*Mhhh...Mouai. Si vous le dites*, répliquais-je à Salimân.

Peut-être avais-je été trop loin.
Elle n'était au final qu'une neo-lanyshta, sa présence serait plus un poids qu'autre chose. la conversation reprit son cours malgré cet écart.

*Pardonnez nos plans farfelus.
Loin de nous l'idée d'user de vous comme chair à canon. Un lanyshta, même récemment Éveillé, est beaucoup trop précieux pour en user comme d'un pion à sacrifier. Non-non-non, un mercenaire est bien plus utile dans ce rôle, ou un paria. C'est comme ça qu'on faisait dans le temps, pour brouiller les pistes lors des transactions douteuses ah ah !*

Pause pinard.

*Vous, c'est différent. Vous, vous seriez là pour l'expérience sociale. Savoir si oui ou non, après l'Appel des Ists, les Rebelles sont encore capables d'avoir de la compassion pour la pauvre fille abandonnée par ses parents. Nous pourrions jouer ce rôle mais vous comprenez bien qu'en prenant le risque de se faire farcir de plomb au moindre écart, il faut que ça fasse vrai, très vrai.*

Je secouais la tête.

*Et pourtant, dans l'éventualité où vous accepteriez, de même que le reste de l'expédition, de nous accompagner, il vous faudra vous préparer. Car nous n'emmenons pas les blancs-becs au casse pipe à l'autre bout de Syfaria. Tant pour leur sécurité que pour la nôtre. Quand à ce que nous pourrions mettre sur la table...l'esprit de l'aventure? La curiosité? La recherche? Cela ne vous suffit-il pas au regard des événements révélés il y a quelques secondes?*

Bref regard vers Salimân.
Saisissait-il l'intérêt mutuel qu'il y avait dans cette invitation?

 
Le Compteur se maudit d'avoir laissé libre cours à ses pensées. La tournure que prenait la conversation ne lui plaisait pas. Il s'assombrit, puis haussa les épaules, à son tour.

*J'vous avais dit qu'j'étais pas le genre de mec à se faire cocufier. C'est pas l'genre de sentiment qui me touche. J'pense pas non plus que de goûter à ta peau nous donne plus de chance dans notre entreprise.

Par contre...*

Il compta dans sa tête le nombre de nuits depuis son éveil. Cela ne prit pas longtemps : c'était son métier, après tout...

Par contre, ça me mettra dans d'meilleures dispositions.

Le sourire revint, avec un petit scintillement dans le regard. Ce qu'il voyait lui plaisait, au plus haut point. La réplique, prononcée à voix haute, lui permit de faire démarrer une autre conversation sans intérêt sur la qualité du vin, alors qu'ils continuaient d'échanger en pensée :

*On verra, ça dépendra de c'que nous dira l'autre sur la date du départ, mais emmener une néo Dehors, c'est quand même une invitation à la bouch'rie.

En même temps, Dehors, ça vaut l'coup d'être vu, chère Kim, si tu savais...*

Son regard se perdit dans le vague.

*C'est des horizons qui s'arrêtent pas à des toits d'bicoques. C'est du vert partout, du jaune et du bleu. C'est des odeurs, aussi, plein d'odeurs de terre, de fleurs, qu'ont pas un relent d'égout. Enfin, j'pourrais t'en parler des heures, mais c'est une conversation qu'on s'gardera pour plus tard.*

Il avait, par ailleurs, une très bonne idée du quand.

 
*** Pendant un temps assez bref, la néo-Lanyshsta avait donné l'impression de lâcher la bride à ses émotions. Maintenant qu'il n'est plus question de ses géniteurs, son empire sur elle-même redevient impeccable ; elle se joint à la conversation de surface avec un sourire serein, tirant occasionnellement une bouffée sur son cigarillo, et sirotant lentement sa bière.

La pensée qui répond au Bateleur, après un temps de réflexion, est tout aussi posée : ***

Pensée :

*** Elle suit les pensées du Compteur avec une lueur amusée, presque attendrie, dans l’œil. Son sourire s'élargit légèrement alors qu'elle répond, sobre : ***

Pensée :

 
Le fond de mon verre fut vidé d'un trait.

*A la différence du Compteur, nous n'irons pas jusqu'à vous vendre l’Extérieur comme un splendide tableau de maître. Non-non-non. Ce serait plutôt comme une jolie toile avec du rouge, du noir et surtout beaucoup de rouge.
Après ça, avec l'entrainement adéquat et un peu de chance, c'est que du bonheur.*

J'abandonnais ma chaise. Courbette de rigueur. Ni trop, ni pas assez.

Chers enfants, c'est ici que nous vous abandonnons. Puissiez-vous jouir l'un de l'autre de la manière dont il vous sierra. Nous nous reverrons sous peu, nous en sommes certains.

Hochement de tête à l'adresse de Salimân.
Nous avions notre terrain d'entrainement, il ne nous restait plus qu'à réunir l'équipe et à nous mettre au travail.

 
Reculé sur sa chaise, il regarda l'Arlequin prendre la poudre d'escampette. Cette fois-ci, il ne lui en voulut pas.

Toujours dans ses habitudes, de s'faire la malle comme un malpropre...

Il tourna son regard vers celle qui était Suie.

Et pour le quand, ça peut être maintenant, ou ça peut être un plus tard. Mais ça devrait être ce soir, tu crois pas ?

Qu'aimerais-tu faire ? Manger, boire, danser, danser d'une autre danse ? Sachant qu'en f'sant quoi que ce soit de tout ça...

*On pourra toujours continuer de communiquer.*

L'idée germa dans son esprit... Qu'est-ce que ça pouvait bien donner, cette télépathie, dans la sueur des corps entremêlés ?