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Bhobellyn le journaliste
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Sukra 11 Julantir 815 à 14h01
 
*** Acte I : Retrouvailles ***


En dehors de la chaleur d'été, la fin d'après-midi est celle d'un matal comme un autre. Le dernier cour de patois de l'Étudiante-Enseignante Rhôz vient de s'achever. Le dernier avant la période estivale qui dans le calendrier institutaire marque toujours un moment de pause et de torpeur. Elle se trouve un peu lasse après quelques heures d'enseignement et, même si elle sait qu'avec son nouveau métabolisme d'Éveillée elle retrouvera bien vite ses forces, elle se rend à la buvette de l'Institut comitaire des grandes études pour un petit remontant. Seule. Car elle aspire à une petite parenthèse de solitude et de quiétude. Bien que ne l'éloignant pas vraiment de la foule universitaire, la Ka'afeeth est le point de repos le plus rapidement accessible. Elle sait que ses élèves n'y viendront pas la déranger.

Pour prolonger la pause, une fois son ka'afë terminé, elle profitera peut-être du beau temps pour faire un tour au Parc aux oiseaux. C'est ce qu'elle se dit en regardant fumer sa tasse de boisson noirâtre... Mais bien vite cette idée prend du plomb dans l'aile, quand elle voit débarquer à la buvette une vieille connaissance qui, comme par hasard, vient se planter juste devant sa table, avec l'air entendu de celui qui veut affecter d'être là par hasard tout en reconnaissant implicitement le contraire.

Rh. : Bhobellyn... Quel vent t'amène ici ?

Elle hésite encore à parler de bon vent. Non que ce Bhob soit un personnage antipathique. Mais il vient tout de même contrarier son envie de tranquillité. Et elle aimerait bien savoir ce qu'il a derrière la tête. Avec sa barbiche soignée, son chapeau melon et sa cravate, d'une élégance et d'une qualité mesurées, il affiche un air honnête-mais-pas-trop, un équilibre savamment calculé pour pouvoir jouer la connivence avec le brave comitaire bonhomme aussi bien qu'avec le travailleur roublard de secteurs plus interlopes. Monsieur n'est pas truand, ni vigilant ou détective, non, il est journaliste. Sa spécialité est de tirer les vers du nez de ceux qu'il rencontre pour en faire une « bonne histoire ». Il est très probable que sa présence à l'Institut soit liée à l'écriture d'un article. Et il a sûrement quelque chose à demander à Rhôz – comme quasiment chaque fois qu'ils se revoient depuis qu'il a quitté le milieu institutaire pour se lancer dans la presse indépendante.

Bh. : Oh, je viens juste aux nouvelles...

L'Étudiante fait une moue indiquant qu'elle n'est guère dupe de la gratuité de sa visite. Ce à quoi il réplique par le sourire ironique de celui qui se trouve percé à jour sans avoir fait le moindre effort de dissimulation. Il est cependant rare que Bhobellyn entre dans le vif du sujet sans ragoter un peu au préalable – journalisme oblige –, lui qui a toujours été amateur de rumeurs, déjà même avant d'entrer dans l'équipe de la Gazette de l'Institut, journal édité par des étudiants de l'Institut, qu'il a depuis quitté pour d'autres titres s'adressant à un public citadin plus large. C'est donc parti pour une séance de papotage.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Sukra 11 Julantir 815 à 20h51
 
Bh. : Tu as entendu parler des dernières frictions entre le Cépo et la clique des Purkros ?

Toute personne fréquentant l'Institut connaît l'antagonisme virulent qui oppose le Comité d'étude de la pluralité ontologique et celui des Purkros. Le premier regroupe des étudiants et professeurs qui face aux rumeurs sur l'apparition des Lanyshtas ont décidé d'étudier la question sans a priori, en préconisant une attitude ouverte en cas d'existence avérée des « mutants ». Avant son éveil, Rhôz avait comme eux tendance à surtout y voir des racontars mélangeant allégrement rumeurs, légendes urbaines et vieilles superstitions. Les événements l'ont évidemment depuis amenée, par la force des choses, à modifier son point de vue – et même à envisager autrement l'ensemble des légendes syfariennes. Pour ce qui est des membres du Cépo, elle ignore s'ils ont jamais eu de contact avec un Éveillé (du moins en le sachant).

Le second groupe forme le Comité de préservation de la krolannité (CPK), menacée selon eux par les mutants et monstres vampiriques – leur obsession de la pureté leur valant le sobriquet de « Purkros » de la part de leurs opposants. Les Lanyshtas représentent bien entendu pour eux le summum de l'abjection. Rhôz ne les aimait guère avant son éveil, et il va sans dire que cela ne s'est pas amélioré par la suite. Sa sympathie va plus naturellement vers le Cépo, même si elle préfère garder ses distances avec l'un et l'autre comité (en réalité plutôt des sous-comités de l'Institut, d'ailleurs).

Elle ignore si l'emploi par Bhobellyn de l'appellation dépréciative de Purkros reflète sa propre opinion ou vise seulement à la mettre en confiance sur la base de supputations sur ses sympathies probables. Il est un peu roublard, elle le sait. Mais comme elle n'a jamais abordé le sujet avec lui, elle ne sait pas vraiment ce qu'il en pense.

Rh. : Je suis un peu focalisée sur mes recherches ces temps-ci. J'ai dû rater les derniers épisodes.

Bh. : Figure-toi que Kürthval est allé à une conférence du Cépo, l'autre jour, et qu'il a failli se faire lyncher par la foule !

Le Professeur Kürthval est le fondateur et, à lui seul, la colonne vertébrale du CPK. Ses thèses controversées sur le lien entre mutation, perversion et criminalité forment la base idéologique des Purkros. Cherchant volontairement le scandale pour faire de la publicité à ses idées, et malgré une forte opposition parmi les comitaires étudiants et professeurs, il est toujours parvenu, à ce jour, à se mettre à l'abri de toute vindicte et à garder sa place à l'Institut.

Rh. : Rien de vraiment étonnant. Ce n'est pas la première fois qu'il se trouve au cœur d'un esclandre.

Bh. : Non, mais cette fois des gros bras sont intervenus pour le protéger. Il s'en est fallu de peu que ça tourne à la bataille rangée. La nouveauté, donc, c'est que maintenant il s'entoure d'une garde rapprochée. De nouveaux étudiants du Sous-comité de discipline athlétique. Oh, certains de ses sportifs font des personnes tout à fait brillantes, n'est-ce pas... mais ceux dont je te parle ici sont plus du genre gonflé des biscoteaux que de la cervelle. Certains laissent entendre qu'ils sont pistonnés par Kürthval pour des motifs pas tout à fait académiques.

Rh. : Voilà qui va élever la qualité du débat...

Bh. : Je ne te le fais pas dire. Mais, si c'est vrai, c'est peut-être le coup de trop qui va vraiment compromettre sa place à l'Institut. Il y aura un papier là-dessus dans le prochain Mirroir du 'Sin. Ça risque de faire du bruit !

Chercher à sortir un article retentissant fait partie des marottes de Bhobellyn, comme de beaucoup de ses confrères. Ils passent leur vie à fouiller la fange du kil dans l'espoir d'y déterrer une pépite journalistique. Le Bhob n'est pas mauvais à ce jeu, mais l'opinion sinite est très versatile, donc difficilement prévisible : selon les jours, la révélation d'un vrai scandale peut aussi bien rencontrer une grande indifférence que la vindicte se déchaîner sur un quidam pour une broutille.

Le journaliste se racle maintenant doucement la gorge. À sa façon de plisser les yeux, Rhôz sent qu'elle ne va pas tarder à connaître le vrai motif de sa venue. Elle connaît bien son caractère, malgré tout. Ils ont passé pas mal de soirées ensemble, à l'époque, avec leur petite bande de copains d'Insti'.

Bh. : Hum. En fait je venais surtout te demander une faveur... Rapport à certains de tes talents cachés.

Le vif du sujet, enfin. Rhôz est toute ouïe.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Matal 14 Julantir 815 à 16h28
 
Bh. : Je vais t'expliquer la situation, mais je compte sur ta discrétion.

Rh. : Bien entendu...

Bh. : En menant mes investigations, j'ai découvert que la poignée de gros bras dont je parlais sont tous boursiers. A priori rien d'anormal là-dedans... sauf qu'en creusant un peu je me suis aperçu que leurs inscriptions datent toutes de la même semaine, et que leurs bourses viennent d'un certain Comité philokrolanne des Rigoles, qui n'est pas très connu.

Bien qu'en Kil'sin nombre d'étudiants touchent une petite rente mensuelle de leur comité universitaire, il n'est pas rare non plus de trouver des boursiers parmi les étudiants en début de parcours. En effet, à côté d'un certain nombre préférant pour diverses raisons mener leurs études comme une activité secondaire (des « cours du soir » en complément d'une activité comitaire de jour), tout étudiant désireux de s'y consacrer à plein temps peut demander à percevoir une indemnité d'étudiant. À l'Institut, en principe, une simple demande au sous-comité des Inscriptions suffit. En pratique, l'examen de la demande peut prendre plusieurs mois, notamment du fait qu'il est généralement attendu que l'étudiant montre le sérieux de sa motivation. La plupart des comités universitaires de Kil'sin fonctionnent ainsi. Durant la période de carence, des comités de boursiers, extérieurs aux universités, proposent à leurs adhérents des bourses, en contrepartie de divers engagements (comme une implication personnelle dans le comité, ou la promesse d'un soutien financier ultérieur).

Bh. : Si j'ai pu consulter les dossiers des Inscriptions sans trop de difficulté, le comité rigolard n'a jamais voulu me laisser accéder aux leurs, malgré plusieurs prises de contact.

Rh. : Et tu trouves ça louche.

Bh. : Pas toi ? Moi, en tout cas, j'ai une furieuse envie d'aller jeter un œil à leurs paperasse, mais puisque l'on ne veut pas m'y autoriser...

Le journaliste baisse la voix et se penche vers Rhôz pour continuer :

Bh. : Je fouinerais bien en me passant de cette autorisation. Et c'est là que tu pourrais m'aider...

Rh. : Ah oui ?

Rhoz feint de ne pas voir où il veut en venir, bien qu'en réalité elle s'en doute depuis qu'il a parlé de « talents cachés » (attendu qu'il ne peut être au courant de sa transformation en Lanyshta).

Bh. : Oui, oui... Je me souviens très bien de la façon dont tu arrivais à te jouer de la serrure d'un cellier ou d'une entrée de dortoir quand on était à l'Insti'. Et tu sais que de mon côté je n'ai jamais été très doué pour les travaux manuels...

Effectivement, elle se rappelle très bien de la façon dont il avait failli incendier un appartement en voulant faire flamber des beignets. À vrai dire, elle n'est pas très douée pour la cuisine non plus, elle qui a toujours mangé des plats préparés par d'autres, mais son incompétence en la matière est loin d'égaler la dangerosité de Bhobellyn. Et puis elle se débrouille quand même pour les petits bricolages. Dont de modestes talents en matière de serrureries qui ont souvent fait forte impression à ses camarades de classe.

Rh. : Bref, tu aimerais bien que je t'ouvre une porte ou deux pour pouvoir fouiner dans certaines archives dont l'accès t'est barré.

Bh. : Oui, voilà ! Ah, Rhôz, je te devrais une fière chandelle !

Intérieurement, elle se tâte. Et si elle disait non, juste pour lui faire les pieds ?


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Sukra 8 Agur 815 à 16h05
 
Les deux jours suivants, Rhôz et Bhob ont fait quelques repérage autour du Comité philokrolanne des Rigoles. Leurs locaux ne sont pas très grands et se trouvent rue des Pigeons-Roulants, dans une zone à la lisière entre les Rigoles et les Chaumières. Le bureau ouvrant tard dans la matinée, les compères ont décidé d'agir au point du jour, alors que les rues sont encore peu fréquentées mais que la lumière du jour est là pour faciliter la fouille.

Pour passer inaperçus de loin (de près, c'est moins sûr), le journaliste et l'étudiante se sont munis de sacoches à outils et ont couvert leurs têtes de grosses casquettes avachies dans le style qu'on affectionne dans certains comités ouvriers. Bien enfoncées sur leurs têtes, avec des écharpes-foulards pas encore complètement incongrues dans la fraîcheur matinale, ils peuvent dissimuler le bas de leur visage et espèrent être difficiles à identifier si on les repère. Même si ni l'une, ni l'autre ne sont des habitués de ce bout de quartier, c'est toujours plus prudent.

L'entrée du comité se trouve sous une arcade, un renfoncement qui facilitera la discrétion des opérations. Sortant son outil spécial, Rhôz entreprend de crocheter la serrure, qui finit par céder assez rapidement, sans trop de difficulté. Les comitaires n'ont manifestement pas jugé utile d'installer un modèle sophistiqué.

Une fois à l'intérieur, les locaux se révèlent peu étendus, presque exigus : une petite pièce d'entrée, presque un cagibi, éclairée par un vasistas au-dessus de la porte, avec juste un petit bureau d'accueil, et puis une deuxième pièce, plus grande, avec un grand bureau en coude pour une ou deux personnes, et des meubles de rangement. Tandis que Rhôz s'occupe de refermer proprement la porte, Bhobellyn se hâte vers l'unique fenêtre de la grande pièce pour vérifier qu'il n'y a pas de risque qu'on les aperçoive par-là : leurs repérages les ont amenés à la conclusion qu'il y avait peu de chances, mais il vaut mieux vérifier. L'ouverture donne sur un bout de toit en pente, avec une rue un étage en contrebas. Les passants ne les verront pas, et il n'y a aucun vis-à-vis gênant du fait du relief en pente descendante.

Une fois ces précautions prises, peuvent commencer des recherches documentaire d'un genre peu habituel à l'Étudiante.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Dhiwara 9 Agur 815 à 16h00
 
Dans le premier quart d'heure, les deux « contrôleurs » clandestins parcourent les tiroirs et étagères. Ils sélectionnent quelques documents comptables généraux et autres dossiers plus spécifiques. La demi-heure suivante est dévolue à un examen de la paperasse qui leur permet d'établir que l'activité du Comité philokrolanne des Rigoles est on ne peut plus authentique : il apporte son aide à plus d'une vingtaine d'étudiants par an, avec le soutien de tout un réseau d'anciens bénéficiaires. Mais il apparaît aussi que six étudiants ont adhéré la même semaine en milieu de semestre, ce qui est assez inhabituel. Ils étudient tous à l'Institut et ont commencé à toucher leur bourse peu après le versement d'un don important d'un certain Comité d'animation de la place des Citernes Fuyantes... qui se trouve justement être le quartier où habite le professeur Kürthval. Beaucoup de coïncidences.

Le duo aurait pu prolonger son étude, ou entreprendre de ranger proprement pour ne laisser aucune trace de leur passage, mais un petit bruit se fait entendre du côté de l'entrée, derrière la porte du bureau où ils se trouvent. L'espace d'un instant les visiteurs par effraction restent figés, reconnaissant le bruit d'un clé dans une serrure puis celui d'une porte qui s'ouvre.

Rhôz : Par la fenêtre, vite !

L'Étudiante s'est exclamée aussi bas que possible, pointant d'un geste à Bhob l'« issue de service ». Puis elle se précipite vers la porte séparant les deux pièces, saisit une chaise et la place rapidement de façon à bloquer la poignée. Une protection dérisoire qui ne leur fera probablement pas gagner beaucoup de temps.

Bonne-femme : M'sieur Londrusch ? C'est vous qu'êtes aussi matinal ?

La comitaire de ménage. Il fallait bien qu'ils oublient de vérifier quelque chose...

Bonne-femme : C'est bien vous, M'sieur Londrusch ?

La voix se fait déjà plus inquiète que curieuse. Filant maintenant vers la fenêtre, Rhôz doit secouer Bhobellyn, encore en train de glisser dans sa poche un papier qu'il vient de plier. Après avoir ouvert la fenêtre, et s'être solidement vissé sa casquette sur la tête, elle enjambe le chambranle, bientôt suivie par Bhob. Ils sont à mi-chemin sur le toit en pente, entre le local du comité et la rue en contrebas, que retentissent les bruits d'une poignée qu'on agite et d'une porte qu'on secoue, très vite suivis de cris d'alarme :

Bonne-femme : Des cambrioleurs ! Cambriolage ! Au voleur ! Au voleur !

Alors de Bhob se laisse descendre du toit du mieux qu'il peut et ne lui prête pas attention, Rhôz s'arrête un instant pour puiser en elle de quoi se donner un coup de fouet. En un clin d'œil, son corps se réchauffe et une vague d'énergie la parcourt. Un instant après, elle atterrit dans la rue aux côtés de son compère.

Un peu plus haut dans la rue, à l'entrée d'un chantier, une petite dizaine d'ouvriers étaient en pleine discussion d'avant travail : entendant les cris de la femme qui s'égosille à alerter le voisinage, ils ne tardent pas à se diriger vers eux. Il faut déguerpir au plus vite. Rhôz a soudain comme un doute sur l'aptitude de Bhob à filer vraiment vite. Par une nouvelle pression de fluide, elle s'emplit d'un surplus énergétique et, saisissant son compère par le bras, l'entraîne à sa suite tout en lui transmettant la même énergie galopante qui l'animait déjà. Les deux malfrats amateurs se sauvent avec une célérité rarement vue, distançant rapidement les comitaires du chantier, prêts à jouer les redresseurs de torts mais pas les champions de course.


Pour Rhôz, il n'y a plus qu'à espérer que personne n'identifiera son petit tour comme de la magie.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Dhiwara 16 Agur 815 à 21h22
 
Jamais, peut-être, on aura couru ainsi à travers le kil. Oh, rien de visuellement spectaculaire comme une course scintillante avec traînée d'étincelles, non, juste deux compères qui filent à vive allure, à un rythme si soutenu que personne n'a pu les suivre, que bien vite on a perdu leur trace, que plus loin on a seulement vu passer deux flèches anonymes sans savoir si elles fuyaient quelque chose ou se dépêchaient d'atteindre une destination. Puis les deux cambrioleurs d'un matin ont terminé leur course dans un petit parc en surplomb d'un bout de la Cité. Ils y reprennent leur souffle.

Bh. : Ouf ! On a eu chaud !

Rh. : Comme tu dis...

Bh. : C'est curieux la façon dont je me suis senti plein d'énergie quand tu m'as pris par le bras, tout à l'heure...

Rh. : On appelle ça l'adrénaline.... Tu n'en as jamais entendu parler ? C'est un substance produite par notre corps en situation de danger. Qui donne une coup de fouet.

Bh. : Oui, j'ai déjà connu ça, d'autre fois, mais là, c'était vraiment...

Rh. : Ah non ! Ne me refais pas le coup du « Je me sens tout chose avec toi »...

Bh. : Mais non, ce n'est pas ce que...

Bhobellyn s'est rembruni et fixe l'horizon sans terminer sa phrase. Rhôz a réussi à lui couper lui sifflet. Ce n'est pas très élégant de sa part de
le renvoyer aussi abruptement au jour où, jeunes étudiants, il s'était ouvert d'affectueux sentiments à son égard et qu'elle l'avait rembarré sans pincettes. Ils étaient malgré tout restés amis, sans plus y revenir. Mais elle sait qu'il est resté au fond de lui un petit bout d'attachement sentimental qui en fait une sorte d'ami pour toujours fidèle, malgré l'éloignement au fil des années. Il existe une sorte de complicité indéfectible entre eux. Pas très élégant de faire remonter ce souvenir à la surface, mais cela évite de poursuivre les questions sur ce qui s'est passé au départ de leur folle galopade. L'Étudiante rompt le silence avant qu'il ne se prolonge trop.


Rh. : Au fait, c'était quoi ce papier que je t'ai vu glisser dans ta poche ? Je croyais qu'on venait juste pour regarder...

Bh. : Oui. Mais quand on a été surpris, je n'ai pas pu m'empêcher de le prendre. Un papier avec deux tampons qui indique une transaction a eu lieu entre le Comité philikrolanne et le Comité d'animation. Une sorte de preuve...

Rh. : … dont tu auras du mal à expliquer la provenance.

Bh. : Je m'en débrouillerais. Ça fait partie du métier.

Rh. : Hm...

Un métier de fouilleur de fange... Une forme de recherche bien différente de celle pratiquée à l'Institut.

Rh. : Allez, on ne devrait pas rester là, on aura encore pu nous voir arriver ici en courant...

Bh. : Ah, pas moyen de souffler !

Les voilà repartis à travers ville, montant et descendant ses pentes, mais cette fois-ci à une allure de promenade plus normale. Avec ses sens aiguisés de Lanyshta, Rhôz en profite pour vérifier (et plutôt deux fois qu'une) qu'on ne les suit pas. Ils finissent en fin de matinée par une bonne collation dans un débit de cuisine-vapeur à la kildarienne, avant de repartir chacun de son côté.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Merakih 20 Jangur 816 à 16h58
 
*** Premier interlude ***


Petit crochet en ville entre deux moitiés d'expédition. Ravitaillement, repos, rafraîchissement. Une excellente idée. Est-il cependant bien judicieux, le temps d'un passage en coup de vent, avant de retourner affronter mille périls au Dehors, de venir exhiber à sa famille ses vêtements en loques, incrustés de poussière, de suie, de sang séché, et autres marques de dangers affrontés (et ce bien que vous-même soyez en parfaite santé) ? Non, peut-être pas. Si on ne veut affoler personnes, il vaut mieux aller se laver et changer ailleurs.

La Rieuse Escarbille écartée de son choix de halte, Rhôz a préféré se tourner vers Bhobellyn plutôt que tel ou tel Éveillé – sans doute
a-t-elle besoin, pour une vraie pause, de passer deux jours sans Lanyshta à proximité, après tous ce temps quasi exclusivement passé entre télépathes. C'est donc son ami de journaliste qui la voit débarquer avec son gros sac à dos et ses nippes en lambeaux grossièrement rapiécés.


Rh. : Je ne suis là que pour vingt-quatre heures avant de repartir... Tu crois que le comité de blanchisserie-rapiéçage du coin aura le temps de s'occuper de mes vêtements ?

Bh. : À mon avis il leur sera difficile de redonner à tes habits un état digne de ce nom. Je serais toi j'irais directement en acheter des neufs.

Rh. : Vu l'expédition où je vais repartir, ce serait du gâchis.

Le temps du lavage et des réparations, elle empruntera des vêtements à son ami. Ils font à peu près la même taille, et comme elle porte généralement des vêtements masculins, mêmes ses connaissances ne verraient pas de grosse différence avec l'habitude, si par hasard elle croisait quelqu'un. Quant à ce qui est de l'héberger pour deux nuits, il serait très étonnant que Bhob passe à côté d'une si belle opportunité d'avoir la primeur d'un récit détaillé de ses récentes aventures en Extérieur – la version expurgée pour Krolanne non-éveillé, bien entendu.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)

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