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Un monde (trop) parfait
Où l'on apprend à voler, à défaut d'atterrir
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 17 Julantir 815 à 09h37
 
Thaïs semble quelque peu étonnée à l’évocation des « novices ». Si elle en apprend toujours plus sur le fonctionnement complexe des archives, elle s’étonne de l’aplomb de ces « Grisâtres » qui sont venus confisquer les affaires de Dorigon et qui montent la garde à l’entrée du bâtiment. Une véritable petite armée de loyaux soldats au service de l’Augure…

La jeune fille hoche la tête en assimilant les précieuses informations. Il est important de saisir les rouages de l’institution et son rôle exact afin de mieux mener cette enquête.

Amédée est peu prolixe sur ses relations avec Dorigon. Thaïs insiste :

Qu’entendez-vous par « bien connaître » ? J’avais cru comprendre que vous étiez relativement proches… Il vous a caché des choses ? Déçu ?

Elle laisse une première possibilité au krolanne de répondre, puis attaque plus frontalement :

Du moins il semblait que vous vous voyiez régulièrement. La Défense m’a indiqué que l’agenda de Dorigon mentionne vos initiales à de multiples reprises. C’est aussi pourquoi je suis revenue vous voir.
Avant eux.

Que vous m’en appreniez plus sur la victime…

Le ton est circonspect. Il ne s'agit pas d'accusations, mais il est clair que la d'Ascara attend qu'un certain voile soit levé.

 
Amédée Patrisson
Prédicateur
Kil'dé  
Le Vayang 17 Julantir 815 à 11h49
 
Je... Je le connaissais. C'est tout. Mais c'est vous qui parlez de "bien" connaître, je ne sais pas ce que vous voulez dire par là, moi !

Depuis le début de leurs conversation, c'est la première fois qu'on pourrait user du terme "violence" pour qualifier l'attitude d'Amédée. Il est visiblement perturbé, stressé, ayant envie d'envoyer paître sans pour autant faire de vagues.
Il respire vite mais se calme un peu.


Écoutez, je... Non, il ne m'a pas déçu. Trahi. Ou quelque chose de ce genre. C'était quelqu'un de bien, qui s'intéressait aux gens. Déjà à l'époque, quand il était venu me voir pour sa promotion. Et on se voyait, de temps en temps. Il... Il cherchait des personnes bien. C'est de ça qu'on parlait souvent : de son histoire, de comment il aurait pu passer à côté de son Destin par un simple coup de malchance, une incompréhension. Il voulait savoir si ça arrivait souvent, si... Si des personnes prometteuses pour le bien du Kil n'avaient pas mal bifurqué sur l'écheveau, comme on dit.
C'était...


Il a les larmes aux yeux.

C'était quelqu'un de bien, vraiment. Le Kil, toujours le Kil. Le bien du Kil passait avant tout, pour lui. Une probité, une humilité à toute épreuve, il disait même vouloir continuer à vivre dans les quartiers pauvres pour rester proche des gens. Et maintenant il est mort, et c'est parce que quelqu'un l'a tué.

Et ce n'est pas juste.


La dernière phrase, loin de sembler être un jugement d'inquisiteur, ressemble plus au déni d'un enfant qui vient de perdre son doudou.

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Dhiwara 19 Julantir 815 à 10h58
 
Thaïs se rassérène devant l'attitude quelque peu bouleversée d'Amédée. Son regard s'adoucit et sa voix se fait plus caressante.

Oui, c'est injuste. Ce n'était pas son Destin. Quelqu'un a infléchi la Trame...
C'est une grande perte. Mais nous trouverons le ou les coupables, je vous le promets. Nous leur ferons payer...


Une pause ; la d'Ascara observe attentivement si le krolanne se rassure ou s'inquiète de ce dernier engagement.
Elle reprend ensuite :


Mais il me faut votre aide pour que Justice soit faite, vous comprenez...

Quelles étaient les avancées de son... enquête aux Archives ?
Aviez-vous trouvé d'autres Destins mal compris ? Cela arrivait-il en effet souvent ?
Saviez-vous sur quels Destins ou dossiers précis Dorigon travaillait avant de disparaître ? D'autres personnes des Archives le connaissaient-il et étaient au courant de ses... curiosités ?

Thaïs laisse le mâle répondre, tout en imaginant déjà soit que Dorigon avait mis la main sur une mésinterprétation d'un Destin en particulier qui aurait pu lui valoir les foudres de l'intéressé -après tout, un Destin peut être mal interprété aussi bien vers le haut que vers le bas, et une relecture pourrait mettre une carrière en danger-, soit que la somme de son travail d'investigation ait mis en danger un ou plusieurs membres des Archives... Un trafic de Prédications ou des erreurs grossières de Prédicateurs maquillées, peut-être. La volonté de l'Augure à couper l'enquête oriente la jeune fille vers la seconde piste. Mais comment le prouver ?
Une dernière question est donc émise, très directe :


Ne me demandez pas comment, mais l'Augure ralentit sciemment cette enquête. Quel pourrait être son intérêt ?





 
Amédée Patrisson
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 21 Julantir 815 à 12h47
 
Nous les ferons payer...
Lèvres pincées de Amédée, difficile de savoir s'il vaut mieux y voir de la résolution ou une forme de crainte. Peut-être un peu des deux.


Précisément, non, je... Je ne saurais pas dire.

Il a le regard fuyant, mal à l'aise.

Mais ce n'est pas... Cela ne peut pas avoir de lien. Je veux dire, c'était pour le bien. Il s'y intéressait, et passait au suivant. Comme... Comme quelqu'un qui distribuerait de la soupe aux malheureux. On ne se fait pas d'ennemi en distribuant de la soupe, hein ?
Puis il était discret, il... Non.


De brusques dénégations de la tête, même s'il est difficile de savoir si c'est une certitude logique ou un signe de déni.
L'attitude se poursuit lorsque est soulevée la question de l'Augure.


L'Augure ? Non ! Ce... Elle n'aurait aucun intérêt à ralentir une telle enquête. Elle ne vise que le respect du Un et la bonne tenue des Archives. Elle est comme nous, elle n'oeuvre que pour le bien commun !

Amédée s'énerve un peu, on pourrait craindre qu'il n'attire quelqu'un.

Personne ici n'aurait la maladresse de...

Il s'interrompt. Se mord la lèvre.

Il... Il y a...

Il rougit un peu, mais parle bien moins fort.

Il y a peut-être quelqu'un qui... Qui en saurait plus. Des détails. Pas grand chose, mais... Peut-être.
C'est mon... Apprenti. Un prédicateur novice. Il débute encore, et est loin d'avoir son autonomie, mais... Mais il a un bon fond. Un bon instinct aussi.
Il est... Il est l'un de ceux que Dorigon avait trouvé. Sa prédiction était assez claire -ce n'était pas du Orphéon si vous préférez- elle parlait, si je me souviens bien de "paver la voie pour autrui". Il était à la réfection des routes. Mais... Disons que oui, à la relecture, "tracer la voie" était aussi acceptable, et du coup, la prédication... En tout cas il s’épanouit, ici. Dorigon m'avait dit qu'il semblait bien plus épanoui. Ils se connaissaient un peu.
Alors peut-être... Peut-être qu'un mot, un détail... Oui, il pourrait savoir quelque chose de plus.


Nouveau mordillement de lèvre.

Il est en relevé toute la journée. Pour les naissances. Il ne peut pas faire les Augures tout seul mais peut relever tout ce qui est nécessaire.
Demain et après-demain, tout les novices de la prédication sont en formation commune sur les référencements, mais dans trois jours, dès les premières heures, il est sensé être avec moi.
Si vous êtes plus pressée, heu... Je peux lui laisser un mot dans sa cellule. Il sera de retour vers... Oui. Ici même, deux heures avant minuit. Normalement l'aile est fermée, mais il y a régulièrement un ou deux insomniaques qui viennent vérifier un petit quelque chose. Moi-même, ça m'arrive, la nuit, tout est plus... Calme. Puis avec vos accréditations, vous ne devriez avoir aucun problème.


Un maigre sourire, incertain.

Cela vous aiderait, de le voir ? Et vous préfériez quand, dans ce cas ?

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 21 Julantir 815 à 22h24
 
Les yeux se plissent, Thaïs se mordille les lèvres et commence à piaffer. Les dénégations d'Amédée ne la satisfont pas, ni sa défense de l'Augure. Elle tranche, incisive et perdant quelque-peu son sang froid :

Certains vendeurs de viande peuvent jalouser une distribution gratuite, voyez. Quant à votre chère Augure, elle n'a aucun intérêt à ralentir l'enquête, mais en a raflé toutes les pièces et filtre désormais les entrées à vos locaux.


Les prunelles se font incisives. Thaïs connait mal la demie-mesure... Les accusations se font à la volée, en généralisations quelques peu bancales mais avec l'assurance d'une enquêtrice croulant sous les preuves formelles. Elle n'a guère peur d'attirer du monde -son sang boue et elle ne pense plus à la discrétion-, jusqu'à élever la voix presque plus haut qu'Amédée.

Personne n'est coupable mais Dorigon a bien été tué, par Scylla. Sa maison fouillée méthodiquement.
Et les Novices en gris de l'Augure sont toujours les premiers sur les lieux où il y a des éléments à enlever à l'enquête...


La d'Ascara commence à tourner dans la pièce, écoutant la proposition du Krolanne. Elle n'est pas idiote, et la proposition de rencontrer un Novice, de nuit, ne lui paraît pas des plus sécuritaires. D'un autre côté, le temps presse et Thaïs voit chaque heure défiler comme une opportunité pour le ou les meurtriers de dissimuler des pièces supplémentaires.

Ca me dit de le voir, oui. Cette nuit. J'attendrai ici.

Thaïs adresse un sourire un brin ironique à Amédée. Si le krolanne est perspicace, il peut s'apercevoir que la jeune fille ne s'engage pas la tête la première, avec grand entrain, et qu'elle prendra probablement quelques précautions pour assurer sa sécurité -prévenir des gens extérieurs, par exemple.

Ce que la d'Ascara fait immédiatement par télépathie au demeurant, à destination de la Main.
Ce qu'a de pratique le fait d'être Lanyshsta...


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 18 Agur 815 à 10h54
 
*** Une vingtaine de minutes avant l'heure du rendez-vous nocturne... ***


Thaïs était finalement sortie du bâtiment, suite à son entretien avec Amédée. Elle était retournée mettre par écrit ses découvertes, au domaine d'Ascara -inutile de se pointer au bureau, vu les laisser-passer divers dont usaient les krolannes en gris. Elle avait également fait un rapport mental méthodique à la Main et, séparément, à Arabelle.

Tous trouvaient étranger ce rendez-vous nocturne, dans un bâtiment vidé et dans une salle isolée. Harvain avait insisté pour accompagner discrètement sa Maîtresse. Il avait simplement donné rendez-vous à Thaïs à quelques rues des Augures, peu avant l'heure de la rencontre, sans plus de détail sur la méthode de "discrétion" dont il comptait user.
Oromonde, elle, avait dû filer au Kil'Sin pour des affaires commerciales et, comme Lindsey, transmettait tous ses encouragements à ses comparses, leur intimant la plus grande prudence.
Bah, une Noxamancienne un peu timbrée enfermée dans un bâtiment regorgeant de parchemins précieux, que pouvait-il bien arriver de catastrophique ? Thaïs n'était pas pyromane, non plus. Enfin, du moins, elle était censée savoir se contrôler.
Censée...

En préparation, Thaïs se débarrassa de tous ses apparats superflus et enfila des habits simples et pratiques. Pantalon de cuir souple, chemise de coton ample. Elle glissa une dague dans ses hautes bottes et ajusta son écusson d'Adjointe aux Sans-Destin (Commis à l'essai, même -oui, bon, le badge de "je suis bientôt promue" n'existait pas encore, mais l'intention y était). La d'Ascara prit enfin soin, au fond du jardin, de répéter les gestes et mots des divers sorts de Noxamancie qu'elle connaissait, sans toutefois brûler ses forces.

Thaïs n'était pas particulièrement inquiète. Bizarrement, elle faisait confiance à Amédée : il n'avait pas nié ses liens avec Dorigon, semblait réellement bouleversé d'apprendre son décès et atterré de la falsification de son Augure.
Mais elle était bien décidée à tirer rapidement cette affaire au clair. Et Morgane Derisbourg, l'Araignée qu'elle trouvait si étrange et mal-intentionnée, qui usait d'une impressionnante toile pour couper l'enquête, avait ses quartiers généraux dans le même bâtiment...
Il fallait mieux user de prudence.

Arabelle Mercoeur devait se tenir alerte et prête au cas où, dans le Quartier. Un relai extérieur ne serait peut-être pas de trop : il fallait mieux tabler sur plusieurs tableaux.
Les avantages de la télépathie dans ce type de situation étaient multiples...

La nuit tombée et une vingtaine de minutes avant l'heure du rendez-vous nocturne, Thaïs rencontra Harvain au lieu-dit. Le Majordome sortit une petite fiole de sa poche et en goba le contenu : quelques minutes plus tard il était... invisible. La d'Ascara en resta bouche-bée mais ne posa pas plus de questions -elle savait les talents d'Harvain aussi divers que surprenants. Peut-être que les dons d'Alchimiste d'Oromonde n'étaient pas pour rien derrière l'exploit.

La d'Ascara, accompagnée de son Majordome transparent, se dirigea d'un pas leste vers l'entrée du bâtiment ancestral. Elle présenta -pas peu fièrement- son ordre de mission d'employée spéciale Sans-Destins/Défense au planton, sans oublier de le fusiller du regard d'un air inquisiteur. Cette fois, elle entrait pas la grande porte et sans masque.
Thaïs tourna autour du planton de manière inquisitrice et prit le temps de tenir la porte ouverte en reregardant le krolanne sévèrement avant de pénétrer le lieu. Histoire qu'Harvain ait le temps de la précéder discrètement et que personne ne se marche dessus...

A l'intérieur du bâtiment, Thaïs resta connectée mentalement à Harvain pour lui intimer de la suivre. Elle se dirigea prestement vers la salle du rendez-vous, où elle pénétra en faisant attention que personne ne la voit et en répétant son petit manège -tenir la porte ouverte en faisant mine d'inspecter le couloir... Elle nota au passage, lors de sa traversée des longs couloirs, les différentes personnes encore présentes et leur positionnement -s'ils seraient aptes à entendre des cris, s'ils semblaient représenter une quelconque menace ou s'il s'agissait simplement de paisibles archivistes au physique de freluquets.

Dans la pièce, elle examina rapidement que personne ne puisse la surprendre en se cachant dans un recoin, se disposa de façon à ce qu'Harvain bénéficie d'une place discrète où il ne se ferait pas piétiner les pieds -juste à la droite de l'adolescente. Puis elle s'assit et attendit, d'apparence détendue mais guettant le moindre bruit.

Elle pensa à l'intention d'Arabelle qu'elle était sur place, la position de la salle et que la rencontre n'allait pas tarder.
La tension était à son comble.

Plus que quelques minutes avant l'heure du rendez-vous.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 20 Agur 815 à 22h49
 
Je hausse un sourcil, le droit, à l’écoute du compte-rendu de mademoiselle Thaïs. Hum, un rendez-vous de nuit, dans une pièce avec un homme. Mademoiselle Thaïs se méprend sur mes intentions de venir. Ce n’est certes pas pour la protéger. Eventuellement pour la retenir. Mais surtout parce qu’il est impensable que ce genre d’entrevues se fasse sans chaperon. Déjà, nous frôlons les limites de l’indécence… Ce n’est certes pas convenable pour une jeune dame d’aller vaquer à de telles occupations si tard le soir avec un inconnu. On pourrait jaser…

Mademoiselle Oromonde, recélant quelques talents appréciables même si je ne lui dirai jamais, m’avait donné une potion d’invisibilité. Je me souviens avec un certain amusement son exaspération suite à mes simples demandes. En quoi était-ce difficile de changer le parfum d’une simple potion pour qu’elle ait le goût de thé à la fraise des bois ? Elle s’était répandue en vaines explications, parlant de mélanges de différents composés et ingrédients dont il est impossible de maîtriser le goût et que le moindre ajout d’autres éléments pouvait dénaturer la potion et la rendre inefficace ou pire, imprévisible. Humf, en quoi ajouter quelques feuilles de thés parfumées pouvait impacter quoi que ce soit. Mademoiselle Oromonde dit avoir du étudier en profondeur des dizaines de variations pour aboutir qu’effectivement ma petite touche personnelle n’engendrait aucun problème. Eh bien jeune fille, tout ce pataquès pour rien. Ce n’est certes pas comme ça que vous allez avoir une clientèle…

Quoi qu’il en soit, j’étais avec cette petite fiole. Et même si le goût ne valait pas une bonne tasse de thé Mariages Cousins, cette mixture était passable. Je restais impassible devant mademoiselle Thaïs même si j’étais assez surpris de voir mon propre épiderme s’évaporer. L’expérience était assez troublante ma foi. Je me suis même posé la question de savoir si mes vêtements n’allaient pas devenir transparent et m’exposer à une situation plutôt embarrassante… J’étais soulagé de voir que tout disparaissait mais que j’arrivais encore à voir mes propres membres.

Je ne disais plus un mot et me contentait de suivre au plus proche mademoiselle Thaïs. L’expression « la suivre comme son ombre » n’était même plus adaptée ici puisque j’étais encore moins visible. Je parcourais les couloirs de cet étrange mais imposant édifice, symbole de notre culture et de notre si cher déterminisme. Est-ce que mes augures sont également ici ? Bien que je sois fortement attaché au secret, je ne peux me résoudre, depuis plusieurs décennies à supprimer cette trace vierge de tout mensonge de mon existence. Peut-être la seule chose véritable sur moi après tout. Parfois, j'ai du mal à me souvenir de mon véritable prénom...

Nous arrivons dans cette pièce. Je me place à l'endroit où souhaite madeoisemme Thaïs puis observe la scène.
En bandoulière, le carquois est bien rempli et l'arc prêt à jaillir dans mes mains. Il ne nous reste plus qu'à attendre.

Mais je me dis, au final.... est-ce que j'ai repassé les chaussettes de monsieur d'Ascara hier, je ne me souviens plus...



 
Narrateur
 
Le Sukra 22 Agur 815 à 20h34
 
Quelques minutes avant l'heure du rendez-vous, oui. Il est toujours utile d'arriver un peu en avance, pour préparer le terrain.
Et Thaïs et Harvain l'ont certes bien préparé, à leur manière, car soit les Archives disposent d'un fabuleux détecteur de Lanyshstas invisibles ayant passé le mot de leur laisser croire que leurs pathétiques efforts en valaient la peine... Soit personne ne se doute que la jeune adjointe n'est pas seule. A peine a-t-elle eut droit à un sourcil haussé d'une personne croisée à contre-sens, se demandant ce qu'on pouvait bien trouver à inspecter dans un couloir vide.

Les deux Lanyshstas se sont installés, sommairement.
Mais il semblerait qu'ils n'aient pas eu l'exclusivité du "arrivons pour préparer le terrain en avance", pas plus que celle du "venons accompagnés", car des bruits de conversation étouffés se font bientôt entendre.

...rière le canapé. Et toi tu resteras à...
- Heu...


Le "heu" n'est certes pas très précis, mais il alerte celui qui vient d'ouvrir la porte, et le pousse à arrêter de parler à ceux derrière lui, se tournant vers Thaïs. Ses lèvres se crispent, mais il tente bientôt un sourire.

Oh, en avance. Bien, heu... Oui, bien, bien, mademoiselle.
Il avance d'un pas, laissant les deux autres entrer, le deuxième repoussant la porte.

Des amis.

Et on comprend immédiatement de quel genre d'amis il s'agit. Des intelligents du biceps, des personnes qu'on aime à avoir avec soi, simplement parce que ça évite de les avoir contre soi.
Pas des montagnes de muscles, de ces guerriers puissants aux exploits exceptionnels, non, juste des personnes un peu plus grandes et massives que la moyenne, à la musculature entretenue par un travail physique. En tout cas, même s'ils partagent avec le parleur la même teinte grise de vêtements des novices, ils font comparativement à lui forte impression, vu que celui-ci est assez nettement en dessous de la moyenne en terme de carrure. Par contre, son sourire "sournois et mielleux" laisse deviner qu'il a plus de ressources intellectuelles que les deux autres, partageant un air "d'attente férocement béate". Ou béatement féroce, c'est selon.
Les deux se ressemblent beaucoup, d'ailleurs. Pas assez pour être des jumeaux, mais sans doute un lien de parenté. Ils se positionnent, à un mètre de la porte, bras croisés, de part et d'autre de celui qui est, selon toutes vraisemblances, l'apprenti de Amédée.

Vous devez être mon "rendez-vous", non ?

Un sourire étrange. Du genre de ceux qu'on qualifierait de "froid et menaçant" s'il était correctement exécuté. Sauf qu'il ne l'est pas...


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Dhiwara 23 Agur 815 à 11h12
 
Thaïs masque une grimace alors que le Novice se présente accompagné de deux armoires. Le krolanne lui fait immédiatement une très mauvaise impression : air supérieur et sournois, ambiance menaçante.
Ca a tout du traquenard qui se concrétise...

Pour autant, la d'Ascara ne se laisse pas déstabiliser, et si son malaise est un instant réel, elle parvient à le masquer habilement. Les années à errer dans la haute, aux gré des humiliations sociales que lui imposait sa mère -se grimer en femme, faire des ronds de jambe, sourire à ceux qui vous méprisent ouvertement...- n'auront pas été sans apprentissage.

La Lanyshsta ne se lève pas de son canapé. Ses yeux verts incisifs se plantent dans le "meneur". Un sourire stoïque naît sur ses traits durs, nets et masculins. Malgré une apparente jeunesse, Thaïs ne paraît pas vraiment faite pour la douceur et la légèreté.
Les brigands qu'elle estropie ou tue parfois la nuit, hors des murs de la ville, ne lui font craindre ni la violence, ni le sang...

Elle répond très calmement et sans ciller :


C'est cela même. Thaïs d'Ascara. Commis aux Sans-Destin, gradée de la Défense, spécialement dépêchée pour vous rencontrer.

Thaïs croise les jambes et enlève une poussière de son pantalon d'une pichenette, d'un air très tranquille. Elle saisit sa missive l'accréditant et la jette négligemment aux pieds des inconnus. Puis elle continue, comme si elle préparait un rapport -haussant la voix pour couvrir tout mouvement d'Harvain et en désignant les deux "gardes du corps" :

Dois-je conclure dès maintenant que vous n'allez pas être pleinement coopératif ?

Les doigts agiles de l'adolescente filent dans sa botte pour en sortir la dague dentelée qu'elle y avait cachée. Elle pose l'arme sur le banc, juste à côté d'elle, sans se faire plus menaçante, et continue naturellement :

Ma hiérarchie risque d'en être... très, très déçue.

Elle égrène sur ses doigts :

La mort de Sire Dorigon Espelet. La confiscation des documents d'enquêtes. La falsification de son Augure. La fouille et le nettoyage de son domicile...

S'il m'arrivait la moindre chose, alors qu'ils me savent ici...


Grimace.

Ca commencerait à faire beaucoup.
Beaucoup trop.


Double message : d'une, la d'Ascara -qui ne quitte pas le petit caïd des yeux- ne se laissera pas prendre sans lutter, avec ses allures de chat revêche, et fera tout pour en faire sa cible particulièrement prioritaire. Elle n'est pas venue les mains vides ni s'est bercée d'illusions sur la dangerosité du rendez-vous.

De deux, elle a eu largement le temps de multiplier les rapports sur tout ce que le "suicide" de Dorigon comporte de louche et sa disparition ce soir créerait sans doute un certain précédent -ne ferait que mettre l'enquête plus en lumière...

Bref : la d'Ascara met -presque, ses dons de Noxamancie, de télépathie et Harvain exceptés- toutes les cartes sur la table, avec sa franchise habituelle. Aux krolannes en gris de décider l'option qu'ils préfèrent.

Au demeurant, le fait que le Novice se soit quand même déplacé reste un signe encourageant -on se rassure comme on peut : il aurait très bien pu juste envoyer ses acolytes musclés refaire le portrait de Thaïs sans pour autant prendre le risque de la confronter lui-même.
La d'Ascara garde donc tout de même l'espoir qu'il réponde à ses questions et que ses... "amis" ne soient là que par excès de prudence...


 
Arabelle mercoeur
Commis à la Défense
Kil'dé  
Le Dhiwara 23 Agur 815 à 16h09
 
*** Arabelle avait bien reçu le message de son homologue et elle se rendit non loin de la bâtisse des augures au cas où, prenant part à une patrouille de la Défense qui s'occupait de ce quartier justement au cas où des renforts seraient les bienvenus.

Elle se signala en place par voir télépathique auprès de Thais. et commença à patrouiller autour des Augures et des bâtiments environnants, ***


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 24 Agur 815 à 22h17
 
Je tire une moue dubitative. Oh je n'aime pas ce genre d'onomatopées physiques mais je suis invisible, je pourrai même tirer la langue par pur plaisir. C'est presque tentant cela dit. Oh je me souviens de mes jeunes années au Locus Solus, combien de fois aurions nous aimé être invisibles pour nous rendre dans le dortoir des filles... Bien que maintenant que j'y pense, il ne fait aucun doute que les surveillants étaient exercés à discerner la moindre altération... Je n'ose imaginer la correction que nous aurions pris à l'époque...

Donc deux brutes. Sans armes apparentes ? De toute façon, pour ce que cela change à la situation. Je crains que nous n'ayons pas à faire avec des gentilshommes. Ah, pourquoi faut-il tomber sur un vicieux en herbe et deux bourrins mal dégrossi. Les méchants manquent définitivement de style de nos jours. Enfin je dis méchants, accordons-leur le bénéfice du doute, n'allons pas trop vite en besogne, n'est-il pas ?

Ah mademoiselle Thaïs, trop pressée, trop impulsive, nous aurions du inverser les rôles. Il n'a dit qu'une phrase et vous, vous voilà déjà à tirer des conclusions hâtives et à faire des menaces. Voyons... Soit vous les considérez comme ennemis et vous attaquez sans sommation soit vous restez neutre. Mais agressive en paroles, vous connaissez le résultat, vous souhaitez ce résultat. Où sont vos talents de diplomates jeune fille ? Qu'avez-vous appris jeune écervelée ? Utilisez la bête qui est en vous, mais uniquement quand vous en avez besoin.

Mais bon, à quoi bon dompter la foudre et les flammes...

J'attends patiemment. Je ne bouge pas. Je ne dégaine pas. Mon temps viendra.

Ah, tiens, j'ai entendu qu'on avait crée un nouveau modèle de fer à repasser plus léger, il faudrait que j'aille voir ça. Peut-être ont-ils sorti un nouveau catalogue ?



 
Narrateur
 
Le Matal 25 Agur 815 à 18h30
 
Lorsque Thaïs sorti la dague dentelée, il y eut une grimace du petit, les deux autres restant étrangement plutôt passifs.
Puis un nouveau sourire lui passa sur le visage, comme un lézard filant sur une pierre.

Oh ? S'il vous arrivait quelque chose ? Mais que pourrait-il arriver à une frêle demoiselle seule contre trois dans une pièce bien insonorisée dans un bâtiment plutôt déserté, hein ?

Même dans la catégorie "rire sadique de grand méchant", il la jouait petits bras.

Puis qui vous sait ici ? Un garde à l'entrée ? Un collègue ou deux ? Que vous disparaissiez en même temps que votre Augure, et effectivement, ça ferait trop pour ne pas conclure l'évidence : la vilaine petite fille a volé son Augure pour qu'on ne voit pas qu'elle avait commencé à faire de petites erreurs !

Ayant constaté que le rire ne faisait pas grand chose, il se pavane tel un... Pouon. Un mélange de pou et de paon. Il semble un instant prêt à s'avancer, mais en revoyant la dague, il préfère donner une petite tape sur le dos des deux gros bras, afin que ceux-ci s'avancent, leur simple présence plus menaçante que leur air assez neutre.

Alors on va la faire simple ma petite. Tu nous dis tout ce que tu sais sans te faire prier, et peut-être, -peut-être- que tu pourras repartir sans trop de bobos.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 26 Agur 815 à 10h41
 
Thaïs grimace véritablement. Mentalement, du moins. En apparence, elle garde un calme stoïque et parfaitement froid.
Bon, au moins les intentions sont claires.

Elle se contente de hocher la tête tristement.


Vous faites une grave erreur.

La d'Ascara fait tomber la dague loin d'elle -au pied du banc- comme signe de soumission forcée. En réalité, bien entendu, elle n'a jamais eu l'intention de se servir du couteau -elle n'a aucune sorte de maîtrise des lames et n'a lu aucun manuel sur comment poignarder un sale traître efficacement. Elle sait qu'ils la croiront ainsi sans défense... La Noxamancienne sait ménager ses effets...


Alors que la jeune fille minaude et se tortille, mal à l'aise, déglutit et semble chercher par où commencer son histoire, son flux mental se fait quelque peu... hystérique.

Vers Arabelle :


Arabelle !!!! Alerte.... ROUGE CRAMOISIE !!! Je suis coincée dans une petite salle des Archives avec deux brutes et un sadique, qui veulent me passer à tabac et me soutirer le plus d'informations sur l'enquête !!! Il faut les coffrer !!! Il faut que tu ailles chercher des renforts -des gros bras de la Défense- vissa et que tu me rejoignes dans les Archives. Vous ne pourrez pas rentrer à dix, trois-quatre grand maximum. Je compte sur toi !!!

Le tout est accompagné d'une image mentale du parcours pour rallier la salle. Le temps qu'elle mobilise du monde et qu'elle arrive, il serait peut-être déjà trop tard, mais ne sait-on jamais...

Thaïs gagne ensuite le maximum de temps. Elle bafouille, tortille des doigts... Puis, quand elle s’aperçoit que son auditoire s'impatiente, se lève -droite comme un piquet-, se drape d'un air faussement fier et murmure -l'index en l'air :


Vous ne saurez RIEN !

Ca va bien de jouer les soumises deux secondes. Ils parlent à une d'Ascara, par Scylla. Et une d'Ascara ne plie pas !
Surtout quand l'interlocuteur vient de lui exposer en détail la façon dont il allait la faire disparaître et maquiller le crime...

Thaïs reste plantée là, immobile, autant que possible, le menton fier et l'air digne. Elle se doute que ça ne va pas suffire 100 ans -au mieux ça amusera ses tortionnaires, au pire ça les excitera de voir cette jeune fille adopter des airs bravaches. Elle en profite surtout pour se recentrer, se concentrer sur ce qui va advenir et penser à l'intention d'Harvain :


Dès qu'ils font un pas... Je prends la grosse dondon de gauche.

Puis, quand ça s'envenime réellement -car il ne fait aucun doute que c'est la direction globale de l'entretien-, Thaïs devient soudainement une chatte enragée, les yeux fous et le sourire extatique, fonce dans le tas sans aucune hésitation. Elle pousse de toutes ses forces -décuplées par une rage insoupçonnable- le meneur et approche sa paume la plus près possible du visage du colosse de gauche -comptant sur Harvain pour larder le second de flèches. Les sons sifflent entre les dents serrées de la Noxamancienne, tandis qu'elle tente une Projection d'Acide dans la face de la brute. Les yeux sont sa priorité -elle sait le sort non mortel mais extrêmement douloureux, sans évoquer l'effet de surprise.

Thaïs craint un instant que tout ce bruit n'alerte plus de monde, mais elle compte sur la rapidité de leur action pour limiter les cris. Après tout, s'ils ont donné rendez-vous à la Commis à une heure tardive et dans une salle isolée, c'est sans doute pour éviter que tout le bâtiment n'entende -le pervers l'a lui-même avoué. Si ce n'est déjà fait, Thaïs fera tout pour fermer -ou maintenir fermée- la porte, se positionnant de manière à en barrer l'accès.

Ce n'est plus une adolescente peureuse avec laquelle ils sont enfermés. Plutôt une sorte de folle furieuse sautant partout, comme animée de démons enragés, experte sadique sur la meilleure façon d'estropier ses adversaires...



 
Arabelle mercoeur
Commis à la Défense
Kil'dé  
Le Merakih 26 Agur 815 à 11h25
 
*** Tient cela n'avait pas traîner à sentir le roussi cette histoire.

S'adressant au responsable de la patrouille, Arabelle lui dit: ***



Sergent, les rues ont l'air calmes ce soir, je vais profiter de votre présence et de celle de vos hommes pour m'accompagner au sein des Augures, j'y mène une enquête conjointe avec le commissariat au sans destin et j'aurai besoin de force de persuasion, si vous voyez ce que je veux dire sur place.

Prenons la route je sais où me rendre.


*** S'adressant à Thais: ***


Gagne un peu de temps nous arrivons de suite.
***
Une fois mise en route la petite troupe pénétra dans le bâtiment des augures, Arabelle présentant son nouvel insigne assorti d'une lettre du haut Commisariat lui donnant permission.

Et arrivèrent quelques minutes plus tard à la salle décrite par Thais. Arrivèrent ils à temps? ***


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Julung 27 Agur 815 à 11h20
 
Tout se passe extrêmement vite. Thaïs se rue sur la brute qu'elle s'est attribuée et lui ravage le visage d'un sort acide. Sans perdre un instant, profitant de la stupeur engendrée par sa surprise brûlante, elle se saisit du bras ennemi et se concentre sur les énergies vitales du krolanne, jusqu'à parvenir à intensifier les flux électriques élémentaires. Le mâle convulse un instant, sonné. Du sang lui coule du nez et des oreilles, annonçant quelques diverses lésions internes.

La d'Ascara parvient à éviter la majorité des répliques et attaques du gorille. S'il est surpris, le bourrin ne se pose pas de questions mille ans et se jette dans la bataille sans plus de scrupules -fille ou pas, jeune ou non, magie ou passe-passe. Heureusement, les gestes du mâle sont relativement lourds et le petit gabarit de Thaïs l'avantage. La jeune fille saute partout, se baisse, glisse au sol. Elle est manifestement aguerrie à l'art du combat. Ses mouvements sont ceux d'une guerrière entraînée et inventive, légère et vive.

La jeune fille joint à ses divers sortilèges une flopée de coups : guère convaincants mais très déstabilisants. Dès qu'elle la possibilité de distribuer un poing dans les reins ou un genou dans les jambes, elle ne s'en prive pas.

A force de grands gestes brusques, le garde-du-corps parvient finalement à coller une claque à Thaïs. L'angle n'est pas optimal, la d'Ascara s'était déjà écartée et la force en est amoindrie : à peine de quoi faire rougir une joue. Cela suffit toutefois à aiguillonner Thaïs qui s'éloigne quelque peu de sa cible, pour adopter une nouvelle stratégie.

Toi mon coco...

La d'Ascara renverse tout ce qu'elle trouve : meubles, livres, pour créer la difficulté la plus totale possible à se mouvoir facilement dans la pièce. Elle balance au passage quelques objets à la tête du meneur, histoire de le faire patienter.

Elle se positionne ensuite dos contre un mur et commence à former de petites boules d'énergie dans ses paumes, qu'elle envoie à la tête de son assaillant -probablement décidé à foncer sur elle histoire de la larder de quelques coups bien sentis. Le krolanne, à la face cramoisie et rongée d'acide, son expression déformée par la douleur et la colère, a quelque-chose de profondément monstrueux. Il semble décidé à refaire la face de son jeune bourreau. Il ressemble, à cet instant, à un brigand hirsute qui rode la nuit hors des murs.
Les projectiles brûlants de Thaïs explosent contre son corps, brûlent ses vêtements et ses chairs en laissant de profondes marques sanguinolentes. Il recule sous les impacts pour mieux avancer les secondes d'après. S'approche, s'approche... Thaïs fléchit les genoux, ses yeux comme deux fentes, prête à le recevoir, sans cesser de lui mordre magiquement la moindre parcelle de peau.

C'est une flèche d'Harvain qui stoppe nette et définitivement la course du mâle. Le trait se plante à l'exact impact d'un projectile de la d'Ascara, en décuplant la puissance et atteignant finalement un organe vital. Le domestique semble déjà s'être occupé de la brute qui lui était attribuée, avec une efficacité toute caractéristique.

Thaïs grimace en regardant le mâle s'écrouler. Mort. Elle aurait bien terminé son duel seule -elle avait encore quelques tours dans sa manche en réserve-, quitte à se faire tabasser quelque peu. Mais il est vrai que le temps pressait et qu'il fallait tendre vers l'efficacité maximale.

Vers Arabelle :

La situation est sous euh... contrôle. C'est un carnage, j'ai dû me défendre en usant de mes pouvoirs Lanyshstas. Je veux bien que vous attendiez à la porte sans l'ouvrir, le temps que je euh... arrange les choses... Sécuriez la zone, nous allons avoir une personne à en extraire et à interroger...

Se faisant, Thaïs se tourne vers le meneur, qui n'en mène probablement pas large après le massacre de ses compagnons.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 27 Agur 815 à 14h09
 
Je hausse un sourcil en voyant Mademoiselle Thaïs agir de manière complètement désordonnée. Sommes-nous dans une pièce de théâtre absurde ? Allons, des grands gestes, des paroles tirées d’un livre de courageux princes charmants et de princesses vulnérables, et après ? Le destrier blanc ? Ah mademoiselle Thaïs, contre un professionnel, vous seriez déjà entre quatre planches depuis longtemps. Les véritables combattants ne s’embarrassent pas de palabres inutiles, de gestes grandiloquents et de poses héroïques en attendant qu’un peintre ou barde prenne note. En général, le premier sur les lieux est le croque-mort.

Ah donc la pièce est insonorisée ? Un bâtiment désert ? Oh parfait jeune homme, voilà qui simplifie grandement les choses, je vous en suis gré. Merci beaucoup d’avoir été si prévoyant. Je déteste être dérangé pendant que je travaille, ça détériore la qualité de l’œuvre. Voyez-vous jeune homme, nous autres, anciens du Locus Solus, aimons le travail bien fait. Une nappe bien repassée, un thé bien préparé, un plat bien cuit, une gorge bien tranchée. Oh, je ne dis pas, de temps en temps, la lame ripe un peu, la victime bouge un peu trop ou à l’étrange idée de vouloir survivre. Non messieurs, qu’allez-vous penser ? Je ne prends aucun plaisir à ça, j’éprouve même une certaine compassion. La compassion d’une lame bien affutée. Malheureusement, et vous m’en voyez navré, je devrai mettre de côté l’arme noble de ma profession. Je suis encore en apprentissage et j’ai encore du mal à bien viser la carotide. Je suis désolé, il me faudra instaurer une certaine distance entre nous. Et ça sera un peu plus douloureux. Mais d’ici quelques instants, tout cela ne sera qu’un mauvais souvenir.

Et maintenant, si vous voulez bien m’excuser…

Je dégaine lentement mon arc tandis que les deux sbires s’avancent tranquillement. J’encoche une flèche et prend mon temps de viser tandis que mademoiselle Thaïs termine sa phrase. Allez, au boulôt. Monsieur à droite donc.

La première flèche part dans un mur juste à côté de sa tête. Plutôt ratée mon entrée en matière, je suis très désappointé. Rapidement, mon invisibilité disparaît, une fine pellicule de cristal tombe autour de moi, faisant au moins un petit effet surprise. Eh oui jeune homme, autre erreur, mademoiselle Thaïs n’était pas seule contre trois. J’encoche rapidement un deuxième trait et fait mouche sur le bras droit. Dans le doute, toujours viser le bras droit, plus de huit krolannes sur dix sont droitiers. Je m’enveloppe dans ma cape et recule de quelques pas. Je ne suis guère habitué à combattre avec autant de luminosité et sans pouvoir me cacher tranquillement. C’est un point qu’il me faudra travailler à l’avenir.
Une nouvelle flèche se plante dans le genou gauche. Il lâche un bref cri de douleur. Oui, je sais que ça doit faire très mal monsieur. Mais comprenez que je dois également vous immobiliser, ça me facilite le travail. Ah, la décharge électrique semble bien fonctionner, dommage qu’il ne portait pas d’armure métallique n’est-ce pas mademoiselle Thaïs ? Le tourbillon de bruit, de lumière et d’autres effets plus néfastes qu’est ma jeune maîtresse m’empêche de me concentrer tranquillement mais a l’avantage de dissiper l’attention un court instant de mon adversaire pourtant bien contrit. Troisième flèche dans le bras gauche pour couper court à toute menace. Essayez de brandir une épée à deux mains avec une flèche dans chaque biceps, vous m’en direz des nouvelles. Je change de carquois et lui balance à la figure l’ancien. C’est l’opportunité pour placer la dernière attaque dans la jambe indemne. Cloué au sol et semblant souffrir beaucoup, je m’approche rapidement du blessé. Il me regarde l’air implorant et essaye de dire quelque chose à travers le filet de sang qui s’échappe de sa bouche.

Désolé jeune homme.

Je prends une brève inspiration puis bande mon arc et lui décroche une dernière flèche en pleine tête dont la pointe s’enfonce de plusieurs centimètres dans le sol. Je ne perds pas de temps à réfléchir plus longtemps. A la lisière de ma vision, je vois mademoiselle Thaïs bien occupée mais acculée dans un coin. Je bande et sans réfléchir au risque de toucher ma maîtresse, je décoche une dernière flèche en plein dos qui traverse ma cible avec une étrange facilité, laissant la pointe sanguinolente ressortir.

Continuant sur ma lancée, j’arme de nouveau mon arc et cherche des yeux le troisième larron. Au premier geste suspect, je n’hésiterai pas une seconde.



 
Jackadhe Hyassy
Novice du prédicat,
Vil corrompu

Kil'dé  
Le Julung 27 Agur 815 à 18h40
 
***
Arabelle s'était précipitée.

Après le message officiel d'une demoiselle tentant d'en imposer, le même message d'une demoiselle pressée et fortement escortée eut le loisir de décontenancer passablement le garde de faction. Mais une fois remis de son émoi, il décida rapidement que le plus simple était de ne pas faire objection, et Arabelle et sa troupe eurent tôt fait de pouvoir passer.

Ceci dit, même sans entrave, et guidés mentalement, il leur faudrait quelque temps pour parvenir jusqu'à la pièce décrite, et les deux bouchers en action dans l'intimité feutrée des archives étaient du genre rapide.
***



S'il fallait résumer en une seule expression la situation du point de vue des novices, ce serait un splendide "c'était pas prév... Argh !".
En effet, quand on s'apprête à violenter un peu une frêle demoiselle avant de disposer de son cadavre, on ne s'attend pas forcément à ce qu'elle vous saute à la gorge en faisant usage de magie.
Et encore moins à ce qu'un archer invisible vienne transformer les chats en souris.

Très vite, il s'avère que le combat est à sens unique, et étrangement silencieux. Les deux brutes ne semblent pas des plus sensibles à la douleur, mais leurs réactions sont lentes, leurs gestes maladroits, une attitude pas franchement naturelle.
Bientôt, la nature des krolannes les rattrape néanmoins, sous-section "mortalité de nos frêles enveloppes charnelles", et ils s'écroulent, tandis que la porte claque.

Car oui, ce que le meneur manque en muscles, il le possède visiblement en vivacité, et le coup qu'à reçu Thaïs lui a laissé une opportunité d'atteindre la porte et de filer.
Thaïs, d'ailleurs, peut sentir comme une brûlure là où, lorsqu'elle s'est ruée sur lui, le frêle krolanne a semblé l'agripper. Une brûlure passée inaperçue dans la ferveur du combat, mais qui se rappelle à son bon souvenir.
Derrière la porte, pas de bruit de clé ou autre, soit il ne l'a pas, soit il est trop paniqué pour tenter de les enfermer, mais des pas qui s'éloignent rapidement, avec un son étrange, un "aaaaaaaaaaaaa" très faible, comme s'il hésitait entre rester discret et hurler qu'on lui vienne en aide, échouant aux deux.

Il est rapide. Il connait la zone. Mais il n'a que quelques secondes d'avance...


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Julung 27 Agur 815 à 20h50
 
*** Se faisant, Thaïs se tourne vers le meneur, qui n'en mène probablement pas large après le massacre de ses compagnons... ***


...et constate avec effarement que la salle, qui paraît avoir subie les assauts de quelques typhons destructeurs, n'abrite plus sa présence. Dans la mêlée, le krolanne semble avoir pris la poudre d'escampette, en témoigne la porte d'accès qui se referme déjà doucement et le cri étouffé qui s'éloigne dans les couloirs sombres du bâtiment.

Merde.

Thaïs adresse une grimace à son Majordome. Elle sait que ce gros mot lui coûtera cher : plusieurs heures de cours de bienséance, probablement.

Elle retient un autre gros mot en ressentant, dans ce moment plus calme, la brûlure que lui a laissé le Novice. Nouvelle grimace. L'entaille est caractéristique d'un coup de dague. La sensation de chauffe assez révélatrice d'un poison pernicieux... Le petit saloupiaud !

Sans plus attendre, elle s'élance aux trousses du fuyard. Le bougre court vite, aiguillonné par la peur et l'instinct de survie probablement, là où Harvain et Thaïs sortent d'un combat intensif. La d'Ascara tente de ne pas perdre de vue le dos du mécréant, se rappelant ses airs suffisants et ses menaces outrageuses pour mieux se motiver à ne pas lâcher la sente.

Son esprit fuse vers Arabelle pour lui expliquer rapidement la situation -n'impliquant toujours pas Harvain dans ses descriptifs mentaux :


Arabelle, le meneur a réussi à fuir. Je suis sur ses traces !


Thaïs reste connectée avec sa jeune homologue, lui décrivant au mieux les tours et les détours qu'elle emprunte. Peut-être l'Adjointe à la Défense s'arrêtera-t-elle plus simplement sur le lieu du massacre, où les deux cadavres lardés de flèches et l'un passablement brûlé gisent pitoyablement, dans un désordre monstrueux.

Le Novice ne semble pas décidé à ralentir. Thaïs sent qu'au jeu de la course à pied, elle ne gagnera pas. Grimaçant, elle commence à former de nouvelles petites boules d'énergie, qu'elle lance au petit bonheur la chance en tentant de viser les jambes du fuyard...



 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Sukra 29 Agur 815 à 10h27
 
La course-poursuite est... épique. Thaïs et Harvain sur les pas du Novice, Thaïs de plus en plus vulgaire au fur et à mesure qu'elle s'essouffle. Même si elle est légère et leste, l'adolescente n'a pas vraiment été entraînée aux courses de fond, et le krolanne garde une bonne allure -c'est fou ce que la peur de mourir peut vous motiver. Le poison du coup de dague continue de cuire le bras de la jeune femme.

Les projectiles fusent. D'abord un qui frôle le mâle pour l'effrayer et l'arrêter.
Il n'en va que plus vite...

Bon.

Puis une sorte de gros foutoir : dès que le Novice s'aligne dans un couloir à peu près droit, les boules d'énergies de Thaïs et les flèches d'Harvain fusent en sifflant. Certaines manquent leur cible : les tireurs et la cible en mouvement ne facilitent pas la précision. C'est donc dans des gerbes colorées que les boules de Noxamancie éclatent contre les murs en laissant de grosses marques noires et crépitantes. Les flèches d'Harvain, elles, décorent les couloirs de façon assez atypique.
Le visage de Thaïs n'est plus qu'une grimace folle et colérique. Un juron suit chaque attaque ratée, de plus en plus inventif dans la vulgarité.

Finalement, deux boules de magie mordent le dos du fuyard, suivies de près par une flèche. Le Novice, blessé, commence à ralentir le pas -mais ne consent pas à s'arrêter.

L'esprit de Thaïs se coordonne avec celui d'Harvain :

Il faut le capturer vivant.

Réflexion étonnante de la part de la d'Ascara, qui est plutôt du genre emportée et rancunière. Puis, une précision qui paraît importante arrive :

Il parle et APRES on le tue.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Sukra 29 Agur 815 à 11h25
 
Oh une course poursuite, voilà qui n'est pas pour me déplaire. Le plaisir de la traque, de la chasse. Cela me rappelle mes jeunes années. Ce qui exerçait nos corps et nos esprits. Parfois la proie, parfois le chasseur, à tour de rôle. Pour comprendre et s'investir de la mentalité adéquate. Comment être un bon traqueur ? En pensant comme une proie. Il faut penser comme un rat, il faut être un rat pour trouver là où il se cachera. Un exercice passionnant quand j'avais vingt ans, mais là, j'ai le poids des années qui pèse sur mes articulations. Je sais que je serai bon pour quelques jours de courbature dans les prochains jours. Hum...

Très vite, trop vite, je me rends malheureusement compte que mon arc ne sera absolument d'aucune utilité. Il bouge trop vite, les couloirs sont étroits, des débris partout et accessoirement, ma jeune maîtresse. Une flèche manque de l'éviter de peu d'ailleurs. J'en rougis dans les ténèbres. Je cours sans trop de difficultés, habitué à l'exercice et j'ai encore de l'endurance pour une bonne période. Progressivement, je presse le pas et passe devant mademoiselle Thaïs, je me rapproche du fuyard. Je tente une seconde flèche mais l'exercice de tirer en courant est une gageure, pire, un vain souhait. A contrecoeur, je vais devoir changer de méthode. Ma dague personnelle est en cours d'infusion à plusieurs dizaines de kilomètres d'ici, je devrai me contenter d'une dague de remplacement.

*** Ambiance ***


Je glisse mon arc en bandoulière difficilement en courant puis dégaine deux dagues. Dans ma main droite, plus longue, plus fine, la lame a un reflet légèrement verdâtre, signe de son traitement...particulier. Dans ma main gauche, plus petite, plus épaisse et plus courbe, elle n'est là que pour surprendre et compléter le travail. J'entends ma maîtresse jurer à chaque sort, réussi ou raté, cela se paiera en temps utile. Une heure de danse classique en tutu rose pour chaque décalage lexical. Pendant ce temps-là, silencieux, je prends mon temps pour viser, je guette une faille, une chute, un regard en arrière. Ne pas chercher la quantité, mais la qualité du coup. Un virage arrive, il lui faudra ralentir, moi non. Je presse le pas pour raccourcir son avance puis je touche. La finesse de la dague permet d'arriver directement à la peau sans passer par la case armure. Le poison, faible s'il en est, devrait faire son petit office d'ici peu. Je recommence à courir et reprends la même routine de traque. Prendre son temps, se concentrer, lentement, sûrement, je sais que nous avons peu de temps avant qu'il ne réveille tout le Kil si ce n'est déjà fait. Il commence un peu à ralentir, mine de rien. La peur donne des ailes, mais les blessures des boulets aux pieds.

Je reçois, surpris, le message de mademoiselle Thaïs. Oh, vous savez faire preuve de jugeote maintenant ? Première nouvelle, mes félicitations jeune maîtresse. Je ne réponds pas, trop concentré, sous le coup de la fièvre, de la fatigue, de l'excitation et noyé par des pensées raisonnablement meurtrières. Mais mon esprit se perd un instant, s'égare dans les réminiscences d'une époque lointaine où la jeune fille apprenait à peine à marcher. Un souvenir de ce que je fût, de ce que j'ai toujours été. Une pensée s'échappe sous la forme d'une image troublante et d'un goût ferreux, celui du sang.


*** ***


Je bondis puis touche à nouveau, ouvrant une nouvelle brèche dans sa peau où sa santé s'échappe. Satisfait, dans les ténèbres, mon visage se fend d'un sourire malsain.

Mademoiselle Thaïs, c'est pour bientôt, ce monsieur est gravement blessé. Cessez les hostilités.


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