*** Nogarde ne se déplaçait plus que très peu pour faire des affaires. Son nouveau métier était facile par rapport à l'ancien. Le seul désavantage qui n'est pas des moindres est celui de parler. Le kil'sin est réputé pour ça, mais encore pire que pour la moindre plaidoirie, le marchandage se basait autant sur des indices mathématiques encore complexe pour lui, mais surtout sur les moindres rumeurs. Bien entendu, le jeunot avait bon nombre d'avance sur ce dernier point.
Prenons le cas de Tod par exemple, un camelot d'ordinaire normal. En réalité, sa fille a marié le représentant du comité de la souch (le secteur organisationnel unitaire compassionnel de l'harpiste). Personne ne sait de quoi il s'agit, bien entendu, mais d'après ce dernier, c'est un bon comité. L’histoire de Tod ne s’arrête pas là puisque les rumeurs disent qu'il a quitté sa femme parce qu'elle aurait eu une aventure avec l'oncle de son beau-fils. Pour être un bon marchand, il faut le savoir, mais ne jamais le lui dire. Pour obtenir des prix:
Il faut premièrement, faire boire Tod.
Deuxièmement, lui parler des affaires pour montrer l'emprise qu'il a.
Troisièmement, lui offrir un nouveau verre, certainement la phase la plus critique avant la demande proprement dites.
Quatrièmement, lui demander des nouvelles de sa fille.
Cinquièmement, encore lui offrir un verre et attendre que l'alchimie se passe.
Sixièmement, l'écouter et toujours, oui, toujours lui donner raison.
Septièmement, le leurre, revenir sur les affaires avant de comprendre qu'il n'en a pas envie.
Huitièmement, donner des conseils inutiles à Tod pour montrer qu'on est de son côté.
Neuvièmement, une autre phase critique, commander un alcool plus fort.
Dixièmement, le pousser à prendre les deux verres commandés.
Onzièmement, partir sur des calculs arithmétiques complexes afin que les deux marchands ne se comprennent plus.
Et douzièmement, laisser l'entropie se faire afin de pouvoir facilement signer un contrat.

Bien sûr, il s'agit là que du cas de Tod. Nogarde commence à savoir s'y prendre de mieux en mieux, car il a réussi à obtenir six ristournes sur cinq marchands différents.
Autant dire, il était bien fatigué, mais également impatient, car il venait de se commander un verre en attendant la bibliothécaire lanyshsta au sourire ravageur rencontrée en début de journée. ***

*** Elle était donc courageusement sortie de son petit nid.
Avait fermé la porte à clé, inspiré un bon coup et prit la route de la taverne.

Elle n'avait pu s'empêcher en chemin de faire une halte à la bibliothèque de la place des heures vives qui d'ailleurs avait un peu changé....
Elle s'était procurée un ouvrage passionnant sur les objets volants.

Elle arriva devant la porte,
elle n'avait pas eu à côtoyer grand monde et fort heureusement.
Elle hésita un instant avant de pénétrer dans les lieux,
qu'allait elle découvrir ?

C'est avec le livre sous le bras pour avoir un peu de réconfort qu'elle fit son entrée dans la taverne.



La porte fut poussée tout doucement, une silhouette encapuchonnée se dessina dans l’entrebâillement.
Hésitante,
elle balaya de ses yeux ocre azurés la salle avant de se décider à entrer et refermer sans faire de bruit la porte derrière elle.

Freya chercha le jeune homme du regard. ***

*** La dénommée Freya venait d'arriver. Il hésita à l'appeler, mais calma ses ardeurs. La demoiselle avait du mal en public et il ne pouvait attirer l'attention sur elle sauf si l'objectif était de la faire fuir, mais ce n'était pas le cas. Il leva simplement son verre déjà à demi vide dans sa direction. La taverne n'était pas encore remplie, il n'y avait une vingtaine de personnes vu que la nuit n'était pas encore tombée et que tout les krolannes n'avaient pas forcément fini de travailler.
Son regard se tourna vers le patron en faisant le signe deux à l'aide de ses doigts avant de montrer son verre à demi-vide d'hydromel et une salutation de la tête.
Comme quoi, il n'y a pas besoin de télépathie pour se faire comprendre. Il envoya tout de même un message à la bibliothécaire. ***

*** La jeune femme vit enfin son rendez vous attablé au comptoir.
Par une simple mais réconfortante pensée il l'invitait à le rejoindre.

Serrant ses doigts fins sur l'ouvrage qu'elle tenait comme un précieux trésor, elle se lança et traversa la salle prenant soin d'éviter tout regard un peu trop insistant qui pourrait vouloir entrer en contact direct.

Elle se stoppa à sa hauteur, inclina la tête poliment et lui dit :

"Bonsoir à vous Nogarde, me voici, comme souhaité."

Elle le gratifia d'un sourire timide malgré les regards inquiets qu'elle lançait de part et d'autre de la taverne.
L'endroit lui était totalement inconnu, mais paraissait plein de richesses à découvrir.

Et la curiosité était l'un de ses points faibles... ***

*** Nogarde ne s'était pas changé et il le remarqua quand la libraire s'approchait de lui. Il se devait d'être irréprochable, mais il ne l'était pas. Sa belle cape avait été tachée des larmes de Tod et ses chausses épongeaient la maladresse du Tavernier. Tout a un prix, Tod lui faisait des remises exceptionnelles tandis que le tavernier lui offrait de temps à autre des verres pour ses propres clients. Il se sentait cependant insignifiant, la demoiselle ne pouvait voir cela.
Il se retourna donc tout en retirant sa cape et en laissant ses chausses cachés sous le tabouret qui lui offrait une position inadéquate autant du côté pratique qu'esthétique. ***

*** A peine eut-il fini sa phrase que le tavernier leur apportait les deux verres. Sans savoir si il devait serrer la main ou effectuer un baise-main, Nogarde trouva la solution de lui tendre son verre. ***

*** Son sourire habituel revint alors qu'il terminait son premier verre. ***

*** Elle était toute autant embarrassée que lui et lorsqu'il brisa les conventions d'approche en tendant le verre,
elle le prit sans faire de manière.
Elle s'assit à coté de lui et entreprit de retirer sa cape qu'elle plia à coté d'elle sans verser une seule goutte du verre qu'elle garda en main.

"Merci pour le verre....mais euh....je....de l'hydromel dites vous ....je...n'en ai jamais bu."

Elle penche son nez au dessus du verre et regarde le contenu.

"Je n'ai pas eu d'autre visite, j'ai pris le temps de chercher des ouvrages sur...enfin sur vous savez qui et n'en ai pas trouvé une seule feuille....

ce qui me pousse à croire qu'ils existent bel et bien ces livres mais que mon oncle a dû les mettre en lieu sûr."

Elle posa le verre sur le comptoir et se pencha pour prendre le livre sous sa cape :

"par contre j'ai pris ceci à la bibliothèque de la cité et je pense que cela pourrait peut-être vous être utile pour votre envie de voyage !!

car si les chemins ne sont pas très sûrs hors de nos murs, peut-être que les airs pourraient vous être cléments ?

Savez vous voler ? dans le ciel ?"

Elle le questionna du regard, sans à dire vrai porter la moindre attention à la tenue de l'homme car après tout ce n'était pas l'habit qui faisait le moine !!
Elle lui sourit. ***

*** Il fit tourner son verre dans sa main avant d'humer le doux nuage mielleux qui s'échappait de ce dernier. ***

*** Il en but une gorgée. Pour lui, l'hydromel avait surtout un effet relaxant où même la première gorgée le relaxait. ***

*** La taverne commençait à se remplir, Nogarde l'avait remarqué et il devait détourner l'attention de la demoiselle. La faire boire? Contrairement à beaucoup, cela ne semblait pas être la bonne idée. Il réfléchit ne fût-ce que quelques secondes avant qu'une idée ne germe.
Il sortit le livre qu'il lui avait prit plutôt dans la matinée. ***

*** Il prit ensuite le livre des mains de la belle libraire. ***

*** Une idée germa d'un coup, certainement stupide. ***

*** Il l'avait dit, et c'est à ce moment là qu'on se rencontre de ce qu'on vient de dire et que l'on dit quelque chose d'encore plus stupide. ***

*** Elle posa son regard sur son interlocuteur,
l'air de réfléchir elle lui dit :

"Pourquoi ? peut-être pour me protéger, peut-être parce qu'il espérait que cela ne m'arriverait pas....allez savoir..."

Elle s'arrangea un peu plus sur son assise,
se rendant compte des ouvertures de la porte de la taverne et du flot de personnes qui la traversait.

"Bien sur que vous pouvez garder le livre pour le moment,
je n'y vois aucun inconvénient tant qu'il vous est utile !"

Elle l'écoutait expliquer sa future expédition et les possibilités de déplacements qu'il devrait envisager.
Elle lui était attentive, du plus qu'elle le pouvait malgré la foule qui grandissait dans le lieu.
Ses yeux chassaient sur le coté à chaque fois qu'un individu venait à passer.

Mais ses oreilles écoutaient totalement Nogarde
et lorsqu'il avança l'hypothèse de ne jamais rentré,
elle avait la langue levée pour lui dire qu'il ne fallait pas partir si pessimiste
mais les mots n'eurent pas le loisir de sortir de sa gorge
quand elle entendit la suite de sa demande.

Elle écarquilla les yeux,
ouvrit la bouche en coeur,
bien malgré elle,
tant la demande la troubla.

Un voile rosé vint parer son minois et elle finit par baisser les yeux n'osant le regarder.

"Je...vous..."

Elle sentit son coeur devenir fou, la foule ? l'avance de l'homme ?
Elle se risqua à reporter son regard sur lui,
comprenant bien qu'une telle proposition nécessité une réponse.

"Vous....je...."

Elle inspira profondément et finit par lâcher :

"Je veux bien diner avec vous."


Autant commencer par quelque chose de simple à gérer, car partir en expédition....
qui garderait la boutique ?
et puis comment elle annoncerait son départ à sa nouvelle employeuse ?
Certes, l'idée de sortir de ses murs était alléchante,
l'idée de pouvoir retrouver son oncle...
l'idée de sortir du quotidien,
l'idée de vivre une nouvelle aventure en dehors des livres .....

Elle sourit à Nogarde toute chamboulée qu'elle était. ***

*** Son oncle était partit. Nogarde ne pouvait réprimer cette envie de ne jamais vouloir le voir, mais rien de bien était imaginable dans ce genre de situation. Tout s’effaça, elle avait accepté son offre, non pas la seconde, mais la première. Était-ce possible? Ce qu'on apprenait dans les contes fonctionnait réellement. ***

*** C'était à son tour de rester sans voix, lui qui trouvait toujours les mots dans la moindre situation, il était en même temps inquiet et heureux. Son inquiétude transparaissait d'autant plus quand on voyait la plèbe rentrés dans la taverne. Le Tavernier?! Oui, Franck le tavernier, il écoutait et il devait sans aucun doute se mettre de l'or sous la dent rien qu'à l'observer. Un marchand ne pouvait montrer de faiblesses. Nogarde, lui-même, utilisait les fautes de ses confrères pour arriver à leur faim et le tavernier n'était certainement pas que sa source d'information. Une erreur, il en fit à nouveau une en prenant la main de la demoiselle entre ses deux mains. ***

*** Il lâcha la main en se rendant compte de son erreur. ***

*** Il se reprit enfin. ***

*** Son sourire revint même si la gène trans-paressait fortement. ***

*** Les doigts fins se firent happer par les mains du marchand.
Elle n'avait pas de bijou et ne risquait donc pas de se faire voler une quelconque bague précieuse.

Elle en rougit terriblement néanmoins. Le contact n'était pas son fort, enfin elle manquait cruellement de pratique.
Seuls les livres entretenaient un rapport tactile avec elle.

Croisant timidement ses iris avec celles de l'homme, les pommettes des joues se parant d'un rosé encore plus marqué, et l'hydromel qu'elle n'avait pas touché encore n'y était de ce fait pour rien.

Est ce qu'un homme lui avait déjà pris la main de la sorte ?
de mémoire, jamais, alors le trouble était grand !

Elle ne put lui répondre alors qu'il s'excusait, même si bien évidemment elle lui pardonnait déjà cet écart.

Elle inclina la tête en signe d'approbation pour confirmer les dires de l'homme.
La taverne se remplissait à vue d'oeil et le monde allait finir par la paniquer vraiment.

Elle reprit ses esprits juste assez pour lui répondre d'une voix toute timide :

"je ne sors jamais, je ne connais pas les bonnes adresses, je vous fais confiance, je vous suis."

Elle regarda le verre non bu, et se sentit un peu bête.
Elle le prit et lentement l'approcha de ses lèvres. ***

*** Elle le suivait. Il y a moins d'un an de cela, il l'aurait amené dans des endroits sordide où elle se ferait dépouillée, mais il avait changé ou plutôt, il avait évolué. Elle lui avait dit oui, il s'était montré nerveux et pour une fois, il ne jouait pas, enfin pas beaucoup.

Il prit son verre, le leva en direction de Freya et le but pour montrer la marche à suivre. ***

*** En réalité, il n'avais jamais été à aucun des deux endroits, mais en avant entendu parler. Le premier était plus un théâtre où l'on pouvait consommer et surtout acheter des places à la dernière minute et le second est le restaurant préféré du tavernier. Nogarde espérait juste qu'il ne s'agisse pas de nourriture trop épicée. ***

*** Il prit ensuite sa cape de marchand et la plaça sur ses épaules avant de prendre celle de la demoiselle et de faire pareil. Il se maudit encore une fois d'avoir fait cela. ***

*** Elle se risqua alors à goûter au breuvage.
L'arôme n'en était pas mauvais, mais l'ivresse la guettait si elle s'avisait d'aller au delà.
Elle n'en prit qu'une petite gorgée, préférant rester sur ses gardes et conserver tous ses esprits.

La soirée s'annonçait riche en surprises, à commencer par la politesse de Nogarde qui prit soin de poser la cape de la jeune femme sur elle.

"Merci" dit elle timidement, véritablement pas habituée à ce genre de délicatesse.

Elle attacha les boutons et prit son petit sac dans ses mains.

"Je ne suis jamais allée au théâtre mais j'en rêverai !"

Elle réfléchit un instant et lui dit un peu penaude :

"mais...enfin vais-je pouvoir rentrer comme cela ?
car...je...je n'ai pas de toilette pour ce genre de lieu... "

Elle serra sa cape sur elle et puis dit :

"après tout, il fait nuit, je peux tout aussi bien la conserver sur le dos...personne n'y prêtera attention !"

et dans un sourire elle invita l'homme à :

"vous me montrer le chemin ?"

***

*** Il ne sut que répondre à son remerciement. L'ignorance était la marche à suivre. Par contre, il l'écouta pour ce qui était de sa toilette. Lui-même était dans ses habits de travail, pas que ça ne lui allait pas, bien du contraire, il se sentait comme un homme et non comme un gosse des rues. La bienséance aurait voulu qu'ils soient tout deux en costume de soirée. Que cela ne tienne, juste les rumeurs sur l'endroit le rassurait. ***

*** Long silence. ***

*** Qu'avait-il encore? Il sourit bêtement, un long moment avant de reprendre le file de la discussion. ***

*** Il lui tendit son bras afin de plus facilement la menée et instinctivement, la sentir contre lui. ***

*** "vous êtes parfaite" la phrase semblait être sortie de la bouche de Nogarde tel un aveu sournoisement échappé de son propriétaire.
Elle en rougit de plus belle, teintant les pommettes de cette parure de rose d’antan qui finalement ne lui allait pas si mal que cela au minois.

"vous m'en voyez alors soulagée, je ne fréquente pas vraiment la ...société....qu'elle soit haute ou basse par ailleurs,
mais vous avez du vous en apercevoir en me trouvant recluse dans ma tour de livres....
n'est ce pas ?"
dit elle avait un petit sourire taquin accroché aux lèvres.

Elle prit le bras si gentlemanement offert
et engagea ses pas dans ceux de l'homme.

"et qui donc se produit dans ce petit théâtre de tout le monde ?
des troupes de saltimbanques ?
des badauds ?
des têtes bien pensantes ?"

Elle paraissait fort curieuse et avide d'en apprendre davantage sur le lieu de leur destination. ***

*** Il l'a mena tout d'abord vers la sortie de la taverne et se décida à lui répondre assez vite afin que la libraire ne se doute du monde qui s'était amassé non loin de la porte d'entrée. ***

*** Il se retrouvèrent assez vite en dehors de la taverne. Nogarde connaissait les moindres recoin de la ville. Ils passèrent dans une rue à l'animation naissante, les marchands ambulants ouvraient leurs échoppes du soir tandis que des jongleurs lançaient des objets aussi incongrus que dangereux. Il s'approcha d'une des boutiques et le marchand lui répondit aussi tôt. ***

*** Nogarde hésita à redevenir professionnel, mais il se retint étant donné la belle à son bras. ***

*** Son visage se tourna après en direction de Freya. ***

*** Elle se laissa ainsi guider,
déjà soulagée de quitter la taverne qui se peuplait bien trop vite à son goût.

Alors elle préféra le calme des ruelles,
où la vie nocturne prenait ses quartiers.
Elle regarda intriguée un saltimbanque qui marchait sur un étrange petit vélo à une seule roue.
Elle trouva la prouesse de l'équilibre impressionnante.
Mais il était vrai que la jeune femme était aussi facilement impressionnable,
n'étant que fort peu sortie et encore plus rarement en contact avec le monde, la vie....

Elle inclina la tête poliment en guise de salut auprès du marchand.

"Oh " fit elle à la remarque de son guide nocturne


"excusez moi, mais il est vrai, que si vous avez faim,
nous pouvons nous attabler en premier lieu,
cela ne me gêne pas."

Il faut dire que la jeune femme était tellement accaparée par tout ce qui se passait sous ses yeux
qu'elle ne prêtait plus attention à son estomac qui parfois lui lançait un cri de guerre.

"Si la mise en bouche peut apaiser votre appétit,
mais je vous en prie, dégustez !
je serai de médiocre compagnie si je vous l'interdisais voyons."

Un sourire éclaira son visage, plissant un peu les yeux
et penchant la tête de coté,
amusée par la prévenance de Nogarde. ***

*** Nogarde plaça les quelques graines dans la main du marchand quand ce dernier lui tendit les deux soufflés. ***

*** Dit-il tout en lui tendant un. ***

*** Il est vrai que ça faisait des années qu'il venait dans cet endroit, mais il y a peu qu'il commençait, à réellement payer sa pitance. Il lui tendit à nouveau son bras. ***

*** Prévenant, il l'était et pourtant, la libraire était si différente, peut-être est-ce qui les a rapproché en fin de compte. ***

*** Elle réceptionna le petit soufflet entre ses doigts, il était bien chaud,
elle jongla d'une main à l'autre et appréciant l'odeur qui s'en dégageait par son mouvement :

"en tous les cas il faut vraiment qu'il soit délicieux pour que les gens aiment à se brûler les doigts avant !"
dit elle tout en plaisantant

Puis elle croqua dedans sans plus de cérémonie :

"hum, ché délichieu ! mais ché chaud quand mêm! "
conclut elle avec le regard d'une enfant émerveillée de sa première découverte.

Après avoir avalé sa bouchée, elle lui déclara :

"oui oui nous pouvons avancer, s'il y a une représentation,
autant ne pas manquer le début de l'histoire, ce serait dommage."

Et elle s'accrocha au bras du gentleman avec une certaine pudeur,
dans son autre main le soufflet attendait de
se faire dévorer une nouvelle fois.
Un petit vent vint secouer la ruelle, soufflant en bas de leurs jambes.
Elle frissonna et fut poussée un peu plus contre Nogarde. ***

*** Il l'a sentit se blottir contre lui, mais n'en fût en rien gêné, il appréciait même. Ils avancèrent dans la rue imprégnée de joie et de comédie. La foule se faisait des plus oppressante et ils commenceraient bientôt à avoir du mal à se déplacer. ***

*** Sans attendre de réponse, il bifurqua dans une petite ruelle, il y continua pendant à peu près 200m avant de tourner à gauche et de continuer sur une rue plus importante mais sans un chat dans les rues où seules des ombres pouvaient apparaître. ***

*** Un nouvelle ruelle, plus étroite cette fois. Nogarde espérait juste ne point effrayé la demoiselle. Il garda alors un sourire propre et sans aucune arrière pensée afin de rassurer la demoiselle. La ruelle se finit enfin, donnant sur un énorme amphithéâtre. On lui en avait parlé mais il ne s'attendait pas à ce que ce dernier soit en plein air. ***

*** Ils continuèrent leur randonné pour se retrouver derrière la file afin d'acheter leurs tickets. Nogarde se mit à ce moment là à profiter de son soufflé. ***

*** Elle acquiesça pour le raccourci préférant vraiment s'éloigner de la populace.

Toujours agrippée à son bras, elle se laissa mener comme une barque sur l'océan, serpentant,
ne trouvant plus de point de repères pour s'orienter
et faisant confiance à son capitaine de navigation.

"et bien vous connaissez la cité comme votre poche ma parole,
à moins que vous ne fassiez exprès pour me perdre
ou m'étourdir avec tout ces tournants !
et c'est réussi !" dit elle en reprenant un peu son souffle et ses esprits.

Ils débouchèrent sur l'amphithéâtre et elle ne put retenir un Pensée : de surprise :

"il est immense ! "

Nogarde semblait tout autant surpris de l'endroit.

"Rassurez vous, je n'ai rien contre le fait de voir la pièce sous cette magnifique voûte céleste !
J'espère qu'il ne fera pas trop froid."

Elle prit le temps de finir son soufflé à son tour, tout en patientant dans la file d'attente.

"vous avez raison, c'est très bon !" et de lui lancer un sourire satisfait.
***