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Un monde (trop) parfait
Où l'on apprend à voler, à défaut d'atterrir
 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Julung 21 Manhur 815 à 01h47
 
Ces dernières semaines n'avaient pas été faciles pour Linsey, qui refaisait doucement surface. Elle retrouve la connexion mentale avec les autres membres de la Main et se retrouve submergée d'informations.

Un Commis est mort, reçu. Commis aux Sans-Destins, ça ressemble à un meurtre, admettons. La Main va tenter de faire la lumière sur ce meurtre. Alors là, voilà qui devient intéressant.

Linsey essaie tant bien que mal de trier toutes ces nouvelles pensées et parvient à isoler quelques données. Harvain lui a fait parvenir une adresse et une consigne avec, parfait !


*** ~ ~ ~ ***


La météo n'avait pas voulu se montrer clémente ces derniers temps, et Linsey n'avait guère profité de la lumière du jour. Une nouvelle fois elle avait dû s'isoler pour lutter contre ses propres démons intérieurs, et une nouvelle fois elle était convaincue d'avoir remporté la victoire. Tout lui porte à croire que les choses iraient mieux à présent, elle se sent revivre. Et toute cette agitation qui régne entre Oromonde, Thaïs et Harvain, est là pour lui rappeler que sa vie et même son récent changement de condition, tout cela n'arrive pas en vain.

Suivant les consignes d'Harvain, Linsey s'équipe en mode mademoiselle-tout-le-monde. Elle revêt son imperméable brun, long et ample, choisi pour dissimuler ce double holster d'épaules que Harvain lui avait offert. Elle enfile ses bottes de marche pour parer à toute situation. Et juste avant de quitter son appartement, elle glisse sa paire de pistolets dans le holster.


Je pars de suite monsieur Harvain. Lâche-t-elle avant de se mordre les lèvres et de se traiter d'imbécile.

Se rendre au quartier des béatifiques terrasses n'est pas bien difficile, elle commence à bien le connaître à force d'aller à la demeure de la famille d'Ascara. Par contre trouver la bonne adresse sans éveiller les soupçons lui prendra un peu plus de temps. Elle commence par demander son chemin aux passants. Elle choisit de tenter sa chance avec une femme dans la trentaine, qui semble savoir où elle va sans avoir cette attitude hautaine de la bourgeoisie locale.

Excusez-moi, bonjour. Pourriez-vous m'indiquer où se trouve la rue des Poulardes s'il-vous-plait ?

 
Narrateur
 
Le Sukra 23 Manhur 815 à 16h44
 
La krolanne qu'interpelle Linsey prend le temps de s'arrêter.
La rue des Poulardes? Oui, elle connait... Ce n'est pas très loin, il faut juste continuer tout droit, prendre le deuxième passage à gauche, et elle devrait la couper pas très loin. Il n'y en a pas plus que pour dix minutes de marche.

La jeune lanyshta ne peut que spéculer sur l’origine de ce nom, car lorsqu’elle y parvient, il n’y a nulle trace de gallinacés, poule ou autre. Il s’agit d’une petite rue coquette et majoritairement résidentielle, où s’alignent maisons et hôtels particuliers bordés de parvis fleuris.
Par chance, le numéro 18 se situe à quelques pas d’un carrefour avec une artère commerçante et très passante, au coin de laquelle la terrasse d’un café pourrait éventuellement faire un poste d’observation tout à fait honorable à défaut de pouvoir pénétrer discrètement dans un bâtiment pour se poster sur un toit.
La demeure de Dorigon ne dépareille pas dans le quartier : façade sculptée de pierre blanche de deux étages, fendue d’une grande porte ouvragée, en bois sombre et parfaitement ciré, sertie de poignées dorées. En passant devant, Lindsey ne peut pas voir grand-chose au travers des larges fenêtres dont les rideaux sont tirés, mais elle aperçoit une allée qui longe le bâtiment pour accéder au jardin à l’arrière.


 
Morgane Derisbourg
Augure
Kil'dé  
Le Sukra 23 Manhur 815 à 16h45
 
***
Même si elle n'était, comme tout les Kil'déens, qu'une "Voisine" comme les autres, l'Augure avait cette aura de mystère qui rendait sa présence inconfortable pour ceux ne s'y étant pas habitué.
Il faut dire que si les Prédicateurs et Archivistes peuvent sembler être des sortes de gourous aux yeux des étrangers, leurs fonctions sont à ce point ancrées dans le fonctionnement du Kil que, mis à part un respect un peu accru et la relative incompréhension des détails de leur oeuvre, leur présence est bien comprise par les autres Kil'déens.

L'Augure, quant à elle (ou il, même si, sans qu'il y en ait vraiment d'explication, la grande majorité des Augures ont été des femmes), a une position telle qu'il est difficile de la prendre pour une personne "normale".
Pas du fait de la hiérarchie, non : en effet, officiellement, l'Augure dirige Prédicateurs et Archivistes. Mais dans une société axée sur le bien commun, la hiérarchie n'est pas une barrière, d'autant plus que ce sont souvent les secrétaires de l'Augure qui traitent les problèmes éventuels.

Non, cela vient de la fonction même de l'Augure, un travail unique au sein du Kil'dé : l'Augure est le prédicateur des Institutions.
Là où chaque Kil'déen possède un destin qui lui est propre, comme le dessin des nervures sur une feuille, l'Augure observe la croissance de l'arbre, de la forêt.
S'il est ainsi bien connu que les Apostats de la Cellule Hermétique n'ont pas, et ne peuvent pas avoir de destinée connue, les évolutions de la Cellule Hermétique dans son ensemble sont prévisibles. Il est de même envisageable que les autres Sharss, les Rebelles, et pourquoi pas les Lanyshstas soient observés, en tant que groupe.
Si l'Augure est incapable de se pencher sur chaque goutte d'eau, elle est capable de prédire l'écoulement du fleuve.

Les prédictions des institutions sont d'ailleurs, dans une société où règne la confiance et la coopération, l'un des très rares secrets parfaitement gardés du Kil'dé, l'Augure étant la seule capable de les transcrire, et la seule habilitée à les consulter.

C'est un poste où l'on reste traditionnellement de longues années, jusqu'à ce qu'une nouvelle personne capable d'endosser une telle charge se présente. Il n'y eut que de très rares et courts moments où le Kil'dé fut totalement dépourvu d'Augure, mais cela est déjà arrivé, mieux valant alors un poste vacant qu'un poste mal occupé.

On comprend dès lors que les Augures soient un peu hors du monde, hors du temps. Ne se mêlant pour ainsi dire jamais des affaires des individus. Sauf bien sûr lorsque l'on vient directement les chercher pour un problème ne pouvant pas se résoudre via un simple secrétaire....
***


Thaïs tend le document…
… il reste dans sa main.

La voix de Morgane est comme une rafale de grésil, froid et cinglant.


Les actes malveillants sont du ressort du Commissariat de la Défense, on vous a envoyé à la mauvaise adresse.

Un court silence, tandis que l’aïeule prend le temps d’observer sa jeune visiteuse.
Elle semble sur le point de se remettre à écrire, comme si cet entretien était terminé, mais se ravise et pose sa plume dans l’encrier.
Lorsque la voix de l'Augure Derisbourg s’élève à nouveau, elle s’est radoucie, mais la D’Ascara ne peut s’empêcher de s’imaginer face à un serpent prêt à frapper…


Est-ce que vous savez où vous êtes? Vous savez ce qu’on fait ici?

 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Dhiwara 24 Manhur 815 à 06h16
 
Linsey remercie très poliment la krolanne qui lui a fourni le précieux itinéraire qu'elle suit à la lettre. Arrivée sur place, elle transmet la description des lieux à Harvain et attend les instructions.

Au moins deux longues secondes.

Ensuite elle prend une initiative. Elle décide de faire un premier passage devant le bâtiment, et tente fugacement de voir à travers les fenêtres. C'est peine perdue, les rideaux sont tirés et rien ne filtre... Elle arrive jusqu'au café et fait volte-face, manquant de se faire rentrer dedans par un autre passant qui fait partie de cette foule assez dense.

Il y a bien une petite allée, mais est-elle vraiment sûre de vouloir y aller seule ? Que se passerait-il si elle tombait nez à nez avec quelqu'un lui demandant ce qu'elle fait là ? Elle aurait peut-être dû se poser ces questions, ça oui elle aurait dû. C'est trop tard, elle est déjà dans l'allée. Son pas n'est ni pressé ni lent, sa démarche est détendue et son visage l'est tout autant. Elle regarde à droite, à gauche, en haut, en bas... Elle fait tout son possible pour ne ressembler qu'à une simple curieuse égarée.

Une fois bien engagée dans cette allée, elle regarde par-dessus son épaule pour vérifier qu'elle n'est pas suivie. Si ce n'est pas le cas, elle se met à étudier un peu plus précisément la configuration des lieux, cherchant avant tout une éventuelle présence, des fenêtres, des portes, ou une planque.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Dhiwara 24 Manhur 815 à 13h15
 
Thaïs se glace aux paroles de l'Augure. Le rabrouement est violent et l'aura de Morgane ne fait qu'appuyer la claque verbale. Un instant, la bouche de la d'Ascara s'ouvre et sur son visage s'inscrit une expression d'horreur absolue.

Toutefois, Thaïs n'en est pas à sa première humiliation. Sa mère, particulièrement, l'a très tôt habituée aux déconvenues et aux remarques acerbes, et la d'Ascara a appris très vite à passer rapidement outre les déceptions sociales. Elle se reprend quelque-peu, range son parchemin et s'apprête à tourner les talons sans plus de combat quand l'Augure semble se raviser et la questionne.

Thaïs prend une longue inspiration et répond calmement, tentant de garder une contenance et les traces de sa parfaite éducation bourgeoise :


Kil'dé est une vaste toile, tissée des milliers des fils de nos vies. Chaque fil est une couleur, une matière, une manière qui prend parfaitement place et complète le tableau. Vous avez l'Art de suivre des doigts ces fils, et de coucher leurs routes, de décrire leurs courbes sur les vélins. D’interpréter les bifurquations et les noeuds pour que chaque fil, quel qu'il soit, connaisse et comprenne l'Enchevêtrement, suive son Destin.

Les fils bleus dans le ciel, les fils ors et argents dans les astres. Les fils marrons et verts pour la terre et les lierres.


Un mince sourire. Thaïs ne peut cacher une certaine ironie dans ses propos -elle si mal définie, mi-homme, mi-garçon, riche vagabonde.
Fleur sans pétale.
Mal poussée.

Nul méchanceté ou manque de respect dans le ton, toutefois. C'est plus une habitude et une aigreur personnelle qu'une pique adressée à l'Augure. Au demeurant, la d'Ascara se conforme comme tous à son Destin, qu'elle accepte malgré tout, et dispose d'encore trop de respect pour Morgane et l'institution qu'elle représente.

Si nous passons nos vies du côté des broderies, là où tout est ordonné et très joli, vous avez le Savoir pour retourner l'ouvrage du côté où l'image n'apparaît pas clairement et de le démêler, de nous l'éclairer en le lisant parfaitement. En sachant où l'aiguille devra piquer pour compléter le travail, encore et encore.

Je... Je sais que vous, ma Dame, êtes Celle qui lit le mieux. Celle qui suit les fils porteurs, ceux de nos Institutions, ceux sur lesquels tant de petits Destins s'enroulent et grâce auxquels notre la trame de notre Quartier tient entière. Car sans cohérence, sans ligne de terre, de ciel et d'horizon, un tableau ne ressemble à rien. Nous ne sommes rien.


Une pause. La pensée est puissante mais non formulée "vous, vous êtes la reine des araignées". Insecte dangereux habitué à vivre dans d'immenses toiles.

Thaïs semble avoir terminé son exposé. Elle ne peut toutefois s'empêcher de revenir à la charge sur Dorigon, enfant têtue. Les yeux de l'adolescente semblent briller d'une lueur étrange, rebelle et étonnamment déterminée pour une krolanne de cet âge -elle aura beau se faire envoyer paître, elle n'abandonnera jamais.


Je venais car quelqu'un a pris des ciseaux et a donné un grand coup sur la bobine d'un Commis aux Lanyshsta's.


Thaïs se tait. Elle ne s'aventurera plus à poser une question à Dame Derisbourg, ayant trop bien appris la leçon précédente -et ce, même si des milliers de questions lui brûlent la langue. La mention des Lanyshsta's n'est d'ailleurs pas innocente, hameçon désuet lancé à l'aveugle.

*** ***


 
Narrateur
 
Le Dhiwara 24 Manhur 815 à 17h49
 
Il y a plusieurs passants dans la rue quand la jeune lanyshta à la chevelure cuivrée s’engage sans discrétion dans l’allée… Quand Lindsey se retourne, personne ne semble néanmoins la suivre dans l’immédiat même s’il est évident qu’elle a été vue.
L’allée qu’elle suit mène à une cour carrée d’une quinzaine de mètres de côté, aménagée en un jardin fleuri et entretenu avec soin. Une petite terrasse en bois, avec une table et deux chaises d’extérieur en fer forgé, est accolée au dos du bâtiment, surplombée par le balcon au premier étage et longeant une large baie vitrée qui donne sur un large salon confortable, visiblement aménagé avec goût.
Il y a aussi une porte de ce côté-ci, plus classique et moins imposante que la première. La petite fenêtre adjacente à cette porte est dépourvue de rideaux et permet de voir que celle-ci permet d’accéder à une cuisine bien équipée.
Aucun mouvement n’est décelable, tout paraît calme…


 
Morgane Derisbourg
Augure
Kil'dé  
Le Dhiwara 24 Manhur 815 à 17h50
 
Bien, bien…
Je ne crois pas avoir saisi votre nom, mademoiselle...?


Les lèvres de l’Augure se tendent en un maigre sourire une fois la réponse donnée… à moins qu’il ne s’agisse d’un rictus carnassier? Rien qui puisse vraiment faire que l’Adjointe aux Sans-Destins se sente plus à l’aise…

Sachant que ma tâche est de lire les faisceaux qui forment les Destins de nos institutions, il n’y a donc rien qui vous choque en venant tout de même ici avec le Destin raturé d’un de vos collègues décédé? Vous n’avez pourtant pas l’air si bête… Hmmm…

Un claquement de langue, cette histoire semble poser un dilemme à Morgane.

Très bien, posez ça là, dit l’aïeule, en désignant un coin dégagé du bureau, Je me pencherai sur la question.
Nous ne pouvons pas laisser quelqu'un prendre ce genre de libertés avec les Prédictions.


L’Augure reprend sa plume, l’essuie sur le bord de l’encrier, et s’apprête à se plonger à nouveau dans son ouvrage.
Il semblerait que l’entretien soit fini.


Néanmoins, ajoute-t-elle une fois le parchemin déposé, s’il s’agissait d’une simple rature, une erreur de novice, vous m’auriez fait perdre un temps précieux qui pourrait me donner envie d’en perdre un peu plus pour examiner en détails votre propre Destin. Afin de m’assurer qu’on ne vous a pas confié des fonctions que vous n’êtes pas apte à assumer.

 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Dhiwara 24 Manhur 815 à 20h48
 
J'arrive enfin au bureau du commis de la Défense Kehvad. Je ne pensais pas me perdre en route, fichu sens de l'orientation pathétique humf ! Je gare la voiture à une étable à quelques pas du commissariat de quartier. Je m'adresse à un garçon d'écurie pour lui demander un picotin d'avoine aux chevaux et un seau d'eau. Je laisse quelques graines puis me rend vers le bâtiment. Je suis assez préoccupé en entendant mademoiselle Thaïs penser cette histoire d'araignées. Scylla sait que je déteste ces bestioles, dans quoi ma jeune dame s'est-elle aventurée ? Ah l'impétuosité de ces jeunes...

A l'accueil, je demande l'adjoint à la Défense Kehvad. Il ne m'a pas encore vu, quelques présentations seront d'usage ce me semble. Désolé mon garçon, la vérité semble bien compliquée.

Il me faudra lui raconter la visite au commis Gylsen et lui prévenir qu'il s'agirait selon les archives d'un meurtre maquillé en chute accidentelle. Et je sais de quoi je parle... En tant que majordome, j'ai suivi officiellement mademoiselle Thaïs jusqu'aux archives pendant ses longues recherches puis l'ai quitté au moment où elle pénétrait dans le saint des saints. Son Augure aurait été trafiquée pour faire croire à un regrettable accident sous couvert de destin un peu trop clairement explicite. Il me faudra lui dire qu'actuellement, la stagiaire adjointe en la personne de mademoiselle Thaïs est en pleine conversation avec l'Augure. Qu'en tant que bons et intègres citoyens du Kil'dé, il était de notre devoir de tenir au courant la Défense de l'avancée pour le moins rapide de l'enquête commencée tout juste quelques heures plus tôt.



 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 25 Manhur 815 à 11h37
 
Thaïs reprend peu à peu de l'assurance. L'Augure ressemble de plus à plus à sa mère, vindicative et écrasante. Or la d'Ascara est passée maître dans les querelles familiales, atteignant une strate de perversité et d'attaques indirectes inégalées.

Les jambes s'enracinent dans le sol et le buste se redresse sensiblement. Les yeux verts ne sont plus que deux fentes affutées.


Je suis Thaïs d'Ascara.

Inutile d'inventer un pseudonyme ou de donner une fausse identité. L'adolescente répond du tac au tac, sans plus se déstabiliser :

Lorsqu'une abeille d'une colonie ciblée se fait assassiner, c'est toute la ruche qui est concernée. Sire Dorigon a pu être tué pour les fonctions qu'il occupait : par son meurtre, c'est tout le Commissariat aux Sans-Destins qui se trouve ébranlé. Blessé.

La main fine effleure l'écusson de la tunique de Thaïs, elle-même Adjointe de cette section. Le sourire se fait un brin impertinent alors qu'elle murmure en continuant :


Mais vous devez le savoir.

Et puis... Je pensais que le fait qu'on puisse venir massacrer un Destin en toute impunité, à quelques salles de votre bureau, vous... affecterait dans une autre proportion.

Mais vous avez raison. Un acte malveillant est du ressort de la Défense. Peut-être devrais-je leur porter cet écrit prestement ?


Une minute, il semble vraiment que Thaïs ne soit aucunement disposée à remettre le parchemin à Morgane, à tourner les talons et à quitter la salle sans plus d’atermoiement, emmenant le document tronqué avec elle. Mais la raison supplante la colère, le respect surnage encore et elle finit par déposer l'écrit à côté de Dame Derisbourg, sans un mot de plus. Elle a de toute manière mémorisé et repensé à ses compères les grandes lignes des modifications et leurs auteurs.

Alors que Morgane tire sa dernière flèche, menace pas du tout implicite, Thaïs éclate de rire. Littéralement. D'un rire court, fou et triste, depuis longtemps résigné.

Elle répond en haussant les épaules, réellement provocante. S'avançant vers le bureau, un étrange danger passant dans ses yeux d'enfant mal grandi :


Ne prenez surtout pas cette peine, Dame. Mon Destin est très clair : les quelques fonctions que j'occupe actuellement ne sont que désuètes et temporaires. Je ne suis dans cette enquête qu'une modeste messagère, et dans ma branche qu'une scribe insignifiante.

J'épouserai bientôt un krolanne au haut poste, lâcherai tout ersatz de responsabilité sociale pour élever une progéniture d'élite nombreuse et autrement plus brillante que moi.


Un haussement de sourcil. Il est difficile d'imaginer cet homme-femme en femme au foyer modèle, mère de famille épanouie.
Qu'est-ce que Morgane peut prédire de pire à l'adolescente ? L'avantage d'avoir un Destin aussi triste que tout tracé est que toute évolution ne peut qu'être meilleure -ne serait-ce que par son côté nouveau, là où tout est tellement défini depuis si longtemps...

La d'Ascara serait condamnée à l'exil et la honte sociale qu'au moins elle serait délivrée de tout ce poids qui l'emprisonne, l'écrase et l'étouffe depuis sa naissance. Elle qui a grandit dans le luxe et le confort ne nourrit guère plus d'ambition que de s'extraire de ce milieu délétère d'attendus constants et de pressions multiples.

Au demeurant, sa croyance dans les Destinées ne lui laisse pas croire que tout peut changer sur une interprétation malveillante d'une personne, aussi haut placée soit-elle. Ce qui est écrit est écrit, personne ne peut réellement rien y changer.

Thaïs conclut, se laissant quelque peu emporter par un aplomb et une colère grandissants :


Enfin, peut-être que l'un de vos novices est capable d'écrire extrêmement clairement qu'un krolanne va trépasser d'un banal accident dans sa quarante-septième année bien avant que ça ne se réalise précisément en effet. Le tout en se permettant de rendre illisible une dizaine des lignes initiales, probablement rendues obsolètes par ce trait de génie.

Mais j'en doute. Vous semblez bien trop douée pour détecter les potentiels.


Une rougeur monte aux joues de l'enfant. Elle sait qu'elle va trop loin. Mais ne parvient pas à se réfréner, ne regrette aucun de ses mots...


 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Luang 25 Manhur 815 à 15h58
 
Linsey est consciente d'avoir déjà pris plus de risques qu'elle n'aurait du. Elle a repéré les lieux et c'était là le principal objectif. Maintenant, elle souhaite à nouveau se fondre dans la masse.

Elle fait demi-tour après un dernier regard pour chercher tout détail qu'elle aurait pu manquer sur la configuration des lieux, et retourne dans la rue. Elle marche dans les environs, faisant le tour du pâté de maison, pour revenir finalement aux environs de la maison du défunt.

Elle observe, flâne, et lis la carte du café en attendant que le serveur l'aborde. Suivant la formation intensive de son Maître, Linsey se laisse tenter par un thé accompagné d'un gâteau bien sucré. Elle choisit une place en terrasse, au milieu des autres personnes, et surtout avec vue sur la fameuse maison.


 
Narrateur
 
Le Luang 25 Manhur 815 à 23h02
 
Après la recherche de l’établissement où Dorigon s’est enfilé quelques godets avant le grand saut et la visite du Commissariat aux Sans-Destins, l’après-midi est déjà bien avancé… Et l’Adjoint à la Défense Kevhad n’a pas fait de zêle, et a déjà quitté son service à l’arrivée du Majordome.
Il sera là dès le lendemain matin au Commissariat s’il souhaite le voir.
Autrement, il peut aussi laisser un message…


***
Du côté de Linsey, le temps a beau être encore couvert après l’orage en milieu de journée, il ne pleut plus et la température reste agréablement printanière.
***

Il y a des façons plus désagréables de passer une fin d’après-midi qu’assise à la terrasse d’un bistrot.
Plus productives aussi… Car il ne se passe pas grand-chose au numéro 18 de la rue des Poulardes : les rideaux restent désespérément immobiles et aucune lumière ne s’allume au fur et à mesure que le jour baisse.
Mais l’absence de visite chez le Commis Espelet est aussi une information en soi...


 
Morgane Derisbourg
Augure
Kil'dé  
Le Luang 25 Manhur 815 à 23h10
 
***
Qu’une seule abeille soit assassinée est loin de signifier que la Ruche entière soit en danger. Corrélation hâtive, métaphore abusive.
Par contre, dès le meurtre repéré, l’information diffuse très vite et l’assassin doit effectivement s’attendre à ce qu’un essaim furieux s’abatte sur lui en réponse.
Intéressant.
***

Si l’argument employé par Thaïs ne fait pas mouche dans le sens où elle l’aurait souhaité, elle sent qu’elle a tout de même réussi à atteindre quelque chose sous la carapace de Morgane à ce moment là. Elle a cru voir son regard vaciller, l’espace d’un instant.
L’hésitation à lui soustraire le Destin de Dorigon pour l’apporter à la Défense ne fait en revanche même pas ciller l’Augure. Si tel était son souhait, Thaïs imagine bien qu’il suffirait d’un mot à Morgane pour qu’un des gardes l’intercepte.

L’aïeule écoute l’éclat de l’Adjointe aux Sans-Destins sans interrompre le conte de ses Prédictions. Difficile de dire si elle est intéressée par le fond ou juste curieuse de voir jusqu’où irait sa visiteuse… La vieille krolanne laisse le silence retomber quelques secondes alors que Thaïs pique un fard.


Le problème n’est pas que je ne vous crois pas, jeune fille, j’imagine que vous ne seriez pas venue me voir sans être certaine de ce que vous avanciez.
Vous venez à moi avec un mort dont les Prédictions auraient été falsifiées, et je vous ai dit que je me pencherai sur la question. Puisqu’il vous faut plus d’explications visiblement, sachez que s’il y a eu une falsification malveillante, une enquête interne sera évidemment diligentée pour tenter d’en déterminer les responsabilités, et le Commissariat à la Défense en sera informé… Rien que n’importe quelle personne travaillant à l’archivage ou au service de Prédiction a accès en permanence aux Destins. Ca fait déjà un paquet de suspects sans plus d’indices…
Je vois bien que vous voulez aider, mais vous devriez aller témoigner au Commissariat de la Défense : si cette mort est préméditée, c’est en trouvant qui aurait bien pu en vouloir à votre collègue que nous identifierons la personne responsable de cette falsification, et non l’inverse.
Soyez bien consciente qu’aussi douée que vous pensiez que je sois, aussi bien que je sache lire un Destin,
dit-elle en saisissant du parchemin de Dorigon, une Prédiction n’est jamais aussi exactement lue ou écrite que lorsqu’elle est mise en perspective avec l’environnement du sujet. C’est tout l’intérêt des relectures…

L’Augure ouvre un tiroir dans son bureau, y dépose le parchemin presque respectueusement, et le referme.

Je vous ai dit que je me pencherai sur la question, mademoiselle d’Ascara, répète-t-elle, maintenant filez.
Vous n’imaginez pas le nombre de choses qu’il me faut urgemment boucler aujourd’hui avant d’espérer avoir le temps d’étudier votre problème.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 26 Manhur 815 à 23h00
 
Notre problème.

Corrige malicieusement Thaïs. Elle n'est venue dans ce bureau que car on le lui a indiqué : il est vrai à la recherche de nouveaux éléments, d'explications, mais non quémandeuse ou sur une initiative sans queue ni tête sortie de son esprit bizarre.
Morgane ne l'aurait pas reçue que Thaïs ne s'en serait pas plus formalisée. On ne lui aurait pas parlé de l'Augure, qu'elle serait allée directement voir la Défense.

L'adolescente tourne les talons sans plus de cérémonial. Thaïs s'éclipse rapidement. S'arrête sur le seuil. Se retourne et murmure, sans vraiment compter être entendue -sans doute Dame Derisbourg ne lève-t-elle d'ailleurs pas le nez de son ouvrage.


Faites attention à vous.

C'est un conseil vraiment concerné -en aucun cas le ton n'est menaçant.

Thaïs n'est pas la Reine des abeilles. Elle n'a pas la vision de l'ensemble de la Ruche : qu'une de ses ouvrières meure et elle sera prête au sacrifice, avec les milliers de ses soeurs stériles. Aveuglées par un instinct simple et millénaire.
Tant que le Coeur n'est pas touché, le Tout perdurera.
Elle sera simplement morte.
Son dard profondément planté dans l'ennemi.

A moins qu'elle ne lève le regard, Morgane ne voit pas la lueur passer dans les yeux verts de Thaïs. Une lueur guerrière et dangereuse, magique et profondément lanyshsta.

Thaïs quitte la pièce sans plus demander son reste.


***

La d'Ascara sort tranquillement du bâtiment puis se met à courir. Sa télépathie se réactive, lancée vers ses trois compères.

L'Augure ne m'a rien appris. Elle a gardé le parchemin tronqué. Je dois aller rapporter à la Défense.

Le souffle est court. Thaïs a passé des heures à chercher et lire des Augures, trop de temps a été perdu. Une pensée d'Harvain l'arrête dans sa course : Khevad est parti, il faudra revenir le lendemain... Qu'à cela ne tienne, la d'Ascara demande à Harvain la localisation précise du bâtiment. Elle fait tout d'abord un très large détour par le quartier de Dorigon, sans toutefois s'aventurer trop près du domicile incriminé.

J'ai toujours la clé de la demeure de Dorigon Espelet. Il faut y passer avant la Défense afin de voir s'il gardait des dossiers sur les Sans-Destins qu'il gérait : les lanyshsta's. Peut-être qu'un dossier à charge nous conduira au coupable.

La d'Ascara s'arrête sur une petite place à une dizaine de minutes d'où guette Linsey, fonce vers une fenêtre ornée de pots de diverses tailles. Agit en même temps qu'elle continue mentalement :

Je cache la clé sous le pot gris de la fenêtre fleurie de la place aux Soupirs. Linsey, tu la récupères et tu vas fouiller ? Oromonde ? Je vais dépose un rapport à la Défense et je reviens faire le guet.

Thaïs se rue ensuite vers le dit Commissariat à la Défense, où elle arrive passablement tard. Elle fait mine d'apprendre que Khevad s'en est allé, n'a pas trop à forcer la mine déçue et colérique, demande un pot d'encre et un parchemin, et rédige prestement -indiquant l'heure approximative de sa venue et la date en en-tête :


Citation :
Adjoint Khevad,

Comme demandé, j'ai consulté l'Augure de Dorigon Espelet. Ecrit par un certain "Ophéon Elbra-Tremere", il a été relu par deux fois a minima.

Son Augure a surtout été modifié grossièrement sur sa fin. Les trois derniers paragraphes sont illisibles au profit d'une formule non signée qui dit (trop) clairement que d'Espelet devait mourir d'un banal accident à quarante-sept ans.

Ca ne semble pas dans les protocoles des Augures, qui ne raturent jamais la Prédiction première.
De plus, je vous laisse en juger, mais la formule semble bien trop explicite pour être anodine.

L'Augure Morgane Derisbourg, vers qui j'ai été envoyée, a gardé le parchemin et doit enquêter sur qui aurait pu le modifier ainsi. Selon elle, beaucoup de krolannes pouvaient avoir accès à ce document, hélas.

Je ne vois guère comment vous aider plus en avant, mais reste disponible demain si nécessaire, Demeure d'Ascara.


Le tout est conclu par une signature noble et l'adresse précise de Thaïs, dans les beaux quartiers.
L'écriture est soignée, simple et efficace, sans fioriture, peu féminine.

La d'Ascara relit le tout, laisse le parchemin puis s'éclipse calmement, se fondant dans la nuit qui, déjà, semble tomber.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 28 Manhur 815 à 11h35
 
Oromonde grimace aux nouvelles de Thaïs.

Dommage pour le parchemin...il aurait pu être utile.

Enfin, il nous a déjà appris beaucoup.

Je vous rejoins à la rue des Poulardes, alors. Je récupère la clé et je te la donne, Linsey, puisque tu es sur place depuis un moment. Thaïs et moi pouvons nous rejoindre pour faire le guet et essayer de mettre au clair nos informations.




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Sukra 30 Manhur 815 à 14h32
 
Enfin, du mouvement ! Enfin ça ne devrait plus tard, et c'est tant mieux. Depuis un certain temps déjà, Linsey attend que quelque chose se passe... Aux alentours ou dans sa tête.

Très bien je t'attends Oromonde.

Elle se lève, paye sa note avec un petit pourboire, et se met à flâner à nouveau dans la rue des Poulardes en cherchant Oromonde, et en jetant régulièrement un coup d'oeil à la maison du défunt.

Ici tout est banal, rien à signaler. J'ai déjà fait un repérage de la maison il y a deux entrées. Il faudrait peut-être éviter de trop attirer l'attention par contre, Oromonde tu devrais me donner la clé à une ou deux rues d'ici. Evitez de vous montrer ensemble rue des Poulardes, on ne sait jamais. L'une de vous devrait peut-être se poster dans les jardins à l'arrière ?


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 2 Jayar 815 à 00h34
 
Thaïs sent la déception d'Oromonde. Elle aurait toutefois eu du mal à sortir ce parchemin : l'Araignée lui avait réclamé avec un ton qui ne laissait pas de place à la dérogation. La d'Ascara ne manquera toutefois pas de rapporter à sa compagne tous les détails sur le papier et les encres, tout ce qu'elle a mentalement noté sur la qualité des supports des fameux Augures.

Thaïs arrive dans la rue. Reste à distance, prudente. Ses pensées fusent : elle est en position, reprend le guet.
Attend que Linsey, accompagnée ou non d'Oromonde, se faufile dans la bâtisse.
Dès que la nuit commencera à tomber. Dès que l'artère sera vidée.
Tout se passe par la pensée.
La Main est sans cesse connectée.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 2 Jayar 815 à 13h30
 
La Main commence à bien maîtriser le coup de la clé.

Oromonde la récupère une vingtaine de minutes après le dépôt de Thaïs, et poursuit mine de rien son flânant pèlerinage. Croisant Linsey, elle s'arrête un instant pour la saluer chaleureusement et lui demander des nouvelles.

- "Ma chère cousine !" Bon, d'accord, elle ne fait que recycler les inventions de Thaïs. Mais le truc de la cousine, ça avait l'air plutôt efficace.

Elle finit par enserrer Linsey entre ses bras, et laisse ainsi glisser la clé dans sa poche. Puis elle continue de se balader, direction les jardins dont la jeune rouquine lui parlait un peu plus tôt. Faire la plante verte ne devrait pas être trop difficile.




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Merakih 3 Jayar 815 à 03h44
 
L'étreinte avec sa très chère "cousine" était inattendue mais plutôt agréable. Un moment de détente dans ce monde terriblement oppressant, Linsey en avait besoin ! Ah oui, la clé, c'était la véritable raison d'être de cette étreinte. Elle échange quelques banalités avec sa cousine, le tout empreint de faux semblants et de simagrées de part et d'autre. Et c'est reparti. Oromonde est en position, Thaïs aussi, maintenant c'est à Linsey d'entrer dans la partie.

La nuit tombe et Linsey espère que le flux de passants sera réduit. Elle adopte une démarche aussi détendue que possible et se dirige sans détour vers la porte principale de la maison. Elle est tout de même vigilante à la moindre lueur qui pourrait transparaître à travers les rideaux. Si elle devait en trouver une, elle préfèrerait réfléchir à deux fois avant de poursuivre...

Sinon elle tenterait de faire rentrer la clé dans le trou de cette serrure... Si elle y parvenait, Linsey tenterait de la faire tourner. Si elle tournait, Linsey se jetterait à l'intérieur et refermerait vite la porte derrière elle avant de tendre l'oreille. Et après tous ces "si", peut-être pourrait-elle commencer à étudier les lieux dans l'obscurité.


 
Narrateur
 
Le Merakih 3 Jayar 815 à 20h11
 
La serrure accueille la clef sans aucun problème, et un cliquetis rassurant résonne tandis que Linsey la fait tourner.
Le claquement de la porte est un peu trop fort au goût de la lanyshta quand elle la referme précipitamment derrière elle, cependant seul son écho lui répond dans la demeure vide.
Rien ne bouge ici, et il ne faut pas longtemps à la visiteuse pour se décider à se lancer dans l'exploration des lieux.

Le vestibule dans lequel elle a atterri est tout ce qu'il y a de plus classieux, avec des patères en fer forgé, un meuble de rangement où s'alignent des chaussures d'homme de luxe, mais l'immense salon sur lequel la porte suivante débouche coupe le souffle de Linsey.
Le sol de marbre claque légèrement sous ses pas tandis que Linsey s'avance dans la pièce obscure, et ses yeux commencent à s'habituer. Elle distingue de grands tableaux accrochés aux murs, des sculptures sur des socles, de profonds canapés, un bar, une table en verre, des sculptures, des lustres majestueux au plafond... et la baie vitrée donnant sur le jardin où elle avait précédemment pénétré.
Tout ici transpire la richesse. Une richesse qu'elle n'aurais pas cru accessible à un Commis aux Sans-Destins...
Un rapide tour du rez-de-chaussée lui permet de trouver des toilettes, une remise fort bien fournie en nourriture et vins, et un escalier menant à l'étage, mais aussi la cuisine qu'elle avait aussi vue de l'extérieur. Ca ne se voyait pas depuis le jardin, mais la face interne de la serrure de la porte de la cuisine est un trou béant, fondu pour un acide puissant qui avait ensuite creusé un sillon peu profond dans la porte en coulant jusqu'au sol. Il n'en reste néanmoins plus de trace, comme s'il s'était évaporé ou avait été nettoyer...

Si la surface en bas est essentiellement occupée par l'immense salon, le premier étage est longé par un couloir, côté rue, qui dessert trois pièces de tailles égales et dont les fenêtres donnent sur le jardin..
La première est une des salles d'eaux les plus grandes que Linsey ait jamais vue, aménagée dans un coin avec un lavabo à double vasque et une baignoire à bouillon occupant un petit quart de l'espace, si grande qu'on aurait pu se demander s'il était légal d'utiliser autant d'eau pour se laver... Les deux murs opposés à la baignoire sont occupés par de grandes penderies et armoires remplies de vêtements en tous genre.
Dans les détails utiles, on peut noter qu'il n'y a qu'une seule brosse à dents à côté des vasques.
La seconde pièce est une chambre, avec une épaisse et confortable moquette, et un lit à baldaquin digne d'un conte de fées.
La troisième est un bureau. Ou plutôt était car si les meubles - écritoire, fauteuils, bibliothèques et commodes - sont là, bien à leurs places, plus aucun ouvrage n'est visible sur les étagères, et les tiroirs sont absolument vides de tout document.

Des voleurs auraient pris les oeuvres d'art, les vêtements hors de prix... Mais rien de valeur ne semble avoir été touché -à moins que tout ait été soigneusement remis en place- et la seule chose évident qu'il manque, c'est le papier. Il n'y a plus une feuille de papier, et encore moins un livre, chez feu le Commis Espelet.


 
Linsey Derfùn
Libertaire
Kil'dé  
Le Vayang 5 Jayar 815 à 03h54
 
Linsey a beau fréquenter depuis quelque temps Thaïs et son palais, elle n'en demeure pas moins extrêmement fascinée par cet environnement qui transpire la richesse. Elle n'est pas jalouse, ça non, puisqu'elle ne pense pas un seul instant pouvoir accéder un jour à une vie de ce genre. Elle se risque, parfois, à glisser ses doigts sur quelques sculptures ou cadres de tableaux pour vérifier qu'ils sont bien réels.

Dans chaque pièce, elle aurait pu prendre un air béat et admirer chaque objet pendant plusieurs minutes. Mais elle n'est pas là pour faire une visite, et sa sécurité n'est pas garantie. A l'extérieur ses amies prennent aussi quelques risques, il ne faut pas trop s'attarder. Elle leur transmet chaque détail qu'elle observe, attendant leurs conseils avisés.

J'ai comme l'impression qu'il travaillait sur un dossier sensible...

Le pas léger malgré les grincements inopinés du plancher, elle retourne vers la cuisine. En chemin, elle regarde si les draps du lit sont défaits. A-t-il été surpris à son réveil ? Elle étudie plus précisément cette serrure rongée par de l'acide et ose même la toucher du bout du doigt. Puis elle cherche des traces de désordre ou de combat dans la cuisine. Elle ouvre quelques tiroirs au hasard sans trop savoir ce qu'elle cherche.

Pourquoi est-ce l'intérieur de la serrure qui a été rongé ?

Elle tente de l'ouvrir pour l'étudier de l'extérieur. Si elle y parvient avant d'attirer l'attention d'éventuels voisins curieux, elle refermera ensuite rapidement la porte pour se concentrer à nouveau sur la marque d'acide.

Thaïs tu saurais distinguer la marque d'un acide classique de celle d'un pouvoir Lanyshta ? Quelqu'un est entré par la porte arrière, et est allé vider tous les documents. Il n'y avait pas qu'une personne, c'est impossible. Vu les étagères il devait y avoir un bon volume de papier ici.


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