*** Demande Népenthis, laissant le choix à Ubara-Tutu de commencer la visite des boutiques de suite si elle le souhaite. ***

*** Ma clarté étant pas telle que je la conçois, si j'en crois le doute que j'entend, il faudrait peut être que je raffine mes signes. Plus expressifs, pas trop long, sinon c'est compliqué et personne ne s'accroche. Mais décomposer pourrait avoir un effet positif. Va falloir essayer. Tient donc, une occasion. Bougeant mes mains je fais donc un poing devant mon ventre puis j'étale une surface imaginaire horizontale plus haut. Enfin je décris une courbe de chaque coté, descendante puis montante. J'accompagne le tout par l'avancé de ma mâchoire inférieur et d'un haussement d'épaule finale.
Les boutiques montrent beaucoup, une apparence souvent soignée, c'est le fond qui m'intéresse en ce moment, j'y suis c'est normal. Le fond qui transparaît parfois plus haut, pour une œil avisé. ***

*** Népenthis observe avec attention le mime d'Ubara-Tutu... Quand la kildarienne a proposé cette possibilité de communication, il y avait un point qu'elle n'avait pas envisagé : ne pas reconnaître ce que la kildéenne lui mimerait. Mais soit, devinons !
Un poing... un caillou ? Une enclume ? L'estomac ?
La ligne au-dessus... le niveau maximum de l'estomac ? Une table ? Une feuille de papier ?
Allons bon, des vagues maintenant... Un sourire ? La nausée ? Bon sang, elle ne veut pas faire un tour sur les flots tout de même ???
Népenthis est perplexe... mais fini par opter pour un mime de la forge, les "vagues" correspondant (sûrement pour Népenthis) à du métal ramolli par la chaleur, qui va être forgé. ***

*** Lance joyeusement Népenthis qui se lève de table. Elle laisse Ubara-Tutu se diriger vers la porte tandis qu'elle va échanger quelques mots à Goustav qui lui serre la main, tout souriant. Un dernier au revoir de la main et Népenthis retrouve Ubara-Tutu. ***

*** Je hoche la tête quelques fois avant de me lever et prendre la direction de la porte. Aucun coup d’œil en arrière, mieux vaut pas savoir tout ce qu'il se passe. Déjà ce qui me concerne est bien lourd. Une fois sortie je me tient dos au premier mur que je croisse sans trop de fenêtre autour. Pas cachée afin que la kil'darienne me trouve facilement. Le repas était bon, je me sens plus lourde, j'espères que ça descend vite je n'étais pas un modèle d'agilité avant d'entrer, je serais une barrique dès la fin de semaine dans le cas contraire. ***

*** Une pensée, légère, file vers la kildéenne ***

*** Népenthis entraîne Ubara-Tutu à travers les rues commerçantes, au détour de l'une d'elles, on entend de loin un tintement... au fur et à mesure de leur progression, le tintement devient un martèlement rythmé, sur du métal. Elles n'ont qu'à se laisser guider jusqu'à la forge par ce tintamarre qui les accueille. ***

*** Lance Népenthis en désignant de la main la forge. ***

*** La kildarienne se dit qu'après tout, Ubara-Tutu souhaite peut-être faire ses achats et continuer son excursion seule. Dans ce cas, Népenthis rentrera chez elle et retrouvera plus tard la kildéenne. A moins que cette dernière ne préfère qu'elle l'accompagne. ***

*** Je suis. Mes pas vont plus vite que tout ce qui s'offre à mes yeux. Beaucoup attire mon regard et ma tête traîne. La différence est si visible dans l'extérieur, un peu moins chez les gens, moins terrée, moins protégée. Cela reste le même type de gens, modelés différemment, extrait de la même matière. Le résultat n'est pas le même, ils ont exacerbé un autre potentiel. Un potentiel que j'admire et qui me touche. Celui du Dé ne m'a pas épargné. Il m'a illuminé trop longtemps, je m'en suis détachée et ma vue s'en est grandement assombrie. Je ne l'aime pas moins maintenant, je le sens. Il est toujours présent, un peu enfouit par ma vanité et mes rancœurs. Ma guide, aidée par cet environnement admirable me donne un petit coup de balais. J'aurais besoin d'autre. Pour le moment ça suffira. La peau soudainement à nue s’abîmerait trop vite. Toujours aussi raide je m'accroche au bras de Népenthis, doucement. La secousse met à l'épreuve mon être de verre. La présence de cette ancienne inconnue est claire. Un pas hors de ma pénombre, il faut avancer. Je regarde les cheminées, les différentes fumées, les jets de vapeur et le concert de percussion.

Je pointe du doigt successivement moi et la kil'darienne, tend le poing puis sors deux doigts qui s'agite vers le bas. Je désigne mes yeux et décris un cercle sur un plan horizontale devant moi. ***

*** Népenthis sourit, elle finit par comprendre de mieux en mieux les signes de son interlocutrice. ***

*** Elles continuent dans le quartier commerçant puis se dirigent vers le Grand Pont de Glou qu'elles empruntent jusqu'à son niveau le plus haut. De là, le District Botanique n'est qu'à quelques mètres rapidement franchi. Des serres, des jardins, des terrasses... moins de brouhaha. ***

*** Je déglutis bruyamment puis claque des dents. C'est beau et marrant ici, même si l'ombre rôde et les mauvaises ondes, je suis à coté d'un lampadaire ou d'un soleil. En tout cas tout est clair et je regrettes mes dents éclatantes pour faire la lune. Le pont en plus de son nom est plutôt sympathique. Je préfères le point de vue, je dois avouer qu'il est élégant et bien placé. J'aime, je voudrais le même à la maison, enfin plus tard, en plus petit. Le mélange est réussit, peu de fondu, des couleurs marquées, du mouvements, des ramifications et plein de matières différentes qui s'emmêlent.
***

*** Népenthis guette la réaction de la kildéenne qui ne se fait pas attendre. Il est vrai que le point de vue depuis les terrasses est à couper le souffle, et le calme environnant appelle à la détente et à la flânerie. ***

*** Je grince un peu des dents et des doigts. J'écoute Népenthis et hoche solennellement la tête à la fin de sa tirade. Avant un petit frisson. ***

***
Je n'attends pas, j'avance, je regarde. Si j'avais des mains de géant je caresserais les serres. Je glisserais un ongle le long de chaque allées pour parcourir chaque circuit. J'inspire pour attirer le soleil. Qu'il brille et éclate sur les parois de verre. Un appel aussi à une vague de chaleur. Je claque des pieds, pas à pas, pour vérifier que le sol ne me rejette pas, pour annoncer ma présence et pour m'ancrer. Et profiter du vols des quelques bêtes qui réagissent, ou pas. ***

*** A cette époque, les arbres bourgeonnent et les fleurs dans la serre, encore protégées de quelques gelées, commencent également à s'épanouir.
Népenthis suit Ubara-Tutu dans la serre. La chaleur qui y règne lui fait toujours penser à un cocon... à la différence qu'un cocon sent peut-être moins bon à l'intérieur ! Ici les premières fleurs et bourgeons dispersent dans la serre une douce odeur qui s'ajoute à celle de la terre humide.
Les jardiniers en charge des serres savent mêler telles ou telles essences de manière à ce que les odeurs de chaque végétal ne dénote pas avec un autre.

Népenthis laisse Ubara-Tutu se promener le long du chemin qui serpente dans la serre et profiter de ce moment paisible. Existe-t-il un endroit similaire au Kil'dé ? La kildarienne attend que la kildéenne ait fini de découvrir les lieux en se promenant avant de lui poser la question... ***

*** Je suis ravi par le spectacle. La chaleur est ma robe, comme ses sœurs il faut l'apprivoiser. J'ai délaissé cet exercice pendant longtemps et me trouve bien maladroite en errant dans les passages autorisés. Je tourne et ondule, je hume et inspire. J'ai peu côtoyé les jardins, simple décors pour des rencontres, comme les théâtres ou le Musée des Machines, des arrière-plans, indispensable pour la perfection de la scène. Rien de plus qu'un rouage et pourtant cette unique serre me parait un riche système, je ne doute pas de l'impression qu'elle me donne, elle est grande est habile, elle sait quoi montrer, elle sait jouer avec la vérité, une vrai dame. Et moi l'enfant qui se tord le coup. ***

*** Népenthis observe Ubara-Tutu découvrir ce nouveau lieu. La kildarienne est souriante : contente de voir la kildéenne apprécier l'endroit qu'elle lui présente et un peu satisfaite de ce que son Kil peut proposer aux visiteurs.
L'herboriste s'installe sur un banc, détendue, pendant qu'Ubara-Tutu arpente quelques allées.
Lorsqu'elle revient à sa hauteur, elle lui demande
***

*** Je tombe sur un trou, je ne sais pas d'où. Je m'arrête pour ne pas l'agrandir. Le toit, le sol a l'air de tenir bon. Tout va bien. Je rejoins mon guide sur le banc. Apaisant, apprécié. La compagnie aussi. Je pense à mon atelier, mes outils et mes morceaux, ne soyez pas jaloux. ***