Installée à son établis de la serre, Naoko profitait de la force du soleil pour travailler un diamant. La pierre, légèrement bleutée tirait sur les trente carat et promettait d'orner une paire d'alliance en or blanc. La commande n'était pas particulièrement pressée. Mais le croquis qu'on lui avait fait des bagues avait su suffisamment l'inspirer pour l'inciter a dépasser les espérances les plus folles de son client.

Il était parfois satisfaisant de récompenser le bon goût. Et elle pouvait bien s'offrir le luxe de transformer une commande inspirante en chef d’œuvre. Oh... Bien sûr les oiseaux de paradis avaient quelque chose de presque banal au sin et leur symbolique était des plus éculées mais le trait de l'artiste avait su les marier aussi bien aux plantes et au vent qu'à l'eau. Le diamant serrait serti par les becs mêlés des oiseaux.

Autre point notable d'ailleurs : pour une fois le croquis n'avait pas été fait en se basant sur un mâle seul ou sur des individus différents de deux espèces. Non... Il s'agissait d'un couple d'une même espèce. Une rapide discutions lui avait d'ailleurs appris la symbolique de cette espèce ayant un comportement proche de celui des inséparables...

En théorie elle devrait avoir la visite de Rhôz aux alentours de 18h mais il était inutile de s'en inquiéter : outre les apprentis il devait encore y avoir une demis-douzaine d'artisans a l’œuvre au rez-de chaussez... Et ils savaient ou la trouver. Ils pourraient donc sans peine aiguiller une amie jusqu'à elle. Sans même parler de la recevoir.

Sur ce dernier point la question était de savoir si on essaierais de lui vendre quelque chose ou de l'orienter vers un autre artisan. Ca dépendrait probablement de la manière dont elle se présenterait. Et heureusement que Pazir venait de se trouver une copine : Rhôz correspondait parfaitement a ses critères et Naoko n'avait pas envie de l'avoir sur le dos ce soir. Il serrait impossible de le repousser diplomatiquement s'il était question d'armure.

Ah et... Au cas ou. Elle était tellement habituée a ce nom qu'elle avait manqué oublier....

Pensée :

 
Pensée :
L'Étudiante n'était déjà plus très loin des ateliers du CREA en recevant l'appel télépathique. L'artisane a bien fait de préciser. Rhôz aurait très bien pu se tromper de Nao'.

L'armure de cuir renforcé qu'elle lui avait fournie peu avant la grande excursion avait bien rempli ses fonctions, y compris au milieu d'une nuée de Frobekh de types variés. Cependant, même après des semaines d'usage, son poids et sa raideur persistent, ce qui la rend en fin de compte peu confortables pour les longues marches en extérieur. Quelque chose de plus souple et léger conviendra sûrement mieux. Après en avoir discuté un peu télépathiquement, Naoko lui a suggéré un modèle dit « seconde peau » qui tout en étant de facture relativement simple répondrait probablement à ses attentes. Un vêtement peut-être un peu plus délicat – mais avec juste un peu d'infusion, il peut facilement devenir nettement plus résistant que la normale.

Cette visite est aussi l'occasion de visiter des locaux qu'elle ne connaît pas encore et de retrouver la couturière autour d'une tasse de thé – une occasion de papoter de tout un tas de choses.

Arrivée devant la porte des ateliers, Rhôz actionne la sonnerie d'entrée et attend qu'on vienne lui ouvrir.

 
On ne vient pas ouvrir à Rhoz tout de suite. La porte reste close, mais un minimum d'attention suffit à remarquer qu'il y a du bruit derrière. Signe de beaucoup d'agitation.

Un "Bonne endive" crié depuis l'autre coté semble à peu pres perceptible. A moins que ça n'ai été "On arrive"... mais l'épaisseur du bois rends complexe l'identification exacte du son.

Finalement, au bout de quelques minutes, un homme, la trentaine, vient ouvrir et lui fait signe d'entrer. Les vêtements froissés, en sueur, il lui sourit pourtant avec enthousiasme.

Bonjour Miss, entrez donc. Vous m'excuserez de ne pas vous serrer la main, on est en train de charger une commande et... vu la taille, c'est assez complexe.

Derrière lui, on aperçoit une cour intérieure où un cheval attelé à une carriole, regarde patiemment les krolannes qui s'affairent à hisser une grande harpe ciselée en pin incrusté de bois de rose dans le véhicule. Une femme solidement bâtie semble diriger la manœuvre au grands désespoir des autres forcés de pauser toutes quelques secondes tandis qu'elle leur braille de faire attention.

Laerys est assez tatillonne quand il s'agit de déplacer ses "petits". Même si le petit en question fait ses deux mètres de haut.

Il soupire trop ostensiblement pour que ce soit crédible, prenant à témoin la lanyshsta de la scène.

Mais, sinon, comment le CREA peut il vous aider? Vous cherchez quelque chose en particulier?

 
Rhôz patiente une minute ou deux en essayant de deviner de quelles activités les bruits de l'autre côté de l'huis peuvent émaner. Enfin un homme tout suant vient lui ouvrir. Après les salutations d'usage, elle entre dans la cour.

Je dois voir Naomi. Je pense qu'elle m'attend.

L'Étudiante juge inutile d'entrer plus en détail dans les raisons du rendez-vous.

Pensée :
Elle regarde un instant les manœuvres en cours pour charger une harpe géante dans un chariot. Cela ne semble pas une mince affaire. Elle parcourt ensuite le reste de la cour du regard pour repérer rapidement les lieux avant de se laisser guider jusqu'à son hôte.

 
L'homme acquiesce.

Ah. Bon, dans ce cas là je vous laisse y aller. Elle doit être à la serre à cette heure ci en train de s'user les yeux sur des pierres. Vous savez où c'est?

La question est plus rhétorique qu'autre chose... enfin, initialement... mais après un instant de flottement et avoir regardé ses camarades en train de s’échiner, il ajoute sans même laisser à l'étudiante le temps de répondre..


Je vais vous montrer le chemin. On se perds facilement entre tous les ateliers.

Et en effet, il est facile d’apercevoir de l'autre coté de la cours intérieure plusieurs bâtiments qui grouillent d'activités. Seule, il est probable que même avec des explication, Rhoz aurait du poser de nouveaux des questions sur son itinéraire. Elle passe devant plusieurs ateliers, où travaillent ou discutent des krolannes. Toutes sortes de métiers sembles réunis en ces lieux en bonne entente.

L'invitée et son guide quittent rapidement cette partie du CREA pour accéder à une seconde cour intérieure aux couleurs chaudes, très calme cette fois, et principalement occupée par une grande verrière, couvrant une serre. On y entraperçoit une fontaine et de quoi s'installer prêt de celle ci.

Il tape à l'une des vitres, faisant signe à son occupante qu'elle a de la visite avant de s’éloigner.

 
Je vous suis.

Rhôz se laisse guider parmi les ateliers et les cours. C'est spacieux, l'ambiance est paisible et chaleureuse. Les lieux sont plus vastes qu'elle ne l'imaginait. Elle en profite pour s'en faire une petite carte mentale, pas fâchée de sa faire montrer le chemin plutôt que de chercher au hasard ou, éventuellement, de devoir recourir à la méthode de la localisation télépathique – dans laquelle elle a bien progressé depuis sa première rencontre avec Naoko et les tentatives au succès mitigé de la « nuit des puritains ».

Enfin son guide la laisse devant la porte d'un atelier. L'Érudite ne tarde pas à aller jeter un œil à travers la vitre au carreau de laquelle son accompagnateur a frappé avant de s'en retourner. Elle distingue à l'intérieur une silhouette qui pourrait être celle de l'artisane.

Pensée :

 

Le plus compliqué dans la taille du diamant vient des outils... Impossible d'espérer érafler la pierre avec une simple lime d'acier. D'une jambe, Naoko activait un mécanisme entraînant un disque humide dans une course folle. La poussière de diamant fixée par l'huile permettait, doucement, d'éroder la pierre...

L'artisane ne leva pas la tête tout de suite lorsque les coups retentissent... Malgré la lenteur avec laquelle le travail avançait, elle était suffisamment avancée dans son œuvre pour craindre la perte d'un vingtième de millimètre... Cessant d'activer son tour, elle perçut la pensée de son invitée avant d'avoir pu détourner son attention de son travail...

Pensée :
Quelques secondes plus tard elle déposait son diamant a côté d'elle et se levait avec un sourire radieux pour faire la bise à l'étudiante.

- Ah ! Ca fait plaisir de te voir !

 
Embrassades. L'Érudite n'est pas loin d'être surprise par la chaleur des retrouvailles mais n'est pas fâchée de trouver une attitude amicale dans un monde dont les ombres s'avèrent peuplées de plus de menaces qu'un esprit cartésien ne pouvait le croire.

Plaisir pour moi aussi... Ce sont de beaux ateliers que vous avez ici.

Elle fait autant référence à la serre où elles se trouvent qu'au reste des locaux. C'est en effet bien aménagé, et l'ambiance générale qui se dégage n'est pas désagréable. Mais Rhôz se penche bientôt sur les activités plus immédiates de Naoko.

J'avais presque oublié que tu fais aussi dans les pierreries. Tu travaillais un diamant, disais-tu ?

 

La cordialité dont fait preuve l'artisane aurait probablement surpris la majorité des personnes actuellement présente dans la bâtisse... Parmi les autres membres du CREA, Naoko avait une réputation de vierge de glace solidement ancrée... A son grand désarrois d'ailleurs. Il fallait dire que la majorité avaient rejoint le comité alors que la Lanystha avait encore un certain nombre de problèmes a gérer de son côté... Et ne pouvait pas perdre son temps avec des Krolannes qui auraient pu mal interpréter quelque chose. Elle tenait bien trop a eux pour risquer de les mettre dans une situation ou elle aurait du les tuer.

Et puis... C'était avec les Lanystha qu'elle devait tisser des liens. Et toutes les discutions avec l'étudiante avaient été des plus agréables. Du coup...

- Ouep ! On a mis du temps a trouver des locaux adaptés... Mais voilà : bienvenue dans le Commité de Recherche et d'Expertise Artisanale. Vu le nombre d'innovations dans cette structure c'est un miracle que ça tienne vraiment debout... Mais on a fini de le retaper en s'amusant un brin. Heureuse que le résultat plaise.

Et puis voilà... On lui parlait de pierres. Pourquoi se retenir de répondre ? L'effet était souvent le même : après cinq heures passées concentrée sur la taille d'un diamant il était difficile de ne pas avoir envie d'en parler... Ces pierres avaient quelque chose d'unique que même les rubis et saphirs les plus purs ne parvenaient pas a égaler...

- Oui... Rien ne vaut la lumière du soleil pour le travail joaillerie. Pour ça que les ateliers sont ici... Regarde moi ces deux merveilles !

D'un geste délicat mais néanmoins assuré elle saisit les deux diamants jumeaux de la taille d'un ongle de petit doigt. Ils avaient été extraits de la pierre-mère bien plus imposante qui trônait sur l'établis. Encore brutes ils n'avaient pas encore tout leur éclat. Pourtant la pureté de la pierre ne faisait aucun doute... Naoko plaça les deux pierres sous le miroir concave qu'elle utilisait pour augmenter la luminosité et fit signe a Rhôz de s'approcher. Suffisamment éclairées elles laissaient deviner leur légère teinte bleutée.

- Ils vont décorer des alliances... Pour l'instant il reste plusieurs journées de travail avant qu'ils aient leur taille finale. Le plus compliqué vas être de faire en sorte qu'il s'agisse de pierres jumelles : mon client a été clair là dessus. Même si leurs doigts ont naturellement un diamètre différents il tiens a ce que les pierres soient parfaitement identiques. D’où le diamant d'ailleurs. Impossible d'atteindre le même rendus avec des pierres plus teintées ou de moins grande pureté.

 
À l'invitation de Naoko, Rhôz vient regarder de près les deux petits diamants. La taille des pierres, précieuses ou pas, ne fait pas vraiment partie des choses dont elle a une grande connaissance. Néanmoins elle écoute avec intérêt les explications de l'artisane et prend le temps d'apprécier les teintes et textures de la pierre.

J'imagine que ce doit être un sacré travail, en effet. Surtout si les deux pierres doivent être jumelles.

Et ce même sans même parler de complexité lanyshtas telles qu'infusion, résonance énergétique, et cetera. Certaines créations de bijouterie spéciales aident, paraît-il, à concentrer ou restaurer les fluides vitaux ou psychiques de leur porteur. Il faudrait qu'un jour elle s'intéresse à la question de plus près – ce pourrait être utile – mais pour l'heure c'est d'autres fournitures dont elle a besoin. Après quelques instants de contemplation, l'Étudiante se racle doucement la gorge avant d'aborder la question du jour.

Hum. Comme je te disais l'autre fois, je me suis rendu compte lors de ma dernière balade que si l'armure de cuir que tu m'avais taillée était une bonne protection, elle avait le défaut d'être un peu lourde et rigide... On finit par bien le sentir lors d'une excursion de plusieurs jours.

Le changement de sujet est peut-être un peu abrupt mais c'est avant tout pour cela qu'elle est venue, après tout. Elle imagine que sa comparse aura probablement autant de passion pour la confection vestimentaire.

Bref, je crois qu'il me faudrait quelque chose de plus souple et confortable, tout en ayant une certaine résistance.

J'ai cru comprendre que tu aurais des choses à proposer qui correspondent à ce que je cherche ?

 


Un sourire amusé vient accueillir la remarque de l'étudiante... Elle remarquait le moustique en omettant l'éléphant. Il fallait dire qu'elle n'avait même pas évoqué la difficulté tellement elle lui avait semblé évidente...

- Le problème avec des diamants c'est pas tellement de réussir a les tailler a l'identique... C'est simplement que cette pierre est... dure. Le procédé n'est pas particulièrement complexe mais excessivement long.

Le changement de sujet n'a pas l'air de déstabiliser l'artisane le moins du monde. Elle range précautionneusement les diamants dans une fine étole avant de répondre... Sa voix semble relativement distante dans un premier temps alors qu'elle recherche les informations dans sa mémoire mais a peine la première phrase terminée que la passion resurgit déjà...

- Plus souple donc ? Laisse moi réfléchir... Le tout est de déterminer les concessions que tu est prête a faire. Si tu veux mettre en avant une qualité de l'armure tu vas forcément rogner sur une autre. Et je parle même pas du prix. Légèreté ? Souplesse ? Protection ? Solidité ? Comment te déplace-tu ? Préfère-tu combattre de loin ou t'approcher ? Dans quelle mesure ? Pratique-tu une forme de magie ?

Un regard inquisiteur se pose sur une cliente assaillie de questions... Déjà elle la détaille attentivement du regard et évalue ses mensurations... En un an un corps pouvait beaucoup changer. En particulier quand il était question de celui d'un Lanystha.

 
Après avoir rangé ses pierres, Naoko embraye tout naturellement sur le sujet vestimentaire et se montre tout autant passionnée, assaillant Rhôz d'une pluie de questions – auxquelles elle ne rechigne pas à répondre avec précision.

Eh bien, je pensais à quelque chose qui soit avant tout confortable pour de longues marches en extérieur – éventuellement pour dormir dedans, même. Quelque chose de plus solide qu'une robe de chambre, bien sûr, il faut que ça tienne la route, et même une longue route... mais tout de même plus souple et léger qu'un cuir clouté.

En extérieur je préfère éviter un contact trop direct. J'essaie de me faire discrète, peut-être plus qu'en ville – donc il me faudrait aussi quelque chose qui ne soit pas trop voyant.

Il paraît inutile à l'Étudiante d'entrer dans les détails concernant son usage de la fronde – ou peut-être bientôt de l'arc.

Pour ce qui est de la magie, rien qui ne me fasse faire de grands gestes. C'est plus une histoire de concentration intérieure des fluides, vitaux et énergétiques. Ce qu'on appelle de la phérémancie.

Sur ce point, elle se dévoile un peu plus qu'à son habitude. Peut-être la preuve qu'elle se sent en confiance avec l'artisane. Ou qu'elle se laisse parfois prendre au jeu des interrogations à renseigner.

 


Pour Naoko, les réponses de Rhôz n'avaient pas grand chose d'étonnant. Elle n'était ni la première, ni la dernière, à révéler à l'une des membres de la coopérative des détails intimes quand à sa manière de combattre. La politesse voulait également de ne pas forcément rappeler qu'on dispose déjà d'une partie des informations demandées.

- Bien... Déjà : le plus simple. La seconde peau. Elle porte assez bien son nom et correspond parfaitement a ce que tu demande : elle porte bien son nom et tu devrait assez rapidement oublier que tu la porte. Par contre niveau protection... C'est très léger. D'autant plus que le travail effectué dessus la rend assez peu réceptive a l'infusion par rapport a des protections équivalentes.

Une respiration, l'artisane semble hésiter sur quel style d'armure faire passer en numéro deux.

- La cuir runique pourrait aussi t'aller, en plus de t'intéresser. Elle ressemble beaucoup a la cuir cloutée dans la mesure ou il s'agit aussi d'une armure de cuir renforcée. Mais là plutôt que d'utiliser de la quincaillerie on a recours a des runes. Elle gène bien moins les mouvements mais peut tout de même ralentir une esquive. La protection magique en fait une armure particulièrement résistante car non contente de protéger convenablement le cuir s'abîme peu. Par contre elle se comporte assez mal vis à vis de l’infusion...

Alors qu'elle parle, elle fait signe a Rhôz de la suivre dans une autre pièce ou elles pourront s'installer plus confortablement.

- Ensuite il y a les cuir d'évitement, cloutées ou non. Elles ont l'avantage de fausser la perception que les adversaires ont de toi... A longue distance tu deviendrait pour ainsi dire intouchable. La version cloutée protège aussi bien que certaines armures lourdes tout en conservant une légèreté et surtout une souplesse des plus appréciables. Mais si l'aspect martial n'est pas ce qui t'intéresse le plus... J'aurais tendance a te guider vers quelque chose de semblable a ce qu'utilise Yloyse. La tunique d'espérance permet de manier les flux avec plus de fluidité et de mieux capter l'énergie autour de soi.

Petit salon dans le coin duquel trône un plan de travail couvert de croquis...Une table basse autour de laquelle des banquettes rembourrées permettent de s'installer agréablement... Deux fenêtres. L'une donne sur la cours, l'autre sur la serre, offrant a la pièce une ambiance chaleureuse...

- Installe-toi... Je vais me chercher a boire. Avec cette chaleur il me faut quelque chose de frais. Intéressée ?

 
L'Étudiante écoute les explication de Naoko en se laissant guider vers une autre pièce, un salon-bureau, avec une table et quelques banquettes où elle s'installe sans se faire prier.

Une boisson fraîche ? Volontiers.

Pendant que l'artisane va chercher leur rafraîchissement, Rhôz se récapitule les informations reçues. Les tenues les plus martiales lui semblent exclues d'emblée – elle aurait pu le préciser avec le reste, mais elle préfère éviter une tenue trop ouvertement guerrière. La tunique ou le cuir runique, c'est sans doute bien, mais elle craint que cela ne suinte un peu trop la magie – même si tout le monde ne le sentira pas, il serait ennuyeux d'attirer trop facilement l'attention de ceux qui en auraient la capacité. Quant au cuir d'évitement, il n'est pas impossible qu'il ait aussi un côté voyant, s'il peut brouiller la vue d'un adversaire. Une conclusion semble se dessiner naturellement.

La seconde peau... avec un nom pareil, je suppose que ça doit se porter près du corps ? Donc ça se glisserait facilement sous d'autres vêtements, comme un manteau ou même une tunique un peu large ?

Le fait que cette parure offre une moindre couche protectrice n'est peut-être pas si gênant. Même moins efficace, une infusion de fluide psychique rendra sûrement l'étoffe plus résistante qu'un tissu courant.

Est-ce que ça a vraiment une grosse résistance au procédé d'infusion ?

 


En se rendant vers la cuisine, Naoko songea qu'elle aurait pu prendre la peine de préparer quelque chose de digne de ce nom pour son invitée... Mais l'heure et la chaleur ne s'y prêtait guère. En ce qui concernait la boisson... Elle tira de différents pots : zeste de citron vert, ginseng, thym, mélisse, thé vert et graines de passiflore. Quelques instants elle hésita devant le pot contenant le sucre puis elle se ravisa pour aller chercher dans un tiroir un rhizome de gingembre frais.

Deux minutes plus tard elle revenait avec un broc d'eau remplis de glaçons dans lequel les différents ingrédients infusaient lentement, une petite passoire, un panier contenant quelques pêches et deux tasses en verre soufflé.

- Il faudra attendre quelques minutes de plus pour que ça soit prêt.

Les questions de l'étudiante dénote de choix des plus étranges aux yeux de l'artisane... Mais n'ayant pas plus de détails elle ne peut apporter nul jugement... Elle se contente donc de répondre :

- C'est le principe même. Ne porter que ça dans la rue relève franchement de l'attentat a la pudeur. Quand a la résistance a l'infusion... Comment décrire ça... Ce n'est pas grand chose. Disons que les flux glissent un tout petit peu. Mais c'est surtout lors d'infusions successives qu'on s'en rendra compte chacune sera un peu plus complexe qu'elle ne le devrait. Et un peu moins efficace. Et puis en soi...

L'artisane tire de sous sa robe une fine amulette constituée d'un matériau étrangement translucide.

- Une armure du genre ne protège pas beaucoup mieux que ce genre de petits bijoux. Peux-tu m'expliquer pourquoi tu préfère t'orienter là dessus ? Pas une question d'argent j'espère ?

 
Naoko revient avec quelque fruits et une grande carafe d'eau glacée où baignent divers ingrédients. C'est déjà un délice pour l'œil.

Non, non, ce n'est vraiment pas une question d'argent. J'ai simplement songé à changer d'armure, donc j'ai pensé spontanément à quelque chose qui se porte sur le dos, et non autour du cou.

Il est vrai qu'avec les résonances énergétiques que peuvent avoir les pierres, je devrais me tenir plus au fait de ce qui se fait en matière de bijouterie spéciale. Si je comprends bien, le tien d'offre une forme de protection ?

C'est que, jusque récemment encore, elle tenait tout cela pour de la superstition reposant sur des racontars et certaines formes d'auto-persuasion. C'est donc tout un domaine mal connu de l'Étudiante. Elle pourrait pourtant sans doute en tirer quelque bénéfice pratique. Mais elle s'y penchera sérieusement plus tard – car pour le moment, avec son changement d'armure, la commande de son arc à Yloyse et son circlet magique en préparation, Rhôz a déjà un peu l'impression de faire une crise d'achat compulsif.

À vrai dire, la bijouterie, je suis quand même déjà un peu dedans, en ce moment, avec ce qu'Yloyse me confectionne... Elle a dû t'en parler ?

 


Lorsqu'il est question d'équipement. Et surtout lorsque l'équipement en question est voué, d'une manière ou d'une autre, à interagir avec une forme de surnaturel, le mieux est d'éviter d'en rester aux préjugés... Une armure peut apporter un soutien magique et une babiole la protection d'une armure.

- Elle colle à la peau et la rend, dans son environnement proche, nettement plus résistante. Bon... Je te l'accorde y'a nettement plus sexy. Mais c'est efficace. D'autant que, cerise sur le gâteau, les sécrétion améliorent sensiblement la vision nocturne. Certains disent que ça provoque aussi de légères crampes... Mais je soupçonne la légère rigidité de la peau au niveau de l'amulette supporte mal les vibrations en cas de parade un peu brutale. Mais vu nos styles de combats c'est pas franchement gênant...

Fallait-il que la mémoire de son interlocutrice soit... parcellaire ? Ou bien était-ce une formulation rhétorique ? Malheureusement son cœur ne parvenait pas a se convaincre de la seconde option.

- Tu ne te souviens pas quand la proposition t'a été faite ? Bien sur que je suis au courant. C'est même moi qui me suis occupée de la taille des pierres... Mais bon. Un circlet est une parure intéressante. Mais pas du tout adapté en combat. D'ailleurs ça m'amène a une autre question : tu semble vouloir quelque chose de discret... C'est pour porter en ville ? Pour que ça soit adapté a des... missions diplomatiques ? Car franchement si c'est pour interagir avec des frobek ça changera pas grand chose si tu veux mon avis.

 
La question de l'Étudiante sur le serre-tête magique était surtout une façon de demander à Naoko où en est l'avancée du travail. Voilà en tout cas le sujet abordé.

Eh bien, disons que c'est un accessoire qui pourrait, pour commencer, me servir pendant mes cours. Mais comme ce n'est pas trop mon style de porter des bijoux et autres parures de princesse, si c'est trop voyant, ça risque de l'être doublement auprès de ceux qui me connaissent un peu. Inutile de trop attirer l'attention dessus.

Sinon, il pourrait aussi me servir pour des contacts linguistiques et diplomatiques plus exotiques, mais son apparence est peut-être moins problématique dans ce cas... Quoiqu'il peut-être bon de ne pas donner l'air de courir le Dehors avec une bijouterie sur soi.

Enfin, bref, ce sont des questions techniques qu'il faudra surtout que je voie avec Yloyse un de ces jours.

Sa présente visite au CREA est loin d'être la dernière. Et puisqu'il semble certain qu'il y en aura d'autres...

Mais pour revenir sur ces histoires de joyaux et montures, qu'est-ce que tu aurais à me proposer dans le genre qui stimule les flux thaumaturgiques ou vitaux ? Je ne pense pas passer commande aujourd'hui, mais il ne me serait pas inutile d'avoir quelques éléments de réflexion pour plus tard.