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Comité des Dettes et des Transactions Irrégulières des Dessous
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 27 Jayar 815 à 17h13
 
C'est une pièce souterraine, elle n'est pas tout à fait étroite et est assez profonde. Elle s'étend sur toute notre droite, mais en face de nous il y a une autre porte et à gauche un simple mur. Il y fait assez chaud et la lumière des bougies est belle. Sur les bords, dans ce rectangle, on ne voit que des étagères assez basses, couvertes de livres et de parchemins. Au fond il y a un bureau. Quelqu'un y est assit, sans nous regarder. On dirait qu'il dort mais on est encore un peu loin pour pouvoir vérifier.

On entre, (ils entrent) et soudain on se sent à l'étroit. Le plafond est si bas ! Il est bas mais pas toujours de la même manière ni au même niveau. Tout est en bois ici ; au plafond et sur les côtés c'est ondulé, tordu, courbé. Une grosse planche ressort de la terre et pend au-dessus des têtes. Ça a été tassé, rafistolé, ça tient et quelques gouttes d'eau tombent ici et là. Le président a aménagé des petits ruisseaux sculptés dans le plancher. L'eau circule, évite les meubles, disparaît dans un petit canal. Cela donne comme une musique assez douce et discrète, une odeur de fontaine faite d'un bambou et de quelques rochers.

On avance dans ce refuge instable et chaleureux. On avance vers le président et parfois on baisse la tête car ce n'est pas très haut. Mais Dassen lui, avance tout droit en claudiquant avec assurance. Il sait qu'il a la bonne taille quel que soit l'endroit où il se tiendra.


« Salut président ! »

La forme assoupie sur son gros bureau de magistrat se réveille. Il relève le nez des feuilles éparpillées devant lui, réajuste ses lunettes d'un froncement de narines, et alors... on s'en rend compte.

Il y a un problème avec sa tête.

Il est beau. Le président est beau, jeune, imberbe, élégamment coiffé, raie sur le côté, peigné à la manière d'un gentleman, les grands yeux bruns et malicieux, un petit sourire bienveillant et le costard est à peine négligé.

Mais sa tête... Elle est trop grosse.

Et son corps. Est trop grand.

Il avance ses grands bras trop longs par rapport à sa tête pour trier les papiers devant lui tout en regardant les nouveaux venus.


« Dassen !

Tu m'apportes de nouveaux livres ? »

Il est radieux, amical, sympathique, et sa voix est chaude. Mais les proportions de son corps sont toujours aussi étranges.

« Madame, bienvenue dans mon bureau. Je suis le Président du Cédétéhidé. »


alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Luang 29 Jayar 815 à 13h19
 
Le bas plafond contraint Oromonde à garder une main posée sur le bois pour éviter de s'y ouvrir le front ou le crâne. Plutôt grande, la jeune femme est obligée de prendre garde à son avancée.

L'endroit est curieusement agréable, pourtant. Quel troglodyte peut bien trouver refuge ici, dans ces ténèbres chtoniennes ? A part elle, Oromonde se fait la remarque que, si on souhaitait la dépouiller ou lui faire la peau, l'endroit est parfait pour l'occasion. Entre sa silhouette efflanquée forcée à se courber et l'éloignement vis à vis de l'extérieur, elle est plutôt désavantagée. C'est probablement tout le but de ce décorum, d'ailleurs...
Elle fait un geste de tête à Dassen, peut être un merci, un signe de reconnaissance en tout cas. Et s'avance prudemment vers le Président.

L'apparence de ce dernier n'accapare pas son attention. Elle croise les mains derrière elle, toute raide, comme au garde-à-vous. Ravie, intérieurement, du 'madame' qui augure sans doute l'usage civilisé et plus approprié de la seconde personne du pluriel, visiblement en désuétude dans ce quartier.

"-Monsieur le Président", salue-t-elle également. "Merci pour votre accueil." C'est étrange de remercier quelqu'un de l'accueillir dans un tel trou à rat si loin de tout, mais la courtoisie a ses exigences. Une fois ceci fait, Oromonde se fait directe :

"- J'ai à régler ici une certaine dette contractée par mon frère auprès de l'employé, nouvellement décédé, de Monsieur Dassen ici présent. Un Shen payant toujours ses dettes, l'honneur me pousse à régulariser la situation de ma famille. J'ai conscience que certains individus mal intentionnés pourraient y voir là l'occasion de m'extorquer quelques pièces de plus par divers procédés. Outre que ce serait commettre une grave erreur, vous conviendrez que ce n'est guère respectable pour des gens d'affaires. Par conséquent ce jeune homme m'a indiqué votre personne pour régler ce souci. Définitivement. A-t-il eu raison ?"


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 29 Jayar 815 à 20h10
 
« Ahhh... ! Oui oui oui, c'est le bon endroit. »

Il sourit à Oromonde et jette un coup d'oeil à Dassen.

Bruit de roulement. On ne voit pas ses jambes à cause du bureau mais ça roule sur le plancher. Le Président se déplace. Toujours assit, il atteint l'une des extrémités de son bureau et fouille dans l'un de ses tiroirs.


« Shen... Monsieur Shen... Je le connais celui-là. Vous êtes du Kil'dé, non ? Comment se passe votre séjour dans cette aventureuse région de Syfaria ? »

Il referme le tiroir, met quelque chose dans une poche, prend appui d'une main sur le bureau et se pousse vers l'une des étagères. On voit alors le drôle d'engin sur lequel il est assit. Un fauteuil à roulettes plein de tuyaux et de ressorts. Un amalgame de machinerie bizarre et inutile. Une carcasse de bois et de cuivre surmontée d'un épais coussin particulièrement moelleux. Mais quelque chose semble absent. On ne voit toujours pas les jambes du Président. Ni dessous, ni à côté, ni cachées. En fait, il semble même que le Président n'ait pas de jambes. En fait, je crois que le Président est un cul-de-jatte. Il écarte d'un grand revers de bras une pile de livres et sort un répertoire pas très épais qu'il étale sur son bureau après y être revenu d'un coup de roulettes.

« Là ! Les archives des Dettes et des Transactions Irrégulières des Dessous. Le plus précieux de mes documents. Sans lui plus personne n'aurait besoin de moi, cette bibliothèque s'écroulerait. »

Il l'ouvre et commence à fouiller la liste des noms. En même temps d'une main distraite il sort une fiole de sa poche et d'un geste vif il la fait glisser sur son bureau jusqu'à ce qu'elle arrive devant le nez de Dassen. Le jeune homme prend la potion curative et s'installe dans un coin. Il la siffle en deux gorgées.

Ensuite il croise les jambes, se tient droit et ferme les yeux.


« Au fait Président, elle c'est Oromonde et son copain c'est Ulysse. Et j'ai pas de bouquins, je me suis fait attaqué par une sorcière. »

Il n'ajoute rien, sa pause méditative a l'air de commencer.



Le Président n'a pas eu l'air de l'écouter.

« Le voilà... Ulysse Shen... Kil'dé. Inscrit au Cédétéhidé. Doit 140 pierres à Scylus, mais il faudrait recalculer les taux d'intérêt en y intégrant la taxe sur décès par mort violente... la taxe de suspicion avant inspection et... la taxe du Cédétéhidé. »

Il fouille encore un peu.

« Mais vous savez Oromonde, vous devriez vous détendre, les gens ne sont pas si méchants par ici...

Ah ! Je l'ai trouvé. »


Il tend le répertoire vers Oromonde, le doigt pointé sur le nom ''Truandeur Vol-de-Chien''.

« Il y a quelques semaines à la demande de Truandeur, j'ai retrouvé un vieux testament signé par Scylus. À l'époque,il y a vingt ans, il paraît qu'ils formaient encore un duo inséparable. Je ne sais pas ce qui est arrivé a Scylus mais il fini par évincer son ami et s'est mis à tenir seul l'une des plus belles arènes des Dessous... et toutes les affaires associées. Bref, ce testament stipule que tout ce qui a appartenu à Scylus appartiendra à Truandeur, et inversement, en cas de décès de l'un des deux. »


alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 7 Julantir 815 à 20h08
 

Oromonde répond poliment au Président.
« Mon voyage s’est très bien passé, merci. La météo est agréable.»

On se serait presque cru dans un gala de charité au vu de la platitude de la conversation, si ce n’était le fait, bien sûr, que le groupe se trouve dans une bibliothèque souterraine contenant des informations nébuleuses sur les organisations criminelles locales. Qui sont, d’ailleurs, ne peut s’empêcher de remarquer Oromonde, très organisées, justement. De la part du Sin et des fumisteries et fantaisies qui en faisaient la substantielle moelle, elle ne se serait pas attendue à cette précise tenue des comptes et testaments. Elle se demande un peu quelle a pu être l’histoire de cet être atrophié dans son trône de fer, de roues et de tubes ; n’ayant jamais vu auparavant de telles œuvres techniques, elle fait d’ailleurs quelques efforts pour éviter de fixer le cul-de-jatte avec trop d’intérêt.
Elle ne répond rien quand le Président l’invite à se détendre, mais on sent que la remarque n’a pas été très appréciée.
A sa demande néanmoins, elle parcourt des yeux le testament tendu. Si elle en a le temps, elle l’étudiera attentivement pour en contourner les détails et surprises. Elle espère que le dit Truandeur n’aurait pas par jalousie truandé son ancien compagnon, sans quoi toute ce contretemps risque de se prolonger.

« - Bien », fait-elle. « Si je vous suis bien, il faut donc que je retrouve ce…Truandeur…et règle ma dette officielle avec lui. Disposez-vous de reçus ou de paperasse affiliée pour certifier de l’acte ? »



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Merakih 8 Julantir 815 à 22h07
 
Dassen aurait pu ajouter que le voyage d'Oromonde avait été tellement paisible qu'il avait même dû risquer sa vie pour la sauver de deux pervers. Mais Dassen dort.

« Ohh, mais ce testament certifie tout ce qu'il faut. Regardez, il y a leurs signatures là et là, et la date et le tampon du Comité des Dettes et des Transactions Irrégulières des Dessous sont ici. C'est un document officiel. Malheureusement je n'ai pas de copie, il faudra donc régler les questions de confiance directement avec Truandeur. Si c'est nécessaire vous pouvez l'amener ici, je sers aussi à ça.

Dans tous les cas, lorsque vous lui aurez remboursé votre dette n'oubliez pas de revenir me voir. Vous devrez me verser la taxe du Cédétéhidé et signer... ce répertoire, là. Je vais le mettre à jour avec votre nom. Si ce n'est pas fait dans la semaine qui suit votre transaction avec Truandeur, les Dessous vous considéreront comme une voleuse jusqu'à ce qu'il y ait réparation.

Et dans le cas où Truandeur serait décédé, l'intégralité de la dette reviendra évidemment au Cédétéhidé.

Est-ce que vous avez d'autres questions ? Puis-je vous aider de quelque manière que ce soit ?
 »

Sa trop grosse tête bienveillante sourit avec un gros sourire et son regard est presque un peu charmeur.


alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 9 Julantir 815 à 16h14
 

Ça doit être assez risible, une étrangère qui vient elle-même réclamer le droit de rembourser ses dettes. Mais au vue du contenu institutionnel pseudo-juridique qui lui fait face, elle se dit qu’elle n’a peut être pas si mal fait. Le Cétéhidé a l’air d’être une sacrée entité dans cet univers. Un Leviathan du cadastre illégal, pour commencer. Comment avait-il pu en arriver là ? Elle dévisage la tête souriante et les yeux doux avec sa sévérité habituelle.
Oromonde soupire. Elle a bien saisi les explications du Président.

« Bien, je vois.

Monsieur le Président, je crois que mes seules questions seront les suivantes : où puis-je trouver ce Monsieur Truandeur, et disposez-vous d’un insigne ou d’une note que vous pourrez me donner afin d’officialiser la demande de votre comité ? Je crains que si jamais je mets la main sur ce personnage et lui demande simplement de venir ici, il risque de ne guère me croire.
Autre chose : les services de votre jeune ami sont-ils à louer ? Jusque là, le bougre n’a pas été trop mauvais guide et j’imagine que j’aurais encore besoin de ses talents. »



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Julung 9 Julantir 815 à 20h35
 
« Je sais, je vais vous écrire quelque chose. Il devrait reconnaître mon écriture. »

Il sort une grande feuille très blanche et commence aussitôt à écrire. En même temps, il répond à Oromonde.

« Vous devriez poser votre question directement à Dassen. Il n'est pas à mes ordres et n'en ferait de toute façon qu'à sa tête. Mais si vous avez de solides arguments vous devriez pouvoir le mettre dans votre poche. Et... vu l'ampleur de la dette que vous vous apprêtez à rembourser, je crois que vous avez en réserve de nombreux arguments ! »

Il relève le nez de son ouvrage et lui jette un regard amusé.

« Je pense d'ailleurs qu'il sait où se trouve ce Truandeur. Moi, je quitte trop rarement le bureau pour avoir à me soucier de ce genre de choses. »


Un instant plus tard, le Président signe le document d'un trait souple et habile.



Je sursigné,

Mr. le Président du Comité des Dettes et des Transactions Irrégulières des Dessous.

Affirme haut et fort et en toute conscience et bienveillance pour le bien-être des habitants des Dessous, que la très haute estimée et très belle dame Oromonde qui se présente devant vous avec ce-dit papier entre les mains vous doit à ce jour la somme de 170 Krysoparses.

40 Krysoparses devront être remises au Cédétéhidé en guise de taxe du Cédétéhidé sur le contrat de remboursement de cette dette. Veuillez ne pas voler cette somme à la très honnête et très appréciée dame Oromonde dans le cas où elle la détiendrait.

Suite à cette transaction vous aurez un délais d'une semaine pour passer à mon bureau situé sous-terre, afin de certifier par votre signature la satisfaction des deux parties impliquées dans cette affaire. Si la signature n'est pas effectuée dans le temps imparti vous serez expulsé du comité et considéré par ce dernier comme un être incomparablement méprisable, jusqu'à ce que nous obtenions réparation du préjudice.

Cordialement,

Président du CDTID



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Vayang 10 Julantir 815 à 21h03
 
Oromonde relit le papier en se retenant difficilement de faire la moue. L’ensemble n’a tout de même pas l’air très officiel. Beaucoup trop d’adjectifs, pour commencer.

« - Je vous remercie. »

Au total, ce petit contretemps lui coûtera la modique somme d’un achat de bicoque en complet…Mais qu’avait donc pu faire Ulysse ? Cela lui ressemblait si peu. Certes, il avait toujours été un peu bravache, mais il avait aussi été vif d’esprit et calculateur. Pas le genre de gars qui laisse de telles traces derrière lui.
Comme elle espère encore le revoir. Cette figure gaillarde et simple au nez busqué, au sourire étiré et assuré. Elle le voit presque encore à nouveau, mais la réminiscence disparaît aussitôt tandis qu’elle empoche avec ménagement la lettre du Président.

« - C’était un plaisir que de vous rencontrer, Monsieur. »

Bon, le gosse, maintenant…
Ce dernier est en train de récupérer douloureusement sur son siège. Il semble profondément endormi. Pas question de le secouer ou de le toucher. Oromonde a déjà du mal à faire la bise ou serrer la main d’individus qu’elle connaît, c’est impensable d’entrer en contact avec un étranger.

« - Dassen, réveillez-vous. J’ai une offre à vous faire. »


Le ton n’est pas particulièrement impérieux, ce n’est pas là son style. Toutefois, si l’adolescent tarde à émerger des bras de Morphée, sans doute consentira-t-elle à lui crier à l’oreille.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 11 Julantir 815 à 09h33
 
La tête avachie de Dassen penche de gauche à droite. Il marmonne quelque chose, il se réveille lentement. Sa tête couverte de bleus est toujours méconnaissable mais le breuvage a soigné les plaies en profondeur. Le jeune homme à l'air d'être globalement en meilleure santé.


Léger sursaut de réveil.


Ses yeux sont mous et cernés. Ils se tournent vers Oromonde d'un air grave et vieux.


« J'ai fais un rêve très triste... »


Ses gestes sont au ralentis, mais il se lève de sa chaise et fait quelques pas vers la seconde porte, en face de celle menant aux tunnels.

« On part ? ... C'est quoi ton offre ? »


alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Sukra 11 Julantir 815 à 18h19
 
Oromonde recule, grand héron roide et sombre noyée d’obscur.
Quelle drôle de chose à dire au réveil, pense-t-elle, soudainement fascinée par ce visage alourdi du poids d’un âge qui n’est pas le sien. Le même visage que la nuit : perpétuellement jeune, et pourtant si vieux déjà. Ne sachant trop comment réagir, elle commente simplement l’évidence :

« - Votre rêve est terminé, Dassen. »

Et reprend, plus commerciale (ou tout du moins se souhaitant telle) :

« - Oui. Il faut que je trouve Truandeur, maintenant. Guidez-moi à lui ; je vous dédommagerai de votre temps. Quinze krysoprases devrait vous suffire pour ce travail, non ? »



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 11 Julantir 815 à 21h45
 
« Quinze Krysoparses... » À notre avis il fait semblant de réfléchir, car d'après nos observations il est incapable d'évaluer la valeur des choses.
Comme Oromonde, il prend un air commercial.
« Cette fois, ça suffira. »

Son visage se déride à peine lorsqu'il prend son dû. Malgré ses manières, Dassen doit être de mauvaise humeur.

« Manges quelque chose en marchant. On doit traverser toute la ville. ... Ce sera long. »

Il détache lui même l'un des rats de sa ceinture et lui croque la tête.

« À bientôt Président ! »

« Au plaisir, bon voyage à vous deux. »

Dassen ouvre la seconde porte d'entrée de la bibliothèque. Dans la pénombre un long couloir aux parois totalement lisses s'enfonce sous terre jusqu'aux égouts du quartier.




alias Djet Tamère
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Vayang 4 Saptawarar 815 à 14h47
 
- Hey, Président ! Regardes tout ce que je ramène !

Dassen déverse sur le bureau le contenu d'un petit sac de cuir. Un pistolet d'entraînement, une bouteille de vin, un jeu de cartes, et du tabac.

- Tout ça ? Mais Dassen, comment as-tu fait ? Il regarde son visage. Et personne ne t'as tapé dessus !
- Ha ha ! Dassen sourit. Je me suis inscrit à la garde de la ville.
- La garde... ?
- La garde. Et je me suis servis. Personne n'a rien dit.
- Oh... malin... Tu as réussis à t'infiltrer et à leur emprunter ces quelques babioles représentatives d'un mode de vie tout à fait intéressant. Jeu et boisson pour faire fuir la pensée et repousser la perception du temps. Une préparation spirituelle à l'absence de réflexion nécessaire à une obéissance molle et parfaite aux ordres simples d'un quelconque supérieur hiérarchique.
- Tout à fait.
- Ça a dû être facile pour toi de se faire passer pour l'un d'entre eux.
- Pas tellement. Ils m'ont virés trois jours.
- Seulement ?
- On s'entraînait. J'étais face à l'une des recrues. D'un coup de bâton je lui ai balayé les jambes, comme ils nous l'ont appris. Il est tombé sur le dos en les écartant comme un débile. Les jambes. Alors pour lui apprendre à se tenir je lui ai foutu un coup là où tu penses.
- Encore ? Mais pourquoi tu vises toujours là ?
- Parce que le gars s'est mis à pleurer et à faire des petits couinements. Il était au hors service.


Le Président retire son monocle, et fait la moue.

- Je n'arrive pas à imaginer. À sa place, je n'aurais pas senti grand chose.
- Ensuite l'un de ses copains est arrivé. Il ne s'est même pas énervé. Il a essayé de discuter. De me raisonner.. Ça allait durer longtemps, et celui au sol continuait à pleurer. Alors à lui aussi j'ai donné un coup de bâton.


Le Président ricane, avec sa grosse tête.

- Ensuite l'instructeur est arrivé. Il me regardait depuis le début. Bizarrement. Il m'a engueulé en disant des choses intéressantes. Par exemple pour lui, je suis un corniaud des Dessous mal dressé. Ma technique est rudimentaire et pourrie de coups bas, vulgaires et sans honneur. Évidemment, le crétin. D'accord, les boules ça marche moins dans une armure, mais on se bat pour gagner, pas pour des valeurs. La technique dépend de l'opposant. Si le gars est en slip, j'ai gagné. S'il est en armure, j'ai ma lance. D'ailleurs faudrait que je l'empoisonne un jour ou l'autre. Le problème de ces types est qu'ils veulent tous se battre de la même manière. Faut coller à leur idéal, sinon tu es corniaud des Dessous. Mais avec ça ils désapprennent à s'adapter. L'un d'eux m'a même reproché que mes mouvements sont pas dans le manuel. Qu'est-ce qu'il fera face à une bestiole qu'il connaît pas ? La seule chose intéressante chez ces gardes c'est leurs tactiques de groupe. Tu peux rien faire face à une rangée de tireurs ou de lanciers. Donc si j'apprends leurs techniques, j'apprends aussi leurs points faibles. Ça peut être utile.
- Et tu as dis tout ça à l'instructeur.
- Oui. En l'insultant. C'est là qu'ils m'ont virés.
- Hum...


Le Président observe les objets rapportés à travers son monocle.

- C'est véritablement de la camelote authentique. Et les livres ?
- Ils en ont pas.
- Oh, les crétins. Ne pourrais-tu pas infiltrer... par exemple, le comité des Ardents Lecteurs Masqués ? Ont dit qu'ils possèdent de nombreux livres interdits au grand public. D'après mes sources leurs deux principaux critères pour accepter de nouveaux candidats sont une santé saine et une passion pour la lecture. Tu n'auras même pas besoin de simuler.


Dassen pourrait sourire, mais Dassen se rembrumit.

- Hey, je sais plus, Président ! Tes trois bols de riz le bouquin, j'ai du mal maintenant. Il y a des choses qui changent dans ma vie.
- Tu préfères retourner chez ces péquenots en armure ?
- Bah...
- Et où vas-tu trouver des livres ? C'était notre accord, Dassen. Un arrangement équitable, amical, sain et bienheureux. J'ai besoin de toi pour faire vivre ce comité. Ici, c'est à peu près ta maison.
- C'est à peu près ma maison. Donc je t'apporterai des trucs, de temps en temps.
- Et de quoi tu vas vivre ? Et qui ira réclamer les dettes de mon comité ?
- Bah... tu sais, à la garde ils ont un réseau, de l'équipement, et je pense qu'il y a des gars avec qui je peux magouiller. Et aussi, j'aurais un salaire de comitaire.
- Dassen, tu n'as pas besoin d'un salaire. Surtout pas celui des hypocrites, des sagouins, des inintéressants, intolérants et snobinards gens du Dessus !
- Tu comprends pas, Président. Je m'infiltre pour de vrai !
- Pour faire quoi ? Voler des pistolets d'entraînement ?
- Non, non. L'infiltration à long terme doit servir un grand projet. Quelque chose qui serve l'intérêt général des Dessous et du Kil'sin.
- Une tentative de Réveillation ? Dassen Dorn, parles-tu sérieusement ?
- Oh, ça peut juste être du trafic d'armes, au début. Entre autres.
- Une Réveillation ! Une révolution et une prise de pouvoir par les habitants des Dessous. Une révolution par le bas. Nécessaire, tragique, sanglante, comme dans les grands récits d'Ubaire Sangfoi !
- C'est un peu...
- Sans cela les lois justes seront sans cesse discutées et jamais appliquées. Elles seront un rêve, une utopie ou une crainte, mais jamais la réalité dont le Kil'sin a besoin.
- J'ai d'autres idées sur...


Le Président remue sur sa chaise roulante. Ses joues se sont un peu empourprées.

- Depuis combien de temps souffrons-nous de ces injustices ? Le monde change, et nous tournons sans lui. Les comités s'embourbent, ils se micro-révolutionnent à l'infini sans jamais muter. De nouvelles combinaisons émergent, souvent passables, rarement géniales. Et personne n'est là pour retenir ces éclats de génie. Personne n'est là pour les reproduire et leur permettre de se perpétuer. À tous ses idées, ses idées à personne. Nous errons sans fin dans une stabilité étrange et infertile. Trop égaux, trop stables pour que puisse émerger une destinée. Si nous devons choisir entre une sécurité passive et éternelle et la passion meurtrière d'un grand mouvement collectif vers des avancées sociales utopistes, alors je choisis comme toi Dassen. Je choisis la jeunesse et le renouveau. Je choisis l'aventure.
- C'est pas tout à fait ça, Président.
- Pour ces raisons, je ferai en sorte que des amis soient à ta disposition, aptes à répondre à ton appel et à te sortir des pires difficultés. Il faut bien qu'ils payent leur taxe du Cédétéhidé d'une manière ou d'une autre.


Dassen soupire d'un drôle de regard. Le Président s'est un peu calmé.

- Je suis heureux de voir comment tu as évolué, Dassen. … Mais au fait... et les Lanyshtas ?

Dassen croise les bras.

- Oui, les Lanyshtas.


alias Djet Tamère

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