*** Il y avait un bâtiment dans la rue d'Along qui ne portait ni plaque ni devanture, il ressemblait à un bloc d'habitation comme les autres à ceci prêt que les riverains changeaient de trottoir lorsqu'ils rentraient chez eux et que certains allaient même jusqu'à éviter de regarder ce fameux n°17. Il ne s'agissait pourtant pas d'un repaire de truand mais d'une antenne d'investigation du C.I.E.N officiellement officieuse, ceci dit avec le temps les riverains avaient sû à quoi s'en tenir, le va et vien de types armés et en costume trois pièces avait fini, on ne savait comment, par leur mettre la puce à l'oreille. Les agents n'étaient eux non plus pas dupes mais un grand ponte avait décrété que cette cellule devait opérer depuis un bâtiment anonyme pour préserver l'identité de ses membres et pour fractionner les dossiers archivés. Ainsi si une cellule ou même le sacrosaint Q.G se faisait visiter, les intrus n'auraient qu'une partie des informations qu'ils recherchaient et encore peut être n'y trouveraient ils rien qui puisse les intéresser.

La méthode, en théorie infaillible débouchait en pratique sur un fouilli assez conséquent, un système de transfert d'information avait été mis en place par un savant anonyme pour facilité le tout, mais de ceci vous n'aurez aucune confidence.

Les fenêtres du bâtiment étaient toute barrée par des croix de fer et deux armoires à glace déguisés en simple civil rôdaient nuit et jour prêt de la porte, subtilité quand tu nous tiens...Mais après tout ce n'était pas une division de recherche mais bien d'action.

L'intérieur ressemblait à n'importe quel service administratif, des bureaux à chaque étage, plus on grimpait et plus on tombait sur des gradés.

C'est au sixième et dernier niveau que se trouve le bureau du lieuntenant détective Tarich, Zoboar, Ekthan Robissalmonito dit "Le Takorian", c'est d'ailleurs ce surnom qui est gravé en lettre d'or sur la porte, enfin en peinture couleur or.

Lorsqu'on pense à un bureau d'agent, on voit souvent un léger désordre un peu glamour, avec un porte manteau sur lequel repose un borsalino et un holster. Et bien pas ici, le bureau était d'une propreté immaculée, pas une once de désordre, tout était posé et rangé de façon géométrique, le Takorian y veillait!C'était sans doute le seul Krolanne a avoir trouvé un usage au rapporteur après sa scolarité. Quant au glamour, il était tout bonnement interdit de séjour dans ces quinze mètres carré. Il se dégageait de cette pièce une impression d'ordre presque malsaine pour tous sauf pour son occupant.

C'est ici, à son bureau, qu'était assis le Takorian, sur une chaise avec un grand coussin, officiellement pour son confort et officieusement pour être assis à la taille du bureau. ***

*** Flashback ***

*** Le canon du pistolet tremble dans sa main, la gueule pointée vers une paire de bille couleur émeraude emplie de larmes. "Pourquoi tu fais ça?" Lui demande-t-elle de sa petite voix fluette rendu tremblante par les pleures qui l'agitent. "Pour le Kil" lui répondit-il d'une voix où ne perçait nulle émotion avant que le coup ne parte. ***

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Le médecin ne met effectivement pas très longtemps avant de repérer les deux bourrins qui planquent devant la cellule médicale. Oh bien sûr ils font des efforts, changeant parfois d'endroit, se relayant au fur et à mesure que la journée passe, faisant mine de lire un journal ou simplement de regarder les oiseaux quand le Doc' ouvre pour accueillir un patient.
Ils peuvent donc voir entrer successivement une dizaine de personnes au cours de leur première journée d'observation, principalement des gens du voisinage, sauf un ouvrier qui s'est cassé la jambe sur un chantier à quelques rues de là et sort après avoir passé la nuit.

Une fois la nuit tombée et le dernier patient parti, les deux malabars peuvent noter que le Doc' quitte son cabinet pour aller acheter un pain à la viande et une bouteille de bière à l'épicerie du coin de la rue, avant de revenir au cabinet une dizaine de minutes plus tard. Les lumières de l'étage supérieur (là où il loge?) restent ensuite allumées jusqu'à environ minuit avant que la cellule ne soit plongée dans l'obscurité.

Ce que Rigar et Tavez ne voient pas, c'est que le Doc' s'est changé - revêtant un long trenchcoat gris et cachant sa tête sous un chapeau à larges bords - avant de s'éclipser par une fenêtre de l'autre côté du bâtiment pendant qu'ils lorgnaient les lumières à l'étage, le temps de faire le tour par les ruelles aux alentours et de se faufiler dans les ombres. Il faut dire qu'à force de se retrouver dans des situations délicates, le lanyshta a bien vite appris à se fondre dans le décor pour disparaître...
Il aurait fallu scruter avec la plus grande attention pour repérer la silhouette du médecin, planquée sous une porte cochère à quelques pas des malabars, tendant l'oreille pour saisir leurs échanges.
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***
Le Doc' reste encore quelques minutes, mais le reste de la conversation tourne autour d'une certaine Mahrjory, nouvellement embauchée dans le service à côté du leur, et de ses formes avantageuses décrites en des propos on en ne plus graveleux. S'esquivant aussi discrètement qu'il est venu, le lanyshta retourne dans son antre pour méditer sur les informations recueillies.
Le terme "nocif" en lui même lui a foutu la chair de poule.
Le CIEN... le cauchemar de tout lanyshta kildarien...

Ces deux-là ont l'air de brutes épaisses, or si le Doc' était soupçonné d'être un lanyshta le CIEN aurait plutôt envoyé son groupe d'intervention spécial. Il doit donc s'agir d'autre chose... Est-ce que ça pourrait être en rapport avec la visite de l'enquêteur qui avait eu lieu plus d'un an auparavant?
Quoi qu'il en soit, la priorité est de prévenir la communauté lanyshta pour que ses membres évitent de venir tant que la cellule médicale est surveillée...
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