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Une morte pour une rennaissance
 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Julung 5 Jangur 817 à 23h39
 
***
Après avoir laissé Vunkisht à la Cellule Médicale, le Doc descend la rue comme si de rien n'était. Emmitouflé dans sa longue veste grise de voyage, il marche tout droit vers les Cubes Confort. Le chemin depuis les niveaux inférieurs du Grand-Pont de Glou n'est pas long en journée, avec les nombreuses vapo-nacelles publiques qui circulent entre les niveaux des différents quartiers, mais à cette heure tardive il faut marcher...

Helhar'sen attend de s'être éloigné de quelques rues avant de hâter le pas. Ses enjambées se font plus longues, presque trop souples et silencieuses pour être tout à fait normales.
Voilà bien longtemps que le médecin n'a pas fait usage de ses pouvoirs en ville, passant de plus de temps en expédition à l'extérieur. Il évite les artères passantes, préférant passer par les petites ruelles, désertes si possible, quitte à faire un ou deux petits détours. Personne ne saurait dire que la magie pousse son corps, le gens qui l'aperçoivent croient juste voir un krolanne pressé, mais il préfère être prudent. Moins on le verrait, mieux ce serait.

En arrivant aux abords de l'immense bloc abritant le CGM, le lanyshta adopte à nouveau une allure normale. Il aurait pu aller ailleurs, dans une morgue secondaire, mais il n'y a pas d'autre endroit où il aura autant de choix.
Même si l'activité est restreinte à cette heure-ci, il y a toujours du monde aux entrées pour accueillir les cadavres... Le Doc' longe le bâtiment pour le contourner jusqu'à sa face nord, qui donne sur une allée en cul de sac. Il y a là une porte de service qui donne sur le local des poubelles, mais ce n'est pas ça qui intéresse le lanyshta. Il s'adosse dans un recoin à l'entrée de l'allée, se fondant dans les ombres pour écouter et observer...
***





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Vayang 6 Jangur 817 à 22h30
 
***

Vunkisht reste seule, couchée dans son lit d'hôpital, le corps enfoui dans les draps synthétiques. Malgré la fatigue qui l'assomme lourdement, elle ne parvient pas à dormir. Trop d'images s'entremêlent sans aucune cohérence. Le Doc est parti à la montagne, il va falloir prendre un sac à dos. La vapeur s'échappe de la bouilloire, il faut la sortir du sac, vite, vite. Elle se brûle les mains quand elle y touche, l'eau est renversée, un orage éclate sur ses doigts.

Elle se relève brutalement, le cœur battant. La Cellule Médicale est plongée dans l'obscurité, le silence y règne toujours. Elle pense entendre le tonnerre au loin, tout en sachant qu'elle vient de rêver éveillée.

Ses peurs la tourmentent. Pourvu que le Doc s'en sorte. S'il n'est pas de retour demain, elle est perdue. Elle devra fuir. Que fera-t-elle pour le tirer des prisons du Kil? Elle ne peut rien faire, elle est bête et stupide. Assez, assez de ces pensées.

Elle se lève carrément pour marcher dans la pièce. Il y a des livres ici. Lire peut l'abrutir jusqu'à ce qu'elle dorme. Elle en prend un au hasard, "Néphrologie cycle 1 - Dombaess et al", se remet machinalement au lit, allume une lumière. L'ouvrage lui est totalement inaccessible, elle n'y comprend rien.

"Dors", se dit-elle.

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Sukra 7 Jangur 817 à 15h36
 
***
Pas un chat. Bien.
La métamorphose ne prend pas longtemps, mais s'il est vu à cet instant ça compliquerait les choses. Beaucoup.

Le Doc' inspire profondément et ferme les yeux avant d'ouvrir les vannes, canalisant la magie qui envahit son corps pour modifier jusqu'à ses os. Sa peau s'assombrit, ses membres et tout son corps s'allongent en même temps que sa carrure s'élargit. Les angles de son visage se font plus durs, plus acérés, comme les griffes puissantes qui ornent désormais les extrémités de ses mains.

Ses traits ne sont plus du tout ceux d'un krolanne, ce sont ceux d'un des monstres lanyshtas dont on compte les histoires en ne sachant pas trop s'il s'agit d'affabulation ou si ça existe vraiment. Oui, ça existe vraiment...

Deux pas d'élan, et il bondit sur la façade et agrippe un rebord de fenêtre, avant d'attraper un gros conduit d'écoulement de gouttière qui va jusqu'au toit. Malgré sa masse imposante, le lanyshta se hisse rapidement et silencieusement, se propulsant sur la quinzaine de mètres qui le séparent du sommet de la façade. Après une courte halte pour regarder si aucune mauvaise surprise ne le guette, il prend finalement pied sur le toit. Le lanyshta se ramasse sur lui-même et avant rapidement à quatre patte, comme un animal jusqu'à l'abri de béton protégeant les blocs-moteurs des ascenseurs.

Si ses souvenirs sont bons, c'est la cage d'ascenseur la plus au sud qui devrait déboucher au plus près de la morgue. La porte d'accès est verrouillée par un gros cadenas. Rien qui ne puisse résister à une pince coupante maniée avec une force surkrolanne... Helhar'sen empoche le cadenas coupé, pour ne laisser aucune trace, et se glisse dans l'embrasure avant de refermer derrière lui.
Tout en pas toucher un engrenage ou une courroie dont la mise en mouvement impromptue pourrait lui arracher un membre, le médecin accède à la trappe au sol qui s'ouvre le vide. Il s'agit d'un puits de plus de trente mètres de profondeur si on compte les sous-sols en plus de la hauteur du bâtiment, et qui abrite trois ascenseurs : même sous sa forme monstrueuse, une chute de cette hauteur est dangereuse.

Il fouille l'obscurité du regard jusqu'à repérer les premiers barreaux de l'échelle de service qui coure sur toute la hauteur de la cage d'ascenseur, fixés au mur dans un léger renfoncement. Le voilà, son passage secret.
En partant du principe que la configuration des lieux n'a pas changé, ce qu'il cherche se trouvera au troisième sous-sol, dans la partie dédiée aux corps déjà inspectés, et en attente de confirmation d'identité par un proche. Les corps y restent généralement au moins trois jours, le temps qu'on arrive à trouver la famille ou les amis du défunt. parfois, c'est beaucoup plus long. A priori, il ne devrait pas y avoir d'autopsie ni de visite en cours à cette heure, le service n'étant ouvert qu'en journée, et il devrait bien pouvoir trouver une adolescente parmi la multitude de cadavres entreposés.

L'ascenseur s'active à trois reprises pendant sa descente par l'échelle, le forçant à se plaquer contre la parois le temps de laisser passer le danger, avant qu'il ne parviennent devant le troisième sous-sols, fort bien indiqué par des chiffres peints au mur à tous les étages. Le lanyshta s'immobilise à hauteur de la double porte et temps l'oreille pour écouter les éventuels bruit derrière.
Mis à part les bruits mécaniques répercutés par le béton, il n'entend rien. S'accrochant aux armatures des rails qui guident l'ascenseur, il passe de l'échelle à la porte. Le lanyshta glisse ses griffes entre les deux pans et tire pour les entrebailler. Derrière, le petit hall n'est éclairée que par les lumières des veilleuses. Décidément, la chance semble lui sourire ce soir. D'une traction, Helhar'sen écarte les portes de l'ascenseur suffisamment pour lui permettre d'entrer. A partir de maintenant, le temps lui est compté : plus il resterait longtemps, plus le risque d'être découvert augmenterait.

Sans un bruit, le lanyshta file sur sa gauche et s'arrête au coin du second couloir, où les lumières sont toutes allumées, pour jeter un coup d'oeil. L'accès de l'entrepôt froid est juste au bout à quelques pas... A l'entrée, un interne de garde est avachi derrière son bureau en train d'étudier un ouvrage de médecine, à en croire les schémas que le médecin distingue sur les pages.
En d'autres circonstances, le médecin de quartier aurait trouvé une blouse à enfiler, et se serait sûrement fait passer pour un médecin du CGM...
Cependant sa transformation restera encore active pour au moins une heure, et il doit donc trouver une autre option. Le Doc' évite autant que possible d'entrer dans la tête des krolannes pour manipuler leurs pensées, car le prix à payer peut être bien trop lourd à payer, mais dans le cas présent c'est ça ou assommer le pauvre type, ce qui soulèverait ultimement plus de questions qu'autre chose.
***

Le paradigme interne de l'apprenti médecin est plus que familier pour Helhar'sen, et il n'a guère de mal à évaluer le point d'entrée le moins risqué. L'esprit de sa cible est concentré sur ce qu'il lit, les autres systèmes tournent en mode routine en absence d'autre stimulation extérieure.
Ce qui aurait été pratique, ça aurait été de pouvoir endormir le krolanne, mais le Doc' n'a jamais tenté une telle prouesse, et cette nuit n'est pas le moment d'essayer de nouvelles techniques mentales. Par contre, ce qu'il sait faire, c'est s'attaquer aux chiasmes de flux d'informations, et en particulier au système de perception qui vient des yeux. En effet, ce système est particulièrement économe en énergie, réduisant la quantité d'informations en provenance de la périphérie du champ de vision quand il n'y a aucun mouvement autour.
La projection psychique du lanyshta forme un diaphragme qu'il insère avec soin pour que le champ de vision du krolanne soit bloqué ainsi, se réduisant quasiment strictement à son bureau. Ca ne devrait pas tenir plus de vingt minutes, soit assez pour ce qu'il a en tête si tout va bien.


***
Le lanyshta monstrueux glisse sans un bruit le long du mur et passe à côté du bureau sans que le krolanne lève la tête de son livre, puis continue dans le couloir le long duquel s'alignent des portes numérotées derrière lesquelles les cadavres attendent au froid, allongés sur des étagères métalliques. Helhar'sen décide de commencer par le fond, loin de l'interne de garde au cas où il ferait du bruit.
Lentement, avec précaution, le Doc' appuie fait tourner la poignée de la chambre froide, qui grince à peine. Il se glisse par la porte entre-ouverte et la rabat derrière lui mais sans la refermer complètement. Le lanyshta tend une main devant lui, laissant une boule de magie luire faiblement dans sa paume. Il repère rapidement le registre d'inventaire est posé sur une table et va immédiatement le parcourir en commençant par les dernières pages. De sa main libre, il feuillète les documents fébrilement en parcourant les informations de genre et de taille, jusqu'à s'arrêter sur quelqu'un qui pourrait coller.

Jeune femme, 1m58, 51 kg, environ 15 ans... Trouvée quatre jours avant au pied des tours de l'agrozone. L’enquête a conclut qu'elle avait fait une chute depuis le haut d'une plateforme de culture. Emplacement BY4. Allée B, rang Y, étagère 4. Il ne faut pas longtemps pour trouver l'endroit où le corps est posé. Helhars'en retire le drap qui le recouvre et l'observe quelques instants... oui, ça fera l'affaire.

Il étend le drap par terre et étend le corps dessus, avant de sortir les habits de Vunkisht pour les lui enfiler aussi vite que possible. Ca prend du temps. Trop à son goût... Une fois l'opération grossièrement finie, le lanyshta plie le corps en boule, l'immobilise en nouant le drap autour, et l'enfonce tant bien que mal dans son grand sac à dos de voyage. Le tissage renforcé devrait tenir, et le poids ne sera pas un problème pour lui tant que le sortilège fait effet. Après tout, il a déjà trimballé des charges largement équivalentes dans ce sac...

A présent, le tout est d'arriver à ressortir.
***





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Dhiwara 8 Jangur 817 à 19h58
 
***

Elle s'abandonne au néant, qui l'absorbe pendant de longues heures. Frêle plume qui sommeille dans un encrier placide. Des couleurs se mélangent lentement, extrêmement lentement, de froides couleurs qui s'insinuent dans le récipient. Il y en a bientôt assez pour distinguer des formes tangibles.

Au détour de couloirs éclairés au néon, d'un gigantesque labyrinthe urbain, progressant entre des murs de brique dégoûtants, elle perçoit la réverbération surnaturelle et presque inaudible de très légers coups de marteau. La curiosité la mène jusqu'à la source: s'activant au plus profond des entrailles de son esprit fragile, Sir Higgins usine une vromballe dans son bureau feutré, sur une table de bois noble.

"Frappe, Vunkisht, frappe."

Avant qu'elle ne puisse comprendre, elle frappe un minuscule bout de cuivre pour le modeler.

"Donne-lui une forme."

Elle s'exécute. Elle sculpte une femme.

***


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Luang 9 Jangur 817 à 23h01
 
***
La porte de la chambre froide fait un petit bruit aigu quand Helhar'sen la pousse. Il se fige. L'interne de garde à l'entrée du couloir remue un peu sur sa chaise, mais reste concentré sur sa lecture. Le lanyshta monstrueux reprend une position quadrupède et avance sans un bruit. Il pense presque pouvoir s'en tirer ainsi quand le krolanne tend ses bras au dessus de sa tête pour s'étirer en poussant un bâillement... Le Doc' se fige à nouveau, et observe avec dépit le krolanne cligner des yeux comme s'il n'y voyait pas clair, puis secouer la tête...
Au revoir l'implant télépathique.

L'interne bascule en arrière pour mettre ses jambes sur le bureau et poser son livre sur ses genoux. Dans cette configuration, il n'y a plus d'angle mort exploitable. Jurant intérieurement, le lanyshta reste immobile pendant d'interminables secondes, s'attendant au pire, mais l'autre semble à nouveau absorbé par son ouvrage.
Avec d'infinies précautions, il enfonce sa grosse main griffue dans sa poche de pantalon pour en tirer un girasol. Il arme lentement son bras, pivotant légèrement sur ses appuis pour être bien stable et assurer son tir. Son mouvement est précis, rapide. Il craint un instant que le sifflement du projectile dans l'air alerte le krolanne, mais celui-ci ne relève la tête qu'en entendant l'impact à l'autre extrémité du couloir.

Il redresse la tête.
***

- Hein? Y a quelqu'un?

***
Un instant de pause.
***

- Hého?

***
Avec un soupir las, l'interne repose le livre sur le bureau et lève son séant pour aller voir ce qui se trame d'une démarche un peu hésitante. Helhar'sen avance derrière lui sans un bruit jusqu'à ce qu'il passe la première intersection où il en profite pour prendre la tangente avant que l'autre ne décide de faire demi-tour.
Il lui faut faire usage de tout son contrôle de soi pour ne pas accélérer, rester silencieux, calme. Ne faire qu'un avec les ombres... Il retrouve rapidement l'ascenseur par lequel il est descendu. Cette fois, il lui faut refaire la montée, encombré d'un sac à dos bien garni qui l'oblige à se tasser encore plus contre le mur quand il croise l'ascenseur, fortuitement inerte à ce moment là. Le reste de l'ascension est un jeu d'enfant, mis à part le passage par la trappe d'entrée pour lequel il doit d'abord faire passer le sac avant de se hisser.

Parvenu sur le toit, le lanyshta ne prend pas le temps de souffler. Il doit désormais rejoindre au plus vite l'endroit où il mettra en scène le cadavre. Le Doc' a sa petite idée pour ça, une petite idée qui lui vient de l'Archivecte qui l'avait emmené dans les blocs désaffectés du nord lors de leur expérience avec l'Oeil thirdok. La zone en reconversion recèle de moult cubes désaffectés qui n'attendent que leur destruction pour être remplacés selon les nouvelles normes.
Le plus rapide, ce n'est pas la rue, ce sont les toits.

Le lanyshta ajuste les bretelles de son sac sur ses épaules, recule de quelques pas, puis s'élance. La ruelle qui le sépare du prochain toit n'est qu'à environ quatre mètres de là. Pour un krolanne de son gabarit, pas loin des cent vingt kilogrammes avec le gain de masse de la transformation, plus les cinquante du corps, franchir un tel obstacle relèverait normalement de l'exploit. Mais les choses sont bien différentes pour un maître phérémancien. Son bond l'envoie largement sur l'immeuble d'en face où il atterrit à quatre pattes, sa masse faisant vibrer le toit sous lui.

Heureusement que le Kil'Dara affectionne particulièrement le béton, l'exercice aurait été autrement plus ardu sur des toits de tuiles, d'ardoises, ou de chaume... Son imposante silhouette file presque sans s'arrêter, préférant ne pas s'attarder l'histoire de ne donner à aucun habitant des derniers étages le temps de venir voir ce qui se passe au dessus de leurs têtes. Le CGM étant sur les hauteurs, et sa destination étant en périphérie, à peine plus en hauteur que le Ras-du-Sol. Il ne ralentit que quand il arrive dans la zone industrielle qui borde l'endroit qu'il cherche. Après une dernière rangée de cubes-entrepôts, il arrive enfin dans les blocs désaffectés. Il n'y a ici aucune lumière, même les éclairages publiques ont été coupés puisque personne n'est sensé habiter ici...
Le Doc' s'arrête sur un toit où une porte descendant aux étages inférieurs est entre-ouverte. Il écoute, hume l'air, et ouvre son regard à la Vision Vitale, afin d'être capable de repérer des gens, même dans l'obscurité la plus complète.

A l'intérieur, les portes sont également ouvertes. Tous les appartements ont été vidés avant le remplacement du bâtiment, et Helhar'sen entre dans le premier qu'il croise. Il ne reste pas grand chose dedans, des débris des cadres des fenêtres qui ont été récupérées ornent le sol de la pièce principale ouverte aux éléments. Le Doc' va vers les autres pièces jusqu'à trouver la salle de bain où il se déleste enfin de son chargement.
Il ferme la porte derrière lui et laisse sa magie émaner de son corps pour faire jaillir une faible lueur verdâtre. Face à lui, un miroir brisé lui renvoie une vision morcelée d'un visage monstrueux fendu d'une gueule garni de crocs au dessus de laquelle brillent un regard vert effrayant. Le Doc' ne préfère pas penser au fait qu'il est exactement en train d'incarner ce que tout le monde craint des lanyshtas, et s’attèle à sa funèbre besogne.

Ouvrant son sac à dos, Helhar'sen en extirpe le cadavre habillé en Vunkisht et le pose dans la baignoire, avant de sortir également les "preuves" : le sac, le couteau et les papiers de l'adolescente. Il fourre ces derniers dans la doublure du sac qu'il laisse à côté de la baignoire et garde le couteau en main. Avec sa force actuelle, il pourrait utiliser ses propres mains pour faire la suite, ça irait plus vite avec ses griffes, mais la mise en scène implique de respecter un modus operandi qu'un krolanne aurait pu mettre en oeuvre. Le Doc' commence par enfoncer la lame dans la nuque, entre deux vertèbres, puis cisaille latéralement pour couper les tendons et les muscles. En plus de ne presque pas saigner, les tissus sont relativement mous quelques jours après la mort, et seule la peau offre encore une vraie résistance.

Le tête se détache enfin, il la pose dans l'évier pour la laisser se vider du sang qu'elle contient encore.
Sans tête, le cadavre ressemble déjà beaucoup plus à Vunkisht. Le lanyshta attend une minute, puis entreprend d'enrober la tête dans un rouleau de gaze qu'il avait emmené pour l'occasion, avant de la mettre dans son sac une fois dument protégée. Enfin... c'est surtout pour protéger son sac.
Il ne reste plus qu'à s'occuper du kwô et des empreintes digitales. Pour ça, le Doc' sort de ses poches deux chargeurs de frouzeur, ferme la bonde de la baignoire, et vide le carburant visqueux sur le cadavre. Une allumette et les flammes s'élèvent avec un grondement.
Le feu ne durera pas, mais suffisamment pour que le corps soit bien croustillant.

Il est temps de mettre les voiles...
Le Doc' s'éloigne par le même chemin qu'il est arrivé, et fait une pause au niveau des entrepôts le temps que le sortilège prenne fin, ce qui ne tarde guère, survenant après une dizaine de minutes. Il en profite pour se débarasser du cadenas pris sur le toit du CGM. Le reste du trajet se fait à un rythme plus normal. En marchant.

La nuit est plus qu'avancée quand le lanyshta revient enfin à la Cellule Médicale où il pénètre en essayant de ne pas faire de bruit.
Avant de se coucher, il lui reste une dernière tâche : descendre au labo de la cave pour passer la tête à l'acide afin de dissoudre les chairs. Une fois le crâne "propre", il ne resterait plus qu'à le réduire en miettes pour faire disparaître les dernières preuves.
Et dire qu'il n'a même pas regardé son nom.
***





(Agur 816)
 
Leyhraj
Travailleur de Cellule
Kil'dara  
Le Merakih 11 Jangur 817 à 22h12
 
***

Toujours dans son rêve, Sir Higgins réajuste ses verres du bout d'une des phalanges de sa main gauche salie par le travail, tandis qu'il maintient son tournevis dans la main droite. Repoussant derrière lui la chaise pour se lever, il frotte son veston des deux mains pour en chasser les fines poussières de métal.

Il désire examiner ce qu'elle a soigneusement sculpté. Un sourire lui vient naturellement, ce qui est extrêmement rare chez ce krolanne sévère.

"Très bien, ma petite."

La satisfaction d'Higgins est communicative. Elle-même se sent gagnée par une immense fierté. Elle aussi se lève pour singer une petite révérence. Sa robe blanche ornée de petits nœuds noir volette. Elle se jette dans ses bras, l'enserre et rit comme jamais elle ne l'a fait.

L'ingénieur la saisit soudain par les côtes, la soulève avec force pour la faire tourner en l'air. Puis il la repose, lui redonne le tube en métal, parfaitement cylindrique, lisse, sans bavure. Elle se décompose, car ce n'est pas ce qu'elle a sculpté. Et la crapule de rire en la voyant fondre en larmes.

"Il faut du feu !"

Elle court avec la rage au ventre, défonce l'imposante porte d'acier qui débouche sur un abîme. Elle se réveille. Il fait encore nuit. Aucun bruit.

***


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