Le CREA était une idée magnifique. Il apportait bien des avantages tant à la Lanystha qui y voyait une magnifique couverture qu'a l'artisane à qui il offrait un cadre de travail idyllique... Mais voilà. Œuvrer dans la légalité posait certains problèmes majeurs. Le premier et de loin le principal était la paperasse.

Non seulement il y avait la gestion administrative au Sin... Qui demandait principalement une bonne présence aux réunions... Et qui, au besoin, pouvait sans trop de peine être laissé a la charge d'un autre Sinite... Après tout l'exercice tenait autant du passe temps que de la corvée. Mais il y avait aussi... Le reste. Le commerce extérieur avait de sacrés avantages mais bon dieux... Oh... Naturellement avec Yiu et Yloyse sous la patte on pouvait régler une partie non négligeable des problèmes dariens en se rendant directement au bon bureau...

Mais quand même. Ils avaient un petit côté masochiste. Et les déens... Non. Mieux valait ne pas y penser pour le moment. Peut-être devrait-elle laisser la main a la maison d'Ascara pour cette partie. Après tout elle avait sous la main quelqu'un qui s'y connaissait en protocole et qui devrait accepter de lui rendre ce « petit service »...

Enfin... Si la partie légale de tout ce petit travail pouvait être pris en charge par d'autres... Il restait le... reste. Les marchandises fournies aux Lanysthas se portaient mieux de passer par un réseau moins officiel. Et quittes à mettre ça en place... Autant en profiter pour le reste. Sans compter que certaines ressources que les artisans demandaient parfois pour leurs expérimentations n'entraient pas franchement dans le cadre légal. Il fallait donc compléter cette foutue paperasse avec un peu de saupoudrage... Que Naoko préférait prendre en charge elle-même. Tant pour des questions d'habitude que pour des raisons de sécurité.

Le tout avait assez bien fonctionné pendant un moment mais les nouveaux papier posaient certains problèmes de forme... Et il y avait le problème d'Yloyse. Bref... Elle avait fait joué ses contacts pour trouver un faussaire darien. Impossible de se fier a un sinite pour comprendre quelque chose a ces conneries. Elle avait une adresse.

Quelques girasols données a une gosse des ras du sol lui avaient offert un coursier des plus plus rapide pour porter un message soigneusement plié et ramener la réponse :

 
L'atelier est silencieux.

Tu regardes pensivement les machines inertes. Il est à peine midi passé et l'ensemble- ou bien le peu- des commandes ont déjà été honorées. Et cela en ne faisant tourner qu'une seule machine.
Tu as encore plus de difficultés que tu ne pensais à relancer l'entreprise familiale. Les épargnes des années passées te mettent à l'abri du besoin pour le moment, mais la situation en ne s'arrangeant pas aussi vite que prévu, peut vite devenir problématique.

Beaucoup de contrats ont été rompus, la liste de contacts de ton père perdue. Il est difficile de relancer une entreprise quand des histoires circulent à son sujet. Seuls quelques maigres contrats te permettent actuellement de faire tourner, chichement, tes machines. Et payer ton unique employé.
Les contrats classiques, tu en récupereras bien avec le temps.
Mais là ou le bât blesse, ce que tu ne parviens pas à récupérer, c'est tout le pan obscur et illicite de vote ancienne activité. Si tu y prenais part auparavant, c'est ton père qui la gérait exclusivement. De toute l'organisation, tu ne connais que quelques visages. Pas de noms. Pas de contacts.
Et maintenant, le grand silence.

Plus que le cpoté financier, c'est l'aspect artistique et créatif de la chose qui te parait le plus te manquer.
Ciseler les cractères, créer des nouveaux modèles, reproduire à la perfection.
Tu adores être un faussaire.
Il y a toujours ce pari, cette gageure du travail bien fait, du client satisfait, de l'absence d'ennui.
L'autre cas est moins réjouissant.

Tu détaches ton regard de la machine.
Visper est parti son travail accompli.
Tu es seul.

Deux petits coups à la porte.
Presque timides.
Ou plutôt enfantins te rends tu compte en allant ouvrir. La gamine te tend une note soigneusement pliée.
Pas de signature. Pas de nom.

Tu déchiffres la note. Il te semble que ton coeur s'accèlère un peu plus à chaque mot.
A la fin tu souris.
Enfin. Pile quand tu y pensais!

Tu relis.
Hidalgo... Oui cela te dit peut-être quelque chose mais... Oui un contact de ton père sans doute, sans doute!

Un travail de faussaire Tu en voulias un et le voilà qu'on te le propose.
Un bref instant, tu soupèses la possibilité d'un piège.
Il y a le nom d'Hidalgo.

Tu préfères écarter cette possibilité pour l'instant;
La gamine ne pose pas de problème pour te suivre, espérant sans doute quelques piécettes supplémentaires. SI elle attend la réponse, elle a probablement déjà été payée pour, mais tu ne blesseras pas ce petit être.

Tu lui proposes un verre d'eau et un biscuit tandis que tu te prépares à rédiger une réponse.
Tu hésites un instant sur le style à adopter.
Tu préfères opter pour court et succinct, professionnel.





Tu hésites à répondre au PS puis renonce.
Il te faudra juste te souvenir que tu en dois probablement une à ce brave Hidalgo.
Mais attendons de voir d'abord ce que promet cette affaire.

 


Le Cube Carré, au delà de l'humour un peu forcé qui tente de s'exprimer dans son nom possède plusieurs avantages de ton point de vue.
Tout d'abord il n'est éloigné de ton atelier que d'une dizaine de minutes, assez loin pour la discrétion de ton atelier, assez prêt pour pouvoir s'y rendre facilement et fréquemment si besoin.
Ensuite tu connais bien le propriétaire avec qui tu trainais autrefois dans les rues, et qui en souvenir des petits larcins commis ensemble autrefois, est toujours prêt à te fournir un coup de main, comme filtrer tes 'invités'.
Enfin, c'est un endroit que tu fréquentes assez fréquemment, et dont la consommation des alcools divers est souvent plaisante.

Le cadre est sommaire en réalité, sans véritable fantaisie ou décoration autre que les poutres apparentes et un mobilier un peu vieillot tout de bois qui confère tout de même un petit cachet rétro à l'ensemble. Les fenêtres larges, sont sans fantaisie, mais briquées avec soin, tout comme le sol. C'est une vieille plaisanterie ici que de le faire remarquer à outrance et d'en féliciter faussement le propriétaire, sa manie du ménage n'étant apparue qu'après une amende assez salée pour "insalubrité" après un contrôle inopiné.

Tu es arrivé un peu en avance, histoire de ne pas arriver près ton mystérieux client et également de pouvoir fixer certains détails avec Thédius.
Installé à une table isolée au premier étage, que ton ami a consenti à 'privatiser' pour toi -maigre effort au vu du peu d'affluence à son établissement à ces horaires- tu attends maintenant. Thédius est au courant du pseudonyme dont tu t'es servi et qui doit servir de mot de passe pour guider le visiteur vers l'escalier, et t'a servi pour patienter une de ces décoctions fermentées à base de malt.

Ton pseudonyme.
Tu y songes un bref instant en te désaltérant du frais breuvage.
L'Artifice. L'Arti-fils.
Un -piètre?- jeu de mot qui fait référence assez bien le penses tu à ton travail de faussaire tout en rendant hommage à ton père, ce mentor, qui lui se considérait avant tout comme un Artiste.

Tu attends.

 


Le messager n'avait pas mis bien longtemps à revenir. La pièce promise en échange de sa diligence lui est offerte par une Naoko déjà plongée dans sa lecture... Le trait est assuré. Les mots économes. Plutôt bon point... En revanche la proximité du rendez-vous a quelque chose de... dérangeant.

Bien entendu, dans la mesure ou elle espérait mettre en place quelque chose d'un poil plus construit qu'un simple échange elle avait cherché a entrer en contact avec un professionnel dont le carnet de commande n'était pas remplis pour les six mois a venir. Mais à ce point ? Il y avait bien entendu la possibilité de l'annulation propice... Des horaires bien cadrés ou un rythme de vie nocturne pouvaient également expliquer la possibilité d'aménager un rendez-vous aussi rapidement.

Mais... Si Hidalgo avait du contacter de lui-même ou être suffisamment proche de cet... artiste... Les choses ne se serraient pas passées ainsi. L'homme respirait le professionnalisme. Il était plus qu'improbable qu'une recherche d'information préliminaire soit menée a son terme en moins de vingt-quatre heures. Elle avait donc affaire a quelqu'un de plus récent dans les affaires qu'elle ne l'avait escompté. Pas forcément grave. En soi elle n'avait pas besoin de quelqu'un de particulièrement habitué aux affaires les plus sordides. Mais de quelqu'un de compétent.

Le rendez-vous a treize heure dans ce qui sonnait comme le nom d'un bar permettait a Naoko de se présenter en avance. Avec un peu de chance ils servaient a manger...



Onze heure et demis. Habillée d'un imperméable gris, le visage a moitié caché par un voile de tissus clairement voué a la couper des odeurs que la pluie ne manquait jamais d'apporter. L'artisane pousse la porte du Cube Carré. Peu de monde en journée visiblement... Un groupe de quartes krolannes jouent aux cartes en siroptant leur bière. Plus loin deux autres jouent aux dés en prenant des notes sur un feuille. Elle s’installe a une table libre et sort de sa proche l'un des deux carnets qui s'y trouvent. La page sur laquelle elle travaille actuellement est couverte des chiffres qui traduisent le dessin situé sur la page en vis à vis en un patron qu'il lui sera aisé de suivre.

Assez rapidement on vient lui demander ce qu'elle prendra...

- Un demis. Vous servez à manger ?



Le temps a passé... Le plats du jour a défaut d'être de la grande cuisine s'était avéré copieux. La viande était bonne et si le riz était un peu collant il fallait reconnaître que les dariens s'y connaissaient en vapeur. Même lorsqu'il était simplement question de faire cuire des légumes. A présent elle se réchauffait a l'aide d'un chocolat : hors de question d'enchainer trop d'alcool tout de suite. Dans ce genre de milieu elle ne pouvait guère espérer se voire offrir quelque chose de non alcoolisé pendant la négociation et elle tenait a garder l'esprit clair.

Sans réellement cesser de travailler elle avait gardé un œil sur les clients... Si son poisson ne se pointait pas au moins dix minutes avant l'heure du rendez-vous les hypothèses les moins positives se verraient projetés au premier plan. Une ou deux personnes auraient pu correspondre. Mais ce grand krolanne aux petites lunettes arrivé environ trois quart d'heure après elle... Plus que probable. L'apparence était certes souvent trompeuse mais elle en apprenait aussi beaucoup sur le type d'individu. Les artisans qui se consacraient réellement a leur art avaient généralement un style reconnaissable. Que ce soit celui du forcené ou celui de l'esthète perfectionniste.

Environ dix minutes avant l'heure elle posa sa tasse vide et, un léger sourire sur les lèvres demanda au patron :

- Je suppose que l'Arti-Fils est déjà là... J'aimerais beaucoup lui parler.

Quelques instants plus tard elle s’installait en face du krolanne qu'elle avait repéré un peu plus tôt... Portant une main a sa tempe elle s'inclina légèrement vers lui.

- Monsieur. Enchantée de faire votre connaissance.

 
'' Y'a une dame en bas.Elle est là depuis un petit moment et reste à trainer après avoir mangé. De l'air de celle qui attend quelqu'un. Je sais pas trop si c'et ton type de fille mais elle a un petit accent étranger, alors je te le dis comme ca.

Revenu te débarrasser, Thédius t'a prévenu de la présence d'une non habituée en son antre. Tu en as profité pour jeter discrètement un oeil à la salle d'en bas, par dessus les rambardes qui bordent l'étage supérieur ou tu te trouves et repérer l'individu. Une silhouette vaguement féminine, de dos, qui semble griffoner quelque chose.
Rien ne te parait étrange dans la salle, pas d'autre inidividus qui gardent un contact visuel avec elle, et Thédius ne t'a rien signalé d'inquiétant.
Allant à la fenêtre et ouvrant celle-ci, tu n'as rien remarqué de particulier dans la rue adjacente non plus.
Revenant à la table débarassée, agrémentée maintenant de deux verres simples et une carafe d'eau, tu attends la venue de l'étrange visiteuse, méditant sur le fait qu'elle est arrivée avant toi.

Il ne faut pas attendre bien longtemps, et tu te lèves à son approche, répondant à sa question d'une inclinaison polie de la tête, lui rendant son salut au passage.

''Madame, j'espère que cette rencontre me ravira tout autant.
Je vous en prie.''

Lui désignant sa chaise, tu attends qu'elle ait pris place pour en faire de même.

''Puisque nous sommes manifstement tous deux repus, et donc en bonne condition, je vous propose d'entrer directement dans le vif du sujet?
J'ai cru comprendre que vous chercheriez, via un ami commun, à vous attacher certains services que je suis tout à fait disposé à mettre à votre disposition. Néanmoins, il y avait fort peu de précisions sur l'affaire à proprement parler, je nécessiterai donc quelques détails.''

L'introduction de la discussion t'avait accaparé quelques instants sur le chemin au bar. Tu avais choisi de la faire concise et naturelle

 


Courtois. La chose était agréable dans le milieu... Même s'il n'était pas allé jusqu'à lui offrir un verre. Rien d'étonnant à cela, non, mais le ton lui permettait de retirer d’emblée l'un des motif potentiel de long feu les plus communs. Ce qui n'était franchement pas pour lui déplaire : devoir mettre la main sur un autre spécialiste lui demanderait non seulement des ressources mais surtout du temps supplémentaire a passer au Dara... Et si elle pouvait profiter de la forge de Yiu pour ne pas se sentir totalement étrangère il n'en restait pas moins que le confort du Creuset lui manquait. Et que ses soirées étaient nettement moins agréables qu'au Sin.

Le caractère un peu brusque de l'introduction n'était pas pour lui déplaire... Il indiquait que son interlocuteur se montrait un minimum attentif.

- Et bien allons a l’essentiel... Je suis membre d'un comité d'artisans sinite. Si la majorité de nos travaux se basent dans notre kil, il arrive que des personnes issues des autres Kils soient intéressés par nos créations... De même, il n'est pas rare que nos expérimentations utilisent des matériaux d'import.

Une pause, un sourire :

- Vous n'êtes pas sans savoir que la bureaucratie peut poser certains problèmes à la fluidité du commerce. En particulier lorsqu'il est question de produits expérimentaux et potentiellement dangereux.

Elle pourrait aller plus loin... Lui donner plus d'informations immédiatement. Mais s'il y avait une chose que la vie lui avait appris c'est qu'il n'était jamais superflus de sonder le sol sur lequel on s’apprêtait à sauter. Ailleurs qu'au Dara elle aurait peut-être essayé d'évaluer la manière dont le bonhomme réagissait a certains stimuli. Et a plus forte raison avec les dernières « nouveautés »... Mais voilà : cette cartouche était trop prometteuse et la psychologie darienne souvent trop fermée.

 
De la contrebande entre Kils et avec des produits ‘dangereux’.
Parfait.
On était dans ton domaine, et le caractère sensible que paraissait revêtir l’exploitation décrite pouvait promettre quelques perspectives alléchantes.
Un tressaillement agite tes lèvres s’étirant en un fin sourire.

‘’ Fort bien. Si je vous comprends, je peux effectivement vous aider à faire circuler vos marchandises. Quelques petites précisions néanmoins.
Deux aides pourraient vous être proposées : la contrebande par des intermédiaires illégaux pour éviter tout contrôle inopportun, et la contrebande que d’autre moyens illégaux pourraient légaliser.

Je ne suis pas encore en état de vous fournir une filière d’approvisionnement par des intermédiaires. Ce que je peux vous fournir en revanche, ce sont d’authentiques faux papiers plus vrais que nature qui permettront de maquiller vos transferts.

Seconde précision sur ce point : je ne peux actuellement vous fournir de tellesaccrédiations que concernant mon propre Kil. Puisque vos affaires semblent être plus vastes, il mefaudra quelque temps pour réunir certains modèles nécessaires à cette affaire.
Vous m’en voyez navré.’’

Inutile de détailler plus en avant, et voyons la réaction de ta … cliente.
Personne n’ayant touché la carafe ni les verres, tu sers à chacun d’entre vous un verre d’eau.

 


Un sourire carnassier passe sur le visage de Naoko a l'évocation des authentiques faux. La formulation est jolie, le fournisseur franc et prudent quand a ses capacités : il préfère marcher avant de courir.

Parfait.

- La filière n'est pas ce que je viens chercher chez vous. Nos artisans ont bien souvent des idées bien arrêtées sur ce qu'ils veulent acheter et les clients... Nous n'en cherchons pas particulièrement de nouveaux. Il vas de soi que si les choses se passent bien des réseaux peuvent se rencontrer... Mais je suis plus ici pour parler a un... artiste.

Vu le pseudonyme de l'animal le mot ne ferrait pas de mal dans l'évolution de leurs relations sociales. Et puis puisque la glace ne s'était pas craquelée sous ses premiers pas elle pouvait espérer commencer a danser.

- Les différents Shrass ont un fonctionnement bien différent les uns des autres... Et pour mes associés et moi-même cette rencontre représente une opportunité : les techniques utilisées a un endroit diffèrent de celles employées a un autre et une presse Darienne peinera, je l'imagine, à reproduire les filigranes Déens.

La formulation est volontairement déséquilibrée, vouée a évaluer le degré de chauvinisme auquel elle devrait faire face. Bon... Bien sur l'inverse était parfaitement vraie et son vis à vis en avait parfaitement conscience (a moins qu'il ne soit un parfait imposteur).... Pour rendre le tout plus... piquant : prendre une voix bien plus assurée et affirmative que celle employée jusqu'à présent.

- Le CREA dispose de moyens. Si nos premières collaborations s'avèrent fructueuses nous pourront vous aider a améliorer votre matériel.

L'égo est quelque chose de magnifique.