*** Une lanyshsta était en danger. La connaissait-il? Pas le moins du monde! Et pourtant, il allait tenter de la sauver. Quand était-il réellement? Les lanyshstas devaient s'entraider mais pas au point d'y risquer leur vie. Nogarde voyait, outre le côté publicitaire pour sa boutique, un certain challenge. Ces derniers temps, il avait voyagé de kil en kil, apportant nombre de ressources à qui de droit et vendu bon nombres de potions, mais surtout, il commençait à avoir une foie incommensurable pour sa chance. Il se sentait immortel! A un quel point? Cette question lui taraudait l'esprit. Il n'était que rarement discret et il n'était plus de ceux à se terrer au moindre danger.
Etre lanyshsta l'avait réveillé sur bien des aspects. Il connaissait l'amour, la haine et maintenant, il voulait connaitre l'espoir. Il avait failli mourir au moins une dizaine de fois depuis son éveil. Il était temps de pousser le vice à son paroxysme.
Il revenait à peine de son voyage du kil'dé quand il reçut l'appel télépathique de la verte. Allait-il faire à sa manière? Très certainement. Pourquoi écouterait-il une femme capable de sacrifier les siens pour obtenir des informations? Il les aiderait, mais ne jouerais pas son jeu.

Nogarde, bien confortablement assit sur sa monture faisant plus de bruit qu'une horde de krynann en rûte contourna donc les rempart de la ville afin de trouver une entrée pour pénétrer directement dans les égouts du kil'sin. ***

*** Il trouva rapidement une entrée à flanc de montagne, mais son ascension au sein des égouts risquerait d'être sérieusement difficile, mais le challenge était au rendez-vous. Il descendit de sa monture et se mit à charger son pistolet tout en préparant quelques torches.
Après ses ventes en kil'dé, il lui restait quelques fioles d'un liquide visqueux et inflammable, qui coupler avec quelques tissus formait des torches plus que confortables.
Il rangea ensuite son pistolet, alluma une torche et prit Kaldar par les raines afin de pénétrer dans les égouts. Il était jeune et se croyait immortel. Qui pourrait bien lui faire quoique se soit?
Avec son énorme monture, il ne pourrait voyager que dans les boyaux principaux, mais Nogarde était incapable de la laisser à la vue de tous en extérieur.
Les égouts étaient sombres et humides, Le marchand n'aimait pas s'y retrouver et encore moins y respirer. Il plaça d'ailleurs assez vite une écharpe devant son nez, autant pour atténuer l'odeur que pour cacher son visage. ***

*** Kaldar était nerveux et bon nombre de pensées virevoltait dans l'esprit du lanyshsta. De nombreuses légendes courraient sur les égouts du sin et certaines d'après une exploration lanyshsta semblaient être vrai, rajouter à ça, le danger des puritains, le jeunot n'était pas rassurer.
***

*** Pendant que l'escouade lanyshtas tentait de venir en aide à l'un des leurs...
A l'autre bout des égouts, au même moment... ***

*** De nombreuses légendes content de prendre le chemin qui parait le plus dangereux ou le moins praticable, mais le jeunot n'est pas de ceux là, la fougue de la jeunesse très certainement et puis, après tout, si il comptait aider assez vite les autres, il se devait d'aller au plus vite.
Kaldar semblait de plus en plus anxieux alors que son maître devenait de plus en plus calme. Au fond de lui, le danger l’excitait et il le ressentait comme une émotion aussi intense que son première verre prit à la barbe de son père ou de son premier coït.
Il caressait calmement le flanc de sa monture avant de grimper dessus et d'à nouveau se mettre en selle. Il avait reçu un message télépathique lointain du lanyshsta inconnu.
Il sortit une flûte et ce qui ressemblait à un tambourin de sa besace. Il attacha le tambourin sur le dos du yloataku et la flute à sa ceinture. Au moment propice, il s'en servirait, mais pour l'heure il se mit à avancer dans le second boyau tout en continuant à rassurer Kaldar. De temps à autre, il se met à rajouter du combustible afin de garder sa torche suffisamment forte pour lui voir à quelques mètres mais pas assez pour gêner son comparse. ***

*** Un bruit, un simple bruit. Ah non, encore un et un troisième. L'explorateur ne savait pas du tout où il se trouvait et encore moins ce qui l'attendait. Devait-il rebrousser chemin? Bien sûr que non et qui serait-il pour suivre le conseil de sa propre monture? Le mieux est de toujours avancer tout droit dans le plus grand des boyaux. Certes, il se ferait très vite remarquer, si ce n'est déjà fait!
Les coups semblent léger, il ne s'agit pas des puritains, mais autre chose. Il ressentait une excitation certaine. Si seulement il s'agissait des créatures dont parlent certains lanyshstas, ces êtres mi-hommes mi-mécaniques ou encore des vers des égouts, ces monstres légendaires contés afin d'interdire les égouts aux enfants.
Si seulement ses parents le voyaient là, à patauger dans les excréments de tout une ville.
Il se ressaisit. Il divaguerait plus tard. Il se décida à continuer à avancer dans le large boyau. Peut-être ce dernier était-il suffisamment grand pour faire caisse de résonance et ainsi attirer les puritains.
Un léger message télépathique fut envoyé au reste du groupe avant que le concert commence.
Il fit avancer kaldar. ***

*** Il plaça son Galoubet en bouche et tapa d'un coup sec sur le Ttun-ttun tout en soufflant le plus fort qu'il pouvait dans la petite flûte. Une brume commençait déjà à l'entourer. ***

*** Quelques secondes, il ne faut pas plus de temps pour que votre vie dégringole. En ces quelques secondes, Nogarde vit bien des images passer devant ses yeux. Tout d'abord, sa famille, ses parents et ses nombreux frères et sœurs, tous disparus! Ce fut la première fois qu'il pensa à eux, qu'étaient-ils donc devenus? Il se posait la question avant qu'une autre image vole au plus profond de son iris.
Il était là dans le Sin, le kil a changé et il en est directement responsable. Plus de pauvreté, plus de vindicte, l'égalité est toujours là, mais sous un autre joug et les vigilants ne sont plus.
Il commence à se relever, il sent la douleur. Une preuve qu'il est en vie.
Une dernière image vint le sortir de sa transe. La douce et belle libraire, la lanyshsta Freya et sa longue chevelure blanche.
Il ressentait la hargne, celle de ne pas vouloir mourir.
Il laissa tomber la torche dans l'eau des égouts. Des lumières apparurent dans les creux de ses mains afin de tenter d'illuminer la salle.
Sa main se déposa à nouveau sur le flanc de Kaldar. La pointe semblait y rester figée. La retirer, ça serait pour plus tard. Allaient-ils tout deux encore tenir longtemps? Nogarde n'en savait rien, mais au moins, il partirait la tête haute emplie d'excréments. ***

*** Dit-il avant de de souffler dans la flûte pour se rire de ce dernier. Il tapota légèrement sa ceinture, deux potions s'y trouvaient encore et pas des moindres, elles lui seraient utiles au moment propice.
Il n'allait après tout, peut-être pas encore mourir en ce jour, même si un poison, inconnu semblait le brûler de l'intérieur et ronger petit à petit chaque parties de son corps. ***

*** La plupart des attaques ne firent que l’érafler, mais le lanyshsta sentait le poison envahir la moindre partie de son corps. Il était sur leur territoire et ça se voyait, ils utilisaient la moindre ombre pour se dissimuler et profiter des angles qu'ils avaient pour toucher au mieux le lanyshsta.
Les trois flèches l'avaient touchés, une à la jambe gauche et l'autre son bras droit, mais ces deux dernières n'étaient pas restées plantées. La troisième par chance, c'était juste coincé dans son armure.
Nogarde éteignit un moment les lueurs dans les paumes de sa main. Il faisait noir et il ne s'étonnerait pas si les trois habitants des dessous voyait même dans le noir le plus complet. Cependant, ils ne verraient pas tous ses gestes.
Freya lui avait transmis ses dernières potions. Il ne voyait pas d'autres moyens pour combattre le poison. Il en finit une cul-sec, tout en utilisant le peu de ses vêtements encore pour compresser ses plaies.
Il ferma ses yeux et tenta d'écouter les mouvements de ses assaillants. Par six fois, il tenta de tirer sur l'un des assaillant, le plus lointain, celui qui semblait donner les ordres, des ordres incompréhensibles et il ne fit mouche qu'une seule fois.
Il siffla un coup et des volées de flèches foncèrent sur lui comme seule réponse
Le lanyshsta se rendit compte qu'il avait mené son compagnon à la mort. Une dernière flèche le toucha en plein dans l'estomac. Sa fin était proche et il le savait.
Il rangea le pistolet.
Il lui restait deux options.
La première était folle et incompréhensible, la deuxième était risquée et peut-être inutile. Il devait tout de même tenter de résonner ces trois krolannes. Il utilisa son patois. ***

*** Il respira assez fort, un poumon devait sans doute avoir été touché. ***

*** Une respiration encore plus rauque accompagnée d'une toux priva Nogarde de son discours, mais il reprit de plus belle. ***

*** Il attendrait une réponse, mais au moindre geste brusque, le lanyshsta envisagerait la seconde solution. Celle du désespoir. ***

*** Battre en retraite, ce fût sa seul solution. Il trouva bien vite un renfoncement dans la roche qui lui permettrait quelques secondes de répits. Il fît une seule fois feu pour les tenir un peu plus longtemps en respect le temps de compresser toutes les plaies ouvertes qui lui parcouraient le corps.
Il ne sentait plus la douleur. Le poison avait certainement endormi les parties de son corps blessées.
Il allait mourir et ne plus jamais revenir sur ces terres. Sa mort avait été décidée de longue date et il ne prendrait pas l'option de revenir comme certains l'ont fait.
Sa famille avait périe, il en était quasiment sûr sur le moment. Il ne pourrait que les rejoindre dans un autre monde et ainsi, ces derniers pourraient peut-être lui pardonner de les avoir fuit.
Il était temps pour lui de dire au revoir à ses comparses qui le rejoindraient un jour ou l'autre. Un dernier message de sa part vola au sein même des entrelacs avant de s'évanouir.
Il décida de sa mort. Le poison ne l'aurait pas.

Le cri du désespoir surgit. Il allait revoir sa famille et rester à leurs côtés. Sa dernière balle fut tirée alors que trois autres flèches le transpercèrent.

La fin de Nogarde et du dernier représentant de la famille Marot venait d'être annoncée. ***