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Un mauvais jour
Sujet libre
 
Ludia Laluun
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 15 Otalir 814 à 21h11
 
*** Elle pousse, tire, s’étire, glisse et se faufile. Elle s’extirpe de sa prison de toutes ses forces, se déforme, se reforme, puis reprend consistance.
De nouveau elle glisse, s’étire et se rétracte, petit à petit elle décent, lentement elle parcourt la courbe.

Mais le monde frémis, tremble et se déforme, elle s’arrête, reprendre, contourne et s’arrête de nouveau.
Le monde bouillonne, s’échauffe, brûle, elle se sent pousser des ailes, puis s’évapore, la goutte est morte, chauffée par la peau.

Derrière elle de nombreuses consœurs s’apprêtent à vivre le même avenir, car toute à chacune d’elles ne feront plus qu’UN, virevoltant de nouveau dans l’air.


Ils vont et viennent, parcours, survolent, fixent jusqu’au moindre grain, à la moindre tâche, partent, repartent et reviennent.

Ils se plongent dans le noir, redécouvrent la lumière, ils analysent, supposent, et décomposent, mais rien y fait, ceux yeux émeraudes y voient comme au premier jour. ***


°°°Pourtant, tout cela est impossible, improbable … imprévu, ce n’est qu’un mauvais rêve tout au plus, et les rêves ne font pas partie de la vie, ils sont décousus, incohérents, illogique, incongrus à l’existence, la vraie.

Ces voix dans ma tête …

A l’évidence, la place était bien trop bruyante ce matin, j’entends encore les échos du marché probablement.

Je devrais sans doute aller prendre l’air, un bain de foule noiera sans doute ces acouphènes sous d’autre. Et puis qu’elle idée de s’endormir sur son étude, à peine douze heures pour écrire une courte vie et voilà que je m’écroule. Je devrais me ménager.°°°


*** Le tissu plisse, le bois grince, le sol crisse, à la lueur de la flamme une ombre s’étire. Les échos s’entrechoquent à intervalle régulier, les pas se succèdent. Une brise vient accueillir la jeune prédicatrice, l’extérieur est proche, enfin elle respire.

A l’extérieur rien n’est calme, l’animation est omniprésente, l’après-midi entame ses dernières heures, et chaque Krolanne semble enclin à finir ses activités à temps, les voix ont disparues, et ne sont plus que qu’un spectre du passé.

Toutefois, bien que soulagée d’un maux, la journée restera morose, il n’est guère plaisant d’écrire une vie d’une quinzaine d’ans, le destin est parfois bien capricieux. Au moins aura-t-il connu l’amour …

A l’ombre d’un paravent, elle dépose un Hyalins dans un chapeau puis s’assoit à proximité. ***


Continuez de jouer, votre mélodie m’est fort agréable.

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 17 Otalir 814 à 14h49
 
Une ombre observe, une ombre épie. Mal à l'aise, les mains torturées, les cheveux ébouriffés, les yeux un peu fous. Thaïs n'a pas dormi depuis plusieurs jours, et c'est manifeste.
Comme si le sommeil était devenu son ennemi.
Comme si un rêve la poursuivait...

Elle se tient dans un coin de la place, discrète. Sa chemise blanche froissée, son pantalon de toile simple, son corps élancé et sans forme, sa coupe courte et son visage anguleux empêchent toute affiliation à l'un des deux sexes. Homme ? Femme ? Impossible de le déterminer avec certitude.

Les yeux verts s'arrêtent sur Ludia. L'observent. La fixent. Se dérobent. Insistent.
Les regards se croisent, Thaïs émet un très faible sourire.
Et reste immobile.


 
Ludia Laluun
Prédicateur
Kil'dé  
Le Vayang 17 Otalir 814 à 18h26
 
*** La mélodie s’était tue, l’artiste semblait avoir reporté son attention suite à une dénonciation digne du hurlement d’un chien qu’on égorge , il ne fut pas le seul d’ailleurs.

Au fond de la place, l’agitation semblait même avoir réveillé un jeune festoyeur, la tenue dépenaillée, la chevelure réduite en tas incohérent par un sommeil sans doute fort court. ***


°°°Une journée bien commune en fin de compte. Mise à part ce rendez-vous bien entendu.

Quel personne ou connaissance à t’elle bien pu me conseiller pour … °°°


*** Une bouffée de chaleur l’envahis, un bouhahaha viens se superposer à un autre, les pensées s’égarent, un courant d’air envahit ses vêtements et tout s’arrête, comme un lointain souvenir. ***


°°°Il faudra que je pense à dormir … qu’elle heure est-il d’ailleurs ?°°°

*** Ludia scrute la foule à la recherche de son rendez-vous. Elle lève son regard vers l’astre solaire. ***


<<Une demi-heure tout au plus … espérons que Sieur d'Ascara me trouve rapidement.>>


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Sukra 18 Otalir 814 à 00h20
 
Thaïs se lance. S'approche. Incertaine. Hésitante. Elle tend la main vers l'épaule -ça ne peut être qu'elle, Ludia, d'après la description qu'on lui en a faite. Se rétracte -c'est la cinquième personne qu'elle interpelle en moins de dix minutes, à tord. Les trois femmes, passe encore, la gamine de six ans, à la rigueur, mais le gros barbu... elle est inexcusable.

Cette fois, Thaïs en est certaine. C'est celle qu'elle attend. Cheveux noirs, yeux verts, pas de barbe. Elle fonce.
Fronce les sourcils -elle aussi, a la tête remplie de bruit qu'elle ne s'explique pas.
Toussote.

La voix est neutre -ni féminine, ni masculine. La diction dénote une excellente éducation, la manière un manque total d'habitude de ce type de situations.


Dame... Dame Laluun ?

Thaïs se met au garde à vous. Trouve cela ridicule. Se détend. Trouve cela irrespectueux. Oscille sur ses pieds. Devient pivoine. Bafouille. Grimace.
Une catastrophe.
On pourrait s'attendre à ce qu'elle s'évanouisse. Ce serait une suite logique.

Pourtant, Thaïs se reprend. Elle déclame, d'une voix académique, un peu trop fort pour ne pas paraître totalement stressée -ce qu'elle est, très manifestement :


Thaïs. Thaïs d'Ascara. Je... C'est une amie qui m'a donné votre contact.
Je...


Thaïs se fige. Elle tâtonne mentalement. Effleure Ludia, sans le vouloir, sans le comprendre. Se rétracte comme un coquillage, tout au fond d'une coque psychique. Elle n'a pas encore saisi sa situation, encore moins identifié que Ludia Laluun et elle ont certains points communs.

Thaïs se mord la lèvre. Se reprend -il est trop tard pour ne pas se lancer à l'eau :


J'aurais aimé vous parler de ma Prédiction Première, sur laquelle nul n'est revenu -Mère ne l'a jamais permis.
Serait-il possible de se mettre.... au calme ?


Tout cela sans respirer.

Thaïs se masse le front, inconsciemment. Tous ces efforts pour que ces voix dissonantes ne rentrent pas dans son esprit l'épuisent.


 
Ludia Laluun
Prédicateur
Kil'dé  
Le Sukra 18 Otalir 814 à 11h05
 
°°°Le festoyeur.°°°

*** Une légère note de surprise se dissipe de son visage, ses pupilles parcours l’individu avant de venir se plonger dans son regard. ***


<<Sieur,

Il m’est possible de concevoir l’existence du doute en ce monde, mais comprenez bien qu’un augure n’est pas une évolution de la bonne aventure.

Bien qu’ils soient scellés dans le grain du parchemin jusqu’à la disparition de celui-ci, chacun des mots composant votre augure est aussi gravés dans votre destin, et cela depuis votre naissance.

J’insiste sur ce dernier mot, car l’augure se fait à l’aube de la vie, et exclusivement à l’aube.

Car le destin est immuable.

Toutefois …>>


*** Son regard se durci un peu, ses pupilles rétrécissent et … ***


<<Il existe d’infime probabilité qu’un prédicateur se soit fourvoyé par manque de concentration. Certain cas ont déjà été répertoriés et corrigés par des prédictions complémentaires, que seuls les Augures de rangs sont aptes à réaliser.>>

*** Son regard devient plus sombre encore, mais son ressentiment est tourné vers ses pensées. ***


<<Mais nous n’en somme guère à ce stade, il est toutefois de mon devoir de vous mener à prendre un rendez-vous avec les archivistes. Vous aurez alors tout le loisir de comparer les lignes de votre augure avec les événements de votre vie, et sortirez, j’en suis persuadée, soulagée et légère comme le vent, de cet entretien.

Si vous souhaitez tout de même que nous en parlions en amont d’un tel rendez-vous. Je suis exceptionnellement disponible pour un entretien de cette nature.

Prenez bien en compte que mon avis sur la question, sera sans aucun doute moins pertinent que celui d’un archiviste, dont l’expérience lui permet de ne pas tomber dans les pièges d’interprétations dans lesquels nous tomberons probablement.

De plus, mon avis ne fera aucunement foi de vérité, et n’aura nul valeur aux yeux du UN ni du Kil.

Souhaitez-vous donc que nous continuions cet entretien au musée des machines ? Nous y seront au calme.>>



 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Sukra 18 Otalir 814 à 11h25
 
Thaïs hoche la tête. Elle sait tout ça. Elle en a conscience. Mais sa Mère est tellement résolue que la Prédictions se réalisent comme elle l'a interprété elle-même, qu'il est inconsidérée pour l'adolescente qu'il puisse en être autrement. Thaïs n'a aucune peine à imaginer sa mère débarquer aux Archives coller une balle entre les deux yeux du premier Archiviste qui oserait relire l'Augure de son enfant d'une manière qu'elle aurait jugé inappropriée.

Thaïs revoit d'ailleurs cette Prédicatrice qui lui a écrit son destin, croisée à une fête des années plus tard : Gaïga, cheveux blancs et yeux fous, habits minimums malgré son âge avancé. Réputée dans la Haute, c'est la même krolanne qui avait prédit le mariage de sa mère, la réussite de son père et même son propre suicide. Tout s'était réalisé avec une précision plus ou moins naturelle -Gaïga avait présenté ses parents l'un à l'autre, recommandé son père puis avait terminé en se jetant dans la faille tête la première.

Je le souhaite.

Pense Thaïs. Les mots résonnent comme un écho dans la tête de Ludia mais Thaïs ne semble même pas s'apercevoir qu'elle a lancé un trait mental et non parlé. Tout naturellement, elle emboîte le pas à la Prédicatrice vers le musée des machines.
Elle rentre la tête dans les épaules et se fait la plus discrète possible sur le pas de la belle Dame.

Un long moment, Thaïs reste sagement muette. Dans le musée, elle flâne quelques instants en contemplant les vieux mécanismes et les dynamiques complexes. Thaïs reste plus longtemps devant une horloge monstrueuse, semble tendre l'oreille, se racle la gorge. Ecoute. Comme si elle avait l'impression que la machine lui parlait.
Toujours ces voix...

Thaïs s'en détourne finalement. Se rapproche de la Prédicatrice, puis, ne sachant pas trop par quel bout exprimer son malaise, dit doucement -un murmure, presque, comme désolé :

Mon Augure disait que je serai une Femme du monde.

Difficile à imaginer plus grand décalage.

Ludia pressent, également, que ce n'est pas seulement le Destin de Thaïs qui la perturbe -elle a eu des années pour s'y habituer, pensez. Mais que la -ou le- krolanne est préoccupée par autre chose, qu'elle ne parvient pas à identifier et encore moins à expliquer.


 
Ludia Laluun
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 19 Otalir 814 à 11h44
 
Thaïs d'Ascara a dit :
Je le souhaite.


°°°Au milieu du capharnaüm ambiant, ses lèvres ont-elles vraiment bougées? Fichue fatigue, tu te fais des idées, aller on reprend ses esprits et on avance.°°°

*** Ludia s’avance, Thais sur les talons, elle oublie un instant la Krolanne afin de faire taire de nouveau cette migraine qui l’assaille. ***


°°°Après cet entretien, j’irais m’endormir prestement, c’est promis.°°°

*** Le musée était un endroit peu commun, remplit de vielle nouveauté, d’innovations inutilisable, de notre futur déjà rendu au passé. Toutes ces choses qui pourrait améliorer notre avenir mais dont les secrets ont déjà été perdus.





La prédicatrice se décida à laisser le primauté de la parole à son interlocutrice, ne voulant pas la brusquer, lui laissant le droit de faire le premier pas ou de s’enfuir.

La Krolanne se lança alors. La prédicatrice répondit alors d’une voix douce, mais d’un regard dur. ***


<<L’art et la manière dont dispose l’esprit Krolanne à transformer, modeler et réduire l’univers en bouteille est toujours aussi passionnant.

Femme du monde, une expression bien grossière pour en dire beaucoup trop, sur un sujet bien moins vaste.

Femme du monde, mais de qu’elle monde n’est-ce pas ? Femme mondaine ? Femme parcourant le monde? Femme que le monde aime ? Allez savoir …

Heureusement l’expérience m’accompagne, me rassure, me soutiens, et je sais, qu’aucune augure si courte soit elle, ne peut se résumer en trois simple mots, là où des milliers ne suffisent déjà pas à écrire convenablement les coins et recoins d’une vie.

Le destin est une chance, une chance de profiter de la vie en sachant qu’elle ira à un certain point sans s’arrêter en chemin. Les parents y voient souvent un destin éloquent et grandiloquent là où les enfants y voient souvent une pression, ont peur de décevoir.

Votre vie s’écoule, lorsqu’elle fleurit de réussites l’augure reste dans les tiroirs, lorsqu’elle se sème d’échec, elle est relue sans cesse, on y cherche une autre vérité, plus avenante.

Car croyez-moi vous êtes sans aucun doute une femme du monde, et même si tout n’a pas été aussi rose que l’écrin dans lequel vous avez été élevé, vous n’avez jamais dévié de votre chemin.>>


*** Ludia s’arrête un instant, et fini enfin pas remarqué que la Krolanne semble un peu plus perturber qu’elle ne le pensait. ***


<<Allez-vous bien ?>>


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Luang 20 Otalir 814 à 17h59
 
Thaïs écoute attentivement la réponse de la Prédicatrice. Elle acquiesce doucement. Elle comprend qu’un mot est comme un simple rouage, une petite roue dentelée : la pièce peut s’insérer dans de multiples machines à de multiples fins. Un engin volant, un appareil médical ou une arme. Tout ne dépend que de l’ingéniosité et des usages que les Génies leur en donnent. Une description académique n’est jamais simple : le texte n’est qu’un moyen, c’est celui qui sait lire et l’interpréter correctement qui est détenteur des clés.

Le Musée des Machines est un lieu rêvé pour cette conversation. Chaque engin a été construit pour un but précis, amalgame, emboitement de pièces disparates. Impossible de déterminer la finalité à partir d’un simple écrou : pourtant, mises bout-à-bout, assemblées, la multitude créé un tout cohérent destiné à un usage préalablement défini.
Comme un Augure.
Comme un Destin.

Certaines machines sont grandioses mais peu utiles. D’autres minuscules et indispensables.
Désuètes ou déterminantes. Leur utilité ne se détermine ni à leur taille, ni à leur forme, ni à leur ancienneté. Seul l’Inventeur a la connaissance des usages escomptés, dès le début. Décideur ultime.
Le Un.

La jeune fille ne peut s’empêcher de sourire, doucement, tristement. Elle saisit sans peine les nuances que souligne Ludia. Femme du monde : aristocrate, aventurière… prostituée ? Pourquoi pas les trois à la fois ?

Ces lectures sont loin d’être dénuées d’intelligence, pourtant il est clair que dans certains milieux, une seule interprétation est acceptable. La mère de Thaïs y veille jalousement : jamais elle ne pourrait entendre une autre définition de la Femme du Monde qu’elle s’en fait –fille éduquée, femme modèle, étoile de réceptions huppées. Ce sont les mêmes définitions qui se sont appliquées aux « Femmes du Monde » mentionnées dans l’Augure des ancêtres de la famille d’Ascara –prédictions réalisées-, il n’y avait aucune raison que cela diffère.

Thaïs n’a aucune peine à s’imaginer la tête de sa mère devant l’Archiviste ou n’importe quel Krolanne qui lui expliquerait qu’en l’occurrence, pour sa chère fille, « Femme du Monde » signifie probablement tout autre chose qu’une mondaine bon-chic bon-genre qui boit son thé le petit doigt en l’air.

Elle pense si fort un « tout est écrit » que cela résonne probablement dans l’esprit de Ludia, sans pour autant que ce soit volontaire. Thaïs ne se l’explique pas, mais elle pressent une affinité avec la Prédicatrice. Cherche sa présence là où elle aurait pu couper court à leur entretien rapidement, après que la krolanne lui eut avoué ne pas pouvoir faire grand-chose pour elle par exemple.
Cela ne ressemble pas à Thaïs de glisser vers les confidences.

La jeune fille s’assoit sur un banc disposé au pied d’un colosse de métal –pattes d’araignées et gueule de chien- machine de guerre ou excavatrice de roche ? Elle s’affale, presque, manifestement épuisée –ces voix, ces voix mentales, lointaines, entêtantes.

Elle articule, faiblement –comme pour démentir ses propres propos :


Tout va bien, merci.

Puis rajoute, dans une grimace qui se veut reconnaissante :

Vos paroles sont fort sages.

Thaïs regarde Ludia. Semble la voir pour la première fois. Ecarquille les yeux. Paraît soudainement s’ouvrir.

Elle était tant autocentrée ces derniers jours –depuis ce rêve, ce rêve étrange- qu’elle en a oublié les autres. Les conseils de la Prédicatrice l’ont réveillée. Elle interroge désormais, comme à la recherche d’un point d’ancrage ; mieux, d’un modèle :


Et vous. Quel est votre Destin ?


 
Ludia Laluun
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 21 Otalir 814 à 19h27
 
Tout n’est pas écrit, seulement l’essentiel, une vie n’y suffirait pas pour en écrire une autre.

*** Fixant toujours droit dans les yeux son interlocutrice, elle laisse ses yeux dans le vague suite à cette soudaine question. Son visage se crispe, ses yeux se plisse d’une colère retenue, elle soupire un instant, et se décide à répondre succinctement et partiellement. ***


J'entrevoie mon avenir avec les yeux d'un jeune enfant. Ne pas me focaliser sur mon propre augure m'aide à me focaliser sur celui des autres.

J'ai dû parcourir les lignes de ma prédiction lors d’une poignée d’occasions, il y a des ans de cela. Prédit mon augure mot pour mot dans un moment d'égarement … un paragraphe ou deux sur un morceau de vélin.

Mais je ne m'y intéresse guère plus, car tout mon être suit naturellement la voix qui m'a été tracé par le UN.

J’étais novice du Prédicat avant même de savoir lire, par prédisposition, par passion. Quoi de plus logique que mon augure corresponde à cet état de fait ?

Avez-vous l’impression que la lecture de votre augure détermine vos actes ? A chacun de vos choix, vous demandez vous comment respecter votre augure ? Pensez-vous vraiment avoir de l’influence sur le UN ?

Je n’ai pas vocation à entreprendre la suite de cette conversation, et aucunement l’envie de disserter sur les réponses à ces questions … pas aujourd’hui du moins …


*** Elle fait silence, non pas pour couper court à l’entretien, mais bien pour laisser la parole libre. ***




 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Matal 21 Otalir 814 à 22h53
 
Thaïs écoute attentivement. Ludia ne semble pas commode, répond presque avec violence. Mais Thaïs est insensible à ce type de sentiment, trop curieuse et assoiffée de réponses. Elle ne s'émeut pas de la rebuffade de la Prédicatrice, ne semble pas remarquer que les questions sont autant de portes fermées.

Mais elle comprend qu'elle irrite. S'excuse, précise :


Je respecte sa Volonté. Et souhaite la suivre au mieux.

Thaïs rejette la tête en arrière. Elle regarde le plafond, un instant, cette voûte haute où sont suspendus quelques engins volants étranges -ailes de métal, toiles tendues, entrelacs de cordes. Ces yeux brillent. Ainsi figée, elle paraît très jeune. Comme un garçon fluet au visage ayant gardé la finesse de l'enfance. Son impertinence, aussi.

Après tout, Ludia et Thaïs ont plus de douze ans d'écart..

Thaïs laisse planer un petit silence. Puis, elle lance tout de go -sans tenir compte du caractère qui semble bien trempé de son interlocutrice :


Êtes-vous amoureuse ?

Jeunesse en quête de belles histoires...




 
Ludia Laluun
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 22 Otalir 814 à 19h13
 
J’estime vous avoir donné suffisamment d’éléments de réflexion pour sortir de votre anxiété.

Même si la destinée est écrite, les sentiments qu’on en retire restent du domaine privé, et je ne souhaite guère partager ses moments avec vous.

Il est temps pour moi pour mettre fin à notre entretien.

Faite le tri dans vos pensées, vous y trouverez surement votre voie au milieu de celle des autres.

Nous nous reverrons bientôt Dame d’Ascara.


*** Ludia tourna les talons et s’en alla prestement d’un pas résonant, quittant le musée le visage plein de dépit, les dents grinçantes, et l’esprit de nouveau envahit d’échos invasifs.

Elle traversa une salle s’arrêtant un instant pour saluer et échanger quelque mot avec le teinturier, puis disparu définitivement sous une arche, pour ne plus revenir. ***




 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 22 Otalir 814 à 20h45
 
Thaïs opine puis regarde la femme s'éloigner. En effet, elle dispose de quelques pistes supplémentaires, et ne s'émeut pas plus que cela du départ de l'adulte. Elle a été plus curieuse que de raison, a poussé l'entretien au delà du raisonnable. Ludia ne se découvre manifestement pas si facilement, le contraire eut été étonnant.

La lanyshsta reste quelque instant assise, se lève finalement, flâne dans le musée, sans but, sans empressement. Elle cherche les sections les plus vides : l'isolement l'apaise, le silence la berce.

Les machines immenses, petites, absurdes ou évidentes la fascinent. Leur diversité inspire Thaïs, leur degré d'utilité la rassérène.

Mais toujours ces voix, ces échos, qui reviennent, lointaines et proches. La poursuivent et l'épuisent.


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