C'est une étrange adolescente qui déambule dans les rues du Sin, au gré des échoppes. Entre deux âges : ni une enfant mais pas tout à fait une adulte. Entre deux sexes : est-ce vraiment une femme, avec son corps sans forme et son visage sans genre ? Habillée d'une longue cape qui retombe sur son buste plat, d'un pantalon simple et de bottes d'excellentes factures, Thaïs d'Ascara se promène tranquillement. Elle s'arrête aux boutiques, examine la marchandise, ne dit rien, repart. Semble chercher quelque-chose qu'elle ne trouve pas. Observe, à la dérobée, les Kil'Sinnites autour d'elle, très manifestement étrangère dans cette foule. Pourtant pas apeurée ou perdue, au contraire très sûre d'elle, s'en allant d'un pas dénué d'hésitation. Tâtonnante, mais avec certitude.
Ambigüe, comme toujours.
A sa ceinture, dans les interstices que laisse apparaître la cape mouvante, une bourse bien remplie se distingue. Au-delà de toute prudence, la jeune femme semble se promener avec une véritable fortune. Qu'elle ne semble pas craindre de se faire voler.
A l'occasion, à qui l'observe plus d'une minute ou deux, l'étrangère laisse filtrer quelques gestes équivoques : une fois elle rattrape un fruit qui tombe avec une rapidité étonnante, une autre elle semble tenter de capter l'aura d'une lame en glissant ses doigts dessus, plusieurs fois encore elle trahit quelques réflexes, pas souples, gestes de défense ou d'attaque, alors qu'elle manque de se faire bousculer. Se reprend vite, sourit d'un air du touriste abruti puis s'éloigne. Sous le regard curieux de quelques commerçants se demandant d'où vient l'énergumène et si, bon sang, c'est un homme ou une femme qui vient d'examiner leur marchandise...
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