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Le cabinet du Doc
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Matal 27 Dasawar 816 à 23h13
 
***

La porte d'entrée claque. Quelqu'un marche à pas feutrés dans le vestibule, puis s'introduit dans la salle d'attente. Une chaise frotte le sol. Elle grince bruyamment lorsque la patiente s'assoit.

Elle est arrivée: l'adolescente en panique sur les entrelacs.

Elle grimace, retire vivement sa main chaque fois qu'elle tamponne, même très doucement, son nez tordu et enflé avec un mouchoir ensanglanté. Elle porte plusieurs ecchymoses sur la joue droite et des égratignures sur le front. Les autres blessures, s'il y en a, sont dissimulées sous un gros anorak bleu électrique, des gants de laine et un pantalon en toile bleue.

Elle a versé des larmes.

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Merakih 28 Dasawar 816 à 17h28
 
***
Quand le médecin - en train de mettre en ordre la salle d'examen après le passage de son dernier patient officiel de la journée - entend la porte d'entrée claquer, il se doute bien qu'il doit s'agir de sa patiente officieuse...
Il lui suffit de quelques enjambées pour rejoindre la salle d'attente, attenante.
Quand son regard se pose sur l'adolescente, celle-ci correspond peu ou prou à l'idée qu'il s'en était faite au travers de sa saveur télépathique. Les blessures en sus...

Le lanyshta aux cheveux poivre et sel rejoint la porte d'entrée, et donne deux tours au verrou avant de se retourner à nouveau vers Vunkisht. Le sortilège de Vision Vitale, qui ne le quitte presque plus jamais, lui permet de prendre la mesure des dégâts que son corps a subi. Rien d'irréparable à côté du traumatisme psychique qu'elle semble avoir subi...
***

- Je n'attend personne d'autre, mais on ne sait jamais...
Je suis le docteur Helhar'sen Ma'elzar, mais tout le monde m'appelle Doc'.
Suis moi, on va déjà commencer par te rabibocher.
dit-il en se dirigeant à nouveau de la pièce d'où il est venu.

***
Au milieu de la salle d'examen carrelée de blanc attend un table mécanique. Il ne faut qu'un coup d'oeil à l'adolescente pour reconnaitre les mécanismes permettant de passer de la position table à celle de fauteuil, ainsi que ce qui actionnent la fermeture des sangles de contention, un incontournable à cette époque où les anesthésiques ne sont encore guère efficace...
Au fond de la pièce, une double porte vitrée pouvant être occultée par des rideaux donne sur une pièce avec une demi-douzaine de lits.
***

- J'ai deux chambres individuelles à l'étage, tu pourras en prendre une le temps de décider où aller, t'inquiète pas. commente-t-il en suivant son regard qui explore la pièce.

***
Le Doc' ne s'intéresse ni aux ouvrages médicaux qui remplissent les bibliothèque derrière son bureau, dans un coin de la salle d'examen, ni au contenu des armoires à pharmacie qui occupent la plupart des autres murs.
Il tapote sur la table d'examen, invitant la jeune kildarienne à s'y installer.
***

- Allonge-toi, il n'y en a que pour quelques minutes. ajoute-t-il en commençant à frotter ses mains comme pour les réchauffer. Ca va peut-être piquer un peu pour le nez, ça pique toujours un peu les os qui se ressoudent, mais le reste à l'air relativement superficiel, la magie devrait pouvoir régénérer tout ça en moins de temps qu'il ne faut pour le dire! conclut-il avec un sourire se voulant rassurant.




(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Merakih 28 Dasawar 816 à 19h34
 
***

Elle tremble un peu, la jeune fille. Une fois certaine qu'ils sont seuls, elle défait son anorak. Elle dégage une odeur désagréable de transpiration rance. Quand s'est-elle lavée pour la dernière fois?

C'est un soulagement quand elle s'étend sur la table d'examen.

Doc, ça fait mal... quand j'respire.

Sa peau brune est à peine égratignée. Le volume de ses épaules est légèrement au-dessus de la normale, idem pour les pectoraux et la majorité de sa musculature. Les mains sont difformes, écorchées, partiellement brûlées, autant dire sacrifiées.

Ce n'est qu'une adolescente. Elle plaque ses deux bras sur les côtes en grimaçant. Sa respiration est hachée. Elle ne pleure pas, c'est préférable de serrer les dents.

Vous allez utiliser... la magie? Vous savez c'que vous faites au moins?

Elle s'égare intérieurement dans des réflexions stériles. Elle finit par dire ce qui lui passe par la tête.

On a le droit.

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Julung 29 Dasawar 816 à 18h41
 
***
Il ne faut pas longtemps au médecin pour deviner que l'adolescente en a bavé. Et que ça ne date pas d'hier.
Le Kil'Dara est rarement tendre...
S'il sait ce qu'il fait? Il ne doit pas y avoir beaucoup d'autres grands-maîtres phérémanciens dans les parages, elle aurait pu trouver bien pire.
***

- Oui, on a le droit...
J'ai déjà remis d'aplomb des lanyshtas en bien plus triste état que toi,
dit-il avec un sourire. A commencer par moi... la dernière fois j'ai carrément dû me faire repousser un bout de cuisse sur lequel un loup avait jeter son dévolu pour le dîner. Il aurait bien aimé boulotter le reste aussi d'ailleurs.
Dommage que je ne puisse pas en faire profiter nos autres compatriotes, la magie permet des choses parfaitement irréalisables par des moyens conventionnels,
continue-t-il avec un haussement d'épaules désenchanté.
Je vais commencer par parer au plus pressé avec ton nez et tes côtes.

***
Le Doc' tend ses mains au dessus du visage de Vunkisht, sans la toucher mais si près qu'elle peut sentir leur chaleur.
***

- Ne bouge pas.

***
L'air entre ses mains et le visage de sa patiente crépite, et elle peut distinguer de brefs petits éclairs sombres courir le long de ses doigts avant de plonger vers sa peau tuméfiée.
Elle sent une douloureuse tension dans son nez quand celui-ci reprend sa place normale, l'espace d'un instant, assortie d'un léger craquement osseux, puis la douleur s'estompe aussi vite qu'elle est venue, se transformant en de simples picotements, qui eux-mêmes laissent place à une douce chaleur au fur et à mesure que Helhar'sen ressoude les os et régénère les tissus lésés.
***

- Voilà déjà pour le minois, tu n'auras plus qu'à nettoyer le sang séché, la peau est toute neuve en dessous!

***
Helhar'sen se décale pour se placer au dessus de son abdomen et recommencer le procédé. Heureusement les côtes ne semblent que fêlées, sans réel déplacement qui aurait pu causer de lourds dégâts aux organes...
Cette fois, Vunkisht peut observer plus attentivement le phénomène : l'énergie que dégage le Doc' prend la forme d'éclairs électriques sombres, légèrement verdâtres, qui plongent au travers de ses chairs pour atteindre les régions lésées. Si la lanyshta maîtrise la vision magique, elle peut se rendre compte que chacune des centaines de décharges va accomplir un rôle précis pour éliminer les tissus nécrosés, les thromboses, refaire pousser du tissu sain, assurer la répartition de l'irrigation sanguine dans celui-ci... comme une multitude de micro-instruments de chirurgie orchestrés par le Doc'. Il n'y a aucune douleur, seul le crépitement électrique de la magie du lanyshta pendant qu'il répare ses os, ses muscles et sa peau.
Après une poignée de secondes, l'adolescente sent sa cage thoracique se détendre et sa respiration devenir plus aisée. Les hématomes retraçant fidèlement les coups ont disparu et sa peau a retrouvé une teinte normale

Le médecin laisse échapper une profonde expiration, seul signe des efforts qu'il a accompli jusque là.
***

- Ca devrait déjà aller mieux... donne-moi quelques instants, je dois reconstituer mes réserves avant de m'occuper de tes mains.

***
On aurait pu croire que les flux de mana deviennent plus aisés et moins douloureux avec l'entrainement. Mais tel n'est pas le cas, surtout avec les quantités d'énergie que le Doc' est à présent capable d'agréger à chaque flux : il sert les dents et son visage se tend pendant les quelques secondes que dure le processus, le crâne vrillé par une douleur brutale. Là encore, la vision magique permettrait à Vunkisht de "voir" l'énorme quantité de mana qu'il vient de générer.
Helhar'sen reprend bien vite un air plus détendu et rassurant.
***

- Assied toi s'il te plaît.

***
Il se place face à elle et prend les mains de l'adolescente dans les siennes.
***

- Il faudra beaucoup plus de travail pour que tes mains retrouvent une apparence normale, on n'efface pas des années de labeur aussi facilement, mais je devrais déjà pouvoir te soulager un peu...

***
Fermant les yeux, Helhar'sen fait appel au sortilège le plus puissant qu'il connaisse. Cette fois il n'est pas simplement question de s'occuper de blessures superficielles ou de ressouder des os, il faut pousser le corps à se souvenir de sa forme initiale.
L'air grésille autour du médecin tandis qu'il mobilise une énorme quantité d'énergie, et une vague de magie sombre de magie crépitante nimbe leurs mains liées. Le sortilège est complexe et puissant, difficile de dire comment il agit pour un non-expert, même avec la vision magique, cependant Vunkisht voit ses écorchures se résorber, et sa peau brûlée reprendre une apparence saine et rosée en quelques instants. L'effet le plus important est néanmoins le moins visible : la magie a réduit l'inflammation chronique autour des tendons et débarrassé les cartilages d'un début de calcification, rendant un peu de liberté de mouvement aux articulations malmenées.

Les épaules du médecin s'affaissent légèrement alors qu'il relâche les mains de sa patiente. Il affiche toujours son petit sourire, mais ses traits sont clairement plus tirés qu'avant le dernier sortilège, son teint est un peu pâle.
***

- Il faudra renouveler l'opération les prochains jours, mais pour l'instant je suis à sec!
Comment tu te sens? Assez requinquée pour prendre une vapo-douche pendant que je nous prépare à dîner?





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Julung 29 Dasawar 816 à 20h28
 
***

Sans voix, la jeune fille accuse le choc de l'opération.

Elle regarde bêtement ses bras vacillants, ses mains brunes, le visage ruisselant de larmes, figé par l'étonnement plutôt que déformé par les sanglots.

Les mots ne peuvent pas retranscrire fidèlement le flot d'émotions contradictoires qui la submerge, ici et maintenant. Il y a de la peur bleue mélangée à de la chaleur orange, de la gratitude rouge vif, un air de guitare beige qui sent la terre humide et qui rend le sourire, le stress froid et acéré de l'incertitude.

Il lui faut plusieurs minutes pour revenir à elle. Son expression est sincèrement empreinte de gratitude lorsqu'elle répond enfin à Helhar'sen:

Merci.

Elle se lève, libérée du poids d'un corps fatigué avant l'âge, mais encore sensiblement affectée par la vie misérable des trois derniers cycles. Vunkisht veut cette vapo-douche.

D'accord pour la vapo-douche. Merci.

Elle reparaît une demi-heure plus tard, alors qu'il est encore en train de s'affairer en cuisine, portant sur elle des vêtements propres chipés au bonheur la chance. ça sent bon, dit-elle simplement, pour engager la conversation. Elle reste interdite sur le seuil, rassemblant ses mots à grand peine.

ça m'a fait du bien, merci.

Un autre silence, plus long encore. Elle ne sait vraiment pas quoi dire. Elle méprise la faiblesse et la bêtise. Au contraire, la personne qui prend soin d'elle est un être exceptionnel, presque l'égal d'une divinité, capable de prodiges dont l'Outre-Science, l'orgueil du Kil'dara, est totalement incapable.

Elle sent au plus profond de son être qu'elle et Helhar'sen sont liés, ainsi que d'autres encore dont elle a perçu la présence dans les Entrelacs. Dans des circonstances habituelles, il faut du temps pour faire confiance à un inconnu. C'est totalement l'inverse ici, cela lui procure un bien-être salutaire.

Il... y'a un lien entre nous. On est d'la même race. Y'a un truc qui nous lie tous.

Ce qu'on m'a fait... jamais je pardonnerai.

Ce que vous avez... fait... Merci, Doc. C'était le truc le plus beau que j'ai jamais vu dans ma vie. Merci.

Je paierai ma place ici, et la consultation, et la nourriture. J'ai des économies, le temps que je trouve quoi faire. C'est bien ça l'problème. Ce que j'fais maintenant.


Les mots pleuvent, comme versés d'un tonneau de désespoir bien trop rempli.

Pourquoi nous tuer quand on peut faire un truc pareil? C'est un miracle c'que vous avez fait, une prophétie, un truc du genre, de ouf!

C'est injuste que ça soit interdit! C'est injuste!


***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Vayang 30 Dasawar 816 à 22h44
 
***
Quand la jeune lanyshta revient, elle est transfigurée. Ses cheveux bleus sont toujours mal coiffés, mais son visage est propre, indemne, et surtout elle sourit!
***

- Mais de rien voyons! Quoi qu'en disent certains, nous sommes bien trop peu nombreux pour ne pas nous serrer les coudes...
Ne commence pas à t'inquiéter d'une quelconque contrepartie financière, mon affaire tourne bien, j'ai une patientèle de quartier plutôt régulière. Faut dire que la Cellule Médicale est établie là depuis plusieurs dizaines d'années... Bref, avec les lanyshta je préfère les échanges de services pour tout te dire.
C'est peut-être moi qui serait dans la mouise un de ces quatre, si je peux compter sur toi à ce moment là, on sera quitte!


***
Le médecin réduit le feu sous les légumes qu'il est en train de cuire dans une casserole, et sort une poêle qu'il met sur un second feu.
***

- Installe-toi, c'est prêt dans deux minutes... dit-il en désignant une petite table à côté de la fenêtre où deux couverts ont été dressés.

***
La vaisselle n'a rien de fantasque, basique.
Le temps que la seconde poêle chauffe, il sort un sachet contenant deux épaisses tranches de jambon cuit à l'os, bien persillé, qui dégage une alléchante odeur quand il les met à braiser.
***

- Ce n'est pas faux, nous sommes effectivement tous liés, ne serait-ce que par les Entrelacs, cette espace éthéré dans laquelle nous pouvons projeter nos pensées tant que nous appartenons au même paradigme. Par définition, si nous sommes liés nous appartenons aux mêmes Entrelacs, et si nous appartenons aux mêmes Entrelacs nous sommes liés.

***
Le Doc' se tait, sont visage se ferme un bref instant : avec d'autres, il a essayé d'aller aux confins des Entrelacs, d'en sortir. Il étaient cinq au départ, deux sont revenus seulement, et pas indemnes. Il reprend un air plus enjoué, chassant les visions qui le hantent.
***

- D'aucun nomme "Voix des Cendres" l'entité qui a provoqué l'Eveil, la transformation en lanyshtas. Celle-ci s'est élevée à plusieurs reprises par le passé. Au moins deux fois auparavant car nous - tous ceux que tu peux percevoir dans nos Entrelacs - sommes la troisième vague.

***
Helhar'sen retourne le jambon et va chercher les assiettes posées à table pour les garnir de légumes. Apparemment, il s'agit d'une compotée de tomates, poivrons et oignons avec des herbes dans laquelle il a ajouté quelques morceaux de pommes de terre et de panais grillés.
***

- La première et la seconde vague... ils sont encore moins nombreux que nous, mais bien plus puissants, et surtout en guerre les uns avec les autres. A ce que j'ai compris, la cité est le territoire de la première vague, et ses membres ont chassé les survivants de la seconde hors des murs, dans la nature.
Nous sommes tous liés, c'est sûr, mais ne perd pas de vue que certains sont des ennemis mortels.
On arrive un peu tard en fait, on paye les pots cassés pour les lanyshtas des vagues précédentes qui ont causé beaucoup de tord. Alors oui, ça peut paraître injuste de nous interdire, mais tous les lanyshtas ne sont pas comme nous, certains étaient des fous-dangereux, des psychopathes au potentiel de destruction inimaginable...


***
Le jambon braisé rejoint les légumes dans les assiettes, accompagné d'une généreuse miche de pain, et le tout atterrit sur la table. Avant de s'assoir, le Doc' ramène aussi deux pichets, un d'eau et un de vin.
***

- Pour ma part je reste attaché à une philosophie assez existentialiste : je pense qu'on est toujours libre de choisir. Même avec un frouzeur sur la tempe, on peut toujours choisir... Enfin, rassure-toi, il est très dur de tuer définitivement un lanyshta : la plupart de rematérialisent simplement ailleurs en cas de mort violente. Le Kil'Dara ne viendra pas à bout de nous aussi aisément!

Mais l'heure n'est pas à parler de choses aussi sombres... J'imagine que tu dois avoir faim, mange tout ce que tu veux, j'ai aussi du fromage et des fruits au frais!
Et intéressons-nous plutôt à ton "problème"... si tu ne sais pas quoi faire, je peux peut-être t'aider : le travail n'est pas ce qui manque pour les lanyshtas! Tout dépend de toi, de ce que tu sais faire, de quels pouvoirs tu as déjà acquis la maîtrise... ta magie ne s'est pas encore manifestée?





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Sukra 31 Dasawar 816 à 08h55
 
***

Le fumet du jambon braisé fait saliver la petite affamée. Elle s'attaque au plat sans délicatesse, piétine les saveurs que la compotée aromatisée aux herbes donne aux légumes finement grillés. Le jambon y passe avec empressement, descendu avec plusieurs verres d'eau. Le pain efface les traces du crime.

La jeune fille songe en même temps à tout ce qu'elle vient d'entendre sur les Lanyshstas. Une douce chaleur intérieure à la mention de la Voix de Cendre, un frisson en imaginant qu'il y a d'autres Lanyshstas anciens et fous, une terreur glacée à l'idée de mourir... puis de ressusciter.

Acquerrait-elle des pouvoirs magiques également? Elle est étourdie par la gravité de la question. Le Voix de Cendre est-elle capable de changer quelqu'un à ce point? Où est-ce Vunkisht qui était d'une autre race dès la naissance?

Non, je n'ressens rien qui ressemble à de la magie.

Elle raconte alors à Helhar'sen ce qu'elle a vécu ces deux derniers cycles, après qu'elle se soit éveillée.

Il apprend qu'elle a nié en bloc sa nouvelle condition dès le départ. Ses parents eurent des soupçons sans qu'elle ne sache jamais comment, car elle a tout fait pour rester la même Vunkisht. Le climat familial s'est détérioré à tel point qu'elle prit un jour ses affaires et ne revint jamais chez elle.

Les mains d'enfant sont idéales pour installer les minuscules valves des vromballes. Vu l'importance des usines qui les fabriquent, le Kil'dara ferme les yeux sur l'âge des ouvriers tant qu'ils sont parfaitement identifiés. Vunkisht a travaillé pendant deux cycles dans un atelier de production de vromballes sans jamais rien apprendre de leur manipulation complexe.

Elle passe sous silence les battues à mort auxquelles elle a participé contre des Lanyshstas. Elle n'est pas prête à reconnaître qu'elle a fait ça. Le Doc à tout de même l'intuition qu'elle ne dit pas tout, quelle que soit la nature de ce qu'elle cache. Elle ne paraît pas sereine lorsqu'elle parle de cette période de sa vie en particulier.

Concrètement, elle ne sait presque rien faire: ses compétences sont spécifiques à l'assemblage des vromballes, ses connaissances ne dépassent pas le niveau du collège élémentaire, et pour couronner le tout sa magie ne s'est pas encore manifestée. Elle n'a pour elle que la débrouillardise et une soif d'apprendre croissante.

... j'ai été agressée une première fois sur l'chemin du retour, j'ai failli y passer. à l'hôpital j'ai été examinée, j'ai eu très peur. Mais ils n'ont rien vu.

ça m'a permis de continuer à faire ma vie sans les soupçons. Mais il y a quelques jours, j'ai eu des signes. J'ai quelque chose qui pousse dans le dos, comme... des pointes. J'ai pensé qu'c'était fini le calme que j'avais eu, et j'ai eu peur de me faire agresser encore.

J'ai démissionné de l'atelier de vromballes, j'ai pris mon solde, je suis partie. Et j'me suis faite agressée près de chez moi, parce que je m'suis pris la tête avec une amie que j'ai envoyée valser au sol. Je sais même pas comment j'ai fait, j'ai ressenti... de la colère, très forte.

Ils ont tout de suite dit que j'étais une Lanyshsta. Comme ci c'était marqué sur mon front. J'ai eu la haine, j'ai tout donné pour m'échapper. Maint'nant j'suis grillée.


Elle soupire. Elle est fatiguée et démoralisée après avoir raconté sa vie qu'elle juge minable.

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Dhiwara 1 Jangur 817 à 16h26
 
***
Le médecin écoute avec attention en mangeant.
La petite est passée par de rudes épreuves, mais la voir manger avec un bel appétit laisse à penser au Doc' que ce n'est pas ça qui va l'abattre.
***

- Même si tu n'étais pas une lanyshta, la peur de ce qui est différent aurait pu pousser les gens à te voir comme tel dans tous les cas.
D'après quelques recherches que j'ai mené, bon nombre des pseudo-lanyshtas capturés ou éliminés - du moins ceux relatés dans les dossiers du Conseil de Gestion Mortuaire - étaient probablement des gens qui avaient la malchance d'avoir une difformité physique ou une mentalité différente des autres...


***
Le lanyshta boit une gorgée de vin avant de reprendre.
***

- J'ai pu formuler quelques hypothèses à ce sujet au vu de la chronologie des évènements. Je pense que nous sommes différents des lanyshtas des précédentes vagues, nous semblons avoir un meilleur contrôle de notre magie et de la façon dont elle nous impacte physiquement et mentalement. Car oui, certains pouvoirs ont une contrepartie sur la personnalité... Mais je m'égare. Je dirais que nous sommes peut-être moins puissants qu'eux à l'heure actuelle mais nos pouvoirs grandissent très vite, et quelque part je pense que nous sommes plus aboutis qu'eux... reste à voir si l'avenir confirmera ça ou pas...

Je te dis ça pour en venir à ces excroissances qui sont apparues dans ton dos. Il faudra que tu me montres ça si tu veux, mais dans mon expérience les transformations physiques sont les conséquences directes de notre magie : on peut les contrôler si on s'y prend bien, mais si la magie nous dépasse on peut se retrouver avec des "fuites" de pouvoir indésirables.
Ces fuites peuvent se manifester de plusieurs façons en fonction des lanyshtas.

Dans ton cas... je crois qu'il y a beaucoup de colère en toi. Or les émotions fortes sont typiquement le genre de choses qui peuvent engendrer des fuites.
Il se pourrait bien qu'en arrivant à maîtriser tes émotions, ou du moins à les canaliser, tout rentre en ordre...

D'autre part, la plupart des lanyshtas éveillés depuis aussi longtemps que toi - dont je fais partie - ont déjà acquis un certain nombre de pouvoirs, physiques et psychiques. Il se pourrait donc également que le déni que tu as fait pendant ces deux années ait contenu tes pouvoirs dans ton inconscient, et qu'ils aient attendu la première once de prise de conscience pour jaillir de façon incontrôlée... sous forme de déformation physique dans ton cas.


***
Le Doc' finit de saucer son assiette avec du pain qu'il enfourne dans sa bouche.
***

- Tu chais, y en a qui che mettent à émettre des flash lumineux, ch'est 'achement plus gênant, dit-il avant de déglutir.
Pour l'instant, tu ne vois que le mauvais côté des choses, ce qui est normal... tu as perdu ta famille, ton travail, ton identité... mais tu as acquis autre chose. Il y a deux ans, tu es devenu Vunkisht.

***
Ce dernier mot, il l'a prononcé dans une langue qui lui parvient à la fois oralement et télépathiquement pour véhiculer un faisceau de sensations, d'informations. Une langue qu'elle ne connait pas, mais qu'elle comprend malgré tout : c'est son nom qu'il vient de prononcer. C'est sûr, ce mot ne peut que se référer qu'à elle, comme s'il contenait l'essence de son être.
***

- Repartir de rien, c'est l'opportunité de bâtir ce que tu veux, d'être qui tu veux, où tu veux et quand tu veux... Ce n'est pas un choix qui se fait en un jour, il faudra du temps, mais au moins tu es désormais totalement libre de choisir ce que tu veux faire de ta vie. Si tu veux rester dans l'ingéniérie, je connais une lanyshta kildarienne qui pourrait t'employer d'ailleurs.
Même si tu resteras toujours
Vunkisht pour les lanyshtas, rien ne t'empêche de t'inventer un nouveau nom, une nouvelle identité, et de vivre la vie que tu veux avec les krolannes. Le seul impératif dans ton cas est de ne plus jamais être en contact avec ton ancienne vie... et encore, il y a des moyens de faire en sorte que tes anciens proches t'oublient. Pas simple, mais faisable...

***
Et Doc' se penche en avant et pose une main amicale sur l'épaule de l'adolescente.
***

- Le plus important, aujourd'hui, c'est que tu sois en vie et en sécurité.
Oublie ta haine... tu verras bien assez tôt que le krolannes sont juste ignorants et réagissent comme tel. Tu dois t'élever au dessus de ça et voir plus loin : il y a des choses bien plus importantes que nos vies qui se jouent en ce moment, des puissances qui agissent dans l'ombre et menacent toutes formes de vie sur l'île, et contre lesquelles nous sommes probablement les seuls à pouvoir lutter.

Mais je m'égare encore une fois. Pour le moment, on devrait songer à ton bien-être seulement. Le reste viendra après...
Si tu es grillée, le CIEN ne tardera pas à se lancer à tes trousses. On doit donc commencer par brouiller les pistes, et le plus sûr serait de te faire passer pour morte...


***
Une courte pause, Helhar'sen retire sa main et sonde le regard de Vunkisht pour jauger de sa résolution.
***

- Pendant que tu dormiras ce soir, j'irais subtiliser un corps à la morgue. Avec un peu de chance je trouverai une fille de ta taille pour la mettre en scène à ta place. En revanche, je vais avoir besoin des vêtements que tu portais en arrivant, éventuellement d'un ou deux objets personnels en plus pour qu'on puisse l'identifier comme toi.

***
Pourvu qu'elle ne demande pas de détails sur la façon dont Helhar'sen rendrait le macchabée inidentifiable car ça impliquait de le défigurer et d'enlever son kwô...
***





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Dhiwara 1 Jangur 817 à 19h26
 
***

La sinistre proposition du docteur ne cause à la fille aucun émoi visible, pas plus que l'incitation à modérer sa haine pour mener une vie radicalement différente. Le Doc comprend que pour infléchir ce point précis, ses efforts devront s'inscrire dans la durée!

Le plus urgent c'est de disparaître, et vite. La forte tête aux cheveux bleus l'a elle aussi compris. Elle s'éclipse brièvement, le temps de rapporter une sacoche en cuir dont elle dépose le contenu sur la table: une forte somme d'argent, un vieux couteau dépliant qui a un manche en bois pyrogravé. Plus étonnant, il y a enfin une paire de gantelets cloutés, qui n'ont à priori jamais servi.

ça f'ra plus naturel s'il y a de l'argent dans la sacoche, mais ça m'embêt'rait de tout mettre. Le couteau, j'y tiens mais on va s'en débarrasser. Les gants, c'était... pour faire peur. On peut les j'ter aussi.

Dit-elle vrai pour les gants? Seul le bon sens d'Helhar'sen peut l'aider à répondre.

ça m'est égal qu'on prenne un cadavre qui me ressemble. La fille, elle est morte, y a plus rien à faire. Quelqu'un va vous aider à la transporter jusqu'ici, Doc?

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Merakih 4 Jangur 817 à 19h59
 
***
Le Doc' regarde les affaires avec une moue insatisfaite.
***

- La sacoche et le couteau, on dirait que tu les as depuis un bon moment, ça devrait faire l'affaire.
En revanche tu peux garder les gants et ton argent. Là où j'ai l'intention de déposer le corps, on ne retrouve pas d'argent sur les cadavres..
.

***
Rien dans sa voix ne laisse à penser qu'il ait quoi que ce soit à faire de savoir Vunkisht armée.
***

- Je vais aussi récupérer les vêtements que tu avais en arrivant, mais le mieux ça aurait été un papier officiel avec ton nom dessus... Tu n'aurais pas ça par hasard?

Pour ce qui est de bouger le corps, j'ai encore assez de magie en moi pour décupler mes forces. Le transport ne sera pas la partie la plus délicate tant que je reste hors de vue, c'est d'entrer par effraction au CGM qui est le plus risqué. Ceci dit j'y ai passé assez de temps pour bien connaître les lieux. Et je ne te cache pas qu'il est bien plus facile de survivre quand on est lanyshta au Kil'Dara si on maîtrise l'art de la discrétion : je me suis déjà faufilé dans des endroits mieux gardés que ça.


***
Helhar'sen s'interrompt un instant, son regard posé sur les cheveux de l'adolescente.
***

- Tant que j'y pense, ça serait bien qu'on te teigne les cheveux. Au moins temporairement...
On s'en occupera demain matin, tu me diras ce que tu veux comme couleur et j'irai t'acheter de la teinture.
Je vais prendre contact avec quelques connaissances pour essayer de te dégoter des faux papiers...
Tu as une idée d'un nom qui te plairait?





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Julung 5 Jangur 817 à 07h13
 
***

Le cadavre d'une pauvre inconnue remplacera bientôt Vunkisht au Kil'dara. Elle lui léguera des effets personnels, jusqu'à ses propres documents d'identité dissimulés dans les compartiments de sa sacoche. C'est à elle désormais de prendre un rôle d'inconnue.

La jeune fille a déjà pris la décision de ne pas accompagner Helhar'sen dans son entreprise risquée. Le Doc fait preuve d'assurance et d'expérience lorsqu'il expose son plan. Elle ne lui serait non seulement d'aucun secours, mais elle risquerait surtout de réduire à néant ses efforts si elle se faisait bêtement pincer.

Elle passera plutôt la nuit à reprendre des forces. Quant à son nom...

Non, je n'sais pas. J'vais y réfléchir avant d'aller dormir.

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Julung 5 Jangur 817 à 23h50
 
*** Helhar'sen hoche la tête. ***

- Il parait que la nuit porte conseil...

Tu as vu ou étais la salle d'eau, hein? Juste à droite il y a les deux chambres individuelles, prends celle que tu veux. C'est pas du grand confort, mais bon...


*** ...au moins elle dormirait dans un lit, même si c'est un lit d'hôpital, se dit-il. ***

- Il doit y avoir des blouses pour les patients dans les placards, tu peux t'en prendre une si tu veux te faire un pyjama.

*** Un courte pause. Il sourit avec un air se voulant rassurant. ***

- Fais comme chez toi, et repose-toi bien : demain on aura pas mal de choses à faire pour te créer ton nouveau toi.

***
Après avoir débarrassé la table et mis les affaires de la jeune lanyshta dans son grand sac à dos de voyage, le Doc' quitte la Cellule pour s'acquitter de sa tâche...
***





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Vayang 6 Jangur 817 à 22h04
 
***

Elle lui dit de faire attention, de prendre garde, et d'autres sottises qu'on laisse vainement échapper quand on se sait inutile. Il est déjà parti. Elle se rassoit à la table désertée, se laisse séduire par le silence surnaturel de l'hôpital. Un clairon l'extirpe de sa paresse sans ménagement: il faut débarrasser, il faut se brosser les dents, il faut se coucher, il faut rester sage.

Elle se lève.

Une fois les assiettes, les verres, les casseroles et la table proprement nettoyés, elle se dirige automatiquement vers la salle d'eau. Il n'est plus là. Les autres sont effacés. Dans le miroir, elle observe son propre reflet, cette bouche difforme, ce nez trop visible, ces yeux sans attrait, ces cheveux secs, cassants et délavés. Elle n'acceptera jamais son corps. Ce soir elle est seule, encore seule, et cela lui déplaît encore.

Elle n'oubliera jamais cette nuit, elle en est déjà certaine. Cette nuit, elle deviendra quelqu'un d'autre. Dormira-t-elle? Si elle est exténuée.

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Merakih 11 Jangur 817 à 23h13
 
***
La nuit a été longue pour le Doc', il est exténué quand il rentre à la Cellule Médicale... cependant il préfère ne pas faire usage de la magie pour reporter sa fatigue, d'une part parce ce ne serait que pour en payer le prix plus tard, pendant la journée, d'autre part parce qu'il a déjà amplement abusé de ses dons. Son corps est perclus par les efforts surkrolannes auquel il l'a soumis pour s'acquitter de son funeste labeur.

Il lui reste à s'occuper de la dernière preuve, son "cadeau". Pour cela, il descend à son laboratoire de la cave en essayant de faire le moins de bruit possible pour éviter de réveiller Vunkisht.
Dans son antre, il sort la tête du cadavre qu'il a découpée et la pose sur la paillasse carrelée avant de dérouler les bandes qui l'enrobent. Il faut au médecin encore une bonne demi-heure pour découper la peau et les muscles externe proprement à l'aide d'un scalpel avant de vider le contenu de la boîte crânienne dans un seau. Pour finir son ouvrage de nettoyage, il met le crâne dans un grand bescher, y verse de l'au jusqu'à le couvrir, puis va chercher une fiole dans son armoire à produits chimique dont il verse une mesure dans le seau. Le mélange mousse instantanément tandis que la solution corrosive commence à ronger les chairs qui sont restées accrochées aux os.
Quand il ressort le crâne après quelques minutes, il est d'un blanc immaculé, parfaitement propre. Après l'avoir rincé une dernière fois, il regagne enfin sa chambre pour quelques heures de sommeil bien mérité.

Quand l'adolescente se réveille quelques heures après, une odeur agréable flotte dans les parties privatives de la Cellule Médicale, et elle trouve son hôte dans la cuisine, en train de préparer des galettes dans une poêle. Le crâne est posé sur la table...
***

- Bonjour! dit-il avec un sourire fatigué.

***
Le Doc' désigne d'un geste du menton le "cadeau".
***

- Je pensais m'en débarrasser, mais j'ai changé d'avis. C'est celui d'une jeune travailleuse soupçonnée d'être une lanyshta... elle a été retrouvée cette nuit dans un bloc désaffecté. Visiblement, elle est tombée sur un malade qui l'a décapitée avant de brûler son corps. Heureusement, on a pu l'identifier, entre autres parce qu'on a aussi trouvé son sac, il a été vidé mais ses papiers étaient planqués dans la doublure. Il y avait aussi un couteau dissimulé sur elle... ses proches le reconnaitront probablement comme le sien.

C'est pour toi.
Pour te rappeler que cette vie est finie.
Tu te sens prête à débuter la nouvelle?





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Vayang 13 Jangur 817 à 09h48
 
***

Oui, répond-elle.

Le crâne symbolise la mort. Après la mort, si notre souvenir s'efface, il témoigne en notre absence. Il disparaîtra lui aussi, mais assez loin pour que ça n'ait plus d'importance. Ce qui est important ce matin, c'est qu'Helhar'sen l'ait gardé.

Tandis qu'hier encore, elle ne se souciait pas du sort de son alter-ego, la puissance du symbole ébranle Vunkisht. C'est le poids d'une vie qu'elle porte dans ses mains. A sa grande horreur, elle sent se propager en elle de la fébrilité. Elle détourne son attention vers le docteur.

Il l'a confirmé cette nuit: c'est un être surnaturel. Seul, il a dérobé un corps du CGM, l'a traîné quelque part dans le Kil pour mettre en scène un meurtre. Il avait assez d'assurance pour vider le crâne et le lui offrir en cadeau. Elle ne se sent plus en sécurité en sa présence, il est terrifiant.

Quand elle pose de nouveau son regard sur le crâne, elle réalise immédiatement qu'elle est au tournant de sa vie. Elle peut fuir en courant et pourrir jusqu'à sa mort. Elle peut tenter de surpasser le Doc pour exister vraiment. Les orbites creuses du crâne sondent son âme. Ils attendent sa réponse!

La voici!

De rage d'être aussi inférieure à Helhar'sen, elle crie du plus profond de ses tripes et fracasse brutalement le crâne contre le mur. Il éclate en mille morceaux.

C'est encore trop tôt pour vous r'mercier, Doc. Je n'ai que d'l'argent, et ça n'suffit pas pour c'que vous avez fait. J'veux explorer tout c'que mon corps est capable de faire, ces choses que vous faites, pour exister.

Maintenant j'm'appelle Leyhraj.


***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Dhiwara 15 Jangur 817 à 19h34
 
***
Etrangement, le lanyshta ne semble absolument pas se formaliser de voir son cadeau ainsi réduit en miettes. Au contraire même, il sourit avec un air de fierté paternelle.
***

- Voilà une belle détermination!

***
Il pointe la spatule en bois qu'il a en main pour cuisiner vers l'adolescente.
***

- C'est ce que j'aime voir chez un lanyhsta : l'envie de vivre, l'envie de ressentir, d'expérimenter, d'exister! dit-il en agitant son ustensile comme une baguette de chef d'orchestre. Nous étions tous quelqu'un d'autre avant que la Voix des Cendres nous éveille. Nous avons tous eu une vie avant. Certains essayent de la préserver autant qu'il peuvent mais ça ne change pas cette inexorable vérité qui est que nous sommes désormais différents. D'autres - comme moi - portent encore leur ancienne vie comme un déguisement. Toi, en revanche, tu fais partie de ceux qui doivent complètement se réinventer car ton ancienne vie est comme celle de la fille a qui appartenait crâne : finie et disparue.

***
Il jette un coup d'oeil à sa poêle, retourne les galettes pour vérifier qu'elles sont cuites, et les fait glisser dans deux assiettes avant de couper le feu et d'apporter le petit déjeuner à table où deux verres de lait attendent déjà.
***

- C'est un bon nom que tu as choisi... Leyhraj.
Je suis ravi de voir que tu as fait le choix de tirer un trait définitif sur ta vie antérieure : dans ta situation c'est la meilleure chose à faire!

Aller, viens manger un morceau pour bien commencer le premier jour de ta nouvelle vie!
Il y a beaucoup à faire, tu vas devoir apprendre à percevoir la magie pour l'utiliser correctement, et à connaître tes limites pour ne pas les dépasser. As-tu réfléchi à l'endroit où tu as envie de mener cette nouvelle vie maintenant que tu es libre? Tu vas rester au Kil'Dara, ou bien veux-tu changer de décor?





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Luang 16 Jangur 817 à 17h38
 
***

L'adolescente est stupéfaite. Leyhraj a brisé le crâne en suivant un instinct brutal. Si Vunkisht l'avait fait, ses parents l'auraient copieusement tabassée. Heureusement qu'elle est morte, se dit-elle. Oui, c'est sa nouvelle vie.

Avant de passer à table, elle rassemble dans un coin de la pièce les débris d'ossements avec un balais. Elle les laisse là, car elle n'est pas certaine de pouvoir les jeter aux ordures sans éveiller les soupçons... Compromettre le travail d'Helhar'sen serait impardonnable.

Elle a bon appétit ce matin et dévore sa galette! Il y a des choses qui ne changent pas... Elle est d'ailleurs toujours indécise quant à son rôle. C'est une évidence qu'elle va se battre, mais qui sont ses ennemis? Les krolannes, qui l'ont méprisée et persécutée? Ils sont trop nombreux. Les autres dont le Doc parlait, qui mettraient le monde en péril? Elle n'en a aucune idée.

Ne vaut-il pas mieux qu'elle devienne une sage petite fille?

Je n'sais pas, Doc. J'vais p'têtre rester ici et rester sage, étudier la magie, m'faire discrète... Il faut aussi que j'change mes ch'veux, j'ai quelques idées...

Elle n'en croit pas un mot. ça ne marchera pas. Elle craquera. Elle repense au rêve de la nuit dernière, au tube de cuivre qu'elle a voulu forger à froid. C'était absurde, Sir Higgins avait raison: il faut du feu.

Doc... J'pensais aussi à un truc... Vous croyez qu'tous les krolannes peuvent dev'nir des lanyshtas?

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Matal 17 Jangur 817 à 22h37
 
***
Helhar'sen attaque son petit déjeuner également. Il prend le temps de finir sa bouchée pour réfléchir avant de donner une réponse à la jeune lanyshta.
***

- Je crois que... la Voix des Cendres peut "éveiller" qui elle veut. Après, pourquoi elle choisit un tel ou un autre, ça reste un mystère complet.
Parmi les éveillés, il y a des gens de tous les âges, de tous les Sharss.
Masculins et féminins.
Des gens sains d'esprit et des fous.
Je ne suis même pas sûr qu'il n'y ait que les krolannes qui puissent devenir lanyshtas...


***
Le Doc' fait une légère grimace, peut-être un peu gêné d'avouer son ignorance.
***

- Nous sommes des pions jetés dans une partie dont nous découvrons les règles au fur et à mesure que les coups se jouent. La Voix a créé d'autres pions avant nous, au moins ceux qu'on nomme première et seconde vague, mais Elle s'est détournée d'eux. Du peu que Klem et Carmïnn ont révélé, je crois qu'elle les a abandonné parce qu'ils ont utilisé Ses dons à mauvais escient... ils se sont combattus, probablement pour le contrôle de la Cité. Pour ce que j'en sais, ce combat dure encore, : les survivants de la seconde vague, décimés et exilés hors de la ville, fomentent leur revanche dans l'ombre.
En partant de ce constat, on peut en conclure que la première vague est en ville...

Ma conviction, c'est qu'ils tirent les ficelles des Sharss. Je suis convaincu que ce sont eux, ou peut-être des lanyshtas encore plus anciens qui dirigent les boutiques cachées qui mettent à notre disposition les "Cubes" nous permettant de d'acquérir de nouveau sortilèges : les krolannes qui y travaillent sont clairement sous l'emprise d'une manipulation mentale puissante. Bien trop puissante pour que des lanyshtas de la troisième vague en soient à l'origine.

Je... J'ai fait pas mal d'essais, et il faut déjà une grande maîtrise pour faire tenir un implant télépathique plus de quinze minutes... alors pour des implants permanents comme ceux des employés des caches, j'imagine qu'ils sont l'oeuvre de lanyshtas dont les pouvoirs dépassent notre entendement.


***
De toute évidence, Helhar'sen rebute à avouer ces expériences, comme s'il n'en était pas spécialement fier. Il change rapidement de sujet.
***

- Voilà pour la partie krolanne des lanyshtas. Pour le reste, il y a au moins les Thirdoks : qu'ils soient les créations de lanyshtas issus de krolannes ou pas, il n'y a qu'une magie puissante qui ait pu créer ces hybrides biomécaniques. Eux-mêmes utilisent une sorte de magie que nous ne comprenons pas encore, mais ce qui est sûr c'est qu'ils ont perfectionné leur stratégie pour concevoir des pièges et des armes spécifiques contre les lanyshtas. Ma théorie personnelle est qu'ils ont échappé au contrôle de leurs concepteurs.
Ce sont eux qui représentent le danger le plus terrible pour l'île toute entière : un petit groupe d'entre-nous a voyagé dans un avenir pas si lointain via un nexus d'énergie, guidés par Carmïnn et ils ont vu ce qui arriveraient si les Thirdoks arrivent à leurs fins.
L'extermination de toute vie...
A côté, les querelles entre première et seconde vague ne sont que broutilles.


***
Les traits du médecin sont tirés, et ce n'est pas que de la fatigue. Malgré son expérience et ses pouvoirs, il est véritablement inquiet.
***

- Alors oui, j'espère vraiment que tu auras le loisir de rester sage et d'étudier la magie avant que les évènements se précipitent, parce qu'on va avoir besoin de toutes les bonnes volontés pour lutter contre ce fléau. Je pense qu'on aura besoin des krolannes aussi, ceux d'ici, et ceux des Portes. On aura besoin des Dath'ogals également, même s'ils considèrent les lanyshtas comme des aberrations : c'est une race ancienne et il y a fort à parier qu'ils ont des connaissances dont nous aurons besoin contre les hybrides...

***
Le Doc' finit son verre de lait d'une traite et se lève. Il essaye de sourire, et y parvient presque.
***

- Aller, d'ailleurs autant commencer tout de suite à te préparer!
Je vais sortir acheter deux ou trois choses dont on aura besoin pour tester de quels pouvoirs tu as hérité, et aussi ce qu'il faut pour teindre tes cheveux. Tu as une idée de la couleur qui te plairait?
Je devrais être de retour d'ici une vingtaine de minutes au plus... Pendant ce temps, j'aimerais que tu fasses quelque chose pour te mettre en condition : immerge toi dans les Entrelacs, observe-les, imprègne-toi d'eux. Plus tu y seras à l'aise, et plus il sera facile d'accéder à tes pouvoirs, tout est lié. Ca marche?





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Merakih 18 Jangur 817 à 19h23
 
***

La Voix des Cendres reste un mystère épais. Le Doc n'a pas la réponse. S'il était possible d'éveiller chaque krolanne, plus personne n'aurait besoin de se cacher. C'était le motif de sa question naïve. Pour l'heure, elle sait que cet objectif est inaccessible.

Elle mémorise le récit des Thirdoks. Dans les prochains jours, elle va sonder les Entrelacs pour en apprendre le maximum sur eux. Ils se présentent comme des ennemis féroces. Y a-t-il un lien avec l'apparition des lanyshtas? Leyhraj, comme Vunkisht, est débrouillarde mais vite dépassée.

J'veux... les ch'veux courts, blonds. Les yeux verts. ça marche Doc, j'vais rester ici et me concentrer. à toute à l'heure!

Il part. De nouveau seule. Elle se concentre, et plonge dans les Entrelacs... à la recherche... des thirdoks...

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Merakih 18 Jangur 817 à 22h38
 
***
Comme il l'a promis, l'excursion du Doc' n'est pas longue. Quand il revient, il a un sac en papier, dont il sort un flacon de verre opaque qu'il brandit avec un sourire avant de le tendre à l'adolescente.
***

- Et voilà de quoi te teindre les cheveux pour être blonde comme les blés. Pour les yeux, j'ai commandé des lentilles teintées chez le souffleur de verre qui fabrique des lunettes pour mes patients, elle devraient être prêtes en fin de journée.

***
Mais ce n'est pas tout, après avoir débarrassé la table des vestiges du petit déjeuner, il y dépose trois objets.

Le premier est un petit coutelas pliant avec un simple manche d'acier muni d'un cran d'arrêt, et dont la lame est damassée.
Le second est un bocal de verre contenant un criquet bien vivant.
Le dernier est une bougie.

Helhars'en s'assoie face à Leyhraj et fixe son regard dans le sien pour la sonder.
***

- Les pouvoirs lanyshtas peuvent se manifester de nombreuses façons. Les affinités varient mais on peut grossièrement les différencier entre celles qui ont trait à la matière inerte, la matière vivante, ou les choses plus... éthérées. Certains au contraire sont parfaitement réfractaires et sont justement capable de contrer la magie.
Alors on va tester tes affinités...


***
Le Doc' déplie le couteau et le pose devant son invitée.
***

- On va commencer par l'inerte puisque tu est habituée à travailler la mécanique... observe la lame : le forgeron a replié plusieurs couches d'aciers différents puis les a traité à l'acide, c'est leur résistance différente au traitement qui donne ces si joli motifs. Ils donnent la souplesse à l'acier, mais constituent aussi des imperfections... tu dois essayer de ressentir ces imperfections, c'est là que tu pourras faire couler ton pouvoir pour tisser ta magie dans la lame, combler ses imperfections. Ne pense à rien, essaye juste de sentir la matière, son grain...




(Agur 816)

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