*** Et l'autre qui triture. Gauche. Droite. Lacet noir. Droite. Gauche. Drôle de pratique au moment de prendre le thé. Mais bon. Les bizarres, ça existait partout. Surtout partout. ***

*** Cliquettement des bracelets, pour appuyer son propos. Manger des cailloux, c'est pas tous les jours. Que s'imaginait donc la mangeuse de livres ? Un malaise étrange. Qui s'expliquait difficilement. Koi'Seh ne le comprenait pas exactement. ***

*** Regard interrogatif. Vers le visage de la Bibliophile. Est-ce qu'il y avait de la concupiscence chez cette pucelle ? De l'envie ? ***

*** Elle hochait de la tête au fur et à mesure que la Dame avançait dans ses explications. ***

*** Mais lorsque cette dernière vint à aborder le chapitre caresses, elle posa sa tasse sur le bord de la table.
Stoppa son index net, rougit de plus bel, fort embarrassée elle lui répondit, la voix éraillée. ***

***
C'est à cet instant qu'elle se décida finalement à étoffer ses paroles et elle commença à déboutonner le haut de son chemisier.
Petit à petit le col s'entrouvrait et le fil du cou prenait de plus en plus de longueur visible. La peau légèrement hâlée était marquée vers la clavicule par une série de petites traces qui donnaient l'impression d'avoir une constellation de gravée. Une myriade d'étoiles serait venue se reposer ici.
La descente des doigts se poursuit jusqu'à l'entrevoir enfin...

Lové au beau milieu du passage, comme calé dans un écrin de pêche, siégeait sans aucune vergogne un pendentif de milles éclats.

***

*** Elle se tait à nouveau gardant toujours l'objet en question au creux de sa main tourné vers le regard de la Dame, après tout c'était Elle l'experte ! ***

*** Pivoine. Dommage que cela n'était pas un bon nom de scène. Plus affriolant que Marguerite, encore que... certains avaient su composer une balade aussi crue qu'efficace. Même romantique, pour parler de choses incongrues et trop peu présentes dans le monde de Koi'Seh.

Ce qu'elle pouvait offrir comme candeur. Ce qu'elle donnait comme innocence. Un rien l'effarouchait. Un rien pompait une teinte carmin qui rendait tellement bien sur ses...ses...

En effet, joli écrin. Beau passage. Texture de bonne qualité, formes agréables. Un rien la replongeait dans ses habitudes maquignonesques de maquerelle à la recherche de quoi garnir un joli panier. Un beau bordel. La co-gérance, en soi, avait ses charmes. Mais il fallait également voir comment...

Comment se faisait-il que son oncle l'ait laissé seule ? Quel crétin inconscient le ferait ? Un machin pareil, c'était étonnant qu'elle fût encore innocente. A ceci près qu'elle ne semblait pas souvent sortir. C'était cohérent. Comment préserver cette belle plante ? Très complexe. Au demeurant, elles n'était pas là pour décorer entre deux livres. Il fallait utiliser, si possible son potentiel. De faon à ce que chacun en retirât une utilité doublée du plaisir de tourner autour de la Bibliophage.

La Bibliophage lanyshta.

A préserver d'urgence. Vraiment. Pas évident. ***

***
De regarder avec attention le machin. Des reflets opalescents. Une teinte bleue dominante. Taillée finement. Enserrée dans une dentelle argentée. Ciselée. Finement. ***

*** Regard calme. Sourire amusé. De toute façon, le machin valait largement le détour. ***

*** Les joues sont toujours rosées, la gêne toujours un peu présente. Elle glisse la main dans sa nuque pour faire sauter la fermeture du collier. L'espace d'un instant la marque étoilée dans son cou est bien visible.
Une kyrielle de petites taches blanches sur la peau hâlée semblent représenter une pléiade d'étoiles évoquant une galaxie lointaine.



Puis elle s'empresse de refermer deux boutons de son chemisier, ramenant la tenue à quelque chose de plus conventionnel lorsque l'on reçoit.
Certes elle n'était pas prude puisqu'elle n'avait jamais vraiment été exposée au regard d'autrui, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes, mais un minimum de décence l'animait tout de même !

Tout en sachant que dans nombreux ouvrages d'art, le corps de la femme avait une place de premier ordre et était dépeint sous toutes ses beautés. Ici c'était de pierres qu'il s'y causait ! Et non de monts...

C'est un peu hésitante qu'elle finit par déposer son pendentif devant la main de la Dame en lui disant : ***

***
Et de sourire poliment attendant le verdict. ***

*** C'est avec une douceur insoupçonnée, au vu du parler cru de la Lithophile, qu'elle se saisit. du pendentif. Les étoiles dans le cou de la jouvencelle étaient fort sympathiques, et pour ainsi dire, attrayantes. Qu'un sursaut de pudeur la fasse rougir, c'était amusant.

Qu'elle se révélât, c'était ravissant. Techniquement, il y avait matière à faire.

Qu'elle se rhabillât, c'était fort charmant.


Qu'elle livrât son héritage chargé de légende et de tradition, c'était amusant. La confiance existait. Ou l'inconscience.

L'expression de la Lithophage s'illumina quand ses doigts se refermèrent sur le pendentif.

Ses yeux étincelaient tant les chatoiements renvoyaient mille feux. La dentelle d'argent, encore une fois, épousait les formes. Non, mieux, elle les mettait en valeur, soulignant le jeux des volutes cristallines.

La lumière ranimait ces nuages figés par des processus lents de cristallisation fractionnée, de immobilisation hydrothermale épigène les différents trucs qui permettait...

Une légère transe.

Un sourire. Un des rares qu'elle s'autorisait en-dehors de certaines activités.

Une légère transe.

Une pensée.

"Non mais les caresses, ça s'apprend, t'inquiètes pas. Qu'a-t-elle bien voulu lui dire par là ?"

Plus de transe légère.

Son regard d'aventurine remonte vers la source manifeste de la pensée.

La jouvencelle. C'est elle qui avait pensé à ça. Très fort. Trop fort. Sacrée débutante. ***

*** Elle porte la main à ses lèvres à la pensée qu'elle reçoit. Fixe son Hôte et tout se bouscule dans sa tête. ***

*** Et d'enchainer à voix haute comme pour confesser son pêcher :
***

***
Elle se lève et part vers la gauche, cherchant avec minutie le volume qu'elle veut lui montrer. Elle se parle doucement : ***

***

Elle revient et récupère un tabouret sur lequel elle se perche pour attraper l'oeuvre. Debout, sur la pointe de la botte, la silhouette étendue, narguant dangereusement l'apesanteur de la situation. Mais cette fois ci elle récupère le livre et revient entière au sol.

Elle se rassoit devant la Dame et pose le livre sur la table à coté des tasses de thé.




Dans un premier temps elle n'ose pas croiser son regard, se fixant sur son pendentif toujours dans les mains de l'inconnue Lithophile. Elle lui dit : ***

*** Et de finir par rigoler pour se détendre un peu. ***

*** La réaction d'un chiard pris la main dans le pot de miel. Bon, la chiarde en question était plus mature, à divers points de vue. Vraiment. plus mature.

Bon. Le temps qu'elle s'amuse, la Lithophile pourrait revoir le pendentif. Ce qu'elle fait. Quelle étrange pierre. Etait-ce un minéral ? Etait-ce une roche ? Joliment taillée.

Et ces reflets, qu'est-ce...

La voilà de retour.

Bon, la politesse. La courtoisie. L'intérêt poli. Manifester l'intérêt poli. ***

*** Ses yeux montent vers la Bibliophage. Retournent sur la couverture. Et recommencent l'aller-retour. ***

*** Eclats de rire. ***

*** La Lithophage désigne de sa main libre le livre. ***

*** Les yeux ronds comme des billes, l'air un tantinet offusqué, juste ce qu'il faut, ni trop, ni trop peu, elle répond : ***

***
Et pour changer de sujet elle la remet sur le droit chemin de la pierre, souhaitant effacer de son esprit tous charmes et tous mots charnels que le livre pourrait laisser croitre abondamment.

Sur un ton convaincu et passionné : ***

***


Et de mimer l'éclat jaillissant de partout en ouvrant grand les bras. ***

***
Elle se penche avec la théière vers la tasse de la Dame attendant son feu vert.
***

*** Hochement respectueux. Surtout ne pas contrarier la Bibliophage, elle se dépatouille toutes seule très bien. Vraiment très bien. Bon, au moins, comme réelle débutante, elle savait certaines choses, mais pas assez pour mesurer le début de l'ombre de son ignorance. Tant mieux. Plus tard, cela pourrait se trouver fort utile.

L'ingénue, la meilleure, mais la moins durable. Sa gestuelle avait assez d'ingénuité pour être appréciée.

L'expression de Koi'Seh, sous sa couche de maquillage, s'adoucit, alors que la transition acrobatique d'un sujet à un objet se fit.

Le ton était bon. Et puis, il fallait pas grand chose non plus. Le matériel, le support d'attention était digne en effet d'admiration. Le bijou... Le pendentif.. Regard doux de la Lithophage.
***

***
La voilà qui se mettait à imiter le papillon pour simuler l'éclat. Pour le coup, elle brillait, mais la gestuelle était encore à peaufiner. Expression d'étonnement modéré. Avant que sous la couche de carmin ses lèvres s'étirent en un sourire amusé. C'était un peu ça l'idée. La sensation que la Lithophile subodorait. ***

*** Elle la ressert et se rassied poliment.
Elle penche la tête sur le coté pensive.


"Je le tiens de ma mère comme je vous l'ai dit, mais elle n'a pas eu le temps de m'expliquer exactement d'où il provenait. Je sais juste qu'il est dans ma famille depuis cinq générations. Mon oncle m'a bien parlé d'un certificat d'authenticité rédigé à l'époque et coincé dans un des livres...."


Elle relève la tête et regarde l'ampleur de la bibliothèque. Soupire.





" Et les volumes ne sont pas tous ici, il y en a encore plusieurs dans la salle de lecture, là-haut chez nous."

Elle porte la tasse à ses lèvres boit quelques gorgées et enchaîne :


"C'est aussi pour cela que je parcours inlassablement tous les ouvrages qu'il y a... dans l'espoir de remettre la main sur ce document et d'avoir une réponse à mes questions."

Elle tend ses longs doigts fin vers elle pour récupérer son pendentif et d'ajouter :


"Je le garde toujours sur moi, rassurez vous à ce sujet, et là où il est personne ne le voit !"

Elle lui sourit et formule la question qui lui trotte dans la tête depuis un moment :

"Mais où se trouve le C.U.L exactement ?"
***

*** Un rire aigre. ***

***
Si la Bibliophile se permettait un rapide regard... Qu'elle s'autorisa. Si les feuillets étaient disséminés dans des livres divers, la pauvre petite n'était pas rende au stade de la découverte. Elle risquerait forcément de finir desséchée sur une échelle, ou momifiée dans un monceau de bouquins. Il fallait porter à son crédit le fait que sa mémoire semblait excellente pour pouvoir localiser le moindre de ces livres, le moindre de SES livres, à dire vrai, dans ce rêve agité pour logisticiens.

Avec regrets, elle laissa la jouvencelle reprendre son bien. Le remettre en place, avec délicatesse. Dans son écrin tout aussi délicat..

Quelles questions pouvait donc tourmenter la petite au point de vouloir consacrer une quantité de temps aussi grande, entre deux montagnes de livres, de poussière, au-dessus d'un vide.

Tout ça pour un caillou. Un joli caillou. Chose parfaitement compréhensible.

Question technique fort intéressante. Cela faisait plaisir, pour une fois, que l'on pose une question pertinente sur ses activités non-charnelles. ***

*** Elle finit la tasse de thé prestement et se lève toute enjouée, elle déclare d'une voix légère et montante:


"Fort bien!
alors si vous avez trouvé votre bonheur dans ce livre, je vous le prête le temps de vos recherches.
Je n'ai pas de visite prévue aujourd'hui, alors si vous me le permettez, dans ce cas, je vais fermer la boutique et je vous suis jusqu'au C.U.L ?"

Elle sourit, rigole un peu et renchérit :

"Je suis d'un naturel très curieux, peut-être même un peu trop, alors voilà, vous avez attisé ma curiosité avec votre C.U.L !! m'y conduiriez vous à présent ?

Êtes vous disponible ? m'accorderiez vous ce privilège ?"

Et d'afficher un sourire qui aurait déstabilisé le plus féru des gardes austères de la vieille île des brumes qu'elle connaissait grâce à ses livres. Elle frétille d'impatience et son attention est accrochée aux lèvres de la Dame dans l'attente de son acceptation.
L'idée de sortir de sa cage d'encre la ravit, elle rêve déjà aux ruelles de la cité....


***

*** En voilà une bonne. C'était assez...intéressant. La jouvencelle voulait faire un tour au C.U.L. Au débotté, après s'être servie une tasse de thé. Thé en tasse servi avec délicatesse, bon goût et amour. Et livres. A la livre comme au quintal.

Koi'Seh fixa un instant la Bibliophage. Un sourire en coin. C'était assez intéressant. Pour diférer les fous rires, se soulager ses côtes endolories par certains rires, les sourcils froncés par certaines procédures et méthodes palpitantes.

De jouer avec son thé.

Il était agréable. Très agréable. Sur le point de se finir. Le mouvement répétitif du poignet de la Lithophore animaient des ondulations qui s'interpénétraient en d'impénétrables interférences. Sur un ton songeur, elle prononce en un souffle : ***

*** S'ensuit d'autres mouvements du poignet. D'autres ondulations. Il était certain que faire visiter le C.U.L. préparerait peut-être à certaines initiations à La Caverne. D'autant plus qu'elle serait plus rapidement productive pour le C.U.L. que pour La Caverne.

Même si dans les deux cas, elle s'épanouirait facilement.

Un geste déterminé, délicat et précis pour finir le thé. Petit claquement de langue contre le palais. Elle se leva également. Il fallait guider la charmante enfant. Ce serait instructif.

Comment bien amener la question de la gestion... Elles verraient bien ! ***

*** Elle remit de l'ordre dans les ouvrages tout en laissant à disposition celui de l'Ambre pour son hôte.
Elle déposa les tasses dans une petite bassine en fer blanc, elles attendraient son retour sans le moindre râle pour se faire laver !
Méticuleusement elle promena son regard dans les lieux afin de s'assurer de n'avoir rien omis avant de partir.
Elle se dirigea vers la pancarte de l'entrée pour la retourner, dernier petit détail qui avait son importance et ne devait être laissé de côté.
Les passants pouvaient ainsi lire :

"Boutique Fermée, Merci de revenir plus tard..."

Inutile de préciser un horaire alors qu'elle ne le savait pas elle même !
C'est ce qui lui plaisait le plus dans son travail, l'absence de contraintes réelles, s'il faisait beau elle pouvait s'éclipser jusqu'au lac, s'il pleuvait, rester bien au chaud.


Elles sortirent donc et la jeune femme donna un tour de clé dans la serrure de la porte du Rat Liseur.
Clé qu'elle rangea dans la petite poche de son pantalon pour ne pas la perdre.



Elle s'empressa aussi de réajuster sa capuche afin de dissimuler la masse blanche à l'intérieur.
Boutonna sa cape, se tint droite comme un i et tout sourire dit à la Dame :


"je suis toute à vous, guidez moi, je suivrai le chemin !
pourvu qu'il soit sans embuche mais plein de cailloux !"

finit elle en rigolant un peu. ***