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Lorsqu'il a reçu le colis, Helhar'sen s'est enfermé dans le laboratoire, a enfilé un masque d'isolation pour cacher son visage, et a vérifié son contenu...

L'Oeil trouvé par Klem.

Par principe de précaution, au moins pour se donner le temps de la réflexion, il l'a enfermé immédiatement. Cela fait à présent deux jours que l'Oeil est scellé dans un petit bocal à échantillons en verre, lequel est lui même rangé dans une petite bourse de cuir.
Toujours par principe de précaution, le médecin - avec la plus grand attention et en prenant soin de cacher son visage pour que l'Oeil ne le voit pas - a sorti le bocal du sac quotidiennement avec l'intention d'hydrater l'Oeil avec un peu de serum pour s'assurer qu'il ne se dégrade pas, mais celui-ci ne semble pas se déshydrater, contrairement à un organe classique du même type.

Les idées fusent dans l'esprit d'Helhar'sen, mais il a préféré limiter là son action pour le moment car il a besoin d'un allié.
D'une part, n'importe quel télépathe ayant accès aux Entrelacs et voulant mettre la main sur l'Oeil saurait que Klem l'a envoyé chez lui et -sachant que son adresse est connue- il est donc clair que cette chose doit être conservée ailleurs que dans son cabinet médical.
D'autre part, même si l'Oeil a une composante biologique, une partie est clairement mécanique, sans parler des pouvoirs mis en oeuvre pour sa création qui lui échappent encore en grande partie : un avis complémentaire est donc nécessaire.

Fortuitement, l'un des lanyshtas dont les pensées font partie des plus raisonnées et sensées qu'il ait perçu au sein des Entrelacs l'a contacté à propos de l'Oeil. Prenant une nouvelle fois le pari que son intuition serait la bonne, le médecin a accepté l'invitation de cet allié potentiel, un certain "Endylion"...
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Au sein du district botanique, sur les hauteurs qui dominent le quartier, il y a une petite terrasse artificielle formant une place piétonne d'où la vue plongeante sur la cité est magnifique. Officiellement, elle a été construite au dessus du mausolée qui abrite la dépouille de l'architecte Esterion...
Le chemin qui y accède, s'il voit passer quelques personnes par jour pendant la saison froide, n'est plus aussi parcouru qu'il l'était encore pendant les mois les plus chauds. En ce début d'après-midi de fin d'Otalir, la placette est vide à l'exception d'une mère accompagnée de ses deux fillettes qui profitent de la vue, et Helhar'sen s'est installé sur un banc à l'écart, tourné non pas vers la vue mais vers le chemin qui mène à la terrasse.
Sa sacoche contenant le matériel qui pourrait être nécessaire à l'étude posée à ses pieds, le médecin laisse divaguer ses pensées, s'interrogeant sur la personne qui allait se présenter à lui...
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*** C'était la veille... Victorion avait perdu son calme. Quand le docteur l'avait prévenu que l'objet de réflexion était arrivé par coursier à son domicile, il était d'abord resté interdit. Puis, l'effroi face à un danger que l'on devine, le fait que les choses se mettent en place trop rapidement, qu'il y a derrière l'affaire un -donc plusieurs - Lanyshstas qui ont bien du pouvoir et suffisamment de ressources pour agir avec une extrême rapidité et efficacité. L'arène était ouverte sur des gradins de masques et ceux de la Nouvelle vague étaient les attractions du jour. Le coeur battant, révulsé, Averson avait perdu son sang-froid. Ils n'étaient pas maîtres de leurs destins, on les jouait comme des pantins... C'est alors que c'était arrivé.

Averson, nous le savons déjà étudiait, la possibilité, depuis quelques semaines, que l'esprit se trouvât dans un lieu plus général que ses propres retranchements, ce qui lui permettait de cohabiter avec les autres esprits des Lanyshstas présents. Ceci étant posé, il s'était hasardé à déterminer une incarnation de son esprit en se servant de diverses études mathématiques et empiriques pour convertir une abstraction en un ou une série d'éléments concrets. Ainsi avait il eut conscience de pouvoir retrancher son esprit sous la forme d'un nuage de particules, conception élémentaire, s'il en était. En se servant de ce nuage, il espérait toucher quelque chose qui fut extérieur à son esprit dans ce lieu des esprits, ces entrelacs.

Il n'y parvint pas.

Mais ces derniers temps, il sentait que ses émotions semblaient altérer ce nuage de particule qu'incarnait son esprit. Le faisaient vibrer grossir et ce faisant, il sentait que cette création semblaient sur le point de sortir des limites de son esprit...

Ce fut ainsi, que, la veille au soir, au message du docteur , cela explosa... Vic était assis à sa table quand cela explosa. Pourpre sombre. Le flash fut pourpre. Et sa table à manger fendue en deux d'une énorme fissure après avoir détonné d'un craquement assourdissant, sous la débauche d'énergie de ses mains.

Phénomène lumineux avait dit Jade... Vic, d'abord choqué, terrifié, s'était senti perdre contact avec son esprit qui s'était réverbéré dans le "Lieu aux esprits". Les analyses de Jade s'avéraient juste.

Phénomènes lumineux.

Ainsi en était-il du premier stade d'évolution de sa condition de Lanyshsta. ***

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La surprise traverse un instant le visage d'Helhar'sen, mais il retrouve sa composition en un clin d'oeil. Sans se lever, il sert la main tendue tout en jetant un rapide regard de la tête aux pieds du lanyshta. La poigne est fermé et calleuse, et le bonhomme est costaud... Bizarrement, il ne l'imaginait pas ainsi.
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La pensée n'est ni acerbe ni moqueuse, mais d'une plate lucidité. Le médecin, toujours affichant un sourire aimable, enchaîne à voix haute.
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Helhar'sen hausse les épaules, son regard rencontre celui de Vic tandis qu'il répond d'une voix qui se voudrait plus détendue qu'elle ne l'est.
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Helhar'sen laisse son regard dériver au loin. S'interrogeant sur la suite des événements.
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Le krolanne grisonnant se retourne avec un air sincèrement intéressé vers Vic.
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Le docteur se retient pour ne pas sortir un des masques d'isolement qu'il a emporté du cabinet pour s'en couvrir immédiatement le visage et se protéger des miasmes qui flottent dans l'air insalubre.
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Helhar'sen pose délicatement sa volumineuse sacoche par terre, sur une zone propre, et défait les boucles qui la maintiennent fermée. Il en sort deux paires de gants de chimiste en cuir, deux blouses en coton blanc soigneusement pliées qu'il pose sur la table, et deux masques d'isolement qu'il dépose par dessus.



Après avoir sorti les équipements de protection, le Lanyshta extirpe sa trousse à dissection -laquelle ressemble plus à une boîte à outils miniature contenant un arsenal de scalpels, pipettes, pinces et ciseaux de tailles et formes variées- et une petite boite en bois avec une tête de mort bien visible gravée sur le couvercle.
A voir les précautions avec lesquelles il manipule la boite, il est clair que la signalétique n'est pas là pour rien. Le médecin l'ouvre, dévoilant une vingtaine de petits bocaux en verre contenant différents liquides et poudres, stockés chacun dans un petit compartiment rembourré.
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Il observe le contenu de la boîte et hume l'air, à la recherche d'une odeur.
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Tout en parlant, le médecin s'équipe lui aussi. Le fond de son masque sent encore les restes d'huile essentielle assainissante qu'il y a versé la dernière fois qu'il a dû soigner un patient moribond. Ce n'est pas grand chose, mais c'est déjà ça pour soulager de la puanteur ambiante.
Une fois les deux Lanyshtas équipés, Helhar'sen sort enfin une bourse de cuir nouée par un lacet d'une poche interne de sa veste.

Quand le médecin pose la bourse sur la table, les parties métalliques de l'Oeil cliquettent en se heurtant aux parois du bocal de verre à couvercle vissant qui le contient.
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Le médecin s'approche prudemment pour observer la chose.
L'Oeil est semblable à celui d'un serpent ou d'un chat, avec la pupille fendant en deux verticalement un iris doré et tacheté de cuivre. Il semble mut par une vie propre, pivotant dans son orbite de métal pour regarder autour de lui, se fixant tantôt sur les Lanyshtas, tantôt sur des éléments de la pièce.
Le docteur fouille dans une poche de pantalon et en sort un briquet qu'il allume à un pied de l'Oeil. Après quelques secondes, il l'éteint et le range, visiblement satisfait.
Le carnet posé sur la table un peu plus loin pour laisser libre champ à Vic, Helhar'sen s'applique ensuite à croquer l'Oeil du mieux qu'il peut et note toutes les observations qui lui viennent de prime abord.


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Après avoir jeté un oeil aux conclusions de son comparse, le masque du médecin se tourne pour lui faire face, croisant son regard l'espace d'un instant.
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Helhar'sen se saisit d'une paire de gants de chimiste qu'il enfile, avant de se placer face à l'Oeil, les mains en appui de part et d'autre de cet étrange objet. Fixant son regard dans celui de l'organe, il respire profondément, et focalise son attention sur une éventuelle "saveur" télépathique qui en émanerait. Lentement, avec précaution, il ouvre son esprit et le tend vers l'Oeil, pour l'attendre comme il atteindrait un Lanyshta.
L'équivalent d'un "TOC-TOC" télépathique...
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Rien.
Le médecin fronce les sourcils derrière son masque et insiste. Il déploie autant qu'il peut ses sens parapsychiques, augmente l'intensité de son appel.
Toujours rien.

Après de longs instants d'acharnement télépathique, son front couvert de sueur, les épaules du Lanyshta s'affaissent tandis qu'il se retourne vers Vic en secouant la tête négativement.
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Son interlocuteur élude la question, mais Helhar'sen ne s'en offusque pas. Le dénommé Endylion a certainement ses raisons. Et puis... chaque Lanyshta est bien libre de faire ce qu'il veut de ses pouvoirs après tout.
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Saisissant une pince plate dans sa trousse de dissection, le médecin la tient derrière l'Oeil dans son angle mort. Il attend quelques instants, puis fait claquer la pince plusieurs fois, à intervalles irréguliers.
L'Oeil continue de regarder autour de lui, mais aucun de ses mouvements ne semble corrélé au son.
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