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La Doublure
Où un joueur de Lyre n'a jamais autant brillé par son absence...
 
Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Sukra 29 Agur 815 à 16h29
 
Rue des Ampouliers, 21 h -et des brouettes-, locaux de l'Ecole du Puits.

Quelques salles, des bureaux, on y sentait le papier frais et l'encre. Des livres un peu partout, mais aussi des cartes, des outils de traduction, des loupes, des machines à imprimer, des pinceaux, des établis d'ébénistes. Bien que découpé en plusieurs partie, aucune porte ne les séparait, si bien que l'endroit formait un immense Atelier croisant tous les arts, toutes les techniques, comme pour inciter les esprits à la synergie, plutot qu'à compartimenter, structurer, hiérarchiser. Le manuel ici, avait la même place que l'intellectuel. D'ailleurs aucune distinction n'était faite.

Cependant ce soir, tout était vide.
Chose assez rare. L’École était toujours occupée par quelques âmes souhaitant se perfectionner, apprendre, rechercher les pistes de son Passage. Et bien que la plupart des enseignements, échanges, conversations avaient lieu en extérieur, il résidait toujours au moins le vieux Déimos et la soeur d'Aléthée, Léthine, le poumon de ces lieux. L'air circulait quand elle était là.

Mais là, elle n'était pas là, cela se sentait.
Personne n'était là.


***

L'Ecole du Puits, vide de ses membres.
***


Même heure, Hall des Infinies Palabres.

"...hors de question d'entrer dans le jeu des Racheteurs du Cydar. Vous allez répondre à la provocation, et puis quoi? Une bagarre, une échauffourée, quelques blessés? Nous sommes d'accord que cela ne peut être un plan à long terme."
Celui qui venait de parler était un grand type avec un phrasé assez propre. Pas de barbe, une tunique bleue, et un visage fier. Appelons le l'Imberbe pour l'occasion. Il s'était levé pour répondre à un autre en face de lui, de l'autre coté du Rachis, assis sur un des bancs de pierres, très attentif. Lui sera le Songeur. Autour d'eux, des dizaines, ...des centaines de silhouettes, installées dans des gradins irréguliers. Personne ici était vraiment spectateur, tous avaient une posture, une vision, un intérêt et pouvait intervenir à n'importe quel moment dans le débat.

***

Hall des Palabres, petit aperçu -en plissant les yeux-.
***

Mais ici, la parole était sacrée.
Autant pour l'orateur que pour l'auditeur.

Le Songeur se voyait contredire, aussi il apporta rectification.

"Ils sont en train de donner des idées à d'autres. D'ailleurs, certains Comités de Vigilance nous ont signalé la situation brûlante à venir. Jared, ici présent, peut en témoigner. C'est dans leur intérêt de ne pas laisser des fanatiques ou des malfrats s'emparer du mouvement Vigilant. Gymon a dépassé les bornes. La question est de savoir quand y mettre un terme désormais."

Ainsi posée, cela fit monter un vent d'approbation autour du rachis.
Les échanges paraissaient très décomplexés, malgré la gravité du sujet. Ça et là, quelques mots étaient glissés, des arguments se préparaient, la foule écoutait, vivante, animée, et en même temps respectueuse de celui qui avait la parole. Cette anarchie organisée pourrait surprendre un œil non averti, qui y verrait là une sorte de magie que seul un Ordre ou une Hiérarchie pouvait produire. Pourtant ici, ni l'une ni l'autre était à l’œuvre.

Peut être que le krolanne avait une sorte de discipline dans ses gênes? Voilà ce dont pourrait se convaincre un étranger.
Mais peut être alors, en pensant ainsi, passerait-il à côté des nuances. Et de la Trame derrière cette apparente harmonie verbale.

***

La foule éparse des Palabres.
***

Une krolanne, Fine, s'était levée et parla à son tour.
Un court argument sur l'importance de poursuivre la transmission malgré la tension grandissante dans certains lieux du Sin. Une autre krolanne lui répondit, Forte. Et prononça le gros mot qui planait : Violence. Ô attention! au Kil'sin, tout était violence, comme Syfaria l'était. Elle s'insinuait partout, entourait les Quartiers, enfermait les esprits, poussait à toutes les extrêmités, dont l'Histoire ne faisait que le récit. Pourtant, à leur manière, à l'inverse du déterminisme paisible de Scylla, le Passage Kil'sinite avait l'ambition de joindre le Paisible au Libre. Aussi la Violence était latente. Sous la peau du Sin, brûlante, prête à jaillir à chaque instant. L'idée n'était pas de simplement la canaliser, encore moins de la refouler. Davantage de la dompter : la violence sans violence. Une sombre folie pour le reste de la krolannité. Ne pas y parvenir mettez en péril l'idée même du Sin. Le sujet abordé, l'assemblée parût très prudente et chacun mesurait ses mots avant de les prononcer. Et bien entendu, aux racines de ce foyer, la société changeante, par la redistribution des cartes lors des récents Talios. Par les faits divers Lanyshstas.


"...on sait tous que Lhyn veille. Et en accord avec les Grands Comités. Mais à trop devenir indispensable à maintenir les cohésions entre toutes ces extrêmes, cela finira pas tuer le mouvement. Et à rendre ces Comités incontrôlables." remarque lancée par la Fine.

L'Enthousiaste se montra interrogatif, comme pour relancer un débat qui risquait de s'enliser.

"Ne peut-on pas négocier avec certains d'entre eux un champ de responsabilité? La tenue d'archive concernant les témoignages, la surveillance des aqueducs, l'intervention sur les groupuscules des Rigoles. Cela donnerait un sens complémentaire à leur mission et permettrait une communication."

Tandis que tous parlaient, des petites silhouettes circulaient un peu dans tous les sens. Des enfants pour la plupart, porteur de rouleau de papiers, messages, qu'ils venaient prendre auprès d'autres personnes installées un peu partout dans le Hall, occupées à une seule activité : l'écriture. Pendant que certains parlaient, certains retranscrivaient. Du moins semblait-il. Le Lieu semblait ainsi comme un écosystème hétérogène où chacun s'était donné une fonction, le but étant la sauvegarde du Verbe. Des Mots. A bien y regarder d'ailleurs, certaines individus n'intervenaient pas mais se rapprochaient par moment de certains des orateurs pour leur glisser quelques paroles à l'oreille. Des conseils? des informations? des instructions? Peut être surveillaient-ils que la teneur du discours n'échappe pas aux intervenants. Mais là encore, ils n'agissaient pas en censeurs. Les murmures qui s'engageaient parfois ressemblaient assez à des débats, dans le débat. Ainsi, toutes les fonctions agissaient dans le Hall sans légitimité, sans primauté, sans privilège. Chacun gardait sa liberté d'accepter ou de rejeter.

Le tout formait un ensemble des plus insolites, et pourtant producteur d'un débat cohérent.

"Oui, et pourquoi pas leur tenir la main pour construire à leur place leur Passage?!"

La question venait d'un vieil homme, assis. A côté de lui une jeune femme, bien faite, le regard fier. Et près d'eux, d'autres individus dont on devinait qu'ils faisaient partie d'un seul et même Comité. Parmi eux, il y en avait un, les yeux gris, appuyé sur sa canne, profitant des Palabres à pleines oreilles. La présence de l’École du Puits s'accompagnait de celle d'autres Comités protagonistes du Passage, de la Transmission, des Techniques Oratoires et des questions d’Éthique.

La Patiente répondit au vieux Déimos.

"Si il faut leur tenir la main, nous le ferons. Cependant, ne rêvez pas, pour les Passeurs dignes de ce nom, ils n'ont pas besoin de nous. Le problème c'est qu'un certain nombre de ces Justiciers, sans compter quelques Racheteurs, n'ont absolument rien à passer. Leur faire comprendre qu'à force d'agresser le scyllard ou le technicien du Dara en visite, ne fait que donner des arguments aux autres Sharss, que nous paierons cher quand se discuteront les prochains Adoub, est tout simplement improbable. Vivre sous la perfusion du Silium, voilà ce qui nous pend au nez si on ne calme pas leurs mauvaises pratiques."

Une rumeur monta suite à cette intervention. Des regards se dirigèrent vers un individu assis dans un coin dégagé, entouré de quelques autres, qui pour le moment n'avait fait qu'écouter les échanges. Malgré l'attention qu'on lui portait, il resta en retrait, impassible. Le moment n'était pas venu pour lui d'intervenir. Peut être un membre des Grands Comités. Et cela expliquait sans doute que l'ordre du jour n'ait pas été totalement respecté. Des enjeux triviaux, les discours s'étaient emportés vers des problématiques bien plus larges, dépassant le cadre d'intervention de chacun de ces Comités.
A noter cependant, jamais il ne semblait question de justice, de sanction, d'Ordre, de Bien, ni de Mal. En fait, il semblait même que ceux dont il était question n'étaient pas jugés. Leurs actes l'étaient davantage. Personne ne présageait être le meilleur pour ordonner les priorités, ou pour définir ce qu'il fallait faire. Il s'agissait réellement ici de partager les idées et de définir ensemble l'action à mener. Voilà pourquoi cela prenait parfois un temps infini. Temps que chacun était prêt à prendre. Temps au terme duquel, il y aurait un vote.

Ainsi l'infini ne l'était pas totalement.


***
A tout étranger qui se trouverait en ces lieux, dans ce charabia kilsinite dont il ne comprendrait peut être pas toutes les ficelles -sinon aucune-, il valait sans doute mieux ici s'y faire tout petit. Entrer, sortir, cela ne posait pas de problème. Aller trouver quelqu'un et discuter était possible. Tant que cela n'interrompait pas le débat en cours.

Bref, c'était là une affaire de bon sens.
De savoir vivre.
***



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Dhiwara 30 Agur 815 à 15h33
 

Elle avait reçu le message de son ordre ce matin. Maï Phé, son instructeur parmi les Prédicateurs, avait pris la peine de rédiger lui-même l'information. Cela soulignait à quelle point l'Ordre devait la considérer importante...

Oromonde considèra gravement la requête officielle. D'ordinaire, ce genre de problèmes était géré par les maîtres Prédicateurs eux-mêmes, ou bien par des Conjurateurs. En tant que novice, il était curieux de recevoir une telle responsabilité. C'était à la fois la marque d'un grand honneur...et aussi, elle n'en doutait pas, un test. Maï Phé et les autres n'étaient pas arrivés à leur position par une nature complaisante. Le Destin n'élevait pas ses élus au hasard. Sa main invisible était même, en fait, sagement guidée...

Elle n'était pourtant pas ravie de la nouvelle. Ces dernières semaines avaient été éprouvantes et elle peinait à l'idée de se lancer dans une nouvelle enquête. Avec un soupir, elle rajusta les couches de son ample kimono et la sévèrité auguste de sa tenue et de son chignon. Sa patience avait été élimée par les derniers évènements, et sa figure s'était singulièrement creusée et cernée.

Elle espérait que l'affaire serait réglée rapidement. Comment s'appelait le type, déjà ? Sytrara. De l'Ecole du Puits. Elle n'avait pas plus d'informations sur sa localisation. Mais son bref séjour au Kil'sin lui avait appris qu'il existait un Comité de Guides Urbains spécialement dévoués, en échange de quelques monnaies trébuchantes, à guider ses concitoyens vers les locaux de multiples comités qui naissaient et mourraient parfois si vite qu'il était difficile d'en tenir une cartographie exacte. Avec de la chance, cette fameuse "Ecole" ne serait pas trop difficile à trouver dans cette immense botte de foin que représentait le Kil.

Il s'avéra que les Guides Urbains savaient où dénicher le noyau de cette école. Il s'avéra aussi assez vite, malheureusement, que les locaux étaient vides. Pendant un instant, Oromonde se dit qu'il devait être trop tard et qu'elle avait excédé les horaires d'ouvertures de ce comité. ça avait des horaires, les comités ?...Alors qu'elle allait abandonner et remettre sa visite au lendemain, elle fût enfin remarquée par une âme vivante.

Un homme d'âge mûr, assez bien portant et vêtu de rouge, en compagnie de deux autres personnes un peu plus jeunes dont l'allure générale, un peu dégingandée, lui évoqua le mot "étudiant." Il l'interpella poliment en krolanne, et presque sans surprise malgré l'évidente étrangeté de la lanyshta :

" - Si vous veniez discuter avec les nôtres, vous devriez savoir qu'ils sont actuellement en assemblée au Hall.
- Ah,"
répondit sobrement Oromonde avec son habituelle loquacité. " - Quand seront-ils disponibles ? J'ai une...question diplomatique à soumettre aux représentants de votre comité." Elle avait choisi prudemment ses termes, mais n'était pas capable d'évaluer s'ils étaient appropriés à ces échanges kilsinites exotiques. L'homme rouge échangea un regard avec ses camarades, et proposa assez rapidement :

" - Le plus simple serait sans doute de nous accompagner. Nous nous y rendions."

Impossible de décliner l'offre. Ce serait malpoli. Sans trop savoir où elle mettait les pieds, la Prédicatrice accepta la proposition de celui qui allait se présenter plus tard sous le nom de Gorgias, grand orateur local, apparemment. Ses étudiants, ou suivants, ou sycophantes, ou élèves, ou proches, ou égaux - elle n'arrivait pas à déterminer leur place exacte - se présentèrent également, des noms un peu rugueux et inhabituels pour elle. Quelque chose comme 'Glaucon' et 'Polos'. En chemin, le trio entreprit de débattre sur les raisons de son séjour ici et lui présentèrent avec une curiosité polie quelque histoire liée à quelque édifice. Assez vite, Oromonde se demanda comment on pouvait parler autant. Les kilsinites lui faisaient souvent cet effet.

On imagine alors la réaction crispée de la jeune femme en arrivant au fameux Hall. Ah ! Elle n'avait sans doute pas imaginé ça ! Certes, les manuels d'instruction publique de son quartier avaient fait part de quelques images peintes représentant les assemblées kilsinites...mais jamais elle n'aurait cru y mettre les pieds un jour ! Elle en fût d'autant plus déstabilisée qu'elle pénétra en cet auguste lieu dans l'indifférence la plus complète. Elle remarqua que sa légère surprise parût ravir Gorgias, bien que ce dernier se garda d'afficher quelque expression. Elle se déplaça avec son manque de grâce et sa raideur de grand oiseau de mauvais augure habituel, en vue d'un endroit où prendre place.

Comment était-elle supposée trouver ou reconnaître qui que ce soit dans cette masse agitée de soubresauts rhétoriques ? Heureusement, les cours que lui avaient donnés Rhôz en patois permettaient à la jeune femme de comprendre ses voisins et les intervenants. Cela ne l'aidait guère, par contre, à comprendre les enjeux de la situation...Oromonde prit place près de ses accompagnants. Assez vite, il lui sembla que le dit trio était en opposition théorique avec tout ce qu'il se disait sur place. On parlait là de...vigilance ? De passage ? De justicier ?

La mine imperturbable, la Prédicatrice croisa les mains, la nuque droite et raide, en tâchant de démêler les arcanes et complexités du jeu dans lequel elle venait d'entrer sans même le savoir. En-dehors d'un souci d'analyse critique de la situation, elle n'était pas sans curiosité non plus devant les us et coutumes de ces gens qui paraissaient si impliqués dans cette conversation à plusieurs tours. Peut-être que les choses lui apparaîtraient plus clairement en examinant prudemment la situation.




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Matal 1 Saptawarar 815 à 22h39
 
La vérité est toute relative.
Constat bien pratique pour un beau parleur. Sans Absolu, il suffit de persuader son auditoire à l'aide de quelques effets de manches et cela ferait une vérité suffisante. En somme, celui qui parle le mieux, pouvait prétendre être le détenteur du Sens, de la Légitimité, de la Justice, de la Vertu. Juste avec quelques mots, il dominait le monde.

Sauf qu'au Kil'sin, ce n'était pas aussi simple.
Parler bien était une modalité, un moyen, un premier pas. Cela ne constituait aucunement une pensée, une fondation, une pertinence. Hors c'était bien de cela qu'il était question en ce lieu.


"...qu'il faut les laisser tranquille. Nous avons le beau rôle, nous, à dresser des portraits, à chercher un ordre là où déjà un Ordre est né spontanément. Ne soyons pas médiocres, ô amis, ne nous comportons pas comme de faibles citoyens cherchant à tirer vers le bas ce qu'il y a de meilleur dans notre Quartier. Ces Comités de Vigilance regroupent parmi certains de nos plus grands Passeurs. Dois-je vraiment les nommer ici? Philandre, Akhémis, Jara, Septon, Bal'samak. Croyons nous vraiment que jeter l'opprobre sur cette branche activiste des Vigilants, nous allons régler le problème? Ouvrez les yeux, ils répondent à une cause dont nous savons tous qu'elle génère bien davantage que de la peur." énonça celui que l'on nommera le Sophiste. Sa tirade plomba l'assemblée. Un certain style, un certain flot, quelques figures de styles, et un propos qui retournait ce qu'un avocat aurait désigné comme la 'charge de la preuve'. Plus que d'ancrer le débat dans une chasse aux sorcières organisée, il eut le mérite de faire prendre conscience à tous des allures de procès que tout cela prenait. Malgré la mesure, malgré la pertinence, malgré la relativité, certaines nuances avaient été oublié.

Et paradoxalement, c'était un homme ne croyant pas en la Vérité qui la fit jaillir aux yeux de tous.
Pas vraiment tous...

Beaucoup de ce qui se jouait ici se passait sans Mot. Des regards, des postures, des groupes de pensées. Ceux qui ne parlaient pas été eux aussi acteurs. Ils existaient bel et bien, et souvent un preneur de parole portait ses yeux sur un autre comme pour lui adresser quelques arguments bien précis. Dans l'inertie d'un discours, on y faisait pas attention.
Hors, avec le silence qui s'était produit quelques brèves secondes, cela fut des plus visible. Et soudainement apparurent les 'autres', des Passeurs de l'Ombre, des orateurs muets, des penseurs expressif, des êtres au charisme tranquille.

L'un d'entre eux, le vieux Déimos, s'était levé, augurant une intervention qui relancerait la machine discursive.

"Je haïs de devoir dire cela mais, notre brave ami a raison au moins sur un point : la cause dont nous parlons sans la nommer est au fondement de beaucoup d'autres phénomènes dans notre Quartier. Pas seulement la Vigilance. Hors, ce n'était pas le seul sujet de ce soir. Les problèmes d'approvisionnement des Imprimeurs, le bilan du Treuil mis en place par les Démarcheurs, la polémique entre Parmide et Héclite sur certaines méthodes de transmission. Et oui, après oui, il y a ce problème d'insécurité qui chamboule les esprits, qui fait partir nos meilleures têtes et nos meilleurs bras dans cette Vigilance. Je suggère de réserver le Hall, la semaine prochaine, à la même heure, pour ne parler que de cela. En attendant, laissons ce sujet aux Grands Comités." conclusion faite en levant un bras vers l'individu à l'écart vers qui avaient attiré tant d'attention par sa posture affirmée de spectateur. Le seul dans ces lieux à l'être.

Le seul?
Il y avait aussi Oromonde, le hasard l'avait voulu ainsi.
Et lorsque qu'il se rassit, les accompagnateurs de la Prédicatrice lui désignèrent le vieux bonhomme qui venait d'intervenir, et mettre de l'ordre. Apparemment, c'était le doyen de l'Ecole du Puits. A côté, on lui indiqua qu'il y avait Léthine, ainsi que Calliopée. Le type avec la canne et les yeux un peu dans le flou, c'était un dénommé Mizar. Ils pourraient sans doute l'aider dans ses demandes, mais le dernier faisait partie des fondateurs du Comité -les Pégadistes ou Pégéistes?-. Si elle arrivait à se faufiler jusqu'à eux.

Car non, le débat n'était pas terminé, il reprit de plus belle.
Et d'après ce que put comprendre la Kildéenne, on était encore loin de l'heure du vote.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Oromonde
Prédicateur
Kil'dé  
Le Merakih 2 Saptawarar 815 à 09h12
 
L'assemblée se poursuit, sans qu'Oromonde parvienne à identifier ni le thème ni le rhème de la conversation. Ça avait l'air de parler de Vigilance, de sécurité, de transmission (de maladies?), de balsamique (l'espèce de vinaigre qu'ils produisaient ici) ?...Même si son esprit ne saisissait ni les enjeux, ni les raisons de ce qui ne lui paraissait être qu'une parade oratoire sous couvert de bons sentiments, il y avait tout de même quelque chose de fascinant dans la mécanique de l'ensemble. Evidemment, si parler n'était ici qu'une modalité, ça posait problème pour l'étrangère chez qui la parole fixait l'acte et la vie même...

Bref, Oromonde n'aurait sans doute jamais pu identifié les représentants de l'Ecole du Puits sans l'aide aimable de ses accompagnateurs. Elle les en remercia poliment et tâcha de repérer les individus désignés. Le vieil homme qui avait pris la parole, c'était facile. Les femmes à ses côtés, déjà un peu moins. L'homme avec une canne et les yeux dans le vague, ça devrait le faire. Il n'y en avait pas tant que ça sur l'agora.


Le problème était peut-être moins de les reconnaître que de trouver un chemin jusqu'à eux. La place était encombrée de corps aiguisés par...par ce qu'il devait se passer ici, et Oromonde devait bien reconnaître qu'il n'allait pas être facile de passer sans boucher la vue ou écraser les pieds de ces malheureux. Rien que de regarder le trajet à accomplir était désespérant. 

Mais relativisons. Que pouvait-il bien lui arriver de grave ? A part le fait de se mettre en scène, ce qu'elle abhorrait profondément, elle risquait de se montrer incivile et maladroite, ce qu'elle détestait aussi en réfléchissant. Ah, il y aurait le risque d'apparaître idiote, mais ça, elle en avait l'habitude. Au cours de son existence, personne ne lui avait jamais fait l'éloge de son adresse, ni physique, ni intellectuelle. Et on ne grandit pas comme apprentie du boucher du coin sans se constituer une réserve assez importance de dérision sur soi-même...

Bon, tant pis. Elle n'allait pas passer le reste de la soirée vissée à ce banc, aussi admirable soit le spectacle qu'offrait le Hall et ses participants. Peut être y avait-il de grandes traditions dans cet endroit, comme de ne pas marcher sur ses voisins, mais elle l'ignorait et de toute façon le Sin ne lui avait pas fait l'effet d'être ouvertement traditionaliste (malgré quelques structures répétitives et sacralisées que les habitants semblaient effectuer inconsciemment.) Déployant sa carcasse rêche, la jeune femme tâcha de se faufiler jusqu'au groupe indiqué par Gorgias et les siens, reptation longiligne ponctuée de  : « Je m'excuse », « Désolée », « Pardonnez-moi, il faut que je passe.,» « Oups », « Non, nous ne nous sommes jamais vus auparavant, monsieur »,




Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume*
 
Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Merakih 2 Saptawarar 815 à 22h14
 
Autant dire qu'on la vit arriver.
Mais contrairement à ce qu'elle pensait, cela ne dérangea personne vraiment. Il fallait pousser et faire son chemin, pourtant aucun ne râla à son passage. A priori, c'était même assez normal de devoir se battre pour arriver à destination. Il fallait se donner du mal. Rien arrive sans rien. On pouvait décliner ainsi toutes les morales adéquates à la situation à l'infini tant il sembla réellement naturel d'agir ainsi en ces lieux, parmi ces Kil'sinites.

Le seul crédo : ne pas interrompre les Palabres.
Et pas juste parce qu'on aimait ça.
Parce qu'il fallait que le discours aboutisse, qu'on arrive à saturation si il le fallait, l'assemblée arbitrerait les sujets qu'elle était venue traiter.


***
D'ailleurs, ça continuait d'argumenter.
La salle semblait s'être même remplie et animée davantage encore.



"...ainsi qu'on le souhaitait avec le Treuil. On touche un plus grand nombre et dans des lieux plus divers encore. Mais c'est assez épuisant. L'expérience méritait d'être essayée, mais nous craignons d'y perdre un peu de l'authenticité de cette unique mise en oeuvre. Et puis nous n'avons pas l'intention de devenir des porteurs de bonne parole, ou des prosélytes en puissance. On laisse la scyllarde aux autres. C'est pourtant le risque du Treuil. Aussi nous allons bien réfléchir avant le prochain essai."

Conclusion d'une longue tirade sur cette histoire de Treuil à maintes reprises évoqués.
La petite remarque argotisé sur Scylla ne manquera sans doute pas de frétiller aux oreilles de ces 'autres'.
***


Ce fut Léthine qui la remarqua en premier.
Le regard accueillant, elle avait comme déjà compris qu'Oromonde, bien qu'ayant enfin trouvé son chemin, était bel et bien perdue dans cet univers du Sin. On l'avait bien renseigné : Léthine était membre de l'Ecole du Puits.
Que pouvait-elle faire pour la Prédicatrice? Répondre à quelques questions sur un certain Sytrara.
Elle indiqua ne pas être la mieux placée pour en parler et se tourna vers Déimos. Mais hésita avant de rediriger Oromonde.

Finalement, elle se pencha vers l'autre femme et lui glissa quelques.
Cette dernière -Calliopée- grimaça un peu à l'idée d'être dérangé, mais passa le message...en mettant un léger coup de main sur le genou de l'homme à la canne. Une tendresse qui cachait sans doute plein de nuance.

***

Léthine, un visage malicieux, la véritable Respiration du Puits.
***


Léthine revint vers Oromonde et l'invita en krolanne :
"Allez voir, Mizar, il pourra vous aider."

Mizar? L'homme à la canne donc. Malgré le coup sur le genou, il n'avait pas bronché. Pas moche, bien fait. Quand même un peu mal voyant -vu l'allure, on eut dit un aveugle-, et sur le visage une certaine sérénité.


***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***

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