je hausse les sourcils. Hum, dommage... Mais tandis que mon interlocuteur semble se moquer de moi, je reçois un flot de pensées erratiques de mademoiselle Thaïs. Ah ces jeunes, ils oublient les bonnes manières. On n'interrompt pas la par...pensée. Je la laisse déblatérer ses informations, utiles au demeurant, pendant que je fais mine de réfléchir et de prendre des notes. Mademoiselle Thais semble avoir plus de succès de son côté. C'est une bonne chose. Je réfléchirai dehors.

Très bien monsieur Gylsen, je vous remercie. Je remarque que j'ai oublié le dernier élément pour le dossier de la Défense, c'est l'adresse du défunt.

Il m'est malheureusement impossible de lui dire que nous venons d'apprendre à l'instant qu'il s'agit selon toute vraisemblance d'un meurtre. J'effacerai aussitôt ce petit rictus ironique à deux graines cinquante. Humf, mais cela reviendrait à trahir mon état de lanyshsta. Dommage que je ne sois pas venu quelques minutes plus tard...Réfléchissons...

Je sais...

Dès que je reçois l'information, je la transmettrai pour se rendre immédiatement au logis de la victime. Il ne me restera plus qu'à quitter les lieux temporairement.

Mademoiselle Thaïs, n'oubliez pas de prévenir l'adjoint à la Défense. Il pourra nous appuyer sur des demandes officielles.



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 19 Manhur 815 à 10h08
 
Les révélations successives de Thaïs affectent l’artisane, qui se retrouve à froncer les sourcils fort peu élégamment au milieu du Bois de la Lecture dans lequel elle se trouve toujours, à la recherche de…ben, d’indices, sauf qu’apparemment, ces bêtes-là ne couraient pas les rues. Elle n’envie pas le travail des gens de la Défense. Ça a l’air très ennuyeux.

Ce que leur apprend sa nubile amie adolescente, par contre, est bien moins ennuyeux. Oromonde est captivée par les rapides descriptions qu’elle leur fait des lieux et de son avancée. Vous pensez : un monde de texte savamment travaillés, probablement sur du parchemin correctement traité par des professionnels, toute l’histoire et l’advenir d’un quartier réduit à quelques lignes poétiques…

Méditant sur ce que Thaïs vient de leur dire, elle ajoute psychiquement, incluant Linsey dans la conversation :

Les Augures, modifiées ?

Peux-tu garder ce parchemin et l’amener à l’extérieur ?
Entre mon maître et moi, tu as deux des enlumineurs les plus pointus du quartier sous la main, sans compter mes outils alchimiques. Je ne te garantis rien, mais je peux au moins jeter un œil à l’encre utilisée pour tâcher d’en déterminer la qualité et éventuellement la provenance.
Du reste, vu la difficulté que tu as eu à trouver son Augure, on sait déjà que l’éventuel coupable connaît sa date de naissance. Un ancien collègue, peut-être ?
Aussitôt que le rapport de morgue sera disponible, il faudrait tâcher d’en obtenir une copie. Il peut être tombé à cause de différents facteurs : chute provoquée, ou bien poison dans ses boissons. Savoir s’il y a des traces de lutte nous aiderait aussi à déterminer si ce pauvre homme a reconnu son agresseur ou non. Ce genre de choses…


Elle laisse son esprit flotter, rassurant celui de Thaïs de son empreinte particulière. Des ténèbres douces, si une telle chose existe, réconfortantes…



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Narrateur
 
Le Merakih 20 Manhur 815 à 13h40
 
Le Commis aux Sans-Destins Glysen lâche un léger soupir en entendant la question d’Harvain.

Son adresse? Oui, bien sûr…

Arrachant proprement une feuille d’un petit bloc-notes, le krolanne y recopie l’adresse figurant sur sa fiche, avant de la tendre au Majordome.
18 rue des Poulardes… C’est vers les Béatifiques Terrasses ça, non?


Tenez. Tant que vous y êtes, dites à la Défense de passer d’ici un ou deux jours : nos services auront eu le temps de réunir les affaires personnelles du Commis Espelet s’ils veulent les examiner avant que la famille du défunt passe les chercher.

***
Tandis qu’Harvain sort du Bureau du Commis Gylsen avec ces quelques renseignements glanés, Thaïs arrive finalement devant une grande porte en bois finement ouvragée, et gardée par un krolanne imposant vêtu d’un uniforme sombre, et portant une matraque à la hanche.
***

La formule suggérée par Amédée a l’air de faire son effet, puisqu’après un moment d’hésitation assorti d’un grognement blasé, le garde entre dans le bureau. Il en ressort quelques secondes plus tard et invite la D’Ascara à pénétrer dans l’Antre de l’Augure Derisbourg, avant de refermer la porte derrière elle.
Thaïs se retrouve soudain dans une immense pièce aux murs couverts de bibliothèques remplies par un nombre incalculable de livres et de rouleaux de parchemins, tous semblant parfaitement étiquetés et classés au long des rayonnages.
Les lustres sont éteints pour l’instant, mais la luminosité pénétrant par la baie vitrée qui prend tout le mur du fond suffit amplement à éclairer la pièce quand le temps est dégagé comme ce jour-ci.
Le sol est couvert par d’épais et luxueux tapis qui étouffent le bruit, plongeant l'endroit dans une atmosphère silencieuse.

Un large bureau encombré de documents siège au milieu de la pièce, derrière lequel l’Augure est assise.


Approchez. lance-t-elle d’une voix sèche, sans lever les yeux du livre sur lequel elle est en train d’écrire.

Morgane Derisbourg est une krolanne âgée comme en témoignent ses rides et sa longue et lisse chevelure argentée. En s’avançant, Thaïs ne peux s’empêcher de se dire que la longue robe de soie anthracite brodée de fils d’argent que porte l’Augure doit valoir à elle seule une année de son salaire.
De près, le visage élancé et taillé à la serpe de la vieille krolanne lui donne l’aspect d’un oiseau de proie, dur.
Quand elle lève son regard à l’approche de la lanyshta, c’est un regard bleu-ardoise qui la transperce littéralement.
L’Augure cesse d’écrire, mais ne lâche pas sa plume, dans l’attitude de celle qui s’attend à n’être dérangée qu’un instant avant de pouvoir reprendre son ouvrage.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 20 Manhur 815 à 17h37
 
Thaïs ne fait pas trop la maligne devant le garde, à qui elle répète mot pour mot la phrase étrange censée lui permettre de voir l'Augure. Elle retient sa respiration dans l'attente de la permission qui, finalement, semble être octroyée.

C'est bon, j'entre. Je vais voir l'Augure. Je... Par Scylla...

Le flux mental de l'adolescente s'affermit puis vacille. Une stupéfaction est décelable, puis la télépathie se coupe. Ses compères sentent sans doute que la d'Ascara est happée par autre chose et a fermé son esprit, concentrée sur un moment intense.

Thaïs arque les épaules devant le poids de la salle. Elle y pénètre dévotement, discrètement, petite face à l'importance du lieu. Ses yeux roulent sur les innombrables écrits, fascinés, avant de s'arrêter sur la krolanne qui lui fait face, derrière son bureau. Un instant, l'adolescente reste muette et contemple simplement le visage de l'Ancêtre.

Morgane lui ressemble. En plus vieille, bien sûr. Mais les traits nets, sans soupçon d'une beauté douce, le nez très découpé, les yeux perçants sont comme le reflet de son propre visage. A la différence que Thaïs conserve la fraîcheur relative de son âge et que ses cheveux courts, massacrés, la rendent aussi masculine qu'un jeune homme. Toujours est-il que c'est un peu interdite que la lanyshsta fait face à ce reflet vieilli de ce qu'elle pourrait être dans quelques dizaines d'années.

Thaïs à l'habitude des très riches, qu'elle côtoie au quotidien dans le milieu bourgeois où ses parents évoluent, toutefois Dame Derisbourg possède une aura, un charisme tout autre des vantards de la haute. Une légitimité écrasante, à vous empêcher de respirer à la moindre minute que vous lui faites perdre, à vous faire pleurer au moindre mot qu'elle gaspillera pour vous. Comment ne pas se sentir idiot face à une telle entité ?

Enfin, les lèvres de Thaïs s'entrouvrent, en un filet de voix mal assuré qui s'affirme au fur et à mesure des paroles. L'enquêtrice improvisée tente d'être synthétique et claire. Le ton sec et les habits somptueux de l'Augure n'aident toutefois pas vraiment à la détente :


Je... Je vous apporte ce parchemin, Augure. Destin de Dorigon Espelet, Commis aux Sans-Destins, mort ce matin suite à une chute dans la Faille, à l'âge de 47 ans. Les écrits de sa Vie sont raturés sur les derniers paragraphes, il semble s'agir d'un acte malveillant.

La jeune fille tend le document, les yeux rivés au sol.
Le coeur de l'adolescente semble s'amuser à faire des noeuds. Ses doigts se torturent les uns les autres.
Thaïs paraît très jeune. Et très pâle.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 20 Manhur 815 à 20h42
 
Je reçois l'adresse et hoche la tête à la demande du commis. Ce n'est que partie remise, nous aurons l'occasion de nous revoir très probablement commis. Je sens la connexion se perdre avec mademoiselle Thaïs tandis qu'elle n'est plus seule. Très bien. Et mademoiselle Derfùn redonne signe de vie. Parfait.

Mademoiselle Derfùn, bonjour. Pourriez-vous vous rendre immédiatement au 18 rue des poulardes, quartier des béatifiques terrasses je vous prie ? Rapidement mais discrètement. Restez à proximité et veuillez noter tout mouvement à proximité de cette adresse. Je vous rejoins bientôt.


Je sors du bâtiment puis monte dans la voiture.

Mademoiselle Oromonde, pourriez-vous me donner l'adresse de l'adjoint à la Défense que vous avez rencontré, je vais le voir sur-le-champ. Où en êtes-vous de votre côté ?

Je sifflote et donne un petit coup avec les rênes, les chevaux démarrent. Je me dirige rapidement vers le Sanctuaire de la Faille. Je suppose que le bureau du commis n'est pas loin du lieu du drame...ou du meurtre devrai-je dire.


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