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La lune est rouge au brumeux horizon
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Luang 1 Dasawar 814 à 01h25
 
***
Il est de ces ruelles où personne ne passe et qui sont toute entières laissées au bon vouloir des chats errants et des mendiants. Des poubelles sont entassées dans un coin et laissent paraitre un fumet suffisamment délicat pour que nul ne s’en approche de bon cœur. Les murs ont connus des jours meilleurs et sont sans doute abandonnés depuis longtemps. Rien ne semble pouvoir retenir les vivants ici. C’est là qu’elle est revenue.

Qu’il y ai eu un scintillement ou bien que le corps se soit seulement reconstitué à partir de la poussière, peu importe, puisqu’il n’y a pas eu de témoins. Pas même la principale concernée qui était inconscience. Elle portait encore les traces de ce qui lui avait couté la vie, les vêtements souillés par le sang séché qui y avait coulé. Sans doute devait elle s’estimer heureuse que son cadavre ai disparu avant qu’il n’ai eu le temps de se relâcher totalement.

C’est l’odeur qui a la première éveillée chez Yloyse un semblant de vie. Ses paupières ont cillée et elle a lentement ouvert les yeux, sans vraiment réaliser où elle était ni qui elle était. Le ciel lui semble haut. Si haut.. Et elle est si petite.

Il lui semble qu’il pleut. Ce serait un horrible cliché songe elle. Mais l’humidité ne quitte pas ses yeux. Pourtant le ciel lui semble bleu au travers du voile d’eau. Alors pourquoi ? Une main se porte à son visage et elle constate avec étonnement qu’il est trempé de larmes. Elle pleure. Se serait-il passé quelque chose mérita-

Un battement de cœur.
***


Yloyse. Son nom est Yloyse Dinn.

Elle est lanyshsta.

Elle se souvient de tout.



***
Les yeux se ferment de nouveau.

Elle se souvient de la douleur. Celle qui explose en vous. Elle se souvient de la surprise et de l’incompréhension et du visage de Jahel tordu par l’horreur et l’inquiétude. La fuite désordonnée et malhabile, entrainée par son compagnon, tandis que fleurissait en elle la souffrance à chaque nouveau tir. Et tout qui se brouille et s’efface. Ainsi donc elle était morte.

Elle a mal. Chacun de ses muscles lui crie sa douleur. Elle devrait être morte.

Elle se souvient s’être débattue et avoir écrasé son poing sur une muraille qui l’enfermait tandis qu’autour d’elle tout n’était que coulées rougeâtres. D’avoir senti d’autres traces, plus vielles tandis qu’elle s’écroulait au pied de ce mur qui la retenait. Lui refusant le repos.

Elle est revenue.

Les yeux se réouvrent lentement, dévisageant ce qui l’entoure. Ses yeux semblent vides.
***


Ne pas hurler. Ca ne servirait à rien.

***
A sa hanche, son ceinturon et son arme sont toujours là. Ses vêtements tachés. Ses cheveux également.

Se cacher. Fuir. Penser. Se cacher. Ne plus bouger.

Yloyse se traina douloureusement. Quelques mètres lui offrirent la protection et le camouflage des poubelles. Personne ne viendrait l’y chercher. Personne ne la cherchait de toute manière. Elle était morte.
***


Et pleurer… longtemps.


Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 2 Dasawar 814 à 12h12
 
C’est une habitante des Fissures.

Elle y a grandi, y a passé toute sa vie. N’en sortira jamais. Son destin y est scellé, accroché aux murs dégradés, à l’air poussiéreux et lourd, aux passants aux visages cuits par la lumière opaque qui vient les frapper tout le jour. Elle appartient à cet univers comme un fantôme appartient à une demeure ancestrale.

Il est très tard dans la nuit quand enfin elle peut rentrer chez elle.

Elle se sent épuisée. La matinée à l’atelier a été difficile, et le travail supplémentaire qu’elle a pris à l’Hermine de Cristal finit de rincer ce qu’elle a de vivacité. Qui plus est, ce soir, il y a eu match entre les Fuscusiens Rouges, les gars du coin Nord des Fissures, et leurs ennemis mortels, à savoir les Frères de l’Audre, originaires de l’Ouest. Or, l’apprentie artisane est elle-même issue de l’Ouest, et deux de ses propres frangins participent à l’équipe de « balle de pied. » Le sport consiste apparemment à courir très vite avec un objet plus ou moins ovoïde et à taper dedans très fort avec des chaussures renforcées. Il implique aussi nombre de bagarres, de plaquages au sol et de cris, et surtout, surtout, un public attentif et entièrement converti à son équipe. Elle porte encore l’écharpe de laine colorée qui constitue pour chaque membre de sa famille sa plus grande richesse, et transporte sous le bras les plats à tourtes qu’elle a préparé pour l’occasion – comme elle est la seule représentante féminine de la fratrie, il semblerait que le rôle de cuisinière lui échoit quasi-divinement.

Avant, Oromonde ne se posait pas trop de questions sur le sujet…après tout, ce qu’Augure veut, Augure prend, et les siens sont plutôt clairs. Mais maintenant qu’elle n’est plus une simple krolanne, ni vraiment une lanyshta accomplie…elle ne peut s’empêcher de remettre en cause la véracité de ce en quoi elle a toujours cru, et de s’interroger sur les pratiques de plus en plus étrangères des gens qui l’entourent.

La grande brune traverse en silence les rues des Fissures desquelles elle est une habituée, évite les mains toujours baladeuses de l’imperturbable Rennie qui comme chaque soir de match se poste à l’entrée de la rue des Buissons pour faire les poches de l’équipe adverse et effleurer quelques présences féminines, adresse un sourire timide à Iolain dont le charme de jeune trentenaire et la barbe nonchalante n’est pas sans affecter la jeune apprentie, discute avec Mamie Gronelle et Mamie Bellatine, deux veuves du quartier qui la débarrasse de ses derniers plats, tape dans le dos de son grand frère Jhoann pour le féliciter d’avoir tordu le bras du type d’en face, et trouve enfin une bonne excuse pour s’éclipser et partir se coucher à sa maison vide de tout habitant : c’est que tout le monde, même le bébé, se trouvera dehors à festoyer ce match nul et à se tordre le cou jusqu’à tard dans la nuit.

Les rues puent. Les murs au-dessus de sa tête se rapprochent dangereusement, des pleurs et des cris rythment la nuit, des chants, aussi, forts comme le désespoir tranquille du quartier…on ne sort jamais des Fissures.
Des pleurs…maintenant qu’elle y fait attention, ceux-ci lui paraissent très proches. Et très seuls. Oromonde ralentit, hésitant à passer son chemin. Elle n’a guère envie de se mêler des affaires toujours obscures qui arrivent le jour tombé dans ce coin-là…et, en même temps, se sent révoltée à sentir cette pointe de lâcheté la transpercer.
Ses parents n’auraient jamais accepté ce type de caractère.

Resserrant les plats à tarte contre sa poitrine, elle oblique timidement dans la ruelle anonyme d’où émane de légers et très déchirants sanglots. Elle hésite encore une fois à faire demi-tour et à ne pas demander son reste. Il s’agit sans doute d’un type qui n’a pas rendu à temps ce qu’il devait à Lucien, à qui appartient la ruelle. Et Lucien, on le sait tous, est un peu tatillon sur le sujet…si le gars s’en sort vivant, ce sera déjà pas mal. Les chiens ne sont pas encore lâchés, ceci dit.

Malgré tout, elle avance.

« Il y a quelqu’un… ? » hasarde-t-elle, et se maudit aussitôt d’avoir prononcé ça à voix haute. Et tu fais quoi, Or, si on te répond ? Pire, si on ne te répond pas ? Ou si Lucien répond ? « Je…je suis Or. Vous allez bien ? » Après tout, tout le monde la connaît dans ce quartier : on ne lui ferait pas de mal impunément, sous peine de subir la pression de six frangins musclés et pas toujours très futés.

Elle va pour poursuivre son enquête, mais se prend le pied dans une poubelle retournée. Les plats lui échappent et tombent au sol dans un tintamarre métallique qui réveille aussitôt les deux gros chiens affamés qui dormaient au bout de la rue et commencent à grogner. Son cœur manque un battement, car Oromonde n’est pas une grande aventurière et elle déteste les chiens, surtout ceux-là.

Oromonde s’immobilise, fouillant rapidement des yeux la nuit opaque pour tâcher de repérer rapidement la personne en difficulté (un blessé ? un ivrogne décuvant ?), sans trop savoir ce qu’elle en fera si jamais elle met la main dessus, mais certaine qu’elle ne tient pas à rester plus longtemps dans les parages.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Matal 2 Dasawar 814 à 17h02
 


Du temps a passé dans la petite ruelle. L’après-midi s’est enfui et a laissé place à la nuit sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. La faim et la soif se sont tue, n’osant la déranger dans sa détresse et conscientes qu’elles seraient de toute manière ignorées, reléguées au rang des choses négligeables.

Qu’est ce qui n’est pas négligeable d’ailleurs ? Ses plaies ont commencées à se refermer. La magie est restée à fleur de peau. Comme pour l’enrober, la protéger. Elle a fini par s’en rendre compte et a pu la réprimer mais il ne faudrait pas grand-chose pour que ses émotions, exacerbées, incite ces étincelles à la parcourir de nouveau. La pensée, dans son esprit, lui as fourni un point d’accroche pour ne pas sombrer. Sombrer dans la folie. Un danger bien tangible pour celle qui vient de revenir. Il lui semble lentement revenir à la vie.

Mais pas suffisamment pour se sentir le courage de se relever. Se relever signifierais qu’elle accepte ce fait. Qu’elle se sent prête à vivre de nouveau. Qu’elle se sent le courage de recommencer et prends le risque de revivre ça. Encore. Elle préfère rester blottie derrière ces poubelles. Tant pis si l’odeur lui rappelle celle des pires loques du Ras du Sol, tant pis si il faudra bien qu’elle agisse, qu’elle se lève et se reprenne. Qu’il lui faudra aller voler une tunique, une chemise, un pantalon ou n’importe quoi pouvant remplacer ses vêtements ensanglantés. Pour le moment… ces ordures la protégeront encore quelques minutes… n’est-ce pas ? Juste encore un peu.

Elle pleure encore mais sans larmes. Elle n’en a plus.

Du bruit… La silhouette se fige et releve des yeux rougis. Du bruit qui s’avance. Elle prend une brusque inspiration tandis que sa main se porte instinctivement à sa ceinture… L’animal traqué redoute la venue du prédateur. Elle s’est fait abattre une fois, pas deux !

La forme appelle et la bleue recroquevillée se fige. Elle n’y entend goutte mais c’est sûr, elle s’est fait repérer. Le ton n’a pourtant pas l’air de menaces. Non ! S’il te plait n’approche pas ! N’approche pas ! N’approche pas !


Pensée :
N’approche pas !


La terreur n’est pas difficile à discerner dans une pensée qu’elle n’a pas su retenir, en un instant où son contrôle sur elle-même est mis à mal.

Un tintamarre retentit.. Elle se plaque plus encore contre les briques gluantes de crasse du mur tandis que les chiens ouvrent un œil. Yloyse sent la panique la gagner, ses bras serrés autours de ses genoux.


Pensée :
Non ! Laissez-moi en paix !



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 3 Dasawar 814 à 19h05
 
Des mots en charpie lui restent au coin des lèvres qu’elle a sèches, et un sentiment profond de désespoir vient habiter le creux de son ventre et de son crâne. Il n’est pas à elle ; rien ne lui appartient. Mais, comme une éponge, elle absorbe…c’est à se demander si Oromonde fait preuve d’une sensibilité particulière : depuis le début de son éveil de lanyshta, elle ne cesse de surprendre les pensées involontaires d’autrui. Etrange étrangeté…on pourrait croire qu’elle s’y serait habituée, mais non : il y a toujours quelque chose de très intrusif à ainsi éprouver, si vivement, l’étoffe d’une âme qui n’est pas la sienne.

Harvain a un goût de cendre maîtrisé, de whisky bu à la fin du service, de nuit longue et secrète, affûtée comme une lame dissimulée sous du velours. Thaïs…Thaïs a quelque chose de sautillant, de chaotique, d’éclatant, de brisé tout en même temps, c’est difficile à définir. Linsey et Nao sont plus mystérieuses, et ainsi se font la tonalité de leurs pensées échangées, alignées comme des cartes qu’on s’échange discrètement de façon anodine.
Mais là…comment définir ce qui la traverse d’un seul coup ?

L’impression est sans doute d’autant plus forte qu’Oromonde ne comprend pas un mot de ce qui est dit dans ce verbiage mental ourlé de peur et de crainte.
Un animal sauvage et blessé, voilà ce dont il s’agit.

Sauf que cet animal est, jusqu’à preuve du contraire, krolanne, ou tout du moins lanyshta, à coup sûr…
Un autre lanyshta. Apparemment, pas de Kil’Dé. Les choses se compliquent…
L’artisane reste immobile, afin de ne pas accentuer la panique évidente de la personne qui se cache ici, et de ne pas précipiter l’avancée des deux dogues aux flancs émaciés qui tirent sur leurs chaînes de rouille. Sa main, par prudence, s’enroule autour de la première chose qu’elle pense pouvoir servir d’arme au besoin : le manche d’une poêle qui a roulé au sol.
Que faire, que faire…Oromonde réfléchit brièvement : elle ne veut pas provoquer plus de peur ni de réactions violentes du lanyshta inconnu et étranger, mais ne veut pas plus s’éterniser en atermoiements.

Si elle se trouvait dans cet état…comment aimerait-elle être approchée ? Bon, elle n’aimerait probablement pas être approchée. Mais la jeune krolanne s’en voudrait terriblement d’abandonner dans un tel état de détresse qui que ce soit…
Ce qu’elle fait alors ?

Elle essaie de retrouver la résonnance du lien mental qui vient juste de s’ouvrir entre leurs deux esprits. Et, à tâtons – avec une difficulté de néophyte criante -, elle tente de produire des images, des sentiments, quelque chose qui ne parle pas, ne crie pas. Toujours étalée à plat ventre par terre sur les poubelles renversées (ugh), tâchant de maîtriser au mieux sa respiration et surveillant l’approche des chiens, elle tisse, comme elle le peut, des fils faits de l’étoffe appartenant aux rêves et aux murmures.

Cela lui rappelle l’histoire d’un livre d’enfant où un gamin rencontre un renard et tente de l’apprivoiser. Ses pensées prennent alors cette coloration narrative sans même qu’elle y prenne garde, et elle se retrouve à partager cet étrange souvenir de lecture enfantine, où un renard discute avec un enfant blond comme le blé…

L’espoir, paraît-il, fait vivre.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Julung 4 Dasawar 814 à 15h00
 
L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

C’est ce qui aurait pu être répondu si l’approche avait été différente. Peut-être.

Une pensée a trouvé la sienne. A répondu à son cri de terreur non pas par des mots mais par autre chose. Des sensations, du ressentit. Répondant avec sensibilité par des sentiments parlant à l’instinct à une réaction provoquée seulement par des émotions brutes.

Lanyshsta. Cela fait l’effet d’une petite douche froide. Ce n’est pas un simple krolanne qui vient ainsi s’aventurer dans la ruelle. C’est un lanyshsta. L’un des siens. Les siens ? Vraiment ? Non ! Les lanyshsta n’existent pas. Il n’y a pas de « les ». Il n’y a que des individus. Elle l’a compris. Il ne faut pas attendre quoi que ce soit des autres en s’appuyant sur leur condition commune. Ce n’est qu’une personne qui est là.

Une personne qui lui envoie des pensées semblables à une petite bulle d’air chaud. A un cocon rassurant autours d’un livre parlant de fleur et de serpent. Le genre de cocon dans lequel elle aimerait bien être enroulée en ce moment, il faut bien l’avouer. Cela lui rappelle des souvenirs. Lui évoque l’époque où elle était petite krolanne, simplement heureuse de profiter de l’amour de ses parents et de l’insouciance qu’elle connaissait. Pourtant c’est une histoire sérieuse.

Est-elle donc un renard ? Elle dont les pensées ont été comparées à un mécanisme tourbillonnant et musical ? Elle doit être bien discordante actuellement. Rouillée. Un renard ? Le renard est plus malin qu'elle. Le renard ne tourne pas le dos à l'homme même lorsqu'ils sont tout deux face au loup.

Le renard alors à peur des chiens. Ils l’ont laissée en paix tant qu’elle ne faisait pas plus de bruit qu’une souris. Qu’elle ne bougeait pas et se mêlait, pour ainsi dire au décor. Mais là… leur chaine risque de rompre. Quelle folie ou quelle négligence de laisser la rouille agir ainsi. Se faire déchiqueter par eux sera-t-il plus ou moins douloureux que les balles ? Désire-elle réellement tester ? Désire-t-elle prendre le risque de devoir laisser parler la poudre et l’énergie ? Et mourir ?
Non.. non… mais elle n’ose pas sortir. Faire le pas.

Alors, avec hésitation, elle tend son esprit vers celui balbutiant qui s’ouvre à elle. La pensée est incertaine, indécise. Fait-elle une nouvelle erreur ou bien… ? Son toucher n’a pourtant pas les flottements du débutant… les sons qu’elle transmet ne tâtonnent pas. La bleue n'est plus novice désormais, pour user de la télépathie. Elle n’ose cependant pas répondre directement. Enfin si… mais… l’incertitude et le désarroi sont presque tangibles.


Pensée :
Je ne puis pas jouer avec toi,


dit le renard.

Pensée :
Je ne suis pas apprivoisé.




Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 7 Dasawar 814 à 23h32
 
Il y a un flottement,
Suivi d’une impression fugitive de soulagement.

En demi-ton, Oromonde soupire, la tension musculaire maintenue dans ses omoplates se détend légèrement. Ce fugace sentiment de satisfaction peut d’ailleurs faire fuir le lanyshta inconnu, éprouver ses tâtonnements timides. Elle se reprend.
Le renard a répondu. Il a répondu exactement ce que dit le vrai renard dans le livre. Oromonde s’en rappelle. Cela lui serre le cœur et la fait sourire en même temps.

Toujours attentive à son environnement, elle maintient du mieux qu’elle peut le faible lien qui s’est crée entre les deux esprits et qui est si susceptible de se rompre.

Avec efforts, elle se saisit des fils que le lanyshta a lancés et commence à filer une trame…

Car quel cadeau offrir à quelqu’un, que de lui offrir un monde rien qu’à lui, où calmer ses blessures ?

C’est tout du moins ce à quoi songe Oromonde tandis que son esprit galope, annone et halète, avant de fournir timidement une scène mentale construite au lanyshta…
Qui, malgré elle, prend forme dans les Entrelacs.


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*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Luang 8 Dasawar 814 à 19h34
 
Le temps semble suspendu.
Et une main tendue. Enfin, une patte. Métaphoriquement.

Et si la kildéenne se relâche, la kildarienne, elle, hésite à s'enfuir en courant. Chat échaudé craint l'eau froide disait on. Le renard s'armerait de défiance, non seulement contre ce qui l'avait trompée mais aussi contre ce qui ferait naître en elle l'idée de la tromperie. Et pourtant... Et pourtant elle a répondu. Pourquoi?

Et pourtant elle a posé une patte timide sur le costume du renard en lui empruntant sa voix et ses mots. Qu'est ce alors? De l'espoir ou bien une détresse telle qu'elle se laisse porter par ce qu'on lui propose sans avoir assez de volonté restante pour en sortir ?

Un toucher effleure son esprit, et presque timidement, l'invite.

Dans les Entrelacs.

Où son esprit blessé avait refusé de se manifester, terrifié à l'idée d'ouvrir de nouveau des blessures. Et amer également. Quelque chose de plus était mort en elle lorsqu'elle avait découvert ce que le flot lui avait apporté durant son... absence.

Mais ce présent qui lui était proposé n'était pas dévoilé à tous. Une bulle intimiste. Fermée. Protégée. Hors du regard obscène et voyeur du tout venant. Elle s'y ouvre.



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 14 Dasawar 814 à 22h25
 
Elle halète un peu, surprise par l’emprise perceptive et kinesthésique de ce qui vient de produire.
Elle l’est d’autant plus qu’elle ne se trouve plus exactement au même emplacement. A travers la bulle de pensées, elle est parvenue à se déplacer…

…et elle se trouve, désorientée, au-dessus d’une forme indéfinie recroquevillée derrière des poubelles. Elle tient une poêle dans une main. Ça lui en fait une de libre.

*Chaque jour, plus près. Sauf qu’on n’a pas autant de temps…*

A travers la brume et la nuit, elle tend la main.
Et là basculera cette rencontre…



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*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Luang 15 Dasawar 814 à 19h50
 
La bulle de savon a éclaté comme si elle n’avait été… qu’un rêve.

Et Yloyse cligne des yeux, retrouvant le froids et l’humidité de la ruelle. Les aboiements n’ont pas cessés mais elle les perçoit encore comme au travers d’un brouillard.
Devant elle, deux jambes, et levant le regard, une femme. Grise. Et une poêle, tout aussi grise.
Et une main tendue.

Les pupilles s’écarquillent.

La bleue est plus jeune que la grise. Mais plus sale et plus ensanglantée. Plus craintive aussi. Ses bras sont enroulés autours de ses genoux. Une inspiration.

Bruyante. Comme on prends son souffle avant de plonger.


Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.


La main de la kildarienne s'empare de celle de la kildéenne. Comme on attrape une bouée.

Comme on se raccroche à la vie.



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 16 Dasawar 814 à 10h21
 

Ses doigts enserrent chaleureusement la paume de la jeune femme avec une conscience aigue du symbole que cela représente.

Oromonde n’a pas trop le temps de s’étonner de l’apparence exceptionnelle de la personne qu’elle vient d’approcher. Elle note juste, avec surprise, la couleur azurée de sa peau…

…sans encore relier cette description physique aux soubresauts qui ont secoué les Entrelacs il y a quelques jours.
Soulagée d’avoir récupéré cette main tendue et fragile, Oromonde sourit, soulagée. C’est à ce moment-là qu’un bruissement de chaînes métalliques perturbe la concentration des deux lanyshtas : un des chiens s’est lancé de tout son poids contre sa bride de métal et a bien manqué croqué le cuissot d’Oromonde ! Elle pousse un petit cri d’effroi, se retourne et lui assène aussitôt un coup de poêle massif, qui fait couiner la bête d’autant plus plutôt que de la calmer.
« Il faut sortir d’ici. On ne peut pas vous laisser là… »

Elle ne veut pas forcer le pas à la Bleue, mais force est d’avouer que les odeurs méphitiques des poubelles, le froid, la nuit et les rôdeurs avinés qui peuvent passer n’importe quand ne sont guère des facteurs de réconfort et de remise à pied. Or, cela ne demande pas un génie pour constater que la lanyshta étrangère a drôlement besoin d’un bain, d’un lit chaud, de plusieurs heures de sommeil et de sécurité.

« Je m’appelle Oromonde. J’ai un groupe d’amis ici. On peut vous aider. Par Scylla, l’état dans lequel vous êtes… ! Qu’est-ce-qui a bien pu vous arriver… »

Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé, se rappelle la lanyshta, et elle amène la jeune fille à émerger de la ruelle. L’éclat de la lune ne fait que dévoiler la situation déplorable de la kildarienne…ainsi que le reflet de ses armes à son côté. Oh, oh…

Sa main libre passe nerveusement à son cou, où elle a glissé une chaînette dorée à laquelle est suspendue la clé de la demeure des d’Ascara que lui a fourni Thaïs dans le passé. Elle songe qu’elle n’a pas reparlé à l’adolescente depuis, et ce, malgré ses invitations à venir la rejoindre à ses « entraînements. » Harvain et Thaïs seront-ils toujours éveillés à cette heure de la nuit ? Pas sûr, mais elle peut faire assez de tintamarre psychique pour s’en assurer.

« Mais une chose avant l’autre. Il faut d’abord vous reposer. Vous avez l’air d’avoir vu plus d’un fantôme…nous allons marcher un peu. Nous avons établi plusieurs planques à lanyshtas au Kil’Dé. Je vous guide vers l’une d’entre elles. »




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Yloyse
Gestionnaire du Kil
Kil'dara  
Le Matal 16 Dasawar 814 à 18h07
 
Sa paume est bouillante, s'étonne Yloyse, réalisant avec surprise qu'il y a encore de la chaleur autours d'elle. Ou peut être est ce elle qui est gelée.
A bien y penser... c'est certainement le cas. Voilà de longues heures qu'elle croupit ici. L'inverse aurait été surprenant.

C'est agréable. C'est doux.

Le temps reprends brutalement son rythme et Yloyse manque de sursauter quand le canidé s’élance sur elles puis admire le coup de poêle assené d'une main de maître. L'artisane aurait privilégié la clé à molette ou le marteau mais il est vrai que ces outils ne sont pas sous leurs mains. Et pour l'heure, elle acquiesce lorsque Oromonde lui affirme qu'il faut quitter les lieu et se laisse entraîner sans avoir la moindre volonté de résistance.

Oui.

Ce monde lui est étranger songe elle en émergeant de la ruelle. Où sont donc les immenses bâtiments s’élevant à des centaines de mètres au dessus de la surface ? Et le ronronnement des machines ainsi que l'odeur sous jacente de fumée ?

Elle prends également conscience de son état. La trace de ce qui s'est passé n'a pas disparue constate douloureusement la lanyshsta. La dernière balle lui a explosé la nuque. Probablement. La zone est encore sensible au toucher, encore douloureuse, se rends elle compte en y passant la main. Elle doit faire peur a voir. Comment Oromonde va elle ne pas avoir un mouvement de recul ? Alors qu'Yloyse doit en ce moment même incarner la face terrifiante des lanyshsta.

Merci.

Un groupe d'ami ? Elle se fige.
D'autres personnes ? Rencontrer des gens signifiera forcement qu'ils se poseront des questions. Plus encore, si ce sont des lanyshtas. Ils finiront par faire le rapprochement. Est ce ce qu'elle veut ?
Est ce ce qu'elle peut lui faire confiance ? Leur faire confiance ?

Yloyse hésite. Non elle ne peut pas ! La main d'Oromonde tient toujours la sienne. Peut être peut elle... A elle oui.

Plus d'un oui... mais je... je ne veux pas vous mettre en danger.

Mais la main la tient toujours.... alors elle se laisse guider.



Rien n’est mort que ce qui n’existe pas encore

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