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Traque.
Tout simplement
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Merakih 25 Nohanur 815 à 19h06
 
HRP : Les différents éléments de ce sujet ne devrait pas se dérouler exclusivement au Kil'sin, loin s'en faut. Mieux vaut considérer ce sujet comme un "squelette" sur lequel, selon les cas, viendront se greffer un pointage vers un micro-sujet à tel ou tel endroit, ou un compte-rendu personnel de la part de Jade une fois sa mission terminée.

Il y a des mots qu'on peut voir de plusieurs façons, surtout des mots que la morale populaire empreint de noblesse : Vérité, Bien commun, Consensus... Et d'autres qui vouent la cible aux gémonies : Traitrise, Meurtre, Assassinat...

Au final, tout est une question de point de vue, et lorsque deux personnes, ou deux groupes, s'opposent systématiquement sur une question de point de vue, les choses se bloquent, la machine se grippe, et plus rien ne fonctionne.
Il faut alors flanquer un bon coup de marteau dans l'ensemble, pour faire sauter la partie corrompue.

Bien sûr, la manœuvre est délicate, et une fois lancée, elle ne peut plus être arrêtée : si d'un coup de marteau on a délogé une pièce, mais qu'on en a faussé une autre, celle-ci sera à son tour bloquante, et il faudra, encore, donner du marteau. Et qu'une autre pièce soit froissée… Etc. On avait intérêt à avoir la foi en la capacité de réassembler une machine avec la moitié des éléments.

Elle avait, clairement, au vu et au su de tous, exprimé son opinion à ce sujet, déjà il y a plusieurs mois, et plus dernièrement, de façon encore plus explicite, au cours de divers entretiens : certaines personnes étaient devenues indésirables, bloquantes, et seraient éliminées.
Pour l'instant, elles étaient en nombre restreint. Une mission par personne, donc. Minimum.
Car oui, le cas optimal ne devait pas être enterré d'office. Le cas où, après une défaite, le vaincu se relevait et proposait au vainqueur de désormais travailler main dans la main, plutôt que de risquer une répétition douloureuse des événements récents, n'était pas à négliger, même s'il restait hautement improbable.
De façon bien plus vraisemblable, ce ne serait pas vu comme une défaite dans une épreuve de force, mais comme une trahison, une tricherie, un moyen odieux de ne pas se soumettre à des règles arbitraires qui pouvaient d'autant mieux les maintenir en position de force que Jade n'avait pas réellement tenté de combattre sur ce terrain là, se contentant de tester les lignes de défenses, les angles d'attaque et la détermination. Elle les entendait déjà, hurler à la folle meurtrière, à peine remises de leurs blessures, pour inciter à un ostracisme, à la haine, au jugement à la petite semaine, sans tenir compte ni des causes, ni des conséquences. D'autant plus que les déclarations de Carmïnn sur Jykoss leur ferait miroiter une porte de sortie, une revanche possible, les leurrerait sur leurs possibilités.

Il faudrait alors, sans doute, recommencer, en boucle, régulièrement, jusqu'à leur briser définitivement les reins, ou au moins s'assurer que leurs propos acerbes ne polluent plus à l'envie les pensées des autres. Jusqu'à retrouver une liberté de mouvement que, depuis plus d'un an, on lui déniait.
Sans compter que, si elles en avaient contaminé certains, il faudrait aussi éliminer ceux-là…

C'était dommage. Là où elle avait initialement proposé une alliance d'égal à égal, elle avait reçu la manipulation, qui l'avait contrainte à réagir. Et quand, malgré les mensonges et les insultes, elle avait quand même tenté de proposer la paix, sur un thème on ne peut plus fédérateur -le sauvetage d'une de leurs amies, que Jade ne connaissait pas par ailleurs, dans les égouts- elles avaient craché dans la main tendue, ajoutant une nouvelle dose de cachotteries et de suspicions.

Du coup, ne restait qu'une méthode -non, deux, si on envisageait un instant d'ignorer les autres, de se cacher les yeux et les oreilles, de faire comme si de rien n'était, se dire qu'avec le temps, les blessures disparaîtraient, et de fuir tout les lieux qu'elles côtoyaient, jusqu'au jour où, telle une hydre famélique ayant pris son temps pour faire évoluer chacune de ses têtes, on se faisait déchiqueter sans possibilité de retour en arrière, juste paiement pour une idiotie naïve, mais Jade, pourtant adepte du ''ne négliger aucune piste'', ne l'envisageait pas, justement, pas après ce n-ième refus – qui, à sa façon, se détachait de tout concept de subjectivité.

La traque.



La perfection est amorale.
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Merakih 25 Nohanur 815 à 21h58
 
La traque...

On pouvait bien sûr la teinter de toutes sortes de qualificatifs, la louer, la conspuer, la désirer, la craindre, prier les dieux pour l'arrêter ou autre, dans les faits, la traque était un élément de pureté, à défaut de vérité, de jugement, à défaut de justice.

Dans les détails, bien sûr, il fallait plus que cela. La traque, c'était plus qu'un combat.

Car avant le coup fatal, l'achèvement de la traque, il fallait la puissance, la maîtrise des armes, qu'elles soient mentales ou physiques.

Avant de pouvoir user de la puissance des armes, il fallait pouvoir affecter son adversaire, et savoir éviter qu'il ne s'échappe au feu ou au fer.

Avant d'affecter son adversaire, il fallait le voir, pouvoir percer les voiles d'ombres dont certains adeptes se paraient.

Avant de voir son adversaire, il fallait pouvoir l'approcher, connaître les moyens de passer outre les verrous les plus complexes.

Avant de forcer la demeure de ses semblables, il fallait pouvoir sentir leur trace, afin de profiter d'une piste brillante jusqu'à eux.

Et avant tout, avant cela, il fallait associer une volonté à une odeur, ressentir leurs psychés sans se contenter d'un effleurement superficiel, il fallait toucher le fondement même de leur être, pouvoir les identifier afin de les nommer.

Elle l'avait. Elle le savait. Elle le pouvait. Elle les connaissaient. Elle les sentaient.
Alors, elle les nomma.


Jahel Tyrell.
Naoko.
Yloyse.


Quand ? Où ? Dans quel ordre ?
Quelque part, ces questions n'avaient plus d'importance, même le "Pourquoi ?" devenait accessoire.
Elle aurait aussi pu se demander si, en presque 6 mois, les proies avaient eu le temps de s'endurcir et de mettre en place des protections dignes de ce nom.
Étaient-ils prêts ?

Et elle-même, était-elle, vraiment, suffisamment prête ?

Car si cela faisait bien six mois qu'elle avait décidé de la réaliser, sauf un éventuel contre-ordre n'étant malheureusement jamais survenu, et que cela ne faisait que quelques semaines que la décision était devenue inéluctable, cela faisait plus d'un an, désormais, qu'elle s'y préparait, pressentant la suite prévisible des événements. Chaque petit instant qu'elle avait pu se ménager avait été entièrement dédié au besoin, peut-être, de devoir un jour éliminer des Lanyshstas. Cela en valait-il le coup ?
Tout cela s'effaçait, devant la pureté de la traque.

La traque était prête…
Elle pouvait commencer.



La perfection est amorale.
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Merakih 25 Nohanur 815 à 22h29
 
Et au final, le coup arriva encore plus vite que prévu.
Remonter la trace commençait à devenir facile -du moins facile contre les cibles non protégées, Carmïnn était inattaquable si elle le souhaitait, et l'Arlequin était une véritable plaie- et elle savait depuis quelques temps déjà que deux d'entre eux se trouvaient au Kil'sin.
Pas étonnant pour l'une d'elle, qui y habitait depuis si longtemps, mais pour l'autre, cela faisait plusieurs semaines qu'il restait loin du Kil'dara.
Ou même, une fois qu'elle eut pu confirmer qu'il était bien ce qu'il semblait être, et qu'elle eut pu se renseigner auprès de quelques personnes, depuis plusieurs mois.

Plusieurs mois que Jahel Tyrell se baladait dans son Kil d'élection, bien visible, bien tranquille, sans qu'elle ait eu le réseau pour la prévenir...
Pire : non seulement le Kil'darien n'était pas loin, non seulement il ne prenait pas de précautions, mais en plus, un témoignage de troisième main d'un pilier de bar laissait entendre qu'il n'hésitait pas trop à faire usage de ses pouvoirs face à la population !
Bon, les témoins ne savaient visiblement pas trop que penser de l'altercation, beaucoup avaient déjà oublié, et il était donc peu probable, sinon impossible, qu'il soit connu ou reconnu comme Lanyshsta, mais tout de même... Il aurait été mieux qu'il fasse ses démonstrations ailleurs.
Ou ne les fasse pas, tout simplement.

Mais pour le coup, elle ne pouvait pas utiliser mieux son réseau : plus elle l'utilisait, plus on savait ce qui l'intéressait, et plus on s'interrogerait sur diverses altérations. Bref, non seulement elle n'avait pas été prévenue, mais en plus, elle ne pouvait pas espérer être prévenue non plus à l'avenir.
Ce qui concernait les Lanyshstas était voué à être réglé par les Lanyshsta, à la façon Lanyshsta.
Il suffisait de prendre son mal en patience, et de le laisser à ses mauvaises habitudes.
Les portes. Et même la porte sauvage, comme on l’appelait, celle qui donnait sur la zone du même nom, celle d'où, peut-être, il pouvait sentir le mieux l'odeur de son chez soi.
Il avait été plusieurs fois vu à cet endroit, revenant éprouvé d'expéditions en solitaire. Les Garde-murailles devaient avoir pris l'habitude avec l'étranger, car il n'avait pas créé d'incident particulier -ou alors pas avant que Jade ne l'apprenne, les interrogatoires sur les périodes trop anciennes ayant ce point commun avec les questions trop précises qu'elles mettaient la puce à l'oreille. Mais là encore, ce n'est qu'après avoir localisé sa trace mentale plusieurs fois et avoir recoupé les relevés qu'elle avait pu savoir où chercher, et découvrir quelque chose qui se cachait sous son nez depuis le début.

Elle aurait pu l'attendre dehors.
Mais sans savoir ses parcours habituels, ni ses horaires, elle aurait pu attendre plusieurs jours au mauvais endroit.
Sans compter que si les trajets étaient vraiment réguliers, un non-retour poserait des questions.
Non, mieux valait l'éliminer à son retour. Plus sûr, plus prévisible.
Plus amoindri, aussi : à moins que le Lanyshsta ait viré débile, il partait au mieux de sa forme. S'il était amoindri, épuisé à force sans doute d'user de magie sur les cobayes de l'extérieur, il deviendrait plus aisé à abattre.

Bon, le toucher ne serait pas un problème.
Le toucher mortellement serait... Plus délicat. Elle prendrait des balles destinées à percer les protections les plus lourdes, bien sûr, mais un peu de chance et un solide bouclier risquaient de lui permettre d'encaisser un tir ou deux, et avant que le troisième n'arrive, il serait en train de courir.

Que faire dans un tel cas ? Poursuivre la proie ? Cela signifierait descendre de son perchoir, en lui laissant de l'avance.
Et si la localisation globale était parfaite, elle était incapable de se concentrer à un point tel qu'elle pourrait le localiser aisément à travers les dédales de rues. Sans compter que courir en se concentrant... Bof.
Mieux vaudrait attendre qu'il repasse par là.

Niveau discrétion, elle ne craignait pas de se faire prendre, non plus : une fois la nuit tombée, sur les toits, avec sa carapace d'ombres, elle aurait pu avoir une meute de chiens de chasse aux trousses qu'elle serait restée confiante.

Non, la vraie menace, c'était les krolannes.
Son arme était assez discrète pour brouiller les pistes, mais n'était pas totalement silencieuse non plus. Le son serait entendu, les cris de douleur -à moins qu'elle ne touche le coeur au premier tir, mais à cette distance, elle n'en était pas sûre du tout- attirerait le monde.

Le tout serait de parvenir à dissimuler non pas tant le meurtre que la nature de la victime.
L'assassinat pouvait être facile. Le reste... Le serait moins.


Et voici le papillon qui approche de la flamme. Retour au Kil'dara, mec.

Tiens, elle était sacrément en train de puiser dans l'Onyx, ses paroles s'en ressentaient.
Un bien ou un mal ? On verrait.

Feu.



La perfection est amorale.
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Merakih 25 Nohanur 815 à 23h32
 
Deux tirs. Le premier avait été un image même de la perfection, une oeuvre d'art, une de ces choses qu'on tente sans même vraiment espérer les réussir...

La trajectoire plongeante s'orientait droit vers les côtes du Lanyshstas, et la flamme de bouche, quoique amoindrie, avait du lui attirer l'oeil -après tout, elle était directement orientée vers lui.
Il avait, par réflexe, tourné la tête, bloquant instinctivement le reste des muscles pour stabiliser le mouvement.

Le cœur. Pas sûre du tout, mais au final, c'était bien là qu'elle avait touché, perforant le muscle cardiaque sans laisser la moindre chance à sa proie.
En extérieur, elle aurait peut-être mis un tel tir à contribution pour une meilleure étude des effets des mutilations pré et post-mortem, se rapprochant calmement d'une proie condamnée par une blessure fatale, mais ici, le second tir était parti avant même qu'elle n'ait pu pleinement analyser les effets du premier.

Il avait soudainement été privé de sa voix, incapable de jurer ou de crier à l'aide, la seconde balle lui explosant le sternum et abrégeant une mise à mort étonnamment facile.
Elle avait visé le cœur en se fiant au pouvoir de pénétration de ses balles, confiante en le fait qu'une chemise bouffante ne pouvait pas dissimuler une armure bien lourde.
Et effectivement, la protection était des plus légères.

Depuis quand on s'aventurait à l'extérieur à moitié à poil ?

Bon, pas de cri de douleur, une activité réduite à cette heure et à cet endroit -une rue de la Porte, trop loin des Garde-murailles, trop près des murs- et le son était étouffé, mais quand même, un volet qui claque, un "c'était quoi, ça ?" anxieux de l'autre côté, ça risquait de venir aux renseignements assez vite.

Jade descendait déjà, se laissant glisser le long des montants de l'échelle métallique plutôt que de descendre les barreaux un par un.
Là-bas. Le corps et...
Merde !
Ouf, non. La silhouette n'était pas un enfant penché, juste un chat trop curieux. Elle était la première krolanne -enfin, krolanne...- sur place.
Retirer sa cape, la jeter sur le corps. Dans la pénombre, son sort lui assurait la discrétion, mais la tenue du défunt, par contre, n'avait rien de discret.
Une bourse pansue attirait aussi l'oeil exercé de la voleuse, et..

Depuis quand on s'aventurait à l'extérieur à moitié à poil et si fortuné ?

Bon, au moins, ça lui rembourserait la cape si les tâches étaient irrattrapables.
Maintenant, deux possibilités : soit le corps se dématérialisait, et elle pouvait repartir tranquillement -tenter de récupérer la première balle, peut-être. Zut, il fallait vérifier s'il y avait ou non un orifice de sortie. La seconde ne posait pas ce problème, au moins- sans laisser plus de trace qu'un peu de sang -et encore, vu qu'à priori une partie partait avec le possesseur...
Soit le corps restait là, et elle avait un cadavre sur les bras. Bon, elle avait bien le couteau destiné à mutiler les plaies pour brouiller les pistes, et les pistolets primitifs à déposer près du cadavre pour qu'on pense que c'était lui qui s'était défendu, mais ça resterait le cadavre de l'étranger auquel les gardes s'étaient habitués.

Troisième possibilité, même. Qu'il reste assez longtemps pour que les Garde-murailles rappliquent et le trouve, et qu'il se désagrège à ce moment là.
Tuer les gardes pour préserver le secret de la dématérialisation ? Ou laisser une bouteille d'alcool fort qui permettrait de décrédibiliser leur rapport et les faire douter des événements de la nuit ?
Niveau alcool, elle n'avait rien de prévu, là...

Bon. Attendre une minute, pour voir s'ils avaient localisé l'endroit ou pas, et agir en fonction de ça.
Pour l'instant, attendre. Et se préparer au tumulte sur les Entrelacs.

Oh, et prévoir la prochaine cible, aussi, à priori, la tisserande n'était pas trop loin, elle pouvait toujours avoir autant de chance, et la saisir à froid, avant que celle-ci ne soit au courant de la mort de sa mascotte.
Elle avait, au mieux, une journée pour localiser mentalement la tisserande, et trouver un endroit adéquat, ainsi que des conditions optimales.
C'était comme toucher le cœur : mieux valait ne pas compter dessus.
Mais les bonnes surprises pouvaient toujours arriver, la preuve...



La perfection est amorale.
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Sukra 28 Nohanur 815 à 08h22
 
Enfin, les choses changèrent.
Là, à attendre, dans le noir, elle s'était presque résignée à devoir travestir le corps, ayant déjà sa lame en main.
Mais le léger frémissement, comme une oscillation de la pression uniquement décelable par le sens magique, était un premier signe qu'elle avait le loisir d'observer mieux que la dernière fois, avec Cal Keran. Elle était devenue plus sensible, aussi.
L'aspect visuel de la dématérialisation, un tremblement des chairs, n'apparut que près de quinze secondes plus tard.
Est-ce qu'en continuant à développer ses pouvoirs elle pouvait espérer remarquer les signes précurseurs d'une dématérialisation ?
Pas qu'elle ait l'intention de s'en servir tout les jours, mais ce pourrait toujours être utile.

Quoiqu'il en soit, il restait quelque chose à tester.
Si avec Cal, le fait de puiser dans son essence afin d'alimenter un pouvoir avait été un échec complet, cela ne signifiait pas que c'était impossible dans l'autre sens.
Apposant ses deux mains sur le cadavre en train de se dissoudre, elle projeta sa puissance magique, afin d'insuffler en profondeur une énergie mortifère aux éléments qui se dispersaient.
De quoi provoquer une mort définitive ? Sans doute pas, un effondrement de la structure aurait pu lui donner un tel espoir, mais ce n'était pas le cas.
Une lésion permanente ? Difficile de voir si le flux avait été perturbé, c'était comme analyser les effets d'un caillou lancé au milieu d'un tourbillon.
Au mieux, elle venait de s'approcher un peu plus de son objectif. Au pire... Bah, elle venait juste de rayer une autre méthode inutile de sa liste.

Un truc, là-bas !

Ah, ça, forcément, à se lâcher sur la décharge magique, même avec un bon camouflage optique, il y avait des fuites.
Le corps achevait de se dissoudre, emmenant avec lui ses possessions.


Oups...

L'argent n'a ni odeur ni maître, et les graines du Kil'darien restaient là. Mais la bourse de cuir brodée, elle, venait de disparaître, laissant les petites sphères se répandre sur la chaussée.

En récupérer la majorité dans ses mains jointes, en laisser quelques unes sur place.
Les gens avaient moins tendance à se poser des questions quand ils avaient l'occasion à la place de louer leur bonne fortune, et surtout, récupérer chaque graine à tâtons lui prendrait trois fois le temps nécessaire aux krolannes pour arriver.

Bon, cas un traité, jusqu'à sa probable réapparition.
A voir s'il serait assez stupide pour, comme la fois précédente, afficher ouvertement son hostilité et recommencer la guerre de communication vis à vis des autres Lanyshstas. Dans ce cas, elle aurait l'occasion de recommencer ses expériences. Sinon... Bah, elle avait autre chose à faire de toutes façons.

Mais en attendant, cible suivante.

Naoko.


La perfection est amorale.
 
Jade Srhaggelle
Représentant,
la Vigilance

Kil'sin  
Le Sukra 28 Nohanur 815 à 12h33
 
La localisation mentale avait beau être l'outil de traque ultime contre des cibles non protégées, le fait de savoir trouver une proie ne signifiait pas forcément pouvoir l'atteindre.

Alors qu'elle s'était rapidement déplacée vers le nord-est, dans la zone séparant le Kil'sin du Kil'dé, elle avait du déchanter tout aussi rapidement. Oui, par certains aspects, la zone était parfaite pour une embuscade. Même si elle était idéale pour se cacher -le nombre de bâtiments abandonnés rendait toute exploration conventionnelle impossible- le nombre de points de passages praticables était restreint, et que sa cible se trouve dans le coin, et elle n'aurait qu'à attendre de la voir passer pour s'en occuper, la localisation permettant de savoir si elle approchait.
Mais alors qu'elle commençait à prendre la mesure du lieu, à prévoir un poste de tir, une nouvelle localisation lui avait renvoyé le sud.
Vers le Kil'sin.
Elles s'étaient donc sans doute croisées dans le dédale, et la tisserande était de retour en ville.
Bon...

La localisation fonctionnait selon un mode de direction et distance : trop loin, elle ne pouvait pas donner la localisation précise, juste une idée de l'emplacement. "vers le Kil'sin" et certainement dans ses limites, vers le centre.
Que ce soit dans les Puces Koï ou à la Place des Heures Vives, cela allait poser problème : Plus de monde à cette heure ci, et moins de mauvaises habitudes à analyser.
En temps que Kil'sinite, Naoko se glissait naturellement plus facilement dans le Kil, et, même physiquement, elle dénotait moins.

Impossible de pouvoir espérer lui tomber dessus par surprise, donc, du moins aujourd'hui.
Jahell s'étant dématérialisé, il se rematérialiserait sans doute bientôt, et les préviendrait donc.
Elles seraient sans doute très vigilantes dans un premier temps, l'habitude reprenant ensuite ses droits.
Décaler la traque de quelques semaines afin de les prendre par surprise ?

A moins que...
A moins qu'elles ne réagissent pas comme le ferait n'importe quel membre du troupeau, et qu'elles tentent de réfléchir comme Jade, en terme de comportement global. De ce fait, elles envisageraient certainement que, dans un cas classique, un agressé se cacherait, et qu'un agresseur intelligent rongerait son frein, attendant un meilleur moment. Et qu'elles pouvaient donc en profiter pour se préparer au mieux -pas seulement en terme de physique ou d'équipement, plutôt socialement, à battre la campagne et rameuter les troupes- sachant qu'elles avaient quelque temps de libre, le temps que d'autres commencent à se sentir rassurés dans de semblables circonstances.

De fait, les frapper alors même qu'elles pensaient être en sécurité -justement parce qu'elles étaient sensées être menacées, donc ultra-vigilantes, donc délaissées- pouvait s'avérer la meilleure des protections.

Dilemme.
Ceci dit, un autre dilemme était nettement plus aisé à résoudre : savoir où frapper.
Pour l'instant, elle avait le choix entre l'Extérieur, le Kil'sin, le Kil'dara et le Kil'dé.
A l'Extérieur, c'était simple. Simple à trouver, simple à éliminer sans se limiter sur les pouvoirs. Simple d'éliminer d'éventuels témoins gênants, si le besoin s'en faisait sentir.
Au Kil'sin, elle avait la possibilité de trouver la faille parmi un élément extérieur. Qu'Yloyse revienne, et elle devrait pouvoir s'en occuper relativement aisément, même si elle était "guidée". Pour une native comme Naoko, c'était plus délicat, elle n'avait pas les moyens de contrôler tout ses déplacements, et même ceux qu'elle pouvait suivre risquaient de l'amener dans des endroits de sécurité, ne serait-ce que par le nombre de personnes présentes -éliminer les vingt membres d'une expédition à trois jours de marche du Kil'sin, c'était faisable. Faire de même avec les cent passants dans la rue avant qu'ils ne se dispersent à travers tout, non. Le problème n'était pas tant qu'elle parvienne à ne pas se faire voir, mais plutôt à récupérer le corps avant sa dissolution. D'un côté c'était pratique -en révélant ainsi la nature de Lanyshsta de la personne assassinée, elle diminuait le risque de psychose, une rumeur de "tueur de Lanyshstas" étant bien plus contrôlable- d'un autre, elle préférait garder le plus longtemps possible cette particularité secrète.
Secrète pour les masses, du moins.
Au Kil'dé, elles seraient toutes étrangères, et il ne fallait pas compter sur une localisation facile de ses proies. Ni sur de bons points de vue. Un travail au contact ? Les autorités ne sauraient pas trop où regarder, mais mieux valait prévoir une sortie rapide, ou un solide alibi.
Au Kil'dara... C'était pire, vu qu'elle pouvait se retrouver dans un cas étrangère contre native. Elle n'avait pas d'inquiétude particulière sur le fait que l'on retourne l'action contre elle, mais déjà, quoique logique, la densité de l'agencement des bâtiments rendrait la localisation très pénible. Ensuite, l'Outre-Science risquait de s'emparer des éléments étranges avec une célérité certaine, les témoins ayant naturellement plus l'habitude de rapports exhaustifs. Enfin, et ce n'était pas le moindre des problèmes, toute "fuite" sur les Lanyshstas serait méticuleusement exploitée par le C.I.E.N.
Bref, si elle devait aller travailler au Kil'dara, il faudrait privilégier l’exécution au corps à corps, les yeux dans les yeux. Ce dont elle ne raffolait pas spécialement, pour ne pas dire spécialement pas.

Où ? Quand ? Qui ?
Elle était incapable de répondre dans le cas présent.
Mais pour elle, ce n'était que des questions d'ordre technique.

Depuis qu'elle avait exposé son projet publiquement, ils avaient eu le temps de prendre ses propos pour une menace en l'air. Même quand elle avait expliqué à Nogarde qu'elle allait l'éliminer, le fait qu'il disparaisse sans qu'elle ait besoin d'intervenir avait du aider à la classer parmi les "grande gueule et petits bras". Bref, le "où quand qui" était son unique problème.

L'élimination de Jahell avait au moins le mérite de mettre les points sur les "i", de prouver sa détermination et la réalité de son plan. Dès lors, le "où quand qui" devenait partagé, et elles auraient le loisir de se poser les questions, de revérifier trois fois leur porte le soir, d'hésiter avant de sortir dans la rue.
Qu'elle-même ne puisse plus remuer une oreille sur les Entrelacs depuis le Fortin sans baigner dans l'hostilité avait été une gêne. Ne plus pouvoir bouger une oreille dans leurs Sharss par peur de la balle vengeresse serait une peur.
Dommage que Jade ne goûte guère à de telles satisfactions émotionnelles, sinon elle aurait à loisir prolongé une telle attente, chaque jour passant pouvant se considérer tel une douce vengeance.

Mais au moins, la balle avait changé de camp, et ça faisait du bien.



La perfection est amorale.

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