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L'Huile des Dessous
A la recherche de Scipio Klodas
 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 13h00
 
Je devais repasser chez moi en hâte, préparer un plan d’exécution et surtout, récupérer mon tranquiliseur. Sait-on jamais. Même le plus costaud des brigands flancherait face à cet engin. Le son était une arme universelle, n’épargnant que les sourds. Et, dans le pire des cas, j’userais de ma Farce.
Les Dessous échappaient à tout contrôle des comités de Vigilance. Cet immense réseau de galeries, menant de caves en caves s’étendait – à ma connaissance – des puces de Koi jusqu’aux Estaminets. Peut-être qu’en une décennie, l’implantation avait évolué. L’organisation restait la même : ils vivaient dans une partielle autarcie, ne remontant à la surface que pour commercer ou profiter d’une soirée dans l’une de leur taverne « partenaire ». A la surface, on qualifiait souvent les habitants des Dessous comme appartenant aux Comités de l’Ombre. Jamais vu, rarement saisis, tous savaient néanmoins qu’ils existaient.

Pour autant que je m’en souvienne, ma petite enfance fut bercée dans ce milieu. A cette époque, mon paternel tenait encore son arène de combat. Comme beaucoup dans les Estaminets, nous disposions d’une grande cave aménagée de laquelle s’ouvraient différentes portes. Varen – mon père – m’avait interdit ces accès, allant même jusqu’à verrouiller chacune des portes pour me protéger. Je peinais à comprendre la raison de temps de prudence. Avec le recul, ce devint limpide. Les Dessous étaient par définition le lieu de tous les dangers. Ce n’était pas directement comparable aux Terres sauvages. Celles-ci étaient ouvertes, avec un peu de pratique, il vous était possible d’anticiper, de vous préparer à réagir. Les Dessous sont comme un vase clos dans lequel vous seriez enfermé. Tapis dans l’ombre, la menace attendait, latente. Impossible à prévoir. En une fraction de seconde, bien qu’assis à une tablée en buvant joyeusement, vous pouviez finir poignardé sans que nul ne réagisse. Je l’avais vu de mes propres yeux. Un règlement de comptes, voilà comment ils appelaient ça. Les rustres.

Tout en vérifiant mon petit paquetage, je me remémorais les histoires que nous nous racontions, enfants, dans les ruelles du quartier. Ratko l’infatigable, qui tenait son quolibet tant par ses prouesses avec la gente féminine que par sa capacité à cogner plusieurs heures durant. Sans interruptions. Il y avait également Milo le roi du ragot, dont on prétendait qu’il savait tout des Dessous et de la Surface. Mieux renseigné que les comités de Vigilance eux même. Il était capable de vous dire, soit disant, ce que vous aviez déjeuné le midi même. Enfin, nous avions Le Vif, celui qui faisait rêver les truands en herbe. Un voleur que l’on le disait insaisissable, sans limites. Jamais il ne me l’avoua directement. Mais à l’aube de mon adolescence, je compris qu’il s’agissait en réalité de mon père. Je n’en éprouvais pas la moindre fierté. C’était comme une concurrence, plutôt déloyale il faut bien l’avouer.

Mi-mains était déjà partis. Chacun ses affaires.
Je profitais de ma solitude pour enfiler un déguisement. Une chemise grise aux motifs discrets cousue de coton épais, un pantalon qui s’y accordait tant sur la matière que sur la nuance ainsi qu’une veste habillement surpiquée. Derniers détails : une paire de bottines cirée utilisée il y a quelques années pour lors d’un banquet festif dans la haute, comme on disait chez nous (bien qu’ils ne restent jamais haut bien longtemps) et une canne au pommeau d’argent plaqué. Je me contemplais dans un bout de miroir : dépouillé de mon habit d’Arlequin, j’étais méconnaissable. En guise de finition, d’un coup de peigne, je tirais mes cheveux grisonnants en arrière. Un vrai magnat du crime. Seul bémol, malgré les multiples couches de maquillage matifiant, ma peau restait inexorablement blanche, presque transparente… Pour un fois, je regrettais d’être devenu Lanyshta.
Il faudrait faire avec.
Mon déguisement semblait au point. Il eut été fâcheux de s’aventurer dans les Dessous sous l’identité de l’Arlequin. Ou comment réduire à néant dix années de rupture avec ce monde d’illégalité. Je redeviendrais donc Elyas pour un temps, Elyas le gosse des Estaminets, celui qui allait trotter de Comités en Comités comme messager ou encore qui allait déposer des pattes de gibier devant les portes des groupes concurrent.

Je claquais la porte de mon atelier-appartement et fermais à clé.
Volontairement, je filais sans la moindre pierre, avec pour seuls outils ma pipe, un peu d’herbe à fumer et mon tranquiliseur caché dans ma poche intérieure. Je n’avais pas à aller bien loin. En bas des escaliers se tenait la taverne des Fins Gourmets. Un petit mot au gérant suffirait à lui faire comprendre mes intentions. C’est le pas assuré que j’entrais dans le bar. Bien qu’il soit pratiquement désert à cette heure de la matinée, personne ne m’accorda d’attention. Je me dirigeais vers le comptoir et tapais violement le sol du bout de ma canne. Les têtes se retournèrent sur moi, les visages clos, pour la plupart consumés par des années d’alcoolisme. Je fixais le patron. Les mots sifflèrent à travers ma bouche.


Ta cave. Nous avons un rendez-vous.

L’homme me regarda de haut en bas. Il prit une profonde inspiration.

Gérant des Fins Gourmets : T’es qui toi ?
Ça, tu ne veux pas le savoir
, lui rétorquais-je d’un ton sans appel.

Il resta silencieux plusieurs secondes, la main posée sur sa bouteille, prêt à me la balancer à la figure. Je connaissais bien ce genre de canailles. Surtout, ne pas flancher, ne pas montrer le moindre signe de faiblesse. Un malfrat est semblable à une bête. D’un moment à l’autre, en fonction de votre réaction, il peut vous sauter à la gorge ou se tirer la queue entre les jambes.
Fort heureusement pour moi, celui-là avait choisi la seconde option. Il lâcha la bouteille et se dirigea vers le cellier. Je lui emboitais le pas. Arrivé là, au milieu des bocaux et des caisses de bois se trouvait une trappe d’un mètre sur un mètre. Il l’ouvrit brutalement puis actionna un interrupteur. D’un sourire carnassier qui dévoilait une dentition en piteuse état, il m’invita à descendre.


Gérant des Fins Gourmets : Si son Altesse n’a rien contre les échelles. Hin hin hin.

Faisant fi de ses remarques, je m’engageais dans la trappe.

Gérant des Fins Gourmets : Trouve toi une autre entrée la prochaine fois, c’est pas un moulin ici.

BLAM ! La trappe se referma dans un bruit fracassant. J’étais seul au milieu de cette cave d’une trentaine de mètres carrés. Sur les murs, plusieurs schémas et portraits. Des coffres scellés, une table avec quelques godets vides. Une vraie petite salle de réunion pour crasseux. Trois portes sans inscriptions ponctuaient les murs de la pièce. Au loin, on entendait des voix plus ou moins fortes, des rires et des cris.
Pas de doutes, j’étais bel et bien de retour dans les Dessous.



- Thème d'Elyas -
 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 17h32
 
Je n'avais aucune idée sur la manière de trouver le fameux Scipio Klodas. A quoi ressemblait-il? Dans quel coin trainait-il?
Mystère.

Dans ce genre de situation, l'expérience m'avait apprise de faire comme si de rien était, de se comporter comme quelqu'un qui savait exactement ce qu'il avait à faire dans les galeries et qui, bien qu'il écoutait d'une oreille distraite les discussions environnante, donnait l'air de s'en foutre royalement.
J'ajustais ma veste puis empruntais la porte qui me faisait face. Torse bombé, visage fermé, je dégageais quelque chose d'étrangement aristocratique. Un peu plus et la Vindicte me guettait. Ah ah.
J'imaginais déjà le Gérant des Fins Gourmets qui envoyait un message à ses collègues, de sorte à me réserver une petite surprise si je traînais trop longtemps dans le coin.

Derrière la porte, un long couloir de trois bons mètres de largeur, éclairé ponctuellement par des loupiotes. Le son des voix était plus marqué à présent. Je poursuivais ma route d'un pas vif. La pente était légère. A chaque pas, je m'éloignais un peu plus de la civilité de la surface. Qu'allais-je trouver là-bas en bas? En y réfléchissant, j'étais dors et déjà fait comme un rat...
Mais pas le choix comme avait dit Bragg.
Je n'avais ni le temps ni la connaissance pour me procurer cette huile autrement. Qui pouvait prévoir lorsque le second acte serait joué. Lanyshta contre lanyshtas contre on ne sait quoi. Ça promettait d'être explosif. Cette fois ci, pas question de me pointer la bouche en cœur avec pour seul moyen de défense un pistolet sonore. Ce sera festival de feu liquide pour tous ! Et que ceux qui veulent du rab en demandent, je leur servirais avec grand plaisir.
Cette idée là chassait mes sombres pensées. Il n'en restait pas moins que je ne savais pas où j'allais.

Les voix gagnèrent encore en intensité. La galerie s'élargissait. La lumière était plus nette.
Quelqu'un approchait.



- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 17h55
 
Et tandis que les voix approchaient, on pouvait reconnaitre un chant. Ou plutôt ce qui passe pour un chant quand on vient de s'envoyer assez d'alcool dans le bidon pour qu'on soit capable de qualifier "d'alcool" la substance qu'on a eu le cran d'ingurgiter. Si par ingurgiter on entend par là...
Bref.
Ils étaient bourrés, et cela les faisait chanter, les "ils" se résumant à deux pauvres hères avançant cahin-caha.
Lorsqu'ils arrivèrent en vue d'Elyas, le chant cessa brusquement, tandis que l'un d'eux se mettait à beugler, visiblement apeuré.


Le Ver Blanc ! Le grand Ver Blanc ! Il vient pour nous il...
Aïe !


Le cri s'était arrêté sur un glapissement de douleur, quand un éclat cuivré avait brillé près du flanc du krolanne.

Roger ? C'est toi ? Ouais, c'est toi, viens Roger, on va...
Mais-heu !


Le discours plus cohérent du second avait lui aussi était interrompu par un éclat de cuivre, visiblement issu du pommeau de la canne du troisième comparse qu'on devinait dans l'ombre. Et qu'on devinait nettement moins ivre que ses deux compagnons, aussi.
C'est d'ailleurs d'une voix affectée mais parfaitement contrôlée qu'il fut demandé à Elyas :


Qu'est-ce que vous fai-aites ic-hi ?

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 18h30
 
Pas qu'un seul, deux. Peut-être trois.
Deux gars aussi avinés qu'on pouvait l'être. Le premier me prit pour un ver blanc, un grand vers blanc. Celui-là n'avait pas fait que boire. La salvia était peut-être aussi répandue ici qu'en surface. Va savoir. Je restais immobile, aucun geste de panique. Mon corps était parfaitement maîtrisé. Roger, voilà qu'il délirait... j'avais vraiment une tronche à m'appeler Roger? Enfin bon, entre ça et le ver blanc, j'étais vernis.
Le second parut moins éméché. Sa question avait du sens.


Je gonflais le buste autant que possible - soit pas énormément - comme un pan qui déploie ses plumes.

Point de Roger ni de ver blanc, pas même un grand.

A deux reprises, les deux de devant avaient été frappé par quelque chose. Le troisième gars?
Quoiqu'il en soit je n'avais aucune raison de leur mentir.


Nous cherchons quelqu'un, Scipio Klodas. Nous souhaitons faire affaire avec lui.

J'ignorais si Scipio était vraiment connu dans le milieu.
Leur réaction me donnerait une bonne indication.



- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 18h51
 
Un silence. Une tension. Le prélude d'une attaque ? Un test ? Si les deux imbibés semblaient ne pas savoir quoi faire, on percevait toute l'attention du troisième comparse.
Celui-ci restait derrière le plus droit des deux ivrognes, yeux coincés entre une épaule sale et le rebord d'un haut de forme fatigué.
Rien, pas un geste, puis...


Mai-hais bien sû-hur ! Lancé avec un naturel extrême, comme si jamais, au grand jamais, il n'y avait eut le risque que la rencontre dégénère. Nous y a-hallions justement. Mes compa-hagnons et moi-même serions ra-havis de vous accompagner.
- On devait pas d'abord aller... Mais-heu !

En plus du coup, un claquement de langue mis fin à la discussion, un mouvement de canne désignant le plus ivre des krolannes, en train de perdre dans le dur combat qu'il menait contre la gravité. Le second se dirigea vers son compagnon à la dérive, dévoilant un peu mieux le dernier des protagonistes, quand bien même celui-ci restait majoritairement dans l'ombre, à mi-chemin entre deux faibles luminions : un peu plus grand que la moyenne, un peu plus maigre, aussi, un costume d'un gris terne mais de bonne facture. Une canne, et une bonne un peu trop grande dans la veste pour n'être qu'un simple portefeuille.

De-hemi tour. Ce n'est pa-has très loin. Pa-hassez devant je vous pris.

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 19h16
 
A la bonne heure !
La providence faisait bien les choses. Je n'étais toutefois pas naïf, les Dessous n'ont rien d'un endroit paisible. Avais-je été traumatisé? Non. Simplement vacciné. Comme un chien à qui l'on aurait refilé coups de canne sur coups de canne pour lui faire comprendre de ne pas quitter sa niche.
Les deux ivrognes ne me paraissaient pas menaçants. A dire vrai, je craignais plus pour leur équilibre qu'autre chose. le troisième cependant... Celui là avait quelque chose de gênant. Il paraissait sobre. Sa tenue traduisait une certaine influence dans le milieu, ou peut-être simplement le goût du beau vêtement. Un point que nous aurions en commun dans ce cas ci.

L'idée de tourner le dos à trois types dont l'un semblait disposer d'un je ne sais quoi dans sa poche de veste me plaisais guère.
Pourtant, je restais calme. Était-ce ma nouvelle nature de lanyshta qui m'empêcher d'uriner dans mes basques? Oui et non. Au fond, que pouvait-il m'arriver? je n'avais rien de précieux sur moi. Quand à mon corps... bah, l'expérience Dao avait prouvé qu'il y avait plus grave pour un cendré que de mourir d'un coup de fusil.


Entendu, bien que nous serions plus aisé de vous voir à notre bras. Ou, à défaut, soutenir de l'épaule votre collègue qui parait succomber petit à petit à l'appel du sol. Nous ne souhaitons pas être retardé et vous non plus n'est-ce pas?

Les derniers mots étaient directement adressés à la silhouette restée dans l'ombre.
En continuant le chemin, j'agrippais le bras du plus éméché des deux puis le tirais doucement vers moi.


Là, voilà, la route semble plus droite lorsqu'on est deux mhh? Je tournais la tête vers l'homme à l'accent atypique. A défaut de vous suivre, par où doit-on passer?


- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 19h45
 
Une petite ca-have, que vous a-havez forcément vue. Troi-ha portes.
Se-heconde à droi-ate.


Sur ces quelques indications, le quattuor -un unique cocher pour un triple attelage, même si l'animal central se reposait de plus en plus sur ses compagnons, au fur et à mesure que l'alcool le menait de la tempête de l'ivresse débridée aux eaux plus calme de l'apathie alcoolique- se remit en route, vers la cave des trois gourmets.
Au moins, la galerie était assez large pour marcher de front.

***
***


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 20h01
 
Génial, voilà qu'ils me faisaient revenir sur mes pas.
A ce train là, je me retrouverais dans la taverne des Fins Gourmets, à supporter la puanteur du ragoût local. Et... c'était d'ailleurs le chemin que nous empruntions. Ce long couloir qui se rétrécissait et montait petit à petit.
A nouveau, je poussais la porte et débarquais dans la cave grossièrement aménagée, le soûlard à mon bras. Sans une once de délicatesse, je le laissais s'échouer sur l'une des chaises puis me retournais vers les deux autres.


Effectivement, nous sommes bien passé par là...

Je restais fièrement campé sur mes deux jambes. Il ne manquerait plus que de voir débarquer le patron d'en haut et c'était le jackpot. Dans le silence qui s'établit, j'assumais mon rôle.


- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 20h16
 

La cave fut atteinte, et, une fois une autre des portes choisie, elle fut dépassée. Une tentative de nouvelle chanson histoire de pouvoir aider Roger à se motiver fut vite interrompue par un « clac – Mais-heu ! », et le trajet se déroula sans incident majeur -si on exempte le filet de bave qui finit par s'écouler lentement sur l'épaule d'Elyas.
L'homme à la canne semblait se satisfaire du silence, et de l'observation des mouvements de l'ensemble. Elyas eut l'occasion de l'observer un peu mieux à la dérobée : pas de bijoux, mais un léger dépassement d'une des manches de costume de ce qui devait être un bracelet de force, élément des plus incongrus et jurant avec le reste.
Une démarche souple qui, à bien y faire attention, ne produisait pas le moindre bruit. Et une moustache, fine, droite, noire, barrant le visage sous un nez aquilin. Les yeux restaient dans l'ombre du chapeau. Et, systématiquement, quand Elyas se tournait pour en apprendre davantage, ils le regardaient.

Mais bientôt l'Arlequin dut suspendre ses observations pour se concentrer sur son parcours : gauche, deuxième à gauche, couloir incurvé, petit escalier en colimaçon, couloir étant visiblement une canalisation d'égoût asséchée, tunnel en pente... Rien d'impossible à retenir, mais il n'aurait pas fallu grand chose pour commettre une erreur.
Quand il lui sembla que l'homme le faisait peut-être tourner en rond, ils s'arrêtèrent enfin, devant une simple porte de bois. Une série de coups brefs, et on vint leur ouvrir.
Derrière, une salle vaste, enfumée mais brillamment éclairée, et emplie d'un tas de... Bordel, dans des caisses en bois. Ou peut-être juste un tas de caisses en bois.

Au centre approximatif, quelques sièges (caisses en bois, petites), entourant une table (caisse en bois, grande) où se trouvaient quelques bouteilles et des dés. Autour, quatre hommes, une femme. Plus celle venue leur ouvrir : six personnes. Ou du moins -on était dans les Dessous, ne pas se laisser prendre au piège des conclusions hâtives- six personnes visibles.
La plupart semblaient tendus, mais le plus vieux du lot, un quinquagénaire au visage buriné et aux courts cheveux gris, s'adressa aux nouveaux venus.


Fosse ! Charogne putride ! Quel mauvais vent t'amène ?

Le sourire visible sur la face couturée de cicatrices amoindrissait la menace contenue dans ses paroles. En silence, avec une lenteur calculée, l'homme à la canne s'avança, bras écartée. Le vieux se leva, afin de lui donner l'accolade : il était une bonne demi-tête plus petit que son interlocuteur, sans compter le chapeau.
Aussitôt, s'engagea un conciliabule à voix basse, des coups d'oeil fréquents étant jetés aux trois compères attendant.


C'pas bon, ça Roger, c'pas bon...

Finalement, un signe de tête plus vif que les autres fit se lever deux des hommes autour de la table, afin de délester Elyas de ses deux comparses en cure de désintoxication expresse.
Ils furent emmenés sans heurt jusqu'au fond de la pièce, où se trouvait visiblement une autre issue.


Le ver blanc Le vert blanc !
- Ta gueule...
- LE VER BL... *PONG*
- Merde, trop fort. Toi,relève-le.
- Pas bon ça Rog... Mais-heu !
- L’assomme pas aussi, moi je les porte pas !


Bon, ok. Presque sans heurt.

Le quinquagénraire se posta face à Elyas, un grand sourire aux lèvres.


Je suis Scipio Klodas. Parait que tu veux me parler.

La brusque pression de quelque chose de dur au creux des reins. Scipio repris, d'une voix toute douce.

Mais avant qu'on aille s'assoir tranquillement, ça te dirait d'écarter un peu les bras peut-être ? Lucille aimerait commencer par un petit massage de son cru.

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 21h28
 
Nous avons marché, marché... Au point que je fus totalement perdu après la troisième intersection. En jetant des regards amusé par dessus mon épaule, je devinais que ce manège était parfaitement calculé. Me faire perdre mes repères. Eh bien c'était plutôt réussi !

Finalement, au prix d'une veste gâchée par la bave de l'alcoolique me traitant de Ver blanc - l'affreux -, nous arrivâmes à une pièce un peu plus peuplée Six individus, probablement tous armés. La salle sentait la fumée, la sueur et l'alcool. Des caisses ici et là. Un salon de fortune. Pas très différents de ce que j'avais connu étant plus jeune. Le plus vieux de tous semblait connaitre notre guide muet. Fosse? Drôle de nom.
Tout deux discutèrent un moment. Le sourire s'estompa au fil des secondes. Celui-là avait de la bouteille, sûrement le chef de cette petite troupe. Son visage parlait de lui même.

Peu après, deux des trois gars restés à la tables vinrent récupérer mes boulets. J'époussetais ma veste d'un revers de la main tout en regardant, amusé, les deux cadavres se faire secouer. Finalement, plus ancien se planta face à moi. Gabarit semblable, regard affûté. Et là... Scipio.
Je ne masquais pas le sourire qui anima mes lèvres. Ce fut plus rapide que prévu. La chance me souriait. Sans crier gare, l'une des deux femmes s'était faufilée par derrière et me tâtait le corps.

Lentement, je tirais de mes poches une pipe, un peu d'herbe et un briquet. La coquine s'attaquait aux chevilles, jouant de ses petites mains expertes. J'écartais légèrement les pieds, lui offrant mon entrecuisses. Dans le même temps, j'en profitais pour allumer ma pipe et tirer une première bouffée. Je levais alors les bras, facilitant la besogne de la dénommée Lucille.


Ahhh..., dis-je en recrachant la fumée, rien de tel qu'une bonne pipe pour débuter une conversation.

La provocation était naturelle.
La femme arrivait à présent au niveau du torse, où elle ne tarderait pas à trouver le tranquiliseur soigneusement rangé dans la poche intérieur.


Ta femelle ne trouvera qu'une chose sur nous : un vulgaire pistolet sonore, utile pour éloigner les rats ou calmer les enfants désobéissants. C'est hélas valable le seul emploi que nous lui avons trouvé.

Ceci étant, ce n'était pas si éloigné de la réalité.
L'arme était aussi inoffensive qu'une cuillère à soupe et ses effets en devenaient risibles lorsque l'on tenait compte de sa portée. Ainsi, Lucille présenta l'arme et les cellules énergétiques à son patron. Rien de plus.
Je fixais le balafré sans ciller, tirant de grandes bouffées sur ma pipe.


Bien.
Tu permets?
dis-je en désignant l'une des caisses libres.

Sans attendre la réponse, je me dirigeais vers la table.


Nous souhaitons commercer avec toi. Une huile toute particulière nous intéresse. Tu en aurais vendu à un certain Bragg, un apothicaire se trouvant aux puces de Koi.

D'aventure, je savait que la négociation serait complexe.
Les gens des Dessous n'étaient pas particulièrement attirés par l'argent. Ils avaient très vite compris qu'il y a mieux à tirer d'un krolanne que son porte monnaie : sa servitude. Ainsi, il n'était pas rare de voir divers trocs s'effectuer. Une dizaine de peau de loups contre un service. Et quel service ! Ça, vous ne pouviez jamais le savoir, jusqu'à ce que ça vous tombe dessus.



- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 22h44
 
Durant l'examen, Scipio ne se départit pas de son sourire, n'esquissant pas un mouvement.
Mais on aurait pu jurer voir une petite lueur dans ses yeux lorsque Elyas sortit sa pipe : dans les Dessous, le paraître était aussi important que l'être, et la moindre provocation pouvait vous amener à nourrir les chiens errants. Une fois mort, si vous étiez chanceux.
D'un autre côté, elle pouvait aussi vous attirer la sympathie de quelqu'un qui respectait le fait de ne pas se faire dessus quand on avait toutes les raisons de le faire.
Une fois le tranquiliseur trouvé, un petit acquiessement se solda par un "Bulle !", et l'arme s'envola, pour atterrir dans les mains de la femme restée à la table -sans doute la dénommée "Bulle", même si sa forme générale évoquait plus un squelette qu'une sphère.
Lucille s'appretait visiblement à un second passage -trop évident d'offrir une arme en pâture pour mieux aider à en dissimuler une seconde- mais une légère dénégation fit abandonner la recherche.

Finalement, à l'exception de Lucille, restant à l'entrée, et de Fosse, restant debout, les présents se retrouvèrent autour de la table, sans plus de cérémonie.

Puis Elyas exposa sa demande, à un Scipio toujours souriant.


Une huile, hein ?
C'est que je procure un tas de trucs, à un tas de personnes qui en ont besoin. Ça doit être mon côté philanthrope.


Petit gloussement, de la part de Fosse. Suivit très rapidement des ricanements plus ou moins naturels des autres sbires : quand on ne comprend pas la blague, mieux vaut ne pas louper les signes qui permettent de se rendre compte que c'était une blague.

Simplement ils ont tous un point commun, ces petits chanceux. C'est que je les connais.
Toi... T'es qui ?


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 23h21
 
La deuxième femme récupéra mon tranquiliseur au vol. Bulle.
Je gravais les prénom dans ma mémoire. Sait-on jamais, ça peut servir.

Alors que je prenais place autour de la table, Scipio ne détachait pas son regard du mien. Son sourire traduisait une certaine force tranquille. Celle qui m'avait fouillé resta à la porte. Elle, c'était le valet, la bleue. Condamnée à rester sur ses guibolles et à ouvrir la porte. Pas de bol ma jolie. Le plus inquiétant restait Fosse, ce colosse au physique saisissant. Lui aussi debout, comme un chien prêt à bondir pour vous arracher la trachée.

Les rires mirent un temps à jaillir.
La mécanique n'était pas bien huilée. De mon côté, je restais de marbre, me contentant d'un visage souriant, avenant.


Qui nous sommes? Ah...Quelqu'un qui veut également te connaitre, faire parti de ces petits chanceux.

A voir le regard de mes voisins de tables, je déduisais que Scipio n'était pas un fanatique de la devinette.
Je pris un peu de recul puis laissait courir mes yeux sur les différents protagonistes ici réunis.


Elyas.

Je doutais qu'on me reconnaisse. La plupart étaient jeunes. A part Scipio, maigres auraient été les chances de croiser l'un d'eux. peut-être connaissaient-ils mon père, de nom ou en personne. Faire le rapprochement entre lui et ma personne relèverait pourtant de l'exploit. En effet, jeune, j'avais le teint mat. Des habits souvent sales, mal taillés quand ils n'étaient pas rongés par les mites. Le personnage que je leur exposais ici n'avait rien à voir avec celui que j'avais pu être. Avantage ou inconvénient, impossible à déterminer.

L'huile que nous recherchons se fait appeler Saçenbon. Un drôle de nom, nous l'admettons.


- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Luang 29 Dasawar 814 à 09h15
 
Yeux dans le vague, concentration. Puis un fin sourire, léger hochement de tête.

De la Saçenbon. Ok. Ouais, un nom qui en vaut un autre. Etrangement adapté, quant on sait d'où ça vient.

Petit gloussement, n'étant accompagné que par celui de Bulle. Visiblement, tous ne savent pas d'où vient l'huile.
Mais tandis que Scipio poursuit, son regard reste dans le vague, préoccupé.


Et donc il te faudrait du Saçenbon. Possible. Mais difficile. Et cher, à sa façon. Combien ?

Soudain, un claquement de main sur une cuisse, un grand sourire franc.

Elyas ! Je me disais bien que le nom me disais quelque chose.
A Elyas. Et la forme du visage, aussi. A part ça, je ne t'aurais pas reconnu.
A Fosse. Le rejeton du Vif.
A Elyas, le sourire s'élargissant encore. Ça va faire plaisir à Fosse, ça.

Coup d'oeil à Fosse, soudain atteint d'une immobilité parfaite, mâchoire crispée.
Visiblement, ça lui faisait plaisir.
Ou pas.


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Luang 29 Dasawar 814 à 11h14
 
Peu m'importais la provenance de lui. Il m'en fallait, un point c'est tout. Parfois, il y a des choses qu'il vaut mieux ignorer.
Scipio me presserait comme un citron, c'était évident. Il savait être l'un des seuls à pouvoir se procurer ce genre d'ingrédients et en cela, il ne se priverait d'en profiter.
Peut-être devrais-je envisager d'autres options... Voler un voleur, ce n'est plus vraiment du vol.

C'est alors, à ma grande surprise, que le vieux briscard changea du tout au tout. Il troqua son sourire mielleux par une mine surprise, agréablement surprise.
Nous y étions.
Sur les milliers de canailles qui traînaient dans les Dessous, il fallait que je tombe sur quelqu'un qui m'a connu, par mon père, évidement. Fosse et l'ancien échangèrent des regards. Le colosse appréciait guère cette nouvelle. Peut-être avait-il été l'un de ceux roulés par Varen. Ce venger sur son gamin, en voilà une bonne idée.
Je laissais échapper un ricanement saccadé.


Bingo.
Nous ne pensions pas que le paternel aurait autant marqué les Dessous de son empreinte.


Quelles relations avaient-ils entretenu?
Vu son âge - il n'avait pas l'air bien plus vieux que moi - Fosse n'avait pas été amené à traiter avec lui. Peut-être en avait-il entendu parler par ses géniteurs. Scipio, c'était différent. A l'époque, lorsque je trottais, minots, dans les environs, il devait déjà avoir atteint la vingtaine, remplie de l'ambition inhérente de cet âge. L'avait-il connu? En quelles circonstances?
Je marchais sur des œufs.


Pour vous dire, nous ne l'avons pas revu depuis une bonne trentaine d'année. Pas si facile de passer après lui. La célébrité, triste ou flamboyante, vous écrase de son poids dés le plus jeune âge. Allez vous faire un nom quand votre père se trouve être un voleur connu de tous - ou presque - dans le milieu. Le syndrome du "fils de".

Pour la première fois, mon sourire s'éteint.
Un rare moment de sincérité.


D'ailleurs, voyez là, même après tout ce temps, vous m'en parlez encore. "Le rejeton du Vif"... Sans prévenir, je tapais du poing sur la table. BLAM ! Eh bien non ! C'est Elyas, Elyas tout court.

Je perdais mon calme.
Ça ne m'étais pas arrivé depuis l'expédition du Fortin, avec ces deux loups qui voulaient me transformer en steak haché.
Je tirais vivement sur ma pipe. Par habitude, je secouais ma tête de gauche à droite. pas de clochettes. Elles me manquaient.


Comme nous te l'avons dit, nous sommes là pour l'huile.
Nous en voulons quatre fioles
.


- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Luang 29 Dasawar 814 à 12h06
 
A l'éclat de voix d'Elyas, Bulle, ainsi que le dernier krolanne non nommé -et qui n'avait encore pipé mot- se raidissent. Semblant attendre des instructions.
Une petite veine qui palpite sur la tempe semble montrer que Scipio n'apprécie que modérément les manifestations de ce genre, mais les affaires restent les affaires.


Mouais...
Le privilège du client : pouvoir se choisir un nom. Ici, ça se gagne. Sinon on reste un "hé toi là". Y'a pire que d'être un fils de. Enfin bon...


La bonne humeur est partie, mais pas le sens du commerce.

Quatre, c'est trop. Je ne suis pas le fournisseur primaire, et je n'en ai jamais autant à écouler. Rien que pour rembourser les frais engagés, faudra compter pas mal de pierres. Je dois pouvoir en écouler deux - trois si tu attends une semaine de plus.
Tu fournis une adresse, quelqu'un vient récupérer le paiement demain là-bas. Et tu as ton huile livrée à domicile deux jours plus tard, sur ma parole. Ne jamais laisser le beurre et l'argent du beurre au même endroit : trop de tentations.


Le sourire refait son apparition, moins franc, plus rusé.

Enfin, le fric, c'est juste le remboursement des frais si on fait affaire.
Ce que j'aimerais bien savoir, maintenant, c'est... Qu'est-ce que j'aurais à y gagner, à faire poireauter mes clients habituels, pour à la place faire affaire avec toi ?


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Luang 29 Dasawar 814 à 12h37
 
La bonne humeur avait quitté Scipio.
Qu'espérait-il aussi, à ressasser de vieux souvenirs? Que je l’accueille la bouche en cœur? A croire qu'il connaissait mal les gosses des Estaminets celui-là. Un comble.
Quoiqu'il en soit, la discussion fut recentrée sur la transaction. C'était pour le mieux.


Deux ou trois...marmonnais-je, Avec si peu de matière, pas moyen de se rater...

Je restais dubitatif.
Le moyen de paiement me convenait peu. Cependant, il me donnait sa parole, devant plusieurs témoins. En surface , les mots ne signifiaient rien. Ici pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, une parole restait une parole. Quiconque s'engageait se devait de mener à bien le contrat. C'était peut-être la seule règles des Dessous.


Soit, si tu n'es pas capable de m'en fournir quatre, je me contenterais de trois. Livraison dans un lieu de notre choix. Une autre privilège du client n'est-ce pas?

Une autre information. Scipio n'était pas le fournisseur. Il n'était qu'un vulgaire passeur qui profitait de son influence pour gratter sa part. Un sorte de taxe. Tôt ou tard, si le projet du Crach'Feu avait du succès, il me faudrait envisager d’éliminer les intermédiaires.
Je lui renvoyais son sourire.


Quand à ce que tu peux y gagner...Disons un partenariat potentiel. Tu augmente tes commandes d'huile et tes bénéfices suivront. Tes clients habituels seraient satisfait et nous aussi. Concrètement, tu gagne un nouveau client.

Evidemment, je mentais. Je n'avais besoin que d'un peu d'huile, une fois. Je n'allais pas payer plein pot à chaque fois. Il fallait le rassurer, un peu. Lui faire miroiter des gains potentiels, une influence accrue.
Puis, s'il refusait... Ah...Il récoltait un ennemi supplémentaire, un fêlé qui n'hésiterait pas à bourrer de dynamite ces galeries quitte à faire s'écrouler la moitié du Kil.



- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Luang 29 Dasawar 814 à 17h52
 
Claquement de langue agaçant, Scipio ne semble qu'à moitié convaincu.

Pour ce genre de marchandises, ce n'est pas le nombre de clients, qui compte, c'est la répartition de l'approvisionnement.
Et l'approvisionnement en question, c'est un équilibre entre les Sharss à maintenir, la majeure difficulté, c'est de ne pas en avoir moins. Alors en avoir plus... Compliqué.
Non, je pensais à autre chose.


Toujours ce sourire chafouin, celui d'un chat jouant avec une souris.

Un service. Genre échange de bons procédés. Après tout, je te rends service, non ? Quelque soit la branche dans laquelle tu bosses, y'a toujours moyen de s'entendre. De faire en sorte que les Dessous prennent le dessus. Après tout, tu viens de chez nous, tu sais comment ça se passe. Comme on dit, quand on rend service, il en reste toujours quelque chose, "un coup de main ou un coup de surin".

Sur un geste de la main, Bulle fit glisser le tranquiliseur vers Scipio, qui entreprit de jouer avec.

Tu bosses dans quoi, Elyas ?

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Luang 29 Dasawar 814 à 18h23
 
Piochant dans ma poche, j'ajoutais un peu d'herbe à ma pipe.

Compliqué, le mot est bien choisi.
C'est toi qui commence à faire ton compliqué. Dans nos souvenirs, les Dessous ne posaient pas autant d'ennui pour réaliser un commerce du genre. Peut-être qu'en fin de compte, nous avons toqué à la mauvaise porte....Fâcheux...


Un nouveau nuage de fumée fila vers Bulle.

Nous l'attendions celle-là, la "classique" des Dessous. Ah ah ! Tu nous rappelle nos jeunes années Scipio Klodas. Ça commence par un simple échange et ça fini avec des services par dessus la tête. Tout semble pourtant simple : de l'huile d'un côté, trois ou quatre flacons, égarés dans la cargaison par exemple, et l'argent de l'autre. Ou un gosse si tu préfère. Tu devrais voir ce qu'ils sont capables de faire avec leurs petites mains, bien plus précis que ta Lucille.
Nous n'avons nullement besoin d'un service complémentaire. S'il ne s'agit que de la livraison, nous serions ravis de t'envoyer quelqu'un chercher la commande, voir même t'amener l'argent. Mais au quel cas, c'est toi qui nous devrais un service. Et ça... tu aimerais l'éviter n'est-ce pas?


Je jetais un coup d’œil amusé sur le tranquiliseur.

Nous Passons le Temps. Nous apprécions le tumulte des Heures vives, débattre et négocier. Ça occupe un homme et nous en sommes satisfait.
Nous connaissons bien quelques garnements des Estaminets, des débrouillards pétris d'avenir dans le métier pour peu qu'ils soient bien guidés. Nous leur transmettons quelques anecdotes, ils en raffolent, pire que les friandises.


Je saisis ma pipe du bout des doigts.

Alors, marché conclu? Quatre fioles d'huiles? Quel est ton prix?


- Thème d'Elyas -
 
Narrateur
 
Le Matal 30 Dasawar 814 à 23h19
 
Cette fois-ci, la bonhomie était rangée au placard, la voix se fit dure.

On dirait que tes souvenirs t'ont fait oublié quelques petits trucs par-ci par là. Ce n'est pas la livraison qui coûte cher. Un gamin pourrait le faire. Même toi. Ce qui se paye, c'est le fait d'avoir la moindre minuscule parcelle de chance de voir le bout d'un de ces culs velus écailleux qui fournit l'huile. C'est de traiter avec les gars qui peuvent décider -ou pas- que le Kil'sin aura droit à son huile ou pas.

La petite veine était revenue à palpiter sur la tempe.

Tu as peut-être quelques connaissances sur les Dessous, mais à mon avis, tu n'as pas le quart des connexions nécessaires avec le Dehors pour avoir accès à ce que tu cherches. Et sur les Dessous, t'as oublié que c'est pas quand quelqu'un avait tes couilles dans la main qu'il fallait ruer dans les brancards !

Tandis que Scipio semblait décidé à mettre d'obscurs détails au point, comme pour réaffirmer son autorité, une voix s'insinua, aussi onctueuse qu'une lame glissant d'un fourreau huilé.

Pui-his-je ?

Scipio sembla se rappeller la présence de Fosse, un instant troublé. Puis il secoua négativement la tête, reprenant la conversation d'un ton apaisé.

Ce ne sont pas quelques histoires qui vont me convaincre.
...
...
Quoique...


Scipio se fit songeur.

Quel âge, les gamins ? Et à quel point tu les tiens ? On a parfois des jeunes qui ont besoin d'apprendre à se débrouiller en surface, et des points de chute supplémentaire, ça sert toujours. Si tu peux... Introduire de nouvelles relations de temps à autre, ça ira pour mon prix. Pour l'huile en elle-même, c'est vingt-cinq la flasque, donc quatre pour cent et les trois première pour...
Petite pause calcul, dans laquelle s'engouffra Fosse.
Soixan-hante-quinze.

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Merakih 31 Dasawar 814 à 00h03
 
Scipio avait beau montrer les muscles, le marché semblait conclu. Certes je n'aurais que trois fioles, ce qui constituait déjà une belle réussite mais surtout, j'échappais à service me posant une réelle contrainte à l'avenir.
Tout sourire, je fixais tour à tour Fosse et son patron.
Soixante quinze. De quoi, je n'en savais rien. Cependant, le prix m'apparu correct. Allez savoir pourquoi.

Lentement, je me levais de la caisse de bois. D'un geste plus vif, je saisis ma pipe et la tapais contre le bord de la table, laissant ainsi le tabac s'échapper. Du pied, je recouvrais les cendres encore crépitantes d'un peu de terre.


Nous pourrons introduire tes gamins parmi les notre. Pause. Tout ceci ressemble à un accord.

Je tendais la main vers Scipio. D'un bref coup de tête, j'indiquais le tranquiliseur chargé avec lequel il jouait.

Nous craignons que celui-ci vous soit peu utile. Peut-être qu'un jour, nous serons amenés à échanger tout autre chose que de l'huile. Qui sait...

Le Crach'Feu avait un sublime avenir devant lui. J'en étais presque convaincu. D'ailleurs, après toutes les heures de réflexion pour parvenir à sa conception, puis tout les efforts qu'il me fallait fournir pour en assurer la fabrication, il avait tout intérêt à dépoter cet engin !


- Thème d'Elyas -

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