« Entre ! Soit la bienvenue. C'est une forge modeste dans un quartier populaire, mais le matériel est là et de bonne qualité.
Alors actuellement, j'ai ce grand foyer central, pour la forge libre, et un four, pour fabriquer mais alliage et réaliser mes recuits et la chauffe de mes trempes, parfois. Euh ... cela te parle peut-être à peine plus que du verbatim poétique ?
Enfin quoiqu'il en soit, voici le foyer puis ... »
se déplaçant en entraînant Lia,
« mon four. Tout ce qu'il a y a de plus basique. Pour l'un comme pour l'autre, je fais bruler du charbon et je mets ce qu'il y a à chauffer dessus. Donc pour ajuster la température, c'est à vue de nez, en jouant sur le type de charbon, la quantité et la distance au foyer. C'est donc approximatif et rien ne garanti une température homogène.
Maintenant que tu as vu l'existant, on peut s'assoir, non ? »
Elle désigne une table en bois pratique et suffisamment grande pour y travailler à plusieurs, sur laquelle les attendent quelques biscuits et un café chaud.
« Sers-toi ! J'ai un café chaud et sinon ... »
Se demandant ce qu'une jeune ado pouvait bien vouloir boire :
« J'ai de l'eau fraiche ou un peu de lait.
Donc oui, reprenons. Mon plus grand rêve serait un four avec une température intérieure parfaitement homogène, contrôlée très précisément (et pas au jugé), pour lequel je pourrais aussi maîtrisé la vitesse de chauffe et celle de refroidissement.
Pour faire court, la qualité d'une lame est en bonne partie déterminée par la façon dont elle est chauffée lors de sa forge, puis la façon dont on la fait ensuite chauffer plusieurs fois consécutives, pour la renforcer. Quand le métal monte en température, une magie opère. Le carbone de nos aciers se structure avec la chaleur. Les additifs entrent en jeu ... Une formidable chimie. Selon la façon dont on laisse refroidir, cela apporte souplesse ou au contraire rigidité à la lame. Pour corser le tout, une lame trop souple a tendance à être trop molle et si elle est trop rigide elle casse. Et bien évidemment, une lame idéale est à la fois dure et souple (ou légèrement élastique si tu préfères).
Inutile d'ajouter que si on se rate dans ces "recuits" et trempe, dans le meilleur des cas, on peut repartir de zéro, mais bien souvent on peut surtout tout jeter à la poubelle. Et pour réaliser ces alliages, si on cherche du haut de gamme, c'est encore pire.
C'est là que nous intervenons. L'idée serait d'ajouter un intermédiaire entre le charbon et la pièce à chauffer. Au hasard de la vapeur. J'ai cru comprendre que c'était souvent la solution. En jouant sur son débit, sa pression et sur un mélange avec de l'eau plus froide, ou tout ce que tu juges pertinent, il faudrait réussir à maîtriser sa température, le plus possible indépendamment du charbon qui brule. Qui devrait juste limiter la température maximale.
La vapeur pourrait circuler directement dans le foyer, mais l'idéal serait de le tapisser de brique creuses dans lesquelles elle circulerait. On pourrait même y faire circuler, par exemple, de l'eau par la suite pour du refroidissement.
C'est encore brouillon, ce ne sont là que quelques idées, et je n'ai aucune idée de la mise en pratique ni du dimensionnement de tout ça. En plus, portée par ma fougue, je ne suis pas sûr d'être toujours très claire ... N'hésite pas à me reprendre.
Enfin, sur l'idée, un truc plus ou moins dans ce genre serait-il réalisable ? J'ai des crédits et cela ferai faire un bon en avant merveilleux pour la forge d'armes et d'armures ! »