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Pas de bol.
 
Adrien Dao
Comitaire actif,
Enquêteur

Kil'sin  
Le Sukra 8 Nohanur 814 à 22h53
 
Mal de bloc.
Un silement entre les deux oreilles.
Lentement Adrien prend conscience de son corps.
Il gît sur quelque chose de froid.
Dehors.

Sa première pensée est qu'il a survécu.
Un miracle.
Mais lorsque sa main trouve sa gorge, il n'y a trace de la blessure.
Et il n'y a pas de doute.
Elle devrait y être.

Lentement il s'adosse au mur le plus près.
Sa tête élance. Elle menace d'éclater.
Le soleil se lève.
Depuis combien de temps est-il là ?
Et en fait, où est-il ?


La ruelle ressemble à tant d'autres. Il pourrait être n'importe où au kil'sin si ce n'était de la silhouette imposante d'un vieil entrepôt qui domine les quelques habitations qui ornent son champs de vision. Il a immédiatement l'impression d'être loin de chez lui, ce qui lui donne le tournis. Il gerberait si son estomac n'était pas atrocement vide. Son veston est déchiré, son chapeau est enfoncé. Un maigre prix à payer pour exister. Mais en ce moment il n'en a cure. Sa situation l'énerve.

Il s'est fait égorger par un gigantesque loup. Il a senti ses crocs lui déchirer l'aorte. Il s'est vidé de son sang alors que la bête commençait son repas. Il se souvient de tout. Alors qu'est-ce qu'il fait là. Où sont les plaies. Qu'est-il devenu ? Il devrait être mort mais ne l'est pas. Son premier réflexe n'est pas de tendre l'esprit vers les Entrelacs mais bien le contraire. De chercher le silence. Taire les voix. Il a besoin d'être seul dans son crâne.

Son corps est une enclume qui répond à peine à ses demandes. Il n'aime pas ça. Il a l'habitude d'être en contrôle. Il a l'habitude de comprendre. Mais aujourd'hui son esprit ne peut rien rationaliser de sa situation. La seule chose qu'il sait c'est que tôt ou tard cette ruelle va s'animer, et que mieux aller à la recherche du premier contact que de se laisser trouver ainsi. Ce n'est pas une question d'orgueil, mais une de choix. Il préfère choisir à qui il demandra de l'aide.

Après un long moment de préparation il se hisse en position debout en se cramponant au mur. Ses jambes sont faibles. À quelque part cela le rassure. Ne pas souffrir dans ces circonstances serait trop... contre-nature.

À pas chambranlants, il s'avance dans la ruelle vers l'inconnu.
Livide, fragile et confus.


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