- Hey! Yloyse, Naomi! les hèle-t-il avec un large sourire en les rejoignant. Ravi de vous voir!
Je vous présente Rhôz, historienne, linguiste, et amatrice de savoirs en tous genres, qui a d'ailleurs rencontré Aelyne lors de sa visite chez nous.
Rhôz, ce sont les artisanes dont je vous avais parlé : Yloyse, une amie du Dara, et Naomi, une de vos concitoyennes.


Pensée :

 
Plus tôt dans la journée, le Doc a contacté Rhôz pour lui proposer un dîner le soir même avec deux artisanes lanyshta, l'une de Kil'sin et l'autre de Kil'dara. Elle a bien entendu tout de suite pensé aux deux associées officiellement déclarées dans les Entrelacs psychiques. Le fait que le point de rendez-vous soit L'Œuf ou la Poule, où elle a déjà fait connaissance avec Naoko, est vite venu lui confirmer l'identité des deux artisanes, qu'elle devait justement revoir un jour ou l'autre pour parler de certains projets... dont il serait certainement question, puisque Helhar'sen avait laissé entendre qu'on avait quelque chose à lui proposer. Le fait que les deux artisanes aient aussi paraît-il des renseignements sur les Krynänns ne faisant que redoubler l'intérêt de la rencontre.

À l'arrivée de Rhôz et de son compagnon, après une petite balade à travers le 'Sin, ce sont bien Yloyse la Bleue et Naoko l'Ombrageuse – aujourd'hui appelée Naomi – qui les attendent sur place.

Contente de vous revoir. Enchantée de vous rencontrer.

Après les avoir saluées l'une après l'autre, elle poursuit télépathiquement pour tous les quatre :

Pensée :

 


Les décisions qu'avait du prendre Naoko depuis une semaine avaient été... Dangereuses. Naturellement tout était relatif dans la mesure ou les personnes auprès de qui elle s'était compromise avaient toutes des raisons d'être fiables et, surtout, que son ancien travail lui avait appris a relativiser les risques. En cas de problème elle avait des solutions de replis. Et le suicide était devenu une solution plausible.

Autant donc profiter des avantages qu'offraient cette prise de risque. L'un d'entre eux, et pas le moindre, était d'avoir (pour une fois) des gens qu'elle pouvait qualifier d'amis chez elle. L’expérience était intéressante. Et agréable. Le challenge de devoir contenter les goûts de chacun était un vrais plaisir à relever... Et même si elles n'avaient pas beaucoup de place c'était déjà nettement plus confortable que chez Lia.

Et puis il y avait toutes les opportunités de faire avancer l'histoire... De ne pas stagner. D'évoluer vers d'autres temps. Ce soir était une opportunité en or. Et si indiquer l'emplacement de sa maison représentait un risque... Rhoz pouvait de toute manière la localiser avec une relative précision. Les probabilités qu'elle soit la linguiste dont parlait le doc étaient... élevées ? A minima. Le lieu de rendez-vous permettait d'assurer une ultime protection. Même en étant engagée elle pouvait encore se retourner si jamais.

Elles avaient donc été faire des courses. Plutôt du genre conséquentes dans la mesure ou elle n'avait pour l'heure qu'une vague idée de ce qu'elle allait cuisiner... Et au lieu de rentrer directement elles avaient fait un saut du côté de l’atelier et, plus exactement du petit resto ou tu avait rencontré l'étudiante la première fois.

Arrivées avec une pointe d'avance (une habitude détestable dans la mesure ou elle lui gaspillait régulièrement un peu de son temps mais dont elle était bien incapable de se débarrasser) elles n'eurent cependant pas tellement a apprendre avant que les visiteurs n'arrivent.

Rhôz. Comme prévu. Naoko réprima un léger soupir de soulagement. Pour couronner le tout ils ne sont que deux. Comme prévu. Il faudra naturellement s'assurer un petit détour pour s'assurer que personne n'avait eu la mauvaise idée de suivre les deux autres.

Un sourire franc sur le visage elle salue le médecin et sa guide :

- Ravie de vous revoir... Malheureusement si vous me pardonnez ma petite lubie nous ne mangerons pas dans un restaurant. Des préférence quand aux plats ? Tant que nous sommes dehors... On a déjà fait trois courses mais bon.

Pensée :

Comme d'habitude, la double conversation se met en place. C'est un plis a prendre mais l'un des intérêts de se retrouver dans un lieu réellement privé c'est que, justement, il n'y a pas a faire cette gymnastique mentale pour avoir une conversation constructive et concernant des sujets a éviter aux oreilles des Krolannes. Quittes à se voir autant parler vraiment. Une conversation a distance étant, autrement, presque aussi pratique.

 
Il faut croire que les deux kildariens étaient sur des dispositions semblables. Tout comme le Doc', Yloyse avait plus pensé cette soirée comme un moment agréable à partager avec des personnes qu'elle appréciait que comme un grand moment de complots.
Même s'il était vrai que, selon les considérations de chacun, on pouvait considérer que se rapprocher d'un lanyshsta était en soit manigancer.

Elle en avait conscience, pour beaucoup ce n'était pas si anodin que ça. Et pourtant.... Bien sur on parlerait des projets, on échangerait des avis... mais cela n'était il pas la composition normale d'une soirée entre amis ? La jeune artisane ne s'en faisait pas vraiment. Elles verraient bien. Et puis s'ils étaient quatre, ils pourraient au pire se taper une belote vaporée, ou un tarot avec Lia. Il y avait longtemps qu'elle n'avait plus pu faire un appel aux Conseils même si la version a trois était plus stratégique.

Naoko prenait bien sur un risque en les conviant chez elle mais... elle ne le faisait pas à la légère. Et le risque en valait la chandelle.

Les deux femmes étaient arrivées un peu en avances mais bientôt, la haute silhouette du Doc' se fit voir. Il était accompagné d'une femme, peut être un peu plus âgée qu'elle mais il était possible que ce soit l'allure sérieuse qui lui donne cette impression. Lia mise à part, elle serait donc la cadette... bah... Le Doc' faisait un digne doyen entouré de son harem pour ce soir.

Un sourire joyeux est adressé à ce dernier ainsi qu'un signe de la main, manquant de renverser une partie des fruits dans le mouvement – et s'attirant un regard inquiet pour la santé desdits fruits de la part de sa voisine.

Hey ! Ravie aussi de te revoir.

Eut il eu dix ans de moins, peut-être lui aurait elle sauté dans les bras pour le saluer dans un elan d'enthousiasme mais la chose serait moins drôle là. La jeune bleu salua également l'historienne.

Enchantée de vous rencontrer aussi. Merci d'avoir pu venir. J'avais envie de vous rencontrer depuis que Nao m'a parlé de vous.

La lanyshsta passa enchaîna avec aisance par la pensée qui laissa transparaitre de l'amusement.

Pensée :

Et bien puisque nous sommes tous là.... ? Tient, tu peux me donner un coup de main.

Elle donna d'emblée le filet contenant les bouteilles de lait au Doc', conservant les sacs de fruits.

 

- Je vois que vous avez déjà fait pas mal d’emplettes...
Pour ma part, je ne suis pas ici depuis suffisamment longtemps pour m'être forgé un avis sur la cuisine du Sin. Surtout que je ne comprend pas un traitre mot à la langue locale! Il y a eu quelques très bons plats, mais aussi certains... quiproquos culinaires.


- Ne le prenez pas mal, hein, on mange très bien à la Rieuse Escarbille, mais il y a quelques plats que je n'aurais pas pris si j'avais su ce que c'était! Ha ha!


- Je vous fais confiance pour la cuisine, dit-il avec un regard à la ronde aux trois lanyshtas, mais si on peut éviter les trucs trop étranges ça me va aussi!

 
Rhôz opine du chef en réponse à Yloyse, signifiant qu'elle aussi était curieuse de la rencontrer.

Pensée :
Puis elle répond à Naoko... Enfin, plutôt à Naomi :

Pas de préférence particulière, non, je prendrai dans ce qu'il y aura.

Bien entendu elle est généralement attentive à l'équilibre de son assiette – surtout depuis qu'elle a remarqué que cela l'aide à rééquilibrer ses humeurs chamboulées par l'Éveil – mais le temps d'un seul repas, elle peut bien ne pas s'en soucier.

Rhôz sourit à la remarque du Doc. Un soir, son oreille a surpris un bout de conversation entre deux des comitaires de salle se racontant l'histoire du beignet de flurp du Docteur. Tant mieux si c'est la seule chose étrange qui ait attiré leur attention.

Le petit groupe se met en route. Elle suit le mouvement.

 
L'appartement de Naoko est un nouveau monde, une promenade pour tout les sens…

Commençons par les yeux puisque les tiens ont été incapable de s'arrêter plus de 5 secondes sur un élément fixe du décors élaboré. Un mélange savant de couleur et d'architecture crée un espace chaud et accueillant rempli de coussins et de bocaux. Quelqu'un financièrement à son aise dirait sans doute que c'est un peu serré, niveau espace, mais pour toi qui à l'habitude de ton antrelier minuscule, c'est gigantesque.

Il y a un mannequin dans un coin, seul et immobile dans un océan de couleurs emprisonné dans des bocaux aux formes tantôt simple, tantôt élaborés. Il y a des pigments et des ingrédients, des poisons et des remèdes, des étrangetés et des bizarreries, en sommes des merveilles pour ton regard habitués aux choses sombres et sales du Ras-du-Sol. Sans oublié les outils... Il y a bien quelques éléments que tu reconnais, que tu as eu l'occasion d'apercevoir auparavant lors de réparations effectués dans des ateliers du Haut du Dara, mais tu serais incapable de dire de quoi il s'agit au juste… Et comble de l'anarchie ambiante, il y a un poisson qui règne en seigneur dans son bocal.

Mais ce qui t'as sans doute le plus émerveillé, c'est le tourne-disque. La simplicité de la mécanique te réconforte et les sons produits sont d'une pureté pour le moins intéressante. L'absence de vapeur en revanche est tout à fait bafouante.

Ce qui nous amène à tes petites oreilles. Si les vrombissement des machines sont absents, ils sont remplacés par d'autres bruits, plus chaotiques, qui rythme les journées à travers le manque d'isolation sonore de l'appartement. Surtout la vieille au sommeil léger du dessus qui sème des "toc" avec ses sabots sur son plancher, mais à cela s'ajoute les cris occasionnels des voisins et les aboiements des toutous des proprios volontairement mal nourris.

Mais difficile de s'y attardé quand on nage dans la paradis du toucher. Tes doigts glissent délicatement sur tout ce qu'ils peuvent trouver, explorant la douceur des tissus et le coeur moelleux des coussins omniprésent… Et ne passons pas sur la salle d'eau pleine de parfums et de savons qui t'ont permis d'enlever au moins une couche de crasse sur ton visage, une couche qui devait être là depuis bien des années vu la noirceur l'eau que tu a jeté.

Et la cuisine, pleine d'un mystère et d'une sophistication qui t'échappe complètement, bien loin du rat rôti de ton quotidien ordinaire.

Il n'y a pas a dire, c'est un nid confortable.

Mais tu ne saurais t'y attarder. Au final tu n'es pas à ta place ici, malgré les efforts de ton hôte qui t'as offert des vêtements apparemment taillé sur mesure pour toi. Non, à ton âge, difficile de t'en vouloir, tu ne tiens pas en place.

Heureusement qu'il y a la cave, et son accès dissimulé au égouts.

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La gamine à passé une partie de la journée a explorer le kil dans la tenue de civil que Naoko lui a offerte. Elle s'est mêlé aux foules en se contentant de son rôle de sourd-muette pour observer les sinnites dans leur vie quotidienne. Et nettoyer ses vêtements au lavoir publique…

L'autre partie est passée dans la Rigole et dans les égouts, où elle se trouve bien plus à son aise.

Jusqu'à ce qu'elle retourne à l'appartement encore vide. Les deux copines sont parties faire les courses, alors il n'y a personne pour l'obliger a partager le paradis.

Elle s'affale sur une montagne de cousins.

 


Naoko adresse une moue des plus vexées aux deux arrivants... Le genre de regards que vous adresse un enfant a qui vous venez de retirer sa girafe qui fait « pouic »... Le genre de regard d'un pillier de taverne qu'on prive de son cornet à dès. Ou celui d'un séducteur découvrant que sa cible n'est pas du bon bord.

- Vous m'arrangez pas... C'chiant de cuisiner quand on sait pas ce que les convives aiment... Si vous y tennez je vous fait un jambon beurre... Je trouverais bien quoi faire du reste pour moi.

Le ton est relativement froid... Elle hésite un instant puis rajoute, avec une nuance d'espoir :

- Bon... Vous aimez tout ? Tolérance aux épices ? N'importe quoi. Déjà j'en ai un qui me dit « pas trop zarb »... c'pas drôle mais c'est une donnée. Si j'me fatigue a faire a manger a des gens j'ai envie qu'ils apprécient. Pas qu'ils mangent comme si c'était un de ces foutus sandwitchs qu'ils proposent dans les transports motorisés.

Elle commence a marcher, histoire de rapprocher tout le monde. Bon... Naturellement le chemin prendra quelques détours, notamment un passage dans une de ces ruelles tortueuses parfaites pour saluer, les yeux dans les yeux, toute personne ayant voulu entreprendre une filature.

Pensée :

 

- Pour tout vous dire, ça fait des mois que je n'ai pas pris le temps de cuisiner...


- Au risque de vous choquer mesdemoiselles, ces foutus sandwichs, ou tout ce qui prend moins de trois minutes à préparer, constituent l'essentiel de mon alimentation depuis tellement d'années que je serais bien incapable de vous dire si tel ou tel plat inconnu me ferait plus plaisir qu'un autre.


- On va dire que je mange plutôt de tout, mais j'ai vraiment du mal avec certaines choses trop épicées. Et si c'est un animal, je préfère que ce soit cuit quand même...


- Mais je ne m'inquiète pas : si la délégation se plait à ta table, plaisante-t-il, je suis sûr que je m'y plairai aussi!

 
La seule attente de Rhôz pour la soirée étant une bonne conversation, elle ne s'était pas vraiment soucié de la dimension culinaire de la rencontre. Elle imaginait, à vrai dire, que le menu aurait déjà été fixé dans les grandes lignes, mais apparemment on entend palabrer sur la question. Un travers kilsinien peut-être. Ou un moyen d'alimenter la conversation de façade.

J'allais dire qu'une poêlée de légumes et un peu de riz épicé feraient bien l'affaire, tout en se prêtant à variations, mais si le Docteur préfère éviter les plats trop épicés... Eh bien, on peut sûrement faire la même chose avec seulement les épices les plus légères et digestes.

Le chemin commence à prendre de curieuses bifurcations, probablement en vue de brouiller les pistes pour qui voudrait suivre leur parcours. Cela devient presque une habitude dans ses balades récentes.

Pensée :
Au départ son propos se voulait surtout une plaisanterie. Mais il faut admettre qu'on frôle la question sérieuse.

 
Une fois le poids des bouteilles ôté, elle se sentait plutôt légère.

Pensée :

La jeune femme se retient d'afficher son amusement devant la moue de Naoko. La connaissant, elle doit se sentir vexée comme un poux auquel on retire son joujou favori. Plus qu'un simple moyen de meubler la conversation qui autrement pourrait partir sur d'autres sujets plus courants lorsque des étrangers au kil'Sin le découvre, l'art culinaire semble tenir particulièrement à cœur la tisserande. Au moins autant que l'art du thé... quoique... non... un peu moins... mais cela reste quand même impressionnant. Et un peu flippant par moment.

Tient, l'épice que tu as testé avant hier? Celle un peu piquante mais sans arracher autant que ta préparation paprika-piment... Elle était plutôt pas mal... et nos palais de kildariens ignares y ont survécus. Enfin je te fait confiance hein...

Pensée :

Un sourire amusé au Doc'.

Tu n'es pas le seul, rassure toi. Ils sont pas si mal ces sandwichs même si les soupes instantanées de la rue des Rouelles Grises sont tout aussi nourrissante. Et je suis presque sure que la viande qu'on y trouve est du bœuf. Ou du cochon.

Elle l'avait découvert avec Ethan. Voila pas mal d'années maintenant. Bien avant toute cette histoire de lanyshstas. Avant même qu'elle ne commence son apprentissage. Le bon vieux temps où ils faisaient le mur tout les soirs pour aller découvrir la vie, la "vraie".

Elle se tourne vers Rhoz, laissant transparaître son enthousiasme.

D'ailleurs, je suis passée dans la journée du coté de l'oisellerie. Au risque d'énoncer une évidence...c'est magnifique. Je ne pensait pas qu'il en existait autant.

Après de nombreux détours, la maison tranquille où vivait Naoko apparu au bout de la rue. Plusieurs étages, ils monteraient au premier, les autres étant occupés par d'autres locataires.

 


Il était étrange de constater que les Kildariens, producteurs de l'imence majorité de la nourriture disponible a travers les shrass semblaient (ou du moins ceux avec qui elle avait pris le temps de mangé autrement qu'a la dure) semblaient entreprendre un rapport... conflictuel avec la nourriture. Ou alors la mépriser.

Ne pas savoir l'apprécier.

Ne pas en avoir eu l'occasion aussi.

Les inégalités criantes du kildara ne se lassaient jamais de la fasciner. Pourquoi les gens les acceptaient-ils ? Elle estimait qu'a part quelques ahuris la plupart déploreraient la misère dans laquelle les plus pauvres vivaient... Mais se félicitaient sans doute que des « ressources » ne soient pas « gâchées » pour des « inutiles ». Un peu la même que chez ces kildéens auto-convaincus que si une augure, a leur naissance, leur annonçaient qu'ils devaient vivre dans la misère ils n'avaient pas a espérer mieux.

Elle ne pouvait s'empêcher de penser que cette tendance a ne pas prendre soin de soi-même finissait par rendre ces gens ternes. Fades. Certains continuaient a sortir du lot mais a quel points auraient-ils été flamboyant s'ils s'en étaient donnés les moyens ?

- Quand vous dites épicé... C'est du « piquant » dont vous parlez ?

Au reste elle adresse un hochement de tête. Quelque chose de léger donc. Et pas trop piquant. Voila qui lui donne une ligne de conduite suffisante. Naturellement pour quelqu'un d'habitué au jambon beurre elle peinerait a ne pas rentrer dans l'ordre du « bizarre ». Mais il y avait des limites.

- Je ne peux rien promettre pour ceux que vous nommez « délégation »... Ils ne sont jamais venus chez moi. A part Yloyse il n'y a que la petite qui loge ici.

Pour une fois elle n'apporta aucune réponse a la conversation mentale, jugeant que tout pourrait se faire calmement une fois chez elle. D'ailleurs, dans la mesure ou il n'y avait aucune courses supplémentaires a faire ils finirent assez rapidement par arriver, assurés (dans une certaine mesure) de ne pas avoir été suivis.

La maison était tout ce qu'il y avait de plus banal. Deux étages, une arrière cours dans laquelle aboyaient des chiens. Naoko fit monter ses invités au premier ou elle avait son appartement. Après la porte, un couloir étriqué de six bon mètres dans lequel elle invite les visiteurs a laisser chaussures, chapeaux et manteaux.

- Comme je disait c'est pas bien grand...

Puis ils arrivent dans la pièce principale. Un salon plutôt spacieux (qui, avec cinq personnes a l'intérieur le semblait subitement moins) aménagé de manière chaleureuse. Une table basse, un lit double remplis de coussins au milieu duquel Lia semble occupée a se noyer. Un tourne disque près de l'un des murs, un mannequin de couture près de la fenêtre... Les rideaux de voile orangé laissent passer une lumière tamisée sur la pièce, la rendant au final relativement sombre malgré les murs blancs.

- Désolée mais je crois qu'il vas falloir partager maintenant.

 

- Ah! Encore un visage connu!
Pas trop nostalgique du chant des vromballes? lance-t-il à Lia avec un clin d'oeil en guise de salut.

 
Le petit groupe avait continué de tourner dans les rues du kil mais la conversation, la vraie, s'était peu prolongée.

Pensée :
Voilà qui serait fort intéressant... Presque autant qu'une virée aux Portes. Elle n'avait évoqué l'Appel que par boutade, mais le sujet pouvait aussi assurément nourrir des discussions sérieuses.

Pensée :
Oralement la conversation se poursuit, tournant autour de considérations gastronomiques sur les sandwiches et les épices. L'Étudiante opine du chef quand Yloyse évoque la beauté de l'Oisellerie. Évitant d'aborder de nouveaux sujets sérieux, elle laisse Naoko guider le petit groupe de Lanyshtas en goguette jusque chez elle : une maison de deux étages, pas très grande mais spacieuse pour une personne vivant seule – ce que suggère l'aménagement des lieux une fois rentrés – bien que l'espace se trouve quelque peu bondé par la présence de leur petite troupe.

Une jeune personne que Rhôz reconnaît vite est enfouie au milieu d'un tas de coussins, sur ce qui doit être le lit de la maîtresse des lieux : c'est Lia, que Rhôz et Lohan ont connu sous le nom d'Aelyne (dans lequel son assistant, aux parfois étranges clairvoyances, voulait à tout prix voir l'anagramme d'Elyane – possibilité dont l'Étudiante continue de ne pas voir l'importance révélatrice).

En guise de salutation, Rhôz se contente d'accompagner les paroles du Doc d'un familier – Tiens, tiens !

 
Tu t'étire gracieusement en baillant avant de te lever, quittant avec une pointe de regret le fortin de coussins que tu t'étais construit. Tu salues alors la Rose en levant deux doigt à ton front, à la manière du Ras-du-Sol, avant de faire face au Doc', une agonie à peine feinte se dessine sur ton visage.

Siiiiiiiii.

 
A la question de Rhoz, un large sourire répond. Une incursion ? Pour sur ! Mais la nécessité de comprendre la langue est un pré requis non négligeable auparavant. Ou au moins d'avoir la compagnie de quelqu'un qui la comprends.

Lia est plongée dans sa piscine de cousins, véritable prédateur quand vient l'heure du partage. Fait étonnant elle n'a pas protesté à l'injonction... Peut-être l'adolescente est elle fatiguée? Ou malade? Mouais.. non, les mauvaises herbes ont tendance à s'accrocher... Même si ladite mauvaise herbe protesterait. Peut-être.

La kildarienne en tout cas apres avoir oté dans le couloir les solides chaussures de cuir, s'est laissée tomber à demi sur la place forte désertée. Ah ! Se redressant à demi, le lancer de coussins à chacun pour que tous puissent s'installer confortablement l'occupe encore quelques instants.

Rose ! Pour vous ceux là. La banquette aussi est bien sympa ! Doc ! Attrape !

Le poignet est souple, le tir précis. C'est que l'art du lancer d'oreiller est délicat et demande un certain talent. Trop mou, et l'oreiller ou le coussin tombera esseulé à mi-chemin laissant deux personnes désemparées. Trop fort, et il se transforme en projectile (ce qui a aussi ses avantages mais revient tout de même à offrir une arme à l'adversaire).

Vu qu’apparemment chacun ou presque se connait, on va zapper les présentations. Quoique... je ne sait pas si le Doc vous l'a dit, je m'appelle Yloyse... Précise elle avec un sourire à Rhoz. Peut être le savait elle déjà, peut être pas.
Installez vous confortablement.

La bleue se tourne à demi vers la cadette,

A propos de chant, tu nous met de la musique avant de revenir t'affaler?

Le tourne disque à un son doux et un peu mécanique qui rappelle le vrombissement aimé de la vapeur et des machines.

Vous avez faim à quel point? Pour savoir si on se lance direct dans la préparation du repas ou si on prends le temps de se poser et de discuter déjà avant de s'y mettre?

Vos recherches sur les Ists ont donnés quelque chose au final?

 

- Rien ne presse vraiment, je n'ai rien prévu ensuite aujourd'hui pour ma part et mon estomac ne s'est pas encore manifesté pour exiger son dû...

Les recherches sur les Ists ont donné moins que nous escomptions à vrai dire. S'il y a de nombreuses traces de ce fameux Appel responsable du départ d'un certain nombre de krolannes devenus des Rebelles des Portes, nous n'avons néanmoins pas pu mettre la main sur un témoignage écrit d'un des Appelés.
Ca fait des décennies que la communication est presque totalement rompue avec ceux qui ont suivi l'Appel des Ists...

D'où la nécessité de se rendre sur place pour tenter d'obtenir des réponses.


- Ca ne va pas être de la tarte, mais on devrait pouvoir arriver à nos fins en la jouant finement.
Si ce qu'on a entendu est vrai, établir un contact pacifique avec les Rebelles dépendra essentiellement de l'intérêt qu'ils pourraient avoir à ne pas nous tuer. dit-il avec un sourire amusé avant de revenir à Yloyse.
Tu m'avais dit qu'ils faisaient des sortes de rituels, c'est ça? Tu pourrais nous en dire plus? Peut-être qu'en venant avec une offrande appropriée ça faciliterait les choses...

 
Un coussin atterrit presque magiquement dans les bras de Rhôz. Il y a quelque chose de juvénile dans les manière d'Yloyse qui tranche avec le sérieux mortifié auquel elle s'attendait. Visiblement, elle s'est bien remise de son décès – possibilité lanyshta à laquelle il va falloir s'habituer... Tandis que Rhôz s'installe sur un coussin, un phonographe commence à tourner et emplir la pièce d'une musique pas trop craquelante. Un enregistrement de bonne qualité. Le petit appartement est équipé du confort moderne.

Apparemment le mot est déjà passé concernant une possible expédition vers les Portes... De toute façon, Rhôz n'était pas celle qui tenait le plus à en faire un secret, et s'attendait à ce qu'il ne tienne pas bien longtemps.

D'un hochement de tête, elle acquiesce à la remarque du Doc. Elle n'a pas grand chose à ajouter à son petit exposé, et si Yloyse sait des choses sur les rituels des Rebelles, elle a surtout envie de l'entendre.

 

Les invités s'installaient dans la pièce, laissant a Naoko le temps de ranger les courses alors que la conversation intéressante s'engage... Lia joue sa traumatisée mais se laisse gracieusement tirer de son paradis de coussins.

- Bah de toute manière je vais commencer a préparer des choses pendant qu'on discute. Ca m'occupera les mains et ça m'évitera d'avoir a tout faire d'un coup.

Mais une chose doit être fait avant de se lancer dans la cuisine : le thé. Vu la saison, mieux vaudrait recourir a une infusions a froid, plus rafraîchissante. Quand a celui qu'elle devrait utiliser... Un thé jaune au ginseng et a la mélisse désaltérerait agréablement. De l'écorce de jumba permettrait d'agrémenter le tout d'une délicate teinte sucrée. Une fois les herbes disposées dans le broc elle le remplit d'eau et y plongea le barreau de l'agitateur magnétique.

A côté la discutions commençait enfin... Elle aurait pu laisser sa collègue s'en charger seule. Après tout elles avaient partagé leurs connaissances a propos de ce qui se passait par là bas... Mais bon. Se priver de participer a une conversation n'était pas vraiment dans ses habitudes.

- On n'a pas vraiment de détails en ce qui concerne ces rituels... Mais je connais certains vêtements qu'ils utilisent. Vous avez déjà entendu parler des tuniques des protes ?

Pensée :

- C'est un vêtement qu'ils utilisent pendant leurs cérémonies... Par ici on l'appelle plutôt « tunique d'exaltée »... Et l'une de ses propriétés est plutôt intrigantes... Si son porteur est un Lanystha il se remettra plus rapidement des efforts magiques. Etant donné les effets sur la santé qu'ont les produits dont elle est imprégné il me semble peu probable qu'ils s’amusent a en porter simplement pour des raisons cosmétiques.

Un saladier, un couteau, des tomates commençaient a se faire débiter en cubes...