Ils n'étaient pas si nombreux à franchir la porte et la table avait été bien choisie. Tranquille. Au fond. Autant dire que tous ceux qui s'en approchent sont facilement repérables. Surtout en compagnie d'une Ainée capable de repérer les personnes particulières...

Comme Yiu par exemple.

Même si avouons le, la reconnaître n'aurait pas été très compliqué après ces quelques semaines passées en sa compagnie.

Hé ! Mais oui. Je savais pas qu'elle voulait venir. Carrément qu'c'est une copine ! Attends, j'la prévient qu'on est là.

La petite bleue lève un bras pour faire signe à sa collègue et lui montrer où elle sont, l'invitant à les rejoindre. Par contre, ne la lance surtout pas à parler de forge hein. Pas que le sujet ne soit pas intéressant mais c'est une passionnée, et on y sera encore dans deux heures.

La précision semble d'importance. C'est qu'elles en ont passé des heures à discuter d'armes, de métal, de fontes et d'alliage. A débattre de l'influence des différents liquides pour la trempe suivant l'usage voulu ou de la dureté respective des alliages. De la façon de tester la pureté et la finesse d'une lame. Ou de l'entretien d'une forge. Mais qu'Yloyse a bien conscience que c'est tout de même un thème très particulier et pas particulièrement mondain. Voir même … à éviter si on ne veut pas passer pour excentrique lors d'une première rencontre.

Un autre sujet sur lequel l'on pourrait débattre reste l'importance constatée du thé et de la tisane parmi les lanysthas. Certains en ont fait une religion. Oui. Oui. Et parlent de ses arômes avec des accents d'apôtres dans la voix. Carminn serait elle de cette secte... Mmm.... certains diraient que c'est une preuve de bon goût, d'autres se souviennent d'un long sermon sur la manière de verser l'eau sur les feuilles...

L'expression de l'artisane se trouble. Elle soupire.

T'es vachement motivante, on te l'a deja dit ? Mais oui, on a vu comment peuvent virer certains désaccords entre nous, alors j'peut facilement imaginer...
Enfin bon, être perspicace comme tu dit n’empêche pas de rester optimiste. Surtout entre copines.
Après tout, c'est bien aux amis qu'on peut faire confiance.
Et puis pour une bonne histoire, ça vaut l'coup d'rêver...
Cette fois ça tournera bien.

Ne pas attirer l'attention est tout un art. L'habit ne fait pas tout. Il y a aussi la coiffure, la couche de crasse plus ou moins épaisse et plus simplement l'aisance. Il n'y a rien de plus visible que quelqu'un qui cherche à être discret. Enfin si... quelqu'un qui cherche à être visible. Mais dans le cas présent... c'est encore plus complexe quand la table du fond qu'on veux épier compte des personnes qui sont justement vigilantes à leur environnement et... qu'on a probablement été repérée dès notre entrée par l'une d'entre elle... Pour peu du moins qu'il n'y ai qu'une seule chevelure flamboyante à l'intimidant arsenal dans ce bouge...

 
La forgeronne vit une main se lever qui lui faisait visiblement signe. Elle regarda avec plus d'attention et reconnue une peau bleue.
Pensée :
Elle répond à son signe de main. Un court silence mental suit.
Pensée :
Elle commence à s'approcher, une autre cliente entre. Une nouvelle arrivée qui elle aussi tente de regarder discrètement toute la salle. La jeune femme sourit. Il ne semblait décidément pas possible de rester discret quand on détaille tout un bar. Les gens normaux ne font pas ça, ils foncent au bar sans regarder autour d'eux. Surtout dans ce genre d'endroit.

Elle n'est plus qu'à quelques pas de la table et détaille un peu plus les krolannes attablés alors qu'elle fait les derniers pas.
Pensée :
La jeune femme se détend très légèrement et c'est un peu moins raide qu'elle arrive à la table.

Pensée :
Après un grand effort sur elle, elle lance un coup ultime coup d’œil sur les alentours, en pouffant à moitié, elle ne doit pas être très discrète mais à la limite son rire doit presque aider. Une effluve peu engageante arrive alors à son nez. La nouvelle arrivée très discrète s'est approchée. Son rire l'emporte toutefois sur sa peur et elle ajoute par penser :
Pensée :


Alors, raconter moi ce que j'ai loupé, histoire que l'on reprenne nos bavardages !
Sur un ton plus sérieux, elle ajouta en pensée :
Pensée :

 
Tu hausse les épaules.

Bien ou mal, ça tournera. La Machine s'arrête pas pour les états d'âmes.

Une pensée qui semble te ravir, tu reprend enjouée.

C'est comme les chèvres de l'aggrozone au final. Au départ on les fout dans un champ en jachère pour qu'ils bouffent les mauvaises herbes. Ils commencent tous au même endroit et puis petit à petit ils s'éloignent les uns des autres pour trouver leur place. Après y'a toujours des fouilles merdes qui viennent emmerder les autres, sans oublier les vagabonds qui aiment bien se promener partout, et les possessifs qui pensent qu'un brin d'herbe leur appartient. Et pis quand y'a plus d'un bouc c'est la merde, y s'battent tout le temps. Karim, j'réparais son tracto-vapeur, les chèvres sont à lui, y dis qu'c'est un truc de mâle.

Tu secoue la tête, un poil navré. Avant d'accueillir Yiu d'un clin d'oeil.

Sont cons ces mâles.

Puis viens la question importante!

Et du coup c'est où ton territoire? Et on est dans l'territoire de qui au juste?

 
Tout en mangeant son plat le plus lentement possible (histoire de ne pas le terminer trop tôt mais aussi pour prendre le temps de détecter toute saveur ou consistance anormale qui pourrait révéler un poison), elle écoutait. Elle observait aussi. Bien qu'elle le fasse avec plus de circonspection maintenant qu'elle était attablée et proche -et donc plus exposée- du groupe qu'elle soupçonnait être celui de Carmïnn. Elle avait pour l'occasion détaché ses cheveux et se servait des mèches tombant devant ses yeux pour masquer son regard.
Elle ne négligeait pas l'étude du reste de la salle non plus. Après tout il était également possible qu'elle se soit trompée et que la tablée d'amies apparentes à côté d'elle n'ait rien à voir avec celle et ceux qu'elle cherchait. Ou encore plus sournois : ce pouvait être un leurre destiné justement à attirer l'attention tandis que la véritable "Carmïnn" se tenait ailleurs, cachée, observant sa doublure et la façon dont ceux l'abordant se comportaient pour les jauger. Beaucoup moins probable certes. Mais cela ne pouvait pas nuire de rester vigilante d'autant qu'il y avait toujours la possibilité que des hommes de main se dissimulent dans la foule.

Elle avait espéré pouvoir surprendre une conversation mentale. Si ce n'était la comprendre, au moins savoir qu'elle avait lieu. Mais non. Côté psychique elle ne percevait rien. Rien d'autre tout du moins que le brouhaha distant des entrelacs.
Peut-être cela voulait-il dire qu'il n'y avait aucun autre lanyshsta sur les lieux. Ou qu'ils maintenaient volontairement le silence télépathique pour rester discret et communiquait d'une autre façon qui lui échappait pour le moment. Ou encore qu'il n'était pas possible d'écouter aux portes télépathiques...
En fait cela ne l'avançait pas beaucoup. Elle n'avait jamais eu l'occasion de tenter une conversation télépathique aussi lui manquait-il des points de référence pour pouvoir déduire quoi que ce soit d'utile de ce silence.

L'enfant -à peine moins grande qu'elle en taille- à côté se mit à parler du comportement caprin. Si c'était du langage codé c'était bien tarabiscoté... Dans l'hypothèse où ils étaient bien lanyshstas, c'était sans doute pour donner le change pendant qu'ils communiquaient autrement.
Ce n'est qu'en l'entendant parler des territoires qu'elle comprit qu'il s'agissait d'une analogie. Cela redevenait un peu plus cohérent. Si ils n'étaient pas lanyshstas, il y avait la possibilité qu'ils soient une sorte de gang ce qui serait une autre explication au fait que deux d'entre elles au moins étaient armées.

Elle même avait pris le parti de venir totalement désarmée. De toute façon elle se savait totalement inapte pour ce qui était de la violence physique si l'on devait en venir là. Donc quitte à être inoffensive, autant l'être jusqu'au bout. Cela pourrait prouver sa bonne foi. Et au cas où quelque chose dégénèrerait les gens armés avaient plus tendance à attirer les balles que les autres.

Ecouter, observer, analyser et attendre. Si on ne la découvrait pas -ou dans l'hypothèse où ce serait déjà le cas ne l'interpellait pas- elle avait le temps d'une omelette pour parvenir à confirmer ou infirmer toutes les théories lui passant par la tête. Après, il faudrait prendre une décision : prendre le risque de se faire connaître ou partir.
Décisions, décisions...

 
Onä à son tour passa la porte du troquet.
Sans le moindre souci de discrétion, elle marqua un arrêt aussitôt entrée pour embrasser la salle du regard. Sa claudication l'avait depuis longtemps habituée à sentir les têtes se tourner vers elle, et en général s'en détourner aussitôt, sans que cela ne lui fasse désormais ni chaud ni froid.

Elle ne mit pas longtemps à repérer la table du fond où siégeait Carmïnn en compagnie de quelques autres personnes.
Sans l'avoir encore rencontrée, elle avait pourtant la certitude que cette femme était celle qui s'était exprimée sur le consensus, et il lui sembla également "reconnaître" la présence d'une ou deux autres personnes parmi celles qui avaient répondu au "petit jeu" de la joviale Lanyshta.

Sans hésiter, elle s'avança donc vers la tablée de son pas clopinant.
A vue de nez, Carmïnn semblait être plus ou moins du même âge qu'elle, par contre les trois autres semblaient toutes jeunes. Que des nanas, en tout cas, nota la taxidermiste avec amusement.

S'arrêtant devant la table, elle salua la petite assemblée d'un signe de tête et d'un franc sourire :

Bonsoir mesdemoiselles... Puis-je me joindre à vous ?

 
Elle sourit à Yloyse, un sourire un brin désabusé pour une fois.
Sans répondre, elle semble considérer l'optimisme comme une valeur surannée...

A l'entrée de Perle Glennsapi, Carmïnn tique et la regarde un bref instant.
Elle hoche la tête, hésite, puis fait non de la tête.
Visiblement, elle ne la considère pas comme une "personne qui dénote".
Elle ne l'a apparemment pas non plus repérée comme Lanyshsta...

A Yiu qui les rejoins, elle s'adresse à haute voix, ne répondant à aucun moment par télépathie.

Bienvenue parmi nous !
Vous êtes ravissante !!!

Il n'y a pour l'instant aucun danger, et j'espère bien qu'il n'y en aura pas.
Si jamais...
Disons que si jamais un certain tout petit danger venait à se pointer, je vous en ferai part.
Enfin...
Si j'en ai le temps, hi hi !!

Elle écoute Lia, intéressée.
Et rit de bon coeur !
Après quelques instants, elle répond, sur le ton de la confidence.

Mon territoire ?
Ce n'est pas ici. Pas vraiment...
Je ne suis pas tout à fait bienvenue dans chaque Kil, en réalité.
Je suis devenue - ils ont peu d'humour - une paria aux yeux de l'immense majorité de ceux que vous appelez les "Anciens".
Seul Klem m'accepte telle que je suis.

En fait... si par territoire, vous pensez à "lieu où je suis en sécurité", c'est plutôt au Kil'sin.
Là... je m'y fait discrète. J'y ai mes lieux de repli. J'y ai... mon autre moi, on va dire.

A cet instant, Onä Ephrä fait son entrée.
Décidément, c'était un vrai rendez-vous entre filles !
Carmïnn observe, attentive et amusée, surprise aussi.

Bien sur, "Mademoiselle".
Vous... n'êtes pas devenue Lanyshsta depuis bien longtemps, non ?
Je ne vous repère pas en tant que tel, pas directement du moins.
C'est un plaisir de rencontrer de si jeunes éveillées !!

Puis Carmïnn semble se concentrer sur quelque chose.
Elle sourit toujours, mais elle donne l'impression d'être plus froide, plus rigide.
Elle reprend, d'un ton un peu moins badin.

Quelqu'un d'autre arrive.
Dangereux et pas amical...
Continuons à faire comme si de rien n'était, surtout.

Souriant à pleines dents !

Dites moi, vous toutes, vous avez un animal de compagnie ou pas ?
Une bestiole, je veux dire ?

 
Je te sens te tendre à l'arrivée d'une inconnue mais la rouquine semble l'accueillir. Mais ta nouvelle amie se rigidifie rapidement, alors tu tentes une plaisanterie.

Un mâle? On broute sur son brin d'herbe?

Tu arbores un sourire, amusée, mais qui disparait aussi vite que Carmïnn mentionne les bestioles alors qu'une question te quitte urgemment.

Pourquoi?

Je suis là, dans une poche de ta ceinture, et je me pose la même question.

 
L’optimiste peut être deux choses. Par défaut. Ou par choix. Histoire que quelqu'un au moins le reste, lorsque tous les autres sombrent dans la paranoïa. Il est moins simple qu'on ne le pense d'être optimiste... et parfois, ça sert surtout de motivation pour éviter de désespérer. Mais ça finit par marcher. On fini par se convaincre que ça vaut le coup de continuer.
Tout est une question de choix.

On peut choisir de croire. Ou le refuser.
On peut choisir de continuer, ou se cacher.
On peut même faire les deux en même temps. Ça marche plutôt bien.

Ce sont après tout, nos choix, qui nous façonnent tout autant qu'ils sont faits selon ce que nous sommes.

Yloyse dissimule, avec un manque de succès certain, un rire...

Tu verras en grandissant puceron... C'est con mais c'est bon.

On pourrais en oublier parfois que Lia n'est qu'une adolescente... Et que c'est quand même terriblement drôle de voir ses réactions. Ça rappelle des souvenirs.

T'es en r'tard oui. Tant pis pour toi, tu as loupé la tournée de grenadine et la soupe de patate. Et puis on a parlé d'histoires de filles. Tu sais ce que c'est. On commence à papoter et on se laisse entraîner.

Une vrai réunion Vapeurware. Un clin d’œil.

Pour ce qui est du sérieux... les futilités sont parfois plus importantes qu'on ne le croit. Et puis s'il fallait jouer les conspirateurs en permanence, ce serait un peu ridicule.

Ridicule oui... Mais l'espace d'un instant, elle se souvient de la grimace de Vic lors de leur première rencontre. Tsenereth et elle qui avaient fait le paris de hausser les enjeux. Et de ne pas jouer à se cacher derrière un masque. Refusant de donner à la scène un air de mascarade. Refusant de se cacher derrière un second visage. Ils avaient choisit d'être là, et de l'assumer.

Yiu est invitée à s'installer.

Si tu n'en as pas le temps, c'est probablement qu'on ne s’intéresse pas à nous, ou que nos moyens actuels sont un peu limités pour y faire face.

En tout cas, la perspective ne semble pas la traumatiser plus que ça. La petite bleue n'a d'ailleurs apparemment aucune armes. Sauf... quelques anneaux à ses doigts qu'un adepte reconnaîtra sans doute pour ce qu'ils sont. Des réserves de mana non négligeables. Tout comme la tunique. Mais rien qui puisse la faire passer pour armée au yeux d'un krolanne non avertis.

Et donc c'est une visite du propriétaire que tu redoute ? Si jamais il se vexait de voir s'organiser des festivités chez lui sans y être invité... Si il a reçu l'invit d'ailleurs, c'est qu'il ne nous est pas hostile par principe mais... qu'il peut parfaitement l'être à titre personnel...
Particulièrement s'il a peu d'humour et des tendances à craindre et à ne pas apprécier ce qu'il ne contrôle pas.
Ou bien d'un râleur ayant de vieux comptes à régler.

Ton autre toi... ? Une bestiole ?

Une bestiole par les yeux de laquelle voir. Une bestiole... Un autre soi même. Un... comme celle posée sur une des étagère de son bureau à l'Atelier. Qui n'a d'autre instruction que surveiller qui s'en approche. Garder un œil sur le bureau et... sur la courette en contrebas.

Onä est accueillie avec un large sourire. Une vielle ! Mais encore une fille. Par contre si elle parles en krolanne, c'est pas une habituée du coin.

Bien volontiers. Yloyse. Et toi ? Tu cause patois ou on continue en krolanne ?

Son nom est déjà connu sur les entrelacs après tout... Un souvenir pas si lointain d'une information qui lui est parvenue il y a peu...

Klem avait dit à une amie quelques chose du genre... Que nous lui étions utiles parce que nous n'étions pas complètement éveillés, et donc notre nature encore cachée... Si c'est le cas...

Un haussement d'épaule.

Nous avons peut être même d'autres invités plus timides. La gent masculine peut être ?

Faut dire qu'ils sont discrets...

Les sourcils se froncent à l'avertissement. Elle hoche la tête. Sourit de nouveau..

En tout cas à cinq, on va pouvoir se lancer dans un appel aux Énergies... Vous savez toute y jouer ?


Jeu de cartes très couru du Dara, les différentes énergies l'emportent sur le mécano et le technicien ainsi que les cartes sommes. Et la vapeur bien sûr bat toute autre carte. La question de Carminn reste ouverte. Et une bestiole continue d'attendre sur une étagère du Kil Sin.

 
Extérieurement, la jeune krolanne à la peau nacrée terminait tranquillement et lentement son omelette. Intérieurement, elle faisait son possible pour réprimer son excitation. Car cette fois-ci la confirmation était tombée de la bouche même de Carmïnn. Claire et limpide. A part dans l'éventualité d'un mensonge dont elle ne voyait pas vraiment l'intérêt, elle avait bel et bien trouvé l'ancienne et les lanyshstas attirées par son invitation.

Une chose qui l'avait sacrément surprise, c'était la désinvolture avec laquelle l'ancienne avait prononcé à haute voix le mot "lanyshsta". Mieux (ou pire) que ça, elle avait à haute voix identifié son interlocutrice comme étant une lanyshsta. Au kil'dara c'était le genre de phrase qui pouvait équivaloir à une condamnation à mort si la mauvaise oreille indiscrète traînait à proximité...

De nombreuses informations utiles avait également été lâchées et elle s'appliquait à les décortiquer.
Carmïnn était une paria pour les siens. Intéressant. La question logique était : pourquoi ?
Dans les entrelacs Carmïnn avait mentionné la possibilité pour les lanyshstas d'éjecter un de leur pair des-dits entrelacs. Du coup, puisque les anciens n'avait pas la lanyshsta à la bonne, Perle se demandait si la chose n'était pas arrivé à Carmïnn. Etait-elle isolée -mentalement parlant- des siens ?
Information des plus intéressantes, il était impossible -ou du moins pas à la portée d'une ancienne comme Carmïnn- de détecter les lanyshstas fraîchement éveillés (comme Perle et apparemment la dernière arrivée) par des moyens "directs". Ce qui laissait la place aux spéculations quant aux moyens indirects. Il n'était pas impossible qu'elle n'ait toujours pas été repéré. C'était inespéré.
Il y avait aussi cette histoire de bestiole qui lui échappait. Celle qui s'était présentée sous le nom d'Yloyse semblait comprendre de quoi elle parlait néanmoins.
Et puis l'évocation d'un danger. Proche. Mais danger pour qui ?

Elle avala la dernière bouchée de son repas.
Le nombre de variables inconnues avait nettement diminué -tout comme les risques- sans pour autant disparaître complètement. L'évocation de "quelqu'un de dangereux et pas amical" qui approchait incitait à la prudence, au repli. Mais elle n'aurait peut être plus de sitôt l'occasion de converser avec une ancienne et avec un si grand nombre de ses congénères en apparence sociables.
Il était temps.

Elle allait rencontrer les siens pour la première fois.


Elle prit le temps de rattacher ses cheveux blonds cendrés en queue de cheval. Puis elle se leva et s'approcha du groupe assemblé autour de Carmïnn en adoptant une attitude humble.

Bonsoir. J'espère que je ne dérange personne si je me joins à vous ? Je peux sans doute vous raconter une histoire d'immanence et d'ananas auparavant si cela peut vous rassurer sur mon compte.

Elle afficha un sourire amical mais réservé et salua l'assemblée d'un geste de la tête.

Vous pouvez m'appeler Merle. Ce n'est pas mon vrai nom mais... Je suis prudente vous comprenez ? C'est que vous êtes les premières que je rencontre voyez-vous ?

Elle leur adressa un sourire d'excuse.
Le nom d'emprunt avait l'avantage d'être tellement proche du vrai que personne ne s'étonnerait de la voir réagir par inadvertance au nom de "Perle" si celui-ci était prononcé à proximité. On supposerait sans doute qu'elle aurait mal entendu sans soupçonner son vrai nom.
Elle reprit sur un ton qui laissait percer son trouble :

Mes excuses pour mon krolanne commun approximatif. Il semble... moins bon que dans mes souvenirs. Je ne me pensais pas aussi rouillée.

 

Au mot lanystha, son visage se referme, avant d'afficher un masque souriant.


Pensée :


Pensée :


Yiu l'accueille, l'ambiance "entre copine" mi-feinte mi-réelle joue ; la forgeronne se fait sociale. Elle désigne une chaise à ses côté et lui dit :

Pensée :

Quant à cette discussion d'animaux. Passer du coq à l'âne, c'est ...
Un flash. Une intuition ou un égarement ? Yiu se demande si cela n'est pas une façon de focaliser l'attention sur certains sujets pour en éviter d'autres.

Tu écoutes Carmin dire à la nouvelle arrivante qu'elle ne l'a pas détectée. Cela te fait penser à autre chose.

Pensée :


Ah ce moment, une nouvelle danseuse entre dans la danse. Celle qui sent.

 
Nouveau sourire d'excuse.

Bien sûr que je parle patois. Je suis kil'darienne. Mais je souhaitais que toutes puissent comprendre mes présentations et je ne suis pas sûre que que tout le monde ici maîtrise notre idiome local.

Son interlocutrice croyait-elle qu'elle avait esquivé le patois pour dissimuler son origine ? En d'autres circonstances c'est une tactique qu'elle aurait pu employer oui. Mais en l’occurrence c'était très exactement pour la raison qu'elle venait de donner : ne laisser personne en dehors de la conversation. Car la femme à la canne qui était arrivée avant elle ne s'était exprimée qu'en commun.
Elle reprit en krolanne commun, affichant une expression de frustration très nette à chaque fois qu'elle butait sur un mot et faisait des erreurs.

Quant à l'odeur...

Elle eut un petit haussement d'épaule.

Je n'avais pas spécialement envie d'être "abordée" -si vous voyez ce que je veux dire- pendant que je m'assurais que vous étiez bien des amies. Désolée si vous avez un nez sensible; moi-même je n'ai pas un odorat spécialement délicat.

Nouveau haussement d'épaule accompagné d'un sourire contrit.
Entre ses remarques sur le langage, les vêtement et la discrétion, soit l'autre manquait cruellement de tact et de savoir-vivre, soit elle voulait sous-entendre qu'elle n'était pas dupe et avait vu à travers des subterfuges. Elle se demanda pourquoi elle avait tenu à le souligner. Désir de mettre les choses au clair ? Franchise brute ? Affirmation de son pouvoir d'observation ? Tentative de la déstabiliser ? Conseils désintéressés sur la manière de s'y prendre ?
L'interprétation attendrait plus de données. En attendant la remarque fut classée dans les archives mentales de Perle, section "profils psychologiques", sous-section "lanyshstas" dans un tout nouveau classeur étiqueté "L'inconnue de grande taille du rafiot troué".

Elle tira une chaise à elle et prit place dans le cercle puis ajouta sur le ton de la plaisanterie.

La prochaine fois il suffira d'ajouter un "tenue correcte exigée" à l'invitation.

 
Mouais. M'enfin pas trop. Sinon, y a plus personne qui rentre. Enfin pas moi.
Décidément, Yiu ne faisait pas toujours preuve de tact. Pas souvent.

S'adressant spécifiquement à la nouvelle venue :
Pensée :
Subitement, Yiu éclate de rire.

Autant en rire. Et puis sans le vouloir, elle dissimulait peut-être efficacement qu'elle faisait du commerce pour gagner sa vie. Car rembarrer les gens n'était pas très "commercial".


Yiu fait un effort visible.


Ajoutant à destination de l'avant-dernière arrivée :

 
A peine Onä avait-t-elle rejoint la table que beaucoup de choses s’enchaînèrent, et la taxidermiste avait déjà du mal à suivre. D'autant plus que la moitié desdites choses se passaient en patois kildarien...
Un langage dont le peu qu'elle avait fait l'effort d'apprendre lors de ses études ne lui avait plus servi depuis plus de dix ou quinze ans...

On lui avait indiqué une chaise, elle s'y assit donc, et prit le temps de répondre successivement à ses interlocutrices, à Yloyse pour commencer, puisque se présenter est effectivement une bonne façon d'entrer en matière. Même si du même coup c'est un peu à tout le monde qu'elle s'adressa :

Enchantée, je m'appelle Onä.
Et le seul patois que je maitrise est celui du Kil'Sin... donc oui plutôt Krolanne pour moi, si personne n'y voit d'inconvénient.

Puis répondant à Carmïnn :

Je le suis depuis un certain temps déjà, mais je suppose que le fait de n'avoir pas vraiment oeuvré à explorer ou développer cette nouvelle condition revient au même que si j'étais effectivement éveillée d'hier...?

En tout cas être qualifiée de jeune en une telle compagnie est plutôt rafraîchissant ! Ajouta-t-elle d'un ton amusé.

Puis, continuant sur le même registre :
J'ai toutes sortes de bestioles, chez moi... mais toutes mortes, est-ce que ça compte ?

Je les empaille, c'est mon métier, précisa-t-elle en souriant, avant de passer pour... pour ce qu'elle était peut-être un peu quand même, finalement.

Puis, à Yiu :
Un café pour moi. Noir.

 
Perle sursauta. Elle venait de capter la pensée lui étant adressée.
Pendant une brève poignée de seconde elle écarquilla les yeux et un sourire d'émerveillement se dessina sur son visage. Pas à cause du contenu mais à cause de la nature même du message.

Incroyable...

Alors c'était à cela que ressemblait la communication télépathique ? C'était fascinant.
Elle ressentait la même exaltation que lorsqu'elle avait découvert les entrelacs. Pour elle qui plaçait plus d'importance dans l'esprit et l'intellect qu'en n'importe quoi d'autre, ces nouvelles facultés mentales étaient un miracle. Elle se sentait comme une navigatrice n'ayant toute sa vie connu qu'un lac et découvrant soudainement l'existence de l'océan et son immensité.
Elle dut se faire violence pour ne pas tenter sur le champ quelques essais et garder son navire métaphorique au port. L'heure n'était pas à l'expérimentation de ses nouvelles capacités. Sans en connaître le fonctionnement elle risquait de commettre un impair et elle voulait consacrer toute son attention à la conversation en cours et l'étude de tous les acteurs de la scène.

Elle se contenta donc de sourire et répondre normalement.

Il n'y a pas de mal. Je vais suivre l'exemple d'Onä et prendre un café noir. Merci.

Peut-être la boisson aiderait-elle à tenir en respect la léthargie tant physique que mentale qui la poursuivait depuis l'Eveil. Et comme elle avait déjà vu le groupe consommer quelques minutes plus tôt, le risque de poison dans les boissons devenait raisonnablement écartable. Ce qui ne l'empêcherait pas de laisser les autres boire en premier pour réduire encore la marge d'erreur...
De plus à défaut d'être armée, si elle devait se défendre elle aurait un récipient rempli d'un liquide bouillant sous la main.

Taxidermiste ? Vous devez en connaître un rayon sur l'anatomie alors non ? Je me souviens des écorchés en exposition dans les galeries biologie des centres formateurs. Cette technique permettant de mettre à nu la physiologie des êtres vivants pour en permettre l'étude d'un seul coup d'oeil est impressionnante.

Elle garda pour elle le peu de valeur qu'elle accordait à tout le pan "décoration" de cette profession. Autant cette activité pouvait avoir une utilité certaine pour fournir des supports pédagogiques, autant les trophées de chasses et autres décorations à base de cadavres lui avaient toujours paru grotesque.
Il était temps de se réorienter vers le glanage d'informations aussi enchaîna-t-elle sur le sujet des "bestioles".

J'ai bien eu un chat à une époque, mais j'ai l'impression que ce n'est pas le genre de bestiole dont il est question ici je me trompe ?

Elle sortit un petit poudrier qu'elle ouvrit et posa sur la table de manière à ce que son miroir lui offre une bonne vision de l'entrée du rafiot troué. Elle n'utilisait les cosmétiques qu'en de très rares occasions mais cela ne l'empêchait pas de souvent trouver très pratique d'avoir un miroir à portée de main pour observer son environnement.
Car si elle suivait la consigne de "faire comme si de rien n'était", elle gardait bien à l'esprit que quelque chose de "dangereux" approchait. Elle espérait que l'ancienne saurait gérer la situation le cas échéant mais rester sur ses gardes ne pouvait pas faire de mal.
Tournant son regard vers Carmïnn elle ajouta :

J'ai aussi cru comprendre qu'il y avait plusieurs "générations" ou "vagues". Est-ce qu'il y a des différences entre elles si l'on met de côté les dates d'apparitions ?

 
Carmïnn écouta un long moment en silence.
Souriante, attentive.
Son regard, néanmoins, trahissait une certaine inquiétude et elle portait son regard plus souvent qu'auparavant vers l'entrée du bouge. Sur le qui-vive.

Tandis qu'un certain flottement s'installait, elle entreprit de répondre à chacune, appuyant ses propos de douceur et de sourires.
On attendait son intervention. On était venu pour la voir.
Malheureusement, quelque chose d'autre approchait... et elle ne savait pas quoi...

A Lia. Et aux autres ayant répondu à sa question...

Je posais la question sur les bestioles, mais il me semble que vous ne savez pas toutes de quoi je parle.
C'est normal. Hi, hi, hi.
Une bestiole est un ami. Un autre "vous".
Une création. Une extension de vous même.
C'est... une créature issue de votre éveil, issue de votre lien avec la Voix.

Elle peuvent prendre n'importe quelle forme.
Elles sont inutiles, c'est ça le plus beau !!!
Enfin... on peut leur trouver une utilité, mais elle reste limitée.

Par contre, elles ont un gros défaut.
Si elles meurent... on meurt.
C'est ballot, non ?! Hi, hi !!!

Bref, si j'en parlais, c'était surtout pour vous dire que si vous en aviez, il serait bon qu'elles soient en sécurité.
Si vous les avez avec vous, hum..., planquez les quelque part rapidement...

A Yiu.

Ne soyez pas inquiète.
Je parle sans ambages, car nous sommes dans un lieu que j'ai... sécurisé, disons.
Les krolannes alentours ne nous voient pas tels que nous sommes.
Pas tout à fait.
Et ils n'entendent pas exactement ce que nous disons.
Pas exemple, pas le mot qui vous fait peur, hi hi hi...

La chasse aux Lanyshstas a été dure au Dara, très dure, voilà plusieurs années.
Et celles et ceux qui ont survécu ont appris à se protéger.
De plein de manières, conventionnelles ou non.
Soyez donc rassurée !

A Onä Ephrä et Perle Glennsapi.

Effectivement, Onä, devenir éveillé est un fait en soi.
On ne peut pas revenir en arrière.
Mais on peut décider de ne pas avancer...

Pour ma perception, vous n'existez pas en tant que Lanyshsta.
Je dois vous "sonder" pour percevoir quelques modifications de votre être.
Et je ne peux le faire qu'à courte distance.

Les "Anciens" Lanyshstas sont repérables à une bonne centaine de mètres, sinon, de façon passive.
Cela signifie que je suis repérable, hi hi !!!

Perle, il y a eu trois vagues.
La première avait peu d'avenir.
La deuxième était la pire.
Disons sobrement que la votre est la plus prometteuse !!

Onä, Taxidermiste est un métier formidable !
Vous faites juste de l'empaillage ou vous allez plus loin dans l'exploration de la mort et le retour à la fausse vie ?

A Yloyse. Et aux autres qui s'inquiètent du danger approchant...

Un "Ancien" approche, oui.
Je ne sais pas qui.
Je ne suis même pas sure de le connaitre, il y en a beaucoup de la seconde vague qui ont réussi à fuir les cités !
Son aura est puissante. Inquiétante.
Il s'est arrêté à quarante mètres d'ici.

Je ne sais pas ce qu'il mijote, ni ce qu'il veut, mais... il va venir.

 
Une vague d'inquiétude t'as submergé un instant avant de repartir vers d'autres horizons. Les informations de la rousse ne font que confirmer ton instinct quand à ma nature fragile. Tu refrène immédiatement tout geste apaisant en ma direction pour ne pas dévoiler ma présence, et tu te dis qu'a l'occasion il faudra demander à la forgeronne de renforcer ma poche pour éviter les coups hasardeux qui pourrait m'occire.

Je ne peu m'empêcher de penser que c'est une bonne idée.

En attendant que le danger arrive, si tant est que ce soit un danger, tu te rebat sur les informations d'intérêt qui sont balancés à droite et à gauche.

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La gamine reprend quelques cuillères de sa soupe aux lentilles. Avant d'adresser quelques questions à Carmïnn.

Comment tu fais pour "sonder" quelqu'un? Et pis comment tu fait pour sécuriser l'endroit? C'est une manipulation de réalité?

Pour le coup, elle semble vraiment s'intéresser au sujet, au point d'oublier ce qui va gentiment débarquer. Gravité n'est pas là, autant se résoudre à abordé la situation avec légèreté.

 
Carmïnn était traçable.
Avait été traçable, plutôt.
Car avant même que l'invitation n'ai été lancée, elle avait tendu son esprit vers l'Ancienne, tentant d'extraire diverses informations par des voies détournées. Et en avait tiré d'intéressantes déductions, à l'aide "d'indiscrétions" d'autres fouineurs.
Il était toujours préférable de préparer le terrain, de multiplier les échanges avec les intermédiaires, afin de se représenter une personne à travers plusieurs voiles différents, avant de l'aborder frontalement.
D'autant plus que, dans le cas présent, l'avantage initial d'une telle technique risquait de fondre comme neige au soleil.

Mais Carmïnn avait soudain disparu, impossible à localiser, comme si elle n'avait jamais existé. Une porte qui s'était refermée.
Et la satisfaction de pouvoir la trouver sans user des indications initiales était donc enterrée, la piste que fournissait une autre flamme spirituelle qu'elle suivait régulièrement étant trop imprécise pour retrouver quelqu'un d'un coup.

Le trajet avait été rapide, et sûr, à sa façon de voyager seule. Discrétion, rapidité, fluidité.
Les portes d'entrée du Kil n'avaient pas posé plus de problème, ses passages précédents étant dument consignés, elle n'était pas franchement devenue une habituée, mais une touriste enregistrée, aux particularités renseignées. Ainsi, notamment, les vérifications des autorisations de port de son long fusil, acheté dans ce Kil même, furent deux fois plus rapides qu'à la dernière visite.

Mais si elle avait pu trouver les coursives urbaines sans regarder de plan, la finalisation de l'objectif avait nécessité une brève plongée dans les Entrelacs, afin de localiser l'endroit avec précision.

Votre meilleure bière.

Et deux graines posées sur le comptoir. Pas qu'elle ait l'intention de la boire -pas qu'elle s'attende non plus à ce qu'on serve réellement la meilleure bière à une étrangère, au mieux le patron ne pisserait-il pas dedans- mais c'était le degré exact d'excentricité qui collait le mieux au personnage. "Une bière", c'était "je veux me fondre dans la masse". "Un verre d'eau" signifiait "je veux vraiment me fondre dans la masse, mais si ostensiblement que j'en attire l'attention sur moi". Une commande trop élaborée, c'était "je veux attirer l'attention sur ma commande", soit parce qu'on désirait attirer l'attention sur soi, soit parce qu'au contraire on voulait, maladroitement, la détourner de soi.

Le patron, d'ailleurs, était étrange. C'était le verre d'eau. S'il était aisé de remplir la plupart des critères de normalité, c'était les exceptions qui définissaient les personnalités. A être trop normal, on développait ce particularisme de n'avoir aucune particularité, comme la personne souhaitant dissimuler son ombre et créant une sphère de pures ténèbres. Et l'environnement était la commande excentrique.
Ce qui signifiait quelque chose à cacher, et à bien cacher. En plus d'un lieu de rencontre choisi par Carmïnn. Pourquoi ?

Au Kil'sin, elle aurait pu creuser, chercher le secret du propriétaire, et peut-être ainsi indirectement apprendre quelque chose sur l'ancienne.
Ici, elle devait se contenter de l'hypothèse que Carmïnn connaissait le secret du tenancier, ayant sur lui un moyen de pression permettant d'assurer la sécurité de l'endroit.
Ou alors, à l'instar de ces libraires trop imprégnés de leur rôle caricatural, c'était un krolanne conscient de leur intérêt dans une entreprise Lanyshsta, des personnes qui oeuvraient dans la lumière pour préserver les ombres.

Regarder les différentes tables. Chercher ceux qui, par leur attitude, semblent vouloir que le regard passe sur eux.
Là.
Visages connus, et autre concordance. Pas de chaise libre.

Merci.

Certes sans le "s'il vous plait ? Il y a quelqu'un à cette place ?" ou autre, elle s'est simplement emparé d'une chaise libre à une autre table au passage, et la place dans un creux libre, portant son regard sur les personnes alentours.

Yiu. Yloyse.

Connues. Une légère pause, le temps de détailler les autres. La gamine, ok. Trois visages totalement inconnus, même si les cheveux d'un roux incendiaire sont une réponse indirecte à la question qu'elle avait posé sur l'adéquation entre trace psychique et représentation physique. Rien d'étonnant pour quelqu'un dont les effluves mentales laissent un goût de piment.

Carmïnn.

Qui a un point commun avec elle, au moins : alors que les autres semblent allier, à divers degrés, pragmatisme et désir de discrétion, l'ancienne et la verte pourraient à l'instant être placées sur un champ de bataille sans faire tâche dans la tapisserie.

Jade.

En s'asseyant. Regarder les autres, tour à tour.

Et ?

Prendre le temps de bien les regarder. Afin de préciser qu'économiser les mots "je crois que nous n'avons pas été présentées, auriez-vous l'obligeance de décliner vos identités ?" ne signifiait pas qu'on n’apportait pas d'importance à la réponse.
Même entre filles. On était pas à une soirée pyjama.

Puis, aussitôt, sans faire assaut d'amabilités, elle s'adressa à Carmïnn, sans pour autant la regarder.
Pour affiner au mieux l'information, mieux valait parfois ne pas cumuler les flux.

Jykos. Le consensus d'exclusion, le désir de nuire.
Si son désir a évolué, sa conception des choses... S'il cherche un apprenti pour chasser en meute, ou qu'il considère que la traque permettra de forcer les plus forts à évoluer... Cela est-il forcément perçu comme "mal" ? Surtout qu'un consensus des deux premières vagues ne devient que la position d'une minorité en comptant la notre, qui n'a encore aucune raison de lui en vouloir.
Question une : son exclusion des Entrelacs est-elle vérifiable ?

Sans compter la théorie d'encastrement de sphères d'entrelacs qui, si elle s'avérait exacte -quoiqu'un modèle aussi métaphorique restait rarement correct dans les détails- expliquerait qu'un exclu de la seconde vague puisse pénétrer dans les Entrelacs de la troisième, suite à la communication des imprudents de la première.

Et même si c'est le cas, que nous ne soyons pas connues complexifie notre traque. Pas la votre.
En étant à vos côtés, nous devenons alors des cibles, traquables individuellement, quand bien même il fuirait la confrontation directe avec vous.
Question deux : quel est l'état de sécurité de cette réunion ?

Oh. Et bonjour, vous avez fait bon voyage, elle est bonne l'omelette, si j'avais su j'aurais pris une grenadine aussi, c'est quoi cette odeur, etc.
Elles devaient pouvoir combler les trous de la conversation par elles-même, sinon, on pouvait déjà commencer à s'inquiéter.

 
Les deux inconnues les ont rejoints. Et malgré le danger qui plane, ou peut-etre à cause de lui, c'est d'autant plus nécessaire de ne pas les exposer plus que nécessaire. Et donc de leur donner des clés pour comprendre et réagir.
Du moins les clés auxquelles on peut penser. On peut toujours se tromper. Ou en oublier. Simplement parce qu'elle sont trop particulières ou trop évidentes.

Merle moqueur ? Merle blanc ? Ou un fin merle ? En tout cas, le choix de nom est intéressant. Hasard ou symbolique.

Bienvenue Merle... Et nous sommes nombreuse à avoir utilisé cet artifice au début... mais sache simplement que certains peuvent voir au delà dudit artifice.

Un large sourire vers Carminn..

Y compris dans notre génération.

Même s'il faut bien admettre que peu de ceux qui en sont capable l'assument ouvertement.

Taxidermiste ?

Classe... Non, sérieux... classe.... Moins que bosser dans la vapeur ou la recherche mais c'est une occupation qui ne manque pas de cachet. Elles sont donc toutes -exeptée Merle mais c'est une kildarienne donc avec un à priori positif- dans la confection. La création.

Si elle s’intéressait aux présages, celui ci lui semblerait plutôt positif. Et puis oui, la sinite avait raison, c'était plutot amusant d'être une des vielles. Enfin... de façon toute relative...

Je doit avouer que je m'y connais bien plus dans la matière inerte que dans le vivant. Métaux, bois, minéraux, c'est simple.... mais par contre le reste, c'est le grand flou. Ajoute elle avec une touche d'humour. On utilise quoi comme matériaux ?

Mais je croit que pour la tournée ma grande, on va devoir reporter un peu je le craint...

Et Carminn qui semble inquiète... Un danger qu'elle surveille depuis le début de leur rencontre.

Bestiole... Elle avait juste eu envie de faire ça. Sans raisons particulière... mais apprendre la faille qu'elle constituait lui fit réaliser qu'elle n'aurait peut être pas du. Normalement, il n'y avait aucun risques. Mais...

L'explication quand à la sécurité est... plus qu’intéressante. N'importe quel natif du Dara le sait. Et pouvoir se protéger. Pouvoir se sécuriser. C'est sans prix. C'est fabuleux. C'est un espoir de survie. Avec une petite nuance toutefois.

L'effet est sur leurs esprits ? Il module nos traits en plus de nos paroles ? Nos vêtements ? Ou il va plus loin et.... éviterait par exemple le souvenir d'un son et lumière en cas de problèmes ?

Parce que les problèmes se profilent...

Mais ce n'est pas exactement à Jade qu'Yloyse s'attendait après la description de Carmin.

Jade.
Bien sur.

Mais mine de rien, le ressentit est ambigu.
Il y a peu de monde qu'elle préférerait voir en situation de crise.
Il y a peu de monde auquel elle fait moins confiance. Enfin non. Confiance n'est pas le terme. Jade est parfaitement digne de confiance. 95 % du temps. Quand elle ne laisse pas sa peur parler pour elle. C'est bien là le problème. Poutraille élimée... Comment va t-elle réagir ?

Bien...

Pas de regard noirs. Pas de menaces...

Étonnement. C'est... agréable. Vraisemblablement parce qu'elle doit considérer que ce n'est pas rentable ici, qu'il y a mieux à faire, mais c'est agréable néanmoins. Oui... c'est une bonne chose qu'elle soit là.

Jade.

Leger salut. Lui exposer la situation le plus clairement possible... Autant la mettre au courant du bouillon dans lequel elle vient de mettre les pieds.

Contente que tu soit là... Par contre pour la question deux, la sécurité est compromise. Pour résumer... Un inconnu, probablement de la seconde génération est à une quarantaine de mètres et si Carminn a pu le sentir, il a du la repérer aussi. Portée... la centaine de mètres. Il venait par ici. Il va venir même si pour le moment il s'est stoppé...

Pensée :

Quoi d'autre... Ah oui !

Ce lieu est relativement sécurisé sinon. En tout cas à cette table, ils ne nous voient pas comme nous sommes et nous pouvons parler librement. Et il n'y a pas d'autres éveillés que nous dans la pièce à priori...

Mmmm... C'était à peu près tout... en tout cas, pour une synthèse. Jade entendrait les détails de la sécurité en même temps que tous, du moins si Carminn offrait quelques précisions.

La brunette se tourna de nouveaux vers les deux « jeunes »...

Au vu des ennuis qui s'annoncent, autant anticiper même si j'avais plus prévu d'attendre de les avoir tous faits pour les donner aux intéressés participant à l'expédition... J'ignore si vous pouvez les porter pour l'heure mais...

Elle glissa une main dans la besace de cuir qui traîne au sol et en ressortit deux anneaux. Finement ciselés, et décorés de courbes entrelacées, les deux bijoux étaient sertis de rubis qui se faisaient face.

Ce sont des pierres de vie. Elles pourront vous donner plus de chances de survies aux éventuels problèmes. Si elles vous intéressent, elles sont pour vous. Je pourrais les retoucher plus tard pour les ajuster à votre doigt si besoin.

Même proposition pour toi Jade, si tu en veux une.

Jade était ce qu'elle était. Et ses sentiments personnels ne changeaient pas une chose. A sa manière, elle agissait pour les lanyshsta. A sa manière. Mais bon.

 
L'ancienne l'avait appelé Perle. Avec un P. Pas Merle.
Elle n'en laissa cependant rien paraître et laissa glisser comme si elle n'avait pas bien entendu cette "confusion". Mais la question demeurait : comment avait-elle su ? Une foule d'hypothèses invérifiables sur le moment traversèrent son esprit. Deux d'entre elles retinrent son attention :
1)Elle connait mon nom car elle m'espionne directement ou indirectement depuis un certain temps
2)Elle connait mon nom car elle dispose d'une perception supérieure de l'ordre de la télépathie. Peut être peut-elle même directement lire les pensées.
Dans le dernier cas de figure il était délicat d'improviser une parade sur l'instant. Pas forcément judicieux non plus d'ailleurs. Un petit test par contre ne nuirait à personne.

Elle cristallisa le plus clairement possible dans son esprit une pensée tout en prenant bien garde à ne pas la projeter vers l'extérieur.

*Lisez-vous dans les esprits ?*

Une réponse de Carmïnn confirmerait l'hypothèse. Une absence de réponse ne l'infirmerait pas pour autant mais exclurait au moins la combinaison de paramètres "Carmïnn est totalement franche" ET "Carmïnn peut lire les pensées à sa guise".

Une autre question se posait elle aussi : pourquoi Carmïnn avait dévoilé cette carte de son jeu ? Par inadvertance ? Pas impossible mais assez peu probable que l'ancienne ait survécu aussi longtemps en faisant ce genre de bourde. Pour passer un message ? Pour la déstabiliser ?
Il y avait la façon qu'elle avait de s'exposer au grand jour. Il y avait son choix de parler de choses secrètes et dangereuses par la parole et non la pensée. Il y avait le mot "lanyshsta" lâché avec désinvolture. Et puis il y avait le vrai nom de Perle qu'elle lâchait mine de rien comme si c'était naturel. Depuis le début, il lui semblait que l'ancienne s'appliquait à les bousculer, à démontrer qu'elle jouait selon des règles différentes d'eux. Des règles qui lui étaient propres et qui faisaient peu de cas des préférences de ses "cadettes". Ou de leur prudence.

La remarque d'Yloyse sur la faculté de voir au delà de l'artifice "y compris dans leur génération" laissait entendre qu'elle aussi avait pu voir à travers le voile de la fausse identité. Et elle le faisait d'ailleurs savoir à Carmïnn.
Cela confortait en tout cas beaucoup l'hypothèse de la capacité de perception supérieure. Les propos d'Yloyse tendaient à indiquer que cette capacité quelle qu'elle soit n'était pas si répandue que cela dans la troisième vague. Elle s'en tiendrait donc à "Merle". Il était entendu que le faux-nom ne tiendrait donc pas face à tous mais si la précaution fonctionnait face aux plus jeunes de sa vague (et donc potentiellement les plus susceptibles de commettre des bourdes) c'était toujours cela de pris.

Restait à espérer que personne d'autre n'ai relevé ce "Perle" lâché par l'ancienne. Ou que le cas échéant l'on prenne cela pour un lapsus causé par la couleur nacrée de sa peau et la ressemblance entre Merle et Perle.
En attendant, il était temps de mettre de côté ces préoccupations pour en revenir à l'analyse des autres informations obtenues.


Les bestioles... Intriguant. Elles semblaient à priori poser plus de problèmes qu'autre chose mais il faudrait qu'elle trouve l'occasion de questionner un propriétaire de bestiole sur le phénomène. Ce sujet néanmoins pouvait attendre.

Ce qui l'intéressait le plus présentement c'était l'espèce de... protection que semblait avoir mis en place l'ancienne. Alors comme ça les krolannes ne les voyaient ni ne les entendaient tels qu'ils l'auraient dû ? Etait-ce une sorte d'illusion élaborée ? Ou -potentiellement beaucoup plus intéressant dans ses implications- une sorte de suggestion mentale influant sur la perception des krolannes ?
Les entrelacs mentionnaient la façon dont un "oeil mécanique" était parvenu à implanter des suggestions dans l'esprit d'un ancien nommé Klem. Etait-ce ici le même principe de fonctionnement ?
Si la manipulation mentale était à la portée des Lanyshstas... Les possibilités offertes...

Il faut absolument nous apprendre ce "truc" Carmïnn. Comment est-ce que cela fonctionne ? Je suis sûre que nous serions nombreux au kil'dara à être moins nerveux avec cet atout dans notre manche.

La réponse à sa question sur les vagues la laissait sur sa faim par contre. Dans le genre cryptique, la réponse se posait là. Sans référentiel sur lequel s'appuyer, des qualificatifs comme "pire" ou "prometteur" ne signifiait rien, leur sens changeant selon la perspective de celui qui les utilisait. L'ancienne avait-elle une raison particulière d'éluder la question ?
La tentation d'insister était là. Mais encore une fois il y avait d'autres priorités. Comme cet ancien "menaçant" à l'arrêt non loin d'ici... ou comme la nouvelle venue entrant dans le bar dont elle aperçut le reflet dans le miroir de son poudrier.
Il faut dire qu'elle était difficile à louper : de très grande stature, toute de verte et en apparence prête à la guerre. Pouvait-il s'agir de "la verte" dont on trouvait des traces partout dans les entrelacs ?
Le fait fut rapidement confirmé lorsqu'elle s'invita à la tablée et se "présenta".

Merle.

Réponse sobre à une question sobre. L'arrivée de Jade avait en outre eu l'avantage de lui apprendre quelques noms supplémentaires en plus de celui d'Onä. Ne manquait plus que celui de l'enfant et elle pourrait apposer un nom sur chaque visage.

Avec la réputation que la monochrome avait, Perle était particulièrement intéressée de la voir à l'oeuvre. C'était assurément une personnalité sur laquelle il fallait compter dans le monde lanyshsta aussi toute information à son sujet en devenait précieuse. Elle l'observait avec une grande attention, attentive au moindre détail et les gravant tous dans sa mémoire.

Elle sortit un carnet dont elle découpa proprement une page, puis un fusain. Elle entreprit ensuite de dessiner d'une main sûre sur le bout de papier tout en s'adressant à Carmïnn.

Si en tant que néo-lanyshsta je suis indétectable à vos yeux sauf à courte portée, j'imagine qu'il en sera de même pour votre mystérieux inconnu à quarante mètre d'ici je me trompe ?

Elle mit la touche finale à ce qui était devenu un plan sommaire du rafiot troué et de ses environs. Sommaire certes car les bâtiments n'étaient pas identifiés, mais très précis dans ses dimensions et même doté d'une échelle. Elle le fit glisser sur la table vers l'ancienne.

Si vous êtes capable de m'indiquer approximativement sa localisation sur ce plan, je suppose que je pourrais sans trop de risques aller jeter un coup d'oeil. Une description physique serait-elle suffisante pour que vous puissiez l'identifier ? Ne m'étant jamais adonnée à l'exercice, je doute de pouvoir transmettre une image télépathique fiable. Par contre j'ai un bon coup de crayon et si j'arrive à avoir une bonne vue sur l'individu je pourrai vous en dessiner un portrait fidèle.


Enfin, Yloyse leur proposa des présents. Et quels présents ! De petits bijoux -au sens propre- doté selon ses dires de propriétés protectrices. De quoi attiser la curiosité au minimum même si il ne fallait pas prendre pour argent comptant ces affirmations.

C'est très généreux de votre part Yloyse. J'apprécie. Par contre si le don est conditionné à la participation à l'expédition chez les dath'ogal, il va me falloir différer ma réponse car je n'ai pas encore pris de décision définitive quant à ma participation éventuelle.

Si le fait d'être néo-lanyshsta rendait sa détection difficile par les anciens, il était probable qu'il en serait de même avec les dath'ogals et leur supposée capacité de détection des "écarts de réalité". Ce qui revenait à dire que sa valeur en tant que participante potentielle à ce petit voyage augmentait d'autant malgré son incapacité à faire face à d'éventuels dangers. Ce pouvait être un levier de valeur.
Car Carmïnn avaient beau proclamer volontiers qu'ils étaient tous "amis", jusqu'à présent elle demandait une assistance sans offrir en retour autre chose que quelques informations pas toujours vérifiables.

 

Un sourire mi-figue mi-raisin apparaît sur son visage.



Yui porta tranquillement et assez discrètement sa main vers la garde d'une de ses lames. Si son geste avait été très discret, ce qui suivit a sans doute été très clairement perçu par Carminn. Une altération de la réalité. Invisible par les sens classique, Yiu s'y était beaucoup entraînée. Par contre, avec des sens dont elle ignorait l'existence, cela été sans doute perceptible.
Quoiqu'il en soit, une aura imperceptible à la vue (car très fine, quasiment invisible et de la même couleur que la lame) recouvrait désormais une de ses lames tempêtes. Son effet était minime, mais cela pourrait toujours faire la différence. Et Yiu s’apprêtait à faire de même avec la seconde.

La forgeronne se remémorait aussi les itinéraires d'évacuation qu'elle avait mémorisés. Au cas où.





Fidèle à elle-même, elle allait droit à l'essentiel. Yiu lui répondit d'un hochement de tête.

Pensée :
Inutile de lui demander comment elle allait, elle trouverait la chose inutile. C'est bien une des seules choses que Yiu savait d'elle. Inutile aussi de répéter ce qui avait déjà été dit quant à la sécurité du lieu.

Yloyse sortit alors les pierres. Elle lui envoya une pensée, admirant le don fait au plus jeune à sa juste valeur :
Pensée :

C'est alors que Merle fit sa proposition. Les choses s'accélérait. Yiu commençait à mobiliser toute son attention. Il allait se passer des choses. Et pour le moment, il s'agissait d'être prête. Prête à parler et à agir quand il le fallait ; attentive a ce qui se disait et se passait en attendant. Prête aussi à faire abstraction de sa peur et de cette envie irrésistible de s'éloigner au plus vite, avant de voir ce que l'ancien comptait faire. Décidément, Yiu se serait bien passé d'être lanystha certains jours. Et elle détestait encore plus de devoir faire confiance à une inconnue.

Même s'il s'agit d'une belle rousse comme elle.