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Pataugeons ensemble
dans les égouts du Kil'sin (et un peu au-dessus)
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 11 Julantir 815 à 21h41
 
Dassen est le premier à montrer des signes de fatigue. Il s'est mis à boitiller, à respirer fort, et tous les rats sont dans son estomac. Ils ont marché des heures durant. Et la nuit doit être tombée. L'odeur des égouts restera sûrement imprégnée sur eux des jours entiers, mais pour Dassen ça ne change rien, c'est toujours comme ça.

« Hey... on arrive. »

Sur les bords d'un canal de pluie et d'urine, ils aperçoivent un gros panneau mal planté dans le sol. La lumière de la nuit perce suffisamment à travers des murs endommagés pour qu'on puisse lire l'inscription :

''Truandeur Vol-de-Chien, réquisition et entraînement.''

L'endroit est totalement désert et isolé. Les clients ont à peine la place de marcher sur les bords de ce canal imprégné d'humidité et de pourriture. Juste à côté du panneau une cavité obscure en forme de porte suggère l'entrée d'une sorte de boutique.

Lorsqu'on s'en approche, on se rend compte que l'écriture de ce panneau est brouillonne, et aussi.. brouillée. Une énorme tâche brune gêne la lecture. Ça à l'air séché, s'est incrusté dans le bois, et sur le mur derrière, en partie cachés par de la mousse et des racines, on perçoit les coulures de la même tâche brune éparpillée sur une certaine distance.



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 12 Julantir 815 à 10h57
 
Oromonde, pour sa part, ne manifeste aucun signe extérieur de fatigue ou d’agacement. Pas qu’elle n’en ressente pas ; mais son éducation conjointe de travailleuse du Kil et de domestique professionnelle lui ont enseigné les runes du stoïcisme. Ce n’est pas plus mal au vu de la vitesse avec laquelle Dassen croque les rats qui font comme des décorations primitives macabres à sa ceinture.
Le voyage s’effectue dans un silence parfois ponctué de brèves interjections. L’ensemble est d’autant plus ennuyeux que le trajet se fait long.
Oromonde dissimule son soulagement quand elle apprend qu’ils sont enfin arrivés. Cela fait quelques temps qu’elle a la nausée à cause de l’environnement putride et peu ragoûtant dans lequel ils évoluent. Elle déteste les égouts. Et elle déteste toutes les quêtes ou aventures affiliées qui finissent dans des égouts. Ça n’est jamais très bon signe (ni de très bon goût.)

« - Bien », commente-t-elle simplement. « - J’espère qu’il sera présent à cette heure. » Elle remarque que le gamin a l’air mal au point. Elle se demande s’il tiendra encore le coup longtemps. Il lui paraît déjà trop épuisé pour le voyage du retour.
Elle s’approche vers la cavité renfoncée, discernable par sa nuance plus sombre. Malgré la lueur nocturne qui perce des tunnels troués, elle peine à voir plus loin que le bout de son nez. Ses mains sont gantées, ce qui élimine le risque de rentrer en contact dermique avec….des fluides décomposés de nature organique porteurs de maladie quelconques. Aussi tente-t-elle, un peu à l’aveuglette, de toquer à la porte.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Dhiwara 12 Julantir 815 à 12h06
 
La porte est rouillée et suintante, sa poignée a été défoncée. La main de l'étrangère la touche à peine qu'elle s'entrouvre en grinçant. Soudain porté par un courant d'air chaud et putride, une vague de hurlements assailli les tympans d'Oromonde. Des chiens. Des chiens gémissent et aboient. Ils hurlent d'aboiements anormaux et torturés. Des bêtes folles. Des bêtes souffrantes et enfermées. Elles cognent contre les parois de leurs cages, on les entend gratter, mordre et gémir. Mais on ne voit rien, elles sont plongées dans l'obscurité. Les cages se cognent entre elles, les bêtes essayent de se mordre, de se battre, de sortir. Le vacarme assourdissant est décuplé par la résonance de la pièce dans laquelle ils sont enfermés. Ils sont nombreux mais impossible de les voir, impossible de les compter.

À un pas d'elle, Oromonde peut voir une lampe à huile qui traîne sur le sol. L'une de ses vitres est brisée. Une flaque noire sortie de l'obscurité suit lentement les sillons entre les dalles du sol. La flaque s'étend lentement vers la jeune femme. Jusqu'à ses pieds. Jusqu'à l'appareil. Ça touche l'un des éclats de verre et ça s'étend soudain sur toute sa surface. Le peu de lumière qu'apporte l'ouverture de la porte permet alors de voir. Que cette flaque n'est pas noire ou brune. Elle est rouge.



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 12 Julantir 815 à 12h40
 
….Ah.
Comprenant la situation, ou en tout cas croyant la comprendre, Oromonde se redresse presqu’instinctivement, le souffle momentanément serré. Il faut dire que la scène est oppressante : plongée dans l’obscurité, elle ne charge que des informations visuelles mineures comparées à l’oppression auditive et olfactive qui s’ensuivent.
Le hurlement des bêtes délaissées et enragées rend pénible la réflexion. Mais, de toute façon, le moment ne prête guère à théoriser.

« Dassen. Je crois que notre homme est mort.»

C’est un risque à prendre. Le gamin pourrait bien avoir organisé tout cela en douce et lui fermer la porte au nez. Ou alors, le Président lui-même pourrait à cette heure connaître un triste destin. Mais trêve de conjectures ; l’imagination a beau galoper, les faits la dépassent toujours.

Elle se baisse prudemment pour essayer de récupérer la lampe à huile. Celle-ci n’a pas l’air en état de marche, mais, qui sait ?, il n’est pas impossible qu’elle fonctionne encore. Elle recule jusqu’à l’entrée pour tenter de l’allumer, histoire de ne pas s’aveugler elle-même au milieu de la pièce inconnue.

Si la lanterne ne fonctionne pas, elle attendra que ses yeux s’accoutument au noir et que son ouïe localise à peu près les cages pour tenter de s’y aventurer.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Dhiwara 12 Julantir 815 à 13h16
 
Dassen hausse les épaules.

« Il a peut-être juste oublié de nourrir ses chiens. »

La lampe d'Oromonde s'allume et éclaire soudain d'une flamme trop importante, difficilement contrôlable. Le gaz partira vite, l'appareil est endommagé.

Dassen n'attend pas sa partenaire, il franchit la porte et disparaît un instant dans l'obscurité.

Lorsqu'Oromonde retourne dans la boutique de Truandeur, la scène qui lui apparaît est cauchemardesque. Dans cet entrepôt des dizaines de chiens sont enfermés dans des cages à peine assez grandes pour eux. Leurs yeux fous se tournent vers elle et leurs hurlements redoublent. Ils bavent, ils sont beaucoup trop maigres, leur poil est couvert de merde et l'air empeste la maladie et la putréfaction. Dans certaines cages un animal gît, mort de faim. Dans d'autres, plusieurs bêtes étaient enfermées. Elles se sont entre-dévorées et des tripes et du sang sont répandus un peu partout sur le sol.

Derrière la trentaine de chiens agonisants, au fond de cette salle, une porte en bois grande ouverte mène à une pièce de laquelle provient un rayon de lumière naturelle.

Dans un coin, Dassen Dorn zigzague entre les cages. Il a trouvé une lance, et les chiens se blessent aux barreaux de en essayant de le mordre.



« Hey ! On en fait quoi de ces bêtes ? »


alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 12 Julantir 815 à 18h17
 
Pendant un moment, Oromonde se demande quand même comment elle s’en sort pour toujours se retrouver mêlée à ce type de situations exotiques. Comme si une main invisible la guidait vers les situations les plus…inattendues.

« On les abrège.»

C'est vrai qu'ils sont contraints d'hausser le ton pour s'entendre dans ce capharnaüm.

Bon. L’adolescent a l’air d’avoir trouvé un outil pour ce travail. Sans doute avait-il la même idée en tête. Il n’y a pas grand-chose d’autre à faire avec l’état de ces créatures.

Aidée de la lampe, elle va vite vers la porte renfoncée, un peu plus loin, en laissant Dassen s’occuper des animaux.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Dhiwara 12 Julantir 815 à 21h26
 
Dassen regarde Oromonde avec surprise. Plus de trente chiens à tuer à coups de lance. Y est-il sensible, ou est-il surpris par le tempérament de son ''employeur'' ? Il ne dit rien. Il observe un instant ces animaux.

Mollement, il empoigne sa lance et commence à embrocher les chiens.


Leurs cris d'agonie portent particulièrement bien dans les égouts.




De loin, la première chose qu'on voit de la seconde pièce est un simple bureau de bois. Il y a de nombreuses choses sur celui-ci. Beaucoup d'alcool, des feuilles, de quoi écrire, mais aussi une cassette en cuivre fermée à clef. À côté du chenil, cela a l'air tellement normal..

Mais Oromonde entre.

Elle voit un lit, quelques meubles, et une bassine recueillant l'eau de pluie. Au plafond, très haut, la lumière de la lune traverse une grille et éclaire faiblement les murs froids et humides. C'est petit. Et sale. L'air fait vaciller les flammes et le mécanisme crépite, résiste, le gaz peine à brûler et on ne découvre le reste du tableau que par de brefs jets de lumière.

Un pied sous le lit. Un bras dans la bassine. La tête sous le bureau. Mais le principal est resté bien au centre. Les mouches tournent violemment autour des morceaux de chairs recouverts d'une nuée de rats noirs et gras. Que s'est-il passé ? L'odeur est infecte, ça a commencé à pourrir. La pénombre et les rats empêcheraient d'analyser la scène à ceux qui n'auraient pas la nausée. Dans cette pièce on patauge dans le sang. Veut-on savoir ce qui est arrivé ? Dassen n'a pas encore remarqué le cadavre mais les chiens sont de moins en moins nombreux à aboyer. L'instinct crie dans les corps encore en vie. Il crie de partir. Il y a quelque chose de dangereux ici. Quelque chose de mortel.

Mais doivent-ils écouter leur instinct ?



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 12 Julantir 815 à 21h59
 
« Par Scylla ! » laisse échapper Oromonde. En reculant un peu trop précipitamment, son dos heurte le mur et elle manque en lâcher sa lampe. La nausée accusée qu’elle subit depuis tout à l’heure monte encore d’un cran et elle se retrouve, sans grande classe, à dégobiller sur ce qu’elle espère ne pas être une partie de l’anatomie de ce qui fût un krolanne.

Oh, certes, elle a déjà vu des choses peu ragoûtantes. Après tout, elle a passé dix ans de sa vie à dépecer des animaux morts. Mais c’est tout à fait autre chose que de découvrir les membres éparpillés et pourris d’un homme mort dans des circonstances terribles. Si elle veut bien admettre que les criminels découpe les membres de leurs proies pour les faire disparaître plus aisément, c’est tout de même anti-professionnel de les laisser sur place dans un tel état.
Elle prend quelques secondes à récupérer, et en profite pour glisser la lampe à l’extérieur de la chambre. De la sorte, la lueur diffuse toujours sa lumière finalement peu réconfortante mais la mèche n’est pas heurtée par les courants d’air venant de la pièce. Dassen, pendant ce temps, finit d’achever les créatures décharnées et infernales qui mettent bien plus de temps à rendre l’âme qu’elle ne l’avait espéré.

Toutes les fibres de son corps lui commandent incessamment de partir. Mais le problème avec les lanyshtas, c’est qu’ils peuvent être obtus et idiots.
Elle dégage une étole de tissu pour la nouer autour du bas de son visage. Ça ne lui épargnera pas l’odeur ni la vue de cette…chose, mais ça la rassure vaguement. C’est avec un réel effort qu’elle retourne dans la pièce pour essayer de l’inspecter. Contournant le thorax exposé pour le moment, elle va pour s’intéresser, pour l’instant, au bureau.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 13 Julantir 815 à 19h11
 
Elle marche dans la flaque de sang et son pied touche un objet fin et métallique. Une clé.

Les rares tiroirs ne sont pas verrouillés, et dans cette pièce, la seule serrure visible est celle du coffre de cuivre posé sur le bureau. Juste à côté de ce coffret la liasse de papier est couverte d'inscriptions maladroites. Des noms, des chiffres et quelques notes : les Affaires.

À gauche de ces feuilles, un repas est abandonné. C'est une simple bouillie faite de céréales et d'un morceau de viande. Sa surface est à moitié sèche, comme s'il était resté là depuis quelques jours ; mais le plus intéressant selon nous sont les cinq ou six bouteilles d'alcool encore vierges et n'attendant que nous, sagement adossées contre le mur. Quel gâchis de laisser ça aux rats.

D'ailleurs, ils n'ont pas encore trop abîmés la tête de la victime. Elle traîne sous le bureau ; ses yeux et ses joues ont étés grignotés, mais elle devrait encore être reconnaissable. L'homme était chauve. La quarantaine, au moins, et son oreille gauche était percée de trois boucles d'oreilles. En se penchant un peu plus vers le visage on devine même que ses traits sont encore crispés d'horreur.



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 14 Julantir 815 à 11h23
 
Evidemment, Oromonde ramasse la clé assez rapidement.

Elle note la coloration du repas. Puis se baisse pour ramener la tête vers elle.

De là, elle compte observer les blessures apparentes : la décapitation est-elle le fruit d'une oeuvre grossière, répétée plusieurs fois ? L'os a-t-il été brisé en copeaux ou scié soigneusement ? Elle n'est pas experte médicale, mais elle tâchera de se faire une idée vague de combien de temps a pu passer depuis le meurtre et le découpage de ce pauvre homme. Une fois ceci fait, elle appellera Dassen :

" Hey ! Venez voir. C'est bien lui, votre Truandeur ?"

Par la suite, on pourra examiner le coffret et les lettres.


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Matal 14 Julantir 815 à 14h22
 
On ne voit presque rien avec cette obscurité, la lampe d'Oromonde ne porte pas assez loin. Des dizaines de chiens sont déjà morts, mais les aboiements continuent. Dassen erre de cage en cage et frappe aveuglément. Il repère les bêtes grâce aux pupilles dilatées sur lesquelles se réverbère le peu de lumière qui parvient jusqu'à eux. Dans le noir, il frappe des yeux fous et stupides. Et il les frappe encore et encore jusqu'à ce qu'ils se taisent et s'éteignent. Mes les bêtes sont nombreuses. Et Dassen s'épuise.

Soudain l'un des chiens lui résiste. Il s'étouffe a moitié avec, mais il a réussi à coincer la lance entre ses dents avant qu'elle ne lui traverse la gorge. Trop enfoncée pour pouvoir la ressortir, pas assez pour pouvoir tuer, Dassen gesticule, grogne, et se débat.

Mais l'odeur, le vacarme, la mort...


Dassen lâche la hampe.

Il s'affaisse le long d'un mur. Et il vomit.




Oromonde vient de ramasser la tête de la victime. À la base du cou, sa section est étrange et contradictoire. Les multiples entailles sont précises et parfaitement visibles ; la chair a été tranchée par portions de larges demi-cercles, comme les morsures d'un loup énorme aux dents beaucoup trop tranchantes. Mais malgré la netteté de ces coupures, elles sont positionnées de manière totalement anarchiques. Il a fallu trois ou quatre ''morsures'' pour que la tête parte, des morsures répétées à la base du cou sans aucune logique. De la simple sauvagerie.

Dassen Dorn finit par arriver, sans sa lance. Sa face tuméfiée est tout fait livide, et quelques gouttes de sueur perlent de son front. Dans l'autre pièce une dizaine de chiens continuent de hurler.


« Ouais... C'est bien lui, Truandeur. »

Il reste à la porte et l'un de ses pieds traîne dans le vomi d'Oromonde.



Lorsqu'ils examinent les papiers de Truandeur, ils ne trouvent rien de spécial. Il avait une dizaine de clients dans les Dessous, et un certain nombre de contacts dans le reste du Kil'sin, mais rien n'indique une anomalie ni n'apporte d'indications sur les raisons de son décès. Peut-être ce document peut-il servir un autre jour, si Oromonde décide de piller la scène du meurtre.

Quant à la cassette de cuivre, il suffit de la secouer un peu pour en deviner contenu. Les économies de Truandeur n'attendent que nous. La clé est déjà là.



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 14 Julantir 815 à 14h33
 
Oromonde déverrouille la cassette et y fourre les papiers qu'elle vient de découvrir. La cassette a l'air trop petite pour placer la tête de Truandeur à l'intérieur, ce qui est dommage car cela aurait été beaucoup plus discret pour se balader avec. Elle a l'intention de ramener le reste au Président, voir si ce dernier saura quoi faire de cette étrange aventure. Logiquement, il devrait juste lui demander le versement de sa taxe et cette histoire appartiendra aux Dessous, et à eux uniquement. C'est tout du moins ce qu'elle espère.

Elle observe un peu le coffret.

" Je veux finir d'inspecter la pièce ici, puis j'achèverai les bêtes moi-même. Reposez-vous si vous en avez besoin, Dassen. J'aurais besoin de vous en forme pour sortir d'ici après."


Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Matal 14 Julantir 815 à 14h48
 
« Se reposer, hein... »

Il soupire et sort sa gourde pour avaler une gorgée d'eau.

« Tu sais, j'ai cette v.. »

Il s'interrompt. Il est plus proche de la porte, il doit les entendre un peu mieux.

« Des coups de feu.

Dépêches-toi de fouiller le cadavre ou de voler ses affaires. Je vais fermer la porte, ils passeront peut-être à côté.
 »

Dassen court vers l'entrée de la boutique et claque la porte. Il reste appuyée contre elle, l'oreille tendue.

Près du cadavre de Truandeur, la flamme de la lampe commence à s'affaiblir.



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Matal 14 Julantir 815 à 22h27
 
En écoutant attentivement, il lui semble distinguer quelques bruits sourds au loin.
Bien.

Etat des lieux : la lampe est toujours allumée et un rai de lumière, dans cette obscurité, est l’équivalent d’un phare. Une seule rainure sous ou dans la porte et le silence ne leur servira à rien. En parlant de silence, il reste au moins une dizaine de chiens vivants, puisque Dassen a abandonné sa tâche en cours de route. La bête a, elle le discerne avec une horreur tranquille, la moitié de la hampe de la lance bloquée au niveau du larynx et se vide de son sang. Certes, elle n’aboie plus, mais il n’est pas impossible qu’elle frappe contre sa cage ou piaule misérablement. Sans parler des autres bestiaux qui continuent à japper et à les assourdir. Ah, et oui, elle se retrouve bloquée dans une pièce remplie de rats calmant leurs faims sur un charnier. D’ici à ce qu’ils se disent que ses chevilles ont l’air toutes aussi appétissantes…

Le temps disponible est fractionné, mais pas encore dans l'urgence. Certes, elle pourrait fouiller le cadavre à la lueur mourante de la lampe. Mais ce serait naviguer à travers des entrailles infestées de rat en quelques secondes ; elle doute d’avoir l’acuité suffisante pour distinguer en si peu de temps ce qui est important de ce qui ne l’est pas, sans compter qu’elle se retrouverait avec une dizaine de rongeurs couinant sur les bras. Elle prend plutôt le pari d'essayer d'optimiser leurs chances de ne pas être découverts, dans l'espoir de poursuivre au calme son inspection. Dans le cas contraire...on improvisera.

Pendant une fraction de secondes, elle hésite à passer directement à l’invisibilité. Cela lui demande un effort mental conséquent pour se rappeler que l’adolescent n’est pas lanyshta et, après lui avoir révélé son identité, employer des arcanes runiques et être détectée signifierait devoir tuer l’adolescent pour couvrir ses arrières. Or, elle n’a pas l’intention d’en arriver là.
Elle dépose rapidement le coffret à ses pieds, de sorte qu’elle puisse le retrouver facilement, repère la cage avec la bête blessée et ferme la lumière. Se guidant de mémoire, elle avance le plus silencieusement possible vers la cage pour saisir la hampe et tuer l’animal pour de bon. Il en va de même pour les bêtes survivantes, du moins tant que Dassen, qui fait le guet, ne lui indique pas d'arrêter tout de suite...



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Merakih 15 Julantir 815 à 20h08
 
Les gémissements du dernier chien atrocement massacré par cette monstrueuse Oromonde sont remplacés par un épais silence. Un silence amer et suffoquant. Dans cette ambiance il est assez amusant d'entendre la respiration rauque de Dassen. En général une situation comme celle-ci devrait terriblement l'exciter. Ou du moins, l'exciter. Mais il fait une drôle de tête et son souffle est différent de ce à quoi nous avons l'habitude. Là, c'est comme s'il avait quelque chose dans son ventre qui montait, quelque chose de prêt à sortir qui n'arrive pas à sortir.

C'est peut-être lui le monstre Lanyshta. Alors, il va sans doute se transformer et essayer de dévorer Oromonde. Ou la violer puis la manger, et la violer encore un peu.

Mais cela risque de ne pas tout à fait se passer comme cela, car dehors, quelque chose approche. Pas besoin de Dassen pour l'entendre. Dans cet abattoir le son du moindre frottement est décuplé par son écho.

Les bruits de pas sont nombreux. C'est un groupe. Trois, quatre ? Un peu plus peut-être ? Ils chuchotent en Kil'sinite des chuchotements parfaitement audibles.



B : « Silence ! Mon instinct me dit que quelque chose n'est pas normal ici ! Prenez garde, mes braves. »

C: « Regardez cette tâche sur la pancarte, on dirait du sang séché. »

D: « Commandant, on a plus de munitions, je crois qu'on a tout vidé d'un coup sur les trois derniers Lanyshtas. »

E: « Non, moi il me reste une balle dans mon revolver. »

B: « Bien. Restes en arrière. Si l'un de ces stupides monstres essaye de traverser nos rangs dégommes-le avant qu'il ne s'échappe ! »


Quelque chose recule. Ça prend de l'élan. Soudain ça s'élance vers l'entrée et d'une violente percussion la porte vole hors de ses gonds. Projetée dans les airs elle s'écrase trois mètres plus loin et un impressionnant guerrier pénètre dans la boutique, armé d'une énorme pioche de guerre.

En réalité il est petit, mais sa force n'est plus à prouver.

Trois jeunes hommes entrent à sa suite et un autre couvre leurs arrières. D'épaisses protections en cuir et différents gadgets recouvrent leur tenue sophistiquée de gentleman et leurs puissantes lampes à huile balaient immédiatement une grande partie de l'obscurité. Pourtant ils ne tiennent pas plus de cinq secondes. L'enfer dans lequel ils viennent d'entrer leur retourne l'estomac. Excepté leur commandant, ils finissent tous à quatre pattes.


B : « Pourquoi sont-ils morts... C'était pas prévu... »

C: « Heuur... P.. Pardon commandant ? »

Il se tourne vers son acolyte, impérieux. Pourtant sa voix est si pauvre et si discrète...

B : « Le monstre Lanyshta est venu ici. Fouillez l'endroit. »

Les vigilants récupèrent lentement. Ils n'ont pas encore remarqués les deux vrais Lanyshtas, mais le sang collé aux chaussures de ces derniers a laissé des traces un peu partout. D'autre part les nombreuses flaques de sang rendent tout déplacement hasardeux. Entre la possibilité de glisser et l'onde qu'elle produira, il sera difficile d'être discret.


alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Julung 16 Julantir 815 à 11h19
 
Oromonde éprouve un sincère regret à l’idée de n’avoir pas pris plutôt de cours sur le patois sinite. Sans doute que cela l’aurait aidé à comprendre ce qui vient de se passer. En tous les cas, il est certain que cet épisode macabre suffira à motiver la jeune femme à pallier à cette ignorance très rapidement.


Elle n’a pas remarqué l’état anormal de Dassen. A ses yeux, le gamin est apathique depuis qu’elle l’a rencontré, aussi lui paraît-il relativement…normal. Enfin…bon…normal dans les circonstances, quoi.
Les quatre kilsinites rentrent dans la pièce, plutôt correctement armés et équipés. En bref, ça a tout l’air d’un groupe qui avait l’intention nette de venir ici précisément du point de vue d’Oromonde.

Si elle reste dans son coin d’ombre, elle peut certes se montrer furtive. Mais bon, à un moment ou l’autre, quelqu’un allait passer avec sa lampe à huile et là, discrétion ou pas, elle aurait l’air bien bête.

A cause du décorum ambiant assez morbide, elle doute de pouvoir faire une bonne impression en engageant normalement la conversation. « Bonjour, je passais par ici, vous avez vu cette tête coupée, sympa non ? » n’allait sans doute pas faire bonne impression. Encore une fois, elle regrette le fait que Dassen ne soit pas lanyshta ; la communication télépathique permet de se coordonner aisément dans de telles situations. Elle a pris l’habitude de ce confort à force de côtoyer les mutés. Ils sont quatre, donc, ils sont armés mais momentanément en position de faiblesse ; cela ne devrait pas durer. Quatre hommes armés. Certes, Oromonde se considère plutôt capable, mais il faut savoir reconnaître les faits. De son côté à elle, ils sont deux…théoriquement en tout cas. Elle n’est pas sûre de pouvoir réellement compter sur Dassen.

L’homme avec la pioche a l’air d’être le chef. Un coup de pioche bien asséner peut être mortel, ou en tout cas très douloureux. La seule chance qu’elle a, c’est de se trouver dans un espace exigu composé principalement de cages. Si elle parvient à l’esquiver et à ruser, elle peut faire en sorte que le brave homme coince son arme tout seul dans les barreaux et là prendre l’avantage. Mais si elle se dispose à attaquer frontalement, elle en aura trois autres sur le dos avant d’avoir dit « ouf… » Quant à s’enfuir, cela paraît impossible sans avoir d’abord distrait les gentlemen.
Ses avantages sont donc très réduits, voire même dans la barre du négatif. Mais elle sent que si elle reste là sans rien faire, elle n’attirera pas la pitié de ce quatuor et aura du mal à justifier de sa présence ici…

Ses muscles se raidissent et son cœur bat plus rapidement dans sa poitrine, car elle a tout de même un peu peur. Il va falloir parier sur le petit en espérant qu’il ne se retourne pas contre elle, sinon elle sera foutue.

En baissant la main très lentement, elle peut récupérer la anse de sa propre lampe à huile et la jeter très fort dans la direction opposée. Les krolannes, lorsqu’ils entendent de tels bruits, ont le réflexe de tourner la tête vers ce qui vient de faire du bruit. Cela lui laisserait une marge d’une ou deux secondes pour essayer de contourner le dos de l’équipe, vers l’homme qui est resté en arrière et bloque la sortie. Si elle arrive à se placer là, le krolanne va certes se défendre, mais sa propre marge de manœuvre à elle sera clairement augmentée : dans l’embouchure de la porte, l’équipe ne pourra pas prendre le risque de tirer s’ils possèdent des armes à feu ou de jet sans se blesser mutuellement, et seront bien embarassés aussi pour lui taper dessus à coup de pioche sans se fendre le crâne.

Elle cherche des yeux Dassen, mais elle n’est pas sûre de le trouver maintenant.
Puis elle tend la main le plus rapidement possible pour jeter la lampe à huile au loin et essayer de se glisser dans le dos du dernier homme, profitant de son accès de faiblesse et de l’effet de surprise.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Julung 16 Julantir 815 à 23h57
 
La lampe se brise contre le mur et détourne l'attention du groupé armé.

Ses bruits de pas résonnent dans l'entrepôt mais Oromonde est assez rapide pour surprendre sa cible. En un instant elle passe dans son dos et l'immobilise d'une clé de bras. Il est encore fragile sur ses jambes et long à la détente. La prise d'Oromonde est parfaite. Mais cela ne dure pas. Le jeune homme se projette en arrière et l'écrase contre le mur. Il se débat, lui marche sur les pieds, percute ses côtes de violents coups de coude. La lutte doit être éreintante car malgré l'avantage d'Oromonde la force physique des deux combattants s'équivaut. Ils s'éloignent progressivement de l'entrée et, lance et lames dégainées, les autres hommes forment rapidement un demi-cercle autour d'eux. Sans lui laisser le temps de réagir l'adversaire d'Oromonde s'aide de son propre poids pour tourner sur lui-même, la forçant à offrir son dos à ses alliés. La douleur doit être horrible, et peut-être son bras est-il brisé. Mais Oromonde n'a pas le temps d'éviter tout les coups. La pointe d'une lance commence à s'enfoncer dans son épaule, une pioche s'élance vers son crâne, et elle les entend distinctement hurler le mot « LANYSHTA ! »


Pendant ce temps, Dassen Dorn est immobile dans le noir.



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 19 Julantir 815 à 13h00
 
Sa tête heurte à plusieurs reprises le mur, et la douleur s’épanouit à la façon d’une fleur rougeâtre le long de ses tempes et de son torse. Etourdie et sonnée par les coups, Oromonde ne réagit pas assez vite pour reprendre le contrôle de la situation et c’est un peu trop tard qu’elle se rend compte que son dos est exposé au reste du groupe.

Dans sa tête se trouve comme un fil d’argent chauffé à blanc qui s’étire entre ses deux oreilles, et elle pense avoir accusé une surdité soudaine du côté de l’oreille gauche. Aussi ne se rend-t-elle peut-être pas compte que c’est elle qui crie quand la lance ripe sur l’armure, évitant le poumon, mais passe dans la chair, pas bien loin de l’omoplate. C’est bien moins mortel que les organes, mais tout de même très douloureux. Elle se cambre, enfonce ses doigts en même temps dans les globes oculaires du krolanne qui la repousse vers la salle sanguinolente. Ce dernier n’en mène pas plus large non plus et par chance se décale légèrement, pris par la surprise ; la pioche mange l’espace vide qui, il y a à peine une seconde, constituait la tête d’Oromonde.

Haletante, assourdie par la douleur, Or ne lâche pas sa prise sur les yeux du krolanne et lui mord brutalement l’oreille pour l’arracher, le ruant de coups de genoux répétés pour lui faire lâcher prise. Ses bras noués autour de son cou comme une croix cherchent à l’étrangler, ses doigts fouaillent le visage imperturbablement. Une colère bestiale la saisit au bas-ventre et elle n’a pas de remords à faire mal. Elle le dévorerait si cela lui était possible. Le mot « lanyshta » résonne dans la pièce, et elle comprend soudainement : c’est une embuscade. Ils savent qu’elle en est une ! Une crainte d’animal acculé l’habite. C’est avec difficulté qu’elle se rappelle de la potion de brumes qu’elle porte sur elle, à travers le fil chauffé à blanc qui coagule ses idées petit à petit. Si elle arrivait seulement à l’atteindre, elle pourrait s’échapper…mais pour le moment, les hommes sont trop rapprochés.

C’est encore par pure chance qu’elle esquive un autre coup, venu d’elle ne sait où. Son dos heurte une cage et ranime une douleur importante sur ses côtes. Fêlure ? Perforation ? Elle n’a pas le temps d’évaluer les dégâts. Enfin, la prise du krolanne se détend et elle arrive à glisser sur le côté, ou plus précisément s’effondre un peu. La lance, à nouveau, la frappe. Sans la combinaison qu’elle porte en dessous de son manteau, elle aurait probablement été gravement blessée. La pointe de la lance entaille tout de même son ventre, mais ne mange pas encore les organes. La sortie se trouve derrière le groupe de traqueurs, à une éternité, en fait. Oromonde se ramasse misérablement et bondit sur le côté. Lorsque ses pieds heurtent le sol, il n’y a plus une, mais trois krolannes mal en point dans la pièce.

Peut-être que ça lui laissera le temps de saisir ses potions de recours. La potion de brumes enfumera la pièce et la dissimulera, et elle porte sur elle un petit lot de breuvages qu’elle a gardé exprès pour ce genre de situation. Bon, elle y avait pensé en s’imaginant à l’extérieur et pas au milieu d’égouts urbains….

De la main gauche, elle tente de saisir le flacon afin de le laisser tomber plus tard et d’enfumer la pièce. En même temps, elle profite de ses doubles illusoires pour s’élancer vers l’homme à la lance, tâchant de se glisser sous sa garde pour le frapper à la gorge.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Dhiwara 19 Julantir 815 à 16h04
 
Le Krolanne qui gardait la porte hurle de douleur et une matière visqueuse coule de ses yeux.

« Ahhh ! Mes yeux ! Je vois plus rien ! Elle m'a crevée les yeux.. !!! »

Il dégaine le pistolet à sa ceinture, mais il heurte une cage et tombe à la renverse. L'arme glisse sur le sol, aussitôt récupérée par l'un des traqueurs.

« Il ne lui restait plus qu'une balle ! Ne la loupes pas ! »

Le commandant à la pioche beugle ses ordres.

« Reculez vers la porte, en ligne ! Elle sortira pas ! »

Et subitement la Lanyshta utilise ses pouvoirs. Le lancier tremble d'horreur et frappe au hasard les images d'Oromonde. Elle franchit sa ligne de défense, repousse l'arme et d'un bond elle est à quelques centimètres de lui. Il n'a pas le temps de changer de position, pas le temps de frapper avec l'autre extrémité de sa lance ni de saisir un couteau. Ses yeux terrifiés croisent ceux d'Oromonde qui d'un coup de poing lui écrase la trachée.

Il lâche son arme et tombe au sol en s'étouffant.


Les trois traqueurs valides commencent alors à reculer pour bloquer la sortie, mais soudain une forme sort de l'ombre en hurlant. Dassen s'élance à toute vitesse vers l'un des traqueurs en poussant un hurlement grave et bestial, un rugissement, un pur appel au meurtre. La lance ayant servie à tuer les chiens est dans ses mains, pointée vers sa prochaine victime.

« Celui-là ! Tires ! Tires ! »

Le commandant hurle à nouveau, et Dassen hurle, l'un des traqueurs hurle et il pointe le pistolet vers Dassen. Il n'est qu'à deux pas. À bout portant. Détonation. La balle traverse son épaule et le sang se répand. Mais il n'a pas ralenti. Comme un fou insensible il continue de hurler et de courir. La lance rentre dans le ventre du tireur. Elle lui traverse le corps de part en part et Dassen s'est arrêté.

Il y a un moment de flottement.

Le sang coule des lèvres du tireur et ses yeux virent vers une couleur de mort.

Alors Dassen lâche la lance, bouscule le mourant et se jette vers la sortie. Mais le commandant bloque déjà le chemin et sa pioche est lancée. Impossible de l'éviter. Ça lui percute le visage et lui arrache une partie de la pommette.

Dassen tournoie dans les airs.

Il s'écrase contre le sol.



alias Djet Tamère
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Luang 20 Julantir 815 à 10h37
 
Bon sang, que sa tête lui fait mal et lui paraît lourde. Une seconde de répit. Non. Pas de répit. L'arme du lancier, au sol. Il la lui faut pour le planter, avant qu'il ne se relève. Ce qu'elle fait, hagarde et comme dans un rêve. Ses doigts gourds peinent à manier l'arme qui est étrangement lourde pour elle, mais l'homme inconscient et sans défense au sol ne présente pas de réelles difficultés. En y mettant tout son poids, elle parvient à enfoncer la lame dans la gorge exposée de ce dernier. Ses lèvres sont étrangement retroussées.

C'est à ce moment qu'elle entend, au lointain, le bruit assourdi de la détonation. Avec horreur, elle perçoit Dassen tenter follement de s'enfuir, comprenant peut-être que c'est leur seule chance de s'en sortir. Mais tout va trop vite, et tout d'un coup l'adolescent retombe au sol. Il lui semble apercevoir une masse de chair et de peau sanguinolente accrochée au bout de la pioche.

« - NON ! » Elle s'est à peine rendue compte de s'être exprimé en kildéen, réflexe dont elle pourrait se mordre les doigts à loisir si elle savait survivre à la situation. Impossible de savoir si Dassen est mort sur le coup ou pas.

Mais maintenant que le gamin est entré en jeu, elle ne peut pas l'abandonner derrière elle. C'est...un déshonneur. Un manque de loyauté et de dignité. Quelque chose d'inconcevable pour un enfant du Destin et du Un. Saleté de gosse. Ce n'est pourtant qu'un parvenu, un sans-destin, un étranger : un nuisible du point de vue du Tout. Mais des années d'éducation clouent Oromonde au sol aussi sûrement que si elle y avait été attachée. Il y a des choses plus importantes que la survie, des idéaux plus élevés.

Cillant de douleur – cette côte lui fait vraiment mal –, elle pense que, avec deux types valides en face d'elle, elle n'a aucune chance de s'en sortir. Avec la potion de brumes, elle pourrait encore s'enfuir. Elle sait qu'elle a encore sur elle une potion de soins d'urgence, et une de vitesse. Elle pourrait déguerpir, peut-être. Ce serait sans doute mille fois préférable aux deux solutions alternatives les plus probables si elle reste ici : crever, ce qui est toutefois encore mieux que de se faire prendre vivante maintenant qu'elle a sommairement abattu l'un des leurs, révélé ses pouvoirs et horriblement défiguré et blessé un autre.

Saleté de gosse. Il avait fallu qu'elle soit ce genre de personne-là. Quel Destin à la con.

Avec difficulté mais détermination, elle se redresse. Les deux hommes se sont regroupés à la sortie, et maintenant lui bloquent le passage. Ils ne lui ont pas encore tiré dessus – plus de cartouches, peut-être ? Un pari risqué, mais qu'il va falloir prendre. Quoi qu'il en soit, ils vont finir par venir la chercher. Elle reste persuadée que, face à la pioche du chef, mieux vaut ruser et essayer de prendre avantage des barreaux des cages pour bloquer son arme.

Mais ça ne suffira pas. Non. Très vite, Oromonde songe aux idées préconçues et horrifiantes que les krolannes entretiennent à propos des lanyshtas. Des monstres, à leurs yeux.

Si les gens s'attendent à voir en vous un monstre...pourquoi ne pas le leur donner ?

Elle brise la potion de brumes au sol. Dans les faits, c'est une solution fumigène à portée courte. Fumigène parce que l'alchimiste trouvait ça plutôt classe. Une sorte de poudre condensée s'incruste dans la peau de la lanyshta, brouillant ses contours et le sillage de ses gestes, dédoublant ses moindres mouvements. Ça pique les yeux, beaucoup. C'est censé la rendre plus difficile à toucher et à localiser, surtout de loin. Sa silhouette s'amplifie, devient traînante. Elle n'hésite pas à balancer un peu sur ses pieds pour amplifier ce mouvement visuel. Il lui reste un double – l'autre a été touché et dissipé par le lancier dans sa feinte. Elle espère que ça, plus les cadavres, la pourriture, l'odeur de mort et globalement l'inanité carnassière de la scène suffira pour son coup de bluff.

Le type aux yeux crevés et au bras cassé s'est retranché dans un coin, mais n'a pas su suivre les deux autres. Du coup, il est de son côté. Elle le saisit. Évidemment, il se débat, mais c'est difficile de lutter aveugle et ainsi diminué. Oromonde le fait tomber au sol sans ménagement, puis lui écrase vivement son bras déjà fracturé sous sa chaussure. Ça hurle et ça gicle. Voilà. Le son qu'elle attendrait. Le craquement de l'os à vif.

« - Courrez prévenir les vôtres tant que mes frères et moi avons encore la patience de vous laisser vivre. Ou nous en prendrons un autre parmi vous, et laisserons le dernier bégayer à la surface pour partager notre avertissement. 
Bientôt, nous viendrons et tout ce que vous connaissez connaîtra le même sort
. »


Le type hurle toujours, ponctuation fort macabre à sa menace inventée. Elle escompte simplement que ces hommes armés, venus visiblement pour la traquer précisément, et soudainement diminués, soient pris d'un sentiment d'héroïsme semblable au sien propre et de peur mêlés et se décident à chercher des renforts. Si jamais ils acceptent même l'idée qu'ils soient plusieurs, renforcée elle l'espère par son double illusoire, c'est tant mieux.

Bien sûr, aucun moyen de savoir si ce bluff va marcher ou non. Elle réunit le peu d'énergie arcanique qui lui reste pour articuler un autre sort lanyshta si jamais ils marchent sur elle. Le pouvoir de décharge magique lui paraît le plus approprié, le plus spectaculaire et le plus surprenant au besoin. Après ça....après ça, eh bien, elle aura fait ce qu'elle pouvait faire. Ce ne sera peut être pas assez.



Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*

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