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Rencontre hivernale
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 6 Jangur 816 à 18h34
 
De temps en temps, j’étais agréablement surpris de constater qu’il restait, ici et là, quelques personnes bien éduquées en dehors du Kil’dé. Des personnes polies, gentilles et surtout, au-delà de tout, qui aiment le thé. Ayant déjà eu quelques échanges commerciaux avec mademoiselle Naomi, partenaire d’affaire avec mademoiselle Yloyse, nous nous étions trouvé un intérêt commun dans la boisson raffinée.

J’en avais touché deux mots à mademoiselle Thaïs qui était également intéressée de rencontrer et d’héberger notre invitée. Toujours soucieuse d’avoir des nouvelles de l’extérieur et d’étendre son réseau, celle-ci ne manquait jamais l’occasion de s’entretenir avec chaque lanyshsta étranger en visite au Dé, pour peu qu’il ou elle soit à peu près présentable. Remarque à moi-même, monsieur Cal Keran était peut-être un peu déplacé dans le décor mais bon. Mademoiselle Srhaggelle, seule exception à l’hospitalité d’Ascara, avait été jugée trop dangereuse pour être invitée au manoir et par mesure de sécurité, le rendez-vous avait été organisé dans un lieu public de ma connaissance. Toutefois, selon le retour que j’ai eu des différentes protagonistes ainsi que de la patronne, on avait frôlé de peu l’incident regrettable et sanglant. Ma curiosité était piquée au vif, une fois n’est pas coutume, de rencontrer ce singulier personnage, presque une légende en soi.

Enfin bon, presque impatient de rencontrer cette artisane amatrice de thé, j’attendais le jour dit, à l’heure dite devant l’entrée. Dans ma livrée typique de serviteur, je détonnais facilement par rapport aux voyageurs, marchands et autre population typique proche des portes des sharss. Le maintien droit, menton haut, j’attendais pas loin d’une voiture à cheval aux armoiries de la famille d’Ascara. Mes pensées s'égaraient entre différents sujets de préoccupation : l'enquête en cours sur l'affaire Flicksen, la grossesse de mademoiselle Oromonde, cette douleur lancinante dans la poitrine le matin au réveil, la hausse des coûts d'approvisionnement de matières première, la taille des massifs d'hortensias dans l'allée centrale. J'observais le ciel grisâtre, me demandant s'il pleuvrait bientôt, cela m'arrangerait, je n'aurai pas à arroser la pelouse.



 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 11 Jangur 816 à 14h51
 
***
Dans l'obscurité,
Soufflée la dernière chandelle.
Ne plus être figée.
***


Le petit groupuscule de lanystha kildéens était a la fois l'un des plus intéressants, l'un des plus facile a approcher et l'un des plus durs a appréhender pour elle. La philosophie du Un, omniprésente chez eux intégrait une dose de logique dans leurs actes qu'elle peinait a intégrer. Considérer l’irrationnel comme une vérité absolue était l'un de ces vices de raisonnements dont les implications étaient bien souvent obscures. Il ne s'agissait pas d'un biais de confirmation par lequel ils se persuadaient du bien fondé d'une réaction intuitive en lui donnant une plus grande substance non... Mais bien d'une démarche consciente et cohérente évoluant simplement dans un paradigme dont les axiomes différaient trop des siens...

Pour couronner le tout leur vitrine sociale sur les entrelacs fleurait bon la haute société dont la xénophobie n'avait d'égal que l’orgueil. En s'en référant a Yloyse, elle ne valait probablement pas mieux en face à face que via les entrelacs qui offraient a de nombreux Lanysthas une forme d'immunité par la distance qui les séparaient de leurs interlocuteurs ainsi que par le relatif anonymat qu'ils imaginaient pouvoir y entretenir. Cependant se fier au jugement d'Yloyse en ce qui concernait une jeune femme de la haute société kildéenne revenait peu ou prou a s'en remettre au jugement d'un gosse des rues sur une question d'orthographe. Son intelligence n'était pas a remettre en cause mais son éducation ne l'avait tout bonnement pas pourvu de la grille de lecture nécessaire.

A la base elle avait espéré rencontrer le Harvain de manière plus privée. La conversation aurait probablement été des plus agréables... Mais elle espérait que la présence de sa maîtresse ne mettrait pas un terme aux importantes discutions qu'il faudrait avoir a propos de grands crus... Et si elle ne pouvait donc se permettre d'être aussi décontractée ce n'aurait de toute manière qu'été partie remise.

Elle s'était éclipsée du Dé quelques jours histoire de porter les cubes crées par Oromonde a la petite Lia et savait qu'elle devrait bientôt mettre un terme a ses petites « vacances » dans un autre quartier. A part rencontrer des Lanystha la seule raison de sa présence était une (relativement) jeune maîtresse couturière avec laquelle elle pouvait échanger quand aux différences de techniques entre Sin et Dé.

Arrivant au lieu du rendez-vous, un bagage relativement léger sur le dos, Naoko n'eut aucune difficulté a localiser Harvain. Non seulement elle le connaissait pour l'avoir rencontré plusieurs fois dans un cadre strictement professionnel mais en plus sa livrée dénotait dans la fourmilière ambiante. La présence de la voiture aux armoiries de la famille de sa maîtresse derrière lui fit songer qu'un petit crochet par les ateliers de Mélinda... Histoire d'avoir quelque chose de convenable a se mettre sur le dos.

S'approchant d'Harvain elle retira son masque : il n'avait pas plu depuis suffisamment longtemps pour que les odeurs de l'eau ne lui agresse pas les sinus... Un léger sourire sur ses lèvres elle le gratifie d'un léger salut dans lequel on sent l'habitude. A défaut d'être convenablement vêtue sa démarche laisse entendre que ce léger détail sera bientôt réglé.

- Ah parfait. Vous voilà... Merci d'avoir fait le déplacement... J'espère que votre maîtresse n'est pas trop pressée... J'ai une mine épouvantable et le trajet ne se prêtait guère a porter quoi que ce soit de décent....

Une fois en privé peut-être pourrait-elle se permettre un comportement moins cavalier vis à vis du domestique... mais pareil concession aussi tôt nuirait au personnage.


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Matal 12 Jangur 816 à 22h39
 
Inclinaison à quinze degrés. Analyse des mains. Pas d'alliance.

Bonjour mademoiselle Naomi, c'est un plaisir de vous revoir.

Je me redresse. Aïe mon dos ! Ca c'est l'humidité, je le sens dans mes articulations, quelle plaie.

Mademoiselle d'Ascara vous transmet ses salutations mais regrette de ne pouvoir être présente, des affaires importantes la retenant toute la journée, elle nous rejoindra pour le dîner.


Je tends le bras vers elle d'un geste mécanique.

Puis-je prendre votre bagage ?


Quoi qu'il advienne, j'indique la voiture qui nous attend. Malgré les progrès technologiques, les d'Ascara ont toujours tenu à conserver un certain traditionnalisme dans les moyens de déplacement, chose que je ne peux qu'approuver. Je préfère encore pelleter les excréments des chevaux que de m'occuper d'une chaudière.

J'ouvre la portière pour la laisser rentrer.

Si vous souhaitez vous reposer au manoir, nous pouvons nous y rendre tout de suite. A moins que vous ne préfériez...aller dans quelques boutiques ? Je connais un bon tailleur si besoin.


 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Julung 14 Jangur 816 à 13h57
 
***
Miroir d'un instant,
Échelle sur un lac perché.
En ce jeu engagés.
***


D'un haussement d'épaule l'artisane s'allège du sac à dos qui l'avait accompagné pendant son trajet. L'eau qu'il contenait ayant été bue son poids en est nettement allégé. Une fois ses bagages pris en charge par le majordome, elle entreprend le plus calmement du monde de défaire les attaches finement ouvragé des gantelets renforcés qu'elle porte habituellement. Chargés de magie par les multiples infusions successive pratiqués sur eux il est généralement plus sage de ne pas laisser un quelconque krolanne les observer de trop près. Ou alors brièvement. D'une manière a éviter qu'un témoignage dérangeant puisse survenir.

Apprendre le délais dont elle dispose la rassure... Et la proposition d'Harvin l’amuse... Depuis combien de temps n'a-t-elle pas eu l'occasion de se faire habiller ? L'experience a quelque chose de tentant...

- Puisque nous disposons d'un peu de temps autant en profiter pour trouver quelque chose de mieux que les quelques vêtements propres que pouvaient contenir ce sac. Quand au choix du tailleur...

Un sourire fleurit sur ses lèvres...

- S'il en est un a qui vous souhaitez faire une mauvaise surprise... Je serais ravie de rencontrer un ou une collègue depuis l'autre côté du comptoir. Mais le temps et ce qu'il est. Je craint qu'il ne faille se contenter de prêt a porter. Je m'en remet a vous.

Sur ces dernières paroles elle tend ses gantelets au majordome et s’installe confortablement dans la voiture a cheval. Il est amusant de constater a quel point ce moyen de transport semble être plus commun au Dè.


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 14 Jangur 816 à 15h23
 
Je m’incline en saisissant les gantelets. Je dépose les affaires sur le toit de la voiture, j’harnache le tout puis m’installe à la place du conducteur.

Yip yip !

***

Les deux chevaux renâclent un instant puis se mettent en route. Emmitouflé dans sa cape, la tête rentrée entre les épaules, le serviteur n’a pas le loisir de beaucoup admirer le paysage. Quant à sa passagère, elle peut apprécier les rues éclairées des artères principales, éclairant quelques bâtiments administratifs puis au fur et à mesure, quelques hôtels particuliers avant d’arriver aux Champs Elyséens, connus dans tout Syfaria pour la profusion de boutiques luxueuses qui ont pignon sur rue. Naoko peut éventuellement être saisie d’inquiétude quant à la santé de son portefeuille devant de telles devantures, certes proposant de très bons produits, mais pour des prix prohibitifs. Finalement, aucun arrêt n’est marqué, à croire que la descente de l’avenue n’est là que pour le plaisir des yeux, le majordome pensant peut-être faire plaisir aux invités habituels de la maison d’Ascara qui raffolent de ce genre de loisirs dispendieux. Quelques minutes plus tard, dans une rue beaucoup plus calme mais toujours très bien entretenue, la voiture s’arrête. Un jeune garçon vêtu d’un uniforme discret et propre s’empresse de venir ouvrir la porte à l’invitée tandis que le majordome peste contre ses lombaires qui lui font mal.

***


Mademoiselle Naomi, si vous voulez bien me suivre.

La boutique arbore une vitrine classique, cerclée de cuivre et affiche quelques mannequins vêtus de fines robes d’un goût sûr, certaines sobres, d’autres plus excentriques. Une lourde draperie de velours rouge carmin empêche de voir le reste de la boutique derrière. Une porte en bois laqué percée de carreaux fumés s’ouvre et sur le seuil s’affiche un homme dans la force de l’âge souriant. Il porte un pantalon noir pincé assez fin, une chemise blanche à poignets mousquetaires et un veston de tartan noir et vert sombre Un nœud papillon rouge est la seule autre nuance de couleur sur cette personne dont la peau d’ivoire laiteuse se perd presque au niveau de la chemise. Une broche à épingles sur le bras et un mètre à ruban autour du cou finalise la représentation de la profession. Une fine barbichette couvre le bas du visage. Il s’incline avec la même aisance que le majordome.

Bonjour mademoiselle et bienvenue au Céleste, tailleur pour dames. Je suis Meecham, pour vous servir.

Il se relève et regarde le majordome un instant.

Je vous en prie mademoiselle, entrez. Souhaitez-vous boire quelque chose ? Une tasse de thé ? Un café peut-être ?

L’intérieur est entre une boutique de vêtements classiques et un atelier de conception. Aux murs sont alignés de grands rouleaux de tissus de toutes sortes, dans la pièce, plusieurs employés s’échinent à prendre des mesures, à dessiner les patrons, à coudre. Il se dégage de l’ensemble une atmosphère studieuse, impliquée, concentrée mais conservant malgré tout un certain niveau de prestation.

Meecham fait signe à une assistante de prendre la commande tandis qu’il fixe la salle, perdu dans ses pensées puis finit par se retourner.


Je vous écoute, que puis-je faire pour vous ?


 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Dhiwara 17 Jangur 816 à 14h08
 
***
Dépaysement,
Voir ce que l'on connaît bien.
Tellement différent.
***


Le début du trajet amuse quelque peu la sinite... en passant dans ces rues la différence fondamentale entre les kils sautait tout bonnement aux yeux. Aucune rue pareille n'aurait pu subsister au Sin ou une voiture comme celle dans laquelle elle se trouvait était déjà considérée comme indécente. Oh... Naturellement certaines sommités du quartier avaient une vie proche de celle de l'aristocratie... la stabilité en moins. Il arrivait régulièrement que le jeu des discours ne fasse changer le visage de la « haute ».

A en juger la suite du trajet l'objectif n'était pas de s'arrêter dans l'une de ces boutiques. Tant pis. La dépense n'aurait pu être négligée mais restait parfaitement dans ses moyens et le jeu de la dame pouvait être amusant. Combien de fois avait-elle remarqué que lorsque des autours dénotait les regards qui habituellement l'ignoraient semblaient prendre plaisir a la regarder. Et elle savait parfaitement a quel point les meilleurs couturiers se faisaient un devoir de complimenter le plus infâme des laiderons.

Arrivée au « céleste » elle mémorise l'enseigne. Peut-être en discuterait-elle d'ici quelques jours avec Mélinda. Puis elle entre, adoptant une démarche plus décontractée. Le premier regard qu'elle porte a l’atelier n'a rien de celui d'une cliente. Habituée des lieux semblables elle évalue rapidement la qualité de l'ouvrage effectué... S'amuse de voir les hésitations de l'un des apprentis...

- Enchantée Meecham... Un thé, volontiers.

Le plus grand problème dans cette commande relevait du temps. Le mieux serait de ne pas perdre trop de temps en jouant l'écervelée...

- En venant au Dé je ne m'attendait pas a avoir l'occasion de rencontrer mademoiselle d'Ascara... Aussi n'avais-je emporté que des vêtements de travail. Pourtant il se trouve que je suis finalement invitée pour la soirée... Il me faudrait donc quelque chose d'adapté.


L'intonation légère et pourtant affirmative sur le terme « adapté » laisse entendre qu'elle ne s’apprête pas a continuer, laissant au maître des lieux le loisir de décider lui-même de la signification de ce terme. Puisque le majordome l'a menée ici il est probable que le couturier sache parfaitement quoi fournir pour plaire a la maîtresse de la maison.


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 20 Jangur 816 à 12h10
 
Meecham me regarde. Il hausse un sourcil. Je hausse un sourcil, le gauche je crois bien. Ca me fait penser, est-ce que le boulanger a livré les brioches d'hiver tiens ? Ah, que de soucis. Je reprends la parole.

Mademoiselle d'Ascara, à l'inverse de madame sa mère, accorde relativement peu d'importance à l'étiquette et aux conventions usuelles propres à son statut.

J'ai en tête mademoiselle Thaïs et ses tenues étranges quand elle part casser du krynänn le soir en douce et quand elle rentre quelques heures plus tard amochée de partout avec plusieurs sangs différents sur elle. Si seulement elle savait à quel point il est difficile de ravoir une tenue tâchée de sang, un vrai calvaire...

Meecham hoche la tête satisfait. Il comprend parfaitement. Un sourire en coin, je suis sûr qu'il a déjà le patron en tête, ne reste plus qu'à ajouter les mesures exactes. Il passe quelques instants à observer mademoiselle Naomi comme s'il analysait un plan de bataille. Une employée revient avec un thé. Je le repère de loin et connaissait les goûts de ce tailleur, il s'agit sûrement d'un thé bleu "Mariage cousins" étrangement appelé "Robe rouge". Ce chef-d’œuvre bénéficie de conditions idéales : des pentes escarpées, un sol sablonneux, une source, l’éclat du soleil matinal et une ombre fraîche l’après-midi. Juste après la cueillette, ses bourgeons connaissent une oxydation soutenue qui lui confère un ton très boisé. Une infusion puissante, concentrée, et son grand arôme, entre châtaigne et noisette, se prolonge longtemps en bouche. Un excellent choix même si je trouve que l'heure de la journée n'est pas adaptée.


Si vous voulez bien me suivre mademoiselle. déclare Meecham en s'inclinant.

Ils arrivent dans une petite pièce fermée dont les miroirs muraux renvoient une infinité de reflets. Quelques paternes aux murs et des cadres photos de modèles dans leurs nouvelles robes, tailleurs ou tenues de cérémonie décorent une pièce sobre mais élégante. Un petit piédestal trône au milieu, le tailleur fait signe à Mademoiselle Naomi de s'avancer.


Nous allons prendre vos mesures, je vais tenir votre tasse si vous le permettez mademoiselle...Merci. Maintenant, veuillez écarter les bras, voilà merci.

Le tailleur frappe dans ses mains et deux assistantes rentrent dans la pièce sans un mot et se mettent au travail. Les chiffres se suivent tandis que le tailleur prend tout en note sur un calepin. Les mètres à rubans vont et viennent à des endroits clefs. L'artisane peut sentir une certaine ressemblance avec les maîtres artisans qu'elle doit côtoyer parfois. Quant à moi, je reste derrière, droit comme un piquet, en attendant, perdu dans mes pensées.

Quelques minutes suffisent pour prendre une vingtaine de mesures, deux fois par sécurité. Sans un mot, les assistantes ressortent après s'être inclinées, Meecham leur tend la feuille du calepin. Il toise de nouveau mademoiselle Naomi, l'air concentré.


Vous serez livrée pour ce soir, je vous propose un modèle sobre et sage, motif léger pour les yeux. Tissu damassé, bleu céruléen, doublure en ouate pour la saison, deux tiers soie pour la qualité, un tiers coton pour la robustesse pour la veste. Un peu comme ce modèle-ci :

*** ***


Une robe longue ou mi-longue noir me semble tout à fait seyant avec. Ou éventuellement un pantalon à pince, c'est possible, certaines de nos clientes aiment bien. Le noir va avec tout de toute façon. Pour le chemisier, coupe étroite, blanc neige, teinte mate.

En résumé, une tenue discrète mais élégante, pas trop chargée visuellement, modulable, utilisable pour d'autres occasions.

Mademoiselle, cette proposition pourrait-elle vous convenir ?



 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 23 Jangur 816 à 01h11
 
***
En terr-in-connue,
Sur le fil de ce ruban
Familiarités.
***


L'affirmation du serviteur apporte de premières informations particulièrement instructive. Certaines pensées sur les entrelacs avaient laissé penser ceci... Certaines commandes également. Les « demoiselles kildéennes » semblaient profiter de ce gain de puissance pour mal tourner. Le pauvre Harvain devait probablement faire des pieds et des mains dans le vain espoir de conserver un minimum de bienséance...

Naoko marque donc son approbation d'un léger hochement de tête. Si elle sait comment se tenir lorsque lever le petit doigt devient une nature, les milieux qu'elle apprécie de côtoyer se satisfont parfaitement de bien moins de sophistication... Et les travaux la poussant dans ce genre de milieux sociaux se finissaient bien souvent vers les « travers » quelques peu... brutaux.

Le thé arrive. L'odeur et la couleur informe rapidement l'artisane qu'il s'agit d'un thé bleu... Le choix de la facilité ? Le goût la détrompe rapidement. Naturellement ce goût de tanin marqué fausse son appréciation du breuvage. Elle reconnais cependant la qualité du cru : malgré l'infusion prolongée qu'affectionnent tant les amateurs de thés bleu ou fumés l'amertume reste secondaire et l'infusion consommable sans recourir a d'indécentes quantités de sucre voire de lait.

Un hochement de tête gracieux accompagne l'invitation du maître des lieux... Docile elle se plie aux mesures des assistantes, facilitant leur tâche... Elle s'amuse de constater les légères différences et se retient de corriger certaines premières mesures erronées. N'avaient-elles pas réalisé que la première mesure de sa poitrine n'était pas parfaitement horizontale ? Le demi-centimètre d'erreur qu'il en résultait fut heureusement corrigé par une deuxième mesure plus soigneuse et une troisième venue la confirmer, évitant ainsi a la couturière de leur faire remarquer oralement qu'elles avaient surestimé son tour de poitrine...

La suite s'avère plus étonnante... Bleu ? Une couleur qu'elle prenait habituellement soin d'éviter pour elle-même... Sa carnation orangée lui avait toujours semblé jurer avec les teintes azurées... Leur préférant les couleurs chaudes et le blanc lorsqu'il était question d'élégance... Certains verts également, en particulier sur satin... Soit. Elle laisserait faire pour le principe de base mais tout de même...

- Je crains que le céruléen ne jure trop sur ma peau... Un satin celadon peut-être ?

La coupe dénote également avec ses habitudes mais cette fois c'est de bonne grâce qu'elle se plie a la proposition qui lui est faite... Étant donné le laps de temps dont les tailleurs disposent mieux vaut ne pas trop les attirer hors de leurs habitudes... Peut-être pour quelque chose de plus léger comme le chemisier ? L'absence de doublures ou de renforts permettent plus de liberté... Et dans son propre cas le cintrage ne demandant pas de grand effort ils devraient bien trouver le temps d'éviter le plus parfait classicisme...

- Un pantalon sera très bien... Je vous laisse décider de la coupe mais évitez les tissus trop rigides. Quand au chemisier... Si vous pouviez éviter les classiques boutonnières centrales... Peut-être avec un tissus plissé ou un battant ? Si je porte un pantalon je préfère me sentir « habillée » même si je retire la veste pour plus de confort. Enfin... Je vous laisse juger de ce que vous estimez réalisable d'ici ce soir...

Le ton, l'inflexion particulière donnée a a certains termes (en particulier celui habillé de guillemet bien que la mention faite de rigidité n'ai guerre eu a lui envier) laisse entendre la coquetterie de la maîtresse couturière... Trait de sa personnalité qu'on peinerait a deviner dans ses vêtements de voyages a l'allure garçonne.


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 2 Marigar 816 à 07h47
 
Meecham s’incline de trente degrés.

Mais très certainement mademoiselle Naomi, nous allons modifier immédiatement la commande selon vos souhaits. Vous serez livrée en début de soirée sans faute. Le Céleste vous remercie de votre confiance et vous souhaite un excellent séjour au Kil’dé.

Nous quittions la boutique tandis que j’ouvrais la portière de la voiture en m’inclinant de quinze degrés.

Mademoiselle Naomi, vous devez être fatiguée de votre voyage, je vous propose de nous rendre directement au manoir d’Ascara où vous pourrez vous reposer si vous le souhaitez.

Je montais sur la place du cocher puis saisissait les rênes.

Yip yip

Les canassons s’élancèrent mollement, largement habitués au rythme de madame d’Ascara qui affectionne les trajets en douceur sur des routes bien pavées. Tant pis pour la rapidité, au moins notre invitée pourra profiter du paysage. Et moi, je pourrai contempler le postérieur des deux équidés… Je me dis que j’y perds au change…

Une bonne demi-heure plus tard, nous arrivions devant l’entrée principale du manoir d’Ascara, sous le auvent qui tient lieu de porte principale du manoir. J’avais fait briquer chaque fenêtre, chaque cuivre, chaque lamelle de parquet pour afficher une propreté toute règlementaire. Il était tellement rare de recevoir une invitée de marque qui apprécie autant les bons breuvages. Je sautais à terre pour ouvrir la porte et m’inclinais de nouveau.

Bienvenue au manoir d’Ascara mademoiselle Naomi.

Je saisissais le sac à dos et les étranges gantelets puis ouvrait le chemin. L’ouverture de chemin est tout un art et fait appel à des trésors d’adaptation. Bien entendu, il ne s’agissait pas de passer le premier mais bien de rester derrière, légèrement en retrait, côté droit de préférence, gauche s’il n’est pas possible d’être sur la droite. Les seuls dépassements autorisés sont généralement les quelques pas avant une porte pour pouvoir l’ouvrir sans faire ralentir son hôte. De même qu’à l’entrée d’un lieu public, il est de coutume de passer en premier si l’on accompagne une femme afin de s’assurer que l’endroit ne craint rien. La marche du côté droit sera toutefois enfreinte en cas de marche sur un trottoir afin de laisser la partie proche de la voie au serviteur en cas d’éclaboussure ou de chocs avec un véhicule. Cela demandait une attention de tous les moments, marcher avec quelqu’un quand on est un serviteur est presque un art.

Une fois dans le hall d’entrée, je fermais la porte.

Si vous voulez bien me suivre mademoiselle Naomi, la chambre boisée est prête.

Nous gravissions lentement les marches de l’escalier du hall d’entrée avant de bifurquer sur la gauche dans l’aile habituellement réservée aux invités. La chambre bleue avait hébergé monsieur Keran, la rouge mademoiselle Yloyse je crois, la verte est en rénovation actuellement et la boisée sert majoritairement aux invités de monsieur et madame d’Ascara. Sa décoration intérieure est la plus élaborée de toute. Les boiseries ont été réalisées par les meilleurs artisans en leur époque. Le parquet en tek a été assemblée selon des motifs carrés imbriqués. Les plafonds en coffre donnent un volume et une richesse ornementale égalée que dans les plus grandes bâtisses du Kil’dé même si la superficie est ici plus modeste que dans un palais. Le mobilier mélange les essences de bois les plus précieuses avec notamment un secrétaire de travail principalement constitué d’ébène et rehaussé de chevilles en bois d’acajou. La patine du temps alliée à un cirage rigoureux donnent un aspect élégant au tout sans être un instant rustique. D’aucuns pourraient trouver le style un peu chargé mais c’est une des meilleures représentations d’un intérieur Kil’déen par excellence.

Je dépose les affaires sur le repose-bagages à l’entrée – une idée à moi que j’ai ramené de mon expérience en hôtellerie – puis me retourne pour présenter la chambre à l’invitée.


Sur votre gauche, vous avez accès à la salle de bain mademoiselle Naomi. SI vous souhaitez me contacter, vous pouvez tirer sur cette petite cordelette près du lit, je viendrai immédiatement.

Un instant.

Je vous laisse vous installer et prendre vos aises. Lorsque vous serez prête, je vous attendrai dans le hall d’entrée pour aller prendre un thé.


 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Dhiwara 13 Marigar 816 à 14h34
 
***
La chaleur d'un feu,
D'un accueil bien préparé,
Calme d'une chambre d'amis.
***


Visiblement la maison comptait sur la quantité de main d’œuvre pour parvenir a ses fins. La méthode s'avérait généralement efficace pour fournir rapidement des ensembles de qualité intermédiaire a haute. Incomparable, pour l’œil expert au travail d'un unique maître artisan pendant plusieurs jours qui saurait assurer une cohérence d'ensemble a la tenue... Mais néanmoins quelque chose qu'aucun prêt a porter ne serait capable de fournir.

Harvain avait laissé le couturier prendre la main et se conformait en tout point a ce qu'on attendait généralement d'un majordome... Peu habituée a en avoir a sa propre disposition même si coutumière de leur compagnie, Naoko ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine gène face a la situation... Après tout n'était-elle pas ici au moins autant pour rencontrer le serviteur que la maîtresse ?

Enfin... Elle en avait fini ici et la question de l'argent n'avait naturellement pas été abordée. Harvain serait probablement contacté pour pouvoir s'occuper de ces « détails bassement matériels ». C'était en tout cas ainsi qu'elle-même aurait agis en la circonstance.

Le trajet jusqu'au manoir ne fut pas des plus exaltants... Seule dans la cabine sans aucun vis à vis... Elle aurait pu entamer une conversation mentale avec son chauffeur mais cela n'aurait pas eu beaucoup plus d'intérêt qu'un échange effectué depuis le confort du creuset. Autant attendre d'être autour d'une bonne tasse de thé.

Le voyage avait été, l'air de rien, exténuant et c'est un peu somnolente qu'elle suivit son hôte jusque dans la pièce qui serait sa chambre... la « boisée » ? Arrivée a l'intérieur elle compris sans peine pourquoi. Chaque meuble était marqueté avec le plus grand soin et même s'il ne s'agissait pas du tout de son propre domaine de compétence elle reconnaissait là la pâte d'un maître. Il était peu probable que toutes les chambres d'amis soient aussi remarquables. Belle ? Elle ne serait pas allée jusque là. Adepte de la sobriété elle aurait bien été forcée d'avouer, si la question lui avait été posée, que l'endroit était largement trop chargé a son goût... Tous les lanystha reçu ici avaient-ils bénéficié des mêmes attentions ? Sûrement pas Yloyse... Cette dernière en aurait probablement fait une syncope... A moins qu'elle n'ai pas bien réalisé depuis les tréfonds de l’état de choc ou elle se trouvait ?

Il n'était pas impossible que ce soit justement le cas. Les multiples motifs permettraient de dissimuler aisément quelques mécanismes et les invités de marques étaient souvent ceux qu'on avait le plus de bénéfice a observer de près. Chercher les pièges ne serait de toute manière pas particulièrement productif. Elle doutait qu'on en veuille ici a son intégrité et il n'y avait rien d'autre qu'elle risquait.

A moins bien sur que ces Lanystha n'aient un lien avec une autre vague... Hypothèse trop coûteuse et surtout inutile.

Sous l’impulsion de la fatigue et après avoir peiné a comprendre tout ce que Harvain venait de lui dire, la tisserande répondit dans un krolanne bien plus fluide que son kildéen.

- Merci... Une douche sera une bénédiction... Je vous rejoint bientôt.

Un sourire en guise de remerciement elle lui tourne le dos et, sans attendre, entreprend de se déshabiller avant de se rendre dans la sale de bain. Autant laisser les vêtements a laver le plus facilement accessibles.

L'eau fraîche la fait sortir de sa torpeur mais, malgré l'agrément qu'elle lui apporte elle ne s'attarde pas. Le temps de se laver le cheveux pour qu'ils aient toute l'après-midi pour finir de sécher.

C'est ainsi qu'une trentaine de minutes plus tard, Naoko, vêtue de manière bien plus décontractée (un pull fin en laine d'alpaga beige et d'un sarouel en patchwork noir et rouge), ses cheveux libres encore humides sur les épaules, revient dans le hall...


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Matal 22 Marigar 816 à 09h14
 
Pendant ce temps-là, j’avais fini d’apprêter le salon rouge pour recevoir notre invitée. Pour la première fois depuis longtemps, j’allais pouvoir m’entretenir avec une experte en la matière, une adepte de la noble boisson. Ca changeait beaucoup des rustres que je fréquentais malheureusement dans l’exercice de mes fonctions. Et pour une fois, c’est une étrangère et non une habitante du Kil’dé. Comme quoi, on peut trouver des andouilles au Kil’dé et des gens bien élevés en dehors… Rare, mais possible. Quoique, je pense que le nombre d’andouilles au Kil’dé reste supérieur au nombre de personnes bien éduquées en dehors…

Oh je suis un pur produit Kil’déen. J’ai cette condescendance chronique envers les habitants des autres quartiers, les considérant comme des rustres mal dégrossis à l’éducation et à l’hygiène douteuses pour la plupart. Qu’auraient-ils à m’apporter que je n’ai pas déjà ? Mais il existe fort heureusement, çà et là, quelques heureuses exceptions. Tout comme je traite plus durement un voisin malpoli plutôt qu’un étranger car j’ai moins de tolérance pour un kil’déen censément mieux éduqué.

Hormis pour de rapides voyages professionnels et quelques missions peu recommandables, je n’ai jamais eu l’occasion de visiter ces autres quartiers. Oh bien sûr, le Kil’dara bénéficie de magnifiques exploitations produisant parmi les meilleurs thés et je pense que le Kil’sin doit avoir quelques produits locaux intéressants hormis les palabres et autres péroraisons dont ils sont si friands… Peut-être que pour mes vieux jours, j’irai me promener en ces contrées sauvages, essayer de les évangéliser aux bonnes manières et à la cérémonie du thé…

C’est l’esprit ailleurs que je disposais sous cloche quelques petits gâteaux et biscuits secs. Pendant plusieurs heures la veille, j’avais longuement réfléchi à une sélection de thés à proposer. J’avais sorti un assortiment pouvant satisfaire une bonne variété de palais raffinés sans toutefois être véritablement sûr de moi. Toutefois, je me dis que quels que soient les goûts de notre invité, le thé au jasmin serait de toute façon, un terrain d’entente universelle. L’oreille aiguisée par des années de service et en alerte depuis la dernière attaque au manoir où nous avions failli trouver une fin pénible, douloureuse et relativement inutile, j’entendis les marches de l’escalier craquer. Je ne l’attendais pas si tôt.

Je me redressais et me dirigeais vers le hall d’entrée.


Ah mademoiselle Naomi, parfait, nous allons pouvoir commencer, si vous voulez bien me suivre.

Je m’incline puis repart en sens inverse vers le salon rouge. La pièce est plutôt petite, une quinzaine de mètres carrés et on comprend bien pourquoi on lui accole l’adjectif de rouge. De lourdes draperies encadrent une fenêtre donnant sur le jardin extérieur avec en premier plan une petite fontaine. Une petite table ronde trône en son centre. La laque sur le bois fait ressortir le rouge des incrustations qui dessinent un motif géométrique circulaire sur le dessus. L’ensemble nécessaire pour la dégustation du thé est présent et rigoureusement placé sur la table au millimètre près, j’y ai veillé. Soucoupes, tasses, cuillères, repose-cuillère, pince à sucre, sucrier, tout est présent, que je sois damné si j’oublie quelque chose. J’ai sorti pour l’occasion le service en porcelaine que j’ai eu à la sortie de l’école hôtelière. Il reste presque aussi vieux que moi ce service mais il a mieux vieilli que moi. On en fait plus des comme ça, même pas une fissure et les couleurs tiennent encore grâce à l’émail. En bordure de table, l’assiette de pâtisseries et de biscuits sous cloche en verre. Deux fauteuils qui ont l’air terriblement confortables sont disposés de part et d’autre de la table. Les rembourrages des fauteuils en mousseline tendent la soie renforcée de coton pour former des plis ronds harmonieux. Une commode adossée à un mur complète l’ameublement classique avec ses pieds recourbés et ses poignées dorées. Sur les murs recouverts d’un papier peint en filigrane représentant des bandes végétales sont accrochés quelques tableaux et autres médaillons ovales représentant probablement des membres de la famille d’Ascara, fixant les invités d’un regard sévère.

Je tire le fauteuil à droite et me poste derrière, en attendant que mademoiselle Naomi s’asseye. Puis je quitte la pièce sans un mot pour revenir quelques minutes plus tard avec mon chariot roulant. Sur le plateau du dessus, une grande théière fumante trône fièrement, comme si elle savait qu’elle était la pièce maîtresse de l’événement. Sur le plateau du dessous, une grande boite en bois discrète aux armoiries en forme d’un soleil blanc et noir surmonté d’initiales « LS » en dessous. Le couvercle est en verre et fait apparaître de petits compartiments avec de petites boites en métal à l’intérieur. Avec un luxe de respect, je présente la boite à mademoiselle Naomi. Je reprends la parole, le ton moins formel que d’habitude.


Alors, ne sachant pas trop quels sont vos goûts, je vous ai fait un petit assortiment. Vous me direz ce que vous en pensez.

Alors là, vous avez le thé bleu « Brume d’Opium » qui est connu pour être récolté sur un théier sauvage centenaire au milieu d’une région très montagneuse et brumeuse. Le sol est très riche malgré une altitude élevée et le fait qu’il pousse au milieu d’herbes utilisées en pharmacopée d’opiacées lui donne un goût tout à fait particulier. En bleu, j’ai aussi « L’oriental Divin », un grand cru reconnu surtout pour sa grande proportion de bourgeons dans le thé qui donne une teinte des fragrances tout à fait remarquables. Et les notes de fruits secs en arrière-goût sont tout à fait de saison je trouve. Pour le blanc, j’ai le « Prince de la cosse », un thé fumé qui pousse dans une région venteuse sur une terre plutôt volcanique et sous un soleil sec. Un rare caractère pour un thé blanc vous en conviendrez, presque révolutionnaire. J’ai aussi le classique « Darjeeling précieux » que vous devez sûrement connaître. Je cède toujours sur son raffinement intemporel et ses notes poirées et mielleuses même si je trouve que le printemps est plutôt sa saison de prédilection. En vert, j’ai le « Suprême » à vous proposer. Rien moins, à mon avis, que la quintessence du thé vert. Un bouquet floral frais, rond et remarquablement intense, parfaitement adapté pour la saison, j’ai la chance de connaître un peu le producteur, un excentrique mais passionné. Et pour finir, les rouges rooïbos, j’ai sélectionné un classique parfumé aux clous de girofle, cannelle et coriandre que j’ai rehaussé personnellement d’une gousse de vanille bourbon du Kil’sin.

Je me dis que je n’ai pas du parler autant en une fois que depuis plusieurs semaines.


 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 2 Astawir 816 à 16h39
 
***
Amour du breuvage,
Dont l'ambre traverse les âges.
Bienveillance d'un père.
***


L'empressement du vieux majordome avait quelque chose de... mignon. Terriblement mignon. N'aurait-elle pas été elle-même et n'aurait-il pas eu l'âge d'être son père elle aurait peut-être été amenée a se poser des questions sur l'innocence de l'empressement dont il faisait preuve. Qu'avait-elle donc fait pour provoquer ça ? Elle n'en avait aucune certitude quand a ce qui avait pu amener cet homme sur le déclin a la considérer ainsi... Mais il était peu ou prou certain qu'il n'adoptait pas un comportement semblable avec tous ses invités. La description faite par Yloyse ne collait pas du tout avec ce qu'elle discernait actuellement.

Le plus probable était que : primo la jeune Yloyse, issue d'un orphelinat Darien n'ai eu sa perception de tout ça légèrement alternée par le gouffre social. Secundo : par certains aspects la relation qu'il semblait entretenir avec Thaïs pouvait s'assimiler a celle qu'elle-même pouvait entretenir avec Yloyse... La supériorité morale du percepteur âgé en plus... Oui, bon : et toutes ces ronds de jambes en plus également. Mais bref. La proximité de leurs caractères devait être aussi évidente a Harvain qu'a elle-même et justifiait probablement les efforts fournis.

Lorsqu'il revint avec les thés elle lui adressa un sourire... Qui s'effaça rapidement pendant son laïus, remplacé par l'air concentrée de qui peine a suivre le débit de paroles de son interlocuteur... Arrivée au bout elle répond, visiblement hésitante :

- Le rooibos attendra ce soir... Il sera, je pense, délicieux une fois le soleil couché. Vu l'heure, mon choix se porterait plus volontiers sur un Blanc... Et je dois avouer que je n'ai que rarement eu l'occasion de déguster un blanc fumé... Et que je ne l'ai jusqu'alors jamais saisie. Habituellement les thés fumés ont une teinte trop marquée a mon goût... Je préfère déguster les thés les plus légers lorsque la finesse du goût se sublime sur la langue. Je ne céderais donc pas a la facilitée et testerais ce « prince de la cosse ».

Un temps de pause... D'un geste elle lui indique de s'installer lui aussi lorsqu'il aura fini alors qu'une pensée s'élève, première entorse a la politesse et, espère-t-elle, dernière.

Pensée :
Je suppose que nous pouvons « parler » librement ici ?


La mesure de sécurité est plus que probablement superflue mais malgré tout indispensable... Les conséquences sont trop graves pour prendre le moindre risque en la matière.


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 7 Astawir 816 à 23h02
 
Un excellent choix mademoiselle Naomi.

Je m'incline et commence à remplir une petite boule à thé à l'aide d'une cuillère. Je suis concentré, même pour une tâche aussi simple. Je dépose la boule dans la tasse et prépare la mienne. Je choisis pour l'occasion le Darjeeling précieux, il n'y a que ça de vrai. Un de mes préférés, pur et lumineux comme un diamant. La seule chose qui me raccroche à cette terre... Je commence à servir l'eau et dégaine ma montre gousset. Trois minutes pour le Prince et quatre pour le précieux, pas une de plus, pas une de moins. Le temps s'écoule dans un silence feutré, je ne vois pas quoi dire. Cette situation est presque inédite pour moi maintenant que j'y pense. D'habitude, un serviteur ne reçoit pas d'invités, encore moins dans la demeure où il officie. Je me relâche avec l'âge. Mais trouver quelqu'un avec qui partager une passion de personnes bien éduquées est tellement rare...

Au moment venu, je retire les boules à thé que je dépose dans une petite soucoupe. Enfin, je m'assied. Là aussi, je ne suis pas habitué à prendre cette place que j'ai du mal à me sentir à l'aise. Passer 50 ans debout dans un coin de la pièce ne vous habitue certes pas à être assis en son centre.


Nous pouvons parler librement mademoiselle Naomi. J'ai donné sa journée au reste du personnel de la maison, monsieur et madame d'Ascara sont en villégiature chez des amis et mademoiselle Thaïs est à son travail. J'ai fait monter des vitres blindées dans toute la demeure depuis des événements...récents et le léger glaçage de cette vitre empêche de lire sur les lèvres. Ah, et j'ai posé des pièges à loups empoisonnés un peu partout dans le jardin.

J'ai hésité à mettre des mines dans le jardin mais le jardinier verrait son travail complexifié outre mesure. Ce n'est pas pratique. Par contre, il faudrait que je pense à affûter les lames de rasoir sur les murs extérieurs du domaine et sur les gouttières. Je ferai ça ce mois-ci, voyons voir... matal prochain, ça me semble bien.


 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Vayang 15 Astawir 816 à 23h23
 
***
Feuille droite, dressé,
Au cœur du liquide ambré,
Chance a venir.
***


Le raffinement se cultive au fil des années. Et il ne faisait aucun doute pour Naoko que son interlocuteur avait pris soin d'y consacrer tout son talent durant plusieurs décennies. L'aisance avec laquelle l'eau était versée... Celle là même dont le doux chant laissait présager que la température n’excédait point les quatre-vingt degrés sans pour autant descendre en deçà des soixante-dix... Parfaite pour extraire les saveurs sans pour autant les dénaturer.

Et pourtant derrière le velours se trouvait l'acier. Celui-là même qui donnait toute son élégance aux soies les plus fines. Ce contraste parfaitement maîtrisé... Un sourire amusé. Pourquoi fallait-il que l’immense majorité des gens soit ainsi incapable de concilier la froide efficacités de la rue avec l'exquise sophistication que certaines branches de la haute société s'efforçait de cultiver ? Le résultat était bien souvent vulgaire quelque soit l'aspect privilégié.

- Voila qui doit assurer aux plus jeunes montes en l'air un parfait terrain d’entraînement. Et offrir des fleurs des plus intéressantes au réveil a votre jardinier. En tout cas me voici rassurée... J'espère que ces « événements » se sont terminés sans autre casse que les vitres... Et l’importun.

Éveillés depuis un moment, la « jeune fille » étant Noxamancienne... Il était probable que les événements en question aient été en rapport avec un Lanystha. Ou un krolanne trop curieux qu'il avait fallu faire taire.

Elle hume le breuvage pour en apprécier l'odeur... Il n'est pas encore temps d'y tremper les lèvres... Le silence pourrait se poursuivre... Et l'instant perdurer. Naoko repousse pourtant cette idée fort tentante... Le retour au krolanne se fait naturellement :

- L'art de l'infusion... Savez-vous pourquoi j'ai ainsi surnommé l'art qui, dans les caches est souvent surnommé l'enchantement ?


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Matal 14 Jayar 816 à 18h03
 
Je commence par un biscuit aux amandes. C'est un petit plaisir que je m'offre de temps en temps, un gâteau sec ou un biscuit aux amandes, et les jours de folie, un éclair au chocolat. Je n'ai pas de souvenir de règles de bienséance sur l'ordre de la dégustation de pâtisseries, de nombreuses thèses avaient été rédigées par certains étudiants gourmands en fin de cycle mais le jury se montrait assez sévère sur la codification de l'ordre des sucreries. Etrangement.

Je...me suis posé la question à plusieurs reprises bien que je ne sois familier d'aucun terme réellement. Parfois, mademoiselle Thaïs s'occupe de ce genre de manipulations mais sans que je sois tenu informé des étapes du processus. Toutefois, s'il m'était permis de faire une hypothèse, je dirai que l'enchantement est comparé aux feuilles de thé et que l'objet récipiendaire est l'eau. Versez les feuilles dans l'eau et vous aurez la fusion entre les deux ingrédients, qu'il deviendra alors impossible de dissocier à nouveau. Je suppose qu'il s'agit d'une analogie, tout à fait élégante si je puis me permettre mademoiselle Naomi, avec l'enchantement.

Hum, à quand remonte le dernier compliment que j'ai fait ? Je dois avoir noté ça quelque part. Avec l'âge, je me ramollis je pense...

Je hume les volutes de fumée qui s'échappent de la tasse. Ah le sentiment d'être serein....



 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 18 Jayar 816 à 11h18
 
***
Douceur pour le nez,
Ambre brillant sous les yeux,
Trésor sur la langue.
***

L'analyse proposée est plutôt bonne. Elle correspond d'ailleurs plus que moins à la vision naïve du procédé qu'elle-même avait lorsqu'elle avait proposé ce terme. A un détail prés.

- C'est presque ça. Disons que l'infusion désigne aussi bien le procédé que le résultat. Il serait plus juste de dire que dans cette analogie le Lanystha est comparé aux feuilles de thé. Mais cette terminologie reste assez limité car un effet de seuil se dégage assez rapidement quand il est question d'enchantement. Enfin bref...

L'instant était agréable. Le thé délicieux. Là ou le procédé de fumage avait souvent tendance a couvrir les autres saveurs, il l'avait été suffisamment sobrement pour que le goût de fumée donne une sensation de légèreté... A ce propos...

- Le fumage... Il a été fait avec un bois particulier non ? Voir un épice ?

La question méritait d'être posée. Et ces particularités de traitement lui rappelait a quel point la préparation de ces feuilles, du choix de la terre jusqu'au conditionnement en passant par le choix de la graine et de l’arrosage relevait du travail d’orfèvre. Peut-être devrait-elle recruter quelqu'un au sein du CREA pour travailler avec lui sur la question.

- Mes expériences sur l'infusion m'ont d'ailleurs, naturellement, amenée a voir ce qui pouvait être fait a propos de thé. Le procédé est éreintant car le mieux est de travailler feuille à feuille. Mais le résultat est intéressant. Il est possible de faire en sorte que le thé libère plus rapidement ses arômes. Avec suffisamment de maîtrise j'envisage la possibilité d'une amélioration différentielle.

A ce propos il faudrait qu'elle lui demande s'il pratiquait une forme de magie. Et si, par miracle cette magie n'était pas celle qu'elle-même savait pouvoir développer. Cultiver des plans de thé a grand renfort de phrémémancie pouvait être un moyen de donner naissance a un cru hors norme.


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 20 Jayar 816 à 12h40
 
Une excellente question mademoiselle Naomi. Le fumage pour le Prince de la cosse est incroyablement classique, on est sur de la buchette de pins frais. Cela reste un mystère pour beaucoup d'entre nous, qu'un fumage aussi classique soit si différent sur ce thé. Peut-être la composition du sol, volcanique, apporte un quelque chose particulier aux arbres et donc au fumage ? C'est un point que j'aimerai voir résolu un jour....

...avant ma disparition...

Toutes les autres tentatives de fumage auraient invariablement échouées, donnant des thés trop fumés, écrasant le goût des feuilles ou alors ne s'accordant pas.

Je sirote enfin le thé, ah juste comme il faut. Pourquoi s'encombrer d'argent, de destin, de femmes ou de gloire quand on a une bonne tasse de thé ? Mon esprit tourne en arrière plan sur la dernière information.

Un nouveau procédé de production du thé ?

J'ai rarement eu un sentiment d'intérêt aussi prononcé, la dernière fois doit remonter à quelques années quand à un séminaire, j'apprenais un nouveau style d'art topiaire sur les rhododendrons.

Vous...vous me dites que vous...enchantez des feuilles de thé ?

L'idée frise aussi bien l'hérésie que la révolution. Mais malgré mon classicisme intransigeant, je reste toujours curieux de nouvelles méthodes pour sublimer la culture et la dégustation du thé. Il y a toujours matière à s'améliorer. C'est au résultat que nous verrons s'il faut éventrer ou acclamer l'inventeur.

Très intéressant mademoiselle Naomi, pouvez-vous m'en dire plus ?


 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 25 Jayar 816 à 23h22
 
***
Immense élégance,
Dépasse le luxe du détail,
La simplicité.
***

La réponse de l'expert avait de quoi surprendre. Peut-être avait-on affaire a un véritable mystère ou simplement au résultat du travail de désinformation d'un agent de contre-espionnage industriel talentueux.

- Ah ça... Je dois avouer que je ne me suis penchée sur la question de la culture et la préparation des feuilles de thé que de manière amatrice. J'en sais donc fort peu. Il pourrait être intéressant de développer quelque chose et de faire un peu de recherche fondamentale sur le sujet.

Naturellement, la proposition avait engendré de l'intérêt. Inutile, à priori, de procéder a une contextualisation de ces expériences et autant se concentrer sur l'essentiel.

- J'en sais encore très peu. Infuser un objet permet de renforcer certaines de ses caractéristiques physiques. En se basant là dessus je me suis questionnée sur les implications culinaires potentielles. Mais en dehors des épices ou des denrées séchées il est utopique d'espérer voir une infusion rester. La structure interne est trop variable.

Elle avait repoussé les recherches sur les épices en poudre pour des raisons évidentes, les autres épices n'étaient pas beaucoup plus intéressantes que le thé... Et manger directement l'objet de l'infusion promettait des risques plus élevés. L’expérience l'intéressait au plus haut point mais il faudrait un médecin dans les parages. Au cas où. Idem pour infuser des plantes médicinales ou un petit peu plus rigolotes. Un médecin ou beaucoup de cobayes.

- Bref... Pour l'instant je n'ai pas étudié les effets sur le goût. Simplement sur la quantité d'eau qui peut être aromatisée. C'est pas franchement le plus intéressant mais sans pouvoir faire le test en aveugle impossible d'être objective sur le goût. Bref... La quantité d'eau infusable donc. Elle reste stable que le thé soit infusé ou non. Par contre les feuilles que j'avais infusé ont infusé plus rapidement. Il y a probablement moyen d'en tirer quelque chose. Au moins pour savoir si la méthode est intéressante ou a bannir.

Un sourire amusé... Elle enchaîne :

- Et je me questionne sur l'effet que pourrait avoir la phérémancie utilisée sur les plants pendant leur culture.


Bon. En toute franchise elle se questionnait aussi sur ce que pouvait donner la Korthomancie. Mais les résultats serraient probablements nettement moins positifs. A moins qu'en bonsaïfiant un arbre de cette manière bien sur...


A chaque rêve son chemin.
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Julung 30 Jayar 816 à 18h33
 
J'écoute, attentif, l'exposé sur les applications pratiques de la magie sur d'inoffensives feuilles de thé. Je repense alors aux krolannes, nombreux, qui disent que ceux qui manipulent la réalité sont des monstres aliénés, assoiffés de sang, maniaques et dangereux. Si seulement ils savaient que certains cherchent simplement, tout simplement, à rendre le thé meilleur et que le reste importait peu. Je m'interroge alors sur les statistiques. Est-ce qu'il y a proportionnellement davantage de gens mauvais chez les lanyshstas que chez les krolannes ? Ah si seulement j'avais la réponse...ça ne changerait absolument rien aux choses mais je serai content de le savoir.

Je ne connais que très peu mademoiselle Naomi, je ne sais pour ainsi dire rien sur son passé, son histoire, ses mœurs. Voir une artisane qui manipule l'acier en fusion s'intéresser aux impacts de la phérémancie sur le thé m'intrigue. Les seules implications de la phérémancie que je connaisse et qui m'intéresse n'ont qu'une finalité mortifère. Ce sort de vision vitale me permet de visualiser les canaux sanguins, organes internes de ma cible afin d'y mieux placer ma dague. J'y vois une nécessité professionnelle, un impératif d'efficience, une fin justifiant les moyens. Moi je me questionne sur la façon de mieux remplir mes devoirs de majordome, dans le sang si nécessaire...


Passionnant. C’est grâce à des personnes de talent telles que vous que les choses évoluent mademoiselle Naomi.

J’imagine la tête de notre sommelier à l’Hermine de cristal si on lui apprenait la possibilité d’améliorer magiquement certains cépages, il serait fou et chercherait le moyen de devenir lanyshsta ou d’en rencontrer. La solution à beaucoup de maux pourrait se trouver dans ces talents décriés et abhorrés dans certains quartiers… La clef de la survie d’une race entassée dans des baraquements, entourée par des miasmes mortels et peuplés d’horreurs probablement sans noms.


 
Naoko
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 4 Julantir 816 à 17h57
 
***
Au cœur d'un silence.
Découvrir qui veut marcher,
Et qui veut rester.
***

Taciturne... Oui. Elle avait oublié a quel point les personnes de sa profession cultivait ce trait de personnalité comme l'une des plus grandes qualités qui soit. D'une certaine manière... Ce n'était pas forcément pour lui déplaire. Si parler lui plaisait l'harmonie d'un silence choisi était quelque chose dont elle appréciait la saveur.

Un sourire triste fleurit lorsque son hôte la complimenta... Que les choses changent... Oui... Naturellement il ne pouvait rien en savoir... Et il était même probable qu'a l'image d'une bonne partie des kildéens il ai un avis bien marqué sur l'évolution... Enfin...

- Je ne fais au final pas grand chose d'autre que réfléchir... A part quelques petits rien cela dépasse le domaine de mes compétences.


Peut-être devrait-elle faire en sorte de lui tendre une perche assez explicite ? Rien ne pressait et elle n'avait au fond aucune raison de penser qu'il serait tenté de la saisir. Après tout la curiosité n'était probablement pas l'une des plus grandes qualités kildéenne. Et elle ne voyait pas l’intérêt de briser ce havre de tranquillité qu'elle avait trouvé. La partie d'elle qui pouvait s'exprimer ici sans heur manquait bien souvent de distraction. Et si elle devait, comme bien souvent en présence d'étrangers, se retenir de laisser courir ses pensées et maintenir un masque de manières adaptées... Elle pouvait tout de même badiner et profiter de l’accueil. Les choses se ferraient ou ne se ferraient pas. Mais ce serrait au rythme du majordome.


A chaque rêve son chemin.

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