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Un service pour une nouvelle amie...
La Main pour Carmïnn
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 25 Otalir 815 à 16h23
 
Tandis qu'Oromonde se met à inspecter les papiers, les divers protagonistes se sentent bien.
Très bien.
Trop bien ?

Oromonde, après quelques brefs instants, en déduit que les ratures sont récentes.
Quelques heures au grand maximum.
Le papier originel, lui, est plus ancien.

Ils se sentent si bien !
Reposés.
Apaisés.

Ils baillent.

Quelque chose ne va pas !
Ils vont... s'endormir ?

Quelques secondes pour agir, où tous ceux qui sont dans la pièce où a été ouverte l'enveloppe et où ont été effeuillées les pages vont se retrouver dans une drôle de situation...
Drôle dans le sens... problématique !

 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Dhiwara 25 Otalir 815 à 20h00
 
Thaïs écoute Oromonde examiner les parchemins, dans une détente inhabituelle. Elle se concentre sur le visage de son amie, ses lèvres fines, le doux froissement du papier. Baille, détend ses bras comme un petit chat ronronnant au coin du feu.
Elle est bien, si bien...

Oromonde et Harvain, doucement, semblent également glisser dans une étrange torpeur : Thaïs n'aurait rien détecté si son Majordome ultra sérieux ne présentait pas lui aussi des signes manifestes et inhabituels d'une fatigue et d'une détente qui ne lui ressemblent aucunement. A dire vrai, Thaïs est jusque-là persuadée qu'Harvain ne dort jamais.

Au demeurant, quelques minutes auparavant, Thaïs était dans un tel état de nervosité que cette soudaine apathie lui paraît finalement... peu naturelle.

Une alerte se fait dans sa tête. Un instinct de survie s'enclenche. Thaïs se relève d'un bond, déjà presque à bout de force, et balance un petit projectile magique dans la première fenêtre venue -comptant sur le fracas pour aiguillonner ses amis et pour créer une évacuation... naturelle de tout gaz insidieusement introduit dans la pièce. Elle cherche rapidement une présence de magie -peut-être tout cela est-il l'objet d'un sort- mais ne s'attarde pas sur ce point -après tout, elle vient elle-même de créer une sente de sorcellerie dans la petite pièce.

Elle pense :


DISPERSION !

Elle se rue -titube serait sans doute plus exact- vers la cuisine proche et sa porte d'accès vers le parc. Il lui semble que le parc, le grand air et la nuit sont bien préférables à un bâtiment fermé où la tête lui tourne.

C'est une véritable terreur qui aiguillonne l'adolescente : après avoir lu comment les Flicksen se sont fait trucider et disséquer, dans un ordre encore incertain, elle n'a absolument aucune envie de rester inactive face au danger. On a beau être un cageot, une jeune fille pensera toujours, alors qu'on cherche à l'endormir, à la possibilité de perdre sa virginité dans un viol de groupe abominable...

Un véritable conte d'horreur : la d'Ascara garde le contact mental permanent avec ses compères, espérant qu'ils tenteront de sortir par d'autres issues -ou de se cloisonner dans d'autres pièces. Elle renverse bibelots et meubles sur son chemin tanguant, s'accrochant à sa peur viscérale avec tant de désespoir que son visage s'inonde de larmes.

Thaïs compte déjà disparaître un temps dans la nature : pour ceux qui s'en sortiront vivants, hors de question de remettre les pieds au Domaine avant un moment...


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 25 Otalir 815 à 21h14
 
L'étude se fait plutôt rapidement et est assez agréable.
C'est avec un plaisir certain que la scribe manipule le parchemin, en effleurant le grain et la texture sur la peau de son pouce, hochant la tête pour elle-même à plusieurs reprises.

Hochant...ou dodelinant ?
Elle piquerait bien du nez, là, tout de suite...

De fait, Oromonde ne se serait peut-être pas rendue compte de la supercherie si Thaïs n'avait pas provoqué quelque fracas en s'en prenant aux fenêtres.
Elle sursaute. Que se passe-t-il ? Seraient-ils victimes d'un quelconque produit acheminé par leur facteur, ou d'un autre mauvais tour ? Des tas d'idées traversent l'esprit suspicieux de la Prédicatrice, mais comme à travers un brouillard. Une machination des hybrides bio-mécaniques dont parlent les entrelacs, capables de traquer du lanyshta, détecter l'usage arcanique et doué d'une technologie supérieure et mystérieuse ?
Mais plus grave : que faire ?

Par réflexe plus que par réflexion, Oromonde recule dans sa chaise, le papier toujours en main, peu désireuse de perdre le dossier de vue. Elle incante rapidement un petit tour de korthomancie de bas niveau, un des premiers qu'elle a appris. Il ne s'agit guère que qu'un petit tourbillon d'air assez agaçant dont elle a toujours mal discerné l'utilité, quoique elle en a fait quelques usages peu exemplaires lors d'expériences culinaires ratées et dans une tentative de sécher ses cheveux plus vite. Oui, bon. C'était il y a longtemps.

Si elle a même le temps de terminer ce sortilège, elle n'a plus qu'à espérer que quoi qui provoque cet assoupissement, ce soit bien une toxine aéroportée que le tourbillon aérien pourrait contrarier. (Et que sa nature surnaturelle ne provoque pas d'effets en chaîne, dans le cas d'une technologie hybride mystérieuse...) Si elle a plus de temps devant elle, elle tâchera de protéger son visage, yeux, bouche, nez, et ses mains en usant d'un foulard.




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 26 Otalir 815 à 22h06
 
Qu'est-ce que... ?

*** Quelques minutes avant ***


Le contrecoup de ma dernière poussée d'adrénaline se faisait tranquillement sentir.

J'écoutais ces demoiselles deviser devant ces documents, dodelinant sans dédain aux dires et aux doutes. Tranquillement, je laissais vaquer, comme souvent, mon esprit à quelques réflexions. Avais-je pensé à revoir l'état des dépenses du manoir d'Ascara ? Avais-je bien fait commander des croquettes allégées à cette salle boule de poils de Ter ? Est-ce que la gouvernante avait bien pensé à sortir les vêtements doublés d'ouate en prévision de la saison fraîche ?

Oui j'étais bien. J'en oubliais, à ma grande honte, tout sentiment d'insécurité notoire.


*** Maintenant ***


Je voyais mademoiselle d'Ascara exploser une vitre et s'enfuir clopin-clopant vers la sortie de la pièce. Cet électrochoc me réveille et le sentiment de menace revient avec toute la force des sentiments de ma jeune maîtresse. Quelque chose n'allait pas.

Mmmmh...bordel de chiure...de blatte.

Si c'est dire l'état dans lequel je me trouvais.

Je n'avais pas le temps de réfléchir à un plan très élaboré. Aussi inquiet que furieux d'avoir été si négligent, je me dirigeais vers mademoiselle Oromonde qui s'affairait à je-ne-sais-quel tour de passe-passe. Je l'attrape sans ménagement par la peau du cou et l'entraine avec moi en dehors de la pièce. Je claquais la porte sans ménagement, pensant aussi à une sorte de gaz.

Difficilement, je me collais des beignes pour me réveiller manu militari puis dégainais mes dagues par réflexe. Car face à un ennemi si sournois, que pouvaient faire deux bouts de métal pointus ? Pas grand chose mais au diable la logique. J'avais deux dagues et je me tenais prêt même si je ne savais pas contre quoi.



 
Narrateur
 
Le Vayang 30 Otalir 815 à 09h41
 
Nos aventuriers réagissent vite.
Très vite.
Leur promptitude, leurs actes, leur permettent de rester éveillés.

Rapidement, les effets s'estompent.
Ils retrouvent toutes leurs capacités.

Selon où ils se trouvent, un paramètre est néanmoins constant.
Le silence.
Rien ne se passe de plus.
Pas d'équipe commando qui assiège la demeure.
Pas d'explosion ou de couteaux qui volent.

Ils respirent normalement, posément, et seule Thaïs - arrivée au parc en titubant, la peur et le vomi aux lèvres - a le temps d'observer à la va vite un fait inhabituel.
Sur un toit, non loin, quelqu'un - ou quelque chose, elle ne sait pas trop - observait.
Dès qu'elle met un pied dehors, après un vif coup d’œil, l'être disparait.
Leur manœuvre a échoué.

Mais il est clair que nos protagonistes ont mis les pieds dans un plat plutôt sale...


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Vayang 30 Otalir 815 à 10h04
 
Pas d'explosions ou de couteaux qui volent ?
Eh bien, ça va en faire, des déçus...
Pour sa part, Oromonde est plutôt ravie, surtout parce qu'elle s'est auto-infligée un tourbillon agaçant en pleine figure qui commence déjà à l'irriter. Ceci dit, elle respire au frais, ça, c'est certain.

Elle se dégage brutalement de l'étreinte d'Harvain, un peu contrariée de son intervention manu militari :et si tout ceci n'était qu'une diversion pour que d'autres s'emparent des documents ? Et si...oh, Thaïs. Où est passée Thaïs ?

Thaïs, où es-tu ? Tu vas bien ? s'enquiert-t-elle mentalement.

Elle se tourne vers Harvain.

- Je vais retourner (une mèche lui vole dans le nez et la fait éternuer) là-dedans et récupérer les papiers pour que nous puissions les analyser. Avec ce truc plein d'air, je ne devrais pas avoir de soucis - même si je doute qu'il s'agisse d'un gaz -, mais si jamais je tombe dans le sommeil à nouveau, je vous donne l'autorisation de me tirer par les pieds ici. Cette fois.
Après, je crains qu'il ne faille faire le tour de tout le domaine...


Ceci dit, elle va pour récupérer les documents.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 30 Otalir 815 à 10h47
 
Thaïs sort, complétement hystérique, dehors, et se fige d'effroi à la vue de la silhouette -qui part en ne demandant pas son reste. Le visage de l'adolescente se décompose peu à peu avant de se figer dans un masque aux traits creusés.

La pensée fuse envers ses compères pour les prévenir.

Je suis dans le parc. Ca va mieux, mais... Il y avait une ombre, sur le toit des Voisins. Indistincte. Elle s'est carapatée dès que je l'ai vue. Elle... observait la demeure, il est impossible que tout ne soit pas lié.

Il faut récupérer des affaires et vider les lieux au plus vite. Hors de question de remettre les pieds ici avant que cette affaire ne soit tirée au clair.


Le flux est appuyé, en dernier lieu, vers Harvain : lui seul pourra organiser efficacement l'exfiltration des affaires nécessaires à une fuite temporaire de la demeure d'Ascara. Thaïs compte simplement louer une chambre dans un Quartier plus... anonyme, sous une fausse identité.

En attendant, Thaïs se laisse tomber sur un rocher ornemental du jardin de la propriété et commence à digérer sa peur. Peu à peu la colère prend le dessus -contre ces Anciens qui les envoient dans les pires pièges, contre ce stupide Commissariat à la Défense qui lui a fait tracer nom et adresse,... Sur ce dernier point, au demeurant, la Noxamancienne se promet un bel incendie dès qu'elle en aura la possibilité.

La Magicienne finit par contacter Arabelle Mercoeur, sans lâcher le contact avec Oromonde et Harvain.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Sukra 31 Otalir 815 à 18h56
 
Je reprends rapidement mes esprits et ma posture domestique comme si ce qui venait de se passer n’était qu’un bref désagrément au même titre qu’une tasse de thé renversée. Il convient de rester professionnel en toute occasion après tout, n’est-il pas ? J’écoute mademoiselle Oromonde que je surveille. Je garde mes dagues en main, je pense que la situation doit être cocasse pour un observateur omniscient.

Très bien, nous sommes attaqués. Je ne sais toujours comment nous avons pu être touchés par cette torpeur surnaturelle. Si cela avait été un sort, nous l’aurions senti tout de même ? Mesdemoiselles Oromonde et Thaïs sont des magiciennes chevronnées et moi, j’ai un esprit tellement obtus que j’ai l’impression d’être imperméable à ce genre de choses. Je ne sais pas si c’est un gaz mais quand bien même, comment aurait-il été lâché ? Cela doit avoir un lien avec les documents, je ne vois que ça. Le papier aurait-il été inhibé d’une substance soporifique ? Qui sait. Si nous avons à faire avec cette espèce de groupuscule mordu de ces bidules technologiques, rien n’est improbable. Je ne vois que ces deux possibilités.

Mademoiselle Oromonde, méfiez-vous du papier, utilisez des gants.

Mais dans quoi nageons-nous ? Où sont les adversaires conventionnels qui utilisent des armes conventionnelles et non ce genre de vicelardises peu élégantes. Mais plutôt efficaces. En attendant le retour de mademoiselle Oromonde, je prépare la suite des choses dans ma tête.

Mademoiselle Thaïs, veuillez revenir dans le manoir, on ne sait pas ce qu’il y a à l’extérieur.

S’ils ont prévu un plan B, nous sommes toujours menacés. C’est fâcheux, j’avais prévu une gougère aux épinards pour ce soir, un velouté aux châtaignes et du veau. Nos ennemis n’ont aucune considération pour le service ou les bonnes mœurs. Madame d’Ascara ayant pris la voiture pour son dîner en ville, nous sommes donc piétons. Une fois en sécurité, je ferai envoyer un mot pour la maîtresse des lieux disant que le manoir est infesté par les rats et qu’une quarantaine doit y être appliquée. Cet argument devrait la motiver à rester à distance du manoir pour plusieurs semaines. Quant à nous, je ne vois qu’un seul endroit suffisamment fiable pour l’occasion.

Et dans ma tête, au milieu de toutes ces réflexions, je repense à ce livreur et son air désinvolte. Je sais qui voir demain matin à la première heure.



 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 4 Nohanur 815 à 22h47
 
Oromonde n'a pas de difficultés à récupérer les documents. Ni envie de sommeiller impromptue, ni...rien, en fait.
Elle jette un coup d'oeil passif à la salle, hésitante. Comment diable ce tour de passe-passe avait-il été produit ? Elle s'occupe de ranger proprement la liasse de papier, sans l'examiner plus avant.
Thaïs a raison, il vaut mieux filer et faire profil bas. Elle espère que les craintes de son amie concernant sa santé ou celle de sa famille ne sont pas fondées...

Rejoignant Harvain, Oromonde fait signe qu'elle est prête à partir.
Puis indique :

Qui sait, nous pourrions être suivis.
Peut-être que cela mérite de se diviser pour rejoindre notre destination.
Harvain, vous pourriez nous suivre de loin, dans l'ombre, et voir si on nous emboîte le pas.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Julung 5 Nohanur 815 à 09h47
 
Thaïs entre dans la demeure sur les invectives d'Harvain. Elle y pénètre d'un pas peu volontaire et décidée à vider les lieux au plus vite. Elle abonde à la proposition d'Oromonde de se disperser. Il faut de toute façon partir. Vite.

La d'Ascara ne prend rien -son compte en banque est bien rempli et elle n'est guère coquette au point de s'attarder sur le choix d'une tenue plus appropriée à une fuite plus ou moins longue.
Elle suivra Harvain à l'adresse qu'il leur donnera.

Le plan de bataille de la Commis aux Sans-Destins est ensuite simple : vérifier qu'il n'y a pas eu d'autres meurtres similaires en Kil'dé ou dans d'autres Quartiers, en savoir plus sur l'Apostat et surtout se renseigner sur les derniers contacts télépathiques de Klem, qui cherchait "son fils" en sollicitant de l'aide sur les entrelacs...


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Vayang 6 Nohanur 815 à 07h58
 
Je me tourne vers mon ancienne apprentie.

Il me parait impertinent de penser que nous serons suivis. Nos agresseurs savent que nous sommes sur nos gardes, ils garderont leur distance quelques temps. Inutile de nous cacher, inutile de nous disperser, nous partons maintenant.

Je range mes dagues et dans un réflexe tout domestique, ouvre la porte à ces dames et m'incline, les invitant à quitter la pièce comme si tout ceci n'avait pas existé.

Une fois sortis du manoir, je reste sur mes gardes. Nul doute que nous sommes surveillés encore. Si j'étais à leur place, qu'aurai-je fait ? Préparer une embuscade au cas où le premier plan n'aurait pas fonctionné, anticipant de la part de mes victimes la possibilité d'une fuite ? Possible.


Aucune manifestation de magie je vous prie mesdemoiselles. Veuillez me suivre en silence s'il vous plait.

Inutile de parler de toute façon, je sais quoi faire et elles n'ont pas besoin de le savoir. Et il me parait préférable de paraître plus faible que trop forte, même si nos manœuvres de survie dans la pièce n'ont guère été discrètes... Tant pis. Par réflexe et par principe, je ferme la porte à clef.

Nous sortons par l'entrée de devant et même s'il fait nuit, il y a suffisamment de lumières grâce aux lampadaires pour y voir plutôt clair. Nous sommes clairement visibles mais pour s'approcher de nous, il faudra également abandonner la couverture des ombres. Quant aux tireurs à distance, eh bien, je n'ai pas solution à tout... Nous marchons d'un pas pressé sans pour autant cavaler comme des lièvres. En toute circonstance, garder une dignité et un semblant de style. Quand même. Nous marchons une bonne demi-heure, rendue terriblement longue par ma paranoïa à guetter le moindre bruit suspect ou à scruter les alentours à la recherche d'un éclat argenté trahissant un instrument de mort pénible et douloureuse. Mais rien.

Mes accompagnatrices reconnaîtraient sans difficulté la direction du sanctuaire de la faille, son finistère. La végétation y était plus dense, plus sombre, la température baissait un peu sous le feuillage épais. Il n’y avait plus qu’un seul chemin, bien entretenu mais sans fioriture, pavé parfaitement et éclairé de petites lanternes. Nous arrivions devant une immense grille en fer forgé, ciselé avec style et élégance. Sur les côtés, les murs de pierre laissaient pousser un lierre réglementairement taillé couvert par quelques tuiles finement agencés. Une étude plus attentive des murs aurait permis de découvrir un système de filins et de poulies ainsi que du fil barbelé légèrement recouvert par la verdure. Sur le médaillon en haut étaient frappés les initiales en or tandis que sur le portique de gauche était fixée une sobre plaque de cuivre :

Locus Solus
Ecole hôtelière

***
***


Je poussais un soupir en moi-même puis ouvrais la grille sans le moindre bruit. Devant nous se dressait un chemin de graviers fins bordé par une pelouse tondue avec soin selon une hauteur et une méthode intemporelle. Je revenais dans ce lieu à nulle autre pareille, le lieu unique - le Locus Solus - en ancienne langue. Ici, l’agitation fébrile de la ville disparaissait, le calme séculaire n’était jamais troublé même lors des plus grandes périodes de crises. Une institution qui pouvait regarder l’éternité droit dans les yeux et sourire. Mais pour l'heure, tardive qui plus est, nous n'étions pas aux sourires.

Nombre de krolannes, probablement toutes et tous je suppose, connaissaient ce sentiment d'anxiété en présentant l'élu(e) de leur cœur à leurs parents, craignant le comportement ou les remarques des parents devant cet intrus pourtant désiré(e). En espérant que tout le monde se comporterait bien, que personne ne ferait honte à l'autre et ainsi de suite. Eh bien disons que ce soir, j'étais davantage inquiet de faire rentrer ma maîtresse et mon ancienne apprentie dans cette partie de ma vie, dans cette famille plutôt que par ceux qui avaient essayé de nous tuer il y a peu.

*** Ambiance ***


Je m'inclinais plus bas que d'habitude puis laissais rentrer les deux jeunes femmes avant de refermer la grille. A ce moment, je su que nous étions hors de danger et ma tension baissait quelque peu.

Nous attendions depuis moins de deux minutes lorsque deux gardes lourdement équipés s'avancèrent lentement, une main tenant une lanterne sourde et l'autre main sur le pommeau de leur épée. Je sentis la tension de mesdemoiselles Thaïs et Oromonde. Les deux sentinelles s'arrêtèrent à quelques pas de nous puis s'inclinèrent.

Je leur rendis leur salut.

Identification ? demanda d’un ton poli mais grave le soldat de gauche

Alias Harvain, promotion 780, matricule 1032302 répondis-je du même ton sans décliner ma véritable identité compte tenu de la présence des deux jeunes femmes. Je laisse planer un instant le temps que mes interlocuteurs enregistrent l’information avant de reprendre.

Je demande l’application du protocole Aegis.

Hochement de tête des deux gardes. L’un reparti en marche rapide tandis que l’autre s’avançait vers nous pour se positionner devant la grille, il ne comptait visiblement plus en bouger. Je laissais quelques instants puis reprenais notre route vers le cœur du complexe. Au bout de quelques minutes, plusieurs lampadaires et lanternes de jardin s’allumèrent à proximité du premier bâtiment…

*** Il s’agissait d’une large bâtisse, d’un style ancien mais qui conservait un état presque neuf à force d’entretien constant. De nuit, les pierres affichaient un blanc laiteux rendu par les appliques murales. De grandes fenêtres finies en arc de cercle offraient une luminosité appréciable aux dépends parfois d’une déperdition thermique souvent soulevée par les étudiants un peu frileux.
Quelques massifs de rosiers soigneusement taillés cerclaient le bâtiment en une ceinture épineuse et verdoyante. Un double escalier en fer à cheval symbolisait l’entrée de réception. Plusieurs lampes s’allumaient progressivement aux étages et au rez-de-chaussée. Sur le perron, attendaient un homme et une femme dans une livrée impeccable. Beaucoup plus jeunes qu’Harvain, ils affichaient toutefois le même style rigide que le majordome. Avant d’emprunter l’escalier, les trois lanyshstas virent le garde de tout à l’heure redescendre pour rejoindre la grille. A la périphérie de leur vision, d’autres gardes partaient dans d’autres directions.
Une fois sur le parvis, Harvain s’inclina et répéta sa présentation protocolaire. La jeune femme, plutôt mignonne, tenait un épais registre, le scruta un instant, hocha la tête puis referma le livre l’air satisfait. Sa tenue était irréprochable, bien loin de celle d’un domestique, elle ressemblait plutôt presque à un homme dans son tailleur complété par un pantalon à pince noir. Sur sa veste, un insigne blanc et bleu au niveau du cœur d’un cercle à l’intérieur d’un triangle. Ses cheveux blonds mi-longs étaient attachés derrière par une queue de cheval. Son nez fin finissait en trompette, donnant l’illusion, et seulement l’illusion, comique au personnage. Une mâchoire finement ciselée et des yeux bleu clairs donnaient un air autoritaire au visage. Pas un instant elle ne regarda les deux jeunes femmes, ignorant complètement leur existence.
***


Le Locus Solus n’oublie jamais. Finit par dire la jeune femme, suivie par son collègue dans une tenue quasiment similaire.

Le locus Solus n’oublie jamais répondis-je en m’inclinant de quarante-cinq degrés.

Sans un mot, les deux intendants rentrèrent à l’intérieur du bâtiment et je leur emboitais le pas. Je fis un petit signe de tête à mesdemoiselles Thaïs et Oromonde de me suivre, essayant vaguement d’avoir l’air rassurant. Mais l’anxiété trahissait mon visage généralement stoïque. Non pas par peur du danger, mais plutôt à l’idée de revoir mes pairs.

Nous rentrâmes dans ce que nous appelions sobrement l’hôtellerie. Ce bâtiment servait en premier lieu d’hôtel tout à fait classique, destinés à assurer au Locus Solus un complément de revenu et comme centre de formation dans de nombreux métiers. La seule différence avec un hôtel normal était plutôt sa clientèle qui était composée exclusivement d’anciens étudiants qui venaient se reposer ou prendre leur retraite. Cela permettait de garder les secrets au chaud et d’avoir des clients inflexibles en termes d’attentes élevées. La qualité de service était probablement la plus haute dans tout Syfaria, certains clients n’hésitant pas, en souvenir du bon vieux temps, à dresser leur table ou à faire le lit. Les décorations à l’intérieur étaient d’un style classique, que d’aucuns pourraient appeler vieillot, mais à la propreté exemplaire. Quelques peintures du style Renaissance et quelques statuettes de marbre agrémentaient les couloirs recouverts d’un parquet lustré avec soin par des générations d’étudiants punis. Le petit groupe traversait quelques couloirs avant d’arriver à un bureau où deux bureaux vides attendaient. L’homme s’assit sur celui de droite et entreprit de prendre quelques notes. Une porte au fond de la pièce avec une plaque de bronze indiquant sobrement « administration » en lettres dorées était fermée. La jeune femme réajusta un bref instant sa tenue, démarche relevant purement du réflexe, puis frappa à la porte. On la senti compter jusqu’à cinq puis ouvrit la porte, se mit de côté et s’inclina pour nous laisser rentrer.

*** ***


*** Le bureau était vaste et ressemblait plutôt à une bibliothèque. La hauteur sous plafond laissait penser que le premier étage était fusionné avec le rez-de-chaussée, permettant aux étagères de monter à une hauteur appréciable. Une mappemonde trônait dans un coin de la salle, quelques fauteuils en cuir semblaient tout à fait confortables. Une longue série de portraits trônaient sur un des murs en hauteur, souvent des hommes et plus rarement des femmes, arborant des visages rigides. Il ne fallut plusieurs instants pour comprendre que les invités n’étaient pas seuls dans la pièce.

Un krolanne d'âge mûr trahit par la blancheur de sa barbe taillée et par ses cheveux courts. A la différence de ce qu'on aurait pu s'attendre, il était vêtu d'un pantalon et d'une tunique noirs de jais faisant ressortir un gant blanc porté à la main droite mais en aucun cas, n’était en uniforme. Faisant face au groupe, il affiche un visage amical comme l'archétype de la figure paternelle. Ses yeux bleus sont plissés et un sourire franc l'illumine. ***


Je m’inclinais de nouveau mais ne me redressait pas.

Il s’approchait lentement jusqu’à ce que je ne vois plus que ses pieds. Puis il s’approcha de mademoiselle Thaïs et s’inclina à son tour pour le baisemain.


Mademoiselle d’Ascara, au nom du Locus Solus et de son personnel, je vous souhaite la bienvenue en notre modeste école. C’est un immense honneur pour nous de recevoir l’héritière d’une grande famille du Kil’dé. Je suis l’administrateur général de l’école, vous pouvez m’appeler Dominichov.

Il tourna lentement la tête vers Oromonde, l’œil malicieux, pétillant, comme si la vie l’amusait. Même cérémonial pour la prédicatrice.

Mademoiselle Oromonde, recevoir une prédicatrice en nos humbles locaux est un privilège, d’autant quand elle est l’ancienne apprentie de Maître Yun. Transmettez-lui mon bon souvenir je vous prie.

Puis il revient devant moi, toujours penché et d’un geste discret de la main, me fait signe de me redresser.

Enchanté de faire votre connaissance Harvain, j’ai beaucoup entendu parler de vous.

Cette phrase pouvait aussi bien être une banale formule de politesse ou une façon discrète de savoir qu’il savait à peu près tout. Probablement un peu des deux.

Tout l’honneur est pour moi administrateur général.

Il sourit puis retourna à son bureau.

Je vous en prie, asseyez-vous, j’allais justement me faire un thé.

Nous sommes au Locus Solus après tout, il y a toujours quelqu’un en train de se faire un thé… Il revint quelques instants plus tard puis servi le thé. C’était un thé rouge, fruits, bergamote, fleur d’oranger et une pointe de cannelle. Mademoiselle Oromonde, en bonne victime de mes nombreux cours, aura reconnu la marque de fabrique du thé Délices de soirée de « Mariage Cousins ». Une fois fait, il se rassit derrière son bureau, joignit ses mains pour y former un clocher et, ne quittant pas son air amusé, reprit la parole pendant que la tasse fumait.

Sans rien savoir de ce qui vient de vous arriver, je peux déjà vous dire que vous venez de faire l’objet d’une attaque que votre majordome n’a pu repousser. Une attaque non violente puisque vous n’êtes pas blessées. Ce n’était pas une intimidation mais réellement une frappe qui aurait pu présenter un danger mortel. Vous transportez des documents on dirait, je suppose donc que c’est la cause de ce problème. C’était chez vous mademoiselle Thaïs je présume, votre manoir n’étant plus sécurisé. Alors, votre majordome a décidé d’aller dans le seul endroit sûr à sa connaissance, faisant appel à une ancienne règle de sauvegarde où notre institution sert de sanctuaire en cas de danger imminent pour lui ou les personnes qu’il estimera nécessaire de protéger, à toute heure du jour et de la nuit, qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve ou que la fin des temps arrive ; le protocole Aegis.

Voilà pour mes quelques déductions, cavalières j’en conviens. Ne m’en voulez pas, j’adore m’exercer à ce petit exercice de déduction, ça permet de garder l’esprit éveillé à partir d’un certain âge.


Il sirota enfin sa tasse l’air songeur.

Peu de personnes en dehors de notre institution ont bénéficié de ce statut et pour des raisons de discrétion, je serai votre obligé si vous décidiez de conserver ce petit secret jusque dans votre linceul.

Il reposa la tasse, l’air amusé, attendant que l’une d’elles prennent la parole.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Vayang 6 Nohanur 815 à 17h09
 
Thaïs suit Harvain, un peu interdite et ne sachant pas trop à quoi s'attendre -auberge miteuse, hôtel fantastique,... En tout cas pas à... ça. Cet espèce "d'école hôtelière" aux allures de congrégation puissante où elle est introduite exceptionnellement. La jeune femme parle peu, observe beaucoup, se sentant comme une grosse bestiole monstrueuse dans un magasin de fragile porcelaine. Tout est tiré à quatre épingles, de la décoration à l'hôte qui les reçoit -leur évoquant un protocole ancien et secret.

La d'Ascara se fait toutefois très vite à l'idée du lieu et s'adapte rapidement à la situation -force qui la caractérise-, acceptant cette incongruité jusque-là totalement inconnue avec une facilité déconcertante. Quand on vient d'une famille richissime, qu'on lance du feu à qui-mieux-mieux, qu'on vient de manquer de se faire gazer dans son propre salon après avoir lu qu'une famille du Quartier s'était faite disséquée pour une raison inconnue et qu'on communique généralement avec d'autres mutés par la pensée, découvrir que son Majordome fait parti d'une espèce de secte bizarre mais manifestement bien munie ne fait jamais parti que du quotidien...
Un quotidien truculent et épuisant, certes.

Thaïs se content donc de hocher la tête aux directives qui lui sont données, d'observer avec des yeux ronds mais néanmoins plus trop étonnés, se recentrant déjà sur son enquête et ces mystères...


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Sukra 7 Nohanur 815 à 15h44
 
Oromonde, bon gré mal gré, se range derrière Harvain lorsque ce dernier décide de les amener en sécurité.
Elle reste néanmoins dubitative et absorbée dans ses pensées. Cette petite attaque qu'ils ont essuyé ressemble plus à un test ou à un avertissement ; elle ne songe pas vraiment que leur potentiel agresseur gardera ses distances, plutôt qu'il espérera que les lanyshtas comprennent le message. Au vu du trio de têtes de mules un peu butées qu'ils ont dégottés à la loterie, c'est mal parti, ceci dit…

La visite du Locus Solus elle-même éveille sa curiosité. Tout comme Thaïs, elle se sent déplacée dans un tel endroit : structure architecturale majestueuse, jardins tracés au millimètre près, tout comme le chignon de cette jeune femme – qui a quoi, son âge ? - et dont l'allure maîtrisée lui rappelle l'antipathie que lui inspirait la Dernière lors de ses jours à l'Hermine.

L'application du protocole Aegis est assez impressionnante, bien que personne ne semble vouloir leur en mettre plein les yeux directement. On sent chez tous ces individus une méticulosité extrême appliquée aux moindres tâches, et le même recul distant et parfois ironique qu'affecte de temps à autre leur célèbre majordome. Oromonde sourit froidement, gardant ses pensées pour elle. Certes, le dispositif est impressionnant...mais se sent-elle pour autant en sécurité ? Rien n'est moins dit. En fait, elle est même plutôt mal à l'aise de se trouver ici.

Elle ne jette pas un regard sur Harvain tandis que le grand gourou Dominichov fait les présentations – distillant avec plus ou moins de subtilités quelques indices sur l'étendue de son savoir quant aux activités des uns et des autres. Cela agace la jeune femme : d'où tient-il ces informations ? Ou bien Harvain est à sa botte et les lui a transmise – mais dans quel but ? - ou bien il a un sacré bon réseau...ce qui revient au même. Impossible de décréter non plus si « Alias Harvain, matricule 1032302 » contrôle vraiment la situation : depuis tout à l'heure, le visage du quinquagénaire semble s'être renfermé en une expression indicible. D'ailleurs, il faudra qu'elle s'explique avec son seigneur l'alias, mais plus tard. S'inclinant avec raideur, la Prédicatrice répond froidement mais poliment :

«  Enchantée, Monsieur Dominichov.
Une régisseuse de Destins est toujours ravie de rencontrer et rendre hommage aux petites mains qui les rendent possibles. »


Ce qui se traduirait par : « Dominichov, t'es bien sympa, mais je repeins ton augure si tu fais encore le malin avec moi, rappelle toi ta place ici. »
Autant dire que si Harvain craignait que ses apprenties le déshonorent, c'était peut-être à raison...mais Oromonde ne va se laisser marcher sur les pieds et intimider par un type trop peu subtile sur ses insinuations.

Se redressant, elle poursuit, acceptant avec grâce le thé qui lui est offert.

« Je reconnais un esprit perspicace et vif en vous, monsieur.
Vos déductions sont plus ou moins correctes, bien que basées sur des prémisses fragiles toutefois.
Contrairement à vous, je crois que cette frappe n'avait pas le but de nous tuer mais bien de nous effrayer. Un avertissement entre gangs rivaux, si vous voulez. Et un excellent moyen de gagner du temps. »

Elle jette un coup d'oeil à Thaïs pour observer sa réaction. Son amie est étrangement silencieuse et semble absorbée par quelques détails ou conversations psychiques. Elle n'a pas semblé faire de difficultés à accepter de ne pas révéler les petits secrets du Locus. Loin de la diplomatie habituelle de son amie, Oromonde est plus directe et bien moins enjôleuse.

«Et en parlant de gagner du temps...si vous croyez voir en nous des commères qui se hâteront de rapporter vos activités de protection, vous vous trompez.
Le silence est d'Or, dit-on.
Et nous apprécierons s'il était à son tour réciproque. Votre perspicacité vous a amené à cerner que nous courrions un danger. Les raisons et les motifs de ce péril resteront elles aussi de l'ordre du secret. »




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 9 Nohanur 815 à 22h59
 
*** Ambiance ***


A l'écoute de la répartie de mademoiselle Oromonde, deux sourcils se haussent. L'un est terrifié c'est le mien, l'autre est amusé c'est celui de notre hôte. Si l'administrateur général est offusqué, il n'en laisse rien paraître. Au contraire, il plisse les yeux comme s'il prenait encore plus de plaisir de discuter avec quelqu'un qui ose lui répondre. Il la jauge autant qu'elle l'analyse. Pour la première fois, j'en viens à craindre mon ancienne apprentie. Il s'est passé beaucoup de choses en l'espace de quelques semaines au Kil'sin. Des choses qui m'échappent. Et je ne parle pas que de cette...enfin...ce...Cal Keran. Quelque chose de fort, peut-être trouverai-je à l'occasion des informations sur ce consensus télépathique...

Le silence s'installe. C'est un trait de caractère qu'on prête au nouvel administrateur général, il aime le silence. Plus que moi. "Les silences sont plus instructifs que les mots" aimait-il dire lors du dernier gala des anciens. Certains disent qu'il profite de ce silence pour chercher une bonne répartie. Moi je suis plutôt du genre à dire qu'il a déjà trois coups d'avance et qu'il réfléchit plutôt à comment couper ses hortensias.

Mademoiselle Oromonde, les causes de cette conséquence ne nous intéressent que peu à vrai dire puisqu'elles sont passées. Nous nous concentrons sur le présent et l'avenir. C'est déjà pas mal, ne trouvez-vous pas ?

Nouvelle gorgée.

Bien entendu, vous savez ce que c'est...le formalisme... L'obligation de poser des questions dont on connait déjà la réponse. Enfin bon.

L'hôte se lève lentement et rapidement, on voit en lui le poids des âges.

La soirée a du être longue pour vous mesdemoiselles, je ne voudrai pas abuser de votre temps. Des chambres vous ont été préparées. Veuillez vous considérer comme des invitées avec les honneurs qui vous sont dus. Un instant. Pietr ?

Alors que les deux jeunes femmes se demandaient encore de quoi s'agissait-il, le jeune homme de tout à l'heure ouvrit la porte en silence. L'administrateur n'avait même pas haussé la voix. Soit le secrétaire avait une ouïe étonnante, soit il écoutait aux portes soit il y avait un truc. Il y a toujours un truc.

Veuillez indiquer à nos invitées leurs chambres. Soyez libres d'agir à votre guise en nos locaux. Pietr sera votre guide si vous souhaitez parcourir notre domaine.

Quant à moi, je restais debout près de ma chaise. Face à l'interrogation silencieuse des jeunes femmes et sans autorisation de l'administrateur, je ne pouvais rien faire.

Ah oui. Harvain va rester encore un peu. Nous devons prévenir vos parents mademoiselle d'Ascara, procéder au rapatriement de vos affaires pendant la nuit vu que votre serviteur connait les lieux et quelques autres petites bricoles. N'est-ce pas Harvain ?

Je réponds sans réfléchir, mû par un réflexe quasi mécanique.

Tout à fait administrateur général.

Sourire en coin de l'administrateur.

Excellent. Sur ce, mesdemoiselles, je ne voudrai pas vous retenir. Je vous souhaite une bonne nuit.

Inclinaison du serviteur et de l'administrateur tandis que le secrétaire invitait les jeunes femmes à le précéder pour sortir du bureau. Le petit trio gravit un escalier marbré d'une sobre élégance dont la rambarde était en fer forgé rehaussée de cuivre lustré. Des motifs de fer, arabesques immobiles donnaient au lieu une certaine volupté. Les murs étaient agrémentés de lampes murales recopiant les bougeoirs des siècles précédant l'électricité. Quelques tableaux ou médaillons habillaient les murs représentant des scènes champêtres ou des allégories, majoritairement sur la domesticité et la vie de Scylla. Dans un couloir recouvert d'une épaisse moquette rouge patientaient deux femmes, chacune devant une porte fermée. Leurs tenues étaient sobres mais raffinées. Toutefois, elles étaient loin d'être de simples femmes de chambres. Le canon scié accroché à leur cuisse devait jouer pour beaucoup. Elles ne décrochaient pas un seul regard aux invitées.

Pietr s'arrêta devant la première porte, sorti un petit trousseau et ouvrit la porte. Le bruit de la serrure, même pour un néophyte, était reconnaissable d'une serrure à plusieurs points. Une vaste pièce bien éclairée comprenait l'ensemble des prestations d'un hôtel de grand luxe. Le lit à baldaquin semblait tout à fait accueillant pour s'écrouler de sommeil et ne pas s'y réveiller avant un paquet de temps. Une porte amenait vers la salle d'eau.

Mademoiselle d'Ascara, je vous en prie.

Il s'inclina et tendit des deux mains un autre petit trousseau avec une clef et les armoiries de l'université. Il désigna une autre porte.

Cela rejoint la chambre d'à côté où votre amie restera. Mademoiselle Oromonde, si vous voulez bien me suivre.

Il s'apprêtait à partir lorsqu'il s'arrêta en désignant une petite cordelette près du lit.

Si vous avez besoin de quelque chose, vous pouvez m'appeler en tirant dessus. Ah oui, une petite précision. Je suis Pietr, à votre service exclusif et je travaille toujours seul ce qui entend que si quelqu'un d'autre répond à ma place ou dit que je l'envoie, c'est que je suis probablement mort. Vous pourrez agir en conséquence. Mademoiselle Oromonde, c'est par là.


 
Thaïs d'Ascara
Commis des Sans Destins
Kil'dé  
Le Merakih 18 Nohanur 815 à 10h26
 
Thaïs suit docilement Pietr, observant le décor soigné et un brin suranné du Locus. Toujours très silencieuse, toujours un peu choquée par les derniers événements et leur enchaînement rapide, la d'Ascara est docile, n'aspirant qu'à un repos bien mérité.

Elle tremble légèrement d'être laissée seule dans la chambre, alors qu'Oromonde est emmenée par Pietr dans la pièce adjacente. Harvain, pour sa part, doit déjà s'activer pour rapatrier le nécessaire -Thaïs doute toutefois qu'il se contente du très strict minimum vital et craint déjà qu'il ne ramène les tenues et les perruques "convenables" qui la démangent tant.

Seule, Thaïs enlève ses vêtements et se couche, très songeuse. Son esprit dérive, toujours légèrement connecté à celui de ses amis. Sans doute ne trouvera-t-elle pas vraiment le sommeil, cette nuit.

Demain matin, il fallait falloir enquêter sur l'Apostat, les précédents et les Augures de la famille Flicksen.


 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Sukra 21 Nohanur 815 à 12h29
 

Oromonde jette un coup d'oeil à Harvain au moment de partir. Celui-ci fait une mine bizarre, illisible, qui a l'air de dire : « jesuisdanslamerdejesuisdanslamerde. » Pourquoi veulent-ils le garder à part ? Nul doute que le grand manitou, qui n'a un peu que faire des invitées mais assurera leur sécurité pour le bien de ses traditions, aura deux ou trois mots à adresser au majordome. Ouch...elle n'aimerait pas être à sa place.

Elle embrasse rapidement Thaïs en lui souhaitant poliment bonne nuit. Elle ne peut imaginer l'angoisse que doit ressentir l'adolescente à avoir lié sa famille et sa demeure à cette sombre affaire. Oromonde se renfrogne : et si leurs agresseurs retrouvait la sienne, de famille ? Les Flicksen n'habitaient pas si loin de son propre quartier natal.

Chassent ces idées, Oromonde va dormir facilement. Ce n'est pas l'angoisse qui risque de la réveiller pendant la nuit, mais les joies de porter un petit krolanne en voie de développement. Saleté. Ça n'avait vraiment pas l'allure enchanteresse que lui avait vendu ses cousines, les traîtresses.

Au réveil, il s'agirait de rencontrer et de faire le point avec Jade Shragelle, venue discuter avec elles de leur point d'avancement dans l'enquête. Aucun moyen de prévoir comment cette rencontre termienra. Ce qui était sûr, par contre, c'est que les documents seraient laissés sous la surveillance d'Harvain.

Au matin, Oromonde recopierait pour elle-même toutes les informations pertinentes de l'enquête : noms, âge, date de naissance, localisation de l'habitation, Voisins reliés, nom de l'enquêteur et affilié...

Une fois tout ceci fait, elle partira à la Loge du Destin et profitera de ses attributions de Prédicatrice pour fouiner dans les registres à la recherche des Augures de la famille Flicksen.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Vayang 4 Dasawar 815 à 23h37
 
La nuit de notre arrivée au Locus fut longue et pénible. Une fois les jeunes femmes parties, je restai avec l'administrateur général et son cabinet pour organiser le rapatriement de quelques affaires de mademoiselle Thaïs. Peu avant l'aube, là où la nuit est la plus sombre, je reparti vers le manoir d'Ascara accompagné de plusieurs traqueurs. Transporter les affaires de ma jeune maîtresse, sécuriser les lieux puis tout boucler. En parallèle, au même moment, des coursiers partaient prévenir les maîtres de la demeure ainsi que le personnel de la maison, en congés pour la soirée fort heureusement. Une fois ces détails réglés, le soleil se levaient et la vie reprenait son cours normal. Je du toutefois subir un long interrogatoire de la part de son cabinet, épreuve peu agréable et la fatigue n'aidait pas. Je pu dormir que deux petites heures avant de devoir me repréparer. Je me reposerai quand je serai mort après tout. Toutefois, j'appréciais énormément le fait que je ne sois pas seul pour faire le service.

Nous nous étions mis d'accord pour que j'enquête sur ce fameux apostat et son obscure contre-enquête presque entièrement censurée. Je n'étais absolument pas familier de ces personnes et de leurs agissements. Etait-ce normal lors d'un meurtre qu'ils interviennent ? Comment vivent-ils ? Beaucoup d'interrogations et je suppose que si mademoiselle Oromonde, toute prédicatrice qu'elle est, n'a pas jugé bon de s'octroyer cette partie de l'enquête, c'est qu'elle-même n'en sait pas beaucoup plus. Ou ne veut pas en savoir davantage... Quoi qu'il en soit, c'est avec une certaine appréhension mêlée à une pointe de curiosité que je quittais le Locus Solus pour revenir en ville au petit matin. L'événement de la veille était encore frais dans ma tête même si la fatigue alourdissait mes pensées.

Il me semblait opportun, à défaut de logique, de commencer par le commissariat où s'était rendu mademoiselle Thaïs pour obtenir le dossier. Mais avant ça, je voulais éclaircir un point en particulier. Ce livreur, hier soir, sa tête ne me revenait pas. Peut-être me fais-je des histoires mais je préfère en avoir le cœur net. Je fis signe à un cocher qui passait de me prendre.


A la compagnie "officielle" des coursiers, je crois me souvenir qu'ils ne sont pas loin des circonscriptions 12 à 14 je vous prie voisin.


Mes indications étaient peu précises comme je le craignais, il nous fallut un peu plus de temps que prévu pour trouver ledit bureau. J'étais parti du principe que le service de coursier n'était pas loin du lieu de départ. Enfin arrivé, époussetant ma redingote, je me présentais au comptoir avec l'adresse du service des affaires classées.

Bonjour voisin. Je devais recevoir hier soir un paquet en provenance de cette adresse dans la douzième circonscription mais mon secrétaire s'est trompé de destinataire. Au lieu de mettre mon bureau, il a mis ma maison. Si ma femme apprend que je ramène du travail à la maison...vous savez ce que c'est... Pourriez-vous vérifier si votre coursier s'est chargé du transport ? Mon secrétaire le décrivait comme la trentaine, cheveux bruns, la peau légèrement dorée, toujours en train de siffloter.


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 10 Dasawar 815 à 14h50
 
Le préposé à l’accueil cherche longuement, demande autour de lui mais rien de rien. Personne ne correspond à cette description et aucune course n’a été réalisée au manoir d’Ascara. C’est bien ce que je pensais. Je me maudis intérieurement de ne pas avoir cédé à ma première impression, j’aurai du le liquider, cet air suffisant, ce sifflotement, ce flegme… Je le retrouverai et je lui ferai payer l’affront. A ma façon.

Oh soit, excusez-moi voisin, j’ai sûrement mal du comprendre mon secrétaire… Je vous souhaite une bonne journée.

Je quittais les lieux en prévenant mesdemoiselles Thaïs et Oromonde.

Je pris un autre taxi pour la direction du commissariat que mademoiselle Thaïs m’avait indiqué, troisième section, district C. J’étais toujours assez peu à l’aise à l’idée d’entrer dans ce genre de lieux mais bon, peu de choix s’offraient à moi. Si je voulais trouver cet apostat anonyme, j’estimais mes chances meilleures auprès de la Défense. A travers la fenêtre de la voiture, je regardais le ciel gris aux nuages bas.
Je réfléchissais au compte-rendu de mademoiselle Thaïs sur le comportement étrange de l’employé qui s’était mis à paniquer à l’évocation de cette histoire. Ses inquiétudes et son avertissement mêlé de menaces m’intriguaient au plus haut point. Il savait quelque chose, forcément. Ah me voilà arrivé à la section dite. Je quitte le taxi, paye la course et me rends à l’accueil.


Bonjour monsieur, je suis l’employé de la commise aux sans-destins Thaïs d’Ascara. Elle souhaitait que je m’entretienne avec un de vos collègues. Troisième section, district C. Je suis désolé mais mademoiselle d’Ascara a oublié le nom de ce monsieur mais elle m’a parlé de quelqu’un d’une quarantaine d’années, plutôt fin, les cheveux…libres, rasé de près, bien habillé.


 
Narrateur
 
Le Sukra 12 Dasawar 815 à 22h35
 
Le préposé enregistre la demande sans sourciller.
Il semble calme, visiblement absolument pas au courant des remugles dans lesquels nos comparses s'enlisent.
Quelques minutes plus tard, un autre employé - tout aussi anonyme - vient le rejoindre.
Il s'adresse à Harvain d'un ton professionnel.

Hum...
Votre description, bien que complète, correspond à un type plutôt banal.
Sans le nom de ce Monsieur, cela risque d'être impossible.

Mais pour quelle raison souhaitez vous le voir ?
Sur quelle affaire travaille-t-il ?
A quel secteur d'activité est-il rattaché ?

Avec plus d'informations, nous avons une chance de vous aider...


 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Dhiwara 13 Dasawar 815 à 12h16
 
S'il faut en passer par là.

Hum, oui, vous avez entièrement raison monsieur.

Je pense qu'il doit travailler au service des affaires classées. L'affaire en question est le dossier Flicksen.

Voyons-voir si sa réaction sera identique... Je ne veux pas encore dire tout le reste, je me garde des billes pour la suite...oh et puis zut à la fin. Autant mettre les pieds dans le plat et on verra ce que ça donne.

Ce monsieur s'est montré extrêmement agité, inquiet, presque paniqué selon mademoiselle d'Ascara. Il a dit que le dossier n'était pas consultable en vos locaux mais qu'il pouvait être livré une copie à son domicile. A grands renforts de menaces voilées sur les risques qu'il y avait à rouvrir ce dossier. Le soir même, un livreur nous a effectivement remis ladite copie.

Un instant.


Le problème est que le livreur n'en était pas un, en tout cas, pas un employé de la compagnie qui n'a jamais enregistré une course de ce genre. Et juste après, nous avons failli mourir dans un piège plutôt sournois. Nous nous en sommes échappés de peu, juste assez pour voir qu'on nous observait à bonne distance.

Nouvel instant, haussement de sourcil.

J'aimerai m'entretenir avec ce monsieur pour comprendre comment et pourquoi. Tout simplement... Ah oui, et aussi pourquoi cette interdiction de consulter un dossier sur place alors que c'est beaucoup moins sûr d'envoyer une copie au domicile d'un enquêteur...


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